Retour de ce cher Suguru ^^
Chapitre 425 : Powerhouse
Nanako s'améliore à chaque nouvelle séance. J'ai une façon d'enseigner qui sort de la classique. Nous restons à l'écoute de nos montures et respectons leur caractère. Si Na'ir ou Zaphira ne se sentent pas à l'obstacle, nous leur proposons une balade en forêt.
Sa monte gagne en assurance.
Je la ramène au temple.
Dans le vaste jardin intérieur, Suguru s'entraîne au sansetsukon. Le maniement de l'arme requiert une solide expérience.
Il porte un t-shirt sombre sur pantalon bouffant clair.
Je m'arrête pour admirer. Petit sourire de Nanako.
"Il est fort, hein ?..."
Il est surtout magnifique à regarder !... Mes sens en prennent une sacrée claque !
Le diable soit de toi, Suguru Geto !...
Mon sexe entier l'appelle, pulsant de chacune de ses fibres !...
Il cesse dans un mouvement maîtrisé, attrape la serviette pour s'éponger, arme pendant autour de son cou.
"Master Geto !..." le salue Nanako, agitant la main.
Petit sourire du père adoptif. "Je note que... tu es revenue en un seul morceau." regard basculant sur moi.
"Je ne tiens pas à ce que tu me colles toute ta collection de fléaux aux fesses !..." dis-je.
Nanako pouffe. "Tu ne serais pas aidée, en effet."
Il dépose son arme, s'hydrate et nous rejoint. "Puis-je t'offrir l'hospitalité ?"
"Volontiers."
"Je... hem... vous laisse, j'ai des devoirs à terminer." filant pour nous laisser seuls.
"Tes filles grandissent décidément bien trop vite..."
"Nanako plus rapidement que Mimiko. Mimiko a encore un pied dans l'enfance." m'invitant à cheminer à ses côtés. "Permets-tu que je me douche avant de te rejoindre ?..."
Je fixe mon regard sur son visage pour le moins jovial. "Je... t'y accompagnerai bien..."
"Vraiment ?..." surpris.
"Je trouve que... ta tenue de moine camoufle bien trop de belles choses..." faisant référence à son physique que la nature lui a accordé avantageux.
Un petit sourire flatté s'affiche sur ses lèvres. "Aurais-tu repris goût pour ma personne ?..."
"Cela me semble évident, non ?" amusée.
Il ramène ma tête jusqu'à ses lèvres, embrassant le haut de ma tête. "Je t'accorde de m'y accompagner... à tes risques et périls."
Arrivés dans la vaste pièce, il me fait face, retirant d'abord le lien de sa chevelure de jais dont les mèches cascadent sur ses épaules, m'avisant avec un sourire ineffaçable.
Il soulève le bas de son t-shirt des deux mains, le passant par-dessus sa tête, torse enfin nu.
"Toujours à ton goût ?..." glissant le pouce le long de mes lèvres entrouvertes.
"Plus que... jamais..." bas-ventre tordu de désir.
Je quitte mon haut, offrant sur un soutien-gorge de sport.
Le notant, il en rit. "Tu n'avais donc rien prémédité ?..."
"Absolument pas." quittant le sous-vêtement.
Il admire la forme ronde de mes seins, y apposant une main, caressante, doigts érigeant la pointe. Je m'en pince les lèvres.
"Ça va être..."
"... délicieux."
"Cela fait longtemps... Suguru..."
"Cela n'en sera que meilleur." commençant à quitter son pantalon, m'offrant vue sur un boxer sombre dont le renflement est évocateur.
Je quitte mon pantalon d'équitation. "Je t'ai toujours préféré à Satoru."
"Pour une raison qui m'échappe totalement mais dont je ne saurai me plaindre." quittant le boxer, sexe dressé d'envie manifeste.
Je déglutis. "Je ne puis... définitivement pas te laisser... dans cet état."
"Tu ne le peux, en effet." souriant, s'empoignant un moment par la base.
Je quitte mon dessous. "Alors, viens."
Il s'installe sur le sol, m'invitant entre ses jambes ouvertes. Je prends place, son sexe reposant contre mon ventre.
