À la Croisée des Chemins

Eddie Diaz se tenait devant la maison de celui qu'il considérait comme le responsable de la souffrance de Buck, le cœur battant à tout rompre, le souffle court.

La rage et l'impuissance qui l'avaient rongé depuis l'agression de Buck se transformaient maintenant en une froide détermination. Il n'était plus le pompier bienveillant, le père aimant, ou l'ami fidèle.

Il était un homme en mission, prêt à faire justice de ses propres mains.

La maison était banale, un pavillon comme tant d'autres dans cette banlieue tranquille. Les rideaux étaient tirés, la lumière filtrant à peine à travers les volets fermés. Eddie savait que les responsables de l'agression de Buck se trouvaient à l'intérieur.

Son plan était simple : entrer, les confronter, et les faire payer pour ce qu'ils avaient fait.

Il serra les poings, sentant ses ongles s'enfoncer dans sa paume. La douleur physique était une distraction bienvenue face à la tourmente émotionnelle qui l'envahissait.

Il prit une profonde inspiration, se préparant à franchir le seuil.

– Eddie, attends !

La voix de Bobby retentit derrière lui, ferme mais empreinte de sollicitude. Eddie se figea, l'esprit embrouillé par la colère et la surprise.

– Bobby, que fais-tu ici ? demanda-t-il, sans se retourner.

Bobby s'avança lentement, les mains en évidence, montrant qu'il n'avait aucune intention hostile.

– Je suis ici pour toi, Eddie. Je sais ce que tu ressens, mais ce n'est pas la solution.

Eddie se tourna enfin pour faire face à son capitaine, les yeux brûlants de larmes contenues.

– J'aurais pensé que c'est Athena qui viendrait, admit-il le temps de se reprendre.

– Elle en avait l'intention mais je l'ai convaincu de me laisser faire. Quelles que soient tes intentions, tu dois renoncer.

– Je ne peux pas, ils ont essayé de tuer Buck. Ils l'ont laissé pour mort. Et maintenant, il est à l'hôpital, entre la vie et la mort. Comment veux-tu que je reste là à ne rien faire ?

Bobby posa une main réconfortante sur son épaule, le regardant droit dans les yeux.

– Je sais. Mais la violence n'est pas la réponse. Pense à Christopher. Pense à Buck. Qu'est-ce qu'ils penseraient de ça ? Tu crois vraiment que Buck voudrait que tu fasses ça pour lui ?

Eddie sentit ses résolutions vaciller sous le poids des paroles de Bobby.

Il savait au fond de lui que son capitaine avait raison, mais la rage continuait de bouillonner en lui, alimentée par la vision de Buck allongé, immobile et meurtri.

– Je ne peux pas les laisser s'en tirer, Bobby, murmura-t-il, la voix brisée. Je ne peux pas...

Bobby serra doucement l'épaule d'Eddie, l'encourageant à respirer profondément.

– La justice sera rendue, Eddie. Athena s'en assura. Nous devons avoir foi en elle et en notre système. Si tu fais ça, tu ruineras ta vie, celle de Christopher, et celle de Buck. Ce n'est pas ce qu'ils voudraient.

Eddie ferma les yeux, tentant de contenir les larmes qui menaçaient de déborder.

Il savait que Bobby avait raison, mais la douleur et la colère étaient des compagnons tenaces. Il inspira profondément, cherchant la force de renoncer à sa vengeance.

– Comment puis-je simplement laisser passer ça ? murmura-t-il, la voix tremblante. Comment puis-je accepter que ces monstres continuent de vivre alors que Buck souffre autant ? Que peut-être il ne se réveillera plus jamais ?

Bobby le regarda avec une compassion infinie, reconnaissant la profondeur de son désespoir.

– Tu n'as pas à accepter. Tu as juste à faire confiance. Fais confiance à ceux qui peuvent les arrêter de manière légale. Et surtout, fais confiance à Buck. C'est un battant. Il a besoin de toi, là-bas, avec lui. Pas ici, à ruiner ta vie et celle de Christopher.

