CHAPITRE 1

Elle suppliait et Drago pouvait à peine le supporter. Il se sentait mal, l'estomac dans la gorge, une saumure biliaire lui décapant les entrailles. Pire encore, l'or brillait dans sa vision. Un cordon métallique translucide, en lambeaux et effiloché, s'étendait en ligne sinueuse depuis sa poitrine jusqu'à la sienne.

Son cri le frappa comme un cognard dans le crâne. Il sifflait, luttant contre sa tempe tandis que le bout des doigts de son père s'enfonçait dans la chair douce sous l'articulation de son épaule. La corde tirait, avec une infime insistance, sur la poitrine de Drago. Mais il ne devait pas bouger ; l'avertissement était clair. Il laissa tomber ses mains, sa vision tournoyant tandis que sa mère glissait ses doigts autour de son poignet.

Flanqué de ses parents, Drago regardait Hermione Granger crier.

La regardait supplier.

La regardait pleurer.

La regardait se tordre.

La regardait vomir, s'étouffer et reculer sous la gifle qu'elle s'était prise tandis que tante Bella criait, exigeant vicieusement des réponses à propos d'une épée trouvée en possession de Granger.

Elle saignait sur des tapis anciens. Bella crachait d'horribles menaces, passant un couteau sur le bras de Granger, le transformant en un morceau déchiqueté et entaillé.

Drago verrouilla ses genoux en place. Il voulait courir et il ne savait pas où. Il ne se faisait pas confiance pour ne pas faire quelque chose de stupide, quelque chose d'irrémédiablement traître et totalement contraire à son bon jugement.

Il la détestait. Hermione Granger est la pire épine de Sang-de-Bourbe dans le pied depuis le jour où il avait entendu pour la première fois sa voix, s'enquérant d'un crapaud perdu et agissant comme si elle possédait le Poudlard Express. Elle l'avait insulté, lui et les siens, l'avait battu dans la plupart des matières et avait clairement exprimé son allégeance en s'alliant à ce putain d'Harry Potter. Et maintenant, elle saignait sur le sol du salon de sa famille, implorant pour sa vie et lui arrachant une sympathie terrible et déchirante qu'il n'avait aucun intérêt à ressentir.

Les cris de Ron Weasley faisaient écho aux siens depuis la cave en contrebas.

Drago Malefoy détestait Hermione Granger.

Mais il ne voulait pas sa mort.

Il ne voulait pas que la plupart des gens meurent, à l'exception peut-être du Seigneur des Ténèbres. Mais il ne semblait plus que Potter ait vraiment une chance dans ce domaine.

Et maintenant il y avait cette corde, ces filaments, tout cet or qui brillait dans sa vision. Cligner des yeux et c'était là, le reliant au tas de douleur sur le sol. Cligner à nouveau des yeux et c'était parti, il ne restait plus qu'un écho lumineux dans son sillage. Il le voyait tous les deux et il ne le voyait pas. Ça bougeait et ça ne bougeait pas. Ça les connectait et ça ne les connectait plus. Il avait su toute sa vie qu'une corde apparaîtrait un jour, l'un de ses nombreux privilèges Malefoy. Mais il avait oublié, craignant pour sa vie et pour celle de sa famille, que cela lui arriverait. Et ça n'aurait pas pu arriver à un pire moment. Les scénarios de vie ou de mort n'étaient pas le lieu idéal pour une telle magie.

Il regardait les fils d'or se briser alors que Granger poussait un autre gémissement : un son brut et brisé alors que sa voix s'échappait. Et pendant un instant, il fut plongé dans le silence laissé par son cri avorté, regardant sa bouche grande ouverte, le son retenu en otage par le tourment.

Son bras libre, celui avec lequel tante Bella ne réalisait pas un projet artistique malsain, se déplaçait en un arc plat contre le sol. Ses doigts traînant sur les tapis, malheureusement trempés de son sang.