Je commence à m'y frotter, lascive.
Nos sons et appels montent.
Il m'enserre de ses bras, visage blotti dans mon cou, geignements gagnant en lourdeur.
"Tu as... tourné le dos à la... mmm... lumière... Suguru..."
"Et ce n'est... haaaaah... semble-t-il pas... pour te déplaire..."
Il en suinte contre mon ventre, y dispersant des maculats translucides.
Nos respirations sont tout aussi lourdes et il bouge des hanches pour se caresser davantage contre mon ventre.
"Puis-je... te demander..."
"... d'entrer ?..."
Sourire à mon oreille.
Je soulève les hanches, le récupérant d'une main pour l'insérer.
Il en suffoque lorsqu'il se sent progresser dans la chaude moiteur qui lui est fort accueillante.
Un instant, son menton bascule vers le ciel. "Oooooooh..." papillonnant des paupières, en proie à un plaisir proche de l'orgasme.
C'en est terriblement bon !...
Son souffle détraqué ponctue à présent mes allées et venues.
Ça accélère puis ralentit, sexes palpitants.
L'orgasme s'abat alors sur nous, arrachant des cris à nos gorges déployées.
Petite pause, toujours emboîtés.
"Contrairement à mes fléaux, tu ne m'as jamais livré tes secrets, Léviathan d'Hadès."
"Quels... sont-ils, Suguru Geto ?..." souriante, contre sa peau moite.
"Tant que... je ne saurai les énumérer tous..." souriant de la même façon.
"Mon Maître apprécie se pencher sur les âmes qui ont tout perdu en ce monde, Suguru. Toi, tu as tes filles..."
"Ne te... restait-il point ton père ?..."
"Touchée."
"Nanako, Mimiko. Préparez la table, je vous prie. Avec un couvert en plus." souriant.
"Tout de suite, Master Geto !..."
Elles ne l'ont jamais appelé père. Il demeure leur sauveur et le maître absolu de leurs vies.
Suguru n'a jamais besoin de se répéter ; sa parole fait loi. Il leur a manifesté son côté le plus tendre. Il tâche de les préparer à la vie, ne camouflant pas, à leurs yeux, les horreurs et les injustices de ce monde.
Suguru leur transmet sa vision biaisée du monde.
Nous nous réservons la vaisselle une fois le repas terminé.
"J'aimerai tant... te garder pour la nuit..." me confesse-t-il.
"Tu me laisses passer chez moi pour récupérer quelques effets au moins ?..."
"Je suis même prêt à t'y accompagner." souriant.
"Mimiko, Nanako, je dois m'absenter un moment."
"A tout à l'heure, Master Geto !..."
Je suis curieuse ; voiture avec chauffeur ou fléau volant ?... Ah ! Fléau volant !... Chic !
"Certes moins... romantique que le tapis volant d'Aladin..." rit.
Je prends place entre ses jambes ouvertes, tête reposant contre son épaule. "Tu ne m'as jamais donné ton sentiment sur les contes..."
"Certaines fables pourraient être liées au sort de quelques fléaux malicieux."
Il nous dépose sur l'échelle de service et nous entrons par la fenêtre laissée entrouverte.
"Hmm. Je devrai y poster l'un des mes fléaux gardiens..." notant la facilité avec laquelle on pénètre chez moi.
Je ris, l'embrassant sur la joue, rassemblant rapidement quelques effets dans un sac.
Il patiente.
"Tu as revu Satoru récemment ?"
"Entre-aperçu. Avec plusieurs de ses élèves. J'ai toujours un ou plusieurs fléaux-espions dans cette école."
"Et Satoru les tolère ?"
"Il faut croire."
Je me présente devant lui, sac à la main dont il se charge.
"Il t'aime encore beaucoup, Suguru."
"Nos visions du monde divergent tant..." sur un soupir, profondément contrarié. "Dire qu'à l'époque je lui recommandais d'épargner les faibles... alors qu'aujourd'hui je préconise de leur infliger châtiment."
