Correction: 07-09-2024

Chapitre 15 : La malédiction du Troll

"Non, je n'ai pas vu ton rat, Weasley," dit Seamus d'un ton si exaspéré qu'il était parfaitement évident que ce n'était pas la première fois que le roux lui posait la question.

"Il doit bien être quelque part !" répliqua Ron avec une exclamation indignée. "On est dans le même dortoir, tu as bien dû voir quelque chose !"

"Pourtant, ce n'est pas le cas. Il est peut-être simplement parti se balader ?" proposa le Gryffondor en commençant son petit-déjeuner tranquillement.

"Depuis trois jours ? Croutard ne disparaît jamais aussi longtemps."

Harry et Drago, qui passaient non loin de là pour se rendre à leur propre table afin de se sustenter, entendirent parfaitement la conversation.

Tout comme le reste de Poudlard, d'ailleurs. Le roux, même à une heure aussi matinale, semblait être parfaitement incapable de communiquer sans crier. Et quand bien même sa bouche était pleine de viennoiseries, provoquant donc une série d'attaques sans pitié envers ses voisins de table à grand coup de miettes et de croissants mâchouillés.

Dégoûtant était un mot inventé pour cette situation.

Lorsqu'un morceau de tartine de beurre gorgée de salive atterrit dans l'assiette de Eliann Lawrens, une Gryffondor de troisième année, elle manqua de vomir, jeta rageusement sa serviette de table et quitta la grande salle en maudissant tous les foutus garçons mal éduqués et leurs foutues manières de troll.

Pauvre d'elle. Elle n'avait pourtant pas fini de s'en plaindre.

Drago, qui de toute façon était dégoûté par la simple présence du roux et ne pouvait donc pas l'être davantage, ne retient pas son ricanement méprisant si caractéristique de sa personne en présence du Gryffondor.

"Ne cherche pas ta parodie d'animal de compagnie, Belette. Il doit être près de la salle de Défense. Ça sent le rat crevé là-bas. Le tien était déjà à moitié mort, il ne lui restait plus longtemps à vivre."

Et alors qu'une énième bataille s'engagea entre les forces du bien et du mal, bien qu'il soit maintenant impossible pour Harry de dire qui était qui, le survivant attrapa son compagnon aux cheveux blonds pour le tirer vers leur table. Il avait faim. Et la confiture n'allait pas s'étaler sur son pain grillé toute seule.

Harry ne se préoccupait plus vraiment de Ron. Après tout, il était enfin parvenu à capturer Croutard et la suite de son merveilleux plan devait s'enclencher rapidement. Et s'il pouvait se tenir éloigné des migraines, il n'en était que plus heureux.

De plus, cela faisait bien plus de trois jours que Croutard avait disparu. Ron ne l'avait même pas remarqué, non pas qu'Harry s'en plaigne. Ça l'arrangeait bien finalement que Ron ne prenne pas soin de ses affaires. Même lorsque celles-ci étaient vivantes.

Le survivant avait d'autres préoccupations en tête : la situation de Sirius, son plan complexe pour l'aider, et la potion de polynectar qui l'attendait dans le secret de son dortoir.

C'est la nuit, bien à l'abri de toute intrusion dans sa malle enchantée et protégée par ses soins, qu'il brassait la potion sous la supervision de Poudlard.

Bien que des deux, c'était surtout elle qui avait du mal à rester concentrée. Godric lui avait laissé ce délicieux défaut, d'après elle.

"Il avait la capacité d'attention d'un enfant de quatre ans avec une forte envie d'uriner, d'après Salazar," avait expliqué Poudlard.

L'âme de l'école avait eu parfaitement raison à propos du retourneur de temps qu'elle lui avait offert à son second onzième anniversaire. Un objet très utile. Il était même indispensable pour brasser la potion et suivre ses cours en même temps. Le survivant avait besoin de ses huit heures de sommeil sans lesquelles il était d'une humeur massacrante.

Alors qu'il brassait la potion, Harry ne pouvait qu'espérer que non seulement son plan fonctionne, mais aussi qu'il ne le regrette pas.

Son parrain ne pouvait pas être du côté de Dumbledore. Pas consciemment en tout cas. Pas s'il savait vraiment qui était le directeur de Poudlard et ce qu'il avait prévu de faire subir à son filleul, n'est-ce pas ?

Mais alors... Pourquoi n'a-t-il rien dit dans ce cas ? Sirius n'a pas eu de procès, il aurait pu en vouloir à Dumbledore ? Pourtant, c'est comme si personne n'en avait jamais reparlé. Le survivant se souvenait que d'une brève conversation qu'il avait eue avec son parrain à ce propos, où le maraudeur indiquait ne pas avoir résisté à son arrestation car il se sentait coupable lui-même.

Honnêtement, Harry trouvait ça tirer par les cheveux et c'est ce qui l'inquiétait le plus.

Il s'était laissé enfermer sans se battre alors que le véritable coupable courait toujours dans les rues. Une vrai culpabilité l'aurait poussé à venger la mort de ses amis d'une façon où d'une autre, non ? Cela correspondait plus au caractère de son parrain, il n'était pas du genre à baisser les bras. Il se serait battu contre Queudver jusqu'à la fin.

