Mes petits chats,
Je vous propose aujourd'hui la dix-neuvième partie de "L'homme de la plage". Notre couple préféré achève son séjour à Ruth Lake et des changements les attendent à Manila.
La plateforme a e un petit bug dans l'après-midi, je suis heureuse de voir qu'il a été résolu et que je peux donc publier à temps :)
J'espère que cette suite sera à votre goût, je pense qu'elle comprend un événement longtemps attendu :)
Bonne lecture à tous et à bientôt,
ChatonLakmé
Les Looney Tunes est le titre d'une série d'animation humoristique produite par la Warner Bros à partir de 1929 et toujours en cours de réalisation. Elle met en scène des personnages devenus fameux comme Bugs Bunny, Daffy Duck, Porky Pig, Speedy Gonzales, Marvin le Martien etc.
L'homme de la plage
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Dix-neuvième partie
Début novembre
Bucky s'engouffre dans le salon, dépose leurs verres et la bouteille sur le comptoir de la cuisine avant de se glisser dans sa chambre.
Le hochement de tête de Chris est un souvenir brûlant dans son esprit.
Le brun retire ses vêtements rêches de transpiration séchée avec une pointe de dégoût, les abandonne en tas sur le parquet. Alors qu'il s'apprête à entrer dans la grande cabine de douche, glorieusement nu, il retourne précipitamment dans la chambre pour les plier à peu près et les poser sur une chaise voisine. Chris va venir le rejoindre, mieux vaut se montrer sous son meilleur jour.
Il cache même un peu puérilement son boxer entre son jersey et le pantalon une délicatesse un peu ridicule puisqu'ils vont se voir nus.
Bucky déglutit.
Il s'empresse d'allumer le sèche-serviette, ajoute un linge pour le blond puis entre dans la cabine de douche. L'eau qui tombe sur ses épaules est brûlante, autant pour dénouer ses muscles que pour créer le plus de buée possible sur la paroi en verre.
Juste dévoiler l'ombre de son corps, pas sa nudité crue.
Bucky se souvient de sa nervosité la première fois qu'il a vu un homme entièrement nu, un homme dont il était amoureux. Les premières secondes avaient été troublantes, gênantes et suffisamment intimidantes pour lui donner envie de remettre son propre caleçon pour se cacher encore un peu. Il avait pensé à quitter brièvement la chambre sur un prétexte pour se reprendre. Il savait qu'il rougissait jusqu'à la combustion.
Chris a environ trente-cinq ans, plus de pudeur d'adolescent mais quand même, le brun l'a souvent imaginé nu. Il en a parfois eu un aperçu quand Sandy jouait à lui arracher sa serviette de bain de la taille. Bucky a déjà vu des hommes nus, pas beaucoup, mais pouvoir contempler son compagnon dans son plus simple appareil l'intimide quand même un peu.
Le jeune homme appuie sur les boutons de la colonne de douche et active l'option de balnéothérapie. Il se tourne pour laisser les jets puissants pétrir son dos et ses épaules douloureuses.
Sous l'eau brûlante, le brun laisse ses pensées vagabonder.
Bucky revient soudain à lui en entendant Sandy aboyer dans la maison puis quelques coups frappés à la porte de la salle d'eau.
— « Bucky ? C'est moi. »
Le jeune homme sourit affectueusement. Bien sûr que c'est lui, qui d'autre que Chris pourrait le prévenir aussi poliment qu'il va entrer et le voir nu. Le brun remet le bouton du pommeau de douche en position normale et se tourne pour faire face à la paroi.
— « Tu peux entrer », crie-t-il par-dessus le bruit de l'eau qui coule.
Bucky met sa tête sous le jet et ferme les yeux pour apprécier l'eau chaude qui coule sur son visage et ses cheveux. Il ne regarde pas hors de la cabine de douche, il veut laisser un peu d'intimité à Chris pendant qu'il se déshabille. … Il ne le voit pas mais il l'entend. Clang et bong, les baskets de course dont la semelle humide couine sur le carrelage. Fuich, le fin tee-shirt en coton. Ploc, le bermuda. Ssshh… le sous-vêtement.
Chris entièrement nu.
Il déglutit.
— « Nous devrions peut-être faire une machine à laver avec nos affaires avant de partir. Elles sont trempées de sueur. »
Bucky a envie de rire à l'incongruité de cette remarque très domestique. Il hoche la tête. Chacun gère son stress comme il veut. Il suppose que c'est du stress.
— « C'est une bonne idée. Et il y a un sèche-linge dans la buanderie. »
Le brun entend son compagnon marcher dans la pièce, probablement pour poser ses affaires sales dans un coin. Toujours entièrement nu. Puis ses pas se rapprochent de la cabine de douche, emplie de vapeur. De lourdes gouttes de condensation coulent sur la paroi en verre. Chris s'arrête devant la porte, Bucky a l'impression de l'entendre tapoter doucement, comme pour demander l'autorisation.
— « … Je peux entrer ? »
C'est exactement ça. La question est adorablement polie, un peu gênée aussi. Bucky rouvre les yeux. Il se demande si son compagnon le voit déjà à travers la buée épaisse, s'il peut compter les grains de beauté qui parsèment son dos et ses fesses. Plus important encore, si la vue lui plaît.
Il hoche la tête.
— « Bien sûr. Dépêche-toi de refermer derrière toi, je vais avoir froid. »
Chris est un homme attentionné et un élève attentif, il s'exécute rapidement. Le brun frissonne en sentant l'air frais entrer brièvement dans la cabine de douche surchauffée et il râle d'inconfort. Dans son dos, son compagnon rit doucement mais d'une manière un peu timide, comme s'il n'osait pas le faire trop haut.
Chris entre, ferme avec soin derrière lui.
Bucky a soudain l'impression qu'il prend une place démesurée dans la cabine. Peut-être qu'il retient un peu son souffle, sans réellement le vouloir. La présence du blond à ses côtés est écrasante. Le jeune homme cligne des yeux, chasse l'eau qui perle à ses cils d'un revers de la main.
Son compagnon se rapproche de lui, silencieux.
Bucky frissonne quand il sent ses doigts effleurer sa nuque puis le haut de son dos. C'est un peu timide jusqu'à ce que la grande main ne descende sur son flanc avant de se poser sur sa hanche.
Contact brûlant mais peau glacée.
Le brun sursaute.
— « Tu as les mains froides », grogne-t-il en lui jetant un regard par-dessus son épaule. « Sandy n'aime pas non plus le jet dehors, c'est ça ? »
— « … Il est possible que tu connaisses ta chienne mieux que moi », admet Chris dans un souffle.
Bucky a l'impression que c'est un ouragan sur sa nuque. Il ricane.
— « Elle s'est secouée quand tu as fini de la rincer et tu as fini complètement trempé. » Il renifle doucement. « J'ai même l'impression que tu sens la vase… »
Chris lui pince la hanche et le brun glousse légèrement.
— « Elle l'a fait et je suis tombé. Mes vêtements sont dans un tel état que tu refuseras que je les mette dans le pick-up. On va les laver. »
La main du blond devient plus perceptible, plus lourde sur lui. La caresse est plus audacieuse, elle cajole brièvement ses reins avant de retourner sur sa hanche.
Bucky rejette ses cheveux sur son crâne d'un geste et tourna la tête vers Chris.
Le jeune homme a les yeux baissés sur lui et l'étincelle qui brûle dans ses yeux bleus est intimidante. Il le regarde, l'observe, le contemple, fasciné par le relief de ses fesses et la chute de ses reins. Peut-être est-il en train de compter ses grains de beauté.
Bucky frissonne.
Chris cligne des yeux à intervalle régulier pour chasser les gouttes accrochées à ses cils et c'est si adorable qu'il a juste envie de l'embrasser. Il commence à se retourner pour lui faire face et son compagnon relève la tête.
Quand leurs regards s'accrochent, il rougit et presse sa main sur la hanche de Bucky pour l'empêcher de bouger.
— « … S'il te plaît, ne me regarde pas encore. Donne-moi un peu de temps. Je ne suis pas encore prêt… », souffle le blond.
Bucky obtempère. Il se tourne à nouveau vers le mur, une main levée pour s'appuyer à côté de la colonne de douche. Le brun laisse Chris continuer à cartographier respectueusement son corps mais son regard sur sa peau nue fait picoter ses reins. Il a un peu chaud.
— « Tu es en train de me regarder Chris, ce n'est pas très juste. Tu sais que tu vas me plaire, n'est-ce pas ? »
Le brun tourne la tête, cherche ses yeux pour le rassurer mais Chris se mord nerveusement les joues. Bucky veut juste lui offrir un sourire, sans stress ni attente, juste dédramatiser un peu la chose. Il voit le blond passer une main dans ses cheveux mouillés, c'est un uppercut dans son estomac. Chris est tellement beau et il n'a pas besoin de baisser les yeux sur son corps pour le savoir. Il a douloureusement envie de l'embrasser, de crocheter ses doigts à sa nuque pour le garder tout contre lui et le réconforter.
