Les Liens de l'Amitié
Buck conduisait jusqu'à la maison d'Eddie avec un sentiment de liberté, les rues familières défilant sous ses roues. Il se sentait à l'aise dans cet environnement, comme s'il était chez lui même s'il ne l'était pas. Il était là pour rendre service à Eddie, encore une fois, en emmenant Chris à l'école.
C'était devenu une routine pour eux, un petit geste qui avait créé des liens solides entre eux au fil du temps.
La matinée était fraîche lorsque Buck gara sa voiture devant la maison d'Eddie.
En arrivant devant la maison, il remarqua la silhouette d'Eddie qui attendait sur le pas de la porte, un sourire chaleureux illuminant son visage. Buck sentit son cœur se serrer devant la vue de cet homme qu'il aimait tant, mais il enfouit rapidement ces sentiments profonds sous une façade de calme et de normalité.
Il avait promis d'emmener Chris à l'école pour rendre service à son ami, rien de plus. Prenant une profonde inspiration pour se donner du courage, il sortit de la voiture et se dirigea vers la porte d'entrée.
– Eddie ! sourit-il en sortant de sa voiture. Prêt à partir ?
– Salut, Buck, dit Eddie avec un sourire chaleureux. Merci d'être venu si tôt. Tu es vraiment d'une aide précieuse.
– Aucun problème, c'est un plaisir d'aider, répondit Buck avec un sourire sincère. C'est ce que les amis sont censés faire, non ? Comment se passe la thérapie ? demanda-t-il à son ami.
– Aussi bien qu'une thérapie, répondit Eddie. J'avance et… je crois que je vais mieux mais il y a encore beaucoup de choses à traiter.
– Je suis content si tu te sens mieux. Tu ne vas plus… ?
– Non, le rassura-t-il. Et… merci, de ne pas en avoir parlé.
– Tu plaisantes ? Jamais, je ne te trahirai.
– Je sais mais merci, pour tout.
Buck se contenta de lui sourire avec tendresse, parce qu'Eddie ne méritait rien de moins.
Ils échangèrent quelques banalités tandis que Buck attendait que Chris finisse de rassembler ses affaires. La maison était calme, baignée dans la lumière douce du matin. Buck prit un moment pour admirer l'endroit, se sentant toujours un peu envoûté par la sérénité qui y régnait.
Chris apparut enfin, un sourire espiègle sur le visage. Buck aimait tellement ce gamin qu'il mourrait certainement pour lui et il considèrerait que ce serait un privilège.
– Salut, Buck !
– Salut, mon pote ! Prêt pour l'école ? demanda Buck en lui adressant un clin d'œil complice.
Chris hocha vigoureusement la tête, son enthousiasme contagieux illuminant la pièce. Buck se dit qu'il aimait vraiment ce gamin, avec sa vivacité et sa joie de vivre.
Ils échangèrent quelques rires alors qu'ils se dirigeaient vers la voiture, l'atmosphère légère et détendue. Buck savait qu'il aimait ces moments passés avec Eddie et Chris, même s'ils étaient teintés de sentiments qu'il ne pouvait pas encore exprimer ouvertement.
En montant dans la voiture, Buck ressentit un élan de chaleur envers Eddie et Chris, la sensation familière de l'affection qu'il ressentait pour eux. Il se dit que peut-être un jour, quand il aurait suffisamment de courage, il pourrait avouer à Eddie ce qu'il ressentait vraiment et faire partie de cette famille qu'il aimait tant.
Mais cette pensée fut rapidement suivie d'une vague de doute et de peur.
Il était trop brisé, trop endommagé pour mériter le bonheur avec Eddie. Il ne ferait que le détruire, et il ne pouvait pas se permettre de prendre ce risque.
Pendant le trajet jusqu'à l'école, Buck et Chris parlèrent avec enthousiasme des dauphins, la nouvelle passion de Christopher. Buck était impressionné par la quantité de connaissances que Chris avait déjà accumulées sur le sujet. Il avait lui-même fait quelques recherches pour trouver des informations supplémentaires sur internet.
