- Atchoum !
Neji se retourna une énième fois pour regarder sa coéquipière. Elle avait la peau pâle et moite et ses joues et son nez étaient rouges.
- Tu es sûre que tu vas bien ?
- Hai, répondit-elle avec une voix enrhumée.
Ils marchaient depuis plusieurs jours sous une pluie interminable et n'avaient pas eu d'autre choix que de dormir sous la tente car il n'y avait pas d'auberges aux alentours. Mina ayant accumulé beaucoup de fatigues ces derniers temps, le fait de passer les trois derniers jours sous un froid humide avait eu raison de sa santé. Elle se sentait incroyablement fatiguée et courbaturée, et même si elle ne s'était pas plainte une seule fois, il n'avait pas été difficile pour Neji de se rendre compte qu'elle était malade.
- Atchoum ! Pardon…
Il s'arrêta et posa son sac au sol pour en sortir une carte qu'il analysa.
- On est perdu ? demanda Mina en arrivant à sa hauteur.
Elle frissonnait et tentait tant bien que mal de le cacher. Elle ferma les yeux quelques secondes le temps que Neji analyse son itinéraire et l'entendit vaguement activer son byakugan. Soudain, Neji posa sa main sur son front, la faisant rouvrir grand les yeux et rougir fortement.
- Tu as de la fièvre, marmonna-t-il.
- Ca va aller, tenta de le rassurer Mina. Il faut juste que cette pluie cesse c'est tout.
- Il y a une auberge à 3 kilomètres, on va faire un petit détour pour s'y rendre. On mérite grandement une nuit au sec.
- Hai, répondit-elle en souriant faiblement.
Il rangea la carte dans son sac et en sortit sa deuxième veste, celle qui n'était pas imperméable.
- Mets ça sous ton k-way, tu auras moins froid.
Elle ne riposta pas car elle n'en avait pas vraiment la force et désespérait de ressentir un peu de chaleur. Il l'aida à enlever son sac à dos et lui tint tandis qu'elle s'affairait à rajouter sa couche de vêtements.
- Je suis désolé, dit-il en l'aidant à remettre son sac. Je l'ai portée plusieurs jours elle ne doit pas sentir très bon.
Effectivement, malgré son nez quasiment bouché, Mina sentit se dégager d'elle l'odeur de son coéquipier. Elle trouva ce parfum réconfortant et agréable et sourit doucement.
- Non c'est parfait merci, assura-t-elle à Neji.
Ils reprirent aussitôt leur marche et Mina suivit silencieusement Neji qui avait volontairement ralenti la cadence. Ils mirent une heure à parcourir le chemin jusqu'à l'auberge et Mina fut infiniment soulagée lorsqu'elle vit apparaître la maison en colombage et de la fumée qui se dégageait de sa cheminée. Ils pénétrèrent dans l'accueil et frottèrent longuement leurs chaussures afin de ne pas salir le sol. Une odeur de feu de cheminée et de soupe leur parvint alors. Mina espéra de tout cœur qu'il restait de la place pour eux car la maison n'était pas grande.
- Bonjour, je peux vous aider ? demanda une voix de femme.
La tenancière venait d'arriver depuis l'escalier, elle devait certainement avoir la quarantaine d'après Neji, elle était petite et souriante.
- Bonjour, entonnèrent Neji et Mina en cœur.
- Est-ce qu'il vous reste des chambres s'il vous plaît ? demanda Neji.
- Il me reste une seule chambre avec lit double si c'est bon pour vous.
Neji se tourna vers Mina et l'interrogea du regard, elle acquiesça d'un signe de tête.
- Oui, ça nous convient, arigato, répondit Neji.
- Elle n'a pas l'air d'aller bien votre copine… s'inquiéta la dame.
- Je vais bien, répondit Mina avec une voix faible.
- Elle a juste besoin de repos, assura Neji.
