Hey ! J'ai cette horrible impression que le temps passe trop vite et que les délais entre les chapitres s'allongent. Sorry ! Je n'ai pas beaucoup avancé ces derniers jours sur cette histoire en plus, je suis en train de terminer le premier jet du dernier chapitre de cette partie et j'ai 0 avance sur la partie 3. J'étais pas mal occupé au boulot et j'avoue que j'ai lu énormément de livres récemment qui m'ont beaucoup accaparer. J'aimerais vous conseiller si vous avez le temps et que vous pouvez vous les procurer, foncez ! Alter ego de Maxim Foxe et Maxens Kane. Échec aux rois de Laurence Chevallier et Cécillia Armand. Il y'en a d'autre, mais je ne vais pas me lancer dans ce sujet ou sinon je ne vais jamais m'arrêter.

Ou sinon merci de continuer à suivre cette histoire qui comme son nom l'indique - peut-être que vous commencez à me connaitre aussi - s'annonce un peu triste et horriblement frustrante !

Bonne lecture quand même, j'espère que vous allez l'aimez.


Chapitre 38 :

Hécatombe partie 1

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Quand la sonnette de la porte d'entrée retentit, Remus en fut si surpris qu'il faillit renverser la moitié de son thé sur le canapé du salon. Ses parents étaient sortis et il était seul. Il n'attendait personne et se demandait bien qui cela pouvait être. Le Poufsouffle n'était pas forcément très tranquille depuis que Greyback s'était échappé d'Azkaban : sa famille et lui devaient être constamment sur leurs gardes et cela pouvait être épuisant. Ils ne s'empêchaient pas de vivre pour autant mais cela n'avait rien d'agréable car ils ne devaient pas non plus faire n'importe quoi et encore moins se montrer complètement insouciants.

Remus ne craignait pas de rester seul chez lui en général mais parfois, ses angoisses d'enfant pouvaient revenir. Il avait été très jeune quand Greyback l'avait attaqué et même si son père avait été là pour le sauver, ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait oublier. C'était un traumatisme dont il ne se rappelait que trop bien encore aujourd'hui. Pourtant, il n'était plus un enfant. Il avait grandi et était pratiquement un adulte à présent. Il n'était plus sans défense et devait être en mesure de se défendre. Du moins, normalement.

Remus inspira donc un grand coup, posa sa tasse de thé sur la table basse et se leva. On venait de sonner à la porte et il était très peu probable que quelqu'un de mal intentionné fasse ce genre de choses. Cela gâcherait l'effet de surprise.

Le sorcier regarda à travers le judas et fronça les sourcils en reconnaissant son visiteur. Que faisait l'Auror Maugrey ici ? Oh, il était déjà passé quelques fois avant mais là, le Poufsouffle avait l'impression qu'il s'agissait d'une visite formelle. Il espéra alors que ce n'était rien de grave.

Il ouvrit la porte et le salua.

-Puis-je entrer ? demanda Maugrey.

Remus acquiesça, un mauvais pressentiment au creux de l'estomac.

-Est-ce que tout va bien ?

L'Auror hocha la tête.

-Tu as fait un beau parcours lors du Tournoi, c'est bien, débuta-t-il.

-Merci. J'ai fait de mon mieux, c'était plus dur que ce que je pensais.

Maugrey n'ajouta rien et Remus commença à être mal à l'aise. Cela n'avait jamais été aussi bizarre entre l'adulte et lui. Cela lui rappelait en fait leur première rencontre pendant laquelle l'Auror n'avait pratiquement pas décroché un mot. Il n'avait pas été souriant et Remus avait été impressionné et anxieux.

-Je suis ici parce que j'ai des questions à te poser.

Remus s'en était douté et il hocha la tête à son tour.

-C'est au sujet de l'agression de Marlene McKinonn. On va revenir sur ta déclaration. Nous savons à présent que la Serdaigle n'a pas obtenu ses blessures à l'intérieur du château mais à l'extérieur. Elle affirme également avoir été attaquée par des Triswalker, ce qui au vu des contusions qu'elle présente, est possible. A partir de là, j'ai une question : où l'as-tu trouvée exactement ? Elle a été attaquée dehors mais elle était trop faible pour revenir seule au château. Je sais que tu caches quelque chose mais je ne sais pas si c'est pour la protéger ou parce que tu es également mêlé à cette histoire et que tu cherches à te préserver. Quelle que soit la réponse, il est temps de dire la vérité.

Remus se sentit affreusement mal. Il avait le sentiment d'être coincé et que c'était bien mérité. Il avait menti et n'était pas complètement innocent. Marlene lui avait dit qu'elle ne le dénoncerait pas, mais peut-être que c'était à lui de le faire. Il ne savait pas ce qu'il risquait exactement à être un Animagus non déclaré. Il n'allait pas faire de la prison pour ça, non ? Et puis, s'il osait prendre ce risque, il pourrait alors enfin dire toute la vérité sur Marlene. C'était elle qui avait libéré les prisonniers d'Azkaban volontairement après tout. C'était grave et il fallait que le bureau enquête, qu'il découvre comment la Serdaigle avait fait ainsi que ce qu'était devenu le frère de la jeune fille.

Remus avait conscience de tout cela. Il pensa alors à Marlene et à sa tristesse, à son désespoir. Elle n'était pas mauvaise, il le savait, et même s'il ne comprenait pas son geste, il pouvait difficilement lui jeter la pierre. Il avait sans doute été trop dur en affirmant que lui n'aurait jamais fait la même chose, qu'il était quelqu'un de droit, qu'il valait en quelque sorte mieux qu'elle.

Le Poufsouffle regarda Maugrey, indécis. Il mentait très mal et ne savait pas comment se sortir de cette histoire.

-Tu n'as pas l'air étonné par cette histoire en tout cas, constata Maugrey et Remus hocha la tête.

Il avait attendu trop longtemps pour faire semblant de s'étonner de toute façon.

-J'étais dehors quand j'ai entendu qu'il se passait quelque chose plus loin, soupira-t-il finalement. Marlene a effectivement été attaquée par des Triswalker. Quand je suis arrivé pour lui porter secours, elle était seule et grièvement blessée. Les Triswalker avaient l'air d'être partis d'eux-mêmes, ils devaient penser qu'elle était morte. Je l'ai ramenée à l'infirmerie et elle m'a demandé de ne rien dire alors c'est ce que j'ai fait.

-Elle était seule, en es-tu sûr ? insista Maugrey.

Remus hésita et l'Auror le vit.

-Je ne peux pas l'affirmer, je ne me suis pas attardé pour vérifier.

-As-tu une idée de ce qu'elle faisait à l'extérieur ?

-Pas exactement. Enfin, je suppose qu'elle prenait l'air ou qu'elle avait prévu de retrouver quelqu'un.

-Etes-vous proches tous les deux ?

Maugrey s'appuya contre le mur derrière lui et Remus resta désespérément debout, ayant l'impression de ne pas totalement maitriser son corps. Le châtain ignorait ce que savait exactement l'Auror et ce dernier était très bien capable de lui poser des questions auxquelles il avait déjà les réponses pour le tester.

-C'était l'amie de certains de mes amis. On se connaissait mais je ne peux pas dire qu'on était proche.

-Pourquoi la couvrir alors ?

-Parce que j'avais à y gagner, répondit-il honnêtement. Je n'étais pas seul, j'étais avec mon petit-ami à l'extérieur de Poudlard. Comme elle, je n'avais pas envie d'avoir des ennuis.

Et voilà, c'était dit.

Le visage de Maugrey ne changea pas. Remus savait que probablement, l'Auror se doutait au moins un peu de ce qu'il y avait entre Sirius et lui. Il ne citait pas son nom dans son récit et il ne le ferait pas. Il ne voulait pas que Sirius y soit mêlé.

Maugrey fit le choix de ne pas revenir sur ses mots. A la place, il continua de l'interroger. Il lui demanda plus d'explication sur la manière dont il était sorti du château et Remus tenta de répondre à tout sans se trahir. A la fin, il ne savait toujours pas s'il avait fait le bon choix.

xXx

Des protestations ont eu lieu il y a quelques jours. Il n'y avait pas beaucoup de monde mais étonnamment, ça m'a marqué. Je pense que c'est parce que quelqu'un est mort. C'est bizarre de se dire que quelque chose comme ça est arrivé. La manifestation avait été interdite par le ministre de la Magie, mais des gens sont tout de même venus. Personne ne sait trop comment cette personne est morte, elle a juste été retrouvé noyée après que les manifestants aient été arrêtés ou dispersés. Il y a une rumeur qui dit que ce sont les Aurors qui l'ont tué sous les ordres du ministre de la Justice. Une manière d'instaurer la peur, de dissuader toute personne de se prêter à des jeux de contestation.

Pour autant, l'explication la plus logique est que cette personne est tombée à l'eau, bousculée lors du mouvement de panique pendant l'intervention des autorités. Ce serait la plus acceptable aussi car personne n'a envie de croire que l'état dans lequel il vit accepte de se débarrasser de certaines personnes à des fins personnelles. Cette histoire remonte à une semaine mais l'article n'est paru que récemment. Dans un journal contesté en plus. Euphémia a vu que j'étais intrigué et touché. Elle m'a dit de faire attention à cette information parce qu'elle n'a été relatée nulle part ailleurs et c'est vrai que c'est assez étrange. Soit elle a été partiellement ou complètement inventée, ce qui explique qu'aucun n'autre média ne l'ai repris, soit c'est le seul média à avoir le courage de se dresser contre le ministre de la Magie.