C'est d'ailleurs exactement ce qu'il avait fait durant cette horrible nuit d'octobre où ses parents avaient été assassiné. Sirius l'avait confié à Hagrid alors qu'il n'était qu'un bébé pour partir immédiatement à la poursuite de Peter et se venger. Quel raison l'aurait-il poussé à arrêter soudainement pour se laisser arrêter sans résistance ? Aux yeux du survivant, cela n'avait pas de sens.

"Je lui en parlerai quand il sera libre," marmonna Harry alors qu'il remuait trois fois la potion dans le sens des aiguilles d'une montre.

Et si Sirius était aussi avec Dumbledore comme l'était Ron ou Molly eh bien... il ne voulait vraiment pas l'imaginer. Surtout qu'une migraine commençait à pointer son nez à nouveau.

Voyant que son esprit dérivait, Poudlard posa une main à la fois brûlante et glaciale sur son épaule, le faisant sursauter.

"Ça ira. Inutile de s'en inquiéter maintenant. On avisera le moment venu. Je ne te laisserai pas tomber. On se battra ensemble," sourit-elle avec compassion.

Harry fut rassuré. Il y a au moins une personne - si « personne » était un adjectif adapté - sur laquelle il pouvait réellement compter quoi qu'il arrive.

Harry continua de remuer la potion avec concentration, les pensées tourmentées de son parrain et les mystères entourant Dumbledore l'occupant pleinement. Les heures passaient sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, jusqu'à ce que le son apaisant de la potion bouillonnante l'apaise légèrement. Lorsqu'il fut finalement temps de la laisser reposer plusieurs jours sans exposition à la lumière, il rangea soigneusement ses affaires et se prépara à retourner à ses activités quotidiennes. Le lendemain matin, le rythme habituel de la vie à Poudlard reprit son cours, et le prochain cours de balai arriva vers la fin de semaine.

"Excellent, monsieur Londubat," félicita Bibine dès que Neville eut terminé d'effectuer toutes ses demandes. Demandes simples, c'est vrai, mais pour le Gryffondor maladroit qu'elle avait en face d'elle, plus que suffisante.

Ledit Gryffondor maladroit lança un regard de remerciement à Harry qui lui rendit un simple sourire de fierté. La réputation déjà agité du survivant fut à nouveau étoffé par de nouvelle rumeur lorsque tous les Gryffondor et les Serpentard purent entendre la réponse de Neville lorsque le professeur de vol lui demanda comment il avait pu s'améliorer aussi rapidement.

"Harry m'a aidé," avait répondu Neville avec insouciance, totalement inconscient du raz-de-marée que son simple commentaire allait déclencher dans l'esprit des autres élèves de Poudlard.

Il aurait pu être logique que cela soit bénéfique pour la réputation du survivant, mais l'avis général fut plutôt varié. Les Serpentards furent même plus méfiants qu'ils ne l'étaient déjà, commençant à penser de la même façon que Snape, soit que le survivant était un Gryffondor refoulé. Les Gryffondors, eux, furent mitigés dans leurs avis. Certains appréciaient le Serpentard pendant que d'autres tentaient de trouver de nouvelles informations pour le diaboliser un peu plus.

Cependant, sa réputation chez les Serdaigles et les Poufsouffle était incroyablement élevée. Ses compétences et ses capacités à disperser son savoir à qui voulait bien l'écouter avaient fait monter l'admiration chez les élèves de Rowena qui mettaient l'érudition au dessus de tout préjugés superflus. Et la maison du blaireau était assez sympathique à l'égard d'un élève de première année qui se montrait généreux envers ses camarades même lorsqu'ils font partie d'une autre maison.

Même s'il était satisfait de sa réputation grandissante chez les Serdaigles et les Poufsouffle, les deux autres maisons commençaient sérieusement à le fatiguer. Il avait la cruelle impression que peu importait ce qu'il ferait, il ne serait jamais accepté par aucune d'elles. Il aurait vraiment dû demander au chapeau de l'envoyer à Poufsouffle. Il était clair que c'était la meilleure maison de Poudlard, maintenant qu'il y pensait réellement.

A l'extérieur de l'école, sa réputation fut également sur le point de changer parce que l'héritier Londubat ne tarda pas à envoyer une lettre à sa grand-mère pour parler du survivant ainsi que l'amélioration aussi brutale qu'inattendue de ses notes de balai. Harry n'aurait jamais imaginé que prendre trente ridicules minutes pour apprendre à Neville à tenir sur un balai allait avoir des conséquences aussi grandes.

C'est donc assez naturellement qu'Harry reçut, le lendemain matin, une lettre de Lady Londubat a.k.a. l'aristocrate la plus intimidante de Grande-Bretagne, Lucius Malfoy compris.

"Que dit cette lettre ?" s'intéressa Poudlard qui, une fois n'est pas coutume, s'était assise à la place d'un élève, le traversant partiellement.

Harry avait vite compris que ça amusait beaucoup l'esprit de le voir essayer au maximum de ne rien laisser paraître de l'étrangeté de ce genre de situation. Particulièrement pour éviter de fixer le malheureux Serpentard utilisé comme siège par l'âme de l'école.

Les élèves, puisqu'ils ne pouvaient pas voir Poudlard, ne verraient donc qu'Harry les fixant étrangement. Il paraissait assez fou comme ça et les rumeurs étaient plus qu'assez nombreuses à son sujet. Il sentait d'ailleurs les regard insistant de quelques Gryffondor à l'affut du moindre mouvement suspect pour le diaboliser auprès des autres.