Drago inspira bruyamment par le nez lorsque sa main s'arrêta sur le cordon doré qui les séparait. Sa main se retourna, paume vers le haut, ses doigts s'enroulant pour effleurer les fibres qui n'étaient pas vraiment là, pour personne d'autre qu'eux. Son regard glissa vers son visage et se détourna immédiatement ; elle regarda sa main, regarda cette chose entre eux, le tout avec un regard vide et mort.

Il aspira plus d'air.

La torture sentait comme le printemps.

La torture sentait comme le printemps. Comme les jonquilles, les tulipes et les perce-neige. Comme les bouquets ramenés des jardins du manoir pour prêter leur vie aux murs de pierres froides qui abritent les criminels. Pâques mêlée de folie prend tout son sens dans ce paysage tordu. La seule chance de survie de Drago était de l'endurer. Il le savait. Mais cela n'atténuait pas les contractions de ses mollets, ni la flexion de ses doigts.

Granger leva sa main du sol et Drago rendit presque son déjeuner, l'estomac se retournant alors qu'il la regardait étendre son bras, passant la main à travers le cordon translucide, tendant la main vers lui. Il essaya de le faire disparaître, cligner, cligner, cligner, mais elle et le cordon sont des choses têtues et persistantes.

Même avec les yeux fermés – stratégie d'évitement plutôt que de confrontation – Drago ne pouvait ignorer la lumière cuivrée tachant l'intérieur de ses paupières, un écho visuel. Granger les avait tous deux condamnés, en l'atteignant comme ça.

Il était impossible qu'elle sache ce qui se passait. Il cherchait du réconfort en sachant qu'il n'aurait probablement jamais à l'expliquer. Il ne savait pas si cette perspective l'amènerait à la détester plus ou moins.

Il voulait la supplier de ne pas le reconnaître, de faire comme si ce n'était pas là. C'était une distraction dont aucun d'eux n'avait besoin. Sa tante voulait des réponses à propos d'une épée, c'est tout ce que qu'elle voulait et tout ce que c'était censé être. Et peut-être que dans une autre vie, c'était tout. Une terrible torture pour obtenir des informations dans laquelle Granger s'interrompt et admet comment elle est tombée sur un objet censé se trouver dans les coffres de Bella. Ou peut-être que dans cette vie, Granger ne s'effondre pas du tout ; peut-être qu'elle résiste à cette torture et que Bella n'obtient aucune des réponses qu'elle cherche.

Dans les deux versions imaginaires de ce moment, et dans la version que Drago vit actuellement, il était condamné. Au moins, personne d'autre dans la pièce ne pouvait voir le cordon qui les relie. C'était peut-être la seule bienveillance qui lui était accordée.

Le cri de Bella lui fit rouvrir les yeux.

— « Que fait-elle ? Qu'est-ce que c'est ? » ricana Bella, balançant un pied dans sa position accroupie pour plaquer le poignet de Granger au sol. « Tu penses que quelqu'un va t'aider ? » Bella baissa la tête, l'inclina pour s'aligner avec le bras tendu de Granger et lit la configuration du terrain. Les yeux de Bella transpercèrent Drago aussi facilement que sa lame avait tranché la chair de Granger.

Son sourire s'élargit et c'était tout sauf joyeux. Elle se délectait. Elle se moquait. Elle lui envoyait de la peur dans le dos alors qu'il s'essayait, avec négligence, à l'Occlumencie, un outil qu'elle lui avait appris.

La voix de Bella était éraflée, à peine en dessous d'un cri. « Tu penses que Drago va t'aider ? Pourquoi Drago t'aiderait-il ? Tu n'es rien d'autre qu'une sale Sang-de-Bourbe. Un jouet de loup-garou, bientôt. » En guise de ponctuation, Bella avait à nouveau passé son couteau à travers la peau de Granger, car un autre cri illumina la pièce. Torture en technicolor.