Sirius et James ne cherchent pas à s'impliquer politiquement même s'ils ont déjà des opinions. Euphémia quant à elle préfère rester en dehors de ça. Fleamont est pour sa part assez érudit et il m'a fait part de beaucoup de choses que je ne pourrai pas entièrement retransmettre ici. Il m'a parlé de ce qu'il se passait au ministère en ce moment, du fait que le Ministre est sur la sellette depuis l'affaire d'Azkaban et des fugitifs. Qu'il change petit à petit de ligne pour pouvoir raffermir sa position. Son côté indulgent et ouvert pouvant lui couter sa place, il a décidé d'adopter une ligne plus dure. Les gens ne se sentent plus en sécurité et veulent quelqu'un de fort et d'autoritaire à leur tête. Quelqu'un qui ne laisse pas échapper de dangereux sorciers dans la nature.

Les élections ont lieu dans moins de deux ans, ça va arriver plus vite que prévu. Je me demande si l'état du pays va continuer de se dégrader en attendant. Si le ministre n'est pas réélu et que quelqu'un de plus dur émerge, que se passera-t-il exactement ?

Est-ce que ce sera vraiment mal ?

Regulus reposa sa plume et s'étira. Il écrivait depuis des heures et se sentait horriblement fatigué. Il avait mal aux fesses à force d'être resté assis trop longtemps et commençait à avoir un petit creux. Ecrire dans son journal était devenu une habitude depuis que Padfoot était parti. Il avait pourtant déjà commencé après Noël à y déposer ses émotions, parler de ses journées de temps en temps. Il en ressentait souvent le besoin à présent. C'était comme une sorte de thérapie avant et désormais, il avait également l'impression que c'était comme un carnet de bord. Pour Padfoot, si un jour il revenait. Pour lui, si un jour il doutait.

xXx

En arrivant à Poudlard, Hugo Leroy vit tout de suite que le château avait changé. L'ambiance n'était pas la même et le château était si différent quand il était vide ! Mais il n'y avait pas que ça, l'endroit n'avait plus le même éclat. En montant les étages pour aller jusqu'au bureau de son ami, il put voir des indications pour rappeler que telle partie du château était inaccessible en raison de travaux. Cela lui sembla bizarre. Il réalisa alors que comme n'importe quel établissement, Poudlard pouvait rencontrer des problèmes et avait besoin d'être réparé. Après tout, c'était un monument très vieux et il montrait, tout comme son illustre représentant, quelques signes de faiblesse.

Hugo l'avait remarqué tout de suite en arrivant la première fois : Dumbledore n'allait pas bien. Il semblait fatigué, lassé, usé. Cela le peinait de le voir ainsi et il se demandait s'il n'était pas temps pour lui de laisser la direction de l'école à quelqu'un d'autre pour enfin s'occuper de lui. Poudlard avait sûrement représenté beaucoup pour lui, la consécration d'années de recherche magique et d'efforts, mais à présent, le poste ne lui apportait plus aucune satisfaction. Du moins, c'est ce que ressentais le Français.

Peut-être que c'était aussi pour cette raison que le vieux sorcier lui avait proposé de venir en Angleterre. Bien sûr, l'explorateur avait eu ses propres problèmes à ce moment-là et il y avait également eu l'opportunité de participer au Grand Tournoi de duels. Mais le Français savait que le vieux sorcier lui avait probablement fait cette proposition parce qu'il avait aussi à y gagner. Parce qu'il voulait le voir. Cela ne le dérangeait pas car le blond aimait passer du temps avec l'illustre sorcier.

Aujourd'hui, il avait une demande à faire à Dumbledore. Il espérait que celui-ci accepte et que repasser du temps avec son phénix lui remontrait le moral. Avant de gagner Fumseck lors du Tournoi, l'oiseau avait en effet appartenu au directeur de l'école. Un cadeau. Dumbledore lui avait parlé de Fumseck quelques fois mais lorsqu'ils étaient réellement devenus amis, Dumbledore n'avait déjà plus Fumseck avec lui. Parfois, Hugo se disait que Albus avait fait en sorte de récupérer Fumseck pour lui donner la chance d'avoir l'oiseau qu'il avait toujours désiré. Et puis, il rigolait. C'était sans doute trop poussé. Albus l'appréciait beaucoup mais il ne l'imaginait pas non plus faire tout ça juste pour lui faire plaisir !

Arrivé devant le bureau du vieux sorcier, Hugo frappa quelques coups légers avant d'entrer. Albus regardait par la fenêtre et le blond se demanda s'il l'avait entendu. Il s'annonça une fois de plus et le directeur de Poudlard se tourna vers lui en souriant.

-J'ai été surpris de savoir que tu voulais me voir. N'étais-tu pas déjà censé être en France ? l'interrogea-t-il.

-Hé bien si, mais j'ai rencontré un problème qui m'a empêché d'embarquer.

Albus fronça les sourcils et Hugo savait qu'il commençait déjà à se faire du souci pour lui. Il eut un sourire attendri.

-Ce n'est rien de grave, du moins je l'espère. J'ai juste découvert un peu tard qu'il fallait un transport à Fumseck pour voyager.

-Je l'ignorais. J'ai rarement eu l'occasion de voyager avec des animaux magiques dans d'autre pays. As-tu besoin d'aide pour les démarches ? s'enquit-il.

-Ça devrait aller. Quelqu'un m'a plus ou moins tout expliqué et grâce à lui, je crois que ça ne devrait pas être trop long.

-Quelqu'un ? releva Albus.

Il savait que Hugo ne connaissait pratiquement personne ici. Qui était donc cette personne ? Hugo pouvait le voir réfléchir et il trouva cela assez amusant. Et peut-être un peu décevant également. Albus le pensait-il sincèrement incapable de se faire des amis ou de faire des rencontres ? Il était resté ici plusieurs semaines, il était jeune et sociable, l'inverse aurait été étonnant. Enfin, même si cela avait néanmoins été compliqué...

-C'est un Auror. Alastor Maugrey, on doit avoir le même âge. Je lui ai proposé de l'inviter à boire un verre pour le remercier mais j'attends encore sa réponse, expliqua-t-il. En tout cas, il m'a été d'une grande aide, mes documents ont été envoyés et je n'ai plus qu'à attendre !

-Je suis surpris, lui fit remarquer Albus. Maugrey est un grand solitaire et il peut être un peu… brut de décoffrage.

-Il m'a semblé très aimable à moi.

Hugo n'aimait pas vraiment qu'on porte des jugements sur les autres et Dumbledore acquiesça, comme s'il n'y avait rien d'autre à dire.

-Tu restes donc ici plus longtemps que prévu si je comprends bien ?

-Non, malheureusement, je ne peux pas. J'ai des choses à faire chez moi. Je vais rentrer avec Mimie. C'est pourquoi j'aurais voulu savoir s'il était possible de vous laisser Fumeseck. Comme vous vous connaissez bien, je me suis dit que ça ne le bouleverserait pas trop.

Albus s'éloigna enfin de la fenêtre et vint s'asseoir derrière son bureau. Hugo quant à lui resta debout, parfaitement à l'aise. Son ami tardait cependant à lui répondre et Hugo commença à se dire qu'il était possible qu'Albus refuse. Si c'était bien le cas, il serait embêté : il n'avait pas d'autre solution.

-Est-ce possible ? demanda-t-il une fois de plus.

-Je crains bien que non, mon ami.

Hugo grimaça.

-S'il vous plait, je n'ai pas d'autre solution.

Le directeur eut une moue contrite.

-J'ai déjà des obligations et je vais devoir m'absenter quelques jours après la rentrée. J'ai aussi les travaux d'un étage à superviser et les réunions à venir pour préparer les examens risquent de me fatiguer.

Hugo pouvait le comprendre mais il aurait aimé une autre réponse. Finalement, une idée lui vint.

-Et si vous n'aviez pas à vous occuper de lui mais à vous assurer que tout se passe bien de temps en temps ? Cela serait jouable, non ?

-Sans doute. A quoi penses-tu ?

-J'ai sympathisé avec Regulus Black. Je pense qu'il pourrait s'occuper un minimum de Fumseck si vous l'épaulez.

Si Albus ne pouvait pas lui rendre ce service, Hugo n'avait que peu d'autres options. Il ne connaissait pas vraiment Maugrey et n'irait jamais demander ce genre de choses à quelqu'un qu'il connaissait à peine. Il n'avait pas vraiment fait d'autres rencontres et avait partagé de bons moments avec le Serpentard. De plus, il savait que Regulus appréciait tout comme lui les animaux qui peuplaient le monde magique et était désireux d'en savoir plus sur eux. Si Albus était là pour veiller, il pourrait consentir à laisser un de ses compagnons en Grande Bretagne.

-C'est déjà pour lui que tu avais demandé une autorisation de sortie, se rappela Albus.

-Oui, je l'aime bien.

Regulus lui ressemblait sur certains points. Il le considérait parfois comme un petit frère et il avait envie d'être une sorte de mentor pour le Serpentard. Albus sembla comprendre son raisonnement sans qu'il ait besoin de le dire car il se contenta d'acquiescer et le Français le remercia avant de prendre congé. Il aurait aimé discuter plus longtemps encore avec lui mais le vieux sorcier était déjà bien occupé et lui-même avait à faire. Il devait racheter des billets et prévenir ses proches de ses nouveaux plans. Mais avant de partir, il y avait une chose qu'il tenait à préciser.

-Je ferai quand même des allers-retours pour m'assurer que tout va bien. En attendant ma prochaine visite, s'il vous plait, prenez le temps de souffler un peu.

-Je suis bien trop occupé pour cela.

-Si vous ne le faites pas, je serais obligé de le faire pour vous.

Albus sourit et Hugo savait que cela ne le gênerait pas.

