Mage Seigneurial

Chapitre 24 :

Volonté

Ce fut une bonne partie de l'après-midi que Harry parla de la guerre avec Snape et McGonagal, les interrogeant l'un et l'autre sur Voldemort et l'Ordre. Les deux adultes comprirent alors que non, il n'avait pas décidé d'ignorer la guerre mais qu'il avait simplement changé sa manière de faire, les gens avec qui il se battait. Et cela lui réussissait visiblement puisqu'il était plus efficace que l'Ordre, était bien informé, tenait des points clefs de la guerre entre ses mains… Ce fut impressionnés qu'ils quittèrent le château Potter, se demandant ce que tout cela allait donner. De toute évidence, le jeune homme se débrouillait très bien et cela changea leurs regards sur lui. Il n'avait pas laissé la guerre de côté, il n'ignorait pas son rôle. Bien au contraire, il l'assumait plus que jamais.

Le lendemain, Harry reprenait ses cours particuliers avec ses professeurs comme l'été précédent. Maintenant qu'il était en forme, il travaillait avec plus d'intensité encore. Il n'était désormais plus un débutant dans ces matières et il avançait bien plus vite, accélérant le rythme. Ses entraînement au duel et au combat qu'il avait six jours par semaine se faisaient plus sérieux encore. Il ne risquait plus de se briser en prenant un coup ou un sort et cela avait libéré les choses. Il s'entraînait avec Bastide, avec Arthur, avec Avismark aussi. Il avait découvert que le gobelin était un prodigieux combattant et s'entraîner avec lui était enrichissant. Il était aussi prévu que Bibine vienne régulièrement pour s'entraîner à l'icarel et le jeune lord continuait lui même de son côté à s'y entraîner. Harry continuait à travailler sans relâche sur tout ses projets.

Ce fut dés le premier week-end que Harry entreprit une chose pour laquelle il travaillait depuis longtemps. Pour le faire, il se rendit au château Peverell avec Amcinthe, Arthur et Avismark. Il avait pris un moment pour se promener dans ce lieu magnifique pour lui. Mais il était venu pour une chose précise aujourd'hui. Aussi, il rejoignit l'une des salles de magie du château. Il y en avait plusieurs, enchanté pour donner le meilleurs environnement possible pour les actes magiques complexes. Elles empêchaient les magies extérieures d'interférer entre autre chose. Celle que Harry choisit était une pièce ronde, aveugle et simple. Ces salles n'avaient rien d'impressionnant lorsque l'on regardait ainsi mais elles étaient précieuses.

Il demanda à ses amis de rester à l'extérieur avant de fermer la porte. Il sortit sa baguette pour se mettre à tracer les cercles magiques dont-il avait besoin. Cela fait, il s'entailla une main pour y ajouter les runes de sang nécessaires puis les glyphes écrites avec sa magie pure. Il prit son temps pour le faire avec grand soin, ne pouvant se permettre de se tromper. Lorsqu'il eut terminé, il fit apparaître ses précieux livres pour vérifié qu'il n'avait pas fait d'erreur, souriant lorsqu'il constata que tout était correct. Il fit donc disparaître ses ouvrages et ajouta la seule chose qu'il manquait : les horcruxes qu'il avait déjà. Il prit son coffre sceau, l'ouvrant, faisant léviter le médaillon, le diadème et la chevalière pour les placer sur son cercle. Prêt, il leva sa baguette pour se mettre à incanter en celte druidique. Après un instant, des tourbillons de magies commencèrent à se manifester, autour de lui, une puissante énergie s'accumulant dans son cercle. Il continua sans se déconcentrer, les horcruxes s'auréolant doucement de lumière.

Quelques instants encore et des filins rouges se matérialisèrent à partir de chaque horcruxe pour disparaître dans les airs près du plafond. Harry continua, déversant plus de magie encore dans son rituel. Doucement, les trois bijoux se mirent à léviter dans les airs, allant se placer au dessus du périmètre du cercle. Le jeune lord termina alors son incantation, donnant une dernière grande dose de magie au rituel. L'opération terminée, il se laissa tomber sur ses genoux, épuisé. Mais il n'avait que faire de cela, regardant autour de lui avec espoir pour voir si cela avait fonctionné. Il retint son souffle, souriant lorsqu'il vit quatre autres filins apparaître depuis le plafond, descendre à la même hauteur que les horcruxes et faire apparaître des images lumineuses en trois dimension. Le cercle magique qui s'était illuminé s'éteignit alors doucement jusqu'à n'émettre qu'une légère lueur, le rituel clos.

Reprenant son souffle, Harry se leva en vacillant pour aller voir ça. Les horcruxes et les images magiques formaient un arc de cercle et resterait jusqu'à ce qu'il annule le rituel. Il observa les images magiques, l'identification de tout les morceaux de l'âme de Tom grâce au lien qui existait entre eux. La première était la coupe de Poufsouffle qu'il avait vu dans les souvenir de Tom. Venait ensuite un serpent qu'il connaissait : Nagini. Alors Voldemort avait transformé Nagini en horcruxe ? C'était tordu mais ça lui ressemblait bien. À côté, il y avait une image du journal de sa seconde année mais elle était comme éteinte, bien moins lumineuse que les autres et Harry savait que cela signifiait sa destruction. Et enfin, il y avait une image de Tom lui même. Chaque part d'âme qui n'était pas physiquement présente était soulignée de coordonnées géographiques les localisant. Ainsi, il saurait où était chacune d'entre elle.

D'un geste, il ouvrit la porte, laissant Arthur, Amcinthe et Avismark entrer. Ils le rejoignirent rapidement, observant le résultat. Voyant parfaitement la faiblesse du lord, Amcinthe vint lui offrir son soutient, inquiet pour lui. Harry l'accepta, lui souriant avec réconfort.

- Il y en a donc deux à récupérer, posa Avismark. La coupe et le serpent.

- Oui, approuva Harry.

- La coupe est à Gringotts Londres, nota le gobelin en les surprenant. Ces coordonnées sont celles de Gringotts Londres.

- Je vois. Bellatrix l'a probablement caché dans un coffre, comprit le jeune homme. Le bon côté est que si le rituel pour les faire venir fonctionne, il y a peu de chance qu'on remarque sa disparition. La magie de Gringotts empêchera-t-elle le rituel de fonctionner ? demanda-t-il à Avismark.

- J'en doute. La magie de Gringotts peut bloquer beaucoup de chose mais une magie aussi puissante que la magie d'âme… Vous avez réussi à remonter jusqu'à la coupe alors la faire venir devrait fonctionner aussi.

- Espérons le. Nagini est un problème en revanche. Elle est avec Voldemort la plus part du temps. Si elle disparaît, il s'en rendra compte et risque de se douter de quel que chose.

- Pouvez-vous simplement faire venir la coupe dans un premier temps ? demanda Arthur.

- Oui. Ce rituel et celui de convocation sont deux choses différentes. Je pourrais cibler les parts d'âmes que je souhaite en l'utilisant.