Sa main est toujours sur sa hanche, Bucky pose doucement ses doigts sur les siens et les presse gentiment.
— « Je ne me vexerai pas si tu décides que c'est vraiment trop tôt et que tu préfères retourner dans ta chambre, tu sais. Je ne veux pas que tu te sentes mal à l'aise. »
— « … Non, ça va. »
Chris a l'air terriblement vulnérable. Le brun serre plus fort et s'enhardit à enlacer leurs doigts. Sans pouvoir se retourner pour le voir et le serrer fort contre lui, c'est le geste le plus réconfortant qu'il peut avoir.
— « Nous avons tout notre temps et ça ne remet pas en cause le fait qu'on commence à dormir ensemble à notre retour à Manila », ajoute-t-il doucement.
— « Ce – Ce n'est pas – »
— « Tout va bien Chris. »
Le blond gémit doucement de frustration.
Bucky sursaute presque quand il dégage soudain sa main de la sienne, enroule son bras autour de ses épaules et le tire timidement contre lui. Chris enfouie son visage dans son cou, le brun déglutit. Il est soigneusement pressé contre son compagnon, du torse jusqu'aux cuisses. Difficile de faire abstraction de la sensation de son sexe contre lui. Le brun se mord les joues. Il tente de se cambrer un peu pour diminuer la zone de contact et ne pas le faire paniquer mais la torsion dans ses reins est désagréable. Chris appuie un peu plus sur son épaule pour l'inviter à ne pas bouger et à rester là, simplement contre lui et surtout, très nu.
— « … Je t'assure que je vais bien, j'ai envie d'être là, avec toi. »
— « Alors pourquoi ne veux-tu pas que je te regarde ? », croasse un peu le brun. « Si tu as peur de ne pas me plaire, je t'assure que tu te trompes. C'est impossible Chris. Tu es beau dans tes vêtements, tu le seras encore plus sans un seul sur le dos. »
Son compagnon rit doucement contre lui et il embrasse son épaule pour le remercier. Bucky lève une main et la crochète doucement à son avant-bras. Il la laisse poser là, juste un contact pour un accord silencieux. Chris soupire doucement et frotte son nez contre la ligne de ses épaules.
— « … C'est la vue de ton propre corps qui ne te plaît pas ? », essaye encore Bucky.
— « Non, je pense que je suis plutôt esthétiquement plaisant. Sans vouloir me vanter. »
Cette fois, c'est le brun qui ricane. Il lui pince le dos de la main et Chris glousse en gigotant imperceptiblement contre lui. Le mouvement de son sexe flaccide contre ses fesses est une brûlure au fer rouge dans le ventre de Bucky. Il ferme les yeux, fort, et respire lentement.
— « S'il te plaît, laisse-moi te regarder Chris… Je t'aime, tout va bien se passer. »
— « Je sais mais je suis juste un peu… intimidé. Je ne me suis montré nu devant personne depuis mon agression. »
— « Je ne suis pas non plus particulièrement exhibitionniste. Demande donc à Sam, il pourra te raconter les précautions que je prenais pour entrer dans l'eau pour qu'il ne me voit pas quand on faisait des bains de minuit à Manila », lui rétorque le brun du tac-au-tac.
— « Le plus simple aurait probablement été de ne pas faire de bains de minuit… »
Bucky penche la tête pour lui mordiller l'avant-bras en signe de protestation. Chris étouffe son rire dans son cou et son souffle est brûlant. Il referme sa main sur son épaule et le presse encore un peu plus contre lui. Ses hanches solides entrent dans son bassin, ses cuisses effleurent les siennes. Bucky se mord les joues. Pour quelqu'un de pudique, son compagnon ne semble pas traumatisé à l'idée de presser aussi doucement son sexe contre son corps.
Le brun a des bouffées de chaleur.
Il pourrait juste tendre la main derrière lui, tâtonner un peu maladroitement mais toucher ses abdominaux et un peu plus bas, les boucles soyeuses de son pubis. Oh. Oh.
— « … Tu es beau tu sais, sans tes vêtements », chuchote Chris après un silence. « Je ne pensais pas que tu avais autant de grains de beauté dans le dos et sur les fesses. »
— « Est-ce que c'est esthétiquement plaisant ? »
— « C'est très plaisant. »
Le blond rit et Bucky est absurdement rassuré.
Il frissonne quand Chris caresse distraitement du pouce une marque sur sa hanche droite, à côté de son bas-ventre. Il frissonne mais il a terriblement chaud. La cabine de douche est si noyée de vapeur qu'il ne distingue même plus la salle d'eau par la paroi en verre. Chris et lui sont comme isolés du reste du monde. Même Sandy est silencieuse, peut-être en train de bouder dans le salon et de ruminer cette horrible séance de toilettage que son grand ami lui a donné un peu plus tôt.
— « … Tu as de jolies fesses aussi. »
— « Ça ne te donne pas envie de découvrir le côté pile ? », rit Bucky.
Il gigote légèrement contre Chris pour lui montrer son envie de se retourner pour qu'ils se voient enfin. Le blond grogne doucement à son oreille et enfonce son visage dans son cou. Il y a quelque chose d'un peu désespéré dans ses gestes et ça atteint Bucky en plein cœur.
— « Je t'aime. »
— « Moi aussi Chris. … Tu sais, c'est une situation un peu impressionnante pour moi aussi. »
— « … Tu as plus l'habitude que moi qu'on te regarde comme je suis en train de le faire. »
— « Je ne suis pas un exhibitionniste », répète Bucky en grommellant.
Chris rit et embrasse tendrement l'arrondi de son épaule.
— « Ce n'est pas ce que j'ai sous-entendu. Je veux juste dire qu'on t'a déjà vu nu, dans l'intimité. »
Bucky lui jette un regard interrogateur par-dessus son épaule, son compagnon semble gêné.
— « Chris… »
— « Je ne me souviens pas avoir été intime avec quelqu'un, mon corps ne s'en souvient pas non plus. Pour autant que je sache, ce n'est peut-être jamais arrivé », souffle le blond.
— « Tu pourrais être vierge avec un homme ? », croasse Bucky.
— « Je pourrais être vierge tout court. »
Ah. Il savait que ce n'était pas la bonne question. Bon sang, les uppercuts dans son sternum puis dans son ventre sont violents. Le brun a l'impression de manquer d'air. Paf, paf. Comme le bruitage outré d'un vieil épisode des Looney Tunes.
Bucky respire bruyamment par le nez.
C'est une perspective absurde. Chris est beau, son corps est superbe et ses baisers sont délicieux. Il le touche et l'embrasse sans la moindre appréhension, sans la moindre hésitation et à ce stade, le brun pense même qu'ils ont commencé à passer le stade des caresses un peu sensuelles. Son compagnon sait les choses de l'amour. Il ne peut pas être vierge, plus maintenant alors que –
— « Tu as à peu près le même âge que moi… »
Chris hausse un sourcil, l'air toujours gêné et Bucky a le bon ton de rougir à son tour. Oui, il sait que c'est un raisonnement ridicule.
— « Tu trouverais ça étrange ? »
— « … Non, pas du tout. »
Si, bien sûr que si. Pas étrange dans un mauvais sens, il ne se permettrait pas d'émettre ce genre de jugement, mais vraiment… Chris encore vierge ? Bucky lui sourit d'un air un peu tordu et son compagnon sourit aussi, pas vraiment dupe.
Le brun sent ses joues picoter plus fort. D'accord, c'est franchement ridicule et il aurait dû se taire.
Il crochète plus fort ses doigts sur l'avant-bras de Chris et pousse gentiment sa tête contre la sienne.
— « … Tu penses que ça pourrait être le cas ? »
— « Est-ce que ce serait dérangeant si c'était vrai ? »
— « Bien sûr que non, je serai vraiment un type horrible si je te disais le contraire », répond farouchement le brun.
Bon sang, jamais.
Il se souvient de la bienveillance du premier garçon avec lequel il a couché pour de vrai. Il était à peine plus expérimenté que lui mais Benjamin Greene avait déjà vu un autre homme nu et il avait fait des choses alors pour Bucky, il était peu ou prou l'équivalent d'un maître à penser. Il lui avait beaucoup parlé, n'avait jamais ri de ses maladresses et Seigneur, il y en avait eu beaucoup. Ben lui avait dit qu'il était beau et parfait quand il était entré en lui pour la première fois et que le brun pensait qu'il avait eu la pire idée de sa vie. Puis le plaisir, timide, par-dessus le tiraillement de plus en plus franc avant de jouir avec la rapidité de l'inexpérience. Ben l'embrassait en continuant à lui dire qu'il l'aimait et qu'ils apprendraient tout ensemble.