Je viens me coller à lui, glissant les mains sous les manches courtes de son t-shirt, savourant sa musculature sur un soupir conquis.
"Dépose ce sac et occupe-toi les mains, Suguru."
Il laisse tomber le sac au sol, paumes prenant possession de mon corps sur un soupir régalé. Partout. Me pressant contre lui.
"Tu penses que... tu m'aurais regardée à l'époque du lycée ?..."
"Je ne me serai pas seulement contenté de te regarder..." sourit contre ma peau. "Je t'aurai... convoitée. Et Satoru aussi."
"Mais tu... aurais remporté ma préférence... Suguru..." sentant mon corps répondre à ses sollicitations. "Cela m'aurait beaucoup plu... de savoir que tu étais devenu... un dévoreur de fléaux... comme cela me plaît encore aujourd'hui..."
"J'aime... ton côté dark, Rachel. Une noirceur dont Satoru est exempt."
Nous faisons l'amour sur le lit avant de repartir.
"Envie de malbouffe ? ; ))" à Satoru par SMS.
"Tu me prends par les sentiments !"
Rendez-vous au fast food du coin.
Il garnit son plateau de plusieurs sandwiches, gourmand, comme à son ordinaire.
"Je tenais à t'en informer moi-même avant que cela ne te parvienne aux oreilles..." dis-je.
"Que t'es retournée avec Suguru ? Te fatigue pas, ça a déjà fait le tour."
Je fais les yeux ronds.
"Penses-tu que c'est à titre gratuit que je tolère les fléaux-espions dont il a garni notre école ?"
"Tu... as des... informateurs au temple ?..."
"Disons que... je me tiens informé de ses faits et gestes."
"Je vois." amusée par leur dynamique.
"Tu sais, je devrai être super jaloux parce que tu me le préfères..." froncé, mordant dans son sandwich à pleines dents. "... mais j'y arrive pas. Tout au plus je suis vaguement vexé."
"Tu l'aimes, Satoru. Tu peux donc comprendre le charme dont il est capable."
"Ouais, ouais." attaquant un second sandwich. "Le sortilège, tu veux dire. Enfin... parfois j'me demande ce qui ne tourne pas rond chez moi !..."
"L'amour..."
"... est le plus tordu des fléaux."
Ce que je tiens entre mes paumes ouvertes respire cette beauté toute asiatique. Les traits sont fins. Le regard perçant. Suguru est une splendeur faite homme !...
"Je vais... te faire l'amour, Suguru." à son oreille percée de ce large piercing.
Il en sourit. "Je ne chercherai en aucun cas à m'en défendre."
Nous n'arrêtons pas ! De jour comme de nuit. Plusieurs fois.
Nos sexes sont pris d'un appétit frénétique, comme s'il nous fallait rattraper le temps perdu !
"Tu me rends... complètement dingue... Suguru Geto..." alors que je dévore sa bouche de baisers tous plus fous les uns que les autres. Et croyez-moi, ma bouche trouve toujours à qui parler !
"Cette tournure est incorrecte. Reprends-la." sévère lors des devoirs.
C'est lui qui les enseigne. Et il le fait de manière stricte.
Je leur laisse toujours ce temps pour eux, sans interférer. Je m'occupe généralement avec de la lecture, regard allant parfois se poser sur le corps de celui pour lequel je me consume d'appétit en ce moment, discrètement.
Cet homme, à la carrière prestigieuse dans la finance, se débat depuis si longtemps avec un fléau qui a fini par le conduire au burn-out.
Sa dévouée épouse gagne le temple le plus controversé de tous les temps.
Elle s'incline, face contre terre devant Geto qui siège là, l'avisant avec contentement.
"Je vous en prie... sauvez mon mari..."
"Emmène-le." la tutoyant d'emblée.
"Il... refuse malheureusement de me suivre..." se plaint-elle, larmes lui montant aux yeux.
"Je ne puis, dans ce cas, le sauver contre son gré." tranche Suguru.
"Je vous en supplie... venez jusqu'à son chevet... il est hospitalisé..."
"Trouve un moyen pour me le ramener."
Suguru se doute bien qu'un fléau le tourmente et que les médicaments ne font que tenir la bête à distance.