- Et si Voldemort créé d'autres horcruxes ? demanda Avismark.

- Ils apparaîtront ici avec les autres, répondit-il. C'est toute la beauté de ce rituel et tant que je ne le brise pas, il restera actif. Les horcruxes que je convoquerai prendront la place de leur image ici. Seulement, si j'en retire un pour le détruire, le rituel est brisé alors il faudra choisir le bon moment pour le faire.

- Existe-t-il une magie qui puisse séparer le morceau d'âme de son contenant ? demanda Arthur.

- Oui, approuva Harry. Vous pensez à séparer le morceau de Nagini et la renvoyer près de lui ?

- Oui. Pourrait-il se rendre compte qu'elle n'est plus un horcruxe ?

- Assurément, confirma-t-il en le faisant soupirer. Lui plus que n'importe qui d'autre peut s'en rendre compte. Nous, nous sommes déjà capable de sentir un horcruxe à l'énergie qu'il dégage, lui aussi. Il sentira la différence.

- Le fait que ce pseudo seigneur des ténèbres se rendent compte que ses horcruxes disparaissent est-il vraiment un problème ? demanda Amcinthe. Il sait qu'il ne peut pas en fabriquer à l'infini. Il en a déjà fait trop et s'il en fait d'autres, le rituel le repérera. Cela pourrait aussi jouer en votre faveur milord. Cela pourrait lui faire peur. Il saura que son secret est découvert et cela le déstabilisera, l'affaiblira.

- C'est vrai mais cela le rendrait plus fou encore et un Voldemort plus fou, c'est un Voldemort plus violent, plus destructeur et plus meurtrier. Je ne sais pas si ce serait une bonne chose.

- C'est un fait à prendre en compte, approuva Arthur. Cela pourrait le pousser à se cacher, se protéger mais ça pourrait aussi le pousser à plus de folie.

- Je pourrais déjà convoquer la coupe et le journal. Même s'il est détruit, il porte les trace de son âme et renforcera le rituel d'identification et de localisation, remarqua-t-il. Pour Nagini… Je vais y réfléchir.

- En attendant, vous devriez rentrer vous reposer, posa Amcinthe. Vous avez réussi ce rituel à la perfection mais cela vous a épuisé.

- Amcinthe a raison, appuya Arthur. Mieux vaut rentrer. Il est presque l'heure de dîner et une nouvelle fois, vous avez fait un gigantesque pas en avant aujourd'hui. C'est assez pour une journée.

Harry approuva et ils rentrèrent. Comme il l'avait dit, la semaine suivante, Harry donna lieu à un rituel de convocation d'âme pour faire venir la coupe et le journal. Si cela lui demanda un rude effort, il y parvint, infiniment soulagé de voir que tout le travail qu'il avait fait sur les magies d'âmes portait ses fruits et qu'il pouvait faire venir les horcruxes. Il les avait tous si ce n'était Nagini et c'était un grand avantage. Restait à décider quand les détruire.

Le lendemain de cette convocation, Harry recevait les jumeaux et Hagrid au château, ravi de les voir. Ce fut avec fierté qu'il les emmena visiter sa maison, allant voir Buck qui fut ravi de voir le demi-géant. S'ils passèrent d'abord un moment léger, l'ambiance se fit ensuite plus sérieuse pour parler de l'Ordre. Sachant qu'il n'avait pas coupé les ponts avec Fred et George, l'Ordre ne cessait de les interroger pour savoir ce qu'il pouvait leur dire, savoir s'ils savaient où il était, ce qu'il faisait, qui était avec lui… Ils disaient toujours qu'ils ne savaient rien, que Harry avait prévu qu'ils les questionneraient et qu'il ne leur parlait pas à cause de ça. Mais ils n'hésitaient pas à parler à Harry :

- Dumbledore continue à chercher quel que chose sans dire quoi à personne, fit Fred.

- On pense que Snape et McGo savent, ajouta George. Mais ils nous disent rien.

- Sinon, ils cherchent à rallier du monde, reprit son frère.

- Mais personne ne veut rejoindre Dumbledore.

- Ils ont trop peur.

- Il n'y a que les centaures de la Forêt Interdite qui acceptent de se battre et seulement si c'est Poudlard qui est attaqué, expliqua Hagrid.

- Ce n'est pas comme s'ils étaient libres de se déplacer pour se battre ailleurs, soupira Harry. Cela et les peuples magiques ne voient assurément pas plus d'intérêt de se battre pour Voldemort que pour Dumbledore et le Ministère.

- L'armée de Tu-sais-qui ne cesse de grandir, posa Fred.

- Et on pense qu'il ne va pas tarder à tenter de prendre le Ministère, ajouta George.

- Oui, c'est ce que je pense aussi, approuva-t-il. De toute façon, d'après ce que j'ai entendu, c'est comme s'il l'avait déjà avec tout les agents qu'il y a.

- Le Chemin de Traverse commence à se vider, remarqua Fred. Les commerçants pensent à fermer et à s'en aller avec la multiplications des attaques et la baisse de fréquentation.

- Cela ne me surprend pas. Vous allez rester ouvert ?

- Aussi longtemps qu'on pourra.

- Si ça devient trop dangereux, on fermera jusqu'à la fin de la guerre.

- Ce serait plus prudent, approuva-t-il. Ils savent que vous faîtes partis de l'Ordre et ils pourraient vous attaquer juste pour ça. Cela ne sert à rien de persister juste pour l'image. Savez-vous qui l'Ordre tente de recruter ?

- Dumbledore et nos parents font pression sur Charlie, répondit Fred.

- Votre grand-frère dragonnier ? voulut-il confirmer.

- Oui, approuva George.

- Ils veulent qu'ils persuadent les dragonniers de la réserve roumaine de venir se battre avec nous.

- Mais Charlie refuse.

- Il n'aime pas Dumbledore et l'Ordre.

- Son instinct ne les aime pas.

- Et Charlie a un instinct très puissant comme un dragon, s'amusa George.

- Alors il refuse de leur parler.

- Y-aurait-il une chance que les dragonniers roumains aident ? questionna-t-il. Quels intérêts auraient-ils à le faire ?

- Aucune idée, répondirent-ils.

- Au fait, Bill et Fleur se marient toujours cet été malgré ce qu'il se passe ? demanda-t-il pour changer de sujet.

- Oui. Ils ne veulent pas annuler et laisser la guerre leur prendre ça, surtout depuis que Bill a été blessé par Greyback.

- Est-ce qu'il va bien ? s'inquiéta Harry. On n'a pas eu beaucoup d'occasions de parler mais c'est quelqu'un de bien.

- Il va bien. Il le gère bien, sourit Fred.

- Fleur aide pas mal, ajouta George avec un sourire plein de sous-entendu qui les amusa tout les quatre.

- Tant mieux.

- Tu es invité au mariage tu sais, remarqua Fred.

- Ils savent que tu as rompu avec l'Ordre et pourquoi, ajouta son frère. Ils sont d'accord avec ça comme nous. Mais tu restes leur ami alors ils aimeraient que tu sois là.

