BONJOUR.
Me revoici ! C'est la rentrée ! Comme promis, je suis de retour. TRES EN RETARD (c'est dur la reprise pardon) mais de retour.
J'ai passé les deux derniers mois à bouquiner, à me reposer, à hyperfixer sur une autre saga et je vais pas mentir ça m'a fait un bien fou. Maintenant, il est temps de retrouver King et Katakuri et de mettre un terme à cette fic (alors pas avec ce chapitre hein, du calme) !
Ca fait plaisir d'être de retour !
Encore une fois cette nuit là, son rêve était des plus doux.
Il ne savait jamais vraiment où il se trouvait — peut-être dans la bibliothèque de Sweet City, ou bien dans les bois — mais il se savait caché. Personne ne pouvait poser les yeux sur lui en dehors de King. Et s'il ressentait une gêne à savoir son corps exposé devant lui, elle ne durait jamais. Il n'était pas en état de se concentrer sur autre chose que les doigts de King qui glissaient sur son torse et sur ses ongles qui griffaient ses muscles pendant que lui le dévorait du regard.
Dans cette ambiance, King lui apparaissait plus divin que jamais. Il était à la fois dans le noir, à la fois dans la lumière, aussi certaines subtilités de son anatomie échappaient aux songes de Katakuri. Mais il en savourait chaque détail, chaque courbe, tendait la main pour l'effleurer timidement et l'inviter à se rapprocher. Sans un bruit, le King de son rêve se plaça au-dessus de lui et le recouvrit. Pour son plus grand plaisir, il se sentit minuscule en face de lui et attendit patiemment la suite. Quand King se penchait sur lui pour l'embrasser et que ses cheveux tombaient gracieusement pour lui chatouiller le cou, il prenait son visage entre ses mains et il se passait seulement une demi seconde avant qu'il n'utilise son pouvoir pour s'en créer de nouvelles et toucher aussi son dos et ses épaules, et ses cuisses, et ses fesses...
Et dès qu'il se sentait enfiévré, absolument prêt à passer à la suite et à s'offrir sans plus attendre, l'univers décidait de le réveiller.
La sonnerie la plus détestable du monde résonna dans ses oreilles et le sortit du paradis dans lequel il aurait presque pu vendre ses frères et sœurs si ça lui avait permis d'y passer quelques secondes de plus. Un grognement de frustration lui échappa alors qu'il abattait son bras mollement sur sa droite pour faire taire cet ignoble bruit. Un jappement apeuré se fit entendre. Katakuri ouvrit un œil mécontent, la tête à demi enfoncée dans l'oreiller.
Son réveil — un homie, évidemment — tremblait comme une feuille, soulagé de ne pas avoir été aplati et détruit par l'énorme paluche de Katakuri.
— P... Pardon maître, mais vous m'avez demandé de vous réveiller à l'aube à partir de maintenant.
— Je sais, feula Katakuri. Mais tu aurais dû attendre cinq minutes de plus.
Le réveil ne chercha pas à protester et déguerpit aussi vite qu'il le put à l'aide de ce qui lui faisait office de pattes. En effet, Katakuri avait insisté pour qu'on le réveille tous les matins depuis quelques jours. Il voulait reprendre ses bonnes vieilles habitudes mais il avait un peu de mal. Et être arraché à son rêve n'était pas la seule raison à sa mauvaise humeur. Il se redressa sur ses coudes et constata la même chose que les matins précédents : King était déjà levé.
Depuis leur "dispute", King l'évitait. Ou du moins, il évitait la proximité physique et un éventuel nouvel incident. Katakuri ne pouvait pas lui en vouloir de réagir comme ça, il ne pouvait qu'imaginer le mal qu'il lui avait fait sans le vouloir et tenait à lui laisser un peu d'espace. Pour qu'il puisse revenir de lui-même. Mais il ne pouvait pas étouffer ses propres émotions et se réveiller seul après avoir connu la tendresse dans ses bras était un retour en arrière très désagréable. King lui manquait.
Ce n'était pas comme s'ils ne se côtoyaient plus, mais il y avait quelque chose de brisé. Il faudrait du temps avant que King ose de nouveau se lover contre lui. Heureusement qu'il se savait patient. Car ses rêves trahissaient son envie de le voir revenir. Pire que ça ; au lieu de se calmer comme elle le devrait, sa libido s'enflammait un peu plus chaque jour et elle ne se laissait pas facilement discipliner.
Il en ressentait davantage de culpabilité. King lui avait confié sa fragilité et, à demi mot, sa peur d'être de nouveau abusé. Ça aurait dû le calmer ; au lieu de ça, il rêvait presque chaque nuit de leur passage à l'acte et finissait par se soulager seul dans la salle de bain. Il avait l'impression d'être un satyre. Si on lui avait dit qu'un jour il ferait des rêves érotiques toutes les nuits, il ne l'aurait pas cru.
Et cette fois, il ne pouvait pas se noyer sous le travail pour chasser ses pensées sulfureuses car, comme attendu, il n'avait pas grand chose à faire de ses journées.
Son sort était toujours incertain, ses contacts avec la famille limitée — en dehors de Brûlée, Pudding et de ses jumeaux — ses privilèges étaient aussi suspendus. Il ne pouvait que se contenter des tâches administratives habituelles et il n'y avait rien d'assez palpitant là-dedans pour le détourner de ses problèmes de couple. Il se sentait tout aussi minable d'avoir réussi à créer un problème de couple alors que lui et King n'étaient officiellement ensemble que depuis quelques jours.
Las de ruminer dans son coin il parvint enfin à se relever. Il bailla et se décrocha la mâchoire tel un python. Il avait l'impression de sortir d'hibernation. Il frotta mollement son menton — qu'il avait besoin de raser — et se leva enfin. Il traîna son immense carcasse jusqu'au salon pour enfin commencer sa journée. En essayant d'oublier le rêve voluptueux dans lequel il se trouvait quelques minutes plus tôt. S'il devait passer sa journée à ronchonner, alors soit. Il s'écroula sur un fauteuil et jeta un bref coup d'œil par dessus son épaule, espérant voir King sur le balcon, occupé à étirer ses ailes et prêt à le saluer avec sa douceur habituelle.