– Tu savais que les dauphins sont très sociaux ? lâcha-t-il captant l'attention de l'enfant. Ils vivent généralement en groupes, appelé pods et ils aiment interagir les uns avec les autres. Certains groupes peuvent même compter jusqu'à plusieurs centaines de membres.
– Tu veux dire qu'ils se parlent ?
– Ils communiquent entre eux en utilisant une variété de sons, y compris des sifflements, des clics et des grognements. Chaque pod de dauphins à son propre dialecte distinctif.
Après avoir partagé ces quelques faits sur les dauphins, qu'il avait glané la nuit dernière, avec Chris, Buck jeta un rapide coup d'œil à l'enfant derrière lui dans la voiture. Son visage rayonnait d'enthousiasme alors qu'il absorbait chaque mot avec fascination. Buck ne put s'empêcher de sourire en voyant à quel point Chris était passionné par les dauphins, comme pour tout ce qui l'entourait.
C'était une sensation familière pour Buck, celle de voir l'éclat des découvertes brillant dans les yeux de Chris. Il aimait ces moments où il pouvait partager ses connaissances avec lui, que ce soit sur les dauphins ou sur n'importe quel autre sujet qui intéressait le jeune garçon. Ces échanges lui rappelaient à quel point il appréciait passer du temps avec Chris, à quel point il était attaché à lui.
Il se sentait privilégié d'avoir la chance d'être un mentor pour Chris, de lui ouvrir les portes du monde et de l'aider à découvrir de nouvelles choses. Buck se rendait compte que, même dans les moments les plus sombres de sa propre vie, les moments passés avec Chris lui apportaient une lumière et une joie incomparables.
Et dans ces moments-là, il se sentait plus vivant que jamais.
– J'ai appris aussi que les dauphins étaient l'une des espèces animales les plus intelligentes de la planète. Ils sont capables d'apprendre rapidement de nouvelles tâches et de résoudre des problèmes complexes.
– Qu'est-ce que tu sais d'autre ? le pressa Christopher.
– Eh bien, les dauphins sont connus pour leur comportement ludique. Ils aiment sauter hors de l'eau, faire des pirouettes et jouer à des jeux avec d'autres dauphins.
– Oui mais ça je sais déjà, rit-il. Autre chose Buck !
– Est-ce que tu sais que les dauphins utilisent souvent des techniques de chasse coopérative pour attraper leur proie ? Ils peuvent encercler un banc de poissons et travailler ensemble pour les piéger.
La conversation était légère et joyeuse, dissipant temporairement les sombres pensées qui hantaient l'esprit de Buck.
Le trajet passa rapidement dans un joyeux brouhaha de voix enfantines et de rires. Buck se sentait étrangement léger, presque heureux, en compagnie de Christopher. Il aimait ces moments simples, où il pouvait simplement être lui-même, sans avoir à cacher ses émotions ou à faire semblant d'être quelqu'un d'autre.
Mais alors qu'ils tournaient au coin d'une rue, la situation prit soudain une tournure sombre. Trois hommes, leurs visages masqués par des foulards, surgirent de nulle part, bloquant le passage avec leur voiture et brandissant des battes de baseball menaçantes.
Buck resserra instinctivement sa prise sur le volant, son cœur battant la chamade dans sa poitrine, alors qu'il réalisait la gravité de la situation. La peur se mêlait à l'adrénaline alors qu'il se préparait à affronter ce qui allait suivre. Il jeta un rapide coup d'œil à Chris, priant silencieusement pour que le garçon ne soit pas blessé dans cette confrontation imminente.
– Buck ? souffla Christopher alors qu'il verrouillait instinctivement les portes.
– Reste calme, Chris, murmura-t-il, essayant de garder sa voix aussi calme que possible malgré le frisson d'appréhension qui lui parcourait l'échine. Appelle le 911, ajouta-t-il en lui passant discrètement son téléphone. Ça va aller.
Chris hocha la tête, son visage pâle mais déterminé. Buck admirait son courage, même dans une situation aussi effrayante.
La tension était palpable dans l'air alors que les hommes s'approchaient lentement de Buck, leurs intentions obscures. Et dans ce moment de danger imminent, Buck se retrouva confronté à la réalité brutale de sa vie, réalisant que même les actes les plus simples pouvaient rapidement tourner au cauchemar.