-Prenez soin de vous, dit-il avant de quitter le bureau.

xXx

Les vacances étaient finies et elles avaient été autant mouvementées que remplies. La rentrée n'allait pas se dérouler comme d'habitude. En effet, Regulus, son frère et James avaient reçu une lettre quelques jours plus tôt pour leur annoncer des modifications techniques dans le château. Dans le cadre de travaux de réparation, les élèves les plus jeunes qui ne pourraient pas accéder à leurs salles de cours auraient une rentrée des classes décalée. Cela avait étonné Regulus. Lui qui avait toujours pensé que Poudlard ne pouvait subir aucune dégradation ! Avec ses escaliers qui n'en faisaient qu'à leur tête et ses nombreux habitants permanents comme les fantômes et tableaux aux caractères bien trempés, il avait toujours considéré Poudlard comme une entité auto-suffisante que rien ne pouvait atteindre ni abîmer.

De son côté, James avait pendant quelques instants envier les plus jeunes qui pouvaient profiter des vacances plus longtemps. Pour sa part, Sirius s'en fichait, même s'il avait envie de retourner au château pour voir ses amis et surtout son petit-ami.

Regulus quant à lui était heureux de retourner à Poudlard. Il allait pouvoir y retrouver une certaine sérénité. Il n'avait pas d'examen qui approchait contrairement aux 7ème année. Il allait donc pouvoir profiter pleinement des derniers mois scolaires avant les longues vacances d'été.

Regulus et James avaient essayé d'agir à peu près normalement l'un envers l'autre. Mais cela s'avérait plus comique qu'autre chose. Le seul que la situation amusait était Sirius, bien évidemment. Regulus savait qu'il devait donner une réponse claire à James. A présent qu'il savait que le Gryffondor était sérieux, il devait l'être aussi. Réfléchir, savoir ce qu'il voulait vraiment au lieu de se contenter de le rejeter par simple principe.

C'était compliqué et il se serait bien passé de ce genre de galère. Heureusement, reprendre à Poudlard allait suffisamment l'occuper pour qu'il ne rumine pas à longueur de temps. Il s'assurerait simplement d'y penser sans que ses pensées ne viennent pour autant le polluer et il aurait une discussion avec le fils Potter le moment venu.

Pour l'instant, comme à chaque rentrée, James et lui accompagnaient Sirius qui ne voulait pas déroger à sa sacro-sainte règle et trouver Remus. Même si à présent, il devait vouloir le retrouver pour autre chose que pour l'embêter… Du moins, le Serpentard l'espérait. Après tout, son frère le désespérait et agissait souvent d'une manière qu'il ne comprenait pas.

-Je suis trop content de retourner à Poudlard !

-Et moi donc, Sirius ! Je pense qu'on peut tester la limace gerbant sur Pettigrow !

-Ouais, ce serait trop génial !

Regulus grimaça. Il trouvait cette idée répugnante et était bien content de pouvoir échapper à ce pitoyable spectacle. Les Maraudeurs étaient vraiment impitoyables. Regulus marchait devant eux, essayant de trouver ses amis. Il ne comptait pas passer tout son voyage avec les Maraudeurs et leurs amis Gryffondor. Il devait d'ailleurs se dépêcher, le Poudlard Express allait bientôt démarrer.

-Tu es vraiment de bonne humeur, Sirius, c'est horrible comme tu brilles de bonheur ! pouffa James.

-Je trouve aussi ! Mais j'ai toutes les raisons du monde d'être heureux ! J'ai passé de superbes vacances, ma moto marche du tonnerre, on retourne enfin à Poudlard et on a plein de blagues à mettre en place ! Et puis surtout, j'ai une vie sexuelle et amoureuse épanouies ! Que demander de plus ? fanfaronna-t-il.

-De la modestie, de l'empathie, de la retenue, du savoir-vivre, énuméra Regulus.

-Ne me donne pas autant d'amour, mon très cher frère, ça me rend timide, plaisanta Sirius en prenant le plus jeune par les épaules.

L'attrapeur grogna mais ne tenta pas de se dérober, il savait que c'était inutile.

-Je crois que je préférais quand tu étais triste parce que tu pensais que Lupin ne t'aimait pas, ajouta quand même le Serpentard.

Sirius lui tira la joue et Regulus grimaça. James semblait quant à lui trouver ça très amusant. Regulus savait qu'il trouvait ses joutes verbales avec son frère divertissantes. Il était fils unique alors bien entendu, pour lui, tout était super. En plus, il était ami avec Sirius tandis que lui devait le supporter en tant que frère et l'ainé des Black n'était pas facile à vivre.

-Tu n'es pas sympa, moi je te soutiens dans tes histoires ! Ça en est où d'ailleurs, Jamie ? lança Sirius.

-Tais-toi ! le coupa Regulus qui en avait marre qu'ils en parlent comme si c'était normal.

C'était trop bizarre. Cette histoire ne devait concerner que James et lui !

-Vous m'énervez, j'ai l'impression que vous faites tout pour me faire sortir de mes gonds, s'agaça-t-il alors.

-Un peu, répondirent les Maraudeurs en même temps.

-C'est parce que tu ne dis jamais rien et que t'as toujours l'air calme. Mais si on regarde bien, tu as cette petite veine qui apparait sur ton front parce que t'essaies de t'empêcher de nous étriper. Comme maintenant en fait, rigola Sirius.

-C'est pour ça que les plus jeunes te trouvent impressionnant et que les autres te pensent hautain et condescendant, approuva James.

-Je me fiche ce que pensent les autres, souffla Regulus.

Ce n'était pas vrai depuis longtemps mais maintenant, il pouvait le dire sans que ce soit un mensonge.

Il accéléra le pas et un instant plus tard, tomba sur le wagon où était Remus et son amie blonde. Peter Pettigrow n'était pas là mais Lily et Severus étaient aussi présents. Fatigué avant l'heure, Regulus jugea qu'il pouvait bien rester avec eux jusqu'à Poudlard. Il n'avait pas l'énergie d'aller chercher un endroit plus calme. Et puis, Remus étant là, son frère allait le laisser tranquille et James allait se faire un plaisir de raconter encore et encore combien son anniversaire avait été génial. Ensuite, sans doute qu'il évoquerait les futurs entrainements de Quidditch.

-Bonjour, Regulus, le salua Lily.

Il hocha la tête mais ne prit pas la peine de lui répondre. Il remarqua alors son air crispé et se demanda si James et Sirius avaient raison : avait-il vraiment cette image hautaine ? Il échangea un regard avec Severus mais garda le silence. La présence de Lily le freinait, il parlerait plus longuement avec son ami plus tard.

-Salut, Moony ! fit Sirius en s'incrustant sur le même banc que lui, le regard langoureux.

James l'imita, juste pour se moquer de lui.

-Salut, sourit le châtain, les joues rouges.

Regulus soupira devant ce déballage de niaiseries et de joie exagérée. Isabel prit alors la parole et commença à parler de ses vacances. Comme ça ne l'intéressait pas vraiment, Regulus sortit ses notes de soins aux créatures magiques et les relut.

-Ah, au fait, Regulus, le professeur particulier de duels te cherchait, lui dit Severus avant qu'il n'ait le temps de trop s'immerger dans ses notes.

-Hugo ? demanda-t-il. Pourquoi ?

Il était étonné. Il pensait que le français était parti après la fin du tournoi. A sa connaissance, il n'avait aucune raison de rester après tout.

-Ah oui, c'est vrai, se rappela Remus. Je crois qu'il était sur le quai au niveau de l'accueil.

Regulus hésita car le train allait bientôt partir. Mais si le français était là, c'est qu'il devait avoir quelque chose d'important à lui dire. Finalement, le brun décida d'aller le voir. Il laissa ses affaires et sortit du wagon. Il suivit les indications du Poufsouffle et trouva facilement le blond qui l'attendait toujours.

Hugo portait un jean foncé, une veste blanche avec des chaines et des boots noires. Avec ses boucles blondes, sa tenue renforçait son air un peu décalé. En le regardant, Regulus avait d'ailleurs du mal à croire qu'il avait gagné le tournoi. Il était même un peu dégouté. Encore plus en voyant le phénix sur son épaule droite et son familier qu'il tenait dans sa paume.

-Regulus, je suis content que tu sois là ! Je ne savais pas si j'avais le droit de monter dans le train alors j'ai demandé à tes amis de te dire que je te cherchais !

-Vous vouliez me voir ? s'étonna-t-il.

Hugo sourit et plissa les yeux.

-T-tu voulais me voir ? répéta Regulus, pas encore habitué à passer du vouvoiement au tutoiement avec le Français.

-Exactement !

Hugo commença à marcher et incita Regulus à le suivre. Ils s'approchèrent du train, le français étant bien conscient que celui-ci devait bientôt partir, et Regulus continua à se demander ce que le blond lui voulait. Ayant sympathisé au cours de son arrivée ici, les deux sorciers étaient à présent suffisamment proches pour s'envoyer, à l'occasion, des lettres. Hugo lui avait d'ailleurs fait ses aurevoirs dans l'une d'elles. Regulus doutait donc que le gagnant du Grand Tournoi de duels de cette année ait fait le déplacement juste pour les renouveler.

Enfin bon, au fond de lui, il n'en avait pas grand-chose à faire. Ça lui permettait de voir de plus près le magnifique spécimen qu'était le phénix magique : il était majestueux, digne, parfaitement à sa place. Il semblait également à peine dérangé par les regards insistants de tous les élèves à travers les vitres du train. Regulus était fasciné et avait envie de le toucher mais il ne voulait pas traiter l'oiseau comme une bête de foire.

-Il est magnifique, n'est-ce pas ? lui demanda Hugo.

Le 6ème année hocha automatiquement la tête et le blond sourit, amusé par l'attitude du plus jeune.

-C'est pour Fumseck que je suis venu te voir, lui expliqua-t-il alors. J'aurais un service à te demander.

-Quel genre de service ? Ça ne pouvait pas attendre ? ajouta-t-il presque aussitôt.

