Theodore vivait dans un désert permanent. Personne ne le remarquait jamais, tout le monde oubliait toujours son existence. Quand il entrait dans une pièce, personne ne le saluait. Quand il en sortait, idem. Quand il était absent en cours, les profs s'en apercevaient à peine. Quand il levait la main pour parler, on l'ignorait.

Même ce vieux chat affreux, qui n'appartenait à personne mais passait un jour sur deux dans leur dortoir, attirait davantage l'attention que lui. À chaque fois, il s'installait sur les jambes de Zabini, et Malfoy le fixait avec une jalousie maladive dans les yeux. Crabbe et Goyle se moquaient de lui et lui lançaient des boulettes de papier qu'il chassait. Les filles le plaignaient en pépiant qu'il avait l'air malheureux, abandonné ou blessé.

Theodore ne s'en plaignait pas : il n'était pas jaloux. Mais ça le travaillait.

Ceci dit, il sentait que le Grand Combat approchait. Bientôt, il pourrait révéler au monde qui il était, se battre dans le camp qu'il avait choisi, et plus personne ne serait en mesure de l'ignorer.

« Bon, les gars, je vais me coucher. »

Tous sursautèrent en entendant sa voix et en réalisant sa présence.

Tous, même le chat.