Le survivant espérait d'ailleurs que cette phase stupide leur passerait aussi vite que la fois où ils ont cherché à prouver qu'il était la réincarnation de Voldemort. Il se souvenait que cela avait duré deux jours et il bénissait le caractère trop énergique des Gryffondor pour rester concentré sur la même stupidité plus longtemps que cela.

« Lady Londubat me remercie d'avoir évité une chute potentiellement mortelle à son petit-fils et héritier. Elle me remercie aussi de prendre le temps de le soutenir dans l'apprentissage de la magie. Et les Londubat n'oublieront pas ce geste de gentillesse désintéressée. »

"Était-il vraiment désintéressé ?" s'amusa Poudlard.

« Eh bien, le soutien de Lady Londubat est toujours le bienvenu, mais j'ai beaucoup de remerciements à rattraper en ce qui concerne Neville. Pour tout ce qu'il a fait pour moi dans mon ancienne vie. C'est est une personne courageuse et fidèle, l'idéal en tant qu'amis, et je m'en veux de ne pas l'avoir remarqué avant et d'avoir simplement imité les autres qui le mettaient à l'écart... »

Poudlard hocha la tête, compréhensive.

Harry rangea précieusement la lettre dans son sac avec un léger sourire. Lady Londubat était une femme qu'il ne fallait pas sous-estimer. Il se souvenait encore parfaitement comment il l'avait appris lui-même. C'était à l'époque où les combats contre Voldemort commençaient à prendre plus d'importance dans sa dernière vie, que Neville l'avait informé que sa grand-mère était parvenue à vaincre quatre mangemorts envoyés pour la capturer. Elle les avait tous envoyés à St Mangouste sans subir elle-même la moindre égratignure et avait encore eu la force de maugréer contre le manque de savoir-vivre des ennemis.

Il était donc, sans conteste, soulagé de l'avoir dans ses alliés plutôt que dans ses ennemis.

La date fatidique du 31 octobre arriva quelques semaines plus tard. Elle annonçait Halloween, Samhain, la nouvelle année sorcière, l'anniversaire de la mort de ses parents, mais aussi - et seulement cette année - la venue d'un Troll.

Les élèves, ne connaissant pas ce détail, étaient très impatients d'aller en cours de sortilège. Ils allaient enfin apprendre à faire voler des objets. Ou plutôt, ils allaient enfin le pratiquer. Cependant, de nombreux camarades se firent une joie de pointer Harry du doigt, indiquant au demi-gobelin qui leur servait de professeur que le survivant savait déjà le faire puisqu'il avait sauvé Neville en l'exécutant.

Flitwick, à l'opposé total de Snape, en était enchanté et demanda à Harry de faire une démonstration devant toute la classe. Et comme un bon lèche-cul - et peut-être aussi un peu vantard -, ce n'est pas une plume qu'il fit léviter, mais le bureau de Flitwick, livres et Flitwick inclus.

"Bravo, M. Potter ! Excellent !" couina le petit professeur en s'accrochant avec un soupçon de désespoir au livre qui lui servait de rehausseur. "Maintenant reposez-moi… en douceur," compléta-t-il un peu plus bas en voyant que la distance entre sa petite personne et le plancher des vaches continuait d'augmenter.

"Bien sûr, professeur," dit Harry en le reposant exactement où il était avant que le survivant ne lui lance le sort.

"C'est très impressionnant ! 10 points pour Serpentard."

Les Serpentards laissèrent échapper quelques exclamations de joie, comme à chaque fois qu'un élève rapportait des points à leur maison. Plus encore lorsque cela arrivait dans un cours commun avec les Gryffondor.

"Pour les autres, ne vous en faites pas," reprit le demi-gobelin. "Il semble que M. Potter ait certaines… facilités. Nous nous contenterons donc de faire léviter une plume pour ce cours-ci."

Tous les compliments du professeur portèrent à son comble l'exaspération de Ron qui lança un regard noir au Serpentard. Mais ce n'était pas seulement un regard de jalousie. Le jeune Gryffondor éprouvait aussi un profond ressentiment pour le Serpentard prodige qui avait tous depuis sa naissance et à qui ont pardonnait tous les écarts contrairement au roux qui ne pouvait même pas donner son avis sans être muselé par le directeur en personne.

Et ce ressentiment ne risquait pas de se tarir, qu'importe ce qu'ordonnait Dumbledore.

Le roux subissait depuis toujours une pression familiale intense qui le comparait à ses frères aînés et avait toujours souhaité secrètement que le fait d'être ami avec le survivant, comme le désirait si ardemment sa mère l'aiderait à obtenir l'affection qu'il avait espérée.

Mais voilà, il n'était pas ami avec le survivant parce que le survivant était un foutu Serpentard ami avec ce foutu Malfoy qu'il ne pouvait pas supporter non plus.

Alors Ron avait tenté de se démarquer autrement. Mais là encore, il devait supporter l'ombre de Harry qui, non content d'être le survivant devait aussi être un foutu génie de la magie et un Serpentard ne se comportant pas comme les préjugés le voulaient. Ron n'avait aucune chance de se démarquer dans un domaine puisque Harry le faisait déjà dans chacun d'eux.