Il ne voulait pas donner l'impression de céder trop vite, ni qu'il était facile d'obtenir quelque chose de lui.

A sa question, le français sembla gêné et ça éveilla la curiosité du jeune sorcier. Il croisa les bras et attendit, prêt à rembarrer l'ancien professeur particulier si celui-ci lui demandait quelque chose d'insensé.

-A vrai dire, j'ai des problèmes administratifs et je ne peux pas tout de suite ramener Fumseck en France. Il lui faut un passeport magique ou un truc comme ça… Enfin, c'est hyper compliqué… J'ai commencé les démarches mais ça va être long. Le problème, c'est que j'ai des obligations chez moi et une connaissance m'a également dit qu'être en France pourrait faciliter le suivi du dossier là-bas.

-Ah…bon ? lâcha Regulus, stupéfait.

Il n'avait pas pensé que le blond rencontrerait ce genre de problème. Mais il était vrai que l'identification et le traitement des animaux magiques était un sujet sérieux en Grande-Bretagne. Il y avait même un service dédié.

Il observa l'espèce de poussin noir et blanc rondouillard et le beau phénix. L'un et l'autre se tenaient tranquilles malgré le bruit et l'agitation.

-J'aimerais te laisser Fumeseck le temps que je me mette en règle et que son passeport soit finalisé, déclara finalement le blond.

-Je vois, souffla Regulus. Attends ! T-tu viens de dire que tu me confiais Fumseck ?!

Hugo hocha la tête et Regulus sentit son cœur battre la chamade tant l'euphorie et l'excitation qu'il ressentait étaient fortes. Ses yeux s'illuminèrent et Hugo se mit à rire.

-Je te le confie, je ne te le donne pas alors calme-toi. J'ai déjà discuté avec Albus, il t'aidera. Après tout, c'est lui qui s'est occupé de Fumseck avant que je ne l'aie. Il saura quoi faire.

-Merci, je te promets de veiller sur lui ! s'exclama le Serpentard.

Hugo acquiesça. Il ne s'en faisait pas. Il fit alors rapidement la bise à Regulus pour lui dire aurevoir et laissa Fumseck aller vers son gardien temporaire. Le train siffla et le français jura dans sa langue natale. Il fit quelques recommandations maladroites, toujours en français, tout en se dépêchant de partir.

Regulus n'avait rien compris mais il n'avait pas vraiment écouté non plus. Fumseck était sur son épaule, le lorgnant simplement. Le train siffla encore et Regulus s'empressa de remonter dans le train. Il alla voir son frère, un énorme sourire scotché aux lèvres.

-Sirius, c'est génial ! s'emballa-t-il, ivre de joie.

Maintenant que l'adulte était parti, il se sentait moins gêné de le faire.

-Ah, tu te souviens que j'existe, se moqua son frère.

Mais Regulus ne fit pas attention à sa réponse : il n'en avait pas vraiment attendu. Il était focalisé sur le phénix au milieu des exclamations de surprise et de joie des autres élèves dans le wagon. Après un moment, il se rendit compte de la ferveur autour de lui et il sut que ça allait dégénérer, que tout le monde allait vouloir se précipiter sur lui et plus particulièrement sur Fumeseck. Il n'en avait pas envie mais que pouvait-il y faire ?

Quelqu'un cria et Regulus se tendit. L'attroupement, la marée n'était pas encore sur lui mais il savait que s'il ne faisait rien, il se ferait bientôt engloutir. Même s'il n'aimait pas ça, il ne pouvait en vouloir aux autres : ce qu'il se passait était fou ! Hugo Leroy lui avait confié Fumseck ! Il allait pouvoir l'amener avec lui à Poudlard, s'en occuper, le regarder… Bien sûr, il fallait encore qu'il discute avec le directeur et Regulus ne se faisait pas d'illusion, il savait qu'il n'aurait probablement qu'un très petit rôle à jouer dans le développement du bien-être de Fumeseck.

C'était son moment avec cet animal magique et il ne savait pas combien de temps il disposerait réellement. Il s'éloigna alors du groupe d'amis et lança un regard noir à de jeunes lions qui filèrent pour lui laisser sa place. Il confectionna ensuite un nid douillet au phénix alors que le train filait déjà à vive allure.

Fumseck sembla apprécier l'attention car il s'y coula avec bonheur. Regulus l'observa longuement, se rendant compte qu'il était satisfait simplement en le regardant.

-Est-ce qu'on peut s'approcher ? demanda Remus, ce qui fit sursauter Regulus.

-Je ne préfère pas, le voyage va le fatiguer. Plus tard peut-être.

Regulus vit la déception du Poufsouffle ainsi que de tous ceux qui s'étaient approchés. Sans doute parce qu'ils savaient que ce « plus tard » n'arriverait jamais.

xXx

Après le tournoi de duels, Marlene McKinnon avait pensé qu'elle pourrait reprendre une vie normale, sans souci ni inquiétude. Que sa morale et le sérieux qu'elle avait dû abandonner pour venir en aide à son frère serait vite retrouvés. Hélas, elle s'était trompée. Elle n'arrivait pas à oublier et aujourd'hui encore, elle se demandait si elle avait bien fait. La fin justifiait-elle les moyens ? Elle ne savait que répondre.

Au moins, son frère avait pu quitter sans encombre Poudlard et ses environs pour gagner la France. Malgré les risques, il avait tenu à lui envoyer des nouvelles pour qu'elle ne s'inquiète pas et pour la remercier. Pour minimiser les risques, il s'était fait passer pour une amie d'enfance qui lui parlait de son emménagement. La Serdaigle était ravie, même si elle sentait que son frère lui taisait des choses. Il ne parlait pas de la manière dont il s'était débrouillé pour partir, s'il avait pu prendre un transport moldu ou magique comme convenu, s'il y avait eu des complications. Aucun mot, même détourné, pour parler de son voyage jusqu'à Paris. Mais Marlene s'inquiétait sans doute pour rien. Son frère était à présent tiré d'affaires, loin des Aurors, et c'était le plus important. Marlene n'aurait malheureusement plus de nouvelles de sa part avant de partir le rejoindre à la fin de l'année. Elle pourrait alors mettre ses parents dans la confidence et espérer vivre comme elle l'avait toujours souhaité, avec toute sa famille autour d'elle.

Mais une interrogation subsistait : paierait-elle un jour pour ce qu'elle avait fait ?

C'était sans doute ce qui l'inquiétait le plus. Marlene n'était pas une mauvaise personne et elle craignait de ne pas pouvoir vivre avec la culpabilité d'avoir fait évader un criminel et un homme dangereux. S'ils finissaient par faire du mal à qui que ce soit, ce serait sa faute, forcément…

Elle se torturait l'esprit inutilement, elle le savait. Elle n'avait pas la force d'aller se dénoncer, il fallait donc qu'elle passe à autre chose. C'était difficile, mais ça lui demandait moins de courage que d'affronter ses actes.

En cette rentrée, Poudlard lui offrait une occupation toute trouvée. Elle avait beau ne pas avoir la tête aux études, se plonger dans ses révisions l'aidait à se vider la tête. Du moins si on la laissait se concentrer sur ses cours.

-Tu imagines ? lança Bhavana.

-Non, soupira-t-elle.

Son amie soupira, fatiguée de se répéter. Présente dans la salle commune des Gryffondor, Lily, Dorcas, Alice, Bhavana et Marlene faisaient leurs devoirs tout en parlant des dernières actualités du château.

-Il lui a juste fait la bise. En France, c'est fréquent de le faire pour se dire au revoir ou bonjour, lui expliqua Dorcas.

-Même entre hommes ? l'interrogea la brune.

-Peut-être. Les Français ont leur propre culture, ce serait mal de critiquer, continua la Préfète de Gryffondor.

-Et Hugo Leroy est un sang-mêlé qui n'a connu le monde magique qu'à son entrée à Beaux-bâtons, il a forcément gardé des habitudes d'avant, souffla Marlene qui venait d'abandonner l'idée de bosser.

Elle avait été la seule à essayer.

-N'empêche que Hugo Leroy traitait Regulus Black différemment. Il arrivait à percer sa carapace. Moi, je trouvais ça plutôt mignon !

-Tu trouves tout mignon, Alice, rigola Lily.

-Je n'y peux rien, j'adore l'amour et le romantisme !

-Houlà, tu t'enflammes un peu là, non ? lui fit remarquer Dorcas.

-Un peu. Mais si on reste sur le sujet de l'amour…

Alice laissa la fin de sa phrase en suspens et se tourna vers la rousse. Marlene observa alors son amie et esquissa un sourire. Lily semblait plus gênée que précédemment et la Serdaigle savait pourquoi. Mais la rousse avait dû s'y attendre, elle aurait été bien naïve sinon. Cela faisait déjà deux jours que ses amies cherchaient à aborder le sujet.

Severus Snape.

C'était une rumeur qui était montée bien avant les vacances et le concours de duels et qui avait plus ou moins été confirmée mais elles n'avaient jamais eu de discussion à ce propos avec leur amie. Lily n'était pas obligée de leur répondre bien entendu, mais en tant qu'amies, elles étaient curieuses.

-Allez, Lily ! Comment ça s'est passé ? la relança Bhavana.

-Ça n'a pas d'importance, rit-elle.

-Bien sûr que si ! râla Alice.

-Mais pourquoi ? demanda la rousse.

-On veut juste savoir comment une fille formidable comme toi a fini par craquer pour un gars sinistre comme Severus, expliqua Marlene.

-Severus n'est pas sinistre, il est très bien. Il a beaucoup de qualités.

-J'espère bien. Il faut au moins ça pour compenser à quel point il est moche ! se moqua Bhavana.

