Walk on the wild side.
Disclaimer : L'œuvre et l'univers de « Harry Potter » sont la propriété exclusive de JKR... ce qui ne nous oblige pas à être d'accord avec elle et ses propos...
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Cet OS a été écrit dans le cadre de l'High Spic du serveur Discord Potterfictions (rejoignez nous !), un défi d'écriture célébrant les song fics !
Les moodboards tirés au sort qui ont inspirés l'histoire (visibles sur AO3 par exemple) :
Moodboard 1 : Maison Poufsouffle
Moodboard 2 : Saison Printemps
Moodboard 3 : Core Punk rock
La/les chansons de l'histoire : Lou Reed - Walk on the Wild Side
Gros big-up à mes supers betas : HydrusMaelstrom & SybilEvergreen
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Cette petite histoire a d'abord été publiée sur AO3 le 28 aout 2024. Elle pourrait constituer un préquel à un Wolfstar à chapitres que je suis en train de finaliser et qui sera publié dans les semaines à venir. Vivement !
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Je vous souhaite une belle lecture et vous dis à très vite !
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— Qu'est-ce que tu regardes comme ça ?
L'attention de Sirius se reporta sur James. Il désigna la table des Poufsouffles d'un mouvement du menton.
— Je me demandais si c'était un type ou une nana ? répondit-il avec une amorce de sourire en coin.
Remus se retourna. Il lui lança un regard si glacial qu'il lui tira un long frisson et l'incita à ne pas aller plus loin.
— Irwin. C'est un mec. Et tu le sais très bien.
Sa voix qui claquait donna l'impression à Sirius de s'être pris une taloche. Il savait parfaitement qu'Irwin était un garçon. Il ne le savait que trop bien même, puisqu'ils partageaient le cours d'Étude des moldus depuis leur entrée à Poudlard, un an plus tôt.
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En arrivant à l'école, Sirius n'avait pris cette option que pour contrarier ses parents. Ce qui avait parfaitement fonctionné. Son flanc en avait gardé des stigmates pendant près de cinq mois.
La première année était passée vite, les cours étaient chouettes mais, à la rentrée, leur Professeur leur avait imposé des places attitrées.
Il avait décidé de les mettre côte à côte, Irwin et lui. Et, s'il l'avait à peine remarqué l'année précédente, Sirius n'arrivait plus à arrêter de le dévisager, désormais. Ses traits fins, ses longues nattes qui flottaient sur ses épaules, sa voix fluette et ses gestes maniérés.
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Irwin avait des manières de femmes. Même pas de petites filles. De femmes. Il tenait sa tasse comme le faisait Druella. Il rabattait ses tresses derrière son oreille comme Cassiopée. Il avait les cils aussi longs que la mère de Sirius et se mordait la lèvre lorsqu'il écrivait comme sa cousine Cissy, quand elle révisait ses ASPIC.
Et il y avait un truc avec sa peau. Elle était belle, sa peau. Couleur châtaigne. Un truc comme ça, qui brillait au soleil. Sirius s'en était rendu compte à la fin de l'hiver quand les rayons s'étaient enfin décidés à percer la fenêtre. Sa peau s'illuminait au soleil. Il trouvait le phénomène délirant.
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Sirius fixait Irwin tellement souvent qu'il s'était fait surprendre plusieurs fois depuis le début du printemps. Parfois, il lui avait souri timidement mais, la dernière fois, le Poufsouffle l'avait soufflé.
— Je te plais, Black ?
Sirius avait senti le rouge lui monter aux joues, et son poing avait foncé droit dans son épaule avant même qu'il ne prenne conscience de ce qu'il était en train de faire.
— T'aimerais bien !
Il s'était exclamé, le ton moqueur, et avait ri pour la forme, mais il n'en menait pas large. Il avait passé le reste du cours le nez fourré dans son parchemin, incapable de se redresser, honteux et perturbé.
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Depuis les vacances de Noël, James n'arrêtait pas de parler des filles. Peter, bien que moins dithyrambique, participait activement aux conversations. Remus ne disait pas grand chose. Mais tout le monde avait compris qu'il en pinçait pour Mary.