Le roux se sentait souvent sous-estimé et accablé, et voir Harry briller ainsi en public n'aidait pas à apaiser sa rancœur d'avoir l'impression de se battre pour des choses que d'autres obtenaient sans effort. Il détourna brutalement le regard du brun qui souriait doucement à ses camarades, ses frustrations personnelles se mêlant à son agacement.

Flitwick demanda à ses chers élèves de se mettre en binôme avec un camarade de leur choix. Évidemment, Drago se jeta presque sur son ami aux lunettes rondes afin d'être le prochain à maîtriser le sortilège. Mais aussi parce qu'il aimait être avec le brun si... particulier mais terriblement divertissant. Et parce que le survivant était finalement un bon pédagogue tandis que Drago n'était pas un troll, le blond fit léviter sa plume assez rapidement.

Un autre Serpentard lui demanda de l'aide, à la grande surprise d'Harry. La plupart des membres de sa maison, bien que cordiale à l'extérieur de leur salle commune, s'approchait rarement de lui. C'était particulièrement le cas depuis l'apprentissage du balai par Neville.

Et lorsque son camarade réussit à son tour, d'autres Serpentards l'imitèrent si bien qu'Harry passait presque de groupe en groupe tandis que le véritable professeur de la classe se concentrait sur les Gryffondor, parvenant, de ce fait, à arrêter Seamus Finnigan avant qu'il ne mette le feu à sa plume. Et potentiellement aux cheveux de Lavande Brown également.

Ron et Hermione s'étaient malheureusement retrouvés en binôme. Parce que le roux était généralement imbuvable avec tout le monde depuis la perte de son rat et que la jeune né-moldu ne rencontrait que des camarades assez… froids, à son égard.

Un comportement prenant source dans plusieurs faits : elle était la plus intelligente et investie en cours, ce qui avait pour habitude de refroidir de nombreux camarades de son âge. Et elle était aussi un peu coincée, il fallait bien l'avouer.

Mais surtout, elle était régulièrement aperçue avec Harry Potter dont les Gryffondor ne savaient pas quoi penser. Tantôt l'incarnation du mal absolu et tantôt un élève incroyablement doué et charismatique.

Évidemment, des deux Gryffondor, c'était le roux qui n'arrivait pas le moins du monde à suivre les instructions du professeur.

Hermione était affligée de constater qu'il ne prononçait pas la formule correctement, quand bien même ils aient appris la théorie pendant les deux cours précédents. Comment pouvait-on être aussi peu réceptif ?

"Tu prononces mal la formule. L'accent est mis sur le -gar- : Wingardium," dit Hermione en prononçant correctement pour lui montrer l'exemple.

"Je ne t'ai rien demandé miss-je-sais-tout," grogna Ron qui était déjà d'une humeur assez mauvaise. "Fais-le puisque tu es plus maligne que tout le monde."

Hermione leva le nez face au défi et remonta faussement ses manches, comme pour narguer le roux sous le regard moqueur de Harry et Drago qui observaient la scène.

Et au grand mécontentement de Ron. Elle réussit parfaitement.

"Félicitations Miss Granger !" applaudi Flitwick.

Le jeune Weasley dut se mordre la langue pour ne pas grogner. Pourquoi n'y arrivait-il pas, lui ? Il n'était, en aucun cas, plus stupide que cette maudite Granger !

"Je pense qu'elle n'est pas si détestable que ça lorsqu'elle humilie la petite belette."

"Mon amie n'est jamais détestable, Drago," lui répondit le survivant avec un regard appuyé.

"Oui, oui…"

Harry roula des yeux avant d'aller du côté des Gryffondor. Saluant Hermione avec un sourire avant de l'emmener avec lui vers un autre groupe de rouge et or. Le professeur Flitwick ne faisant pas attention à eux.

Les cours de pratique étaient toujours ponctués de nombreuses balades à travers la classe par un peu tout le monde. Rien d'inhabituel.

Si Ron avait eu assez de force, il en aurait cassé sa baguette et troué le dos du survivant avec son regard noir. Cependant, il se contenta de faire de son mieux pour ne pas exploser en colère, conscient que cela ne ferait qu'empirer les choses.

"Salut Neville," dit joyeusement Harry, la né-moldue sur les talons. "Je pense que tu connais déjà Hermione Granger. C'est une de mes amies, elle est vraiment gentille et je suis sûr que vous pourrez vous entendre."

Hermione salua timidement Neville. À part Harry, elle n'avait aucun ami et les Gryffondor lui avaient facilement fait comprendre qu'elle était un peu trop sérieuse pour eux. Pourtant, Neville semblant très heureux de se mettre en binôme avec elle, le sien ayant commencé à discuter avec ses amis habituels à quelques tables de là. Ignorant Neville comme s'il n'avait aucune importance.

« Ce que les enfants pouvaient être cruels entre eux. » pensa Harry. Avait-il été ainsi lorsqu'il avait leur âge ?

Une image mentale d'une Hermione de onze ans pleurant dans les toilettes s'imposa à son esprit.

Ouais, il n'avait pas été bien différent…

Neville, maintenant en binôme avec la meilleure élève de Gryffondor, parvient à maîtriser le sort avant Ron, ce qui lui redonna confiance en lui. Surtout avec les félicitations du professeur et les encouragements d'Hermione, heureuse d'avoir un ami dans sa maison réceptif à sa volonté de transmettre tout ce qu'elle s'était évertuée à apprendre par cœur.

