Bonjour à tous,
Après une arrivée en grande pompe, un peu d'explication est la bienvenue.


Chapitre 79: Bienvenue à Stritz

- Alors mon garçon, explique moi ta présence sur Stritz.

Haaken Hofferson avait immédiatement dissous le rassemblement autour d'Harold et l'avait invité dans sa hutte pour parler au calme.

- Comme je vous l'ai dit, je suis originaire de Beurk et je m'appelle Harold Horrib' Haddock Troisième du nom.

- Alors, j'avais bien entendu la première fois: tu es bien le fils de Stoïck.

À peine le nom de son père prononcé, l'humeur d'Harold s'assombrit et Haaken y pouvait lire de la tristesse dans son regard.

- Je suis désolé pour toi mon garçon, Angus et moi étions suffisamment proche pour entendre ton père.

- J'ai cru que mon père allait faire la même chose, réagit Angus. J'ai également eu peur pour les autres, mais nos parents ont été plus ... compréhensifs.

- Comme si vous nous avez laissé le choix: c'était soit vous perdre à jamais, soit accepter vos conditions.

- Enfin bref. Harold, peux tu nous dire où tu étais passé après les Marché du Nord?

Harold expliqua tout les évènements à son ami: sa fuite, sa dépression, ses pertes de connaissance et son séjour chez les Dames Ailées, la Rive et son message.

- Il semblerait que Nathalie et ses dames ont tout donné pour toi, déclare Angus. J'en connait qui donnerait n'importe quoi pour être à ta place: le seul homme sur une île de femmes.

- Mais ça ne me ramènera pas ce que j'ai perdu, répond Harold d'un air triste.

- Viens habiter sur Stritz alors, suggère Angus. Tu as tout ce qu'il faut pour refaire ta vie ici: de multiple compétences, des connaissances sur les dragons, et tu es un combattant extrêmement doué.

- J'ai quand même mon mot à dire, réplique Angus. Je reste le chef.

- Si j'ai survécu pendant tout ce temps, c'est grâce à Harold. Et puis, le chef a déclaré devant son peuple que les Hofferson ont une dette envers Harold.

- Et comme je l'ai dit, vous ne me devez rien: des vikings sauvent la vie des autres sans en être redevables.

- Sauf que je ne peux pas accepter ta demande, sinon ce sera notre honneur qui en prendra un coup. À ce propos, Angus m'a expliqué que tu avais un moyen de ... le rétablir.

- Oui, mais ma parole ne suffira pas: il faudra un acte fort devant tout le monde. Sinon, ce ne sera pas crédible. De plus, je l'ai promis à Angus et je ne compte pas revenir sur ma parole.

- Je comprends.

- Une dernière chose: merci encore pour avoir aidé Astrid pendant son combat. Mais je te préviens: son orgueil en a pris un coup et elle ne te sera pas ... amicale.

- C'était ta soeur? En tout cas, elle doit être une sacrée combattante pour que les Exilés se soient mis à quatre sur elle. Mais merci de l'avertissement.

- Que comptes-tu faire? demande Haaken.

- Si par crainte d'avoir une bouche inutile à nourrir, je vous arrête de suite: je peux vous aider à faire cohabiter les dragons et les vikings, cela dependra des espèces que vous gardez en cage. Avec Angus, nous pouvons les dresser pour qu'ils nous aident dans le cadre de la défense de l'île. Et enfin, si nécessaire, je peux donner un coup de main à la forge.

- C'est Harold qui a forgé ma hache, et je t'assure qu'il est très doué dans ce domaine.

- Je vois, je vois.

Haaken réfléchissait calmement, pesant le pour et le contre d'avoir une telle personne sur Stritz. Changer de mode de vie pourrait attirer la colère des îles alentours, à commencer par Beurk. Mais le gage d'une paix durable est très fort.

Soudain, un cri attira l'attention de tout le monde. Reconnaissant le cri de Fjord, Angus sort de sa hutte accompagné par Harold et constatent que leurs partenaires se montraient agressifs envers une groupe de Stritziens. Angus s'interposa entre eux tandis qu'Harold essaya de calmer les dragons.

- Je peux savoir ce qui se passe? demande Angus.

- Nous ne voulons pas de ces démons, cria un Stritzien. Ils n'ont rien à faire ici, ils n'apporteront que la mort et la désolation. Soit ils partent, soit nous ...

