Chapitre 35 - Dans le labyrinthe


Alors qu'ils encaissaient toutes ces nouvelles informations, Draco tapota la carte du Maraudeur et les informa qu'il redescendait dans son dortoir. Hermione approcha de la carte et jeta un coup d'œil inquiet vers Harry. Écouter Draco avait suffi à la remplir d'angoisse, mais lui semblait plutôt calme. Ron se laissa tomber dans le fauteuil qu'occupait Draco un peu plus tôt.

— Vous y croyez vous ?

— Il n'a pas menti, répondit Hermione.

Elle repéra le point de Draco au niveau des escaliers volants.

— Mais pourquoi nous dire tout ça ? insista Ron en appelant le Vivet qui les épiait toujours depuis les branches. Il a pratiquement avoué que sa famille est remplie de Mangemorts.

Il ouvrit sa main et la boule de plumes dorée se posa sur l'accoudoir pour l'inspecter. Une déception le fit claquer son bec en découvrant qu'il n'y avait pas de nectar pour lui, mais il resta pour les caresses.

— Moi je crois que j'ai bien une idée de pourquoi, répondit Harry d'un ton fatigué en tirant une chaise face à la carte.

— Ah ? fit Ron.

Il se détourna du Vivet pour réaliser qu'Harry fixait Hermione. Elle fronça les sourcils.

— Ne me regarde pas comme ça, répliqua Harry. Tu vois une autre explication à ce qu'il se soucie soudain du retour de Voldemort ? Parce que ce n'est pas pour moi. Si je meurs pendant la troisième tâche, je suis sûre qu'il en profiterait pour subtiliser ma cape.

— Plausible, répondit Hermione, mais pas certain. Mon contact aurait aussi pu faire évoluer sa vision du monde moldu, mais je n'y crois pas. Le plus probable c'est qu'il s'inquiète des conséquences pour lui si Tu-Sais-Qui revient alors qu'il est lié à moi.

— À qui le dis-tu, marmonna Ron. C'est un Serpentard hein.

Sur la carte, Hermione veilla à ce que Draco ressorte du dortoir sans encombre pendant que Harry et Ron négociaient avec la Salle sur Demande pour la réaménager en espace pour dormir. Ron se trouvait devant un escalier étroit creusé à travers le mur, qui montait en spirale jusqu'à un balcon les surplombant. Hermione fronça les sourcils.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Une tour d'observation anti-Malfoy, répondit Ron.

— Enlève plutôt ce balcon ridicule et fais-en une chambre pour toi et Harry.

— Et Malfoy ?

— On lui fera la sienne, dit Hermione en pointant un coin à l'opposé du petit escalier.

Ron croisa les bras.

— Et toi ?

— Et moi, la mienne.

Des grommellements lui parvinrent alors qu'elle aménageait deux chambres pour elle et Draco. Harry passa lui souhaiter bonne nuit alors qu'elle ajustait les murs aux boiseries argentées qui entouraient un lit surmonté d'un baldaquin vert émeraude. Un drap lourd protégeait l'arche qui reliait la chambre à la pièce principale.

Elle s'apprêtait à en ressortir quand le rideau s'écarta sur Draco. Il déposa la cape d'invisibilité sur la table de chevet et pinça la matière du couvre-lit d'un œil critique.

— Les deux autres vont rester, bien évidemment, commenta-t-il.

— Bien évidemment, répondit-elle, amusée.

Draco ressortit dans la pièce centrale et examina les étagères de livres qui entouraient la pièce centrale. En hauteur, le balcon était encore visible et Ron, accoudé à la balustrade, releva la tête l'air de rien. Draco retira sa bague.

« Il est tellement jaloux que s'en est ridicule. »

« Sûrement parce que c'est toi. » répondit Hermione en rentrant dans sa propre chambre.

« Bien sûr que c'est parce que c'est moi. »

Elle déposa son linge de la journée dans le placard encore vide qu'elle avait prévu, à côté d'un grand bureau pour ses cours, et enfila sa robe de chambre. Comme elle sentait encore Draco dans la pièce centrale, elle ressortit jeter un œil à ce qu'il faisait et découvrit deux épaisses branches au niveau de sa tête qui offraient une accroche à deux hamacs. Allongé dans l'un d'eux, une jambe pendant dans le vide et les mains croisées derrière sa tête, Draco la fixait d'un air machiavélique. Hermione secoua la tête.

« Après l'histoire que tu as faite pour avoir ta propre chambre chez mes parents, tu vas me faire croire que tu peux te contenter d'un hamac à la vue de tous ? »

« Ce qui m'importe, c'est surtout qu'il soit à la vue de Weasley. » corrigea-t-il avant de reprendre à voix basse :

— Et puis je ne te parle pas de dormir ici. Fais-le mariner un petit peu et va te coucher.

