Auteur: Kuro-Hagi – 10/05/2022

Genre: Romance – Yaoi – Hurt/Comfort - Friendship

Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.

Notes/Remerciements : Le 10 mai ce n'est pas uniquement l'AoKagaDay que l'on célèbre… Bon anniversaire Maloriel ! Et voilà une première partie de fic pour ton anniversaire :) Une belle journée, ensoleillée, profite bien !


Just Breathe

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KAGAMI

La maison d'Akashi est immense, le jardin tellement grand qu'on se croirait en plein campagne et pourtant, ils sont encore dans Tokyo. L'espace démesuré semble pourtant trop petit pour la foule qui s'amasse dans la cuisine, les pièces de vie et sur la terrasse donnant sur une piscine quasi olympique, chaufée, et elle aussi pleine de jeunes lycéens venant fêter leur diplôme et la fin du lycée. À croire qu'Akashi « le grand » a invité tous les lycéens de Tokyo chez lui. Il ne connaît qu'une douzaine des personnes présentes. Essentiellement la génération miracle et quelques membres de l'équipe de Seirin. Il a croisé quelques autres gars par le basket et certaines filles lors d'autres soirées,mais personne qu'il neconnaît réellement.

Cette soirée est simplement excessive. Trop de monde, trop de bruit, trop de musique, trop d'alcool… Trop de joie. Son cœur n'est pas à la fête. Oui il est soulagé de terminer enfin le lycée. Mais il ne poursuivra pas son rêve.

Il regarde avec exaspération Aomine danser sur une table, ondulant en rythme avec Aikawa, son verre de bière à la main. Il embrasse la jeune femme et sans honte lui masse outrageusement les fesses. Elle rit et se frotte à lui. Aomine a toujours eu du succès avec les filles, la star du basket de son lycée. Il n'a jamais eu vraiment de copines sérieuses, mais il en a vu passé plusieurs dans son lit. Son regard croise le sien et Aomine lui adresse un sourire chaleureux. Il soupire et lève les yeux au ciel, définitivement il l'exaspère. Il le déteste. Ils sont amis pourtant. Ils traînent avec le même cercle d'amis, ils ont énormément joué au basket ensemble, ils sont partis en vacances tous ensemble. Mais il n'a jamais cessé de l'énerver.

Ahomine.

Ce dernier saute de la table où il dansait, tend son verre à quelqu'un et en attrape un autre plein. Et il boit, il finit toujours trop bourré à chaque soireépas une once de ce mec n'est raisonnable, sauf quand il s'agit du basket. Et ça l'énerve encore plus, le voir si confiant, si sûr de lui et imbu de lui-même… Parce qu'il a raison il est bon, il est putainde bon au basket. Et ça lui fait vraiment mal de l'avouer. Pourtantpour ça, il le respecte, mais pour le reste ce qu'est-ce qu'il l'énerve. Okazaki se colle dans le dos d'Aomine et son ami ne se pose même pas de questions, il se frotte contre elle ondulant du bassin sensuellement. Elle le contourne et vient chercher ses lèvres et… il l'embrasse elle aussi. De toute façon, il s'en fout. Il ne sort ni avec Okazaki, ni avec Aikawa et dans une semaine il prend un avion et lui il poursuivra son rêve… Leur rêve.

Il soupire et se décolle du mur, il a besoin de prendre un peu l'air. Ce mec est juste insupportable.

« Kagami ! »

Il s'arrête dans son mouvement, alors que Yoshino vient se coller à lui.

« Hey Yoshino. Comment vas-tu ? »

Elle a visiblement beaucoup bu et lui adresse un sourire qui se veut sûrement dragueur et qu'il trouverait sûrement efficace s'il avait un peu bu, mais pas ce soir. Yoshino est une chic fille quand elle est sobre et ils sont sortis ensemble quelque temps, mais il a fini par rompre, c'est une fille sympa, ils s'entendent bien mais… Non. Il n'était pas extatique de sortir avec elle etelle est restée une bonne amie.

« Super bien… »

Elle se mordille la lèvre et encore ce sourire coquin.

« Hm… Je sais qu'on ne sort plus ensemble, mais… On pourrait quand même… Tu sais ? Si tu me ramènes chez toi. »

Pas moyen. Il l'aime vraiment beaucoup, mais le sexe était un des trucs qui n'a pas vraiment fonctionné entre eux. C'était bien, mais rien à voir avec le truc très transcendant dont les autres gars n'ont cessé de lui parler, vraiment pas de quoi devenir accro et à vouloir soulever toutes les jupes du lycée comme Aomine.