Elle leur donna les clefs de la chambre et leur indiqua l'escalier. Ils montèrent à l'étage et se rendirent au bout du couloir où était la porte de leur chambre. Neji l'ouvrit et laissa Mina entrer en premier. La chambre était petite mais cosy, le lit en bois possédait un grand matelas épais et un feu ronronnait dans un petit poêle. Il y avait une salle de bain avec une douche-baignoire, des toilettes et un évier.
- Tu devrais prendre un bain, suggéra Neji en regardant la baignoire.
Mina posa son sac au sol et s'assit sur le seul fauteuil présent qui était près du feu.
- Quelle heure est-il ? demanda-t-elle.
- On est seulement le milieu d'après-midi, répondit-il.
- Oh… Je suis désolée, je nous ai retardé.
- Ce n'est rien, j'avais besoin de cette pause aussi.
Neji s'avança vers elle et posa une nouvelle fois sa main sur son front, ce qui lui fit le même effet qu'une heure plus tôt.
- Tu es toujours fiévreuse, constata le Hyûga. Tu as des médicaments dans ton sac ?
- Hai, répondit-elle.
Elle voulut se lever mais il posa sa main sur son épaule pour l'en empêcher.
- Je m'en occupe, offra-t-il.
Elle acquiesça et ferma les yeux pour se reposer, elle se sentait épuisée et la chaleur du feu la rendait somnolente. Elle entendit vaguement Neji ouvrir son sac.
- C'est dans un parchemin vert au fond de mon sac, marmonna Mina.
Neji suivit ses consignes et repoussa ses affaires afin d'accéder au fond du sac. Il découvrit alors le fameux parchemin vert, mais son regard fut attiré par un deuxième objet qui lui était familier. Son cœur loupa un battement et il fut si abasourdi qu'il se figea. Il fixa l'objet pendant un long moment tandis que son cerveau bouillonnait, en proie à un millier d'interrogations à la fois.
L'inactivité de Neji dura si longtemps que Mina finit par remarquer l'absence totale de bruit dans la pièce.
- Tout va bien Neji ? demanda-t-elle d'une petite voix en rouvrant les yeux.
Il était dos à elle, elle ne vit donc pas sa réaction. Neji fit ramené à la réalité par la voix de sa coéquipière.
- Hai, je vérifiais juste que j'avais le bon parchemin, mentit le Hyûga.
Plus perturbé que jamais, il referma le sac et retourna vers Mina avec le parchemin, le regard rivé au sol et les joues rouges. Il lui tendit le rouleau, incapable de soutenir son regard.
- Est-ce que ça va ? demanda alors Mina. Tu es tombé malade toi aussi ?
- Je vais très bien, répondit le Hyûga toujours aussi fuyant. Je vais te faire couler un bain.
A peine eu-t-il fini sa phrase qu'il fit volte-face et alla s'enfermer dans la salle de bain. Mina s'affaira à desceller son parchemin afin de faire apparaître ses médicaments, mais son esprit était ailleurs. Elle avait beau être malade, elle était persuadée de ne pas avoir imaginé le changement de comportement soudain de son coéquipier. Les sourcils froncés, elle regarda autour d'elle afin de comprendre ce qui avait pu se passer. Son regard finit par se poser sur son sac, et ce ne fut qu'après une ou deux minutes de réflexion qu'elle eut sa révélation. La panique la gagna si soudainement qu'elle en oublia son état, elle se releva d'un bond et se précipita jusqu'à son sac qu'elle ouvrit. Au fond du sac, là où était précédemment le parchemin, on pouvait très clairement visualiser la boîte de préservatifs que Tsunade lui avait donné.
BORDEL DE MERDE, hurla-t-elle intérieurement. Elle se leva et fit trois fois le tour d'elle-même, la panique la gagnant de plus en plus. Il l'a vu, c'est sûr. Il l'a vu ! Mais merde de merde de merde ! Qu'est-ce que je dois faire ?
De son côté, Neji était dans la salle de bain et s'aspergea pour la troisième fois le visage d'eau froide pour tenter de se calmer. Il avait commencé à faire couler le bain de Mina mais se sentait incapable de retourner dans la chambre. Ses mains tremblaient, son dos était recouvert d'une sueur froide, son cœur battait à toute allure et ses oreilles bourdonnaient presque.