Drago regardait les doigts de Granger effleurer les filaments dorés, toujours tendus vers lui. Son épaule palpitait et Drago réalisa que son père le tenait droit avec sa poigne. Drago était devenu gélatineux, son corps se désintégrant sous la peur et la nausée.

Bella tourna à nouveau la tête, sa concentration étant accrochée par la main de Granger. Son humour méchant se transforma, supplanté par une suspicion sauvage et des yeux écarquillés.

— « Tu penses qu'il va t'aider, stupide fille ? Que veut-elle de toi, Drago ? » Il croisa à peine le regard de sa tante avant qu'elle ne répète en hurlant : « Qu'est-ce qu'elle veut ? »

Drago réalisa qu'il allait mourir. Elle allait le tuer pour ça. Ses parents pourraient même la laisser faire ; il n'était pas sûr. Mais cette chose qu'il n'avait pas demandée, ce cordon en lambeaux et effiloché, ne représentait rien de moins qu'une condamnation à mort. Et si Bella ne le tuerait pas, le Seigneur des Ténèbres le ferait.

Il ne parvint pas à répondre, la langue collée au palais d'une bouche sèche.

Ils ne le voyaient peut-être pas, mais il savait qu'il ne pouvait cacher son existence. Pas pour longtemps. Pas indéfiniment. Mais pour l'instant, le mieux qu'il puisse faire était de prétendre que rien n'était différent, que sa vie était inchangée et que son âme était détachée.

Granger rit, un son qui agissait comme un vide, les attirant tous. Sa tête pencha, molle contre les tapis, mais ses yeux avaient de la vie. Elle rit et elle pleura et elle regarda Drago.

Sur un rire crépitant devenu sanglot, elle prononce deux syllabes qui scella son sort. La sienne aussi. « Pourquoi ? »

Bella abandonna sa position penchée au-dessus de Granger et se releva. La bile brûla le fond de la gorge de Drago alors qu'il l'avalait, ses genoux lui faisait défaut alors que la magie qui le reliait avec Granger se tendit dans un éclair d'agonie.

Sa mère essaya de le relever, les mains accrochées sous ses bras en même temps que la main de Bella trouva ses cheveux, les ongles lui grattant le cuir chevelu alors qu'elle rejettait sa tête en arrière, le visage au niveau du sien.

— « Qu'est-ce qu'elle veut dire? Pourquoi la fille te pose-t-elle des questions, Drago ? Tu as toujours été un garçon sans âme, que veut-elle de toi ? L'aider ? Tu as cette saleté ? » Malgré son haleine rance et sa proximité horrible – et le fait que son père ait sorti sa baguette quelque part en périphérie – Drago ne put regarder sa tante dans les yeux. Il regarda au-delà d'elle, vers la sorcière molle sur le sol.

Il ne donna pas la permission à ses paroles de sortir, mais elles découlaient de lui en un flot. « Non. Pas elle, non, non, non. » Drago pensa qu'il pleurait peut-être aussi. S'il l'était, c'étaient des larmes de colère, des larmes de chagrin, des larmes qui donnaient forme à la peur qui l'étouffait depuis le moment où le Seigneur des Ténèbres l'avait marqué comme sien. Sa peur prenait une nouvelle forme maintenant, et c'était la faute d'Hermione Granger. Son cuir chevelu brûlait là où Bella tirait sur ses cheveux.

— « Libère mon fils, » cracha Lucius, et surtout, Drago se demanda si c'était la première fois que son père le défendait, revendiquait la responsabilité de sa protection. Il n'avait certainement rien fait de tel en présence du Seigneur des Ténèbres.

L'intensité derrière les yeux de Bella vacillait, des iris presque noirs s'élançant entre Drago et Lucius. Puis Bella jeta un coup d'œil à Narcissa qui planait toujours près de son visage, ses mains fines agrippant son avant-bras avec une force qui laissera des bleus violets sur sa peau claire.

Il savait combien de pression il fallait pour amorcer une ecchymose dans sa chair, que ce soit de ses propres mains, de celles de son père, de sa tante ou de celles du Seigneur des Ténèbres.