« Coucher ensemble ? Nop. Tu es beaucoup trop alcoolisé pour ça. Par contre, je peux…

— Yoshino ! Oh merci Kagami tu l'as trouvée ! »

Watase et une autre fille dont il a oublié le nom, viennent prendre Yoshino par le bras.

« C'est plutôt elle qui m'a trouvée. Elle est un peu…

— Complètement bourrée oui ! »

Watase rit. C'est une jeune femme raisonnable qu'il apprécie énormément. C'est une des rares qui reste sobre en soirée.

« On a appelé un taxi, je la raccompagne chez elle.

— Bonne idée. »

Il les regarde s'éloigner et quand il est rassuré de voir qu'elles ont quitté la maison en sécurité. Il sort enfin dans l'immense jardin. Il sait qu'au fond derrière les arbres il y a un étang. Il a toujours trouvé cet endroit relaxant et ses pas l'y mènent naturellement. Il s'assoit sur le bord du ponton, la lune se reflète dans l'eau miroitante au gré de légères ondes. Il frissonne un peu. Avec la chaleur qu'il faisait à l'intérieur et sur la terrasse avec l'eau de la piscine chauffée, il a oublié qu'on était que fin mars et les températures chutent le soir même si le printemps a bien démarré cette année.

Il fait froid. Mais il n'a pas envie d'y retourner. Son cœur est un peu lourd. L'année scolaire est terminée, le lycée est terminé, mais il va rester ici. Et c'est comme si pour lui, sa vie également s'arrêtait ici. En réalité, elle s'est arrêtée il y a un an, quand son père l'a rejoint au Japon ruiné, croulant sous les dettes, l'obligeant à revendre l'appartement dans lequel il vivait depuis deux ans pour un taudis dans le quartier le plus horrible de la ville où il n'a même pas une chambre pour lui et dort dans le canapé convertible du salon. La bourse n'est pas suffisante pour payer ses études et un logement aux États-Unis pour poursuivre son rêve. Il a fait les calculs, même s'il arrive à bosser en dehors des cours et des entraînements, il aurait à peine de quoi vivre, sans un prêt il n'a aucune possibilité et avec les dettes de son père, aucune banque ne lui prêtera de l'argent. Alors pendant un an, il a essayé d'y croire, il a cherché des solutions, il a même pris un boulot pour mettre de l'argent de côté, mais l'argent n'a servi qu'à lui permettre à lui et son père de manger tous les jours, quand son père paye le loyer avec son maigre salaire et… tente d'éponger ses dettes. Il revoit encore son père agenouillé, le front au sol devant lui et s'excusant pour avoir gâché ses rêves. Il ne peut pas abandonner son père, il ne peut pas le laisser dans la misère seul. Sa mère les a abandonnés quand il était si jeune, trouvant un riche américain bien plus intéressant qu'eux. Son père a travaillé toute sa vie pour lui donner une vie décente, il a même réussi à finalement vivre plus que confortablement, mais il est devenu trop gourmand et après quelques mauvais investissements, il a tout perdu. Son père n'a que lui et il n'a que son père. Il ne peut pas l'abandonner comme ça.

« Hey Bakagami… Qu'est-ce-que tu fous là tout seul ? »

Il tressaille en entendant Aomine derrière lui, la voix un peu traînante et clairement brouillée par le trop plein d'alcool.

« Ahomine. »

Son ami s'assoit à côté de lui, s'aidant de son épaule pour maintenir son équilibre précaire et rigolant un peu.

« Ouch ça tangue ! T'es sûr que ce ponton flotte ?

— C'est toi qui tangues… T'es bourré mec.

— Yep ! Et toi tu l'es pas... »

Aomine lui tend son verre à moitié plein, mais il le repousse doucement.

« Non merci.

— Tsss ! On est là pour faire la fête mec ! C'est la fin du lycée ! Réjouis-toi !

— Yeah… C'est cool.

— Tu ne viens vraiment pas aux États-Unis ?

— Nan… C'est pas pour moi.»

Aomine redevient sérieux, il ne semble plus si saoul à présent,et le regarde silencieusement avant de demander.

« Comment va ton père ? »

Il a l'impression que son cœur se glace. Kuroko est le seul avec lequel il a parlé des problèmes de son père réellement et il est le seul auquel il a avoué la raison pour laquelle il ne poursuivrait pas son rêve. Et il a toute confiance en Kuroko pour ne rien révéler. Il a cessé d'inviter ses amis chez lui prétextant que maintenant il ne vivait plus seul, Aomine n'est jamais rentré dans son nouvel appartement, mais évidemment, il connaît le quartier et il doit se douter de la taille et la décrépitude des appartements qu'on y trouve. Et il sait qu'il a pris un petit boulot. Et lui, il a conscience qu'Aomine est loin d'être un idiot. Forcément, il a compris pourquoi il ne peut pas le suivre là-bas.