— « On avancerait ensemble, juste comme on le fait depuis trois semaines. … Je trouve même que c'est un assez beau projet de vie. Tu sais, plein d'amour et d'eau fraîche. »
Chris sourit et embrasse son cou.
Bucky grogne.
Il veut le voir et le rassurer correctement. Se rassurer peut-être aussi un peu parce que ce moment commence à devenir vraiment intense. Les doigts de son compagnon cajolent doucement sa hanche.
— « Même si tu étais vierge Chris, tu ne dois pas y penser et te résumer à ça », reprend le brun. « Tu sais m'embrasser et me toucher, tu sais me faire plaisir et je n'ai aucune inquiétude pour la suite. »
— « Tu as une haute opinion de moi », ricane le blond.
— « Tu n'écoutes pas ce que je te dis », grommelle le brun en lui pinçant l'avant-bras.
La discussion ne peut pas être plus étrange, c'est en tout cas ce que le brun pense. Il est peut-être encore un peu innocent lui aussi. Chris le serre fort contre lui, son souffle chaud effleure son cou et le brun se tortille un peu. Bon sang, son compagnon n'a aucune appréhension à avoir, Bucky sent déjà la morsure familière du désir dans ses reins rien qu'en se concentrant sur la sensation de leurs peaux nues l'une contre l'autre.
La main de Chris effleure distraitement le bas de son dos, ses reins, la naissance de ses fesses. Bucky grogne entre ses dents serrées et se cambre imperceptiblement sous la caresse.
— « Ça commence à être franchement injuste, Chris », marmotte-t-il. « Laisse-moi te voir. »
Il glisse mutinement une main entre leurs corps, un peu à tâtons et pas trop bas. Le blond inspire pourtant brusquement contre lui. Bucky se fige et déglutit. Lentement. Un peu incrédule.
— « Tu ne veux pas que je te vois parce que tu me désires ? Tu es… exci – »
– « Ne le dis pas comme ça s'il te plaît », grommelle Chris avec gêne.
Bucky pince les lèvres. Il se déplace un peu contre lui, sans réellement calculer quoi que ce soit et sans volonté particulière de le taquiner. Juste pour sentir… quelque chose. Le sexe de Chris effleure ses cuisses et le blond siffle à son oreille.
— « Bucky… », grogne-t-il.
— « … Je suis très flatté », croasse-t-il un peu.
Il veut le toucher.
Maintenant.
Tout de suite.
Sans délai.
Bucky cligne des yeux pour chasser les perles d'eau accrochées à ses cils. Assez de précaution, assez de pudeur. Chris le tripote doucement depuis de longues minutes, le brun veut aussi le dévorer des yeux à en avoir la gorge sèche et l'amour gravé pour toujours au fond de ses prunelles.
Il veut.
— « Je ne suis pas excité… pas encore », reprend finalement Chris après un court silence. « Je te vois nu et je réalise à quel point j'ai de la chance. Et je pense à tout ce chemin qu'on a fait ensemble. C'est un peu gênant de réfléchir tout le temps en termes d'absolu, tu sais. »
Non, pas vraiment. Bucky n'est pas certain de comprendre parfaitement mais il saisit l'idée générale. Ça ressemble à quelque chose qui dirait que le monde peut bien s'écrouler à cet instant précis, Chris et lui seraient au comble du bonheur de partir ensemble, nus sous la douche et serrés l'un contre l'autre.
Il esquisse un sourire. C'est carrément gênant et vraiment très sentimental.
Le blond enfouit son visage dans son cou, son bras plus serré que jamais autour de ses épaules.
— « Et c'est une bonne chose ? », demande Bucky en appuyant doucement sa tête contre la sienne.
Le blond acquiesce, son nez frottant contre sa peau chaude.
— « Ça me rend vraiment heureux. »
Le jeune homme embrasse doucement sa tempe.
Il n'hésite pas, il n'hésite plus.
D'un coup de rein, il se retourne dans l'étreinte de Chris pour lui faire face. Il y a trop de choses dans la voix de son compagnon pour qu'il continue à lui tourner le dos et à être un spectateur de ce moment. Joie, hésitation, timidité. Bucky a toujours considéré qu'un apprentissage se faisait à deux, qu'il s'agisse de savoir faire des gaufres parfaitement aérées ou d'amour. Alors le brun se retourne, vraiment vite pour empêcher son compagnon de protester et il sourit tendrement.
Chris cligne adorablement des yeux pour chasser les gouttes accrochées à ses cils. Bucky le voit baisser brièvement les yeux, juste une fraction de seconde puis rougir.
— « Bucky… »
Le brun tâtonne derrière lui pour réduire le débit de la douche, il commence à avoir vraiment trop chaud. Son compagnon a toujours la tête légèrement baissée, absorbé par la contemplation silencieuse de son corps. De son sexe. Son compagnon est tellement silencieux, son regard si brûlant sur sa peau, que Bucky pourrait franchement en être gêné. À la place, il prend doucement son visage en coupe pour l'obliger à le regarder.
— « Je suis désolé… », croasse le blond.
— « De quoi Chris ? »
Le blond rougit encore, le visage plus coloré que jamais. Il frémit doucement contre lui, les bras le long du corps comme s'il n'osait plus le toucher. Bucky garde soigneusement les yeux sur lui même si l'envie de le voir à son tour chauffe agréablement ses reins.
— « De quoi est-ce que tu t'excuses ? », répète-t-il gentiment.
— « … Je ne sais pas. » Chris rit nerveusement et enroule ses doigts autour de son poignet gauche. « Pour t'avoir fixé comme je l'ai fait ? »
Bucky rit doucement, il aimait bien ça. Il caresse gentiment ses pommettes, l'arête saillante de sa mâchoire.
— « Est-ce que je peux le faire aussi ? »
Chris déglutit légèrement avant de hocher lentement la tête.
Le brun sourit. Il effleure une dernière fois son visage, rejette gentiment les mèches mouillées collées à son front et qui le gênent.
Ensuite, Bucky n'a que l'embarras du choix.
Il ne sait pas réellement où poser les yeux en premier tant il a envie de tout voir, de tout embrasser d'un seul regard. Le brun a déjà vu son compagnon torse nu et une fois, une seule fois, il a aperçu la courbe d'une fesse grâce à Sandy. Bucky avait immédiatement tourné la tête pour ne pas être tenté d'en voir plus. Maintenant, il s'autorise. Il suit du regard une goutte qui coule le long de son cou, glisse sur son torse, cavale sur ses abdominaux. Se niche dans les poils clairs de son pubis. Puis plus bas.
Chris est tellement beau.
Le brun relève la tête et sourit. Il sourit de toute la palette d'émotions qu'il peut rendre en souriant. L'attachement, l'affection, la tendresse et surtout l'amour. Bon sang, tellement d'amour.
Son compagnon esquisse un sourire plus timide, un peu incertain. Besoin d'être rassuré. Bucky est aussi un homme parfaitement normalement constitué, il a du désir pour le blond à un point qu'il en est presque douloureux.
— « Est-ce que je suis esthétiquement plaisant aussi pour toi ? », rit Chris d'une voix un peu étranglée.
— « Tu es plus que ça. Tu es parfait. » Le brun pose délicatement une main sur son avant-bras et l'attire à lui. « Ne t'excuse plus quand nous sommes comme ça, Chris. Il n'y a rien de mal à désirer l'autre. Au contraire. »
Le brun tourne la tête et s'empare de la bouteille de shampoing posée sur l'étagère en métal. Il l'ouvre, en dépose dans sa paume et se met à laver gentiment les cheveux de son compagnon. Il y a tant de manière de s'apprivoiser au tout début. Chris ferme les yeux et se laisse faire sans protester, le cou et les épaules encore un peu roses. Bucky s'amuse à sculpter ses mèches avec la mousse à l'odeur d'épines de sapin, ses gestes sont lents et apaisants.
— « … C'est ce que je voulais faire pour toi », marmotte Chris sous ses mains.
— « Me faire une crête iroquoise ? », le taquine le brun en observant son chef-d'œuvre.
— « … J'étais sûr que tu faisais autre chose que simplement me laver les cheveux… »
Bucky rit joyeusement. Il glisse une main mousseuse dans sa nuque et masse gentiment les muscles un peu tendus.
— « Laisse-moi m'occuper de toi », souffle-t-il tendrement.
— « Je ne veux pas te vexer mais j'aimerai me laver seul si tu veux bien. »
Le brun ricane tandis qu'il lui tend la bouteille de produit douche. Oui, c'est vraiment trop tôt. Il se lave rapidement les cheveux et se tourne vers le pommeau de douche pour se rincer.