"On vous dit sage et compatissant..."
"Tout cela se mérite, Madame Fumiko." sans écorcher le nom cette fois. "Il m'est impossible de guérir une personne contre sa volonté."
"Pitié, Seigneur..." s'inclinant une nouvelle fois.
"Tu trouveras un moyen pour le faire venir jusqu'ici." inflexible, levant la séance par un signe de la main.
"Toujours à ton commerce, Suguru ?" alpaguant le prétendu moine alors qu'il enfile sa tenue.
Petit sourire de Suguru. "Commerce qui semble beaucoup t'intéresser, je me trompe, Satoru ?"
"Tu penses que j'ignore les fléaux que tu as postés dans l'école ?"
"Non. Je m'interroge plutôt sur le fait que tu sembles en tolérer la présence."
"Je veux que tu vois de quelle détermination la future génération d'exorcistes est capable."
"Ah... tes fameuses recrues..." se tournant pour nouer sa tenue.
Le regard de Satoru échoue sur ses mains en mouvement.
"Elles-mêmes." revenant au visage de son ami d'antan.
"J'espère que tu leur inculques qu'ils n'ont ni à se cacher ni à céder aux faibles, Satoru."
"Tes idées..." fronçant un bref moment. "J'espère que tu te comportes bien avec Rachel."
Le sourire se prononce en face. "Est-elle venue se plaindre de ma conduite ?..."
Satoru secoue la tête.
"Dans ce cas..." refermant le placard qui contient son dressing.
"Elle a eu la franchise de me dire en personne qu'elle... que vous avez..."
"... repris notre relation ?... Oui." s'approchant de lui. "Elle est venue ici de son plein gré."
Le poing de Satoru se serre un moment. "Surtout, ne..."
"Ne t'en inquiète point, Satoru. Ce n'est pas moi qui l'ai persuadée de livrer son âme à Hadès, que je sache. Pas plus que l'œuvre d'aucun de mes fléaux, d'ailleurs."
"Tu lorgnes sur mes élèves."
"Je m'intéresse à ce que tu en fais, Satoru."
"Tiens-toi éloigné d'eux. Tu risques encore de les contaminer avec tes idées nauséabondes."
"Si j'y parviens, c'est qu'ils étaient déjà sur une voie sur laquelle l'école ne souhaite pas qu'ils s'engagent. N'est-ce pas, Satoru ?..." quittant la pièce, plantant là l'exorciste prodige. "Oh, quant à Rachel, ne sois pas en souci ; j'en prends un soin jaloux."
"ESPÈCE DE MONSTRE !" furieuse, s'approchant à grands pas de Suguru.
"Madame Fumiko ?..."
"MON MARI EST DÉCÉDÉ PAR TA FAUTE, MONSTRE !..." frappant contre la poitrine du moine sans toutefois parvenir à l'ébranler.
Petit rire de ce dernier, derrière le dos de sa main. "La colère d'une guenon."
"PAR TA FAUTE !" continuant à frapper.
Il l'empoigne par les cheveux. "Il a eu sa chance. Tout comme toi !" la faisant décapiter par l'un de ses fléaux.
Les rangs des fidèles de Suguru grossissent chaque jour davantage. Imaginez-vous à quel dieu vivant ils peuvent avoir affaire !... Ceci déplaît fortement à l'école d'exorcisme.
"Tu vas te faire des ennemis." dis-je en plaisantant.
"Satoru est déjà venu me trouver."
Yeux ronds.
"Pour m'avertir de n'approcher ses protégés sous aucun prétexte et pour s'assurer que tu te portais bien ici."
"Franchement. Même si c'est adorable de sa part... ça ne le regarde en aucune manière." croisant les bras, furieuse. "Je suis libre de fréquenter qui je veux !"
"Il s'inquiète, Rachel. Un maître des fléaux n'est pas vraiment... la meilleure des fréquentations. Cela doit revenir à rincer son sixième œil à la soude caustique. Je lui ai simplement rappelé à quelle armée tu appartenais." souriant.