Mais il n'était pas là. Katakuri poussa un soupir inquiet et se détourna de la fenêtre.
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King n'était pas allé bien loin, il était sorti du palais et s'était rendu sur la plage la plus proche. Il avait de nouveau du mal à dormir et prendre l'air lui faisait du bien. Il s'en voulait de laisser Katakuri seul au réveil mais rester éveillé pendant des heures pendant que l'autre dort est souvent très ennuyeux. Il ne s'éloignait pas tant pour l'éviter que pour se dépenser un peu et s'aider à retrouver le sommeil.
Même s'il l'évitait un peu tout de même. Il ne le voulait pas, il n'était plus en colère, mais il avait du mal à lui faire face. Il était mort de honte. Il n'en revenait toujours pas de lui avoir quasiment sauté dessus et de l'avoir sèchement repoussé après que Katakuri se soit encore inquiété à son sujet. Il n'était toujours pas habitué à sa sollicitude et avait réagi comme un idiot. A tête reposé, il aurait sûrement eu une réaction plus mesurée mais dès que cela touchait à l'intimité, il perdait la boule. Et maintenant qu'il avait réclamé un peu d'espace il se sentait plus seul que jamais. Par sa propre faute.
Il se prit la tête dans les mains et défroissa son visage fatigué. Il fallait qu'il se ressaisisse, et vite. Ce n'était pas le moment de bouder, pas du tout.
Et comme pour confirmer l'insignifiance de ses problèmes personnels, la terre se mit soudain à trembler. Assez fort pour le faire chanceler et déployer ses ailes par réflexe. Cela dura au moins une minute, pendant laquelle il se tint prêt à s'envoler. Ce n'était pas la première fois que ça se produisait ces derniers temps. Il se retourna et constata que les habitants de Totto Land venus se balader sur la plage étaient tombés sur le sable. Les secousses avaient été beaucoup plus fortes pour eux que pour lui.
Il aurait mieux fait de s'inquiéter de ça plus que du reste. Il y avait trop longtemps qu'il ne se préoccupait plus des évènements extérieurs. Kaido était tombé, Big Mom aussi, et les rouages du monde bougeaient à toute vitesse. Il se demandait où se trouvait sa place dans tout ça. Et celle de Katakuri ? Il était bien placé pour devenir le successeur de sa mère — si jamais sa famille lui pardonnait — mais lui ? Un lunaria égaré depuis des années, sans clan ni foyer ? Sa place était peut-être sur Totto Land, et il ne doutait pas que Katakuri ne le livrerait jamais au gouvernement, mais avait-il encore envie de se terrer comme un lapin dans son terrier jusqu'à ce qu'on vienne inévitablement le chercher ? Il n'en était pas sûr.
Il ne devait pas se laisser distraire. En ce moment dans le monde, il se passait des choses autrement plus graves que son incapacité à lâcher prise avec son compagnon. Il ne pouvait pas se permettre de ramollir et de devenir cette espèce de créature apeurée incapable de faire face à la moindre déconvenue qu'il était en train de devenir. Il n'était pas resté le bras droit de Kaido toutes ces années pour rien, il avait tout ce qui fallait en lui pour affronter la suite et ne pas laisser les seules épaules de Katakuri porter le fardeau qui allait peut-être leur tomber dessus.
Il fit demi tour et regagna le palais en hâte. Il fallait qu'il se plonge dans l'actualité une bonne fois pour toutes, il n'avait fait attention à rien depuis la création de la Cross Guild. Mais il était sûr que Barbe Noire et Le Roux avaient déjà commencé à profiter de la situation pour se renforcer. Craindre la Marine était une chose mais peut-être que Totto Land devait s'inquiéter davantage d'une possible assimilation par d'autres empereurs.
Il débarqua en trombe dans le bureau de Katakuri et faillit le percuter de plein fouet. Tous les deux eurent un rire nerveux en réalisant que c'était la première fois qu'ils se croisaient ce jour-là.
— Désolé, j'aurais du frapper, s'excusa mollement King.
— Non c'est de ma faute, répondit aussitôt Katakuri.
Ils bredouillèrent des excuses mutuelles pendant encore quelques secondes avant de se regarder dans le blanc des yeux, sans que l'un ou l'autre sache comment s'y prendre avec le second.
— Je ne t'ai pas vu ce matin, commença Katakuri — dont le visage exprimait clairement qu'il regrettait cette remarque.
King ne s'en vexa pas.
— Je suis allé faire un tour, je dors mal en ce moment.
Ils se mirent d'accord immédiatement pour changer de sujet. Tous les deux savaient déjà où était le problème et King en particulier savait que c'était à lui de régler le problème, il n'avait pas l'intention de laisser Katakuri se tourmenter avec ça.
— Mais ça va passer, le rassura-t-il en entrant. Qu'est-ce que tu fais ? Tu bosses ?
Il haussa les épaules et soupira.
— Non, je fais semblant. Je n'ai rien à faire.
Il regagna son fauteuil et se laissa tomber dedans lourdement, avant de croiser les jambes sur le bureau en faisant claquer les éperons de ses bottes — King gloussa devant cette image.
— Je suis sûr qu'il se passe plein de choses en dehors de Komugi mais je ne suis tenu au courant de rien. Je sais pourquoi mais j'avoue que je meurs d'ennui. Je suis passé de presque capitaine à un banal gratte papier en seulement quelques jours.
— Justement, commença King en posant ses deux mains à plat sur le bureau. Je voulais te demander si tu avais encore les journaux de ses dernières semaines ? Depuis... Depuis la mort de nos capitaines à peu près. Ou des rapports d'espions peut-être ?
Il leva un sourcil intrigué avant de réfléchir un instant.
— Oui. Je suppose, je n'ai pas vérifié. Pourquoi ?
— Tu as senti les secousses toute à l'heure ?
Katakuri hocha la tête, retrouvant tout de suite son air grave habituel. Ces secousses incessantes et les récentes inondations avaient occupé une grande partie de son temps ces derniers jours. Il était conscient qu'il y avait quelque chose d'anormal là-dessous.