Sirius essayait. Il essayait vraiment de s'y intéresser, mais il n'y avait rien à faire. Il n'y trouvait aucun intérêt.
Il était capable de participer au classement des plus jolies. Il n'était pas aveugle et savait reconnaître celles qui avaient du charme. Pour autant, il ne ressentait aucun attrait. L'idée même de sortir avec l'une d'entre elles ne lui était jamais venue à l'esprit. Il avait beau se forcer, pour faire comme les autres, il était incapable de se l'imaginer.
Il n'avait pas cru que c'était un problème. A treize ans, il savait qu'il avait encore le temps de vivre son réveil hormonal. Ce n'était pas si grave. Avant. Avant cette petite phrase d'Irwin.
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Depuis. Depuis, il était bien obligé de le reconnaître, Irwin avait fait dérailler un truc chez lui. Il lui plaisait. Il lui plaisait vraiment. Sûrement parce qu'il était beau. Très, très beau. Et féminin. Oui. C'était probablement pour cette raison. Bien sûr.
Sirius voulait se convaincre que, son style, ce devait juste être les filles grandes et longilignes. Il y en avait plein, des filles aux corps androgynes. Il n'était pas obligé d'apprécier qu'elles soient toutes en courbes ou qu'elles aient des poitrines voluptueuses, comme James les aimait.
Sirius avait le droit d'être attiré par des filles aux os fins !
Sauf que. Sauf qu'il avait essayé, de mieux les regarder, ces filles. Et aucune ne réveillait ce petit truc. Cette petite étincelle d'intérêt. Cette légère envie de "et si" ? Et merde. Sa mère devait avoir raison. Il y avait forcément un truc qui clochait, chez lui.
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Peter effleura l'épaule de Sirius et le sortit de ses pensées. Il secoua la tête, se leva et suivit le mouvement.
— Je me posais aussi la question, chuchota Peter, complice. Tu as vu qu'il met du vernis ?
Sirius ne lui rendit pas son sourire. Il avait vu. Bien sûr qu'il l'avait vu. Il avait passé quasiment autant de temps à dévisager Irwin qu'à fixer ses doigts. Il aurait aimé pouvoir faire pareil. Oser franchir le pas et peinturlurer ses ongles.
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C'était peut-être cette liberté qui l'attirait. Pas son genre. Plutôt son esprit anti-conformiste.
Sirius tentait de toutes ses forces de s'affranchir des codes. Depuis son entrée à Poudlard, il prônait la désinvolture. Il faisait son possible pour s'émanciper de sa famille et portait son impertinence en étendard. Cette blague.
Il n'était qu'une vaste farce à lui tout seul, comparé à Irwin. Lui savait faire preuve de témérité. Il jouait avec les conventions et l'ordre établi, en se désintéressant des moqueries. Il ne cherchait pas à être apprécié à tout prix. Au contraire de Sirius. Il n'avait pas désespérément besoin d'être aimé.
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Sirius passa la semaine à ressasser. Il tournait en -toi. Affirme-toi. Arrête de faire se sentait tout petit. Minuscule. Insignifiant. Alors il créait le chaos. Pour être sûr que tout le monde le voit. Pour être sûr de ne pas être écrasé. Se montrer, pour ne pas être oublié.
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Le mardi suivant, Sirius se réveilla le cœur battant la chamade à l'idée de passer deux nouvelles heures à côté d'Irwin. Devant la salle de classe, il agrippa la lanière de son sac, prit une longue inspiration et entra en cours de son pas altier. Forcément altier. Orion et Walburga s'étaient donné assez de mal pour lui inculquer cette allure-là.
Il jeta plus qu'il ne posa son sac sur la table et fixa Irwin, les sourcils froncés. Le Poufsouffle leva la tête vers Sirius, toujours debout, et haussa un sourcil. Fin. Élégant. Épilé.
— Et si je te répondais oui, tu dirais quoi ? demanda Sirius en redressant le menton.