Pourquoi elle l'a pris ? songeait-il en boucle depuis qu'il avait découvert la fameuse boîte. Il tenta d'analyser la situation avec le plus de calme possible. Deux possibilités lui vinrent à l'esprit et il ne fut rassuré par aucune des deux.
Soit elle a des attentes… Etait-ce réellement possible ? Que Mina ait pris de quoi se protéger car elle espérait de lui qu'il fasse une approche physique ? Avait-elle des attentes particulières ? Et si oui, lesquelles ? Eprouvait-elle du désir ? Au point de prendre des préservatifs ?!
Soit elle pense que j'en ai… Avait-il pu malencontreusement lui faire transparaître ce qu'il éprouvait ? Etait-ce évident qu'il était attiré au point où elle avait pensé qu'il allait faire une approche lors de la mission ? Ou pire encore, est-ce qu'il lui donnait l'impression d'être purement intéressé par le sexe ?
Et surtout, peu importe la vraie raison, Neji n'arrivait pas à s'enlever de la tête une pensée terrifiante à ses yeux : Elle se sent prête et capable d'avoir un rapport sexuel… Avec moi.
- Neji ?! appela Mina en toquant à la porte.
Neji sursauta violemment. Il se sentait difficilement capable de ne pas laisser transparaître qu'il était très perturbé. Il ne répondit rien, trop occupé à se demander comment il allait pouvoir retourner dans la chambre sans que Mina ne se doute de quoi que ce soit.
- Neji, ouvre ! S'il te plaît… J'ai compris ce tu as trouvé dans mon sac…
Neji se pinça l'arête du nez, comprenant que l'heure était aux explications. Il rouvrit la porte avec une appréhension grandissante. Il se retrouva nez à nez avec une Mina très inquiète. Elle fut étonnée de le voir avec un regard aussi soucieux et perturbé, lui qui avait toujours été capable d'être de marbre en toute circonstance.
- Ecoute, ce n'est vraiment pas ce que tu crois ! lui assura Mina avec une voix tremblante.
Neji s'avança dans la chambre puis s'appuya sur un mur, les bras croisés et le regard rivé au sol.
- Et qu'est-ce que je crois ? demanda-t-il le plus calmement possible.
Mina se retrouva bête, le souffle coupé. Elle réfléchit à toute allure et finit par soupirer.
- Je ne sais pas, c'est vrai… marmonna-t-elle. Je…
Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et déglutit avec difficulté.
- Je ne savais pas quoi en faire de cette boîte, la laisser chez moi n'avait pas plus de sens que la prendre, je…
- La laisser chez toi avait carrément plus de sens que le fait de la prendre, dit Neji avec une voix calme mais ferme.
- Ce que je veux dire par là, c'est que je savais très bien que dans tous les cas elle ne servirait pas.
Neji respira profondément afin de conserver son calme. Il jeta un rapide coup d'œil vers Mina et vit qu'elle avait l'air sincère.
- Alors pourquoi tu l'as prise ? demanda finalement Neji avec une boule au ventre.
- Je… Je ne sais pas, admit Mina. Je n'en ai aucune idée. Je suppose que… Que sur le coup je me suis dit que ça ne ferait pas de mal, de la prendre pour rien. Parce que, comme l'a écrit Tsunade dans son mot : « on n'est jamais trop prudent ». Je préférais la prendre en sachant qu'elle ne servirait pas que…
- Que ne pas la prendre alors qu'on pouvait en avoir besoin ? termina Neji en contractant sa mâchoire.
- Pour l'amour du ciel, Neji ! s'indigna Mina.
Elle franchit les quelques pas qui les séparaient et se mis face à lui afin de le fixer droit dans les yeux, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Ainsi, il n'était plus en position de la fuir du regard. Il se laissa hypnotiser par ses prunelles azures et humides, tous les muscles de son corps contractés.