Le survivant regagna sa place rapidement, sous les coups d'œil curieux ou méfiants des Gryffondor. Peu importe, il était content pour ses deux amis. Il avait peur pour Hermione depuis un moment, remarquant que les Gryffondor la mettaient à l'écart à cause de lui.

Au déjeuner, alors qu'il s'empiffre à nouveau de sucre sous le regard courroucé de Drago et désintéressé de Poudlard qui s'occupait d'une énième histoire d'amour entre élèves, Harry repensa aux événements d'halloween. Le professeur de défense, le troll du professeur de défense et l'aventure dans les toilettes à cause du professeur de défense.

Il soupira de soulagement en se disant qu'il n'aurait pas à l'affronter cette fois et finit son repas satisfait sous le regard blasé de Drago.

Poudlard n'était pas à ses côtés pour une fois. Elle s'intéressait de plus en plus à ses deux petites Poufsouffle de sixième année qui se regardaient comme si elles étaient à deux doigts de se sauter dessus et de s'embrasser en plein milieu de la Grande Salle. Mais finalement, l'une d'elles se détourna, rougissante.

"Oh, c'est d'un ennui. Mais déclarez-vous, bon sang ! Vous n'allez pas y passer l'année !" cria Poudlard à travers la Grande salle en roulant des yeux. Bien sûr, personne ne l'entendit.

Harry était parvenu à développer une audition sélective et était maintenant parfaitement capable d'ignorer ses éclats aussi soudain qu'aléatoire.

Aujourd'hui serait une bonne journée.

Harry, au grand désagrément de Drago, se servit immédiatement en sucreries lorsqu'ils s'installèrent pour le dîner. Mais pour une fois, c'était parce qu'il savait qu'ils seraient bientôt interrompus et qu'il fallait en profiter avant que ce ne soit trop tard.

Il fut d'ailleurs le seul à continuer son repas dans une tranquillité maîtrisée lorsque le professeur Quirrell entra brutalement par la porte principale, criant et manquant de s'étaler sur les dalles de l'allée plusieurs fois sous les regards ronds de surprise des étudiants et des autres professeurs.

Finalement, le professeur de défense contre les forces du mal s'arrêta un peu à mi-chemin, le turban de travers et haletant comme un bœuf. Bégayant qu'il y avait un troll dans les cachots, et s'avanouissant brusquement par la suite tel une jeune demoiselle tombant dans les bras d'un prince.

Il était encore plus dramatique que Drago nota Harry avec un regard plat alors qu'il finissait son verre de jus de citrouille.

Comme la première fois, le chaos s'ensuivit. Dumbledore dût user de voix et de magie pour tenter de ramener le calme chez les élèves qui s'agitaient comme des poules dont le poulailler avait été envahi par un renard.

"Que les préfets escortent leurs condisciples dans les dortoirs de leurs maisons respectives," tonna le directeur.

Percy Weasley bouscula Harry, ordonnant à qui veut l'entendre de s'écarter de son chemin et de celui des autres Gryffondor.

"Les premières années, restez groupé, vous n'aurez rien à craindre du troll tant que vous serez avec moi."

Harry leva les yeux au ciel avec un sourire. Il doutait que Percy fasse réellement le poids.

"Attention, écartez-vous, laissez passer les premières années de Gryffondor," Continua le roux. "Allons, écartez-vous, je suis préfet, figurez-vous !"

Mais alors que la salle se vidait de ses élèves, Harry remarqua que les Serpentards ne bougeaient pas. Étonnant, eux qui sont pourtant peu courageux, avec un grand instinct de survie. Que leur arrivaient-ils ?

Et l'illumination se fit. Sa nouvelle salle commune était dans les cachots !

Il voulut se tourner vers les professeurs, mais tous étaient partis. Pas un n'était resté pour vérifier que tout irait bien pour les élèves. Même Rogue, qui était parti pour le troisième étage d'après les souvenirs d'Harry, laissa les Serpentards livrés à eux-mêmes, sans salle commune sécurisée où se réfugier.

En tant que bon prince, c'est Nerys qui prit les devants. Quelques ordres de sa part ont permis de retrouver le calme parmi les vert et argent, paniqués par le peu de protection dont ils disposaient.

Les ordres étaient simples : les étudiants de 5e, 6e et 7e années devront protéger les années plus jeunes, ne pas quitter la grande salle et rester sur leurs gardes au cas où le troll arriverait jusqu'ici, bien que peu probable.

Harry pensa, une fois de plus, à l'irresponsabilité des professeurs. Comment aucun d'entre eux n'ait pensé aux Serpentards et à leur problème de localisation de salle commune ?

"Tu viens seulement d'y penser aussi," se moqua Poudlard.

« Je ne compte pas ! Je suis un élève ! »

"Eux aussi et pourtant ils ont pensé à toi," rit l'âme en pointant deux Gryffondor du doigt.

Le survivant remarqua alors que Neville et Hermione étaient encore là. Eux ont pensé au fait que la salle commune de Serpentard se trouvait dans les cachots et étaient restés, inquiets pour leur ami commun. Les Serpentards les regardèrent d'un œil critique avant de se désintéresser d'eux. Deux Gryffondor dont une né-moldue qui s'inquiétait pour eux… comme c'était étrange et déstabilisant. Potter était vraiment quelque chose.

"Comment un troll a-t-il pu entrer dans le château ?" s'étonna Hermione.