— Que je ne sais pas de quoi tu parles, Black ? proposa Irwin avec tranquillité après une hésitation.
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Sirius ne put empêcher un rire de franchir ses lèvres. Il était vrai qu'il lui avait posé la question près d'un mois plus tôt. Il avait presque omis ce léger détail. Il ôta sa robe, la posa sur le dossier de sa chaise et se décida à s'asseoir.
— Si je te répondais que oui, tu me plais. Tu te moquerais ?
Sirius croisa les jambes, posa un coude sur le bureau et son menton dans sa paume.
— Oh. Non. Pas du t-.
— Monsieur Black ! Vous voulez bien revenir vers le devant de la salle et vous intéresser à mon cours au lieu de distraire votre camarade ?
Sirius ferma les yeux et pinça les lèvres. Il espérait que ce geste suffirait à éviter à ses pommettes de jurer avec sa peau d'albâtre. Il pivota vers le tableau et s'empara de sa plume.
— Attends-moi après le cours, chuchota Irwin sans lever la tête de son parchemin.
Sirius opina du chef et ne quitta plus des yeux son Professeur. Il sentait ses mains devenir moites et avait des difficultés à tenir correctement sa plume. Son écriture, qu'il avait pourtant l'habitude de calligraphier avec élégance, bavait et débordait. Quelle idée stupide lui était encore passée par la tête ?
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Leurs deux heures de cours furent peut-être les plus longues de l'année et la sonnerie de la cloche fut une délivrance. Sirius rangea ses affaires si lentement que tous les élèves avaient quitté la classe quand il posa enfin la bandoulière de son sac sur son épaule.
Il avança vers la sortie avec cette étrange sensation de pieds lestés de plomb. Il salua son Professeur à mi-voix, les yeux rivés vers le couloir. Irwin l'attendait, adossé au mur, quelques pas plus loin.
— On va dans le parc ?
Bravache, Sirius hocha la tête et ouvrit la marche. Tout pour donner l'illusion de son assurance. Il avança, le pas alerte, les vertèbres parfaitement dressées, les épaules droites, la tête relevée.
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Il se dirigea vers la Cour de l'horloge, toujours vide à l'approche de l'heure de la pause déjeuner et s'installa à califourchon sur un des murets de pierres. Irwin s'assit face à lui, les jambes croisées d'un seul côté.
Il retira sa robe, la plia et la posa sur ses genoux avec des gestes lents et gracieux. Il desserra sa cravate, enroula ses nattes autour de sa baguette, la planta dans le noeud qu'il avait créé au-dessus de sa tête et sourit, amusé, au regard fasciné que lançait Sirius à son chignon de fortune.
— Alors, Black ? Pourquoi tu tenais tant à me faire cette révélation ?
— Je ne tenais pas à-, commença Sirius qui interrompit sa phrase en cours de route.
Il croisa les bras sur son torse et laissa ses épaules s'affaisser. Pourquoi est-ce qu'il lui avait dit ça, en fait ? Il n'en avait pas la moindre idée. Il ouvrit la bouche à deux reprises avant de faire machine arrière.
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Irwin l'observa, avec neutralité, pendant de longues secondes. Sirius se mordit l'intérieur de la joue. Son regard était dérangeant. Ses longs cils battaient l'air avec une régularité qui l'hypnotisait. Irwin était… perturbant.
— Je ne veux pas sortir avec toi, ou un truc comme ça, avança Sirius avec prudence.
Irwin sourit à son air renfrogné.
— Ça tombe bien, moi non plus, affirma-t-il simplement.
Sirius se pinça au niveau du poignet. Ses yeux étaient rivés à une minuscule cicatrice qu'il s'était faite en tombant du balai qu'il avait volé à son père quand, à l'âge de neuf ans, il avait tenté de s'enfuir avec Reggie. Ses cheveux lui tombèrent sur le front.
— Tu es… hum. Tu sais ?
— Non, Black, je ne sais pas. Je suis quoi ?