- Tout n'a pas toujours un sens caché ou une explication, lui dit Mina avec une voix douce mais ferme. Tu n'as aucune raison de t'inquiéter ou d'interpréter quoi que ce soit. Je te demande de me croire comme je t'aurais cru si la situation avait été l'inverse. Je… je ne suis vraiment pas prête pour ces choses-là. Je… La seule raison pour laquelle je les ai prises c'est parce que c'était avec toi.
Mina se stoppa nette, la respiration coupée. Neji ouvrit grand les yeux et scruta son regard avec une intensité rare. Elle voulut s'insulter pour cette dernière phrase, elle avait tellement eu peur qu'il la juge qu'elle avait cédé à la panique et parlé beaucoup trop vite.
- Quoi ? murmura Neji dans un souffle. Tu veux dire que, si ça avait été une mission avec Kiba, ou Shikamaru, ou je ne sais qui d'autre, tu ne les aurais pas prises ?
- Bien sûr que je ne les aurais pas prises, répondit Mina en choisissant la sincérité.
Ses mots n'eurent pas l'effet escompté sur Neji.
- Ca veut dire que tu leur fais confiance à eux, mais que moi je te donne l'impression d'être un coureur de jup-
- Mais non, pas du tout ! s'exclama Mina en lui coupant la parole. Bien sûr que non !
Elle posa une main timide sur son avant-bras, leurs regards étaient toujours plongés l'un dans l'autre.
- Tu es la personne dont je me sens la plus proche à Konoha, dit Mina dans un souffle. C'est justement parce que tu as toute ma confiance que je les ai prises. Parce que je savais que… Qu'elles ne serviraient pas déjà. Mais aussi que… Que si… Que si, pour une raison que j'ignore complètement, elles venaient à être utiles, c'est que ce serait forcément pour une putain de bonne raison. Je ne les ai pas prises par méfiance, je les ai prises par confiance. Et je n'avais absolument pas l'intention de m'en servir lorsque je les ai mises dans mon sac, je te le promets.
Neji haussa les sourcils, instantanément radoucit et incroyablement touché par les paroles de son amie. Il ne parla pas tout de suite, intégrant au plus profond de lui les paroles de sa coéquipière. Puis, il posa sa main sur celle de Mina qui reposait toujours sur son avant-bras.
- Gomen, je n'aurais pas dû me comporter comme ça… s'excusa-t-il.
Il se sentit soudain très idiot d'avoir réagi ainsi sous l'effet de la panique et d'avoir utilisé un ton si accusateur. Il observa Mina pousser un immense soupir de soulagement face à ses mots. Son visage était pâle et ses yeux larmoyants, sa main tremblait contre la sienne. Il comprit qu'elle se retenait de pleurer car il lui avait provoqué un stress important en l'obligeant à se justifier.
- Ce n'est rien, bafouilla Mina avec une voix enrouée.
Elle fuyait désormais son regard pour empêcher ses yeux de s'embuer davantage. Elle se sentait honteuse et aurait voulu garder pour elle tout ce qu'elle venait de lui partager dans le but de lui prouver son honnêteté. L'aimer était une chose, lui avouer en était une toute autre. Elle n'était pas prête à déclarer sa flamme à Neji et il ne pouvait qu'avoir compris qu'elle éprouvait des sentiments après son discours. Qui plus est, l'état grippal contre laquelle elle luttait ne l'aidait clairement pas à garder un esprit serein et des idées claires. Elle voulut dégager sa main de la sienne pour s'échapper et s'enfermer dans la salle de bain mais il resserra davantage ses doigts et plaqua son autre main sur son bras.
- Non, sérieusement Mina.
Il attendit qu'elle relève son regard embué vers le sien, et lorsqu'elle fut hypnotisée par ses prunelles nacrées, il poursuivit.
- Je suis sincèrement désolé. Je n'aurais jamais dû te poser toutes ces questions. Tu es et tu as toujours été digne de confiance.
Il attendit une réponse ou une réaction mais elle resta figée un moment. Elle finit par acquiescer silencieusement et lui adresser un timide sourire car elle avait très peur de se mettre à pleurer si elle commençait à parler. Se sentant de plus en plus coupable face à la bouille déconfite de Mina, il insista.