« C'est vrai. Comment était-ce possible ? » pensa Harry.

Le brun n'était pas vraiment inquiet, il savait que le troll se baladait, mais aucune chance qu'il arrive jusqu'à la grande salle. De toute façon, Harry était bien trop occupé à rassurer ses amis.

Neville tremblait comme une feuille d'avoir non seulement désobéi aux professeurs, mais aussi de se retrouver coincé sans protection maintenant qu'aucun préfet ne pouvait les raccompagner dans la salle commune de Gryffondor.

Hermione était simplement horrifiée d'avoir désobéi aux professeurs. Elle avait agi par instinct, tout comme une bonne Gryffondor qui se respectait. Mais elle le regrettait un peu à présent.

Et Drago, bien qu'essayant au maximum de ne rien laisser paraître, avait peur pour sa vie. Il n'avait aucune chance face à un troll, et il le savait. C'est presque inconsciemment que sa main se leva pour s'agripper fermement à la manche de Harry qui ne fit rien pour s'en dégager.

Non, Harry n'était pas inquiet. Rien n'arrivera jusqu'ici, mise à part leurs professeurs et à la condition qu'ils se souviennent de la situation des Serpentards.

"Ça ira. Le Troll est dans les cachots, aucune chance qu'il parvienne jusqu'ici. Je suis sûr que les professeurs vont bientôt revenir nous chercher," dit Harry pour rassurer ses camarades.

C'est pourtant bel et bien un troll qui fit son entrée en défonçant les portes, et non pas les enseignants de Poudlard. Les bruits de pas lourds auraient d'ailleurs dû l'alerter. Tout comme l'odeur à faire vomir une goule qui se répandait de plus en plus dans la grande salle depuis quelques minutes…

Bien que cela aurait pu être Snape tant il lui arrivait d'empester les ingrédients de potion louches.

Les premières années, terrorisées, reculèrent en masse compacte et légèrement trébuchante, alors que les années plus élevées se tenaient devant, formant une ligne plus ou moins stable. Mais un troll adulte était difficile à combattre, particulièrement pour des élèves peu courageux comme les Serpentards.

Et malgré les compétences des Serpentards d'années supérieures, leurs sorts se retrouvèrent étrangement peu efficaces contre leur ennemi.

"Pourquoi le Stupéfix ne fonctionne pas?" se demanda Nerys à voix haute alors qu'il venait de lancer le sort en même temps que deux autres élèves de septième année. Les trolls n'étaient pas si résistants aux sorts pourtant.

Il vit alors la créature lever son énorme masse pour l'abattre sur lui et se protégea d'un sortilège Protego qui malheureusement ne résista pas longtemps. Le troll abattit une fois de plus sa masse, forçant les élèves sur son chemin à se disperser pour éviter d'être gravement blessés.

Dans l'action, certains en lâchèrent leur baguette et s'écroulèrent sur le sol, déséquilibrés par les dalles se fissurant sous l'attaque.

Ce fut particulièrement le cas de Gemma, la préfète de cinquième année, qui eut juste le temps de lever les yeux pour voir le troll prêt à l'écraser alors qu'elle tentait de se relever.

Drago tremblait aux côtés de Harry. Hermione était figée d'effroi et Neville était à deux doigts de s'évanouir. Le brun se délivra de la poigne de fer que son camarade avait sur son bras, se précipita devant Gemma et lança un puissant Repulsio pour faire reculer la créature sous le regard surpris des Serpentards qui s'écartèrent. Nerys se dépêcha de venir en aide à la jeune préfète pour l'éloigner de la bataille alors qu'elle avait laissé échapper sa baguette.

Harry enchaîna les sorts, mais il devait avouer qu'un troll des montagnes adulte était un peu plus résistant que prévu. Surtout qu'il voulait s'efforcer de n'utiliser que des sorts de première année. Juste au cas où. Il n'avait pas besoin d'une attention supplémentaire de la part du directeur si cela arrivait jusqu'à ses maudites oreilles qui traînaient partout.

"Locomotor Mortis !" fit Harry en pointant les jambes de la créature.

Les deux jambes, courtes et épaisses tels des troncs d'arbre, se collèrent entre elles. Mais ses pieds étaient si longs et si larges que le Troll en fut à peine déséquilibré. Cependant, il ne faisait plus attention à ceux qui l'entouraient. Il était bien trop occupé à tenter de décoller ses jambes à l'aide de ses mains.

Voyant qu'il n'arrivait à rien, il grogna et voulut abattre sa masse une nouvelle fois sur les vermines qui l'entouraient. Mais au lieu de faire un mouvement de haut en bas, il balaya tout ce qui se trouvait autour de lui avec un mouvement horizontal.

Harry eut juste le temps de repousser deux sixièmes années d'un mouvement de baguette avant de se baisser pour éviter lui-même la masse. Se relevant rapidement, le survivant décida d'arrêter de chercher une autre solution et lança le sort qu'il savait fonctionner.

Il utilisa le sort de lévitation dont Ron s'était servi la première fois et bloqua le troll dans les airs en visant les chaines et guenille qui s'enroulaient autour de son corps difforme. Lorsqu'il s'agitait un peu trop, le survivant le faisait s'écraser contre les murs pour l'assommer, brisant au passage quelques torches et fissurant légèrement un mur. Poudlard siffla de colère avant de grogner de mécontentement.