Alice sourit, habituée aux piques de son amie. Bhavana pouvait parfois se montrer dure, voire peut-être un peu cruelle. Cela n'avait pas été facile entre elles au début et pour Lily encore plus car elle ne supportait pas ce genre d'attitude mais avec le temps, elles avaient toutes les deux appris à vraiment connaitre la jeune femme. Bhavana était piquante mais elle avait plus tendance à exagérer qu'à vraiment se moquer.

Devant elle, Marlene secoua la tête, amusée. En soit, la Serdaigle ne pouvait pas lui donner tort car elle était plus ou moins du même avis. Severus était spécial. Lily l'avait toujours apprécié sans qu'elle ne comprenne pourquoi mais les deux étaient des amis d'enfance et avaient pas mal de points communs. La Serdaigle reconnaissait également le fait que ni elle ni les autres n'avaient un jour fait l'effort d'aller vers Severus, d'essayer de le connaitre. Elles s'étaient arrêtées à ce qu'il renvoyait sans chercher plus loin. Mais si Lily était si attachée à lui, peut-être y avait-il vraiment quelque chose qui méritait qu'on s'y attarde.

Marlene fronça les sourcils, curieuse de voir ce qu'elle pouvait bien avoir en commun avec le Serpentard. Elle allait interroger Dorcas à ce sujet mais s'arrêta quand elle vit que celle-ci semblait mal à l'aise.

-Ce n'est pas si grave, non ? Que Lily ne se focalise pas sur le physique est une bonne chose, ça montre qu'elle n'est pas superficielle, tenta-t-elle timidement.

-Oui bien sûr, affirma Marlene. Lily est la meilleure personne au monde, Severus à bien de la chance que tu sois si gentille et ouverte. Mais j'avoue que tu étais plus assortie avec James. Enfin bon, je ne l'aimais pas spécialement non plus donc je ne vais pas te dire que je le regrette !

-C'est vrai que vous alliez bien ensemble, c'est dommage que vous vous soyez séparés. Pour tout le monde votre couple était si beau, on vous voyait déjà marié avec au moins un enfant, compléta Bhavana.

Lily soupira et la Serdaigle compatit, elle n'aimait pas qu'on lui rappelle ce que tout le monde avait attendu d'elle, ce que James avait espérer. Lily ne se plaignait pratiquement jamais si bien qu'il était compliqué de savoir quand elle allait mal ou quand on allait trop loin. Marlene se demandait si Severus y arrivait, si enfin la rousse avait quelqu'un sur qui se reposer.

-C'est pour ça que je ne voulais pas parler de ça avec vous. Vous êtes si critique avec vous alors qu'il a déjà si peu confiance en lui…

-Excuse-nous Lily, fit Alice. On te promet de faire un effort.

-C'est vrai, j'ai envie d'apprendre à le connaitre ! fit Marlene.

-Oui, surtout qu'on en fait beaucoup mais franchement tu aurais pu choisir pire. Bhavana sourit et Marlene était sûr qu'elle parlait de Pettigrow. Elle imagina le couple un instant et se dit que Lily allait beaucoup mieux avec le Serpentard !

-Tu ne dis rien Dorcas ? Demanda Lily, qui voulait également savoir si la brune était prête à laissé sa chance au futur potionniste.

-Il n'y a rien à dire, c'est ta vie Lily, tu fais ce que tu veux.

Elle esquissa un sourire, Marlene sans pouvoir définir pourquoi, sentait que Dorcas leur cachait quelque chose.

Lily, que la conversation avait fatiguée un peu déçue également, secoua la tête et alla prendre Dorcas dans ses bras, déclarant qu'elle était la seule à être gentille avec elle. Ses amies s'excusèrent une fois de plus et elles essayèrent une énième fois de se motiver pour leurs devoirs. Un bruit résonna alors dans les murs, faisant soupirer Bhavana. Elles restèrent calmes et continuèrent à étudier. La salle commune des rouge et or était dépeuplée en cette soirée, la plupart des élèves ayant préféré la Grande Salle ou les extérieurs. Avec le beau temps, il était agréable de se promener dehors et puis, au moins, il n'y avait pas ce bruit incessant de canalisations qui venait les perturber.

Un grondement retentit de nouveau et Bhavana soupira encore.

-Voilà que ça recommence…

-On va à la bibliothèque ? proposa Lily

-J'ai la flemme de bouger, confia la Serdaigle.

Alice semblait de son avis.

-Quand est-ce que ça va s'arrêter ? grogna la Serpentard.

-Les 1ère année reviennent la semaine prochaine donc je suppose que d'ici ce week-end, ça devrait être bon, expliqua la Préfète-en cheffe.

Pendant les vacances, il y avait eu des problèmes au château, notamment un dégât des eaux assez impressionnant qui avait ravagé une partie du 4ème étage, là où se tenait la plupart des cours des plus jeunes. Dumbledore avait donc fait le choix de retarder la rentrée des 1ère année le temps de régler le problème. Pendant le dégât des eaux, des Nichimor avaient envahi l'étage inondé et étant une espèce nuisible et dangereuse, le directeur préférait s'en débarrasser avant le retour de ses élèves. Le 4ème étage était d'ailleurs interdit aux élèves jusqu'à nouvel ordre.

Une partie des 3ème et 4ème année étant en voyage à Londres dans le cadre de leurs cours des Etudes des moldus, le château était encore plus vide qu'à l'accoutumée.

Ça lui donnait quelque chose d'un peu spécial, étrange.

Alors que le grondement retentissait de nouveau, Marlene espéra que le château fourmille de nouveau très vite d'élèves. Elle avait besoin de joie et de sourires pour ne pas se laisser aller à la morosité. Elle avait cette étrange impression que son temps lui était compté.

xXx

Peter ne savait pas depuis combien de temps il n'avait pas passé du temps avec Remus. Depuis combien de temps exactement ne s'étaient-ils pas adressés un mot, un regard ? Lors du Tournoi, le Gryffondor avait suivi les exploits de son ami en l'encourageant de loin sans jamais oser l'aborder, tout cela parce qu'il ne s'en était pas senti le droit. Peter n'aurait jamais pensé qu'une dispute irait jusque-là entre son ami et lui. Il savait que la majorité de la faute lui revenait mais il avait été si sûr de lui, convaincu qu'il avait raison et donc qu'il ne devait pas céder...

Ce qu'il avait fait, il l'avait fait pour son ami, pour le protéger de Sirius Black… Il avait vraiment cru que Remus reviendrait à la raison et que, comme d'habitude, il lui pardonnerait, l'écouterait. Ils étaient amis depuis la première année et Remus avait été le premier à lui parler dans le Poudlard Express. Ces choses-là avaient de l'importance, plus qu'une amourette futile vouée à l'échec.

Il avait fallu du temps à Peter pour comprendre qu'il était en tort et combien ce qu'il avait fait était injuste. Il l'admettait à présent, il avait plus agi pour nuire à Sirius que pour protéger Remus. Il n'avait trouvé que ce moyen pour blesser le Gryffondor : l'empêcher d'avoir ce qu'il voulait. Il avait pensé que ce serait simple, que le Gryffondor préfèrerait protéger sa réputation que de se lancer dans un scandale. Remus était sincère alors Peter savait qu'il allait souffrir, mais ce ne serait rien d'insurmontable. Le blondinet aurait aimé qu'il en soit véritablement ainsi. Mais ça n'avait pas été le cas.

Remus avait eu le cœur brisé et plus rien n'avait été pareil entre eux. Sirius non plus n'avait pas été bien et si Peter avait été heureux de voir que son plan avait marché, il n'avait pas été fier de ce qu'il avait fait pour y parvenir. Surtout que les jours suivants lui avaient montré que contrairement à ce qu'il avait toujours pensé, Sirius avait de véritables sentiments pour son ami. Malheureusement, il n'avait pas pu l'admettre. Là encore, la peur avait parlé pour lui, la rancœur. Celle de voir s'en sortir son bourreau, celui de se voir voler sa place aux côtés du Poufsouffle.

Il avait été si égoïste. À présent qu'il était en couple, qu'il était amoureux et qu'il avait à ses côtés quelqu'un qui l'aimait, qu'il était si heureux, il n'arrivait pas à comprendre comment il avait pu faire autant de mal au Préfet-en-chef.

Le blond s'en voulait d'avoir mis autant de temps à réagir. À présent, il ne savait même pas comment s'excuser auprès de Remus. Il voulait qu'ils redeviennent amis, qu'ils laissent tout ça derrière eux. Mais il avait fait des choses impardonnables. Remus serait-il réellement capable de lui pardonner ?

Peter était perdu et il était bien content de pouvoir compter sur Isabel. La jeune fille n'avait pas toujours été tendre avec lui mais au moins, elle ne l'avait jamais abandonné. Elle lui avait même promis d'être là quand il souhaiterait lui parler.

-Merci, dit-il à son amie. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi…

-Tu me remercieras quand vous vous serez réconciliés. Quoique je ne suis pas sûre d'avoir vraiment fait grand-chose.

-Bien sûr que si, la détrompa-t-il.

Elle lui sourit.

Isabel était une fille fantastique, elle lui faisait un peu penser à Dorcas. En pensant à sa petite amie, Peter ne put s'empêcher de sourire. Isabel remarqua son trouble et en rigolant, elle lui demanda ce qu'il avait.

Peter se mordilla la lèvre inférieure et regarda autour d'eux. Il y avait du monde dans la salle commune des blaireaux et ce n'était clairement pas le genre d'endroit où il pourrait se livrer à des confidences. Il secoua la tête, l'air de dire que ce n'était pas grave. Il mourrait pourtant d'envie de parler de Dorcas à Isabel. Malheureusement, la lionne lui avait fait promettre de garder ce qu'il y avait entre eux secret. Elle disait vouloir empêcher les autres de se mêler de leur histoire afin qu'ils puissent être eux sans avoir à subir les ragots ou l'intérêt étrange des autres. Ce que Peter pouvait comprendre.