- Je n'avais pas vu les choses sous cet angle et c'est toi qui as raison.
Ne pouvant supporter plus longtemps de l'avoir rendue triste, il agit avec instinct et fit quelque chose qu'il n'avait jamais fait à qui que ce soit au cours de sa vie : il l'enlaça. Passant ses bras autour d'elle, il plaça ses mains dans son dos et l'attira contre lui avant de caresser doucement ses omoplates de son pouce. Il le fit si spontanément et naturellement qu'il en fut surpris lui-même. Il ne vit pas la réaction de sa coéquipière car son visage était en dessous de son menton. Il se délecta de son odeur et de la sensation de son corps contre le sien.
- Tu m'es très précieuse tu sais… murmura Neji avec sincérité. Je ne veux pas que tu te sentes mal à cause de moi. J'ai été nul, j'ai paniqué.
Mina avait les yeux écarquillés et le cœur qui tambourinait dans sa poitrine. Une fois le choc passé, elle ferma les yeux et savoura d'être dans cette étreinte qui l'enveloppait de réconfort. Elle voulut répondre à l'étreinte de Neji, le serrer davantage contre elle et prolonger cet instant magique, mais elle n'osa pas.
- Arigato Neji, soupira-t-elle avec apaisement.
Il la relâcha et elle se détacha de lui à contrecœur. Elle lui adressa un sourire timide et se dirigea lentement jusqu'à la salle de bain. Au moment où elle s'apprêtait à franchir le seuil de la porte, il s'adressa à elle dans son dos.
- Je tiens beaucoup à toi, et j'ai besoin de faire les choses dans l'ordre et chaque chose en son temps.
Elle se stoppa net, sous le choc. Son cœur se mit à battre la chamade et elle se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Elle ne se retourna pas car elle était presque sûre que Neji avait volontairement attendu qu'elle soit dos à lui pour lui faire cette confidence.
- Je tiens beaucoup à toi également, et je suis d'accord avec toi, réussit-elle à articuler malgré son état.
Puis elle ferma la porte derrière elle avant de s'y plaquer, le souffle coupé et les yeux écarquillés. Réalisant petit à petit ce que venait de dire son coéquipier, elle se mit à sourire et se mordit la lèvre inférieure.
Chaque chose en son temps… Il avait tenu à lui faire comprendre que son comportement ne signifiait pas qu'il ne voulait pas d'elle, mais bien qu'il n'était pas encore prêt. C'était sa manière à lui de préciser que sa réaction négative face à sa découverte ne voulait pas dire Jamais de la vie, mais plutôt Pas tout de suite.
Elle voulut crier : de surprise, de joie, d'excitation. Mais elle se retint en se mordant fortement la lèvre. Elle retira ses vêtements avant de glisser dans le bain que lui avait fait couler Neji. Elle se délecta de la sensation de son corps courbaturé dans l'eau chaude. Son cœur battait toujours aussi fort et une joie éclatait en elle : quel bonheur que de savoir qu'ils avaient la même vision des choses. Il en avait dit juste assez pour la rassurer quant à la réciprocité de ses sentiments tout en reportant la suite de cette conversation à une période plus adaptée : quand ils seraient prêts.
Elle resta longtemps dans son bain, rêveuse, le sourire aux lèvres. Petit à petit, la fatigue finit par reprendre le dessus et elle sentit un besoin irrépressible de dormir. Elle vida son bain et se sécha avant de réaliser qu'elle n'avait pas pris de vêtements propres. Elle s'enroula de sa serviette et entrouvrit doucement la porte de la salle de bain avant de constater qu'il n'y avait personne dans la chambre. Soulagée, elle se rendit jusqu'à son sac, en sortit les seules affaires de nuit propres qui lui restait et les enfila. Elle se sécha les cheveux, puis réunit toutes ses affaires sales dans un sac de linge avec lenteur. Elle fut alors prise d'une quinte de toux et se sentit de plus en plus faible. Elle était assise par terre, adossée au pied du lit, prise de quelques vertiges. Ce fut à ce moment-là que Neji revint dans la chambre, la découvrant ainsi affaiblie. Soucieux, il posa le plateau qu'il avait dans les mains et alla s'accroupir face à elle.