— Est-ce qu'on a la moindre idée de ce qui provoque ces séismes ? Je veux savoir ce que la presse raconte comme bobard. Je savais que la chute de deux empereurs auraient des conséquences au niveau mondial et je voudrait savoir si tout ça en fait parti ou si je suis paranoïaque.
— Tu es inquiet ? Demanda Katakuri en se relevant pour fouiller les étagères derrière lui.
— Un peu. Et surtout, si je dois vivre sur cette île, je n'ai pas l'intention de me tourner les pouces. J'aime autant être utile et faire ce que je sais faire. Et ça commence par surveiller ce qui se passe à l'extérieur.
Katakuri lui adressa un sourire chaleureux en réponse, visiblement heureux que King commence à envisager Totto Land comme son nouveau foyer.
Comme la pièce était impeccablement bien rangée il ne fallut pas longtemps à Katakuri pour retrouver les journaux, tous bien classés. Il tendit une première pile à King et se chargea d'en ramasser une deuxième.
— Tu veux te joindre à moi ? S'amusa King.
— Pourquoi pas ? On pourra râler ensemble en les lisant.
— Avec joie, je suis un expert en la matière, dit-il en souriant. J'adore insulter mes concurrents.
— J'en doute pas un instant.
Ils échangèrent un regard espiègle, ravis de constater que leur complicité n'était pas entachée par leurs autres problèmes. King ressentit du soulagement en repensant à la conviction avec laquelle Katakuri lui avait affirmé n'avoir aucun problème avec sa peur du sexe. Une petite partie de lui n'y croyait pas tout à fait mais toute l'affection qu'il voyait dans les yeux de son partenaire suffisait à le réconforter.
Il s'installa confortablement dans le seul fauteuil de la pièce et Katakuri lui proposa un café qu'il accepta avec plaisir. Il se rappela avec amusement la première fois qu'il était venu ici. A l'époque il était sur ses gardes et répugné par les objets enchantés qui vadrouillaient dans tous les coins. Aujourd'hui, il acceptait de boire dans une tasse vivante sans y prêter attention. Il en avait fait du chemin.
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Katakuri observait King du coin de l'œil. Plus les minutes passaient et plus il se détendait. Son soulagement était manifeste. A la seconde où il était entré dans la pièce, Katakuri avait senti sa honte. Il avait envie de lui dire qu'il n'y avait aucune raison pour cela mais il connaissait assez son fonctionnement pour savoir qu'il valait mieux le laisser gérer ses sentiments à sa façon. Et son empressement à jouer son rôle de bras droit était rassurant.
Ca lui faisait plaisir de le voir comme ça. Concentré et sérieux. Son front plissé par la lecture des évènements récents. Katakuri essayait de l'imaginer faire de même avec son masque sur le visage, aux côtés de Kaido.
— Quelque chose d'intéressant ? Demanda-t-il, déjà lassé par sa propre lecture.
Les journaux les plus récents se contentaient de relater des évènements sans importance, sans faire mention le moins du monde des catastrophes naturelles qui secouaient l'archipel.
— Non, que du vent, répondit King. Mais c'est signifiant. C'est pour noyer le poisson. Big Mom et Kaido disparaissent, la Rêverie s'achève, les révolutionnaires assassinent un souverain très aimé de son peuple... Et tout ça n'aurait aucune conséquence ? C'est nous prendre pour des cons.
Il jeta son journal sur la pile de ce qu'il avait déjà lu qui s'était formée à côté de lui et Katakuri fit la grimace.
— Tu pourrais les ranger...
— Il y a des homies pour ça, non ?
— Non. Tu as saccagé mon bureau une fois, pas question de te laisser recommencer.
— Je cherchais la clé de mes menottes, j'étais bien obligé de...
— Range, dit Katakuri en pointant son doigt sur la pile de désordre derrière lui.
Une petite lueur scintilla brièvement dans ses yeux avant qu'il n'obtempère en bougonnant.
— Je les mets où ?
— T'es un grand garçon, tu vas trouver.
Katakuri avait envie de rire. King râla mais il s'exécuta tout de même sans broncher. Il devait être une des rares personne à pouvoir lui faire faire le ménage sans prendre un coup de poing au visage.
Il fit semblant de reprendre sa lecture mais relevait régulièrement les yeux sur King qui se penchait pour ramasser son bazar. Il déglutit quand sa chemise glissa et dévoila la jolie courbe de sa hanche ainsi qu'un carré de peau sombre. Il aurait voulu s'asperger d'eau froide pour calmer ses ardeurs. Dire qu'il ne se rendait même pas compte de l'effet qu'il faisait...
Il fit de son mieux pour se concentrer sur ce qu'il lisait mais évidemment maintenant le parfum de King lui parvenait aussi et il était presque sûr d'avoir un nuage de vapeur au-dessus de la tête.
King fit tomber une nouvelle pile de journaux et râla encore.
— Je te jure que je ne le fais pas exprès, s'excusa-t-il auprès de Katakuri sans remarquer que le pauvre essayait de résister à son charme.
Il se baissa à nouveau pour les ramasser et l'un d'entre eux attira soudain son attention. Il s'arrêta pour le lire, retourna à son fauteuil et promis d'un regard qu'il rangerait après. Katakuri n'y fit pas attention et tourna sa propre page pour tomber sur le visage de sa mère. Un article sur sa mort c'était pile ce qu'il lui fallait pour le calmer.
La photo choisie la montrait jeune, dans toute sa gloire, aux côtés des portraits des deux supernovas qui l'avaient battue. Katakuri se demandait si le reste de la famille envisageait de se lancer à leur poursuite pour réclamer le prix du sang. Personnellement, il n'en voyait pas l'utilité. Il n'avait absolument aucun désir de vengeance. Ni toujours aucune peine. Il avait beau fixer le visage de sa mère et se répéter qu'elle était partie pour toujours, il n'éprouvait rien. Toujours rien.
Il leva les yeux sur King et aperçut la Une du journal qu'il lisait. Une photo des sept grands corsaires, à leur grande époque quand Crocodile était encore dans la course, prenait presque tout la page. Celui-là datait du jour où leur ordre avait été dissout suite à la Rêverie. La Une titrait "La fin des Grands Corsaires".
— J'avais presque oublié ça, commenta Katakuri.