Hermione caressa le haut du second hamac puis s'assit dedans, comme sur une balançoire. Les lumières de la Salle sur Demande s'estompèrent, imitant la pénombre d'une soirée d'été.

— Draco, à quel point tu crois au retour de Tu-Sais-Qui ?

Une moue sombre remplaça son sourire.

— Quand j'ai surpris leur conversation, ils semblaient préoccupés.

— Si leur « maître » revient, ce n'est pas censé être une bonne nouvelle ?

— Pas spécialement. Si la plupart des Mangemorts sont encore en liberté aujourd'hui, c'est parce qu'ils ont tout mis en œuvre pour se désolidariser du Seigneur des Ténèbres à sa chute ; prétendre avoir été menacé, manipulé, dénoncer les autres. Je doute que le voir revenir les réjouisse tant que ça.

Elle acquiesça et dériva vers un sujet moins lourd.

.*.

La cape d'invisibilité et la carte du Maraudeur formaient une combinaison parfaite pour esquiver les Serpentards. De leur côté, les Gryffondors avaient accepté sans broncher qu'ils s'absentent le soir pour aider Harry à préparer la troisième tâche.

Lorsque les trois écoles se réunirent dans les gradins dans un vacarme endiablé, le labyrinthe végétal que Hagrid entretenait sur le terrain de Quidditch s'y élevait d'un bout à l'autre, couvert par une brume inquiétante. Cramponnée à la rambarde, Hermione se pencha pour mieux voir Harry. Les professeurs Dumbledore, Maugrey et d'autres personnes se trouvaient près de lui et Diggory. Krum et Fleur patientaient non loin. Elle se rassit près de Ron, la bouche sèche.

Ludo Verpey qui commentait une fois de plus l'épreuve dut batailler avec la foule pour obtenir un semblant de silence et rappeler les règles.

L'espace entre les murs du labyrinthe semblait étroit, sombre. Quand Harry s'y engagea avec Diggory, Hermione ne put s'empêcher de frissonner. Sur un gradin voisin, elle échangea un regard avec Draco.

« Il va s'en sortir. Il a connu pire que quelques feuilles, le balafré. »

Il ignorait à quel point il avait tort. Après une attente interminable commentée par Ludo Verpey, à se raccrocher au moindre signe qu'ils percevaient du labyrinthe, Harry réapparut avec Diggory et le trophée.

Sauf que Diggory était mort.

Et que Voldemort ne l'était plus.

Ce soir-là, Harry se glissa hors de l'infirmerie pour les rejoindre dans la Salle sur Demande où régnait un silence si assourdissant que le grincement de la porte fit sursauter Hermione. Elle se leva d'un bond pour l'étreindre. Il était encore pâle, mais Madame Pomfresh avait soigné la profonde blessure de son bras.

Draco qui se tenait généralement à l'écart lorsque tous les trois se retrouvaient vint se poser dans un des fauteuils alors que Harry leur relatait tout ce qui s'était passé dans le cimetière de Little Hangleton.

Arrivé au moment où, ressuscité, Voldemort avait réuni ses fidèles, Harry se tourna vers lui.

— Ton père a répondu présent. Ceux de Crabbe et Goyle aussi, dit-il d'un ton acide.

— Oui, jusqu'ici, pas de grande surprise, répliqua sèchement Draco. Il aurait été idiot de ne pas le faire.

— Ton Seigneur des Ténèbres n'était pas très content d'eux.

— Et il tuera les absents. « Pas très content » me semble un compromis acceptable.

Lorsque Harry conclut, Draco se leva et marcha droit vers leurs dernières tentatives d'antidote. Dans les chaudrons bouillonnants, ils avaient versé leurs dernières ressources.

— Il faut qu'une des deux fonctionne, dit-il d'une voix blanche.

— C'est tout ce qui te préoccupe ? lança Ron. Tu-Sais-Qui est de retour, tu peux arrêter de te soucier de ton sort deux minutes ?

Draco se tourna vers lui, les yeux écarquillés.

— Tu commences vraiment à me taper sur le système Weasley. On a tous à perdre dans cette situation. Tu crois que je peux encore me permettre de la ramener chez moi ou d'attirer l'attention sur sa famille ?

Avant que la situation ne dérape, Hermione invita Harry à poursuivre. Il reprit son récit dans l'ambiance tendue, face à un Draco qui croisait les bras près des chaudrons et à Ron qui s'était enfoncé dans un canapé avec un air agacé. Apprendre qu'un de leur professeur était un Mangemort sous Polynectar fit grommeler Draco.

— Après un prof qui avait le Seigneur des Ténèbres collé à l'arrière du crâne, un imposteur et un loup-garou, on a un Mangemort ? Qu'est-ce que le Ministère attend pour déclarer le vieux fou gâteux et le remplacer ?