- Viens, il faut que tu manges quelque chose et que tu dormes. J'ai remonté du bouillon.
Il l'aida à se relever et l'accompagna jusqu'au fauteuil, puis il lui plaça un grand bol de bouillon entre les mains.
- Arigato, murmura-t-elle péniblement.
Elle but quelques gorgées de bouillon qui apaisèrent ses maux de gorge. Puis elle ferma les yeux et reposa sa tête sur le dossier du fauteuil, prête à s'endormir. Neji récupéra le bol de ses mains car il commençait déjà à tanguer dangereusement.
- Encore un peu, insista-t-il.
Il porta à nouveau le bol jusqu'à sa bouche et l'aida à boire quelques gorgées supplémentaires. Elle piquait de plus en plus du nez et il finit par abandonner l'idée de la nourrir et l'accompagna du fauteuil au lit. Elle se glissa sous la couette et poussa un gémissement de réconfort en s'enfonçant dans le matelas moelleux du lit. Il la borda, s'assurant qu'elle était entièrement recouverte et au chaud. Elle s'endormit en quelques secondes à peine.
Il entreprit alors de boire du bouillon à son tour, puis alla prendre une douche et mettre des vêtements propres et secs. Il repéra son sac de linge et sortit toutes ses affaires sales qu'il ajouta dedans, puis le descendit à l'accueil pour demander à faire une machine. Une fois à nouveau dans la chambre, il s'assit sur le fauteuil et observa Mina qui dormait paisiblement.
C'est vraiment une drôle de mission… songea-t-il. Et pourtant, il s'y sentait bien et à l'aise. Être seul avec elle était une chance car cela avait permis de rattraper le manque qui s'était installé lors des 6 derniers mois. Cependant, il sentait bien que pas mal de choses avaient changé depuis le début de leur amitié. Leur relation avait évolué et leurs corps avaient changé, ils devenaient doucement des adultes, et ses hormones ne cessaient de lui rappeler à quel point sa coéquipière avait des courbes féminines. Lui qui jusque-là ne se posait même pas la question d'un rapprochement, il commençait désormais à le fantasmer. Et dormir à côté d'elle dans une petite tente ou un lit double ne faisait qu'augmenter son calvaire. Pourtant, il s'interdisait la moindre approche, car il avait pour priorité sa carrière de ninja. Il n'avait pas simplement envie d'elle, il était amoureux d'elle. Pour autant, il ne s'imaginait pas avec une « petite amie », à devoir s'investir émotionnellement et physiquement dans une relation. Il voulait attendre d'être adulte et d'avoir réalisé toutes ses ambitions pour cela. Et surtout, il voyait bien que le monde prenait actuellement un tournant dangereux. L'akatsuki semblait préparer un plan vraiment très obscur et il ne pouvait pas écarter la possibilité d'une guerre. Il fallait s'y préparer au mieux, et ce n'était pas en papillonnant qu'il excellerait. Se rapprocher de Mina avait quelque chose d'extrêmement tentant, mais il n'estimait pas cela raisonnable. Pour finir, il voyait bien dans son attitude qu'elle semblait être sur la même longueur d'onde que lui. Même si son attitude vis-à-vis de lui laissait clairement entrevoir qu'elle avait des sentiments, elle ne cherchait jamais à provoquer de rapprochement et ne le « draguait » pas.
Elle ne semblait pas avoir plus d'attente que lui dans l'immédiat et ça lui convenait parfaitement. Il ressortit le dossier de la mission et en profita pour travailler sur leurs actions une fois sur place.