Il était bien avec la brune et n'avait pas envie que ça change. Même si les choses avaient bougé depuis quelques semaines, elles n'avaient pas non plus subi une transformation complète et le blond savait qu'il n'était pas très apprécié des autres Gryffondor. Il n'avait pas envie d'embarrasser Dorcas. Il savait combien elle était gentille, combien elle l'aimait sincèrement, alors cette situation ne le gênait pas. Il regrettait simplement de ne pas pouvoir en discuter avec son amie. Elle garderait le secret, il en était certain, mais il ne pouvait pas lui en parler sans en discuter d'abord avec sa copine.

Une douce chaleur se propagea dans son ventre à cette pensée. Peter était sincèrement heureux. Avoir une fille comme la lionne dans sa vie, il n'aurait jamais pensé ça possible. Ils s'étaient lentement rapprochés jusqu'à devenir amis, puis davantage. Les sentiments étaient partagés et cela s'était fait de manière si naturelle. Peter ne regrettait pas un seul instant Marlene, la Serdaigle qui n'avait jamais eu un regard pour lui. Elle semblait à présent bien fade à côté de la jolie et douce Dorcas.

Malgré sa dispute avec Remus et l'incertitude sur leur relation, le blond avait passé les meilleures vacances de sa vie. Dorcas et lui s'étaient vus souvent, sortant et s'amusant ensemble. Quand il y pensait, il s'en voulait d'avoir voulu ôter ce bonheur à son ami. Les sentiments ne s'expliquaient pas et ce qu'il se passait dans un couple ne regardait qu'eux.

Peter sourit de plus belle. Il n'arrivait pas à croire à quel point Dorcas l'avait changé. Elle lui avait permis d'ouvrir enfin les yeux et ce n'était pas rien.

-Je sais que tu me caches quelque chose, Peter ! s'amusa Isabel. Tu ne souris pas comme un idiot pour rien !

-Ce n'est…

Il hésita.

-Il y a peut-être quelque chose, mais je ne peux pas encore t'en parler.

Isabel sourit et plissa les yeux, essayant de lire en lui.

-Hum… je sens que c'est un truc qui devrait me plaire.

Peter ne la détrompa pas.

xXx

Après des mois à travailler sur son "projet" comme le psychomage aimait l'appeler, le grand jour était finalement arrivé. Le brun n'aurait d'ailleurs jamais pensé dire cela, mais il avait des remords. Il avait observé une partie des élèves toute la journée, se baladant dans les couloirs, allant dans les salles de classes pour s'imprégner de cette ambiance si particulière. Jedusor avait même pu se replonger dans ses propres souvenirs, revivre de brefs flashbacks de sa scolarité. Il aurait aimé ne pas en arriver là. Il savait l'issue fatale et cela ne l'enchantait pas. Mais il devait frapper fort pour réussir. Peu importait les dommages et ce qu'il était obligé de faire pour réussir, il ne pouvait pas échouer.

Il le sentait au plus profond de lui, il était investi d'une mission importante : celle de redorer le blason du monde magique, d'élever les conditions des sorciers. En tant qu'héritier de Salazard Serpentard, il était de son devoir de perpétuer ses idées, de continuer là où Grinderwald lui-même avait échoué. Il avait beau avoir choisi une autre voie que la violence et la guerre, il n'en restait pas moins qu'il y aurait des victimes. Il ne pouvait en être autrement.

Malgré toutes ses bonnes convictions, l'adulte se sentait nerveux et cela ne lui était jamais arrivé jusqu'à présent, si bien qu'il n'était pas sûr de pouvoir reconnaître cette émotion. Il supposait, pour en avoir lu la définition, qu'il devait l'être au moins un minimum. La situation s'y prêtait du moins. Il avait beaucoup réfléchi avant de mettre son plan à exécution. Il avait même failli y renoncer. Ce qu'il allait déclencher serait sans précédent et les victimes ne seraient pas que des vies. C'était toute une institution qu'il allait malmener.

Dumbledore ne pourrait pas s'en sortir indemne. Il allait devoir rendre des comptes alors même qu'il serait une victime comme une autre. Jedusor aurait aimé ne pas en arriver là ni salir ainsi ce grand magicien qu'il avait tant admiré. Son admiration pour lui avait beau s'être étiolée, une part de lui éprouvait toujours beaucoup de respect pour l'homme. Malheureusement, ce point n'avait pas réussi à le faire suffisamment douter pour reculer. Il était déterminé et savait que c'était la chose à faire.

Il avait déjà les mains sales en quelque sorte. Il n'avait pas fait libérer deux prisonniers pour rien. Il s'était servi de la Serdaigle pour ne pas attirer l'attention et aujourd'hui encore, il se devait d'être au-dessus de tout soupçon. Rien ne devait venir ternir son image avant qu'il n'entre en scène pour les prochaines élections.

Tout avait été réglé hier soir. Il avait revu le plan avec Antonin Dolohov et Fenrir Greyback. La situation à Poudlard n'avait pas changé : moins d'élèves étaient présents à cause du voyage annuel d'une partie des 3ème et 4ème années dans le monde moldu. Le psychomage avait également provoqué le dégât des eaux et les inconvénients qui s'en étaient suivis pour obliger les professeurs à aménager les emplois du temps ou à renvoyer les 1ère année chez eux. S'il y avait trop d'élèves, ce serait trop compliqué à gérer et ça multiplierait le nombre de victimes. Il avait besoin de créer un traumatisme, mais pas que les dégâts soient tels que le ministre de la Magie décide de fermer Poudlard définitivement.

Tout allait bien se passer. Le psychomage regarda sa montre et quitta son bureau. Il n'avait pas de consultation aujourd'hui et il ne pouvait pas se permettre de rester au château quand la catastrophe débuterait. La réunion des professeurs qui avait lieu à la fin de chaque mois commencerait sous peu. Il avait placé un sort puissant qui bloquerait les enseignants dans leur salle de réunion. Ainsi, Greyback et Dolohv auraient tout loisir de s'occuper des chers élèves de Poudlard.

Jedusor, sourire aux lèvres, descendit les escaliers pour aller dans le hall. Il salua quelques élèves avec la pensée morbide qu'ils ne seraient peut-être plus là à la fin de la journée. Il toucha ensuite sa cravate, signe de sa nervosité qui se mêlait à l'impatience qui ne cessait de le gagner. Il vit les portes du château à quelques mètres et continua d'avancer.

Il entendit alors des pas derrière lui et une voix familière appeler son nom.

-Dumbledore, fit-il en se retournant.

Il ne prêta pas attention à la robe criarde du directeur et souhaita simplement que l'homme fasse au plus vite. Il était déjà 17h20, la réunion débuterait sous peu et lui devait se dépêcher de partir.

-Je suis surpris de vous trouver là. Et votre réunion mensuelle ? demanda-t-il, curieux.

-Ne vous en faites pas. Elle ne peut pas commencer sans moi, je peux donc me permettre un peu de retard, rit le sorcier.

Jedusor se força à l'accompagner. Une grande partie de son plan reposait sur l'incapacité des professeurs à agir, à venir en aide aux élèves le moment venu.

-Vous me cherchiez ? demanda le plus jeune.

-Effectivement. C'est à propos de cette fameuse réunion. Je souhaiterais que cette fois-ci, vous y participiez.

-Vraiment ?

Le psychomage n'eut pas à feindre son étonnement, il était réellement surpris.

-Il me semblait que c'était un privilège réservé aux professeurs puisque vous discutez des cours, des élèves et des possibles problèmes.

-C'est le cas, confirma le vieux sorcier. Mais lors de cette réunion, nous allons aborder un sujet spécial et je souhaiterais que vous soyez là.

Jedusor sourit, à la fois curieux et sceptique face à cette soudaine demande. En d'autres occasions, il aurait été ravi mais il refusait de se retrouver bloqué quand l'hécatombe commencerait.

-C'est un honneur que vous me faites… Mais malheureusement, j'ai des obligations ailleurs, déclina-t-il.

-C'est fort dommage. Ne pouvez-vous pas vous arranger ? C'est très important et vous êtes en partie concerné.

Ces mots suffirent à attiser la curiosité du psychomage.

Il garda le silence, pesant le pour et le contre.

C'était dangereux et il le savait.

Si jamais il croisait l'un des antagonistes, il n'était pas à l'abri que l'un d'eux laisse échapper un regard qui trahirait leur lien. Pire encore, ceux-ci pourraient se méprendre et penser que le plan avait changé et se retourner contre lui. Pour éviter d'être trahi, le psychomage avait soumis ses deux alliés à un Serment Inviolable.

Jedusor hésita. S'il restait, il dévierait du plan initial et peut-être que ça lui porterait préjudice. Mais en restant au château, en devenant un protagoniste comme un autre, il s'assurerait de ne pas attirer les regards et interrogations sur lui. De plus, il avait confiance dans le sort qu'il avait lancé et qui devait sceller le château et les portes de la salle de réunion. Rien de dramatique n'arriverait tant qu'il y resterait, lui et tous les professeurs.

Jedusor regarda une fois de plus sa montre. 17h26.

-Eh bien, si vous insistez tant, je ne peux que m'incliner.

-Merci à vous.

xXx

-Je pense que cette fois-ci, on a tout, marmonna Lily.

Juste pour en être sûr, Remus vérifia rapidement. Une fois satisfait, il utilisa sa baguette pour rétrécir le matériel que Lily et lui devaient amener à Hagrid, le garde-chasse de Poudlard, dans des sacs et des cartons. Les deux Préfets-en-chefs quittèrent ensuite la salle de classe. La directrice de la maison Gryffondor les avait fait venir un peu plus tôt pour les charger d'une tâche. Ni Evans ni Lupin n'avaient jamais trop eu de contact avec le garde-chasse. Ils le trouvaient gentil, quoiqu'un peu maladroit. La tâche que leur avait attribuée la professeure de métamorphose n'était pas bien compliquée et faisait partie de leur attribution en tant que Préfet et Préfète en chef.