— Ce serait stupide, Dumbledore est le seul à faire peur à Tu-Sais-Qui, répondit Hermione.

— Ce qui ne nous est pas très utile s'il continue à embaucher ses sbires. L'année prochaine, on va se retrouver avec le Seigneur des Ténèbres en tutu et il va nous dire qu'il ne l'avait pas reconnu parce que ce n'est pas sa tenue habituelle.

Harry émit un son à mi-chemin entre un reniflement et un rire qui lui valut un regard noir de Ron.

Dès le lendemain, ils purent tester une des deux potions, ce qui se solda par un échec et un retentissant mal de crâne. La seconde n'atteignit sa maturité que la veille des vacances d'été. Ils durent donc trouver un temps après avoir plié leurs bagages et avant le départ des diligences pour effectuer le dernier test.

— Ils doivent tous se demander pourquoi je ne suis pas avec eux, fit Draco en récupérant le liquide pâle et grumeleux dans une fiole qu'il tendit à Hermione.

Celle-ci avait une odeur sucrée très douce. Hermione l'avala, le cœur battant. Cette potion devait être la bonne. Le liquide crépita un instant dans sa gorge. Ils échangèrent un long regard, puis Draco porta la main à sa bague qui glissa sur son annuaire. Il la déposa sur la table à côté du chaudron. La connexion se rétablit aussitôt, plus intense que jamais.

— L'effet a peut-être besoin de temps pour se faire sentir, suggéra Hermione en nettoyant le chaudron d'un coup de baguette. Donnons-lui au moins une heure.

Ce qui leur laissa le temps de passer dans leurs dortoirs respectifs. Hermione récupérait la cage du Vivet et Pattenrond quand la sensation désagréable qui fourmillait dans ses entrailles se changea en acide. Elle trébucha et Pattenrond lui échappa. En bas des marches, les silhouettes d'Harry et de Ron vacillaient entre netteté et flou. Elle parvint à mettre la cage dans les bras de Ron avant de se replier sur elle-même.

« Draco. »

— ... Hermione... effet de la potion... ?

Elle suffoquait.

« J'arrive. »

En sortant de la salle commune, elle sentit Draco monter les étages dans sa direction et la douleur s'apaisa, aussitôt remplacée par un intense désespoir. Elle se tourna vers Harry et Ron.

— Rien n'a fonctionné, articula-t-elle, au bord des larmes.

Tout le chemin vers la gare de Pré-au-Lard, ni Ron et Harry ne prononcèrent un mot et elle tenta de ne pas craquer. Dans la diligence qui le précédait, elle se raccrocha aux réflexions de Draco. Elle posait le pied à terre lorsqu'il lança :

« On ne peut pas prendre ce train. »

Hermione fronça les sourcils.

« Je te demande pardon ? »

« On ne peut pas rentrer chez nous. »

« Tu suggères qu'on se cache à Poudlard ? »

Une autre diligence s'arrêta en gare de Pré-au-Lard. Elle croisa le regard de Draco quand il en descendit. Il avait déjà l'air d'avoir trouvé une solution. Et de ne pas l'apprécier.

« La seule chose qu'on puisse encore faire, c'est ce que tu suggérais au tout début. En parler à un professeur. »

« Lequ... oh non. »

« Tu en vois un autre qui serait capable de nous aider de lui-même ? »

« Et lui ne te trahira pas ? Il n'ira rien dire à ta famille ? Il acceptera de nous aider ? »

« Il va falloir le convaincre, parce qu'on n'a pas d'autres options. »

Hermione ferma la porte de sa diligence sous les regards interrogateurs d'Harry et Ron.

— Je crois que je vais devoir récupérer ma valise. Harry, je peux t'emprunter Hedwige ? Je dois prévenir mes parents que je ne rentre pas tout de suite.

— Où est-ce que tu comptes aller ? demanda Ron, les sourcils froncés.

Avec l'impression que ses mots sortaient d'un autre univers, elle murmura :

— Demander de l'aide au professeur Rogue, je crois.


Premier arc fini !

J'avais dans l'idée de découper l'histoire en trois grands axe, un par année, et on est arrivé au bout du premier des trois !

La Coupe de Feu est finie, ça a pris beaucoup plus de chapitres que je ne le prévoyais quand j'ai écrit le plan au début, genre le double, mais je suis contente du résultat. J'espère que la première partie vous a plu.

Et à vendredi pour la suite !


Amalie Neo : Désolée que l'histoire ne te plaise pas, la bonne nouvelle c'est que fanfiction net est rempli d'autres d'histoires incroyables, en cherchant un peu je suis sûre que tu trouveras ton bonheur ;)