Il déglutit et baisse le regard qui se brouille de larmes qu'il ravale difficilement.

« T'es un mec bien Taiga. »

Il relève les yeux surpris, un frisson parcourt sa nuque. Jamais Aomine ne l'a appelé par son prénom. C'est un truc qu'il réserve à ses vrais amis et malgré tout le temps qu'ils ont passé ensemble, ils n'ont jamais été aussi prochesqu'il l'a été avec ces coéquipiers de Teiko. Il n'a jamais vraiment trouvé sa place dans ce groupe et non, il n'a jamais été jaloux, pas du tout… D'ailleurs, d'après Kuroko c'est lui qui se met lui-même toujours en retrait. Et peut-être qu'il n'a pas tort, qu'il a l'impression d'être un imposteur. Bref… Aomine ne l'a jamais appelé par son prénom et étrangement, ça a quelque chose d'impressionnant et de beaucoup trop solennel dans la façon dont il le prononce. Aomine est beaucoup trop sérieux.

« Ouais… Un peu trop sérieux… Mais quelqu'un de bien. Il est ta seule famille... »

Aomine n'en dit pas plus, mais il a compris. Et pour la première fois, il a l'impression qu'Aomine le voit vraiment. Ou peut-être qu'il l'a toujours vu, mais qu'il s'est toujours caché derrière son humour et son absence de sérieux pour le cacher. Ou peut-être que c'est lui qui n'a jamais voulu voir à quel point Aomine le connaissait plus qu'il voulait l'admettre. Cette façon de savoir toujours où appuyer pour l'ennuyer, cette capacité à lire son jeu au basket, sa générosité quand il lui offrait sa montagne de burger à la fin de leur one-on-one, sans le dire Aomine avait déjà compris que l'argent était devenu un problème pour lui. Le basket va lui manquer c'est sûr. Mais encore plus, jouer avec Aomine, son cœur se serre alors qu'il est incapable de répondre et qu'il ne peut que regarder son ami réalisant à quel point, il a finalement aimé ses années de lycée grâce à lui.

Il ne sait plus quoi dire, son cœur bat fort dans sa poitrine et le regard d'Aomine s'attarde sur sa bouche et il n'a pas le temps de réaliser qu'il se rapproche de lui et que les lèvres d'Aomine se posent sur les siennes. L'espace d'un instant, il se fige. Pourquoi Aomine l'embrasse ? Et finalement, il répond au baiser avec désespoir, comme si Aomine lui donnait ce qu'il avait toujours désiré sans même le savoir. Soudain, embrasser Aomine est une évidence et une révélation. Pourquoi Yoshino malgré toute sa gentillesse n'a jamais fonctionné pour lui, pourquoi le sexe lui a semblé sans plus… Alors que ce baiser… Ce baiser l'enflamme et allume un brasier au fond de son être.

Mais aussi brusquement qu'il a démarré, le baiser est rompu alors qu'Aomine se recule vivement, les yeux écarquillés, effrayés. Il n'a pas le temps de comprendre ce qu'il se passe, tout va vite et pourtant son cerveau enregistre et analyse tout, le mouvement de rejet, qui effrite son cœur et le déséquilibre qui le propulse dans l'eau glacée du bassin. Il a presque envie de rester sous l'eau et de se cacher pour ne pas affronter l'humiliation de ce qu'il vient de vivre, mais l'eau est beaucoup trop froide et son instinct de survie l'en dissuade.

« Merde ! J'suis désolé Kagami ! »

Aomine lui tend la main et l'aide à se remonter sur le ponton. Son ami fuit son regard et balbutie.

« Hm… Euh… Désolé. J'vais voir si Akashi a des fringues à te prêter. »

Aomine s'enfuit en courant. Quand il rejoint la maison, c'est Kuroko qui l'accueille avec des vêtements propres.

« Aomine s'excuse encore. Il est parti avec Okazaki finalement. Viens tu devrais prendre une douche. »

Son cœur se glace et semble tomber comme une pierre au fond de son estomac.

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10 ans plus tard

AOMINE

Il regarde encore et encore les articles fleurir sur la toile, son estomac se rebelle et il se dépêche de rejoindre les toilettes où ils vident ses tripes de tout l'alcool qu'il a ingurgité et du dégoût que lui inspire ces dernières lectures. Son téléphone sonne et il n'a pas besoin de regarder l'écran pour savoir que c'est son agent. Il décroche et la voix en colère de celui qui l'aide dans sa carrière depuis huit ans se déverse dans son oreille.

« What the fuck Daiki ? C'était quoi ça ?