— Rien, souffla Sirius en levant la tête vers le ciel.
Il rabattit ses cheveux derrière son oreille, remplit ses poumons, croisa étroitement ses bras sur son torse et y planta ses ongles.
— Tu crois que tu pourrais m'aider à mettre du vernis ? demanda-t-il, toujours sans le regarder.
Il sentit Irwin attraper une de ses mains et étirer ses doigts, les uns après les autres.
— Oui. Tu as des mains de pianiste, tu sais ?
— Ouais ? Je joue un peu, murmura-t-il.
— Tu sais que Rosier et ses copains ne laisseront pas passer ça, si tu mets du vernis ?
Sirius ancra son regard dans les iris onyx d'Irwin et haussa les épaules. Feindre l'indifférence, il savait faire. Le Poufsouffle hocha la tête et sortit un flacon de sa besace.
— Ok, chéri, sors donc des sentiers battus ! Noir ? Ça te va ?
Sirius lui adressa un sourire lumineux. Dans un silence déférent, il regarda Irwin saisir sa main, en caresser la paume en douceur, du bout des doigts, et y enfoncer son pouce fermement dans le dos, entre ses métacarpes.
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Il était fasciné de le voir enduire ses ongles d'un geste sûr, l'un après l'autre, sans trembler ni déborder. Si concentré qu'il raclait sa lèvre inférieure avec ses incisives. Quelques minutes suffirent à achever le travail. Irwin se redressa, jeta un sort de figeage, referma le flacon et regarda Sirius d'un air satisfait.
— On devrait aller déjeuner. Prochaine leçon, chéri ? Je t'apprends à faire ce genre de choses ! s'exclama Irwin en pointant son chignon.
D'un geste souple, il attrapa la pointe de sa baguette.
— Et ça ! ajouta-t-il en la récupérant et laissant ses cheveux cascader de nouveau sur ses épaules.
Sirius ressentit une pointe effleurer son coeur. L'excitation. La joie. L'impatience aussi. Il tendit ses dix doigts droits devant lui et regarda ses ongles noirs trancher avec sa peau si pâle.
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Il n'arrivait pas à arrêter de sourire. Comme un dément. Il se dirigea d'un bon pas vers la Grande Salle. Fier. Il avait l'impression de détenir un secret. Un de ceux qui font qu'on se sent plus grand. Plus fort.
Il repéra facilement James, avec ses cheveux fous, et s'installa à la place qu'il lui avait gardée à ses côtés. Il souriait encore. Heureux. Vraiment heureux. Il avait raté les entrées et se servit une belle portion de kedgeree.
Il piqua un bout de pain à Remus, qui lui faisait face, sans prendre la peine de lui demander quoi que ce soit. Il ne fit pas immédiatement attention à sa fourchette suspendue dans le vide ou à ses sourcils froncés.
Mais Sirius sentit le poids de son regard. Il interrompit à son tour son repas et posa lentement ses propres couverts alors que le bras de Remus traversait la table. Il leva les yeux vers lui.
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Remus agrippa son poignet. Le sang de Sirius migra vers ses pieds à une telle vitesse qu'il en ressentit des fourmis. Comme s'il s'échappait de son corps. Il s'entendit déglutir, dans le brouhaha de la salle, et son coeur martelait sa poitrine.
La bouche sèche, il n'arriva pas à prononcer le moindre mot. Remus le lâcha aussi vite qu'il l'avait harponné. Sa voix rauque claqua.
— J'aime. Beaucoup.
Il avait été le premier à muer et, pour la première fois, entendre sa voix si grave arracha des frissons à Sirius qui fut à nouveau capable de respirer. Il n'avait pas imaginé un seul instant que l'approbation de Remus puisse être si importante et, pourtant, maintenant qu'il l'avait, il réalisait à quel point son avis comptait. Peut-être plus que tout autre. Ils se fixèrent longuement, le regard plein de défi et un léger sourire aux lèvres.
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J'espère que vous avez passé un agréable moment avec Sirius et Irwin et vous dis à bientôt !