- C'est gentil mais c'est une mauvaise idée, remarqua-t-il. Ma présence ne ferait que donner une raison de plus aux mangemorts pour attaquer et je ne veux pas gâcher leur mariage. Je leur écrirai et je leur enverrai mon cadeau avec mes excuses.

- Ils ne t'en voudront pas pour ça, assura George.

Ils discutèrent encore un moment avant que les jumeaux et Hagrid ne repartent. Après leur départ, Harry rejoignit son bureau pour travailler même en ce dimanche. Si Arthur vaquait à ses occupations il ne savait où, ne se montrant pas à ses invités, Amcinthe s'était glissé dans son ombre, insistant pour rester à ses côtés. Il en ressortit, venant s'asseoir à califourchon sur une chaise face à lui :

- Vous devriez prendre un jour de repos milord. Vous n'avez pas arrêté une seule seconde depuis que je suis avec vous, remarqua-t-il.

- Je suis un hyperactif de nature, sourit-il. J'ai toujours du mal à rester en place. Vous n'avez pas besoin de m'appeler « milord » vous savez.

- Cela vous va bien et vous êtes un lord, remarqua-t-il. Quatre fois qui plus est.

- Je n'ai pas l'habitude de ce genre de chose et cela me paraît étrange avec vous.

- Vraiment ? Comment devrais-je vous appeler dans ce cas ? demanda-t-il.

- Comme vous en avez envie, répondit-il sans vraiment réfléchir.

- C'est entendu très cher, sourit-il en le surprenant.

Harry le fixa un instant, perturbé par l'appellation, ne sachant pas trop quoi en penser. Instinctivement, il aurait d'abord cru qu'on se moquait de lui mais il voyait bien dans l'aura du démon qu'il n'y avait aucune moquerie, très loin de là, juste un plaisir doux.

- Vous avez dit comme je veux, très cher, appuya Amcinthe en roucoulant.

- C'est vrai, concéda-t-il en retournant son regard sur ses livres.

- Vous avez assez travaillé, remarqua plus sérieusement le démon en se levant. Venez, pria-t-il en lui tendant une main. Allons faire autre chose. Vous aimez voler non ? Allons voler ensemble. J'ai besoin de me dégourdir les ailes.

Harry regarda sa main tendue, se disant que c'était une bonne idée et il fit par la saisir. Amcinthe en profita pour lui faire prendre son bras, embarrassant un peu le lord qui le laissa pourtant faire. Le démon le conduisit dehors, le poussant à faire apparaître son balai et bientôt, ils étaient tout les deux dans les airs, se promenant. Harry se détendit alors, souriant, se relaxant. Il jeta un coup d'œil au démon qui planait près de lui, élégant et majestueux avec ses grandes ailes. Cela devait vraiment être génial d'avoir ses propres ailes. Après un moment de promenade tranquille, Amcinthe l'entraîna dans une course puis une série d'acrobaties qui parvinrent à le faire éclater de rire comme cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait. Le démon ralentit alors, revenant à sa hauteur pour le regarder rire. Il vint d'ailleurs se placer derrière lui, intriguant le jeune homme qui le regarda faire avec perplexité. Amcinthe vint s'asseoir sur son balai derrière lui, se collant à son dos, enroulant ses bras autour de son ventre et se blottissant contre lui en ronronnant presque.

- Vous êtes absolument irrésistible quand vous riez, roucoula-t-il.

Harry sentit ses joues surchauffer littéralement, son cœur accélérant sans contrôle. Pourtant, c'était tellement agréable. Lui qui était plutôt mal à l'aise avec le contact physique se retrouvait soudain à aimer ça, perturbé par sa propre réaction. Amcinthe se faisait toujours très proche de lui mais il avait du mal à comprendre ce qu'il voulait exactement.

- Qu'est-ce que vous faîte ? bégaya-t-il.

- Je vous manifeste de manière claire et physique mon affection, répondit-il sans hésiter en le stupéfiant un peu plus.

- Votre affection ? releva-t-il.

- Exactement. Cela vous dérange-t-il ?

- Non, répondit-il avec hésitation en regardant devant lui.

Il sentit le démon très heureux derrière lui, se blottissant davantage dans son dos et il ne comprenait toujours pas ce qu'il voulait véritablement. Cela, Amcinthe sembla le sentir, posant son menton sur son épaule :

- Savez-vous seulement ce que cela veut dire ? Que quelqu'un vous témoigne son affection de cette manière ? demanda-t-il doucement.

- Euh… non, réalisa-t-il avec soupir triste.

- Avez vous une idée du pourquoi j'ai répondu à l'invocation ? questionna-t-il alors.

- Pour l'offrande ? supposa-t-il.

- Une offrande absolument exceptionnelle, divine, puissante et unique. Jamais on n'avait vu cela. Mais non, ce n'est pas pour l'offrande. Si les démons apprécient les offrandes de qualités, ils ne se reposent pas sur elle pour choisir un pacte, à moins que l'offrande soit une chose qu'ils convoitent. L'offrande n'est qu'une sorte de salaire pour s'offrir nos services, pour prétendre à tel ou tel catégorie de démon, plus ou moins puissant.

- Alors pourquoi avoir répondu ?

Harry saisit avec joie l'occasion de poser cette question qui lui tournait dans la tête depuis deux mois et demi, depuis que Amcinthe était apparu.

- Chaque démon a ses critères pour choisir un pacte, commença-t-il. Bien souvent, c'est parce qu'il nous offre l'occasion de faire quelque chose que l'on apprécie : combat, aventure, recherche… En général, nous sommes invoqués pour combattre, protéger, servir, donner du pouvoir… Nous choisissons les pactes qui nous permettent de faire quel que chose d'attrayant ou d'être avec des personnes intéressantes. Mais le premier critère est la personnalité, l'âme de l'invocateur. Ce n'est pas pour rien si le rituel du pacte nous permet de voir cela. Autant nous lier avec des êtres qui répondent à nos critères. Certains choisissent des personnes qu'ils peuvent manipuler, d'autres qu'ils peuvent admirer, d'autres qui leur ressemble… Bref, le choix tiens à la fois de l'offrande, des possibilités du pacte, de ses exigences bien sûr et de la personnalité.

- Cela ne me dit pas ce qui vous a décidé vous ? remarqua-t-il.

- J'y viens très cher, s'amusa-t-il. Pour vous, il y avait bien sûr l'offrande très alléchante mais ce n'est pas pour ça que je suis venu. Le pacte n'a quasiment aucune exigence si ce n'est la destruction des horcruxes, une chose très simple pour un démon. Les contraintes sont quasi inexistantes avec vous alors ce n'est pas un critère. Quand à ce que vous permettez de faire, les possibilités sont infinies puisque vous m'avez laissé toute ma liberté. Seulement, avant de sceller le pacte et de venir, savoir ça ne nous dit pas vraiment ce que cela nous permet. Votre pacte était très vague.