— I'm sorry…

— Ton contrat avec les Bulls se termine dans deux mois… On n'a pas encore signé le renouvellement ! Tu étais loin d'être au mieux de ta forme ces deux dernières années. »

Il a remarqué. Il a l'impression de ne plus trouver de fun dans le basket et ça lui rappelle trop une autre époque de sa vie et cette fois encore… Sans le basket, il ne sait pas ce qu'il est, qui il est.

« Tu n'as aucune autre proposition de contrat… Et ça ?! Sérieusement Daiki ?

— Je sais ! C'est mon ex ok ? On était ensemble, c'est même elle qui a proposé… »

Emi était arrivée chez lui un soir avec trois de ses amies et lui avait proposé un plan à cinq. Il avait accepté, pourquoi refuser quand c'est offert si gentiment ? Il était avec Emi depuis quelques mois et ils s'entendaient bien. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Il n'était pas amoureux, mais il l'aimait bien. Elle avait rompu deux ou trois mois après cette orgie. Et c'est seulement encore un mois plus tard qu'elle est arrivée avec cette photo pour lui faire du chantage. Elle a demandé de l'argent. Il lui a donné. Ce n'est pas comme si l'argent avait beaucoup d'importance pour lui. D'ailleurs, il pensait qu'ils avaient rompu en bons termes, et si elle avait besoin d'argent elle aurait juste pu demander… Il lui en aurait donné. Il a payé… Et elle a quand même balancé la photo aux médias.

Il sait qu'il aurait dû parler du chantage à son agent. Mais il ne voulait pas de problème à Emi. Visiblement, elle n'avait pas les mêmes remords que lui. Elle vient probablement de ruiner sa carrière pour un peu de fric.

« Peu importe que tu sois responsable ou non… Tu sais ce que ça fait à ton image qui n'était déjà pas reluisante…

— Je sais…

— …

— Qu'est ce qu'on fait maintenant ?

— Mets-toi au vert et tiens-toi tranquille… En attendant, je vais essayer de sauver ton cul. »

Miller est l'un des meilleurs agents du circuit, il peut faire des miracles, mais dans cette situation, il n'est pas sûr que même lui puisse vraiment le sauver. Mais au fond, est-ce qu'il en a envie ? Ça fait deux ans qu'il fatigue et qu'il ne se sent plus motivé. Quelque part, cette mise au vert obligatoire le soulage. Miller raccroche sans attendre sa réponse et il n'hésite pas une seconde. Il réserve le premier d'avion qu'il peut, envoie un message à son meilleur ami et remplit rapidement une valise du minimum vital. Puis, il se couche pour essayer de soigner sa gueule de bois pour les quelques heures qu'il doit attendre avant son avion.

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Quand il entre dans l'appartement, tout est propre, tout est exactement comme il l'a vu sur les photos que Tetsu a pris pour lui. Il n'a jamais mis les pieds dans ce loft, il a investi parce qu'il voulait un pied-à-terre ici à Tokyo et Tetsuya l'a aidé en visitant pour lui les différents appartements proposés par l'agence qu'il avait sélectionnée. Il avait embauché une entreprise pour tout meubler et décorer. L'appartement estterriblement impersonnel mais peu importe, ici il seratranquille quelque temps, peu probable que les paparazzi le traquent jusqu'ici. Il laisse la valise dans l'entrée et se dirige vers la cuisine. Tetsu lui a assuré que le frigo était plein et surtout qu'il trouverait sa bière préférée en quantité. Il sourit en ouvrant la porte du frigo.

« Parfait. »

Il faudra qu'il pense à le remercier encore une fois.

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KAGAMI

Il n'arrive pas à croire qu'Aomine ait fait ça. Sérieusement ? Ruiner sa carrière de cette manière ? Parce qu'il ne sait pas garder sa queue dans son pantalon ? Ruiner son rêve. Il a eu la chance de pouvoir le poursuivre et il faut qu'il le saccage de cette manière. Il est en colère : comme toujours Aomine arrive à le faire sortir de ces gonds. Il déteste ce mec de plus profond de ses tripes. En tout cas c'est ce dont il essaie de se convaincre.

Il n'a jamais oublié qu'Aomine est celui qui lui a fait comprendre qu'il était gay, un baiser sur ce ponton et tout son univers à basculé. Il a mis du temps à l'accepter complètement, mais il a fait le chemin et aujourd'hui, il est ouvertement gay et fier. Ses amis l'ont accepté sans poser de question et son père… Son père a été son premier allier. Il a mis du temps à lui en parler, il avait peur de sa réaction et finalementil l'a accepté tout simplement. Il lui a dit qu'il était fier de lui et qu'il espérait rencontrer bientôt un gendre charmant. Et il s'était remis à sa cuisine en lui demandant de dresser la table, comme si de rien. Et il avait apprécié. Il avait apprécié que son père n'en fasse pas une montagne qu'il l'accepte et que ça ne change juste rien à leur quotidien.