En un autre clin d'œil, Bella avait visiblement déterminé que la menace de Lucius était vaine, car sa prise se resserra à nouveau sur les cheveux de Drago, tirant sa tête en arrière et le forçant à s'approcher de son visage.

— « Qu'est-ce que la fille te veut, Drago ? »

— « Je ne… » commença-t-il, la voix se brisant lorsque Bella tira plus fort. Il sentit les cheveux s'arracher de leurs racines, une piqûre aiguë qui le fit siffler contre la douleur. « Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas. Elle n'est rien. Personne. Tue-la, peu importe. Je ne sais rien. » Ses mensonges jaillissent d'un barrage brisé au fond de sa gorge, poussés à éclater par un sentiment d'instinct de conservation qui l'emportait sur tous ses autres instincts.

Bella rit et des postillons lui frappèrent la joue. Elle s'éloigna de lui, marchant en cercle entre lui et Granger.

Le cordon d'or se dissout et se reforma autour des pas de Bella.

Drago ne put pas en détacher les yeux.

Cela lui tira la poitrine, une demande subtile, le suppliant de se rapprocher.

Et puis, la voix de sa mère à son oreille.

— « Drago, » dit-elle doucement pour que Bella ne l'entende pas. Lorsqu'il se tourna vers elle, il se rendit compte que son visage est aussi proche que celui de sa tante. Mais celui de Narcissa était un visage illuminé et préoccupé. Pas de folie.

A ce moment, Drago savait que sa mère avait compris. Et bien sûr, qu'elle avait compris, compte tenu du lien qu'elle entretenait avec son père.

— « Le lien ? » demanda-t-elle. La question était une condamnation à mort.

Il tenta un déni, la langue collée aux dents. « Je ne sais pas… »

Mais Bella s'approcha à nouveau, des boucles noires sauvages flottant sur le visage de Drago.

La bouche de Drago se ferma brusquement. Celle de Narcissa aussi.

Au loin, à travers un rugissement dans ses oreilles qui devait être le pouls de Drago – qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? – il entendit son père émettre une autre menace, cette fois avec sa baguette pressée contre le côté du cou de Bella. Elle sourit, les yeux levés pour le regarder tandis que le reste de son visage restait impassible.

Comme si la menace ne voulait rien dire, ses yeux se tournèrent vers Drago et Narcissa.

— « Qu'est-ce que c'est ça ? Est-ce qu'on discute en famille ? Discutons alors. »

Elle se jeta à la vitesse d'un serpent et frappa. Ses mains griffues l'attrapent à la gorge et avant même qu'il puisse penser à riposter, l'épaule de Drago toucha le tapis, suivie de sa tête. Un instant plus tard, un stupefix rouge grésilla sur le sol à côté de lui et l'emprise sur son cou se relâcha.

Drago roula ; la baguette de sa mère était sortie, pointée sur Bella. Lucius s'avança, remettant Drago sur ses pieds.

— « N'ose pas toucher mon fils. » Narcissa semblait sur le point d'assassiner sa propre sœur. Peut-être que ses parents ne le condamneront pas pour ça après tout.

— « Tu as essayé de me stupefixier, » dit Bella avec un ricanement, laissant tomber sa propre position défensive de baguette, les épaules et le cou roulant comme si elle s'étirait. Elle leva la main, tendant un seul doigt. Elle le montra entre eux. Une fois à Narcissa, une fois à Lucius, et puis une fois à Drago. Elle s'arrêta là, prolongeant le moment, avant de pivoter juste assez pour montrer une fois l'endroit où se trouvait Granger. Bella avait l'air de s'amuser, de tout reconstituer.