- J'en suis désolé. C'était la première fois que je faisais cela.

- Vous n'avez pas à vous excuser, ce n'est pas un reproche. Un peu de simplicité fait du bien. Les invocateurs ont tendance à être extrêmement pointus et tatillons dans leur pacte et ils les font si longs qu'on en perd le fil. Avec vous, facile de saisir ce dont-il s'agit. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le pacte qui m'a fait venir, c'est vous.

- Moi ? releva-t-il perplexe.

- Oui, vous et votre âme magnifique, resplendissante, puissante. Vous et votre esprit chevaleresque, honorable, fier, digne, incroyable… Vous êtes extraordinaire, dit-il avec passion, parfait.

- Je ne pense pas être parfait, tempéra-t-il avec embarras.

- Vous l'êtes pour moi. Vous êtes parfait et je devais absolument être avec vous après avoir vu cela. Des êtres comme vous, je n'en n'avais jamais croisé. Vous êtes unique. Vous êtes absolument désirable, fabuleux, séduisant et fascinant.

- Vous en faîte trop non ? remarqua-t-il d'autant plus embarrassé qu'un coup d'œil sur le démon lui prouvait sa sincérité flamboyante.

- Non, je suis même très loin d'en faire assez très cher. Vous n'imaginez pas à quel point je vous trouve merveilleux. C'est pour ça que je suis venu. Parce que je ne pouvais pas ne pas être avec vous après vous avoir rencontré.

Perturbé et incroyablement touché par son discours, Harry sourit légèrement, sentant les larmes lui brûler les yeux. C'était bien la première fois qu'on lui disait de telles choses avec honnêteté et sans arrière pensée. Il avait été complimenté par Adélème, Arthur, Isaac, ses professeurs particuliers… Mais Amcinthe le faisait avec une toute autre intensité et cela lui fit chaud au cœur sans qu'il puisse l'expliquer et le comprendre vraiment.

- Merci, murmura-t-il finalement. J'espère ne pas vous décevoir.

- Il n'y a aucune chance très cher, assura le démon joyeux.

Se sentant particulièrement bien à cet instant, Harry prolongea la balade, se surprenant à vouloir que Amcinthe reste là contre lui. Il était plus grand que lui et l'englobait presque de sa silhouette. C'était incroyablement sécurisant et confortable. Son passager ne protesta pas un seul instant de le voir pousser la promenade, rayonnant même de plaisir en le tenant étroitement contre lui. Ce moment de vol fit un bien fou au jeune homme qui termina son dimanche en compagnie d'Amcinthe, se détendant. Le discours du démon ne fit que l'encourager à être meilleur encore et de plus en plus, un problème se posait : l'armée de Voldemort. Il ignorait encore comment cela allait se passer et il n'était pas exclu que Tom lâche son armée sur eux en restant bien caché pour attendre le bon moment. Il pourrait s'entraîner toute sa vie qu'il serait incapable d'affronter toute une armée à lui seul. Il lui fallait des alliés mais il savait que pour le moment, il n'avait pas assez d'argument pour convaincre qui que ce soit de l'aider.

Il y avait cependant une chose susceptible de lui donner plus de poids : prêter le serments des lords. Un serment magique puissant qui lui donnerait du pouvoir mais qui l'astreindrait aussi à protéger et servir le monde magique dans son entièreté entre autres choses. Cela n'aurait pas grande importance pour les sorciers mais ça pourrait en avoir pour certains lord et surtout pour les peuples de créatures magiques susceptible de pouvoir lui venir en aide. Avec cela, ils sauraient qu'il ne leur mentirait pas en disant qu'il ferait tout ce qu'il pourrait pour les défendre et rétablir leurs droits après la guerre. Il en avait déjà la ferme intention mais les intentions ne suffiraient pas pour convaincre. Il avait besoin de preuves et ce serment serait la meilleures des preuves.

Seulement, pour pouvoir prêter ce serment, il devait trouver la Citadelle, l'ancienne place forte des lords au Royaume-Unis. C'était un lieu hautement magique où devaient se trouver tout les secrets des lords, de leur magie. Un lieu en grande partie bâtie par la magie. Un lieu que les lords avaient délaissé en perdant leur pouvoir au fil des siècles, jusqu'à l'abandonner. Aujourd'hui, plus personne ne savait où elle se trouvait. Cette information, seul les lords et leurs héritiers en titre pouvaient l'avoir autrefois. Aussi, quand ils l'avaient oublié, plus personne n'avait su. Harry avait eu beau cherché, il n'avait pas trouvé le moindre petit indice sur la Citadelle. S'en était à tel point que presque plus personne, même parmi la noblesse, ne savait qu'elle existait. Adélème ne savait rien à son propos et n'avait pas pu trouver quoi que ce soit. Il n'en restait plus une trace si ce n'était quelques allusions dans de très anciens ouvrage et dans l'héritage oral que quelques uns perpétuaient. Adélème en faisait parti. Harry se demandait d'ailleurs si cet effacement, cet oubli, n'était pas une punition. Une punition de la Magie pour les lords qui avaient abandonné leurs devoirs. Elle les avait privé de leur sanctuaire, c'était la seule explication que le jeune homme pouvait trouvé à l'absence totale d'indice quelconque. Il aurait dû rester des traces. Les lords d'autrefois avaient forcément laissé des choses derrière eux. Pour qu'il n'y ait rien ainsi, c'était intentionnel et aucun être mortel n'aurait pu tout effacer si minutieusement.

Malheureusement, si sa supposition était exacte, il pouvait chercher autant qu'il voulait, il ne trouverait rien. Aussi, il avait réfléchi à un autre moyen de la trouver. Si son intuition était juste et que la Magie leur avait retiré leur sanctuaire, la Magie pouvait leur rendre. Il fallait lui demander. C'était pour cette raison que ce jour là, Harry s'était isolé dans une salle de magie du château Potter. Il avait mis en place un complexe rituel fait d'une superposition de cercles magiques, de plantes, de bougies et d'objets en tout genre. Le but était d'entrer en communion avec la Magie pour lui soumettre une requête. C'était un rituel de lord qu'eux seuls pouvaient pratiquer, la présence des chevalière indispensable, un titre légitime indispensable. Il nécessitait un long chant en celte druidique et une grande offrande de magie. Tout cela sans aucune certitude de succès. Ce serait à la Magie de décider de répondre ou pas. Il avait tenté sa chance, chantant du mieux qu'il put, donnant sa magie, priant la Magie de le laisser retrouver la Citadelle pour prêter serment. Il avait terminé depuis un moment, assis au milieu de son cercle et depuis un moment, il laissait la magie couler dans le rituel pour l'alimenter, maintenir le lien puissant avec la Magie aussi longtemps qu'il pouvait, attendant désespérément une réponse.