Oui aujourd'hui il est gay et ne s'en cache pas. Pourtant, et même si peut-être qu'il devrait remercier Aomine pour ce baiser qui lui a ouvert les yeux, il lui en veut aussi pour l'avoir fui, avoir chamboulé tout son monde puis l'avoir abandonné à son sort. Après ça, il ne l'avait pas revu, Aominea pris son vol pour les US et il n'a plus entendu parler de lui sinon au travers de leurs amis communs et de la presse. Et il a suivi sa carrière, il n'a raté aucun de ses matchs, rêvant d'être à ses côtés sur le terrain.

Il ne regrette pas son choix, il a choisi un autre chemin et être pompier est un boulot qui lui correspond bien et dans lequel il s'épanouit. Ses collègues sont sympas et personnes n'a cillé quand il a partagé le fait qu'il était homosexuel. Oui il apprécie ses collègues et son travail.

Non, il ne regrette pas, mais il ne peut s'empêcher d'être un peu envieux d'Aomine et de lui en vouloir de mettre en péril sa carrière par ses frasques sexuelles. Aomine a toujours été un dragueur et il n'a pas changé. Ila compris depuis que c'était une des choses qui l'énervait chez lui, parce qu'il était sûrement un peu amoureux de lui à l'époque.

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Aomine est rentré au Japon se mettre au vert. Ce dernier fiasco a mis fin prématurément à sa carrière et il semble qu'il ait donc décidé de prendre sa retraite dans son pays natal. Il est là depuis quelques semaines apparemment à se cacher dans son appartement, mais ce soir Kuroko a réussi à le faire sortir de sa tanière et a organisé une petite soirée de bienvenu dans l'un de leur bar préféré. Il n'a pas de raison de ne pas s'y rendre. Il n'a jamais parlé de ce baiser, et il est certain qu'Aomine non plus. Et honnêtement, il aimerait pouvoir dire que c'est loin et totalement oublié, mais la rancœur est toujours là.

Non vraiment, il n'a pas d'excuse pour ne pas y aller. Ce soir il est de repos et Kuroko a choisi exprès une de ses soirées de libre. Il enfile un jean brut qui serre ses cuisses musclées et un t-shirt à manche longue qui met en valeur ses pectoraux puissants. Entre son boulot, le basket qu'il pratique toujours, et le sport de manière générale dont il est féru, il entretient sa silhouette de sportif. Il enfile un sweat large à capuche, puis ses baskets, récupère ses clés et son portefeuille dont il remplit les poches de son jean puis il quitte son appartement.

Quand il arrive au bar, seul Midorima est déjà présent. Rien d'étonnant, le jeune chirurgien est toujours en avance, quand lui aime être ponctuel, ni en avance, ni en retard, juste à l'heure.

« Hey Midorima. Comment ça va ?

— Bonsoir Kagami. Ça va. Et toi ?

— Bien. C'est calme au boulot ces derniers jours.

— Tu ne te plains pas ?

— Non ! Non… C'est bien quand c'est calme. Surtout après ces dernières semaines… »

Midorima hoche doucement la tête.

« Comment il va ?

— Il va s'en sortir. C'est le plus important.

— Sahara-san est un battant, un pompier expérimenté. Il en a vu d'autres.

— Je sais… Mais… Il m'a tout appris tu vois ? Le voir sur ce lit d'hôpital…, il soupire doucement avant d'ajouter : ça secoue. »

Midorima pose une main sur son épaule et la serre doucement. Ces dernières années ils se sont pas mal rapprochés, Midorima ayant pris un poste aux urgences d'un des plus gros hôpitaux, ils se sont fréquemment croisés dans le cadre de leurs activités professionnelles respectives. Midorima n'a jamais été quelqu'un de tactile, il est superstitieux et un peu anxieux de la propreté, alors cette main sur son épaule il sait que c'est énorme venant de lui et il apprécie. Même s'il ne comprend toujours pas comme un homme comme lui peut croire à l'astrologie et autres superstitions, il apprécie sa compagnie. Il sourit et regarde son verre pour changer de sujet.

« Tu bois quoi ?

— Un cocktail… vert. »

La grimace de son ami en dit long sur ce qu'il pense de sa boisson et achève définitivement de le dissuader degoûter la même chose, alors que la couleur à elle seule ne l'inspirait pas.

« Laisse-moi deviner…C'est ton objet chanceux du jour ? »

Midorima hausse les épaules.

« J'avais préparé un thermos de thé vert… Et je l'ai oublié à l'hôpital, je n'avais pas le temps d'y retourner.

