Mes petits chats,
Chose promise, chose due. Je publie aujourd'hui pour vous la suite de "L'homme de la plage".
Cette partie est un peu différente des autres, un peu transitionnelle. Elle est une sorte de respiration avant la poursuite de cette histoire. J'espère ne pas vous décevoir, c'est un choix "éditorial" (en toute humilité) que j'ai longuement réfléchi mais je pense que c'est pertinent pour la suite.
Bonne lecture,
ChatonLakmé
L'homme de la plage
o0O0o o0O0o
Vingt-quatrième partie
Mi-février
La nuit de la Saint-Valentin – après que Chris et lui aient fait lentement et délicieusement l'amour – Bucky fait un rêve.
Il ne peut pas le qualifier de cauchemar – selon la définition communément admise, il ne s'est pas réveillé en sursaut pour échapper à l'angoisse – mais il en garde un souvenir un peu gênant presque malaisant.
Le jour des amoureux, Chris lui a demandé un peu timidement s'il souhaitait faire quelque chose.
Le brun a répondu par la négative – il n'a jamais été un grand amateur de cette fête – puis par l'affirmative en songeant que, même un peu cliché, cela pourrait être un très bon moment.
Le fait que son compagnon semblait avoir envie de célébrer ça avec lui – une fête pour eux – l'a sans doute aidé dans sa décision.
Chris a réservé dans un excellent restaurant de fruits de mer, installé au rez-de-chaussée d'un bel immeuble du début du XXe siècle sur Opera Alley Bucky s'est occupé de les divertir pendant la soirée. Il a pris des billets pour un marathon James Bond au Eureka Theater les vieux, les vintages, avec Sean Connery et Pierce Brosnan. Parce que la soirée est spéciale, les prix ont doublé et ça l'a fait râler le premier cup de pop-corn n'est même pas offert et bien que le brun et Chris ne peuvent rien avaler de plus après leur délicieux dîner, Bucky trouve ça mesquin. Il s'est bruyamment offusqué quand, une fois sur place – malgré encore le fait que son compagnon l'a galamment invité au restaurant et que ça lui a fait un peu quelque chose dans le creux du ventre – le jeune homme a découvert que la soirée avait été remplacée par un marathon de comédies romantiques.
Billets déjà achetés, opération spéciale donc remboursement impensable, revente impossible.
— « C'est franchement scandaleux ! Vous devriez avoir honte de décevoir tant de gens. »
— « Nous n'avions pas vendu tant de billets que cela. Plus personne ne s'intéresse vraiment aux vieux James Bond vous savez, Daniel Craig les a plus ou moins tous supplantés. »
Bucky suffoquait d'indignation – Pierce Brosnan est l'homme sexy de son adolescence – tandis que Chris riait doucement, encore agréablement chatouillé par l'excellent vin de Californie qu'ils ont bu.
Ils se sont installés – le cinéma projetait Pretty Woman, c'est aussi un classique – et le moment a été relativement agréable jusqu'à la diffusion de The Vow, avec Channing Tatum et Rachel McAdams.
Le brun a douté, a regardé son compagnon en coin mais Chris souriait toujours, pas le moindre du monde gêné par l'idée d'assister à une romantique histoire d'amour sur fond d'accident et d'amnésie.
Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite…, blablabla.
Finalement, Bucky a aussi apprécié le film.
De retour à la maison, dans leur chambre, ils ont échangé sur la prestation de Channing Tatum dans Magic Mike. Bucky s'est lancé dans un strip-tease qu'il pensait seulement malicieux – et un peu maladroit, surtout quand il a retiré ses chaussettes – jusqu'à ce que Chris le fasse tomber sur le lit pour le dévorer.
Ça a été bon, merde tellement bon.
Il s'est endormi, repus et le corps encore frémissant de son orgasme.
… Peut-être en a-t-il eu deux son esprit crépite doucement, explose comme des bulles de champagne.
C'est pour ça que ce rêve – non vraiment, ce n'était pas un cauchemar – lui a fait étrange impression.
Il était avec Chris, ils s'aimaient et ils vivaient ensemble mais leur vie n'était pas tout à fait la même.
Chris est à ses côtés mais il n'est pas tout à fait le même homme non plus, il porte un autre nom. Il ressemble à l'inconnu en costume que Bucky a trouvé à Manila il y a huit mois – sans le sang sur le visage et l'inconscience traumatique – qu'au torride barbu qui partage son lit.
Chris – ce Chris différent – lui parle d'autres personnes qui font partie de leur vie mais que Bucky ne connaît pas ils n'ont pas de chien mais une chatte qui s'appelle Isadora, comme la célèbre fondatrice de la danse moderne née à San Francisco.
Ils habitent ensemble mais Bucky n'est pas certain que ce soit à Eureka, ni que la maison soit toujours une maison. Peut-être s'est-elle transformée en appartement.
Tout est un peu flou et étrangement perceptible à la fois.
Quand il se réveille, il a la gorge sèche et la langue un peu pâteuse.
Il se sent étrange.
Son compagnon est endormi contre lui, un bras passé autour de sa taille et Bucky sent le relief brûlant de son érection contre ses fesses nues. Il ondule doucement pour attiser son désir, il a besoin de le sentir.
Chris grogne et mordille doucement son cou, respirant à pleins poumons l'odeur de sommeil de sa peau.
— « Bucky… », souffle-t-il.
Sa voix rauque de sommeil envoie des étincelles dans ses reins.
Bucky creuse le bas du dos, tend une main derrière lui pour effleurer son flanc, sa cuisse, la courbe d'une fesse. Son compagnon a un imperceptible mouvement de bassin contre lui et il gémit doucement.
— « Tu es réveillé ? », demande-t-il malicieusement.
— « Tu te frottes contre moi, le contraire serait un peu insultant pour toi… »
Bucky lui pince les côtes.
Chris ricane, il enroule une main autour de sa cuisse et la lève un peu. Son érection magnifique se glisse entre ses jambes, effleure la peau sensible de son périnée et de ses bourses.
Le brun frissonne.
Il se laisse emporter par le désir, par le plaisir.
Son rêve se dissipe lentement au rythme des coups de rein languides de son compagnon qui le caresse en même temps.
Il oublie.
Ce n'est qu'un rêve après tout.
Il n'est pas plus absurde que celui qu'il faisait à quinze ans dans lequel il épousait Elvis Presley, mort il y a presque trente ans.
Le lendemain au petit-déjeuner, Chris l'interroge sur leur étreinte un peu inaccoutumée au petit matin. Bucky avoue du bout des lèvres son rêve son compagnon lui raconte avec force détails celui qu'il a fait en janvier dans lequel il était un phoque.
Le brun éclate de rire, manque de s'étouffer avec un morceau de brioche.
Il oublie complètement le sien.