- Soit quoi? Arkin, ils sont venus parce que je leur dit de venir. Et rien ne leur arrivera, est-ce clair? demande Angus.

- Nous ne sommes pas d'accord, intervient Arnbjörn. Ils n'ont pas à être ici, tout le village pense la même chose que nous.

- Tout le vilage? demande Haaken qui est sorti à son tour. Alors, je vais convoquer chaque chef de clan et nous verrons bien ce qu'ils en pensent.

- Tu nous as imposé à vivre avec un dragon en liberté, déclare Arkin. Vas tu en accepter un deuxième?

- Tout à fait, ce jeune homme et son dragon sont désormais des invités d'honneur sur Stritz. Quiconque osera tenter une action contre eux devra répondre devant le Conseil, est-ce bien compris?

Ne voulant pas contrarier le chef, le groupe se tait et les fauteurs de troubles retournèrent d'où ils venaient.

- On dirait que ta visite ne fait pas que des heureux, réagit Angus.

- Je m'attendais à ce genre de réaction, répond Harold. Mais tant qu'il y en a qui seront prêt à changer, il y a de l'espoir.

- Laisse moi gérer cette situation, intervient Haaken. Angus, montre lui la maison où il vivra: celle où nous logeons nos invités.

- Compris. Harold, Krokmou, c'est par ici.

Angus guida ses amis à travers le village et s'arrête devant une maison inoccupée depuis des années. Cependant, en entrant à l'intérieur, Harold constate que l'endroit est propre, meublé et tout le matériel à vivre.

- Il n'y a pas de cuisine, il faudra que tu ailles manger dans la grande salle pour tes repas.

- C'est toujours mieux que rien: j'ai un toit où dormir, et Krokmou ne dormira pas dehors. Laisse moi la clé de la porte au cas où.

- Pas la peine de la fermer, personne ne viendra te voler.

- Jusqu'à preuve du contraire, je préfère prendre quelques précautions. Et fais moi visiter Stritz, je n'y suis jamais venu.

- Avec grand plaisir.

Angus donne la clé à Harold et le laisse tranquille pour la nuit. Harold, quand à lui, est content de retrouver un environnement un peu familier malgré un accueil un peu houleux. Comme promis, Angus lui fit visiter son île et lui apprend les différents moeurs durant les prochains jours. Malgré la proximité entre leurs tribus, les coutumes sont complètement différentes et Harold souhaite quelques éclaircissements.

- Je ne vois pas pourquoi, explique Angus. J'ai été assez clair.

- Pas sur le fonctionnement des lois au sein de la tribu, mais plutôt sur celui au sein d'une maison.

- Comment ça? Je ne comprend pas.

- Chaque clan est propriétaire de sa hutte, est-ce qu'il dicte sa propre loi à l'intérieur de celle-ci? Si l'Homme venait à battre sa femme ou ses enfants, le Conseil peut-il intervenir?

- Ah, d'accord. Non, ça équivaudrait à une violation de la vie privée. Sauf dans le cas où la sécurité de la tribu est en jeu.

- Soyons vigilant alors, certains peuvent jouer sur cette loi pour faire enfermer nos dragons.

- Je n'avais pas vu les choses de cette manière, cela pourrait nous compliquer les choses.

- Du coup, je peux appliquer mes propres règles dans la maison que j'occupe? demande Harold.

- Normalement, oui. Mais je demanderai confirmation à mon père.

- Parfait alors, j'attendrai. Il y a un endroit où je pourrais nettoyer ma tunique? Elle commence à empester.

- Tu aurais pu la mettre avec ton linge, le jour de la lessive est passé.

- Parce que tu crois que je vais la laisser à quelqu'un d'autre? réplique Harold. J'ai passé suffisamment de temps à la concevoir, je n'ai pas envie qu'elle se déchire lors d'un lavage.

- Elle a été rafistolé une paire de fois, elle n'est plus à une ou deux déchirure près. Je peux prendre le savon de ma mère et une bassine, ce sera toujours mieux que la laver à l'eau seule.

Angus quitte Harold et repart chez lui, laissant son ami se débrouiller seul pendant quelques temps. Harold retourna chez lui pour préparer sa tunique, et sortit son carnet lorsque tout était prêt. Des coups retentissent à la porte, et Harold sort de sa rêverie pour voir son invité.