Lorsque le leader se déplace, il privatise généralement l'endroit.
Ainsi, nous avons droit à une promenade sous les cerisiers en fleurs dans une allée réservée, la foule de singes étant priée de garder ses distances.
Suguru les méprise.
Mimiko et Nanako nous accompagnent, s'émerveillant.
Nous cheminons, bras dessus bras dessous, tranquilles.
Mais mes pas me dirigent à nouveau du côté de Noble Bell College pour une nouvelle rencontre.
Je me mire dans la glace, admirant l'uniforme fait sur mesure. Il tombe parfaitement.
Viane vient frapper à ma porte. "Rachel ? Tu es prête ? Messire Flamm déteste les retardataires !..."
J'ouvre la porte de ma chambre d'étudiante, plaçant mon béret sur la tête qu'elle arrange. "Vite !..." m'attrapant par la main pour filer jusqu'au vaste hall de lecture.
Celui qui s'avance tranche sur tous les uniformes présents ; le sien étant beaucoup plus prestigieux et orné.
Il ouvre un énorme ouvrage placé sur un socle de lecture.
"Paragraphe 3 du règlement intérieur : les étudiants sont tenus, par leur comportement et leurs résultats, de représenter les valeurs de Noble Bell College à l'intérieur comme à l'extérieur de l'établissement."
Son air est extrêmement sévère. Je dirai même... rigide.
Je note qu'au majeur droit trône une imposante bague. A l'éclat grenat, je dirai un rubis, taillé en losange, serti d'or.
Silence durant tout le discours ; seule la voix de cet étudiant se fait entendre.
Il quitte le pupitre et les discussions commencent.
"Comment trouves-tu notre Président Rollo, Rachel ?..."
"Pré... sident ?"
"Oui. Il s'agit du Président du Conseil des Étudiants. Son nom est Rollo Flamm. Il est... extrêmement populaire."
Po... pulaire ?...
"Viens. Je vais te présenter !..." me prenant par la main pour fendre la foule.
"Président !..."
L'intéressé se tourne vers nous et couvre soudain le bas de son visage d'un mouchoir de soie aux motifs célestes sur fond couleur lilas. "Viane. Toujours aussi... vive."
"Président, je vous présente Rachel !..." me faisant avancer.
"Rachel ?... Hmm... seriez-vous la propriétaire de cet étalon entier qui a causé tant de tumulte au sein de nos écuries ce matin, Mademoiselle ?" abaissant le mouchoir, plaçant une main dans l'autre devant son estomac.
Petit rire incrédule. "Il... hem... lui faudra un peu de temps pour s'accoutumer..."
Ses sourcils - étrangement plus foncés sur ses cheveux - froncent. "S'accoutumer, dites-vous ? Nos hongres proviennent tous de la meilleure école équestre de la Cité. Votre étalon souffre d'un sévère manque d'éducation, si je puis me permettre."
"Messire Flamm est excellent cavalier, Rachel !..." lance Viane. "Il est également chasseur émérite et le plus honorable des étudiants de Noble Bell !..."
"Quel pedigree, dites-moi." moqueuse.
"Plaît-il ?" levant un sourcil. "Serait-ce un ton narquois que je viens de déceler dans votre voix, Mademoiselle ?"
"Le règlement prévoirait-il un quelconque châtiment corporel en cas d'insubordination ?"
"Le règlement est ce qui tient cette école, Mademoiselle. Je vous prierai de ne point l'oublier. Tout manquement sera passible d'une sanction discutée lors du conseil hebdomadaire que je préside."
"Et je demeure certaine que vos idées sont pour le moins foisonnantes au sujet de ces... blâmes. Je me trompe, Messire ?"
"Le moins que l'on puisse dire est que vous commencez fort mal votre séjour en ces murs, Mademoiselle. Je suggérerai au Conseil qui se tiendra demain que vous reproduisiez, à la plume, l'intégralité du règlement, dans une calligraphie déterminée." plaçant à nouveau le précieux mouchoir devant le bas de son visage.
Président du Conseil des Étudiants, uh ? Un véritable tyran !