— C'est pour ça que Cross Guild est née, dit King d'un ton laconique en tournant nerveusement les pages.
— Je sais, mais on avait tant d'autres choses à penser à ce moment là que je n'ai pas tellement mesuré ce que ça impliquait. Chacun d'entre eux à le potentiel d'être un nouvel empereur. Je n'en reviens pas que cette décision soit passée.
King ne répondit pas, il tournait frénétiquement les pages, soudain nerveux.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je n'avais pas fait attention non plus mais, apparemment, si la décision est passée c'est parce que...
Il tourna une nouvelle page et s'interrompit brusquement. Il se redressa lentement sur son fauteuil et fixa le papier avec une intensité inquiétante. Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur et donnèrent à son visage une expression paniquée que Katakuri ne lui avait vu qu'une seule fois. Quand il lui avait confié avoir été un cobaye.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Répéta-t-il, alors que les poings de King se serraient sur le papier.
Il leva un regard perdu sur Katakuri, ouvrit la bouche mais ne trouva rien à dire. Puis son regard se perdit dans le vide. Ses yeux s'embuèrent et Katakuri se leva d'un bond. Il lui prit le journal des mains et chercha l'article qui l'avait mis dans cet état.
King ne disait toujours rien mais Katakuri comprit pourquoi en contemplant la page qu'il consultait. Il s'agissait d'un dossier complet sur la dissolution de l'ordre des corsaires, avec divers articles sur leurs influences, leurs crimes, sur la Rêverie et en bas de page, un petit encart avec une photo de Vegapunk et de sa "solution" au problème posé par l'absence des corsaires : une nouvelle gamme de pacifistas.
Katakuri rapprocha le journal de son visage pour être sûr d'avoir bien lu. Sur la photo, aux côtés du scientifique au crâne disproportionné se trouvait un enfant — un enfant gigantesque — au visage familier et aux caractéristiques bien connues. La peau noire, les ailes noires, des cheveux argentés et une flammèche légère sur les épaules. Il survola le texte de l'article et en comprit l'essentiel ; ces nouveaux pacifistas — encore en cours de perfectionnement d'après l'article — serviraient de remplacement aux corsaires déchus et accompagneraient les officiers de la Marine sur les champs de bataille dans la lutte contre les révolutionnaires. S'en suivait une brève interview du scientifique qui vantait la puissance et la docilité de ses dernières créations.
Il n'avait aucune question à poser. Il ne pouvait qu'imaginer ce qui se passait dans la tête de King à ce moment là. Il posa un regard inquiet sur lui ; il semblait s'être statufié. Quels mots pouvaient-il bien lui dire pour alléger sa douleur ? Qu'est-on censé dire quand on a une chose pareille sous les yeux ?
— King, murmura-t-il avec douceur, simplement pour obtenir une réaction.
Celui-ci ne répondit rien et se leva brusquement, se passant les mains dans les cheveux, la respiration précipitée. Il se précipita en dehors du bureau, hors de la vue de Katakuri, sans dire un mot.
Katakuri ne savait pas s'il devait le suivre ou non.
/
Il ne savait pas où il allait, il avait seulement besoin d'espace. De préférence pour exploser.
Après des années à se tourmenter de façon malsaine, à se demander à quoi tout ça avait servi, il avait enfin eu la réponse sous les yeux. C'était ça le résultat des recherches ?
Il s'arrêta un instant. Un haut le cœur violent le prit à la gorge. Il s'appuya contre un mur, prêt à vomir d'une seconde à l'autre. De tous les actes répugnants dont il avait été témoin au cours de sa vie, il ne pouvait pas y en avoir de pire. Il essayait d'oublier la photo mais elle était gravée sur sa rétine désormais.
Une abomination. Voilà ce qu'il avait vu.
Il n'osait même pas essayer de comprendre comment Vegapunk s'y était pris pour faire ça. Ce progrès. A quel prix ? Le sang versé, l'anéantissement d'un peuple et des jours entiers de souffrance, durant lesquels son corps avait été abusé et meurtri, sa jeunesse broyée... Tout ça pour se faire arracher des capacités qui n'auraient dû n'appartenir qu'à lui ? Et mourir avec lui ? Jamais aucune insulte, ni aucune blessure, qu'on lui avait infligée ne l'avait humilié à ce point. Il avait toujours soupçonné que les ambitions du gouvernement mondial étaient de créer un genre de "super soldats" basés sur les résultats des expériences menées sur lui, mais il n'avait pas imaginé qu'ils iraient jusqu'à fabriquer des lunarias pour mener leurs guerres. Non, des parodies de lunarias.
Des androïdes ? Des clones ? Des monstres. Des créatures faites de chair torturées à qui il fallait ôter la vie le plus vite possible. Si on pouvait appeler ça la vie.
De rage, il frappa le mur et les flammes de son dos explosèrent assez fort pour recouvrir le plafond de suie noire. Il essaya de se contenir un peu. Il ne voulait pas perdre le contrôle. Ou plutôt si, il voulait exploser et hurler sa haine à la face du monde, se venger une bonne fois pour toute et faire taire la douleur qui n'avait jamais cessé de le consumer. Mais pour ça il aurait fallu qu'il arrache lui-même la colonne vertébrale de Vegapunk. Ce qui n'était pas possible dans l'immédiat.
Il descendit les escaliers, plus calmement, sans que les images de sa vie de cobaye et la photo du pacifista ne cessent de réapparaître devant ses yeux.
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Une journée entière s'était écoulée. King n'avait pas desserré les mâchoires une seule seconde.
Katakuri l'avait laissé tranquille le plus longtemps possible et s'était contenté de lui montré quelques gestes d'affection mais sans que ça ne résulte en quoi que ce soit de bon. King était resté de marbre en dehors des flammes de son dos qui explosaient parfois en un nuage d'étincelles brûlantes.
Sa rage était palpable. Le seul changement que Katakuri avait observé depuis l'instant où il avait lu cet article était qu'il était passé du choc à la colère aveugle. Sa mâchoire restait crispée et son regard fixé sur un ennemi invisible qu'il semblait vouloir étriper à mains nues. Il n'entendait même pas Katakuri l'appeler. Son esprit était loin de lui et de leurs problèmes récents. Lui qui avait espéré le voir évoluer dans son rôle de lieutenant, ça semblait de nouveau compromis.