— Oh… Oui. Tu aurais risqué d'être… A l'heure ! »

Il rigole et Midorima lui jette un de ses regards désapprobateurs mais ne proteste pas.

« Un liquide vert, mon objet chanceux du jour. Et comme on doit voir Aomine… Je préfère pas prendre de risque.

— Je vois pas ce qu'il pourrait mal se passer.

— Tu n'étais pas là la dernière fois qu'on l'a vu… Une catastrophe.

— J'en ai entendu parler. Ça avait l'air fun ! »

Midorima soupire, le serveur passe et il profite pour demander deuxbières. Il reste quelques instants silencieux, puis il ne peut s'empêcher de souffler sur un ton désapprobateur.

« J'arrive pas à croire qu'il foute en l'air sa carrière de cette manière. »

Midorima joue avec son verre sans le boire, semblant chercher comment répondre.

« Je ne sais pas si c'est si étonnant. Tu connais Aomine. Il a toujours été un coureur… C'est presque la meilleure façon de tout gâcher quand on y pense. Comme une fin en beauté pour lui, aominesque.

— Quoi ?! Comme s'il l'avait fait volontairement ?

— Je pense plus à un acte manqué… Mais ces dernières années…Il ne prenait plus autant de plaisir à jouer. Il ne m'en a pas vraiment parlé mais en regardant ses matchs tu ne peux pas me dire que tu ne l'as pas remarqué.

— Yeah… ça se voit dans son jeu… Mais y'avait sûrement moyen de faire autre chose que ruiner son image de cette manière.

— Il a trop d'égo… Il est incapable d'avouer qu'il n'a plus envie de jouer ou qu'il a besoin d'aide. Pour ça… Il n'a pas changé.

— C'est un peu triste. »

Si Midorima voulait répondre quelque chose, il est interrompu par le serveur qui pose leur bière devant et juste derrière Kuroko, Kise et Aomine qui arrivent enfin. Il regarde furtivement ce dernier, trop nerveux pour affronter son regard après leur dernière interaction. Même si c'était il y a dix ans, ce baiser est le dernier moment où il a vu Aomine.

« Bakagami ! Comme ça fait plaisir de te voir ! »

La main d'Aomine claque gentiment son épaule et s'installe face à lui à côté de Kise. Il est surpris quand il regarde le basketteur, il avait imaginé plein de scenarios possibles à cette entrevue mais certainement pas ce genre de réaction de sa part. Peut-être qu'il a totalement oublié ce baiser, Aomine avait bu, après tout pour lui c'était juste une erreur de lycéen, quand lui ça a révolutionné sa vie.

« Salut... »

Pathétique ? Mais il ne sait absolument pas comment répondre autrement. Plaisir ? Il n'est pas vraiment certain de savoir comment il se sent de faire de nouveau face à son crushdu lycée, qui est… Toujours aussi hot, sinon plus et qui l'attire toujours autant tout en l'horripilant. Un mélange détonnant et quelque peu perturbant. Aominelui sourit puis se tourne vers Midorima et indique ces deux verres.

« Tu fais des mélanges étranges... »

Il sourit en voyant Midorima rougir légèrement, mais le chirurgien reste stoïque et indique simplement le verre au liquide vert éclatant.

« Objet chanceux du jour… C'est… Immonde. »

Il ne peut s'empêcher de rire en voyant sa tête quand il prononce ces quelques mots.

« Kagami a été assez généreux pour m'offrir une bière. »

Aussitôt le regard d'Aomine se reporte sur lui avec un sourire.

« Évidemment, Kagami le bon samaritain… Je vois que certaines choses ne changent pas. »

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AOMINE

Sa bière se vide un peu vite, mais il passe une agréable soirée. Après trois semaines à ne pas sortir de chez lui, à ne voir que Kuroko et à s'apitoyer sur son sort, il a fini par se laisser convaincre de l'accompagner à cette soiréeet retrouver tout le monde. Il n'était pas certain d'y voir Kagami, mais il est content qu'il soit là. Depuis qu'il a quitté le Japon, ils ne sont jamais restés en contact. Pourtant, Kagami était l'un de ses meilleurs amis à l'époque, même si celui-ci semblait juste le trouver exaspérant. Akashi, Murasakibara et Momoi les ont également rejoints. Et ça fait plaisir de pouvoir discuter avec tout le monde en chair et en os.

« Oh… Celui-là est très intrigué Kagamicchi ! Je te promets qu'il te regarde depuis au moins dix minutes… »

La remarque de Kise attise sa curiosité alors qu'il regarde Kagami s'agiter sur sa banquette et faire la moue.