"Félicitations pour vos débuts au sein de Noble Bell, Mademoiselle." méprisant, faisant enfin riper ce satané mouchoir du bas de son visage, révulsé par mon attitude.
Sa... sa bouche, Seigneur !... Véritablement tordue par le dégoût que mon comportement lui inspire !...
"Je... Président Rollo..." tente Viane.
Le regard qui bascule sur elle n'a absolument rien de compatissant ni d'aimable. "T'aventurerais-tu à discuter mon jugement, Viane ?"
Elle le fixe puis finit par baisser la tête. "Non, Président."
"Bien. Vous ne ferez guère longtemps la forte tête, Mademoiselle. Cela, je vous le garantis." tournant les talons pour s'éloigner dans un mouvement de tissus richement brodés, long pan de son tricorne virevoltant derrière lui.
C'est... interminable ! Il y a une cinquantaine de paragraphes !... Je peste.
"Sans aucune rature, je vous prie." s'est plu à renchérir le despote.
C'est raté car il y en a déjà une bonne dizaine !... Mais qu'importe, il est près de quatre heures du matin... mes paupières sont lourdes, j'ai besoin d'un minimum de sommeil.
"Bien." présidant avant la classe de latin. "Mademoiselle, avez-vous terminé le devoir écrit qui vous a été assigné ?"
Je m'avance et lui rend mes copies.
Il y remarque d'emblée les ratures et se plaît à les présenter, une à une, à la classe entière.
"Vous appelez ceci un travail rendu ? Je nomme cela un torchon." laissant tomber les copies au sol. "Où vous êtes-vous crue, dites-nous, Mademoiselle ?" me faisant demeurer devant.
Inutile que j'argue le manque de sommeil, n'est-ce pas ?...
"Ici, vous ne compterez pas vos heures."
"Il ne faut pas en vouloir au Président Rollo, tu sais Rachel..." commence Viane alors que nous prenons notre repas en commun.
"Comment ne pas lui en vouloir, Viane ?! Ce type est un véritable tyran !"
"Shhh..." me faisant un signe de la main. "Moins fort !..."
"Qu'importe ! Il ne me musellera pas !"
"Je note en effet que vous me semblez avoir la langue bien trop pendue pour cela, Mademoiselle." tranche soudain une voix derrière moi. Il se tient là, debout, main placée dans l'autre.
Je me tasse.
"Que cherchez-vous ? Le renvoi ? Si tel est le cas, je peux le soumettre au vote du Conseil."
"Allez-y, faites-vous plaisir." avalant ma fourchetée.
"Je vous veux tout à l'heure au pied de la tour nord, Mademoiselle. Nous aurons une discussion."
Viane agite la main.
"Qu'est-ce que ça veut dire ?..." questionnais-je.
"Il va te prendre à part. Ça va chauffer pour toi. Fais profil bas, Rachel."
Je le rejoins au pied de ladite tour - qui est en réalité un clocher.
"Suivez-moi." commençant à gravir les marches.
Fort heureusement mes jambes sont coutumières des marches et de l'équitation !...
Je tiens fort bien la cadence, ce qui l'étonne. "Voilà qui demeure surprenant." sans se retourner.
Nous atteignons le sommet sans souffrir d'essoufflement.
Il m'invite à admirer le panorama. "Voici la Cité qui s'offre à nos yeux." me la présentant d'une main ouverte. Gasp ! Je n'avais encore jamais noté qu'il avait les doigts aussi longs et pour ainsi dire d'une beauté toute féminine !...
"Noble Bell College en est le joyau. Comprenez-vous ?..."
Je hoche vaguement la tête.
"Notre tradition est séculaire." s'avançant jusqu'à une immense cloche dorée. "Voici la Bell of Salvation qui a tant de fois sauvé la Cité."
C'est qu'il est capable de se montrer aimable lorsqu'il le veut, le bougre !...
"Aucun élément perturbateur qui menacerait ce précieux équilibre ne sera toléré, Mademoiselle. En d'autres termes, soit vous vous plierez à la discipline, soit vous pouvez boucler vos bagages dès ce soir."
Aimable... pensais-je naïvement !...