Et il n'osait plus utiliser sa clairvoyance pour être sûr des mots à employer. Il devait compter sur son seul instinct. Heureusement, il était certain d'être le seul au monde à comprendre King mieux que personne. Il savait qu'il était sur le point au bord de la crise de nerfs mais qu'il contenait sa colère. Soit par pudeur, soit par égard pour son palais. Probablement un mélange des deux. Et Katakuri était tout aussi bien placé pour savoir que contenir sa rage était une mauvaise idée. Il ne prétendait pas savoir ce que King ressentait au fond de lui — il n'était pas un lunaria — mais il pouvait l'aider à extérioriser sa rage.
Il l'observait, alors qu'il était accoudé au balcon de la fenêtre de sa chambre, les yeux fixés sur le soleil couchant. Ses ailes étaient agitées par des tics nerveux et des flammes hautes s'élevaient sur ses épaules, trahissant le tumulte en lui. Il voulut s'approcher avec douceur, pour ne pas le surprendre, puis il se fit soudain la réflexion que ce n'était pas la bonne façon de s'y prendre avec lui. Il le rejoignit d'un pas ferme.
— Bon, ça suffit.
King se tourna vers lui, un peu surpris par son arrivée précipitée.
— Je sais comment faire pour que tu te sentes mieux.
— Ne te vexe pas mais ça m'étonnerait.
— Ça vaut le coup d'essayer, viens.
Il fit mine de vouloir sortir mais King ne bougeait pas. Il l'encouragea d'un coup d'épaule.
— Allez, viens.
Il prit les devants et fila, sans se retourner. Il savait qu'il le suivrait. Il avait trop besoin de chasser ses idées noires pour ne pas prendre la main que Katakuri lui tendait. Il avait passé tellement de temps seul dans son coin, sans que qui que ce soit lui permette d'exprimer la moindre émotion négative. Katakuri ne le laisserait pas subir le même sort que lui.
Sans se retourner, il devina qu'il l'avait suivi sans broncher. Katakuri accéléra l'allure. Dans le but de réconforter King, il s'était motivé tout seul.
Il y avait longtemps qu'il ne s'était pas battu. D'habitude, quand il était trop tendu, il y avait deux solutions : soit il mangeait, soit il s'entraînait. Et maintenant qu'il avait King sous la main pour ça, il était heureux à l'idée de manier les armes dans un match amical. Il savait que ça marcherait pour King aussi — il espérait juste que ses flammes ne brûleraient pas tout le périmètre.
En quelques minutes, ils atteignirent le terrain où ils s'étaient déjà battus une fois. Il entendit King ricaner derrière lui.
— Je vois, c'est ça ton plan ?
— C'est une mauvaise idée tu crois ? dit Katakuri en se dirigeant vers l'armurerie.
King, les mains sur les hanches, observa le terrain en silence. Il considérait l'idée. Katakuri n'avait toujours pas besoin de voir l'avenir pour comprendre que son idée était la bonne.
— Au contraire.
King posa des yeux brillants sur lui, légèrement hésitant.
— Mais tu te souviens de ce qu'il s'est passé la dernière fois qu'on s'est battus ?
Katakuri leva les yeux au ciel en rougissant légèrement. Évidemment qu'il s'en souvenait. Mais il y avait peu de chances que ça se reproduise.
— On n'en est plus là. Alors...
Il désigna le râtelier ou reposaient les armes.
— Une préférence ?
— File moi le sabre.
/
Quand sa rage intérieure devenait trop envahissante, King finissait toujours par s'éloigner le plus possible, à l'abri des regards, pour hurler et décimer tout ce se trouvait autour de lui. Pour ensuite revenir au bercail comme si de rien était, sans laisser qui que ce soit voir à quel point il était ravagé.
Partager cette rage, c'était nouveau pour lui. Et salvateur. Katakuri l'avait immédiatement compris et avait agis en conséquence. Il se jura de le féliciter d'avoir une intelligence émotionnelle supérieure à la sienne quand ils auraient fini. Il attrapa le sabre que Katakuri lui lançait et l'examina une seconde. Il était léger et la lame était un peu plus courte que ce à quoi il était habitué mais il ferait parfaitement l'affaire pour ce qui devait être une petite bagarre amicale.
— Je n'ai pas l'intention de retenir mes coups, annonça alors King. Je suis fou de rage.
— Je sais, répondit Katakuri avec douceur. Lâche toi. Je peux encaisser.
S'il n'était pas déjà tombé amoureux de Katakuri, cette invitation aurait suffit à le faire flancher une bonne fois pour toutes. Il avait l'esprit embrumé, envahi par des images toutes plus monstrueuses les unes que les autres et jamais il ne s'était senti aussi révolté de sa vie. Au lieu de garder pour lui, sans faire trop de vagues, ou s'entendre dire que "c'était il y a longtemps", "fais avec", il avait l'occasion de laisser éclater ce qu'il ressentait.
Katakuri s'équipa à son tour — et puisqu'il était polyvalent en terme de combat car il n'y avait décidément rien que cet homme ne sache pas faire — il s'arma d'une grande épée à deux mains. Magnifique et visiblement difficile à manier. Ce choix fit sourire King. Il prévoyait de la faire tournoyer pour maintenir King à distance. De cette façon, il serait forcé d'employer tous les moyens à sa disposition, y compris le vol, pour l'approcher.
Ils se mirent en position sur le terrain. Contrairement à la dernière fois, ils étaient seuls. Il était tard et le couvre feu était proche. Ils pouvaient se donner à fond sans risquer la vie de qui que ce soit ni craindre les commentaires amusés de Pudding ou de Brûlée. Le terrain leur appartenait.
Katakuri positionna ses pieds et leva l'épée au-dessus de son épaule.
— Imagine que je suis Vegapunk.
Loin de s'offenser, cette remarque fit rire King.
— C'est impossible ça, même toute la bonne volonté du monde.