« Hm… J'ai vu et c'est pas la première fois qu'il vient là… »

Il suit le regard de Kise pour voir un homme androgyne un gabarit à la Kuroko qui semble mater étrangement Kagami. Alors seulement, la remarque de Kuroko un peu plus tôt commence à faire sens, comme quoi le bar était leur repère parce qu'il avait l'avantage d'offrir de nombreuses possibilités, pour que chacun puisse être contenté.

Il reporte un regard surpris vers Kagami, qui fronce les sourcils.

« Quoi ?!

— Tu… Tu es gay ? »

Kagami le regard étonné, comme s'il aurait dû le savoir, puis sa posture change complètement. Il se recule sur la banquette, les bras croisés sur sa poitrine, totalement sur la défensive.

« Oui. Ça te pose un problème ?

— Non… Non. Je suis juste… Surpris.

— Surpris ?

— Je sais pas… Quand on se connaissait, tu n'es jamais sorti qu'avec des filles… »

Sauf… Non il ne veut pas penser à ça.

« Mais c'est cool. Pas de soucis… Et du coup... »

Il regarde Kise et son estomac, se tord un peu. Il a peut-être bu un peu trop d'alcool.

« Vous deux… »

Kise éclate de rire.

« Oh non… Absolument pas ! Hm… Ok… On a exploré quelques trucs ensemble mais non… On n'est pas amoureux et sexuellement parlant, on n'est pas compatible. »

Le clin d'œil de Kise, le fait rougir. Mais pourquoi il rougit pour ça ? Kagami se passe une main sur le visage et souffle d'une voix exaspérée.

« Kise… »

A côté de Kagami, le visage de Midorima semble se durcir et lui fait oublié sa gêne. Il se demande s'il y a pas quelque chose entre Midorima et Kagami. Après tout, ils avaient l'air plutôt proches quand ils sont arrivés et Midorima aussi est gay. Enfin, Kise est bi d'ailleurs. Et ça lui fait un peu bizarre, alors que jusqu'à présent il n'avait jamais accordé beaucoup d'attention à la sexualité de ses amis, mais soudain ça lui semble changer la dynamique.

Il prend une autre bière. Kagami est gay. Cette information particulièrement le perturbe, mais il ne veut pas y penser. Et il boit d'autres bières, pour dissimuler son malaise. Kuroko quitte le bar un peu plus tard, rapidement suivi d'Akashi et Mursakibara. Il ne reste plus que Kise, Kagami, Midorima et lui. Il n'a pas envie de rentrer dans son immense appartement et seul. Trois semaines qu'il se terre et il n'a pas envie de retrouver de nouveau seul avec lui-même. Et puis, il a envie de discuter encore avec Kagami. Il aime toujours autant le taquiner et il réagit toujours avec la même vivacité après tout ce temps.

Il ne suit plus vraiment la conversation et est un peu surpris quand Kagami se lève.

« Tu t'en vas ?

— On s'en va. »

Il lui adresse un regard appuyé comme s'il voulait lui faire passer un message, mais son cerveau est trop confus pour comprendre quoique ce soit, néanmoins cette confusion lui prouve qu'il est peut-être tant en effet qu'il rentre chez lui.

Il se lève à la suite de Kagami, après avoir rapidement salué Kise et Midorima et quitte le bar, l'air frais lui fait du bien et lui éclaircit un peu les idées.

« C'était quoi ce regard que tu m'as jeté Bakagami ? T'essaies de me draguer ou quoi ?

— Aho ! J'essaie pas de te draguer. Merci bien, les hétéros très peu pour moi. T'as vraiment rien capté…

— Bah quoi ?! Explique-moi.

— Kise et Midorima. Ils sont sortis ensemble à la fac… Mais avec la carrière de Kise, ils ont mis un frein à leur relation… Enfin. Ils ont essayé. Clairement, c'est pas parce qu'ils ont décidé de ne plus être ensemble qu'ils n'ont plus de sentiments l'un pour l'autre. J'espère qu'ils vont trouver une solution… Midorima est complètement déprimé en ce moment.

— Huh…

— Quoi ?

— Tu traînes beaucoup avec Shin ? »

Kagami hausse les épaules.

« Disons que… Entre le fait qu'on soit gay tous les deux et qu'on bosse parfois ensemble… Ouais on se voit régulièrement.

— Oh… Ok.

— Allez… Tu devrais rentrer. Taxi ?

— Tu veux venir chez moi boire un verre ? Tu bosses pas demain… On a pas mal d'années à rattraper.

— T'es parti et tu n'as jamais donné signe de vie…

— Tu as pas essayé de me contacter non plus... »

Kagami s'arrête de marcher et lui adresse un regard furieux.

« Quoi ?!