- J'ai ce que tu as demandé, déclare Angus. Ma mère avait insisté pour vouloir le faire, mais j'ai difficilement négocié pour qu'elle reste à la maison.

- Elle est incroyablement dévouée, mais je ne veux pas abuser de son hospitalité.

- C'est ce que j'ai dit, et j'ai surtout joué sur le fait que nous avons été autonomes pendant plus de dix ans. Donc, tu étais resté sur certains de tes réflexes. La bataille fut longue mais j'ai réussi.

- Il va falloir que j'en achète, je ne veux pas être dépendant de tout le monde.

- Ne t'en fait pas, tu en auras. Viens, je te montre l'endroit.

Angus et Harold remontèrent le village et se dirigent vers la rivière. Leur passage suscitait beaucoup de bavardages, surtout auprès des hommes qui n'hésitaient à s'en moquer. Ignorant totalement leurs chuchotements, les deux vikings continuaient leur chemin et arrivent à destination après quelques minutes. Harold remplit la bassine d'eau, mouille sa tunique et commence à la savonner.

- Au fait, nous avons un libre accès à l'arène? demande Harold.

- Bien sûr, pourquoi faire?

- Parce qu'il serait grand temps de dresser ces dragons et les faire cohabiter. Je compte m'y mettre avec le Groncke.

- Pourquoi lui?

- Parce qu'il pourrait donner un coup de main dans la mine, à condition que les mineurs le veulent bien sûr. Ils devront apprendre à le connaître également.

- Je verrais pour leur en parler, ça donnerait un coup de boost pour trouver du fer. Mais avant, nous avons un autre problème à régler: regarde.

En regardant dans la direction pointée par Angus, Harold plissa des yeux en voyant arriver Arnbjörn et quelques uns de ces acolytes.

- Regardez moi ça: l'invité de notre chef se prend pour une femme et fait sa propre lessive. Que c'est dégradant.

- Il n'y a rien de dégradant à faire les choses soi-même, répond Harold.

- Un vrai viking ne se rabaissent pas à faire des travaux de femmes. Tu devrais avoir honte.

- À vrai dire, pas du tout. Mais le fait que tu te moques de moi donne un trait de tes capacités.

- Ah, lequel? railla Arnbjörn.

- Tu es incapable de te débrouiller seul, déclare Harold tout en se rapprochant de lui. Tu ne serais pas capable de survivre dans la nature et de te débrouiller par toi-même.

- Ah, je t'arrête de suite: j'ai déjà passé plusieurs jours dans la nature et j'ai survécu.

- Je ne parle pas de ce genre d'expédition où tout est préparé à l'avance: je te parle de chasser, dépecer une proie, cuisiner tes propres repas, laver tes vêtements. De vraies choses pour survivre, des choses que tu es incapable de faire toi-même puisque tu es trop imbu de ta personne.

- Fait attention à ce que tu dis, menace Arnbjörn. Ma famille a un statut social élevé et mon père fait partie du Conseil, alors surveille tes paroles.

- Si tu veux jouer à celui qui a la plus grosse, sache que je suis Fils de Chef. Si tu te sers de ta cervelle, mon statut est donc plus élevé que le tien. Et une action à mon égard équivaudra à un incident diplomatique avec Beurk, tu tiens vraiment à risquer un déshonneur?

- Je confirme ces propos, intervient Angus. Il est le fils de Stoïck Haddock, chef de Beurk.

- Il devrait avoir du personnel dévoué à lui puisqu'il est si important, déclare Arnbjörn.

- C'est le cas: Mme Hofferson s'est occupé de mon linge et je suis régulièrement invité à leur table pour prendre les repas. J'aime juste m'occuper de certaines choses moi-même, réagit Harold.

Voyant qu'il n'aura pas l'avantage, Arnbjörn bat en retraite et fuit la confrontation directe.

- Combien de personnes savent que j'ai été renié? demande Harold.

- Seulement nos amis et leurs chefs, personne d'autre n'est au courant.

- Parle s'en à ton père, personne ne doit savoir ce qui s'est passé aux Marché du Nord.

- Comme tu voudras, et j'en connais que ça fera rire quand je raconterai ce qui s'est passé.