Les secondes et les minutes coulèrent et coulèrent encore dans un silence de plomb, tout le éléments de son rituel consumés. Sa magie fila sans qu'il ne se passe rien et il commença à manquer de souffle, sa vue se troublant, son corps se mettant à trembler sous la faiblesse. Mais il refusait d'abandonner, suppliant la Magie de lui répondre, de l'aider. Déterminé, il tint, voulant lui prouver sa force et sa volonté, jurant en pensée qu'il ne la décevrait pas, qu'il remplirait son devoir, qu'il ferait tout ce qu'il pourrait, qu'il était prêt à donner sa vie pour elle et son monde… Il finit par s'écrouler au sol, ne parvenant plus à tenir assis. Pourtant, il tenait encore le lien, désespérant quand il sentit l'inconscience s'approcher. Il s'entêta encore donnant jusqu'à la dernière miette de son énergie avant de fatalement sentir son rituel s'évanouir. Il s'éteignit complètement et il sentit les larmes lui brûler les yeux face à cet échec, face à ce silence de la Magie. Perdant doucement connaissance, il se reprit pourtant, se jurant qu'il y arriverait, qu'il trouverait la Citadelle, qu'il prêterait serment un jour ou l'autre et que d'ici là, il serait un lord exemplaire et ferait comme s'il avait prêté ce serment. Il servirait le monde magique ferait de son mieux. Ce fut sur cette volonté, alors que le rituel était terminé depuis un moment, que finalement, il eut une réponse. Un éclat de magie puissant l'entoura et brusquement il sut, il sut où était la Citadelle. Souriant, murmurant un faible remerciement, il se laissa tomber dans le noir, jurant d'être digne de cet honneur.

Lorsqu'il se réveilla, ce fut bien difficilement que Harry reprit ses esprits, se sentant engourdi et fourbu. Il réfléchit pour rapidement se rappeler de ce qu'il s'était passé, souriant au souvenir de la réponse qu'il avait obtenue. Il ouvrit les yeux tombant sur le visage inquiet d'Amcinthe. Clignant des paupières, il se rendit compte que Isaac était juste à côté, Arthur, Adélème, Avismark, Dobby, Ori, Mella et Dorémi présents également dans ce qui s'avéra être sa chambre. Il était dans son lit et il se demanda comment il s'y était retrouvé. Mais la réponse était évidente : l'un d'eux avait dû le découvrir inconscient et alerter les autres. Il vit son médicomage venir se pencher sur lui :

- Harry ? Est-ce que vous m'entendez ? demanda-t-il doucement.

- Oui, répondit-il. Bonjour Isaac.

- Bonjour, rendit-il en lui souriant. Comment vous sentez vous ?

- Sonné et engourdi, soupira-t-il.

- Cela n'est pas surprenant. Vous avez besoin de vous reposer, remarqua-t-il. Vous avez perdu quasiment toute votre magie.

Se réveillant, le jeune lord se redressa lourdement, rapidement aidé par Amcinthe qui bouscula presque Isaac pour venir l'aider à s'asseoir. Loin de s'en vexer, le médicomage eut l'air amusé, se poussant pour le laisser faire. Harry s'assit, remerciant le démon, souriant aux autres pour les rassurer alors qu'il sentait l'inquiétude générale.

- Que s'est-il passé Harry ? demanda Adélème en venant s'asseoir sur le lit. Amcinthe vous a trouvé dans votre salle de magie dans un état de grande faiblesse magique. Est-ce que ce que vous souhaitiez faire s'est mal passé ?

- Non. Cela a fonctionné mais ça m'a demandé beaucoup plus de magie que je ne l'avais imaginé.

- Que vouliez vous faire qui demande autant ? demanda Arthur.

- Navré mais c'est personnel. C'était une chose très importante pour moi.

Personne ne lui en demanda davantage, acceptant simplement cette réponse.

- Quoi qu'il en soit, cette énorme dépense de magie a été un choc pour votre corps, un vrai choc, posa sérieusement Isaac. Vous devez vous reposer et rester au lit jusqu'à demain au moins.

- Est-ce vraiment nécessaire ? demanda-t-il toujours réticent à ce genre de chose.

- Harry, vous êtes resté inconscient une vingtaine d'heures, posa-t-il en le surprenant. Votre magie était dramatiquement faible. J'ai dû vous donner un puissant élixir de renforcement magique pour vous stabiliser. Alors prenez ce temps de repos au minimum, le temps que votre magie remonte un peu.

- Très bien. Navré de vous avoir inquiété. Je n'avais vraiment pas prévu que ça m'épuise autant.

- Est-ce que cela en valait la peine ? demanda Adélème.

- Oui, très largement, approuva-t-il.

- Alors ça n'a pas été pour rien, sourit-il. Reposez vous. Avez-vous besoin de quoi que ce soit ?

- Non merci. Désolé de vous avoir fait venir un dimanche.

- Ce n'est rien Harry, sourit-il. L'important est que vous alliez bien. Je vais vous laisser vous reposer et nous nous voyons demain.

Harry approuva et le salua le regardant s'en aller. Il rassura ensuite ses elfes qui consentirent à le laisser, assurant qu'ils lui amenaient un bon repas. Arthur prit congé après s'être assuré que tout allait bien, Isaac suivant après lui avoir donné des potions à prendre et exigé une fois de plus qu'il reste au lit, décrétant qu'il viendrait le voir le lendemain. Seul Amcinthe resta, demandant s'il pouvait rester lui tenir compagnie, ce que Harry accepta volontiers. Il lui fallut plusieurs jours pour récupérer de ce rituel mais pas une seconde il ne regretta de l'avoir fait. Sa semaine de cours lui parut d'ailleurs extrêmement longue alors qu'il projetait de se rendre à la Citadelle dés qu'il aurait terminé avec le cours d'Adélème samedi midi.

Ce fut avec une grande excitation qu'il entreprit la chose dés que son mentor fut parti. D'un sort, il fit apparaître les quatre montres magiques de l'assemblée des lords qu'il possédait, une par lignée. Il pria Arthur et Amcinthe de rester au château, refusant de dire où il allait, insistant pour être seul. Si cela laissa ses amis perplexes et un peu inquiets, ils y consentirent sans discuter, lui demandant d'être prudent. Il se drapa dans sa cape d'invisibilité, s'entourant de sortilèges de dissimulation pour être sûr, puis il transplana.

Lorsqu'il réapparut, un magnifique paysage sauvage s'offrit à lui dans le soleil d'été. Il se trouvait alors en Écosse, non loin de The Storr, un sommet de l'île de Skye. Il dominait une zone de chaos rocheux sur la côte, le sol couvert d'une fine pellicule de verdure entre les roches escarpées. C'était un lieu splendide, typique des Highlands, entre mer et monts anciens érodés, en plein centre de l'archipel des Hébrides. Il observa les alentours, repérant quelques moldus pour qui cet endroit était un site de randonnée de toute beauté. Il ne pouvait certainement pas aller contre ce constat devant ce paysage. Il leva les yeux au ciel lorsque son regard fut attiré par une petite chose au loin. Il sourit en reconnaissant la silhouette d'un dragon, un noir des Hébrides vivant par ici et que le Ministère mettait beaucoup d'effort à dissimuler aux moldus.