— « Dépêchons-nous un peu, j'ai l'impression que l'eau est moins chaude », frissonne-t-il exagérément. « … Je vais ressembler à une vieille pomme toute fripée. »
— « Tu serais une très jolie pomme toute fripée. »
Chris lui rend la bouteille.
Bucky a gardé les yeux soigneusement fixés sur le carrelage pour ne pas surprendre le blond en train de couvrir son corps de mousse. De le voir toucher son sexe. Pas le moment. Il plonge presque sous le jet d'eau et s'ébroue un peu.
Son compagnon pose une main sur sa hanche avant de l'écarter gentiment. Il se glisse devant lui et se rince à son tour. Bucky observe la mousse couler sur son corps nu avec fascination. Chris s'offre sans appréhension à présent et alors qu'il lève les bras pour frotter son crâne, le brun voit les flocons de mousse accrocher aux poils de ses aisselles et les muscles de son dos qui roulent. Tellement beau. Le torse sculpté, les cuisses puissantes, les reins dont la peau semble douce au toucher, la courbe magnifique de ses fesses. Il déglutit. S'avancer à nouveau, le serrer contre lui, l'enlacer fort et se fondre en lui. Sentir sa peau chaude contre la sienne.
Le brun se penche lentement vers lui et l'embrasse délicatement dans la nuque. Sur son trapèze droit. Sur l'arrondi séduisant de son épaule.
Les bras encore en l'air, Chris se fige et frissonne.
Il lui jette un regard par-dessus son épaule. Bucky lui sourit avec malice.
— « Je t'aime. »
Le blond se mord les joues, semble hésiter à nouveau. Bucky embrasse encore sa nuque, plus fort, plus fort.
— « L'eau commence à être tiède. Tu vas devoir te rincer à l'eau froide. »
— « Tant pis, je suis un homme résilient. »
Son compagnon lève les yeux au plafond. Face à face, le corps encore marbré de traces de mousse, il le tire à lui et l'enlace lentement, l'enfermant dans une étreinte serrée et audacieuse.
Bucky serre les dents.
L'eau est à peine chaude mais le corps du blond est brûlant. Il est partout. Épaules contre épaules, torse contre torse, cuisses contre cuisses. Un accord parfait. Le brun enfouit son visage dans son cou, savoure le discret frottement de sa barbe contre sa peau. Leurs sexes s'effleurent aussi. Bucky referme brusquement ses bras autour de lui, le ventre tordu et les reins picotant agréablement. Fort, absolu. Seigneur, faites que cela ne s'arrête jamais.
L'eau qui tombe sur ses épaules est à peine tiède.
— « Nous n'allons pas nous éterniser comme ça », marmotte-t-il dans son cou.
— « Je suis d'accord mais ce n'est que pour un petit moment. Je voulais te sentir comme ça. »
Bien entendu. Bucky se love un peu contre lui, pose sa tête sur son épaule. S'il se concentre sur ses sensations, il pourrait sentir la douceur du pubis blond de Chris sur sa peau, la chair chaude de sa virilité.
Le contact de leurs corps nus susurre doucement les mots désir et plaisir. Pour plus tard. Pour bientôt.
Quand l'eau devient franchement froide, Bucky grogne et sort à regret de leur cocon. Plus de mousse entre eux, il coupe le pommeau de douche et l'embrasse rapidement sur les lèvres.
— « Ça devient trop extrême pour moi, je sors. »
Chris rit joyeusement et lui emboîte le pas hors de la cabine de douche. Le brun s'empresse de lui tendre une serviette avant de s'enrouler dans la sienne. À côté de lui, son compagnon s'essuie avec soin. Bucky considère qu'il a à présent le droit de le regarder faire, même si c'est la chose la plus étrangement sexy qu'il ait vue depuis longtemps.
Quand il effleure lui-même son pubis et son sexe, il rougit un peu. C'est presque érotique.
Sandy aboie bruyamment derrière la porte et gratte le parquet avec enthousiasme.
Le brun cligne des yeux. Il l'a un peu oublié. Chris drape la serviette autour de sa taille et essuie le miroir couvert de buée.
— « Je vais aller m'habiller. Mets des vêtements confortables et chauds. Après une activité physique, la température du corps peut baisser et tu peux avoir froid », lui indique-t-il.
Bucky acquiesce sagement.
Un dernier baiser, encore à demi nus dans le couloir et il entre dans sa chambre. Le brun entend son compagnon gronder Sandy car elle tire sur le bas de sa serviette. Bucky éclate de rire. Il se sent à la fois très las et le corps bourdonnant un peu d'un plaisir languide. Il pense qu'il ne faudrait que quelques caresses pour s'offrir un orgasme paresseux mais délicieux, l'esprit empli de visions de Chris nu et de sensations de peau contre une autre.
Un sourire aux lèvres, il enfile un polo épais et un pantalon confortable avant de regagner le salon.
Son compagnon est déjà dans le gigantesque piano de cuisson de la cuisine, il va et vient entre le frigo et le plan de travail. Ses gestes sont précis et sûrs, il semble incroyablement rasséréné et plein d'énergie. Bucky l'envie un peu tandis qu'il s'assoit paresseusement sur un des tabourets hauts.
Chris lui sourit tendrement et lève les mains pour lui montrer un paquet de pâtes, un sac de fruits de mers surgelés et de belles tomates de Californie.
— « Je cuisine ce midi. Est-ce que ça te convient ? »
— « Tu lis dans mes pensées », soupire Bucky de plaisir.
Son estomac gronde bruyamment et il le frotte distraitement par-dessus son polo. Le brun réalise qu'il est véritablement affamé.
Chris pousse gentiment vers lui la carafe d'eau et son verre, une invitation silencieuse à s'hydrater encore. Bucky claque sa langue contre son palais, surpris de trouver sa gorge encore sèche et il s'exécute docilement. Son compagnon refuse d'un signe de tête quand le brun lui tend son verre.
— « J'ai encore bu avant d'aller te rejoindre sous la douche. »
— « J'ai envie de boire du thé glacé », grommelle légèrement Bucky en jetant un regard noir à la carafe en verre.
— « Nous n'en avons toujours pas mais je peux te faire une eau aromatisée à la pulpe de tomate et au basilic. »
— « … Trop aimable. Tu sais me faire rêver. »
Le brun ricane et boit lentement son verre en observant distraitement le dos de Chris et ses fesses.
Sandy trottine vers eux et tourne autour du plan de travail avec intérêt. Déçue de n'obtenir qu'un petit morceau de pain, elle rejoint Bucky, s'assoit à côté de lui et pose sa tête sur sa cuisse pour se faire caresser. Chris fredonne doucement une chanson difficilement identifiable et le brun dodeline légèrement de la tête, vaguement envieux de l'énergie renouvelée de son compagnon. Quelque part au fond de lui, une sensation agréable le chatouille dans sa torpeur. Chris est heureux et c'est un peu grâce à lui.
Le seul autre effort physique que fait Bucky pendant la matinée est de mettre la table dans un coin de la vaste table de la salle à manger. Il ouvre complètement une des baies vitrées de la terrasse pour profiter du soleil et de l'air agréablement tiède et se laisse tomber sur sa chaise alors que Chris apporte un grand plat délicieusement odorant.
Très intéressée, Sandy y fait aussi fête quand le blond lui en donne un peu dans sa gamelle.
Bucky observe d'un regard un peu circonspect les gouttes de sauce qui tombent sur le parquet avant de hausser les épaules. Plus tard, il s'en occupera plus tard.
Ils mangent dans un silence confortable, ne cessent de se bécoter pendant qu'ils font la vaisselle puis s'enlacent sur le canapé, une tasse de café et une tablette de chocolat très noir devant eux. Chris dit que c'est excellent, plein de magnésium et d'oligo-éléments bons pour les sportifs. Sans doute mais Bucky négocie quand même d'ouvrir un paquet de biscuits industriels trop sucrés qu'il grignote avec satisfaction.
Appuyé contre le blond, il savoure ses douces caresses sur ses reins et s'affale un peu plus contre lui.
— « Il faut sortir promener Sandy avant notre départ », marmonne-t-il d'une voix lourde et un peu éraillée.
— « Je vais le faire. Tu peux rester ici et te reposer. Nous ne sommes pas obligés de partir immédiatement avant le déjeuner. »
— « Tu as dit que tu voulais rentrer avant la nuit. »
— « Le soleil ne se couche que dans plusieurs heures. Nous avons encore du temps pour traîner à Ruth Lake. »
— « Tu n'es pas un homme qui traîne, Chris », sourit Bucky.
— « J'apprends vite et tu es un bon professeur. J'ai vraiment l'impression que tu vas t'endormir… »
Le brun lui pince le genou et son compagnon rit joyeusement.