Les mots de Bobby résonnèrent profondément en Eddie.

Il se sentait tiraillé entre son désir de vengeance et son amour pour Buck et Christopher. Il savait que Bobby avait raison, mais l'acceptation de cette vérité était une autre bataille.

Finalement, Eddie hocha lentement la tête, les épaules s'affaissant sous le poids de sa décision. La rage en lui se dissipait, remplacée par une douleur sourde et une fatigue écrasante.

– D'accord, murmura-t-il.

Bobby soupira de soulagement, serrant brièvement l'épaule d'Eddie avant de le guider vers la voiture.

– Buck a besoin de toi à ses côtés, maintenant plus que jamais. Allons le retrouver.

Le trajet de retour à l'hôpital se fit dans un silence lourd de pensées et d'émotions.

Eddie regardait par la fenêtre, les images de Buck et Christopher défilant dans son esprit. Il se sentait à la fois soulagé d'avoir renoncé à sa vengeance et terriblement coupable de ne pas pouvoir faire plus pour Buck.

Arrivés à l'hôpital, Eddie suivit Bobby à travers les couloirs, se sentant comme un homme en sursis. Chaque pas semblait plus lourd que le précédent, mais il savait qu'il devait être fort pour Buck, pour Christopher, et pour lui-même.

Ils atteignirent enfin la chambre de Buck.

Eddie prit une profonde inspiration avant d'entrer, préparant son cœur à affronter la réalité de l'état de son ami.

Buck était allongé dans son lit, entouré de machines qui surveillaient ses signes vitaux mais il n'était plus sous respirateur, la canule nasale ayant remplacé la machine, signe qu'il y avait une amélioration puisqu'il respirait tout seul. Sa respiration était régulière mais son visage était marqué par la douleur et la fatigue.

Christopher dormait à poings fermé contre lui et Buck le tenait fermement dans on sommeil, ponctué de rictus de douleur et Eddie savait que la position de son fils ne devait pas être agréable contre ses blessures mais après ce qu'ils venaient de vivre ensemble, personne n'arriverait à les séparer.

Eddie s'approcha lentement, prenant la main valide de Buck dans la sienne.

– Hé, Buck, murmura-t-il doucement. Je suis là. Je suis désolé de ne pas avoir pu mieux te protéger.

Buck ouvrit les yeux, luttant pour se concentrer sur le visage d'Eddie. Une lueur de reconnaissance et de soulagement passa dans ses yeux.

– Eddie, souffla-t-il, sa voix à peine audible. Tu es là.

Eddie serra doucement la main de Buck, sentant la chaleur et la vie sous ses doigts.

– Oui, je suis là, Buck. Je ne te laisserai plus jamais.

– Je suis désolé…

– Non, tu vas bien et quoi qu'il arrive maintenant on va traverser ça, ensemble.

Les yeux de Buck se remplirent de larmes, et il tenta un faible sourire.

– Merci, murmura-t-il.

Eddie sentit une vague de soulagement l'envahir.

Il était à la place où il devait être, auprès de Buck, prêt à l'aider à traverser cette épreuve. La vengeance n'aurait rien résolu, mais être là pour Buck, le soutenir et l'aimer, c'était la véritable réponse.

Bobby, qui était resté en retrait, s'approcha doucement, posant une main réconfortante sur l'épaule d'Eddie.

– Tu as fait le bon choix, Eddie, dit-il doucement. Buck a besoin de toi ici, à ses côtés. Et toi aussi, tu as besoin d'être là pour lui.

Eddie hocha la tête, reconnaissant pour le soutien de Bobby. Il se tourna vers Buck, déterminé à être la force dont son ami avait besoin.

– On va y arriver, murmura-t-il. Ensemble, on peut tout surmonter.