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"Les morts que nous chérissons restent sereins,

Et que les non-morts passent leurs chemins."

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Nous vivions tous dans le beau quartier américain de Wisteria Lane. Mais, comme tout le monde le sait, même les plus belles choses peuvent cacher les plus sombres des secrets. Et les secrets n'aiment pas rester cachés bien longtemps.

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"Sous l'orage, nous voyons très bien sans être gêné.

La pluie adoucit tous les contours."

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J'avais du mal à garder les yeux ouverts, mon esprit voulait partir loin, très loin dans l'univers. Peut-être même rejoindre Perceval dans l'espace infini, là où ma migraine résonnait comme quatre sons de tambours réguliers.

Un, deux, trois, quatre.

Mon corps était allongé sur quelque chose de moelleux et doux. Un matelas aux couvertures polaires. Pourtant, mon instinct me disait, me hurlait même :

"DANGER".

Il me fallut un effort surhumain, jouant des coudes avec les névralgies qui électrisaient mon cerveau, pour me rappeler de ce qu'il s'était passé.

Rien de grave, en réalité. Je me souvenais avoir quitté ma maison, en clopinant sur ma canne à cause de ma jambe détruite, j'ai traversé la rue pour me rendre à la demeure en face de la nôtre. Chez la voisine du nom de Katherine Mayfair.

Je m'entendais bien avec elle, même si elle était l'ex-fiancée de mon oncle Mike Delfino. Je crois qu'elle ne se remettait pas de la rupture. Et le fait qu'oncle Mike se marie avec Susan n'arrangeait rien, puisque nous vivions juste en face de la pauvre célibataire. Quant à moi, j'avais du mal avec Susan. Elle était désormais ma belle-mère et, comme sa fille Julie, j'avais également 18 ans et je voulais simplement rester dehors avec mon petit copain.

C'est ce qu'il m'a rapproché de Katherine, le fait que nous ressentions toutes les deux de la rancœur envers Susan.

Elle, pour lui avoir volé mon oncle.

Moi, pour préférer son fils de trois ans "MJ", et sa fille Julie à moi. Même si je comprenais, en réalité...

C'était un sujet assez sérieux entre mon chéri et moi.

Mon chéri, accessoirement mon voisin, se nommait Mick Davies et sa mère adoptive, Dr Hess, correspondait totalement à la bourgeoisie que reflétait son apparence guindée. Pourtant, comme je l'ai dit plus tôt, même les plus belles choses peuvent cacher les plus sombres des secrets. Comme Dr Hess qui n'avait pas hésité à abandonner son fils adoptif mineur sur le bord de la route, le laissant seul dans la rue, pendant plus d'un an, à mendier et à voler pour survivre.

Je ne sais comment, mais il lui a pardonné et il vivait désormais avec elle et son beau-père. Ce fut après cette triste et horrible histoire que j'ai commencé à sortir avec Mick. C'était étrange, d'ailleurs, mon petit-copain se nommait donc "Mick" et mon oncle "Mike". Certes, ça ne se prononce pas pareil, mais c'était cocasse.

Mick et moi étions physiquement opposés. Alors que j'avais de longs cheveux blond platine, il avait de courts cheveux noir ébène, en désordre sur son crâne. J'avais les yeux bruns et lui bleu translucide. Il portait des chemises sombres et moi des robes pastelles. Nous étions opposés et pourtant follement amoureux l'un de l'autre, comme des âmes-sœurs célestes.

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"Les créateurs créent leurs créatures, et les créatures doivent refléter les réflexions de leurs créateurs."

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Oncle Mike n'était pas très jouasse que je sois déjà amoureuse et en couple. Après tout, il avait promis à mes défunt parents de prendre soin de moi. Mais, comme un papa poule le ferait, l'adolescence n'était pas chose aisée pour les adultes responsables. Pourtant, j'étais une bonne élève, sérieuse et studieuse.