"Désolé," murmura-t-il à l'égard de l'école.

« Je t'ai fait mal ? » continua-t-il mentalement.

"Nan, j'ai connu pire. Mais ce n'est jamais agréable d'être frappé par un troll. Surtout qu'il laisse des taches suspectes sur mes merveilleuses pierres !" termina-t-elle en lançant un regard critique sur la marque du mur qui était d'une étrange couleur verdâtre.

« Comment a-t-il pu rentrer de toute façon ? N'y a-t-il pas de protection contre ce genre de… chose ? » demanda le survivant alors qu'il maintenait le troll assommé dans les airs sous les regards ahuri de ses camarades.

Lui-même devait avouer qu'il s'impressionnait. Cela ne devrait pas être aussi facile... Les cours supplémentaires n'ont pas pu lui permettre d'augmenter ses sorts, la magie ne fonctionne pourtant pas ainsi. Non pas qu'il s'en plaignait, mais il devait avouer qu'il ne comprenait pas lui-même d'où lui venait la puissance magique de ses sorts pourtant basiques.

"Les protections se baissent tous les ans le 31 octobre pour les rituels de la nouvelle année," dit Poudlard pour répondre à sa question en pinçant les lèvres avant de marmonner la suite. "A cette période, c'est aux professeurs d'assurer la sécurité des élèves avec des protections adaptées à Samhain et une surveillance plus accrue, mais comme tu peux le voir... leurs priorités ont largement évolué depuis ma création," grogna-t-elle avec mépris.

Harry n'eut pas l'occasion de lui demander de quel rituel l'esprit parlait. Le bruit, les coups contre les murs faisant trembler le château et les cris de rage du troll avaient, sans aucun doute, alerté le corps enseignant irréfléchi qui composait l'école.

Enfin, les professeurs McGonagall, Snape et Quirrell arrivèrent et constatèrent la présence des Serpentards et de deux élèves de Gryffondor. Alors qu'il souhaitait les gronder pour ne pas avoir écouté les directives du directeur, McGonagall cria de surprise en voyant le troll assommé dans les airs et Harry Potter qui le maintenait là avec sa baguette, comme si de rien n'était et sans aucune difficulté apparente.

"Qu'est-ce que c'est que ce désastre ? Qu'est-ce qui vous est passé par la tête ?" demanda-t-elle d'une colère glaciale.

Harry allait prendre la parole, mais la vieille femme le coupa.

"Vous pouvez vous estimer heureux de ne pas vous être fait tuer. Pourquoi n'êtes-vous pas dans vos dortoirs ? Je devrais vous retirer 50 points pour votre inconscience."

La bouche d'Harry se referma avec un claquement de mâchoire bruyant. Une colère sourde prit la place de son état détaché.

"Mon inconscience ?" demanda-t-il au moins aussi froidement que la directrice de Gryffondor.

Le plafond magique de la salle changea pour afficher un ciel nuageux. Poudlard mit ses bras autour de son corps, mimant une friction comme pour se réchauffer.

"J'ai… j'ai un peu froid là." dit-elle au vide.

"M. Potter, surveill-" commença Snape, mais Harry l'ignora.

"Peut-être ai-je mal entendu ?" continua Harry alors que la prise sur sa baguette se resserra si fort que ses jointures blanchirent.

Il relâcha le Troll qui s'écrasa sur le sol dans un bruit sourd, faisant sursauter les trois professeurs. Un léger cri de panique sorti de la gorge du professeur de défense. Harry reprit, toujours incapable de maîtriser sa colère.

"Parlons-nous bien de l'inconscience qui m'a permis de maîtriser un troll des montagnes adulte, que vous auriez dû gérer ? Mon inconscience de me souvenir que la salle commune de Serpentard se trouvait dans les cachots, précisément là où le professeur Quirrell a signalé la présence du troll ?"

Le professeur McGonagall et le professeur Quirrell le fixaient maintenant comme si une seconde tête lui était soudainement poussée sur l'épaule. Snape, quant à lui, fermait les yeux et tenta de calmer sa propre colère face à l'arrogance si évidente de cette version miniature de James Potter.

Les Serpentards, quant à eux, reculèrent d'un pas. Laissant leur camarade gérer la situation, en espérant qu'il puisse convaincre la vieille McGonagall de ne pas leur retirer de points.

Bien qu'ils doutaient un peu de la technique d'approche du survivant.

Après avoir simplement cligné des yeux, la directrice de Gryffondor se demanda un instant si elle avait halluciné la lueur qu'elle avait vue dans les yeux du garçon.

Le plafond de la grande salle se changea encore pour faire apparaître de gros nuages gris et quelques flocons.

"Winter is comming," lança Poudlard.

"Parlons-nous de cette inconscience-là, professeur McGonagall ? Ou peut-être parlons-nous de l'inconscience de tous les Serpentards qui ont choisi de rester dans une salle sécurisée avec une seule entrée et suffisamment éloignée des cachots pour éviter une rencontre inévitable avec le fameux troll ?" termina Harry avec une voix polaire.

C'était maintenant une tempête de neige en bonne et due forme qui se déroulait au-dessus de leur tête, mais seuls quelques Serpentards ayant levé les yeux au plafond purent s'en apercevoir. Poudlard claquait maintenant des dents dans un jeu d'acteur à couper le souffle. Quel dommage que nul ne pouvait apprécier sa performance...