— Tu m'as embrassé et tu t'es enfui ! Tu voulais que je fasse quoi ? »

Il a l'impression que tout son corps se vide de son sang d'un coup, et de tout l'alcool qu'il a ingurgité aussi, alors que Kagami évoque ce moment qu'il a tenté d'oublier depuis toutes ces années. C'était une erreur, il avait bu, c'était un accident.

« Fuck ! »

Kagami se rapproche dangereusement de lui et se plante face à lui, posant son index contre sa poitrine pour appuyer ses propos, son regard brûlantde fureur.

« C'était peut-être rien pour toi Aho ! Mais ça a été un choc pour moi ! C'est ce putain de baiser qui m'a fait réalisé que j'étais gay ! Et… Tu m'as lâché… Tu m'as abandonné… Comme si je te dégoûtais… Alors que c'est TOI… C'est TOI qui m'asembrassé ! J'ai rien demandé et… Fuck… ça m'a rendu dingue ! »

Kagami soupire et se recule, la fureur a laissé place à la peine dans son regard.

« Rentre chez toi Aomine. »

Il reste planté là, sans bouger alors qu'il regarde Kagami s'éloigner et rejoindre une bouche de métro. Son cœur affolé dans sa poitrine, hanté par le regard douloureux de son ami.

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KAGAMI

« Alors t'as fait quoi de ton week-end ?

— Hm… Rien de spécial et toi ? »

Imei se lance dans l'histoire de son week-end. Son collègue adore s'écouter parler et raconter sa vie, décrire en détails les soirées desquelles il revient défait, et de ses innombrables conquêtes. Il a l'impression qu'il essaie toujours d'obtenir une sorte d'approbation de sa part, il ne comprend pas pourquoi il a besoin de ça, mais il l'écoute habituellement avec un certain amusement. Après tout, quand les journées sont calmes écouter son collègue lui partager ses dernières aventures est assez détendant. Mais aujourd'hui, il est trop préoccupé par l'échange qu'il a eu avec Aomine et son aveu. Il n'en revient pas lui-même d'avoir osé lui dire tout ça. Il n'avait jamais imaginé que la première qu'il reverrait Aomine serait pour lui balancer tout ce qu'il a gardé sur le cœur toutes ces années. Comme si… Comme si ça l'affectait encore.

Mais non. Aomine n'est plus rien pour lui. Il a toujours été insupportable de toute façon.

Pourquoi même lui n'arrive plus à s'en convaincre ?

« Kagami ?

— Huh ?! Ouais ?

— Tu as compté au moins dix fois le tiroir des compresses. Je pense qu'on a le stock... »

Il regarde son collègue et se secoue en refermant rapidement le tiroir dont il faisait l'inventaire.

« Ouais… pardon…

— T'es sûr que ça va ?

— Ouais… Juste un peu fatigué. »

Quand ils ne sont pas en intervention, il y a toujours du réapprovisionnement à faire dans le camion à la caserne, ou des entraînements quelconques. Il n'y a jamais réellement de temps mort. D'habitude, il est content de bosser, intervention ou non, il ressent une certaine satisfaction dans son travail. Il est fier de ce qu'il fait. Mais aujourd'hui, il est tellement distrait qu'il n'a qu'une envie que la journée se termine et rentrer chez lui.

Il a quelques minutes de pause et sort son téléphone envisageant d'envoyer un message à Kuroko pour… Se plaindre d'Aomine ? C'est stupide, puisqu'il n'a jamais rien dit à personne. Il ne peut même pas s'apitoyer sur son sort. Il allume malgré tout son téléphone, juste par habitude et constate qu'il a un message d'un numéro inconnu.

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[Inconnu — 15:35]

Hey Taiga. Ça te dit d'aller faire un basket quand tu sors du boulot ? Dis-moi où et à quelle heure ! Daiki.

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Il reste un moment surpris devant ce message, après la façon dont ils se sont quittés, il ne pensait vraiment pas recevoir un message d'Aomine. Il est à peu près certain que c'est une très mauvaise idée et pourtant il répond rapidement en donnant un lieu et une heure de rendez-vous, juste après avoir enregistré le numéro.

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[Aomine Daiki — 16:12]

Tu n'as vraiment jamais changé de numéro de téléphone ?:) Cool. A toute à l'heure !

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Il ne sait pas vraiment pourquoi mais malgré lui, ça le fait sourire. Le reste de son après-midi passe plus vite et plus sereinement et enfin il quitte son service sans être interrompu par un appel d'urgenvce. Il repasse très vite chez lui pour se changer avant de rejoindre le terrain de basket à deux pas de son immeuble où il a donné rendez-vous à Aomine. Quitte à choisir le lieu de rendez-vous, autant choisir un endroit qui l'arrange et après tout, Aomine ne s'est pas plaint.