Le seul souci, qui n'en est pas vraiment un, c'était la montagne de médicaments que je devais prendre. Tantôt pour ma jambe, tantôt pour mon asthme et pour plein d'autres joyeusetés. Et, aux U.S.A, vous savez que si vous n'avez pas d'argent, vous n'êtes pas soignés ! Alors, comme oncle Mike avait du mal à joindre les deux bouts avec son travail de plombier, Mick et moi avions un job d'étudiants à la Pizzeria de la famille Scavo. Nous faisions le service tous les week-ends, ou pendant les vacances scolaires. Notre dernière année de lycée approchait et nous devions étudier et travailler en même temps. Je me payais donc mes propres traitements. Pour le plus grand plaisir de Susan, qui gardait son salaire de professeur de maternelle pour son jeune fils MJ, tandis que Julie faisait du baby-sitter de temps en temps.

Je repensais à tout ça, pendant que ma tête tournait autour des millions d'étoiles qui faisaient tant rêver Perceval. Les tambours continuaient leurs tapages dans mon crâne.

Un, deux, trois, quatre.

J'ai ouvert les yeux et j'ai vu un haut plafond de couleur pastel. Puis des murs à la tapisserie baroque. Puis, une moquette beige sur le sol et enfin un lit King Size sur lequel je me trouvais.

Ce n'était pas ma chambre.

Je n'étais pas chez moi.

Je partageais ma chambre avec Julie, chez Oncle Mike et Susan. Et ceci, n'était ni mon lit, ni ma tapisserie bleu océan.

Où étais-je ?

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"On perd ce qu'on a de plus cher,

Dans ce qu'on pense de plus beau."

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Le matin avait commencé le plus normalement du monde, Mick et moi sommes allés au lycée. Puis comme je ne pouvais pas faire mes cours de sport, je suis rentrée chez moi avec mon chéri et nous avons étudié toute l'après-midi. Comme Susan était au travail et qu'Oncle Mike réparait une salle de bains chez un client, Mick et moi étions seuls, jonglant ainsi entre nos devoirs de trigonométrie et nos bécotages opportuns. Ce fut vers la fin d'après-midi que j'ai ouvert le tiroir de la cuisine qui contenait toutes mes boîtes et flacons de médicaments, lorsque je me suis rendue compte que...

... Tout était vide.

Ce n'était pas normal.

Mick est venu vérifier et m'a aidé à chercher mes traitements dans le reste de la maison, des fois que Susan aurait déplacé mes affaires.

Mais, non.

Rien.

Nous étions en pleine recherche lorsque le téléphone fixe a violemment sonné, nous faisant sursauter avec amusement. C'était Katherine Mayfair qui me disait que j'avais oublié mes médicaments chez elle lors de ma dernière visite.

Oups.

Typiquement moi.

Merci mon TDAH (Trouble Déficit de l'Attention avec/sans Hyperactivité). J'ai souri en me tournant vers mon chéri :

- OK, Mick, je vais rapidement chez Katherine et je reviens dans quelques minutes.

Après lui avoir volé un baiser, j'ai quitté la maison de mon oncle en clopinant chez la voisine d'en face.

Je n'en suis jamais revenue.

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"À trois reprises, il tombe.

Retourne."

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Les souvenirs me revenaient par flashes, accompagnés de migraines fulgurantes. Je me revoyais chez Katherine, j'étais dans sa cuisine en train de grignoter ses cookies sortant du four, lorsqu'elle est montée à l'étage pour récupérer mes médicaments. Puis, elle a hurlé, appelant à l'aide, car quelque chose venait de lui tomber dessus. J'ai grimpé les escaliers en bois aussi rapidement que ma canne me le permettait, j'ai trouvé la chambre dans laquelle elle se trouvait, mais la salle était vide. Il n'y avait personne sur le sol. Je suis rentrée doucement.

- Katherine ?

Une main agrippa mon visage derrière moi et je sentis l'horrible odeur du chloroforme s'abattre sur ma bouche et mon nez.

Ensuite, ce fut le trou noir.

Jusqu'à maintenant.

Avec difficulté, j'ai réussi à me lever et j'ai commencé à chercher ma canne sans la trouver. Katherine me l'avait probablement confisqué. En rampant sur la moquette, car encore groggy par la drogue, j'ai réussi à me glisser jusqu'à la porte pour cogner dessus. Mais rien...