Puis ses yeux tombèrent sur ce pourquoi il était là : l'entrée de la Citadelle. Elle se trouvait dissimulé dans un monolithe dominant le paysage et là encore prisé par les moldus. Le Old Man Of Storr. Il se mit en route sans attendre, pressé. Il n'était pas arrivé loin du monolithe mais il lui fallut marcher quelques minutes pour le rejoindre. Lorsqu'il y fut, levant les yeux pour le regarder, il vint y poser ses mains portant ses chevalières, insufflant sa magie à la roche en souhaitant pouvoir entrer. Il sourit plus encore en sentant une puissante magie ancienne remonter du sol, s'éveillant à son contact. Un instant plus tard, ses mains passaient à travers la roche comme si elle n'était pas là et il avança, passant à travers pour entrer.

Il se retrouva dans le noir quelques secondes avant qu'une flamme éclatante ne s'allume dans ce qui se révéla être une grande vasque d'or. D'autre suivirent, décrivant un grand cercle autour de lui et éclairant une vaste salle ronde dont-elles faisaient le tour. L'endroit était taillé dans la roche sombre de cette région mais on avait presque l'impression qu'il avait été construis. Les murs étaient parfaits, entrecoupés de demi colonnes. Entre chacune, un imposant blason était incrusté dans la paroi, fait de cristal. Il y en avait quarante neuf, les quarante neuf blasons des lords des îles britanniques magiques. Cela incluait l'Angleterre, l'Écosse, le Pays de Galles, l'Irlande toute entière, l'île de Mann et toutes les petites îles alentours. Il prit le temps de les regarder, certains brillaient agréablement, les autres éteint. Les siens faisaient partis de ceux qui brillaient, comme ceux des autres lords du Conseil des Sept. Un autre emblème était illuminé : celui, immense, de l'assemblée des lords incrusté dans le sol. Il leva ensuite les yeux, découvrant une coupole où étaient sculptées de nombreuses créatures magiques plus vraie que nature. Il admira, ému en percevant la magie intense, ancestrale et imposante de cet endroit. Ses chevalière y réagissaient, chauffant et pulsant agréablement de magie, cherchant à se lier à ce lieu. Mais elles ne le pouvaient pas, il n'avait pas prêté serment.

Il fut au centre sans s'en rendre compte, tournant sur lui même pour regarder. Puis il se mis en route, empruntant le seul passage présent ici, marqué par une grande arche donnant dans un imposant couloir. Il était éclairé par le feu emplissant de fines rigoles creusées dans les murs. Il était aussi grandiose que le hall mais Harry ne doutait pas que tout ici le soit. Il déboucha rapidement dans une galerie tout aussi impressionnante, son plafond magique offrant un ciel d'encre chargé d'étoiles. Sur ses bords, le ciel devenait soudain liquide, faisant couler de douces cascades sur les parois jusque dans des bassins aux fonds tapissés de cristaux polis par l'eau. Ils brillaient délicatement tel un reflet du ciel qui les surplombait. D'autres arches donnant sur d'autres grands couloirs se trouvaient là et il en choisit un au hasard.

Il semblait descendre dans les tréfonds de la terre, s'étrécissant jusqu'à ne plus être qu'à la taille d'un homme. Infiniment curieux et sentant que la magie montait en puissance, Harry continua, débouchant finalement dans une pièce de taille plus modeste d'à peine quelques mètres carrés. Une rigole pleine de flammes courrait aux pieds des murs et c'était étrangement solennel malgré la simplicité de l'endroit. Une seule chose se trouvait ici : un texte gravé en celte druidique dans la pierre face à l'entrée. Harry comprit très vite où il était en lisant. Il s'agissait du serment ancestrale des lords britanniques. Il sut alors que ce n'était pas seulement le hasard qui l'avait conduit là.

Sans la moindre hésitation, il se posta au centre face au texte. Son intention fut certainement perçut puisque la magie de la pièce s'anima soudain, sortant du sol pour s'infiltrer en lui à partir de ses pieds. Un doux frisson le parcourut et il respira plus fort sous la puissante vague de pouvoir sauvage. Il sut ce qu'il lui restait à faire et il mobilisa sa propre magie pour en imprégner sa voix. IL se mit à réciter le serment, lentement soigneusement. Un serment l'engageant à protéger le monde magique, à le servir lui, ses peuples et ses merveilles, à respecter les lois ancestrales de la Magie, à lui obéir, à défendre sa justice, à travailler pour sa paix, sa prospérité, son bonheur… C'était un long serment mais il fallait bien cela pour ce dont-il s'agissait. Il le prêta sans hésiter, fier et heureux de pouvoir le faire, se retrouvant totalement dans ce rôle. C'était sa voie, il en était certain et il était extrêmement satisfait de concrétiser cela.

Lorsque le dernier mot quitta sa bouche, la magie s'intensifia encore, grisante, exaltante, joyeuse et comblée. Elle l'imprégna, le faisant haleter et sourire. Une acceptation sans borne lui parvint, l'emplissant d'une délicieuse sensation de plénitude, d'être à sa place. Son front le picota un peu, ses chevalières brillèrent avec force et soudain, tout fut terminé. Doucement, il reprit son souffle, réalisant qu'il y était enfin arrivé : il avait trouvé la Citadelle et il avait prêté serment. Il était vraiment un seigneur magique maintenant, approuvé et soutenu par la Magie elle-même. Désormais, il se sentait réellement légitime. Reprenant ses esprits, il leva une main pour toucher son front qui le picotait encore, surpris lorsqu'il y perçut une irrégularité. Intrigué, il fit apparaître un miroir d'un geste de la main pour regarder. Un cristal était incrusté au centre de son front, de l'exacte couleur de ses yeux, prenant la forme d'une petite rose des vents raffinée. Elle était encadrée de deux glyphes identiques: celle des lords magiques assermentés. Elles étaient comme tatouées sur sa peau, le tout restant fin. Cela ne mesurait pas plus de deux centimètres sur un mais on ne pouvait le manquer.

Se demandant ce que cela était et s'il pourrait trouver la réponse ici, Harry partit à la découverte de la Citadelle. Et il semblait que les lieux sentaient ses besoins puisqu'il se retrouva directement dans une grande bibliothèque pleine de livres, de parchemins, de tablettes et d'écrits en tout genre. Un livre vola doucement vers lui et il le prit. S'il en croyait le titre, il parlait des attributs des lords. L'ouvrage s'ouvrit tout seul à une page précise et il eut la réponse à sa question sur ce qu'il avait sur le front. On appelait cela le cristal des seigneurs. Il était offert directement par la Magie, infalsifiable, son empreinte unique. Il était la marque d'un lord assermenté, une preuve qu'il avait prêté ce serment et qu'il avait été accepté par la Magie, qu'elle le soutenait. Il ne pouvait être vu spontanément que par les autres lords assermentés. Pour les autres, Harry devait vouloir consciemment qu'ils le voient, qu'ils en sentent la magie.