Le soir venu, il se coucha tôt, en proie à une grande fatigue également. Mina s'était à peine réveillée quelques minutes pour aller faire pipi et s'était rendormie aussitôt. Il se glissa sous la couette à côté d'elle en prenant soin de ne pas la réveiller. Il faisait chaud dans la chambre et Mina dégageait une chaleur impressionnante du fait de sa fièvre. Il hésita un moment, puis se décida à enlever son pantalon pour n'être plus qu'en caleçon et en t-shirt, espérant que sa coéquipière n'y verrait pas de geste déplacé. Il entendit sa respiration lente et régulière, elle était tournée vers lui et ses cheveux étaient en bataille, il la trouva mignonne. C'était étrange de se retrouver dans le même lit qu'elle. Certes ils n'étaient pas plus proches que dans sa tente mais la symbolique était différente. Il lui tourna le dos et s'endormit assez rapidement.
Au milieu de la nuit, tandis qu'il dormait profondément. Il fut réveillé en sursaut par un cri et des mouvements brusques derrière lui. Il se retourna vivement et découvrit sa coéquipière, les yeux écarquillés dirigés vers le plafond, elle hurlait et se débattait férocement contre quelque chose d'invisible, en proie à une panique totale. Il l'agrippa par les épaules et tenta de la réveiller.
- Mina ! Mina ! Réveilles-toi ! ordonna-t-il.
Il dû insister un moment, mais elle finit par se réveiller réellement. Il le constata car elle se détendit brusquement et cligna plusieurs fois des yeux en fixant son visage. Son visage était moite et sa respiration rapide. Neji posa une main sur son front, constatant qu'elle avait une nouvelle poussée de fièvre.
- N… Neji… balbutia Mina et réalisant progressivement où elle se trouvait.
- Tout va bien, tu as fait un cauchemar, répondit-il calmement.
Il se leva, alla lui chercher un verre d'eau et des médicaments, puis se rassit à côté d'elle et lui tendit. Elle se mit assise à son tour et attrapa le verre d'eau avec une main tremblante, le regard encore perdu. Il la sentait en état d'alerte, comme si elle se sentait menacée.
- J… J'ai dit quelque chose dans mon sommeil ? demanda-t-elle avec appréhension.
- Tu criais, mais c'était incompréhensible, répondit Neji en la détaillant du regard. Ca ressemblait à une terreur nocturne. Tu en avais déjà fait ?
- Pas vraiment non, mentit Mina. C'est sûrement la fièvre.
Elle était toujours submergée d'angoisses du fait du réalisme de son rêve, mais tenta de le cacher tant bien que mal.
- Arigato pour le verre d'eau, dit-elle avec une voix tremblante.
Elle le reposa et s'allongea, se pinçant pour être ramenée à la réalité au plus vite.
- Je peux faire quelque chose pour toi ? demanda Neji.
- Non, tout va bien, mentit une nouvelle fois la kunoichi.
Elle regardait le plafond, revivant son rêve. Elle s'était crue à nouveau dans sa cellule, condamnée à ne plus jamais en sortir, un sensei penché au-dessus d'elle avec un couteau, lacérant sa peau afin de la punir pour sa fuite. Elle sentit les larmes monter et se pinça encore plus fort. Elle s'était promis de ne plus verser de larmes lorsqu'elle était arrivée à Konoha. Neji voyait bien qu'elle n'allait pas bien et que sa fierté l'empêchait de l'avouer. Respectant sa pudeur émotionnelle, il se mit sur le dos et regarda le plafond également. Doucement, il glissa sa main jusqu'à la sienne et lui prit délicatement, ses doigts entrelaçant les siens. Mina haussa les sourcils, étonnée par le geste de son coéquipier. Son cœur battait la chamade et cette fois ce n'était plus à cause du cauchemar. Elle se tourna vers lui avec un regard interrogatif mais il continuait de fixer le plafond.
- C'est juste pour te montrer que je suis là et que tu n'es pas en danger, expliqua-t-il avec douceur. On peut rester comme ça aussi longtemps que tu en as besoin.
Elle fut touchée par son geste et se mit à sourire. Elle ferma les yeux et savoura de sentir la main de Neji dans la sienne. Elle respira profondément et se sentit de plus en plus apaisée. Elle finit par se rendormir, sa main toujours fermement agrippée à celle de son coéquipier.