Aucun d'eux n'avait eu le cœur à refuser quand McGonagall était venue les trouver presque en catastrophe avant de devoir filer à la réunion des professeurs. Elle avait insisté sur le fait que cela devait être fait avant le dîner car Hagrid en avait besoin pour une intervention nocturne aux alentours du château. Pressée par le temps, la professeure n'avait pas pu leur donner plus d'informations. Lily et Remus n'avaient de toute façon pas à en exiger davantage.

-Je me demande ce qu'il va faire de tout ça, lança Lily.

-Je ne suis pas plus avancé que toi, j'ignore à quoi peut bien servir la moitié des objets qu'on transporte, rit Remus.

Lily sourit.

-À mon avis, Hagrid doit s'en servir pour sécuriser la forêt ou pour s'occuper des animaux qui y habitent.

-Probablement. Il s'est peut-être passé quelque chose de grave ou de non prévu pour qu'on soit prévenu à la dernière minute, continua le châtain.

-J'espère que ce n'est pas le cas. McGonagall a insisté sur le fait qu'il devait pouvoir intervenir dès ce soir.

-Pauvre Hagrid, ça ne doit pas être plaisant de travailler de nuit vers la forêt interdite.

-Surtout tout seul, compatit Lily.

Remus réajusta le carton qu'il portait et continua à marcher à côté de son amie. Ils ne croisèrent pas grand monde. Généralement de toute façon, en fin d'après-midi avant le repas, les élèves restaient dans leur Salle commune ou encore dans la bibliothèque quand certains préféraient prendre de l'avance et se rendre directement dans la Grande Salle.

Remus n'avait pas encore décidé ce qu'il ferait après avoir remis le carton à Hagrid. Il avait envie d'aller voir Sirius mais il savait qu'il avait plus urgent à faire. Par exemple, Isabel avait vite saisi que quelque chose n'allait pas entre Peter et lui. Au début, elle n'avait pas compris pourquoi et surtout, s'était sentie démunie de ne pouvoir faire quoi que ce soit pour arranger les choses. Remus s'en voulait de la mettre dans une situation si compliquée. Il ne voulait pas la forcer à choisir et ne le ferait jamais. Cette histoire devait rester entre Peter et lui. Mais Remus savait que son amie parlait souvent avec Peter alors peut-être que ce dernier s'était montré plus bavard que lui. Le Poufsouffle se demandait ainsi si Peter avait eu le courage de se montrer totalement honnête avec elle.

Il savait la position d'Isabel peu confortable et n'aurait pas aimé être à sa place. C'était cela qui le poussait à reconsidérer sa décision. Aller vers Peter et chercher à lui parler ne ferait pas de lui quelqu'un qui pardonnait trop vite et encore moins une personne faible. De plus, sa mère lui avait toujours dit qu'accorder son pardon demandait beaucoup de force et de courage. Remus devait trouver en lui la force d'excuser son ami. Il connaissait Peter et savait qu'il regrettait probablement mais trop timide et craintif, il ne devait pas oser venir vers lui.

Ils étaient amis depuis trop longtemps pour rester fâchés ainsi. Peter Pettigrow était le premier ami que Remus s'était fait à Poudlard, il était important pour lui. Le Poufsouffle avait croisé quelques fois son ami depuis la récente rentrée et il n'avait pas aimé ce qu'il avait vu. Le Gryffondor semblait renfermé, légèrement abattu et seul à chaque fois que leurs regards se croisaient. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu ainsi et le châtain n'avait pas envie que ça continue. Avec Isabel, il trouverait un moyen de reformer leur trio.

-C'est calme, souffla Lily.

-Hum, fit Remus alors qu'ils descendaient les escaliers pour aller dans le hall.

-Mais ça va vite redevenir bruyant et animé avec le retour des plus jeunes.

-Effectivement. C'est dans ces moments-là que j'ai envie de passer du temps avec les enfants Weasley. J'adore les enfants et j'aime bien être entouré !

-Tu parles des enfants de Molly et Arthur Weasley ? demanda Lily et Remus acquiesça. Quand est-ce que le plus grand rentre à Poudlard ?

-Dans 3 ans, répondit le Poufsouffle après un instant de réflexion. Charlie va se sentir seul sans Bill. En plus, avec les jumeaux qui arrivent et Percy qui est plus jeune, il va endosser le rôle de grand frère.

-Des jumeaux ? C'est génial ! Moi, je n'ai que ma grande sœur, Pétunia. Malheureusement, on ne s'entend pas toujours très bien, plaisanta-t-elle. Tu es fils unique, c'est ça ?

-Oui. Mes parents ne peuvent pas avoir d'autres enfants et puis, je crois que je leur suffis amplement. Enfin, j'aurais aimé une famille nombreuse, c'est pour ça que j'aime bien que Charlie et Bill me collent.

-Je comprends. Mais tu pourras toujours avoir ta propre famille nombreuse, le rassura Lily.

Remus se sentit gêné et ne sut comment répondre. Pouvait-il avoir lui aussi une famille et des enfants ? Ça lui semblait impossible alors même qu'il ne pouvait pas concevoir de manière naturelle. Avec l'aide de la magie peut-être ? Ou en ayant recours d'une manière ou d'une autre à une mère porteuse comme il arrivait parfois à des moldus de le faire ? Remus était perdu à ce sujet.

-Désolée, je t'ai gêné, s'excusa Lily.

-Non, il n'y a pas de problème.

Il y eut néanmoins un silence pesant car le Poufsouffle savait que son amie voulait l'interroger.

-Je me demandais… Enfin, ne te sens pas obligé de répondre ! reprit finalement Lily. A un moment, il y a eu cette rumeur sur toi et Regulus à cause de cette photo. Tout le monde à commencer à discuter de vos vies amoureuses comme si cela les regardait sans même chercher à savoir si cette photo n'était pas truquée alors que c'est la spécialité de Rita de déformer les faits pour publier un soi-disant scoop.

Remus fut surpris. Il avait l'impression qu'à part Lily, personne n'avait jamais remis la véracité de cette photo en doute.

-Du moins, c'est ce que je pensais au début mais tu n'as jamais vraiment démenti à part sur une chose et puis…

Lily semblait gênée et Remus comprit que c'était parce qu'elle craignait de commettre un impair. Après un instant, elle secoua la tête.

-Et puis, d'un coup, Sirius et toi vous vous êtes éloignés sans qu'on ne sache vraiment pourquoi. Est-ce que… c'était Sirius sur la photo ?

Remus hésita. Comme à l'époque où la photo de Sirius et lui était sortie, il n'avait pas envie de trahir le Gryffondor.

-Je ne cherche pas à te piéger, Remus ni même à assouvir une quelconque curiosité mal placée, l'apaisa alors Lily. C'est juste que tu fais toujours tout pour tout le monde sans jamais penser à toi. Je veux que tu saches que je suis ton amie et que je peux tout entendre. Je suis là pour toi si jamais un jour ça ne va pas.

Il savait cela vrai. Lily ne le jugeait pas et ne le ferait jamais, tout ce qu'elle souhaitait était son bonheur. Mais malgré ses bonnes intentions, il ne savait pas s'il pouvait en discuter avec elle. S'il n'écoutait que son cœur et ses envies, il crierait sur tous les toits que le Gryffondor et lui étaient ensemble et qu'ils s'aimaient passionnément. Mais pouvait-il réellement le faire dans un monde où l'homosexualité était encore si mal vue ? Le Poufsouffle savait que chez les sorciers, elle était plus ou moins tolérée mais que bon nombre de sang-mêlés et encore plus de moldus n'étaient pas tranquilles malgré tout.

-Remus, je t'assure que ce n'est pas grave si tu ne veux rien me dire, lui offrit-elle ensuite. Je te vois te prendre la tête et je n'aime pas ça. Sache juste que je te soutiens.

Remus lui sourit, reconnaissant bien là la gentillesse de la rousse.

-J'ai toujours dit qu'il ne s'agissait pas de Regulus sur la photo et j'aurais aimé qu'il y ait plus de gens pour me croire, répondit-il enfin. Je sais qu'il a souffert d'être mêlé à cette histoire. La seule bonne nouvelle là-dedans, c'est que ça nous a permis de nous rapprocher un peu, sourit-il.

Il regarda Lily et son sourire encourageant lui donna envie d'en dire plus.

-La photo était vraie, Rita n'a pas menti. Elle n'a juste pas bien cherché la vérité et j'en suis heureux. Je n'aime pas que mes histoires fassent la une d'un journal, même si c'est celui de Rita.

-C'est compréhensible ! approuva Lily. Sirius a de la chance de t'avoir, j'espère qu'il en est conscient et qu'il ne gâchera pas tout. Il a fait beaucoup de mal à Marlene même s'il ne s'en est probablement pas rendu compte. Fais attention à toi, Remus.

Remus n'avait pas envie de la détromper au sujet de sa relation avec le batteur. Elle avait déjà deviné de toute façon alors même qu'il n'avait rien dit.

-Je l'aime vraiment beaucoup, tu sais… Tout ira bien.

Lily n'eut pas le temps de répondre car Sirius les héla justement de loin alors qu'il venait tout juste de franchir les portes du château. Il courut pour les rattraper et passa son bras autour des épaules de son copain.

-Vous allez où ? leur demanda-t-il.

Lily ne put s'empêcher de le dévisager et Sirius haussa un sourcil face à son regard insistant.

-Chez Hagrid, on a des trucs à lui remettre pour McGonagall.

-Oh, la barbe…

-Pas le choix, ça fait partie de nos obligations, expliqua Remus.

Sirius haussa les épaules.