— « J'ai plus de trente ans, merci bien et j'ai passé l'âge de faire la sieste. »
— « Dudley dit que c'est une manière très saine de faire de la récupération pendant la journée. »
— « Qui ? »
— « Le dinosaure de mon application de suivi sportif. »
Bucky cligne des yeux avant de lui jeter un regard noir.
— « Je refuse de faire ce qu'un dinosaure qui danse en tenue de sport me suggère… »
— « La recette de pâtes aux fruits de mer est son idée. C'est un plat très équilibré avec des sucres lents, des protéines et des oligo-éléments. Je cherchais quelque chose de bon et de facile à faire quand tu étais encore dans ta chambre. »
Bucky maugrée contre lui et Chris embrasse tendrement sa tempe
— « On part avec Sandy une fois qu'on a terminé notre café. »
Son compagnon hoche simplement la tête contre lui, le brun sent l'agréable crissement de sa barbe contre ses cheveux et sa peau.
Il ferme lentement les yeux, aperçoit vaguement Sandy allongée à côté d'eux sur le parquet dans une nappe de soleil.
Bucky s'endort avec la satisfaction d'un bienheureux, il ne voit pas Chris quitter discrètement la maison pour aller promener la chienne dans les bois alentour.
À son retour, son compagnon le serre contre lui et l'embrasse langoureusement.
Ils n'en parlent pas mais le brun voit le sourire malicieux qui ourlent ses lèvres pleines.
o0O0o
Chris sort de la maison, le panier de Sandy dans les bras et la bandoulière de son sac de voyage à l'épaule. Il évite habilement la chienne qui, très excitée de les voir sur le départ, se jette dans ses jambes et jappe avec animation. Depuis la cuisine, Bucky entend son compagnon jurer et il ricane. Il soupçonne Chris d'avoir très fortement trébuché à cause de l'amour envahissant de Sandy.
Le brun termine d'essuyer l'évier de la cuisine et le robinet en cuivre pour éviter toutes traces de calcaire. Il soupçonne l'équipement de coûter plus cher que la Mercedes de Chris. L'évier est une très belle cuve en granit de la région.
Bucky jette un œil aux baies vitrées du salon, à Ruth Lake et au soleil qui a commencé doucement à décliner.
Les deux hommes ont terminé le ménage de la maison plus tard qu'ils ne le pensaient, ils ne seront pas rentrés avant la nuit à Eureka et le brun s'en veut un peu. Chris l'a laissé dormir tout son saoul pendant une partie de l'après-midi parce qu'il ne voulait pas le réveiller. C'est mignon mais ça contrarie un peu leurs plans. Son compagnon reprend le travail le lendemain à une heure très matinale.
— « La voiture est chargée », souffle le blond en se glissant derrière lui.
— « Sandy est installée ? »
— « Presque. Elle s'apprêtait à monter à l'arrière mais elle a senti quelque chose. Je crois qu'elle suit une piste devant la maison. »
Bucky grimace légèrement. Faite que ce ne soit pas un opposum. Quand cet animal fait le mort face à un prédateur, il exhale une insupportable odeur de charogne.
Le brun essore l'éponge et la dépose avec soin à côte de l'évier. Chris entoure sa taille de ses bras, pose son menton sur son épaule et Bucky s'appuie contre lui en fermant les yeux.
— « Tu vas t'endormir à nouveau ? », se moque-t-il gentiment.
— « Non mais j'ai réfléchi et je veux bien te laisser le volant, au moins jusqu'à Bridgeville », marmotte Bucky en frottant doucement sa tête contre la sienne. « Tu es sûr que ça ne te dérange pas ? »
— « Tu as conduit à l'aller, je veux conduire au retour », lui répond Chris.
Le brun opine doucement. Il tente inutilement de cacher son extraordinairement bâillement dans le col de son polo.
Une main sur ses reins, son compagnon le guide vers le vestibule de la maison. Les clés à la main, Bucky jette un dernier regard au salon baigné de lumière et respire l'odeur du parquet bien ciré. Ruth Lake va lui manquer. Il monte dans le pick-up, s'accoude contre la portière et appuie sur le bouton de la radio. Chris met le contact et éloigne ses doigts en riant.
— « Je conduis, je choisis la radio. J'ai assez entendu les playlists de KMUD à l'aller », ricane-t-il.
— « Je ne suis pas certain que tu arrives à capter une autre station mais je sais que tu es persévérant. »
Bucky hausse légèrement les épaules.
Chris est persévérant et chanceux. Vers Buck Mountain, il parvient à trouver une radio de rock à la programmation plaisante. Bercé par le ronronnement du moteur et les accords de guitare, le brun réalise à peine que le pick-up avale les kilomètres entre Ruth Lake et Eureka. Il passe la plus grande partie du trajet à regarder le paysage par la fenêtre, la main négligemment posée sur la cuisse de Chris. Dans les longues lignes droites à partir de Riverside Park, son compagnon l'a souvent gardé dans la sienne.
Bucky sourit doucement.
Il sent sa peau, rendue un peu sèche à cause des produits ménagers et il a l'impression que Chris sent la cire à parquet. Juste Ruth Lake. Il est heureux de retrouver Manila et la plage mais ce havre de paix lacustre va vraiment lui manquer.
— « À quoi penses-tu ? », demande doucement Chris.
— « C'était un très bon week-end. »
— « Je trouve aussi mais la maison commence à me manquer. »
— « Tu ne sais pas apprécier les bonnes choses quand elles te sont offertes », ricane le brun.
— « Je peux tout à fait les apprécier mais ce n'est pas chez nous. Nous n'y faisons pas les mêmes choses. »
Le brun sent une boule de chaleur dans le creux de son ventre. Il ne sait pas exactement à quoi Chris fait allusion mais il est d'accord. Bon sang, il est tellement d'accord, que ce soit pour cuisiner dans leur cuisine ou faire d'autres choses.
— « Je veux dire que nos repères ne sont pas les mêmes et qu'on change nos habitudes. Nous ne nous comportons pas de la même manière. »
Le brun ricane. Il voit les oreilles de Chris rosir un peu alors qu'il tente maladroitement de s'expliquer et surtout, surtout, de ne pas évoquer comme un homme assoiffé ce qu'il se passera une fois de retour chez eux.
Bucky regrette que le pick-up roule à quatre-vingts kilomètres heure sur la quasi totalité du trajet. Il aurait bien aimé pouvoir se pencher et l'embrasser tout en assurant leur sécurité à tous les deux.
— « Nous ne sommes qu'invités et on fait les choses différemment quand on sait qu'on n'est pas chez soi », essaye encore le blond.
C'est une tentative encore pire que les autres. Bucky rit tendrement.
— « J'ai compris Chris », dit-il en caressant gentiment son genou. « La maison me manque aussi. L'air y est… différent. »
— « Voilà, c'est exactement ce que je voulais dire. »
Le brun s'esclaffe. Tout est une question d'atmosphère. Celle de Manila est douce et tiède, parfumée aux embruns et aux herbes sèches qui ondulent sur les dunes. Le soleil n'a pas la même lumière, le ciel n'a pas la même clarté, l'eau pas la même couleur. La maison au bord de l'océan est remplie de petits bruits mais ils sont familiers et rassurants. Quand la solide charpente en chêne a craqué hier soir alors que Chris et lui se bécotaient sur la terrasse, ils ont violemment sursauté. Leur foyer à Manila craque toujours mais ça ressemble à des rires ou à des chuchotements. Quand Bucky rentre d'une course et que le parquet de l'entrée couine doucement sous ses pieds, surtout la latte devant la console avec le vide-poche, on dirait que la maison lui souhaite un bon retour. Et quand Chris vient l'embrasser, il sent juste… la maison. C'est parfait.
Le brun regarde à nouveau le bas-côté et la forêt de conifères. Il songe distraitement que son compagnon a laissé sa vieille casquette dans le placard de sa chambre après un passage à la machine à laver. Il doit lui en acheter une dans une des boutiques du front de mer. Chris est fait pour être sexy avec une casquette.
La sonnerie de son portable retentit soudain dans l'habitacle et Bucky baisse les yeux sur le tableau de bord. Il fronce légèrement les sourcils.
— « C'est ton portable professionnel. Pourquoi est-il allumé ? »
— « … Je suis allé voir ma boîte mail quand tu défaisais les lits. Je pensais que Caleb avait peut-être déjà envoyé son devis », admet Chris d'un ton contrit.
— « Tu es encore officiellement en vacances. »
— « Je sais… » Le blond se mord les joues. « Il m'a dit avant de partir qu'il me donnerait une excellente adresse pour passer un week-end en amoureux au printemps… »
Bucky contient son rire. Il voit que son compagnon jette de petits regards en coin vers l'appareil qui sonne encore. Le brun soupire et tend la main pour le récupérer sur le tableau de bord.
— « C'est lui. Est-ce que tu veux que je décroche ? »
— « S'il te plaît », lui sourit Chris d'un air charmant.