Il n'avait pas besoin de l'imaginer à la place de Katakuri. Cela faisait des années qu'il rêvait de faire brûler le scientifique lui-même et de lui faire payer toute la souffrance qu'il avait endurée. Il se mit en garde, prit une profonde inspiration et transforma sa fureur en concentration. Il se figura encore une fois l'image immonde des pacifistas, ces horribles contrefaçon de lunarias sous forme d'enfants soldats passifs et obéissants. C'était tout ce que lui et les siens étaient aux yeux du gouvernement. Des armes. Sans âme, sans humanité, sans sentiments. Rien d'autre que des outils voués à la destruction. Si seulement il avait la possibilité de leur donner un aperçu de son véritable pouvoir de destruction.
Ses mains tremblantes se firent soudain fermes sur la garde de son sabre et il plongea immédiatement sur Katakuri avec une rapidité surhumaine. N'importe qui d'autre à sa place aurait eu la tête tranchée par son attaque mais Katakuri n'était pas un homme ordinaire non plus ; il fit tournoyer la lame au-dessus de sa tête avec une force spectaculaire et força King à esquiver in extremis, sans quoi il se serait lui-même retrouvé avec un membre en moins.
Katakuri ne s'arrêta pas là, il continua de manier la grande lame au dessus de sa tête et de ses épaules pour forcer King à reculer. L'arme fendait l'air et promettait une blessure mortelle si King se montrait trop téméraire, car lui non plus ne retenait pas ses coups. Si King restait à sa portée, il prenait le risque d'être coupé en deux. Mais la force que Katakuri avait dans les bras, King la compensait par son jeu de jambes. Il était assez agile pour esquiver chaque coup et se déplacer dans le dos de son adversaire en un battement de cil. Katakuri était forcé de bouger dans tous les sens pour rester hors de sa portée et il s'épuisait petit à petit.
King se servait de tous les éléments dont il disposait pour le distraire et percer ses défenses. Les flash aveuglants de ses flammes, des bonds plus larges et les angles d'attaque improbables permis par ses ailes, il ne lui laissait pas une minute de répit. Et il était motivé, guidé par sa rage et son envie d'en découdre, il fonçait sans arrêt et cherchait la moindre ouverture pour frapper. Son corps tout entier était tendu par l'effort et c'était l'adrénaline qui le portait. L'image de Katakuri devenait presque floue pour lui, il s'était transformé en catalyseur de rage et il faisait admirablement bien son travail. Chaque coup qu'il parait renforçait le bras vengeur du lunaria et il se montrait plus déterminé à trouver la faille dans sa technique.
Et si Katakuri était exceptionnellement doué, face à King, il devait trouver des astuces pour se sortir du harcèlement qu'il lui faisait subir. Il utilisa de nouveau son pouvoir pour coincer ses pieds dans le sol et le ralentir mais King connaissait le truc. Il lui suffisait de brûler le mochi pour s'en débarrasser.
Leur duel dura encore un moment, King perdit le fil du temps, sans que ni l'un ni l'autre ne parvienne à s'infliger la moindre blessure. Pourtant, il avait le sentiment que c'était le combat d'une vie. Dans chacune de ses attaques, il mettait ce qu'il avait sur le cœur. Il se débarrassait d'un bagage trop lourd. La culpabilité de ce qui était arrivé à Kaido, le dégoût de lui-même qui ne l'avait jamais quitté depuis qu'il s'était échappé de Punk Hazard, la haine de la Marine, du gouvernement et de tous ceux qui lui avait volé les siens, son enfance, sa vie, ses origines... et son sang, pour le pervertir en une expérience militaire sordide.
La peur qui le rongeait l'avait toujours tenu en laisse. Il n'avait jamais vécu pour lui-même. Caché dans l'ombre d'un empereur, puis par un masque, pour fuir une douleur qui lui avait été infligée il y a des années et qui ne s'en irait jamais. La cicatrice que lui avait laissé Roronoa n'était rien en comparaison, elle s'était refermée. Finalement, peut-être que c'était ça dont il avait eu besoin, qu'on le force à de se débarrasser de ce masque une bonne fois pour toute. A quoi bon se camoufler ? Le gouvernement lui avait déjà pris tout ce qu'il y avait à lui prendre. Et maintenant, ils avaient leur propres petits cobayes à torturer.
Cette pensée le répugna et il s'acharna sur Katakuri en hurlant. Sa rage était toujours intacte mais son corps commençait à ralentir de lui-même, il ne se rendait même pas compte qu'il s'épuisait. Katakuri lui même ruisselait de sueur, sans cesser de le repousser. Mais l'épée paraissait de plus en plus lourde dans ses mains, le combat touchait bientôt à sa fin.
Mais c'était trop tôt pour lui, il ne voulait pas s'arrêter. Pas maintenant, alors qu'il parvenait enfin à évacuer la terreur qui l'avait toujours empêché d'avancer.
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Katakuri ne tiendrait plus très longtemps. King était extraordinairement vif. S'il n'avait pas été aussi doué pour deviner l'avenir à l'avance, il aurait été touché plusieurs fois et Brûlée aurait eu de nouvelles raisons de s'en faire pour sa santé.
Il ne retenait vraiment pas ses coups et malgré l'épuisement, Katakuri ne pouvait s'empêcher d'apprécier à quel point King était une force de la nature. Ses flammes s'éteignaient parfois brusquement et dans ces moments là, il lui donnait l'impression de se téléporter dans son dos tant il était rapide. Il avait fait le bon choix avec son épée. Grâce à ses mouvements larges et puissants, il restait hors de portée du tranchant de son sabre. Mais il lui était de plus en plus difficile de parer les attaques. King était adroit et même s'il avait l'air possédé par sa fièvre combative, il ne laissait pas déborder. Là où Katakuri pouvait, comme sa mère, devenir un berserker hors de contrôle, King restait un monstre d'adresse. Il saisirait la moindre erreur d'inattention pour frapper vite et juste avec une vivacité animale, peut-être aiguisée par son pouvoir de zoan.
Il ne voyait pas comment se sortir de cette tornade. Il n'était pas aussi bon bretteur que King. Il fallait qu'il trouve le moyen de le piéger avant de s'effondrer le premier. Mais il ne pouvait pas le faire avec une épée comme la sienne, à moins de le couper en deux et il ne restait jamais assez longtemps en place pour ça. Il n'y avait qu'un moyen pour en finir.