Je ne comprenais pas.

Bien que...

En fait, si, j'ai réussi à comprendre.

Katherine m'avait enlevé pour récupérer Oncle Mike.

Ou lui faire du mal.

Via moi.

Je pensais à Mick, je savais qu'il remuerait la terre, le ciel et les Enfers pour me retrouver.

Je ne sais pas combien de temps, je suis restée enfermé chez Katherine, mais assez longtemps pour faire des crises d'asthme sans mes médicaments et sentir mon ventre se tordre à cause de la faim. Sans mon traitement, je me sentais partir loin, très loin dans l'univers infini.

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"De moi, nulle ne peut se passer.

Ce qu'on apprend par moi, rarement on l'oubli,

Quand je suis tendre, un rien m'émeut.

Mais quand je suis de pierre, tout m'indiffère.

Quand sur une main, je suis posée,

La misère doit reculer.

Qui suis-je ?"

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Était-ce une hallucination ou la réalité ? Mais une voix hurla dans le hall de la maison de notre voisine. Une voix avec un accent Anglais.

- MICK !

Ma voix était rouillée et faible, mais j'ai puisé dans mes dernières forces englouties sous la drogue pour me faire entendre.

Les gens qui nous connaissaient, Mick et moi, qui voyaient notre amour dans nos yeux et notre complicité dans nos gestes, disaient que nous communiquions par télépathie.

Je ne les croyais pas.

Jusqu'à maintenant.

Parce que, même si ma voix ne portait pas jusqu'à l'entrée de la maison, Mick grimpa les escaliers quatre à quatre, devant les cris incessants de Katherine qui cherchait à le rattraper et à l'arrêter dans son élan.

- ALISONE !

Mick...

Il était là, dans le couloir.

Je souris enfin.

Mick tambourina sur la porte, Katherine criait dans le corridor, elle lui ordonnait d'arrêter. Mais rien ne pouvait stopper Mick, il me savait en danger et tel un chevalier d'un Conte de Fées, il me sauverait coûte que coûte.

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"Tous les trésors ne sont pas d'argent et d'or."

.

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Lorsque j'ai rouvert les yeux, deux jours plus tard, j'étais enfin dans ma chambre, chez Oncle Mike.

Bien sûr, mon chéri Mick était assis à côté de mon lit, attendant que je me réveille de mon sommeil médicamenteux.

- Alisone...

Il sourit en posant sa main tremblante sur la mienne.

Mick m'expliqua tout ce qu'il s'était passé :

Mon sauvetage des griffes de Katherine, qui avait volé mes médicaments pour me piéger chez elle. Oui, elle souhaitait se venger de mon oncle pour avoir choisi Susan. De toute évidence, Katherine n'était pas le monstre qu'elle pensait être, puisqu'à la place de s'en prendre au fils de Mike, bébé MJ, elle a préféré s'en prendre à moi, puisque je suis plus grande.

Logique.

Les yeux translucides de Mick se mouillèrent de larmes et il serra plus fort sa main dans la mienne.

- Tu as disparu pendant deux jours et une nuit. J'ai eu si peur...

J'ai pu esquisser un sourire avant de murmurer, avec sincérité :

- I love you...

- I love you too, Alisone. Always and forever.

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FIN

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Notes :

Au fil des années, j'ai tissé toute une histoire dans ce crossover improbable. Tout est dans ma tête, Mick et moi, notre travail à la Pizzeria, nos cours au lycée, notre vie dans le quartier. Tout est parfaitement créé dans mon Palais, toutes les relations, les personnages, les décors et j'avais même rajouté un dernier crossover en faisant venir des gens d'une autre série avec pleins d'autres péripéties.

Bref, c'est quelque chose de très long et très complet. La partie écrite ici, avec Katherine, ne représente que 30% de l'univers que j'ai créée avec Mick et moi à Wisteria Lane. (Et je n'ai même pas pu tout narrer dans les moindres détails !)

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12.10.2024

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