"Dans ce cas… Je pense que 50 points pour Serpentard sont plus… judicieux," dit Serverus avec difficulté.

Pensez au bien-être de sa maison. Pensez au bien-être de sa maison. Et pas à ce foutu crétin à lunettes encore plus arrogant que son foutu paternel.

Son grincement de dents donna quelques frissons désagréables aux élèves l'ayant entendu.

"Vous plaisantez ?!" Le professeur McGonagall se tourna vers lui, outrée.

"M. Potter a vraisemblablement fait preuve de lucidité comme le reste de la maison Serpentard. Il s'est mal exprimé, sans doute encore un peu secoué par l'attaque du troll. Dont il a dû s'occuper… seul."

Par Hécate, les fondateurs et Merlin, le potionniste ne pensait pas qu'une phrase aussi simple pouvait être une telle douleur dans le cul.

Le professeur de métamorphose lança un regard courroucé à Harry avant de se tourner vers les deux seuls Gryffondor présents. Hermione fut la première à s'exprimer sous le regard scrutateur de sa directrice qui demandait des explications.

Explications simples, elle s'est inquiétée pour Harry et a voulu vérifier qu'il irait bien. Neville hochait vigoureusement la tête à ses côtés.

"Il faut beaucoup de courage pour venir en aide à ses amis. J'accorde 20 points pour Gryffondor à chacun de vous," dit la vieille femme en lançant un regard noir au professeur de potion.

Nul ne saurait dire qui était le plus étonné d'une telle déclaration. Snape, les Serpentards ou Hermione qui ne comprenait pas pourquoi elle était récompensée pour avoir enfreint les règles.

Neville était, pour sa part, mentalement absent et terriblement concentré dans le but de ne pas s'évanouir ou faire une crise d'angoisse. Il sortit trois petites dragées multicolores en forme d'étoile qu'il avala pour se calmer. Finalement, les pilules pour l'angoisse étaient, peut-être, vraiment nécessaire, que la conscience professionnelle de Pomfresh soit damnée.

"Parvenir à vaincre un troll des montagnes adulte seul est assez impressionnant. 10 points supplémentaires pour Serpentard," dit Snape en rendant un regard sombre au professeur de métamorphose. Il avait complètement occulté le fait d'avoir donné des points à Harry.

Et c'est presque un match de tennis qui s'en suivit. Les élèves tournant leur regard vers chaque professeur à tour de rôle, alors qu'ils rajoutaient des points à leurs maisons respectives au compte-goutte pour des raisons aussi futiles que stupides.

Bien que personne ne puisse dire qui était le plus étonné, il était clair que le plus agacé par la situation était Harry. Il grogna de colère, mais Drago lui attrapa le bras avec un mouvement de tête, l'invitant à laisser tomber. Harry, presque fou de rage, quitta la Grande Salle avec ses amis sur les talons, suivi de près par les Serpentards, eux aussi un peu sonnés par cet étrange retournement de situation qui leur avait permis de gagner autant de points.

Les Serpentards de sixième et septième années entourèrent Nerys qui lançait un regard pensif au survivant alors que celui-ci quittait la Grande Salle. Ses yeux bruns croisèrent les regards étonnés, sceptiques et méfiants des autres membres haut placés de sa maison et il fredonna pensivement, comprenant leur demande implicite.

"Nous en parlerons ce soir," dit-il mystérieusement avant de quitter la salle à son tour, suivi des derniers Serpentards qui étaient restés à ses côtés.

D'un simple regard, il fit taire les quelques chuchotements déjà conflictuels entre les membres de sa maison à propos de leur jeune recrue de première année. Il ne prit pas la peine de se répéter, ce simple avertissement fut suffisant pour réduire les quelques perturbateurs un peu trop impatients au silence. Les deux élèves avaient immédiatement cessé leur conversation et baissaient maintenant les yeux dans un silence tendu, n'osant même pas s'excuser.

Nerys reprit sa route, un sourire discret étirant ses lèvres. Cette réunion risquait d'être plus intéressante qu'il ne l'imaginait. Ses camarades n'étaient pas du même avis, et à ses yeux, rien n'était plus divertissant qu'un bon débat.

Le lendemain, Harry avait un nouveau surnom qui était mystérieusement parvenu à faire le tour de l'école avant le petit-déjeuner :

« Le chasseur de troll. »

Mais lui connaissait la vérité, il devrait être surnommé le maudit.

Ailleurs, c'est-à-dire dans le bureau du directeur, le professeur McGonagall avait une réunion très importante avec Dumbledore.

"Ses yeux étaient rouges, Albus !" s'exclamait-elle. "Je ne sais pas ce qu'a ce garçon ! Mais… vous auriez dû le voir ! Il… il était presque effrayant !"

"Du calme, Minerva, du calme. Ce n'était sans doute rien," répondit le directeur avec un léger mouvement de la main.

"Albus. Il ne va pas bien. Pas bien du tout. Peut-être a-t-il vraiment été maudit cette nuit-là? Quelque chose cloche, enfin !"

"Minerva. Nous n'en parlerons plus," dit doucement le directeur en la regardant par-dessus ses lunettes en demi-lune.

Et juste ainsi, le professeur McGonagall se tut et quitta simplement la pièce d'un pas légèrement mécanique sans protester à nouveau.