Il sourit, adressant une pensée de remerciement à la magie qui lui avait donné la réponse. Le livre repartit bien gentiment à sa place lorsqu'il le souhaita, le fascinant un peu. Assurément, une telle chose facilitait les recherches dans cette bibliothèque. Se demandant si cela fonctionnerait, il souhaita savoir comment fonctionnait cet endroit, ce qui s'y trouvait. Un autre livre atterrit rapidement dans ses mains. Il l'ouvrit pour découvrir un ouvrage décrivant la Citadelle. Souriant, il le feuilleta jusqu'à trouver la liste des salles qu'il y avait, partant à la découverte des lieux tout en lisant les passages sur les pièces où il se retrouvait. Il y avait le Sanctuaire, la salle où il avait prêté serment. Il y avait bien sûr la bibliothèque et le hall d'entrée, une salle pour les rituels, d'autres salons de réunion. Il y avait la Chambre des Lords, un amphithéâtre où chaque siège était digne d'un trône, surmonté des armoiries du lord auquel il appartenait. Une autre chambre, profondément enfouit sous terre accueillait le coeur magique de l'endroit. Dans une galerie somptueuse, il trouva quarante neuf portes pour les quarante neuf lignée. Chacune donnait sur une pièce à l'intérieur de laquelle les murs étaient gravés des arbres généalogiques de chaque famille, commençant par le premier lord, ou la première lady, présent au début, jusqu'à ce jour. Ils se mettaient à jours tout seul, puissamment relié à chaque lignée, incluant les membres qui en faisaient partis par la magie ou l'âme, mettant en évidence les lords et les ladys. Harry prit un immense plaisir à visiter la Citadelle toute l'après-midi, revenant le lendemain pour lire et apprendre ce qu'on ne pouvait apprendre qu'ici.

Cette étape franchie, Harry se fit plus déterminé encore. S'il n'expliqua à personne ce qu'il avait fait, ce qu'il avait trouvé, tous virent qu'il y avait quel que chose, quel que chose qui le rendait plus fort encore. Lundi soir, ce fut pour une autre occasion qu'il quitta son château, laissant Amcinthe et Arthur l'accompagner cette fois, bien cachés dans son ombre et sa chevalière. Vêtu comme le lord qu'il était, il passa sa cheminée pour se rendre au Square Grimmaurd. Il devait dîner avec Draco et Narcissa ce soir. Cela faisait quatre semaines qu'ils étaient sous sa protection, quatre semaines qu'ils se tenaient tranquilles au Square et qu'il les avait laissé réfléchir. Quatre semaines que le jeune lord n'avait pas vu passer tellement il était occupé.

Lorsqu'il arriva Draco et Narcissa l'attendaient comme il se devait, un peu crispé quoi que bien plus détendu qu'il ne les avait laissé la dernière fois.

- Bonsoir lord Black, salua la dame avec distinction.

- Bonsoir madame Malfoy, rendit-il en venant lui offrir un baise main qui la surprit autant que son fils. Draco.

- Bonsoir, rendit-il.

Il leur sourit, tentant de les détendre et ils allèrent vers le salon pour commencer par un apéritif que Kreattur vint servir avec joie. Ils s'installèrent, la mère et le fils assis l'un à côté de l'autre face au lord qui prit les choses en mains pour dérider l'ambiance :

- J'espère que vous avez tout ce dont vous avez besoin, commença-t-il. Et que vous êtes bien installé. Je sais que vous aviez connu l'ancienne version de cette maison madame, j'espère que celle-ci ne vous déplaît pas.

- Elle est très élégante, répondit-elle avec sincérité, quoi que très éloigné de l'esprit des Black.

Harry ne peut s'empêcher un petit rire, se reprenant pourtant bien vite en voyant qu'il les vexait.

- Veuillez m'excuser. Loin de moi l'idée de me moquer mais je trouve cette remarque franchement ironique.

- Pourquoi ? demanda-t-elle l'air pincée. J'ai bien connu cette maison et je connais bien ma famille tout de même.

- Je n'en doute pas quoi que je sois certain que cette connaissance se limite aux dernières générations des Black uniquement, remarqua-t-il doucement.

- Je vous demande pardon ? répondit-elle.

- Je sais que vous en doutez assurément mais moi aussi je connais cette famille, plus que vous ne pouvez l'imaginer. Si votre remarque sur l'esprit de cette maison m'a parût ironique c'est parce que, lorsque je l'ai refaite, je me suis entièrement appuyé sur la décoration du manoir ancestral des Black pour le faire, dit-il en les surprenant. Cette maison est pour ainsi dire d'esprit identique au manoir ancestral de la famille dont la décoration a été faîte par des générations et des générations de Black et à laquelle je n'ai pas touché. Je n'y toucherai d'ailleurs probablement pas si ce n'est en d'infimes manières. C'est magnifique. J'ai appris énormément sur notre famille là bas. L'histoire des Black depuis leur naissance s'y trouve avec nombre de tableaux qui ne sont pas avares de discussions avec des membres de la famille. Alors, cette décoration n'est peut-être pas dans l'esprit des générations les plus récentes des Black mais elle est dans celui de toute les autres.

Narcissa ne répondit pas, l'air perturbée bien qu'elle le cache très bien, réfléchissant. Harry prit une gorgée de sa boisson, avant de reprendre :

- Vous n'avez jamais vu le manoir ancestral de la famille n'est-ce pas ?

- Non, dit-elle avec une certaine honte dans son aura.

- Vous n'avez aucune raison d'en être gênée. Ce n'est certainement pas de votre faute.

- Le manoir était fermé depuis longtemps, remarqua-t-elle. On nous a toujours refusé sa visite.

- Savez-vous pourquoi ? questionna-t-il.

- Il avait été scellé magiquement pour le préserver tant que nous vivions à Londres et on ne lève pas ce genre de sceau pour une simple visite, répondit-elle.

- Au risque de vous troubler, cette raison n'est qu'une excuse grossière.

- Qu'en savez-vous ?

- Je n'ai eu à lever aucun sceau pour accéder au manoir, dit-il en la surprenant. Lorsque je l'ai découvert, quand j'ai découvert ce manoir splendide, je me suis demandé pourquoi les Black avait préférés cette maison bien plus petite, petite pour la famille qu'elle a abrité, et au combien moins luxueuse, splendide et puissante. J'ai rapidement eu ma réponse en apprenant sur notre famille. Voyez-vous, lorsque le manoir a été bâti il y a bien des siècles de cela, le lord Black en place à imposé certaines règles dans la construction magique de sa maison. C'était un lord profondément traditionaliste et attaché à son devoir de seigneur magique. Son devoir était tout pour lui au point qu'il ne s'est jamais marié et n'a pas eu d'enfant. C'est son plus jeune frère qui a hérité à sa mort. Quoi qu'il en soit, il voulait encourager les générations suivantes des Black à honnorer leur devoir magique avec autant de sincérité que lui, récompenser ceux qui le feraient et sanctionner ceux qui ne le ferait pas. Il s'est assuré que le manoir se ferme hermétiquement à la famille si elle venait à manquer à son devoir, si les lords Black venaient à manquer à leur devoir et à ne plus être reconnu par la Magie et ses loi, dit-il en les choquant visiblement. Le manoir n'était pas scellé par la volonté des lords que vous avez connu mais par celle de la magie ancestrale de la famille, parce qu'ils ne remplissaient plus leur devoir.

