Chapitre 4:

Je ne parlai à personne de mon accident. Mes poumons me brûlaient toujours, et ma tête bourdonnait.

Je devais avoir une tête de déterré car on me lançait souvent des regards inquiets. Je savais que je devais me rendre à l'infirmerie, mais je n'avais pas la force de répondre aux questions de Will. Ni même la force de penser.

Chiron ne tarda guère à me trouver. Son regard perçant chargé d'inquiétude finit par m'achever.

Pitié, n'a-t-il pas assez souffert?

Visiblement non.

Il me conduisit au lac, en toute intimité. Résolu de lui parler, je m'expliquai:

-Chiron, écoute...Tout à l'heure...Dans la cabine...il s'est passé quelque...

Ma voix se perdit dans le vide.

Une naïade était sortie de l'eau, une enveloppe à la main. Ses yeux étaient figés.

Hésitante, je consultai mon professeur du regard. Il hocha la tête, m'invitant à continuer mon geste.

L'enveloppe contenait un petit parchemin. Je parcouru la lettre rapidement. Je devenais blême au fur et à mesure que je lisais. Chiron resta silencieux. J'avais toujours haï le silence: on ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Héla, le silence se faisait de plus en plus lourd.

Le centaure m'observa en un instant, puis congédia l'esprit de l'eau, voyant que je ne bougeais pas.

Il me fit de nouveau face.

«Mademoiselle Brior, je crois que vous avez une quête.»

Son ton doux se voulait apaisant, mais ce fut le contraire qui se produisit.

«Demain, vous choisirez vos compagnons et partirez vers la Baie de l'Hudson.» reprit-il.

Mais je ne l'écoutais pas.

Mon esprit restait focalisé sur les mots écrits d'une si belle encre marine.

Le parchemin contenait ses mots:

Je possède quelqu'un qui t'es cher.

Tu as jusqu'à la fin du mois pour te livrer.

Ne fais pas l'idiote.

Rappelle-toi que tu m'appartiens.

Sois une gentille fille et suis la naïade: elle te mènera à la Baie de l'Hudson.

Sinon, disons que je ne serais pas aussi clément que tout à l'heure.

Ton seul maître.

P. S.: si tu tentes quoi que se soit, tu auras des ennuis.

Moi, faire l'idiote? Jamais, sauf pour botter le (censuré) des (censuré) comme lui.

Une gentille fille? Tu t'fourres le doigt dans l'œil.

Mon plus grand secret, si bien gardé, venait d'être révélé. Si ce malfrat lui faisait du mal...je lui ferais subir le même sort qu'à Ouranos (houlà! Je deviens bonne en menace!)

Il fallait que je sauve ma petite sœur.