— « Que se passe t-il ici ? On garde des secrets, n'est-ce pas ? Pas à la famille, sûrement ? »

— « Bella, s'il te plaît… »

— « S'il te plaît, quoi, Cissy ? »

Drago n'avait jamais pensé que sa mère et sa tante Bella se ressemblaient particulièrement. Bella avait toujours été troublante et incarcérée. Sa tante folle, enfermée au milieu d'un océan. Puis plus tard, sa tante folle parcourait la maison de son enfance. Et sa mère avait toujours été contrôlée, une sorte de constante royale dans sa vie. Mais maintenant, lors de ce regard baissé entre sœurs, elles arboraient des expressions identiques et inflexibles.

La prise de Lucius sur son épaule se resserra à nouveau. Doucement, à l'oreille de Drago. « Une Sang-de-Bourbe ? » La force percutante du sang s'enfonça dans le tympan de Drago. Il ricana, inondé de rage. Il secoua la tête, juste assez pour croiser le regard de son père dans un regard de côté.

— « Ce n'est pas comme si je pouvais m'en empêcher, » rétorqua Drago. Trop fort, ça attira l'attention de Bella. Son estomac se retourna. Déjà, il défendait sa position, piégé par la magie arcanique qui avait éclaté pendant que sa camarade de classe criait sur le sol de son salon.

Une connexion avec elle.

On dirait que Bella pourrait poser une autre question, mais elle se tut lorsqu'elle ouvrit la bouche. Drago fut frappé par la translucidité de sa peau, d'un blanc fantomatique palmé par des veines bleues et des ombres sombres.

Sa tête pencha ; elle regardait entre eux. Drago put presque voir l'idée naître derrière les trous noirs que ses yeux étaient devenus.

Narcissa intervint. « On n'y peut rien, Bella. Tu le sais, comme avec moi et Lucius. Ça arrive juste. » On dirait qu'elle voulait en dire plus, expliquer davantage, mais il devenait clair que la magie familiale, la magie liée à son propre lien, la musèle.

Bella ne cligna pas des yeux, souriant seulement. Corps immobile, regard prédateur.

— « Drago, est-ce un lien d'âme ? C'est finalement arrivé pour toi, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle d'une voix douce. Il savait que c'était un piège. « Tu as l'air un peu malade et tu continues à regarder... quelque chose. » Elle passa un doigt entre l'endroit où il se trouvait et l'endroit où se trouvait Granger. « Juste là. Que vois-tu ? »

Un bruit dans les caves lui coupa la parole. La main de Lucius sur l'épaule de Drago se resserra.

— « Queudver, » aboya Lucius, et du coin le plus éloigné de la pièce, un homme rat apparut. « Va vérifier les caves. »

— « Je ne veux rien de tout ça, je suis juste ici pour ma récompense… » commença Greyback d'où il était coincé de son point d'observation. Drago avait oublié que Greyback et Queudver étaient dans la pièce, piégés dans sa propre panique.

Bella tira plusieurs stupéfix sur Greyback : une demande énergique pour laquelle il n'intervint pas. Il tomba à genoux, pas complètement abasourdi, mais solidement hors service. Avec un bruit, sa baguette roula sur le sol en pierre et s'arrêta là où commençait les tapis.

— « C'est une affaire de famille, cabot, » cracha Bella. « Et si tu es un très bon chien, tu peux avoir la Sang-de-Bourbe quand il sera temps de s'en débarrasser… »

Elle ne finit pas, elle ne pouvait pas. Parce que Ron Weasley faisait irruption dans le salon en hurlant, suivi rapidement par Harry Potter. Le choc de leur arrivée immobilisa Bella assez longtemps pour que Weasley la frappe avec un sort désarmant, envoyant sa baguette s'envoler dans la main de Potter.

Drago tomba instinctivement au sol, juste à temps pour éviter le stupéfix qui frappa son père, le renversant sur le foyer. Un autre stupéfix grésilla sur le tapis à côté de lui. Mauvaise visée de Potter, mais suffisamment de motivation pour remettre Drago sur pied, se défendant par nécessité. Mais ses chaussures traînaient lourdement, sa démarche disgracieuse, car il était irrationnellement occupé à ne pas marcher sur le cordon doré posé au sol.