Katakuri s'immobilisa un quart de seconde et laissa King passer ses défenses. Comme prévu, il se précipita dans la brèche et lança son sabre vers le flanc offert de Katakuri. Il profita de sa hardiesse pour lever son épée encore une fois et faucher son assaillant qui se précipitait sur lui.
Tous les deux s'arrêtèrent juste à temps pour empêcher le sang de couler. Ou presque.
La lame de Katakuri frôlait la gorge de King et menaçait de faire sauter sa tête de ses épaules, alors que le sabre était déjà contre son flanc, prêt à lui transpercer les chairs. Une seconde de plus aurait mis fin à la vie de l'un des deux. Ou les deux.
Une légère coupure apparut dans le cou de King et vint teinter son col de chemise de rouge vif.
— Le premier sang est pour moi, annonça Katakuri, pantelant.
King était tout aussi essoufflé et couvert de sueur. Il ne prêta aucune attention à son égratignure qui continuait de saigner. Il fixait Katakuri avec intensité, les yeux animés par une folie vengeresse toujours aussi vive. Visiblement, il n'avait aucune envie que le combat s'arrête et pendant une seconde, Katakuri crut qu'il allait de nouveau l'attaquer. Peut-être qu'il n'était pas si différent de lui et qu'il pouvait perdre le contrôle lui aussi ? Il resta sur ses gardes.
Le regard de King changea discrètement, le temps de prendre une décision. Puis il lança son sabre au loin avant d'arracher son épée des mains de Katakuri et de faire de même. Surpris par cette soudaine négligence des armes, inhabituelle de la part de King, Katakuri ne comprit pas tout de suite ce qui se passait.
Puis King lui attrapa le visage des deux mains et se jeta sur lui pour l'embrasser. C'était tellement soudain et inattendu que Katakuri bascula en arrière et trébucha. King le rejoignit dans sa chute sans cesser de lui dévorer la bouche alors que des flammes toujours plus hautes volaient sur ses épaules. Katakuri était stupéfait mais ravi de ce retournement de situation. Après des nuits à en rêver, il accueillit ce revirement avec plaisir. Content que l'initiative vienne de lui.
Enfin il le retrouvait. Enfin il sentait le poids de King sur lui. Mais il hésitait encore à le toucher, de peur de le brusquer à nouveau.
Pourtant, King n'hésitait pas. Ils étaient tous les deux sur le sol, vautrés dans la poussière qu'ils avaient eux-mêmes soulevée. Quand King lâcha enfin la bouche de Katakuri il se redressa sur lui et d'un geste à la fois élégant et nerveux, il se mit à califourchon sur lui, encadrant son bassin de ses cuisses. Katakuri étrangla une exclamation, les yeux rivés sur la beauté en face de lui, en se demandant s'il était toujours dans son rêve ou non. Maintenant assis sur lui, King le regardait, l'air toujours possédé par la fièvre qui l'avait portée jusqu'ici. Katakuri n'était pas sûr de lui avoir déjà vu un air aussi déterminé.
Et cette expression là n'avait rien à voir avec celle, forcée, qu'il avait eue il y a quelques jours. C'était l'impulsion du moment qui le portait. Mais Katakuri, inquiet et légèrement intimidé, freina son élan.
— Euh... Qu'est-ce que tu...
— Regarde l'avenir, tu auras ta réponse, répondit-il la voix vibrante.
A la façon dont il avait réagi la dernière fois que Katakuri avait pris cette liberté, il hésita. Puis, hypnotisé par la vision de l'homme en sueur au-dessus de lui, avec son visage encadré par ses mèches de cheveux humides, littéralement brûlant, il obéit et s'y risqua. Il prit plus de temps que d'habitude, complètement déboussolé par la situation. Mais le bref aperçu de la suite le convainquit de se laisser porter par le moment, lui aussi.
Maladroitement, ils se jetèrent de nouveau l'un sur la bouche de l'autre. Ils s'emmêlèrent les mains, essayant tout à la fois de se toucher, de se serrer l'un l'autre et de s'arracher les vêtements sans vraiment y parvenir. Katakuri déchira la chemise de King — et s'en excusa bêtement avant de l'oublier deux secondes plus tard — King parvint à lui faire ôter une manche de sa veste mais sans plus. C'était une perte de temps, ils étaient trop pressés pour faire plus d'efforts. L'urgence se faisait sentir, Katakuri était serré dans son pantalon et d'après ce qu'il sentait, King aussi.
Dans un bref élan de lucidité, il articula un "attends" et fit appel à son pouvoir pour les recouvrir tous les deux d'un dôme de mochi dans lequel il était sûr que personne ne pourrait les voir. Et qui lui permettrait de ne penser à rien d'autre qu'au plaisir qu'il était plus que prêt à ressentir.
/
King n'avait plus qu'une idée fixe en tête, ce qu'il vivait là, maintenant, était plus important que tout. Il n'y avait plus que Katakuri qui existait, le reste n'avait plus d'importance. Pas de souvenirs, pas de faiblesse, pas d'hésitation, rien. Juste sa présence et l'envie irrépressible de combler un vide. Il ne s'étonna même pas de le voir utiliser ses pouvoirs avec autant de précision alors que lui était plus agité qu'il ne l'avait jamais été.
Il savait ce qu'il voulait et il le voulait maintenant. La suite lui échappa un peu, mais tous les deux tentèrent encore d'ôter leurs vêtements de façon mal coordonnée, sans succès. Un fond de timidité encore un tout petit peu présent empêchait King de vraiment regarder Katakuri, il gardait les yeux fermés, concentré sur ce qu'il touchait. Il osa tout de même entrouvrir un œil et s'amusa de voir son compagnon faire de même, les joues à la fois rougies par la fatigue et par le désir.
King et lui se retrouvèrent le pantalon à mi-cuisse, sans réussir à s'en débarrasser, leurs mains préférant caresser la peau à laquelle ils avaient déjà accès. King devina que Katakuri utilisait son pouvoir pour se créer des mains supplémentaires et l'ultime étincelle d'intelligence présente en lui trouva le temps d'admirer sa concentration. Cette dernière seconde de conscience s'envola quand leurs deux membres se touchèrent. Le contact ôta un gémissement sonore de la bouche de Katakuri et King se mordit la lèvre. Ce son chéri suffisait à lui seul à effacer la haine qui l'avait consommé quelques minutes plus tôt.
