It's quarter to and we get to the front
Girl on a guest list dressed like a cunt
She asked security to check in my shoes
You can play this game with me, but you know you're gonna lose
Looked me up and down
I don't make a sound
There's a lesson that I want you to learn
If you're gonna play with fire, then you're gonna get burned
Jason a beau n'avoir jamais eu de frère ou de sœur – franchement, il n'en est pas désolé, un autre gamin pour subir les sautes d'humeur de Willis ou être obligé de regarder Maman sombrer lentement dans les brumes de l'héroïne et de la maladie, c'est le bois dans lequel on taille les cauchemars – il a connu assez de familles dans Crime Alley pour savoir que la plupart du temps, c'est spectaculairement merdique de s'en coltiner.
Si ce n'est pas le petit frère qui a bouffé des piles électriques et des ressorts pour bien faire chier le monde en courant partout, c'est la grande sœur qui est juste si parfaite que ça te dégoûte de vouloir essayer de te dépatouiller vu que le reste du quartier est trop occupée à s'extasier après elle. Et c'est sans compter les frangins et sœurettes qui arrivent dans le sillage du nouveau papa ou de la belle-maman, quand il y a un deuxième mariage et que les gens décident que c'est une très bonne idée – notez le sarcasme – de fourrer dans le même sac trop petit les emmerdes de deux foyers différents, voyons quelle catastrophe ça va nous pondre !
Alors ouais, quand Alfred a lâché que le premier fils de Bruce – Jason insiste sur ça, premier fils parce que ça se voit comme le nez au milieu de la figure que Bruce tient à ce gars malgré sa constipation émotionnelle en phase terminale et son insistance qu'il s'est juste contenté de l'élever – était rentré, et que Bruce a demandé à Jason de filer pendant que lui s'en allait dire bonjour, l'ancien gamin des rues s'est empressé de déguerpir.
En partie pour fuir l'explosion qu'il sent planer dans l'air, en partie pour alerter la pauvre Nana du danger qui vient de lui dégringoler dessus. Déjà qu'elle panique à l'idée de mettre un pied dehors sans tenir la main de son père vu qu'elle est persuadée qu'un policier n'attend que le moindre prétexte pour lui coller une balle dans la tête, si elle pense que Bruce l'a trahie en introduisant un malfaisant dans le Manoir, elle va en faire une crise cardiaque et c'est le docteur Thompkins qui ne va pas apprécier.
Il la trouve dans sa chambre, complètement absorbée par la lecture d'un gros dictionnaire visuel qui doit bien faire la taille de son torse et peser la moitié d'elle, pas étonnant qu'elle soit vautrée à plat ventre sur son lit pour consulter le bidule. Si jamais elle voulait le poser sur ses genoux, elle se retrouverait avec des crêpes à la place des jambes.
Elle cligne des yeux quand elle l'entend ouvrir la porte.
« Avons-nous un problème ? » demande-elle, et Jason s'autorise une grimace.
« Tu savais que Bruce avait adopté un autre gars avant qu'on vienne pieuter ici ? Parce que le type est en bas, apparemment. »
Nana s'immobilise. Ce n'est pas le genre d'immobilité qui s'applique à une statue ou à une photo. C'est plutôt la conduite d'une bestiole qui vient de renifler une menace à moins de cinq mètres d'elle et se demande si elle va prendre la poudre d'escampette ou sauter à la gorge de l'intrus pour lui montrer ce qu'elle pense de sa venue là où il n'est pas voulu.
« Vraiment » elle dit, et Jason frissonne devant le ton plat qui n'exprime rien, encore pire que d'habitude avec Bruce qui lutte pour se faire comprendre quand il n'est pas en train de surjouer l'abruti avec du fric à flanquer par les fenêtres, ou un foldingue déguisé en chauve-souris. « Que peux-tu me dire de cette personne, histoire que je prépare les défenses adéquates ? »
L'ancien gamin des rues a eu affaire à quelques gangs, dans le passé. Plus d'un membre de ces gangs avait une idée franchement excessive de ce qui constitue une défense minimum en cas d'attaque par un gang rival – ou pas, vu que c'est Gotham, ça dépend de la vitesse du vent et de la dernière évasion en date de la prison ou de l'asile. N'importe comment, Nana lui fait penser à ces gars, et vu qu'elle se coltine Batman en guise de père et un assassin pour pépé, Jason ne veut pas tellement imaginer ce qu'elle mijote derrière son petit minois frais et innocent de poupée Arabe et Chinoise.