Il ne lança que quelques sorts, côte à côte avec sa mère, avant que la voix de Bella ne les arrête tous.

— « Arrêtez ou elle meurt ! »

Comme un coup porté au plexus solaire, le cordon entre lui et Granger se tendit. Bella tenait son couteau sous la gorge de Granger. « Lâchez vos baguettes. Lâchez-les ou nous verrons à quel point son sang est sale ! »

Une partie vicieuse et désespérée de Drago souhaitait que Bella le fasse, ouvre Granger en tranches, la laisse se vider de son sang et libère Drago de sa situation. Mais alors même que cette pensée passagère traversait son cerveau, l'image le bouleversa presque, des haut-le-cœur à cause d'un chagrin imaginaire et disproportionné.

Potter et Weasley finirent par laisser tomber leurs baguettes, et Bella se tourna vers Drago pour les récupérer. Son instinct lui dit de bouger, de suivre ses ordres, mais les jambes de Drago avait oublié comment.

La main de sa mère retrouva la sienne, posée sur son épaule. Sa voix était basse mais urgente.

— « Vas-y », dit-elle, un murmure dur à son oreille. « Bella le dira au Seigneur des Ténèbres et il ne sera pas miséricordieux. Drago, tu dois y aller. Avec eux. »

Lorsqu'il croisa les yeux de sa mère, il se demanda lequel d'entre eux avait l'air le plus terrifié. Il ne put pas voir son propre visage, mais il le sentit. Il sentait la terreur parcourir son sang, l'adrénaline brûlante lui brûlant les veines. Il déglutit et bougea finalement quand Bella lui ordonna à nouveau de récupérer les baguettes.

Il ne savait pas quoi faire. S'allier à Potter ne signifiait rien si Bella avait toujours un couteau sous la gorge de Granger. Son estomac se noua à cette pensée. Trop tôt, il se retrouva devant Weasley et Potter. Il se pencha, attrapa ce qui devait être la baguette de Queudver, la baguette de Bella et celle perdue de Greyback également.

Avec sa propre baguette dans sa main gauche et les trois autres dans sa droite, Drago se retourna vers Bella, incertain de ce qu'il devrait faire.

Il fut épargné par le grincement du lustre. Il trembla, oscilla, puis s'écrasa avec fracas sur Granger, après avoir été poussé par Bella directement sur son chemin. Des éclats de verre se fragmentèrent et explosèrent.

L'espace d'un clin d'œil confus, le visage de Drago le piqua, et il réalisa qu'un verre volant lui avait mordu les joues. Il lui fallait un moment, une seule respiration, pour trier cette douleur de l'agonie qui traversait le cordon entre lui et Granger.

Weasley n'hésita pas, arrachant une baguette du poing de Drago et se jetant vers le lustre. Drago arrêta de réfléchir. Il suivit les ordres. Cette fois, ceux de sa mère.

Il se retourna et tendit les deux autres baguettes dans sa main droite vers Potter, qui lui épargna à peine un clin d'œil de confusion alors qu'il prenait les baguettes et tendit la main vers Dobby – Dobby ? – qui avait visiblement fait tomber le lustre.

Bella cria à propos de l'elfe, de Drago et des baguettes, de Narcissa qui planait au-dessus du corps abasourdi de Lucius.

— « Ron – Allez ! » cria Potter.

Dans un craquement, il disparut avec Granger, et c'est comme si tout l'oxygène avait quitté la pièce. Terrible agonie, mais étrangement paisible, comme Drago pouvait enfin le penser.

C'était juste assez clair qu'il sache que la seule voie qu'il pouvait suivre était de détourner le transplanage de Potter. Il tendit la main, attrapa l'autre main du petit elfe, ne captant qu'un soupçon de choc sur le visage de Potter avant que la compression de la disparition ne les aspire dans un craquement étouffé, déjà lointain à ses propres oreilles.

En regardant la surprise de Potter, Drago ne vit pas le couteau.