Les mains de Katakuri déchirèrent encore un peu sa chemise pour accéder à son torse et King profita de se distraction pour se relever légèrement sur ses genoux afin d'attraper le sexe de Katakuri et de l'aligner avec son corps. Lorsqu'il le prit dans sa main, Katakuri se cambra immédiatement et comprit alors quels étaient ses projets.
— Tu veux ... le faire comme ça ? Demanda-t-il, en portant les deux mains à son visage tout de suite après ouvert les yeux pour contempler le spectacle.
Apparemment c'était trop d'un coup pour lui.
— Je sais pas, répondit King avec sincérité et sans envie d'approfondir le sujet.
Il avait commencé, il n'allait pas s'arrêter. Il ne savait même pas d'où lui venait ce désir, c'était une toute nouvelle expérience pour lui pourtant il se sentait en confiance. Ses gestes étaient incertains et gauches — il dut rattraper le pénis de Katakuri à deux fois avant de réussir à le maintenir en place — mais il en éprouvait une réelle satisfaction. Et d'après les sons émis par son partenaire sous lui, en plus de ses caresses anarchiques, il n'était pas en reste.
Quand il fut à peu près certain de sa position il descendit doucement pour prendre Katakuri en lui. C'est ce qui lui prit le plus de temps ; la sensation nouvelle, la légère crainte qui l'accompagnait conjuguée à la taille conséquente de Katakuri le rendit prudent. Mais au bout du compte, il parvint à l'aspirer suffisamment pour lui arracher un râle.
King sut aussitôt que ça allait être rapide. Il sentait Katakuri pulser en lui et il lui griffait déjà les cuisses de toutes ses forces. Sans trop savoir ce qu'il faisait, il commença à bouger. Des flash de lumière lui parvenaient à travers ses paupières fermées à cause des flammes dont il perdait peu à peu le contrôle. Il transpirait des pieds à la tête et ses mouvements étaient gênés par les vêtements dont il n'était pas parvenu à se débarrasser mais chacun de ces stimuli participait au plaisir qui grimpait en flèche. C'était à la fois un peu douloureux et extrêmement plaisant.
Il ne savait pas quel rythme suivre, il bougeait de façon erratique, suivant ce qui lui procurait les sensation les plus douces. Il sentait Katakuri onduler sous lui de façon tout aussi désordonnée. Comme deux instruments désaccordés essayant de jouer la même musique. Mais il était si heureux d'être là pour entendre son partenaire émettre des sons aussi vulnérables. King sentait que l'orgasme était proche, il ralentit un peu ses mouvements et fit de son mieux pour le retarder pour en profiter le plus possible mais la tentation de se laisser exploser était trop forte. Il rouvrit les yeux, voulant voir Katakuri avant de craquer.
Il ne le regretta pas ; voir l'extase sur son beau visage était la plus belle des récompenses. Ses traits étaient détendus et traduisaient une expression presque suppliante. N'y tenant plus, King s'empoigna et tâcha de se finir seul. Il éjacula après quelques secondes seulement, laissant une ligne blanche sur le ventre de Katakuri qui explosait à son tour en arquant la poitrine, avec un ultime cri de plaisir.
King, vidé, se laissa tomber le front contre les clavicules de Katakuri, le temps de reprendre son souffle. Il souffla bruyamment contre sa peau et l'autre en fit tout autant.
Ça avait duré moins de cinq minutes mais King était tout aussi secoué que s'il avait plongé dans un maelström. Katakuri fut le premier à amorcer un geste et posa sa main sur les cheveux trempés de King. En réponse, il déploya ses ailes et les enveloppa tous les deux. Ils retrouvèrent leurs esprits après un temps considérablement plus long que celui qu'ils avaient passé à faire l'amour.
King se redressa le premier, toujours assis sur le bassin de son amant — Katakuri était toujours en lui mais aucun ne s'en soucia — et après un énorme soupir, et un regard adressé à Katakuri qui semblait s'être fait passer dessus par un roi des mers, il prit pleinement la mesure de ce qui venait de se passer. Sa chemise était pratiquement en lambeaux et les ongles de Katakuri avait laissé des marques ici et là sur sa peau.
— Qu'est-ce qui vient de se passer ? Demanda-t-il à Katakuri, qui peinait à revenir à lui.
Ils échangèrent un regard incrédule et se mirent à rire tous les deux en se rappelant où ils étaient et comment c'était arrivé. Finalement, Katakuri avait eu raison, il se sentait bien mieux maintenant.
Il savait que dans quelques instants, toutes les questions pragmatiques leur retomberaient dessus d'un seul coup et qu'ils aurait fort à faire pour partir d'ici en catimini et se changer sans attirer l'attention de qui que ce soit sur eux, mais pour le moment ils étaient seuls et ils étaient parfaitement bien, protégés par le dôme de Katakuri.
— Je ne sais pas comment tu as fait pour contrôler tes pouvoirs, dit King, toujours amusé par la situation. J'en aurais été incapable.
— Je n'ai pas si bien tenu que ça, avoua-t-il la voix rauque.
King leva un sourcil interrogateur et Katakuri pointant son index sur le plafond. King leva le nez et constata que les trois quarts du dôme avait brûlé sans laisser de trace.
C'est bon d'être de retour.
Très franchement, ils m'ont échappés. Je n'avais pas prévu que ça arrive déjà mais écoutez ça fait des mois que je suis à fond sur une série de bouquins où il y a plein de scènes de combats d'épée homoérotiques alors... Il me fallait le mien.
En vrai, ils ont pas réglé tous leurs problèmes d'un coup non plus, 'faut pas déconner. Mais disons qu'ils en avaient bien besoin tous les deux.
Pour les séraphins, j'étais pas sûre de les intégrer à la fic (parce que je pense que le sujet mérite une fic complète) mais c'était dur de passer à côté. Ca doit faire parti de l'évolution de King. En tout cas, j'espère que ça valait le coup d'atteindre aussi longtemps et que vous êtes toujours là.
Bonne rentrée tout le monde !