Le brun roule des yeux quand il prend l'appel et il porte l'appareil à son oreille.
— « Allô ? »
— « … Chris ? Votre voix est très différente au téléphone… »
— « Je suis Bucky, son compagnon. Nous nous sommes vus à Ruth Lake pendant votre visite. Nous sommes sur la route pour rentrer à Manila mais Chris ne pouvait pas attendre », ricane le brun en jetant un regard à son compagnon.
— « Vous êtes encore en week-end ? Je suis navré de vous déranger, je rappellerai demain ! »
— « C'est inutile, je vous ai au bout du fil et Chris trépigne à côté de moi. Que peut-il faire pour vous ? »
Le blond lui jette un regard noir et Bucky rit doucement. Il prévient Caleb qu'il met le portable sur haut-parleur et le tend vers Chris.
— « Caleb ? »
— « Ah, Chris ! Je suis navré de vous déranger mais je pense que j'ai mal noté votre adresse mail. Ma messagerie me renvoie mon mail avec un message d'erreur. »
— « Vous avez déjà fait un autre projet ? », s'étonne Chris.
— « Je suis très enthousiaste depuis mon retour de Ruth Lake. Cette maison m'inspire énormément et j'ai déjà échangé avec mon équipe à ce sujet. L'air de Newport Beach m'inspire beaucoup aussi. Je pense que Mr. Dumault sera content de notre proposition mais je voulais vous la soumettre aussi. »
Le blond opine et récite avec soin son adresse professionnelle, la ponctuant de « C comme Chris » et de « H comme Henry » qui font ricaner Bucky. Son interlocuteur répète à son tour et Chris opine. Un léger bruit de clavier d'ordinateur leur indique que l'architecte est en train d'envoyer le dossier en même temps.
— « C'est fait. Je vous envoie par message l'autre chose dont nous avons parlé. »
— « Si vous ne voulez pas que j'entende l'adresse du nid d'amour pour la belle saison, je suis déjà au courant », sourit Bucky.
— « … Je pensais qu'il voulait vous faire une surprise. »
Les deux hommes rient dans la voiture et Sandy jappe d'enthousiasme depuis la banquette arrière.
— « Je ne suis que vaguement au courant du projet. »
— « Bien, alors refusez que Chris vous en dise plus. Cela gâcherait complètement l'effet à votre arrivée. Je ne vous dérange pas plus longtemps. Bonne fin de journée messieurs. »
Bucky et Chris répondent en chœur et le brun coupe l'appel. Il ouvre familièrement la messagerie de son compagnon.
— « Le mail est arrivé. » Il fronce les sourcils. « Et David vient de répondre pour le remercier. Il n'est pas censé être convalescent ? »
Le blond rit doucement tandis qu'il monte le son de la radio. Les accords de guitare envahissent la cabine du pick-up.
Les deux hommes fredonnent encore de vieux morceaux intemporels quand ils passent le panneau d'accueil annonçant la ville d'Eureka.
Il fait presque nuit.
D'un commun accord, ils s'arrêtent dans un restaurant asiatique à Old Town pour acheter à emporter. Flemme de préparer à manger à leur retour et de faire la vaisselle. Un pique-nique dans le salon a encore un goût de vacances.
Bucky dépose les sachets sur le comptoir de la cuisine, gêné par Sandy qui hume soigneusement chaque centimètre de parquet, la truffe collée au sol. Chris remet son panier dans le salon et laisse leurs sacs de voyage dans l'entrée. Ils s'en occuperont plus tard.
Le brun et lui sont en train d'achever leurs nougats chinois quand son portable professionnel sonne à nouveau. Chris grogne doucement.
— « C'est mon rendez-vous de demain matin, je dois décrocher », s'excuse-t-il en poussant son assiette vers lui.
Bucky roule des yeux et hausse les épaules, faisant contre mauvaise fortune bon cœur de terminer ce dessert qu'il adore. Il est vrai que l'interlocuteur n'a pas de raison de savoir que Chris est encore en week-end passé en amoureux.
Le blond sort sur la terrasse et referme la baie vitrée derrière lui tandis que le jeune homme termine doctement de dîner. Il jette les emballages vides, gratte Sandy derrière les oreilles et va déposer machinalement le sac de son compagnon dans la chambre du rez-de-chaussée.
Bucky contemple longuement la pièce et le lit, inspire à pleins poumons le parfum de Chris qui flotte dans l'air. C'est peut-être la dernière fois, la dernière nuit. Ils n'ont pas reparlé des détails mais le brun espère vraiment.
Il referme soigneusement la porte et jette un regard à son compagnon, toujours sur la terrasse. Une main à la taille, le portable à l'oreille, il parle et fronce les sourcils. Il est beau.
Bucky met les draps de leurs lits et leurs serviettes à Ruth Lake dans la machine à laver et lance le programme. Tant pis si, au moment de les rendre, Susan pense que le linge sent sa lessive à la fleur de coton parce qu'ils avaient quelque chose à cacher. Simple question de politesse.
Il monte dans sa chambre et commence à ranger son sac de voyage. Devant sa penderie, il se demande s'il doit déjà faire de la place à Chris. C'est une idée agréable.
Le brun sort une confortable tenue de nuit et observe la pièce. Les températures sont encore douces mais pas assez pour lui permettre de dormir à demi-nu. Si cette nuit est la nuit, c'est sans doute aussi beaucoup trop d'un coup.
Bucky regarde, vérifie, étudie les draps bien tirés, les oreilles bien tapés et le couvre-lit en camaïeu de bleu qu'il s'est offert il y a des années au marché de Old Town. Il vide machinalement le tiroir de la table de chevet gauche qu'il n'utilise pas mais qu'il a rempli de breloques sans importance au fil des années. Il entasse tout dans la sienne, heureux de faire de la place à Chris. Le brun y retrouve même des préservatifs et le lubrifiant qu'il s'empresse de pousser au fond de son tiroir, vestige de sa vie sexuelle avec Camden. Bucky hésite, tâtonne un peu pour les retrouver et vérifie la date de péremption. Juste au cas où.
Le brun va ouvrir la baie vitrée donnant sur le petit balcon en façade pour aérer un peu. En dessous, il entend Chris qui parle toujours avec l'entrepreneur puis, de manière plus diffuse, le roulis des vagues. Il sent aussi dans l'air le parfum du sable chaud.
Bucky sourit. Il est rentré. Cela lui a manqué et il a hâte de prendre son café le lendemain en face du Pacifique et de Manila Beach.
Le brun s'accoude à la rambarde. Peut-être qu'il se sera réveillé avec Chris à ses côtés pour la première fois. Dans leur maison.
Il effleure une écaille de peinture sous sa paume, se demande si Chris dort plutôt sur le ventre, sur le dos ou sur le côté. Lequel ? Est-ce qu'il sera la première personne qu'il voit quand il ouvrira les yeux ? Est-ce que le blond est câlin et un peu paresseux le matin au lit ? Bucky aime ça quand les conditions s'y prêtent. … Est-ce que Chris aime le sexe matinal, celui qu'on fait le corps encore alangui et les sens un peu émoussés ? Celui qui reste comme un bourdonnement agréable quand on va au travail ? Bucky adore ça.
Le brun passe une main lourde dans sa nuque et tire distraitement sur les longues mèches qui l'effleurent.
Ça va arriver aussi, savoir ce que c'est que de faire l'amour avec Chris. De toucher, d'embrasser, d'effleurer et de le voir – de le faire – jouir.
— « Merci Jeffrey. Nous nous voyons demain. »
Tiré de ses pensées, le brun cligne des yeux en entendant la voix de son compagnon et le bruit de la baie vitrée qui glisse sur son rail. Il laisse la porte vitrée entrouverte et se glisse dans la salle de bain pour se préparer rapidement pour la nuit. Bucky allume ensuite les lampes de chevet de sa chambre et s'acharne un peu à rendre son lit le plus parfait et accueillant possible.
Il entend l'escalier craquer puis le robinet de la salle de bain couler.
Satisfait, le brun sort sur le palier et s'appuie avec une nonchalance étudiée contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur sa poitrine.
Debout devant le meuble à vasques et une brosse à dent dans la bouche, Chris regarde encore l'écran de son portable. Il est admirable torse-nu, seulement vêtu d'un pantalon de nuit en coton qui tombe sur ses hanches. Bucky déglutit légèrement.