« Il s'appelle Dick, genre la bite en anglais » admet Jason. « Alfred essaie de raconter que c'est pas grave quand tu parles pas Anglais, mais ça le fait juste pas. »
« Ce n'est pas moi qui affirmerais le contraire » répond Nana en fronçant le nez, un peu comme si elle vient de se faire fourrer une merde de chien en dessous et se trouve en apnée pour ne pas tomber dans les pommes. « Et sinon ? Est-il grand, est-il mince ? Est-il du genre à frapper fort, ou est-il plus subtil, cherchant à se défaire de son ennemi en glissant des accusations accablantes dans les oreilles adéquates ? »
« Que veux-tu que je te dise ? J'ai levé le camp avant de poser les yeux sur lui, et c'est ton père qui tient le crachoir pendant que nous on cause. »
Nana tire la gueule, visiblement agacée par le manque d'info, et c'est impossible de lui en vouloir vu les circonstances, elle va devoir se coltiner le pépère sans aucune idée de ce qui pourrait le foutre en rogne et c'est jamais une bonne situation dans laquelle se retrouver coincé.
« En ce cas, je suppose ne pas avoir d'autre choix que de partir le confronter directement » elle déclare, aussi vexée que si elle devait aller faire les courses sous la pluie, affublée d'un porte-monnaie quasi vide par-dessus le marché.
Jason sursaute.
« T'es pas un peu malade ? S'il décide de faire une scène, tu seras aux premières loges » grince-t-il. « Et après, il faudra te recoudre, et ne compte pas sur moi pour le faire, j'ai les doigts trop gros pour me servir d'une aiguille. »
« Bien sûr que je vais effectuer un repérage au préalable » se défend la métisse. « Mais si je saisis l'initiative, je le mettrais mal à l'aise puisqu'il s'attend forcément à trouver une victime facile. Mais s'il croit que je vais le laisser poser un doigt sur Damian, il va le regretter amèrement. »
« Et toi alors ? Qu'il te touche, ça ne te gêne pas ? » interroge Jason qui sent qu'il va la suivre, cette donzelle, histoire de couvrir ses arrières parce qu'elle ne semble pas très inquiète pour elle-même et il trouve ça mauvais signe.
« Je sais arracher les yeux de mon assaillant, mais Damian est encore trop petit pour se protéger convenablement » riposte Nana nonchalamment. « Un jour, il saura tout seul, mais ça doit encore attendre loin dans le futur. Je n'aime pas l'idée de mon petit frère en train de se colleter avec des malveillants, j'en attrape mal au ventre. C'est plus simple pour moi de neutraliser la menace dans le présent, n'est-ce pas ? »
Le garçon renifle.
« T'es vraiment une drôle de fille, je sais pas si je te l'ai dit aujourd'hui mais je sais que je l'ai fait hier. »
« Certes. Je remarque que tu n'as pas accusé mon raisonnement d'être invalide, donc je subodore que tu approuves. »
Le pire, c'est qu'elle ne se trompe pas, c'est mieux de flanquer une raclée au type un peu craignos maintenant si ça peut le décourager de violer une poule dans l'avenir proche. Et c'est mieux de vérifier presto si le nouveau frangin risque d'être un danger pour celui que tu as, et qui est plus petit et vulnérable.
Et parce qu'elle ne se trompe pas, Jason est un peu obligé de lui porter secours, parce qu'elle s'inquiète et malgré tout, elle est naïve et elle a facilement peur. Lui sait ce qu'il fait, quand il en vient aux mains.
Il saura quoi faire, si le premier fils de Bruce a une saute d'humeur. Il peut pas être pire que Willis, franchement.
Don't try and test me 'cause you'll get reaction
Another drink and I'm ready for action
I don't know who you think you are
But making people scared won't get you very far
Pour ce chapitre, vous avez droit à Friday Night par Lily Allen.