- C'est insensé, s'offusqua-t-elle.

- C'est la vérité même si elle n'est pas agréable a entendre, répondit-il. Si vous le désirez, je vous emmènerai voir le manoir et vous pourrez voir par vous même l'incrustation magique de ses lois.

- Que peux-tu savoir de ce qu'est être un lord ? demanda Draco vexé lui aussi. Ta famille ne rempli plus son devoir depuis des générations.

- C'est vrai et je n'en suis pas fier, avoua-t-il en les surprenant. Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas pu apprendre et que je ne peux pas être un bon lord.

- Dumbeldore t'aurait appris ça, ricana-t-il.

- Pas du tout. Au contraire, lui, il voulait me tenir à l'écart de tout cela et il ne voulait certainement pas que je prenne mes titres. Il en a été très contrarié.

- Alors qui t'a appris ? questionna-t-il.

- Savez-vous ce qu'est la prière des mentors ?

- Non, fit Narcissa. Qu'est-ce ?

- C'est un enchantement réservé aux lords ou aux héritiers en titre. Lorsqu'un lord ou un héritier n'a pas de parent pour lui enseigner ou qu'il estime ne pas recevoir une éducation de qualité, complète, il peut lancer cet enchantement. Il interroge la Magie directement. À travers lui elle recommande alors un lord en place, digne de son titre, capable d'enseigner tout ce qui est nécessaire et plus encore au lanceur. Il permet, lorsqu'on ne sait pas à qui s'adresser pour être éduqué sur notre rôle, de trouver le lord le plus approprié pour être notre mentor, notre précepteur. Libre à nous de suivre ou non cette recommandation. J'ai usé de cet enchantement, suivi la recommandation qui m'a été faîte par la Magie et j'ai terminé de m'assurer de la qualité de mon éducation au moyen d'un serment qui m'assure un enseignement complet, impartial, sans manipulation. Donc, j'ai été éduqué par un lord digne de ce nom et il continu d'ailleurs à m'enseigner et à me conseiller.

- Qui est-ce ? demanda Draco.

- Je ne le dirai pas. Pour sa tranquillité et aussi pour sa sécurité. Je ne veux certainement pas qu'il ait des ennuis avec mes ennemis parce qu'il m'enseigner. Mais c'est un lord d'une vieille famille traditionaliste respectée. Tout cela pour dire que, si cela n'était pas évident, je suis éduqué comme il se doit.

- Pourquoi ne pas l'avoir montré avant ? questionna Draco.

- Cela, je le garderai pour moi pour l'instant. Mais n'allez pas croire que je ne sais rien et que je ne prend pas mon devoir de lord très au sérieux. Comment croyez vous que j'ai pu me rendre compte que mon autorité prévalait sur celle de Lucius ?

- Comment cela est-il possible ? demanda Narcissa l'air toujours perturbée par cela.

- Il est probablement difficile pour vous de le concevoir mais Lucius n'est plus un lord reconnut. Il l'est par les lois fantoches du Ministères au sujet des lords mais il ne l'est plus au regard des lois ancestrales des lords, celles imposées par la Magie. Ce que Lucius fait avec Voldemort, ce que tout les sois-disant lords qui sont avec lui font va contre leur devoir et ils ont été renié en conséquence.

- Ils défendent notre monde, protesta Draco. Nos traditions.

- Tu le penses vraiment ? questionna Harry. Tu penses vraiment qu'ils protègent notre monde, les traditions anciennes ? Je ne sais pas ce que vos éducations vous ont enseigné mais soit elles étaient incomplètes soit vous avez décidé de l'interprêter d'une manière particulière et biaisée.

- Comment osez-vous ? s'insurgea la dame.

- Navré madame mais c'est la vérité, trancha-t-il un peu plus durement. Il suffit de lire le serment des lords pour s'en rendre compte.

- Le serment des lords ? releva Draco intrigué.

Harry le regarda avec une certaine consternation, stupéfait de constater que peut-être, il ne savait pas.

- Tu ne sais pas ce qu'est le serment des lords ? demanda-t-il en obtenant rapidement confirmation. C'est le serment magique que les lords passaient autrefois devant la Magie. Ils ne l'ont plus fait depuis longtemps parce qu'ils n'ont plus le pouvoir dans ce pays et ne jugent plus utile de s'astreindre à un tel serment. Mais il reste le résumé le plus parfait de ce qu'est le devoir des lords. S'ils ne prêtent plus serment, les lois magiques ancienne sont toujours bien en vigueur pour nous et ce serment en est une fidèle illustration. Mais cela mis à part, pensez-vous vraiment qu'une telle cruauté, une telle destruction puisse nous être bénéfique ? Pensez vous qu'un homme comme Voldemort qui tue et torture à tour de bras, bafoue toute les lois magiques, réduit en esclavage même les lords qui sont avec lui…

- Mon père n'est pas un esclave, coupa Draco piqué.

- Excuse moi mais j'étais dans le cimetière le soir du retour de Voldemort. J'ai vu comment il les oblige à ramper à ses pieds sans aucune considération ni respect et je sais qu'il fait ça avec tout le monde. Je sais comment il est Draco, mieux que personne tu peux me croire, posa-t-il sévèrement. On ne devrait s'incliner devant personne par obligation, soumission et peur, uniquement par respect. Ose me dire dans les yeux que ce que tu as vu de lui est digne d'un seigneur ? Qu'il traite les siens avec le respect qui devrait leur être dû ? Il détruit tout. Imaginons qu'il gagne cette guerre et qu'il commet des massacres chez les moldu, ce sera la guerre avec eux et contrairement à ce que pensent beaucoup de sorciers, les moldu sont dangereux pour nous à cette époque. Ils ont des armes très puissante. Sans parler de cela, pensez vous réellement que la Confédération et les autres pays laisseraient faire ? Est-ce la guerre totale que vous désirez ? Je ne le crois pas. Ce n'est pas ainsi que vous parviendrez à défendre le monde magique traditionnel et à le perpétuer. Avec cela, c'est à notre perte que l'on cour.

NB : J'ai constaté par mon propre compte et via vos messages que avait des problèmes avec les notifications depuis un moment. Je ne sais pas ce qu'il se passe et comme beaucoup d'entre vous, je ne reçois plus les notifications de sortie de chapitres ou de commentaires… J'ai déjà contacté le service technique mais je n'ai pas eu de réponse. Bref, si cela vous intéresse, je me suis créé une page X (twitter) où j'annoncerai les sorties chaque semaine pour mettre au courant ceux que cela intéresse. La page est au nom de Audragon8. N'hésitez pas à vous en servir.