— « Est-ce que tout va bien avec Mr McCoy ? »
— « Tu aimerais que je sois encore en congé un jour de plus, n'est-ce pas ? », sourit le blond et il hausse les épaules. « Il a confirmé notre rendez-vous de demain matin et il viendra avec son neveu. Il est en réorientation professionnelle et il aimerait reprendre l'entreprise. »
— « Il t'a appelé pour ça ? »
— « Il voulait me demander si cela ne me dérangeait pas. C'est très poli de sa part. »
Chris se penche pour cracher un peu de mousse avant de reprendre son brossage de dents. Bucky observe en silence le jeu des muscles sous la peau dorée et les mouvements imperceptibles de sa mâchoire. Il plisse légèrement les yeux. Une heure de running autour de Ruth Lake et son compagnon semble déjà avoir pris des couleurs sur les bras. Le brun a l'impression qu'il a de très discrètes taches de rousseur. Il aimerait les embrasser une par une pour les compter.
Chris regarde encore l'écran de son portable, sourit puis l'éteint.
— « Caleb m'a envoyé l'adresse », dit-il avant de se rincer la bouche.
— « Je ne suis pas censé en entendre plus au risque de gâcher la surprise », le taquine Bucky. « … Tu as déjà eu le temps d'aller voir à quoi cela ressemble ? »
— « Je ne te dirai rien. »
Le brun ricane tandis que son compagnon range sa brosse à dents et essuie avec soin le pourtour du lavabo. Il essore l'éponge puis nettoie la vasque en céramique.
— « Il te salue aussi et te demande de l'excuser pour son appel de cet après-midi », ajoute Chris.
— « Il n'a qu'à t'envoyer une autre boîte de gâteaux pour se faire pardonner. »
— « Je pense qu'on devrait pouvoir en trouver à l'épicerie fine qui est sur F Street », note-t-il.
Bucky grimace. Il y a pensé aussi mais sans être particulièrement prêt de ses sous, payer vingt ou trente dollars pour cent cinquante grammes de biscuits au beurre importés de France, même avec un nom très sympa, lui fait mal au cœur. Il hausse les épaules.
— « C'est encore meilleur quand c'est offert », répond-il nonchalamment.
— « Tu l'apprécies, n'est-ce pas ? », sourit Chris.
— « C'est un mec bien et honnête qui respecte David. C'est suffisant pour lui attirer ma sympathie. Je pense qu'il va faire quelque chose de très bien à la maison de Ruth Lake. »
— « Il m'a dit qu'on formait un très beau couple. »
— « … Je l'apprécie encore un plus. »
Son compagnon s'esclaffe joyeusement.
Bucky sourit et entre dans la salle de bain. Il récupère le portable de Chris dans sa main pour le poser sur le meuble puis effleure sa hanche nue du bout des doigts. Le corps de son compagnon exhale une chaleur agréable et douce. Le brun l'embrasse, leur baiser a le goût un peu piquant et frais du dentifrice à la menthe. Il caresse doucement ses reins, ses doigts effleurent la couture de son pantalon de nuit. Chris grogne et prend son visage en coupe pour l'embrasser mieux. Plus chaudement et profondément.
Bucky s'agrippe à ses poignets, le corps et la tête bourdonnant agréablement.
— « Nous sommes rentrés à la maison, nous sommes chez nous », souffle Chris.
— « Oui… »
— « Alors est-ce que je peux dormir avec toi cette nuit ? »
— « Juste cette nuit ? »
— « Bucky… », soupire Chris en tirant doucement sur une longue mèche sombre.
Le jeune homme rit doucement. Il hoche la tête, frotte son nez contre le sien.
— « Je t'ai libéré la table de chevet à gauche », chuchote-t-il. « Pour le dressing et la commode, nous allons devoir négocier. Ce n'est pas gigantesque. »
— « On pensera à ça plus tard. … Je suis prêt à faire des concessions sur mes polos si tu en fais sur tes tee-shirts. »
Bucky cligne des yeux avant de froncer les sourcils. Il adore ses tee-shirts à l'effigie de groupe de rock, c'est presque une collection. Il veut répliquer mais le sourire malicieux de Chris et ses caresses sur son visage le distraient.
— « Je veux dormir avec toi… », dit le blond contre sa bouche.
Ils ne parlent pas de sexe ou peut-être que si. Bucky ne sait pas exactement mais il est d'accord avec tout.
S'échappant des mains de Chris, il se serre contre lui, colle son torse contre le sien comme lors de leur douche partagée à Ruth Lake. Son compagnon enroule ses bras autour de lui et les fait tourner pour l'appuyer contre le meuble à vasques. Bucky sent le rebord lui entrer dans les reins mais rien n'est plus important que ce qu'il se passe maintenant. Il enfouit son nez dans son cou, à la jonction avec sa clavicule et respire à pleins poumons. Il embrasse délicatement la peau puis la suce doucement.
Chris gigote légèrement contre lui, frottant leurs bas-ventres ensemble.
— « Bucky… »
Le brun fredonne légèrement. Il se concentre, goûte et se délecte tandis que sa bouche erre du cou à la naissance de l'épaule puis à la gorge.
Son compagnon enfonce une main dans ses cheveux et s'éloigne de son cou pour l'embrasser, le presser d'une manière qui le fait cambrer les reins contre le meuble. Ça a le goût du désir et de la frustration mêlées. Chris papillonne des yeux.
— « Tu m'as fait un suçon… », note-t-il d'un ton incrédule en observant son reflet.
Bucky opine, un sourire satisfait aux lèvres. Il est même plutôt joli, juste sur la clavicule. Son compagnon le touche du bout des doigts, silencieux.
— « Personne ne le verra, tu ne portes jamais rien d'échancré », se justifie-t-il un peu maladroitement. « C'est juste pour nous. »
Son compagnon se regarde et effleure encore la marque. Bucky se mord les joues. C'est trop adolescent ? Trop possessif ? Certains n'aiment pas les suçons quand d'autres pourraient les collectionner, jusqu'à des endroits très improbables de leur corps.
— « Il est léger. »
— « Je ne suis pas un sauvage », proteste le brun en lui pinçant les reins.
— « … Ça me convient s'il est plus marqué. »
Chris effleure sa hanche, le bout de ses doigts glisse sous l'élastique de son pantalon de nuit pour toucher plus de peau.
Bucky déglutit.
Les yeux de son compagnon sont noirs et ce n'est pas parce qu'il est en colère contre lui. C'est brûlant. Et dévorant. Comme ses doigts qui pétrissent la chair tendre du haut de sa cuisse. Le brun avance la tête et mordille la peau légèrement contusionnée. Chris grogne doucement, il donne un imperceptible coup de bassin vers l'avant, un geste inconscient.
Les deux hommes sont habillés mais Bucky sent le désir de son compagnon enfler doucement, pulser chaudement contre le sien. Merde. Merde.
— « Fais-le s'il te plaît… », chuchote Chris d'une haleine chaude sur son front.
Le brun acquiesce, ses lèvres toujours collées à sa clavicule. Il travaille consciencieusement la chair avant de faire remonter sa bouche vers son cou puis son oreille. Bucky aime les suçons mais pas les marques violettes parce que les vaisseaux sanguins ont éclaté sous la peau. Il n'est pas un sauvage. La marque est plus prononcée, un peu rosée et c'est suffisant. Bien suffisant s'il en juge par la manière dont Chris se cambre doucement contre lui.
— « Tu aimes ça… », dit-il d'un ton un peu incrédule.
— « Au moins autant que toi quand je te touche là. »
Chris faufile ses doigts sous son tee-shirt pour caresser son flanc gauche, remontant si haut qu'il effleure son téton. Bucky sent un pic de désir aiguillonner son aine. Mince, trouver du premier coup.
Il cligne des yeux, la gorge sèche.
Son compagnon taquine doucement le petit bouton, passant et repassant la pulpe de son pouce dessus et le brun a le souffle court. Il sent son sexe pulser d'enthousiasme dans son pantalon. Lui s'enhardit à glisser ses mains sur les fesses de Chris pour les prendre en coupe et les presser, l'attirant plus près encore de son bassin.
Juste comme ça, ils se touchent, s'apprivoisent, étudient leurs réactions tout en s'embrassant de plus en plus langoureusement.
Bucky sent ses reins brûler, son excitation protester à la barrière en coton de son sous-vêtement. Chris fait de petits bruits délicieux contre lui, la respiration lourde, son souffle brûlant. Le brun le sait, il le sent mais il veut quand même en être sûr. Il agrippe les fesses musclées de son compagnon et fait s'écraser durement leurs bassins ensemble. Chris siffle doucement de plaisir. Le brun se lèche les lèvres et laisse une traînée de baisers le long de sa mâchoire avant de sucer doucement le lobe de son oreille.
— « Bucky… », gémit doucement le blond.
— « … D'accord, on va se coucher Chris », dit-il d'une voix rauque.
Le blond est torse nu contre lui mais ce n'est pas assez, plus maintenant. Il a envie de le voir entièrement nu, de l'embrasser partout pour découvrir ses autres points sensibles. Ce qui le fait frémir. Ce qui le fait gémir.
Chris s'éloigne un peu, la main toujours sur son flanc.
— « Tu veux qu'on aille dormir ? », demande-t-il d'un ton défait.
Bucky roule des yeux. Il baisse la tête pour contempler ostensiblement son entrejambe et le relief de son sexe dans son pantalon. Le blond ne porte pas de sous-vêtement. Il est nu dans son vêtement et le jeune homme n'aurait qu'à tendre la main, écarter les doigts pour –
- « Non Chris, on ne va pas aller dormir », souffle-t-il.
Impossible, pas maintenant. Plus tard, quand ils auront joui. Pas maintenant. Ça court sur leur peau, sous leur peau. Ça irrigue la moindre fibre de leur chair et ça fait battre le sang plus fort à leurs tempes.
Bucky a chaud, il bouillonne de désir. Chris aussi. Il semble contenir difficilement son envie d'onduler doucement contre lui, juste pour les faire se toucher un peu. Pour apaiser la tension.
Le brun sourit doucement. Il se penche vers lui, l'embrasse chaudement tout en emmêlant ses doigts aux siens.
— « … Viens. »
Chris hoche farouchement la tête.
Bucky rit tendrement tandis qu'il l'entraîne derrière lui, éteignant la lumière de la salle de bain une fois sur le seuil. Sandy, jusqu'à présent sagement couchée sur le palier, se redresse avec intérêt et tente de leur emboîter le pas. Le brun la rattrape par le collier pour éviter qu'elle ne s'engouffre dans la chambre. Le regard de Chris sur son corps est incandescent.
Devant la porte, son compagnon ne rapproche et commence à butiner doucement son cou.
— « Éloigne Sandy pendant que j'ouvre », marmotte-t-il en inclinant la tête pour lui laisser plus de place. « Je tiens bon depuis sa naissance pour qu'elle dorme en bas. »
Chris sort la tête de son giron en même temps qu'il attrape le collier de la chienne.
— « Tu le faisais même quand elle avait quelques mois ? Bucky, elle était seulement un chiot… »
— « Je sais qu'elle est ta fille de cœur mais je ne veux pas changer ça. Elle ne nous laissera même pas la moitié du lit et nous sommes deux à coucher dedans maintenant. Sand' a aussi le sommeil très agité parfois, il faut faire un choix. »
Le brun ricane et lui jette un regard entendu par-dessus son épaule. Chris fronce les sourcils.
— « C'est peut-être aussi mon cas. »
— « C'est possible mais je saurai m'accommoder de tes coups de pied quand tu rêves », sourit Bucky. « Si tu dors mal, je pourrais t'aider parce que je suis avec toi mais je ne veux pas que Sandy dorme avec nous. »
Son compagnon acquiesce en maugréant un peu. Il entre derrière lui, fait s'asseoir Sandy sur le palier en lui intimant l'ordre de ne pas bouger puis ferme avec soin la porte derrière eux.
Bucky observe le côté gauche du lit, celui de Chris, et réalise qu'ils ont oublié son portable dans la salle de bain. Il a envie d'éclater de rire. Le blond regarde autour de lui avec curiosité, sa main caressant distraitement ses reins.
— « C'est ton côté », souffle doucement le jeune homme en tirant machinalement sur un coin de la taie d'oreiller.
Son compagnon observe toujours et Bucky gigote un peu contre lui.
— « Est-ce ça te convient ? »
— « C'est parfait. »
Chris sourit et le prend contre lui pour l'embrasser langoureusement.
Bucky inspire brusquement.
Bon sang, c'est toujours là en lui, cette boule de désir, de magma en fusion qui tourbillonne dans son bas-ventre et ses reins.
Il recule lentement, attirant Chris vers le lit. Il sent ses mollets heurter doucement le cadre en bois. Bucky s'assoit lentement, ses mains effleurant les flancs de son compagnon. Ses doigts s'agrippent à l'ourlet de son pantalon de nuit, effleurent la peau à la lisière. Chris frissonne.
— « Tu m'as vu nu sous la douche quand nous étions à Ruth Lake. Est-ce que je peux te regarder aussi ? Te regarder vraiment ? », demande-t-il doucement.
Le blond rougit un peu avant d'acquiescer. Il caresse doucement sa nuque tandis que Bucky baisse enfin le pantalon, son début d'érection déformant le coton gris. Le brun ne le quitte pas des yeux, il sent juste que ses doigts effleurent les muscles puissants des cuisses qui tressaillent sous son toucher, la peau couverte de fins poils blonds.
Chris lève les pieds pour l'aider à le déshabiller entièrement. Puis il est nu, enfin, dans toute sa gloire superbe et magnifique. Bucky se sent un peu ému. Il se penche doucement, touche du bout du nez son ventre musclé et les premières boucles dorées de son pubis.
Chris halète et enfonce ses doigts dans sa nuque.
— « Bucky, s'il te plaît… », souffle-t-il.
Le brun s'empresse de retirer son tee-shirt et le jette dans la pièce. Il baisse son pantalon sur ses chevilles et gigote un peu pour le laisser par terre, restant en boxer. Bucky déglutit tandis qu'il regarde à nouveau Chris. Son compagnon est tellement beau. Il enlace sa taille et frotte son visage contre son ventre.
Le blond frissonne, fort.
— « Tu es tellement beau. J'ai tellement de chance de t'avoir avec moi et on dort ensemble à partir de ce soir », chuchote-t-il avec admiration.
— « On dormira aussi ensemble bien après », le corrige Chris d'une voix un peu rocailleuse.
Bucky rit.
Il recule sur le matelas, attire le blond à lui en gardant une main sur sa hanche. Les deux hommes s'allongent l'un contre l'autre, l'un sur l'autre. Leurs membres déjà emmêlés, ils peinent un peu à retirer au brun son dernier vêtement et cela les fait rire et ils étouffent leur hilarité bouche contre bouche par de fiévreux baisers.
Bucky plonge son visage dans le cou de Chris tandis que son compagnon le serre contre lui. L'odeur de sa peau est affolante, fragrance emmêlée de savon, de désir et de Chris. Il se cambre quand il sent la main s'aventurer doucement sur son bas-ventre puis envelopper son sexe sensible avant de commencer à se mouvoir délicatement sur sa longueur.
Enlacés, ondulant l'un contre l'autre, ils dérangent le bel ordre du lit auquel Bucky a tant veillé un peu plus tôt.
Un oreiller tombe par terre alors que le brun tente d'agripper quelque chose parce que la puissance des vagues de plaisir qui l'entraînent pourraient presque l'effrayer. Chris le touche parfaitement, il le fait vibrer, gémir et quémander d'un infime geste du poignet, d'une infime pression de son pouce sur son frein.
Bucky ferme les yeux.
Les soupirs de plaisir de son compagnon à son oreille, ses petits hoquets et ses gémissements sont comme un roulis de vague qu'il appelle de tous ses vœux à le submerger entièrement.
Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime.
J'ai envie de toi. J'ai envie de toi. J'ai envie de toi. J'ai envie de toi. J'ai envie de toi. J'ai envie de toi.
Des points blancs dansent derrière ses paupières closes et Bucky rouvre lentement les yeux. Les pupilles de Chris sont tellement dilatées qu'elles ont complètement noyé leur si belle couleur de ciel. Le blond se lèche les lèvres alors qu'il les berce voluptueusement de ses coups de reins, frottant leurs virilités l'une contre l'autre.
— « Je voulais tellement ça aussi, avec toi… Je voulais te donner du plaisir et te voir quand tu – quand tu – »
Bucky presse ses fesses pour lui demander d'onduler plus fort, de leur faire encore plus de bien. Il sent le chatouillement familier de son orgasme le long de sa colonne vertébrale, le creux de ses reins se couvrir de sueur.
Chris ahane contre lui et l'embrasse d'une manière qui pourrait le faire jouir s'il ne voulait pas continuer à le voir lui aussi. Le brun répond à son baiser avec ferveur, les reins cambrés. Emboîtement parfait.
— « Alors regarde-moi », souffle-t-il en prenant son visage en coupe. « Regarde-moi et je te regarderai aussi quand tu vas jouir Chris. Putain, je veux tellement ça aussi. »
Les tempes nacrées de sueur, le blond acquiesce de cet air sérieux de bon élève, rigoureux et appliqué, qu'il a sur les chantiers de David.
Alors que Chris se meut, nu contre lui, c'est paradoxalement son image habillée, avec son casque et sa ceinture à outils à la taille, qui le fait exploser.
Bucky gémit lourdement, les points blancs derrière ses paupières deviennent des éclairs fulgurants alors que ton son corps se transforme soudain en une masse de sensations à vif.
Il balbutie aussi à Chris combien il l'aime quand le blond jouit à son tour contre lui, marbrant son ventre.
Haletants, le corps vibrant de plaisir et d'amour, ils se serrent comme deux naufragés.