-Je vous accompagne, je n'ai rien de mieux à faire.

-Tu n'as pas un devoir à réviser ? lança la rousse, pas dupe sur ses motivations.

Sirius l'ignora.

Dans une ambiance légère, ils continuèrent à s'éloigner du château, inconscients de la tragédie qui allait bientôt se jouer derrière les portes closes de Poudlard.

xXx

Jedusor commençait sérieusement à penser que Dumbledore l'avait retenu sous un prétexte. La réunion avait commencé depuis presque une demi-heure et il n'avait abordé aucun sujet important, ni quoi que ce soit qui le concernait. Rien ne justifiait sa présence ni ne méritait ses réflexions. Quelques professeurs avaient même été surpris de le voir autour de la table. Mais bien éduqués qu'ils étaient, ils n'avaient fait aucun commentaire et avaient vite repris leur flegme habituel.

Le psychomage, malgré son agacement, ne pouvait pas faire grand-chose contre cette situation. Son plan était déjà lancé et les portes du château scellées avec des runes magiques. Il ne pouvait pas sortir par la grande porte. Et s'il prenait le chemin qu'il avait laissé à Dolohov et Greyback, il attirerait les regards. La catastrophe allait débuter d'une minute à l'autre. Sa disparition serait remarquée et problématique.

Alors il resta le plus neutre possible et attendit. Le système de notation ? Il n'en avait que faire. Les problèmes causés par la rivalité de certaines maisons ? Il ne voyait pas le problème. La rivalité avait du bon et stimulait généralement.

-Mes chers amis et collègues, cette réunion touche à sa fin mais avant que nous nous quittions, j'aimerais aborder avec vous un autre sujet.

-De quoi s'agit-il, Albus ? voulut aussitôt savoir Slughorn.

-Cela a-t-il un rapport avec la présence de notre cher psychomage ici ? demanda sans détour la directrice de Gryffondor.

-En effet, Minerva, sourit le vieux sorcier.

Jedusor haussa un sourcil, intéressé. Alors comme ça, le directeur ne l'avait pas fait venir pour rien. Il avait hâte d'entendre ce qu'il avait à dire.

-Vous n'êtes pas sans savoir que depuis plusieurs semaines, les élèves les plus âgés se réunissent dans la salle commune des Serpentard pour tenir des réunions.

La surprise fut totale pour le psychomage. Il avait pensé que jamais le sorcier n'aborderait le sujet. Du moins, pas de front. Sa présence semblait soudain trouvée une explication toute trouvée. Ce qu'il faisait avec les élèves n'avait pourtant rien d'illégal, des professeurs y assistaient même parfois. Dumbledore n'avait techniquement rien à y redire. Peu importait que cela l'embête car il n'avait pas de main mise sur l'évènement. Il ne pouvait pas influencer les élèves pour les amener à penser comme lui. Comme la communauté sorcière voulait qu'elle pense.

-C'est exact, intervint le psychomage, sentant qu'il ne devait pas rester muet plus longtemps. Malgré leur jeune âge, ces élèves sont très curieux et intéressés par ce qu'il se passe à l'extérieur. Ils comprennent que les décisions qui sont prises au ministère et ailleurs les concerneront et décideront de bien des choses pour leur avenir.

-En effet, accorda Dumbledore. Et il est fabuleux qu'ils soient si impliqués. Leur intérêt m'a d'ailleurs fait penser à une demande faite par Regulus Black en début d'année.

- Vous parlez de cette histoire de distinction ? Vous y aviez vraiment pensé ? s'étonna Slug.

Dumbledore acquiesça.

-Pas dans ces termes-là, nuança-t-il cependant. Mais je crois qu'il serait bon d'organiser une structure plus officielle que ces réunions un peu sauvages où les élèves peuvent débattre librement et tout comme Regulus Black, faire des propositions pour la vie au château. Qu'en pensez-vous ?

Jedusor avait l'impression que le vieux sorcier s'adressait à lui.

-Je ne sais pas trop. C'est une bonne idée, mais elle semble difficile à mettre en place, non ? répondit-il.

-Pas du tout. Nous nous servirons de ce que vous avez déjà fait mais en le mettant dans une pièce neutre et à des horaires plus convenables. Il faudra également faire attention à ce que tous les courants de pensée soient représentés. Je tiens également à ce que l'aspect de l'amélioration de la vie au château soit au premier plan. Il faut donner l'opportunité aux élèves de s'impliquer davantage dans leur scolarité.

Le psychomage avait l'impression d'entendre des reproches. Il acquiesça malgré tout, ne pouvant rien faire d'autre. La réunion se prolongea ensuite avec l'intervention des autres professeurs qui donnèrent leur avis ou demandèrent plus de précisions.

Malgré cette perturbation, le sorcier resta calme. Il jeta un coup d'œil à sa montre et sourit.

Ça allait commencer.

Dumbledore et les autres professeurs pouvaient bavasser autant qu'ils le souhaitaient, ils n'auraient de toute façon peut-être jamais l'occasion de mettre tout ça en place.

xXx

Regulus cherchait à relire tranquillement ses cours de DCFM avant de devoir descendre dans la Grande Salle pour le diner. Il espérait pouvoir boucler ça assez vite pour aller voir Fumseck juste avant. Contrairement à ce que le Serpentard avait pu penser, Dumbledore allait le laisser principalement s'occuper du phénix. Comme il serait amené à s'absenter plus tard durant plusieurs semaines, il devrait même être capable de se débrouiller seul.

Regulus savait que Fumseck n'avait pas tant besoin qu'on s'occupe de lui, qu'il s'agirait plus de compagnie et de veiller à son bien-être. Cela allait très bien à Regulus. Il était même assez honoré de la confiance que Hugo et le directeur lui accordaient. Beaucoup de ses camarades s'étaient quant à eux montrés assez déçus car ils avaient pensé que Fumseck serait dans le dortoir avec Regulus. Mais le phénix resterait dans le bureau de Dumbledore et il leur serait plus dur de le visiter autant qu'ils le désiraient.

Le 6ème année trouvait que c'était pour le mieux. Egoïstement, il souhaitait être le seul à avoir une relation privilégiée avec l'animal magique. Il avait l'impression que Fumseck l'aimait bien et il avait hâte d'aller le voir !

Il ne lui restait plus beaucoup à faire mais il avait du mal à se concentrer. Regulus était en effet gêné par la petite dispute qui se jouait entre trois jeunes Serpentards. Il soupira, les fusilla du regard puis se demanda s'il devait faire preuve de plus de patience et de retenue ou les engueuler dès maintenant. Il n'avait pas très envie de renforcer l'image froide et un peu dure qu'il avait. C'était une image qu'il avait construite pour ne pas paraitre faible et incertain mais ce n'était pas ce qu'il était.

N'empêche que la dispute le gênait vraiment. Il s'agissait d'un sujet stupide s'il en croyait les quelques bribes qu'il pouvait percevoir. Agacé, Regulus jeta un coup d'œil aux quelques rares autres personnes présentes dans la salle commune. Un groupe d'une petite dizaine d'élèves plus vieux parlaient du dernier match de Quidditch professionnel qui aurait bientôt lieu. En plus d'eux et du trio de 2ème et 3ème année, il y avait deux filles de 7ème année qui feuilletaient un magazine. L'attrapeur des vert et argent se rendit alors compte que comme il était le seul à être silencieux, c'était normal que le bruit soit également le seul à gêner.

Il était bien trop studieux à réviser constamment mais c'était une routine qu'il avait toujours appliquée. Pendant longtemps, il avait pensé que s'il voulait être félicité, remarqué, il devait le faire à travers et grâce à ses notes. Même le Quidditch avait été compliqué et il avait eu du mal à convaincre ses parents très réticents. Et bien qu'il s'avère être doué, le peu d'importance que ces derniers accordaient à ses prouesses l'avait fait douter de lui. Il s'était alors obligé à redoubler ses efforts en cours pour pouvoir continuer à avoir le droit de faire ce qu'il aimait.

Regulus aurait dû être plus insouciant et il se demandait si ce n'était pas trop tard.

Il ferma son livre et écouta sans se cacher le sujet de la dispute qui se tenait en face de lui.

Même en se concentrant, il ne parvint pas à tout comprendre. Le brouhaha environnant était plus présent et perturbant qu'il ne l'avait pensé.

Il comprit néanmoins le mot « monstre », « serpent » et « peureux ». Le garçon blond qui semblait débattre pour essayer de convaincre ses amis s'agaça finalement et après encore un échange de mots, il se retrouva seul, ses amis quittant la salle commune. Regulus attendit à peine deux minutes avant de se lever pour le rejoindre. Sans être une commère, Regulus était horriblement curieux et jugeait que l'information était une arme dont il ne fallait jamais manquer.

-Que se passe-t-il ? demanda-t-il au blond sans détour.

Le 2ème année sursauta et eut un regard fuyant.

Regulus s'installa alors à ses côtés et attendit, le transperçant de son regard bleu-gris.

-R-rien, balbutia le blond.

-Vos jérémiades m'ont dérangé pendant ma lecture, alors je ne crois pas que ce soit rien, insista-t-il sur le ton du reproche.

Le petit eut l'air mal à l'aise et Regulus chercha un autre angle d'approche.

-Tu t'es disputé avec tes amis, pas la peine de le cacher. Je suis ton ainé et un Serpentard également, il n'est pas nécessaire de faire le fort devant moi. Je peux éventuellement t'aider si tu as des soucis.

-Non, ce n'est rien, vraiment. De toute façon, Jimmy et Ed doivent avoir raison.

-A propos de quoi ?

-Du monstre dans les toilettes des filles du deuxième étage…

-Un monstre ? répéta Regulus, stupéfait.

-Enfin, ce n'était pas vraiment un monstre… je crois. Je ne l'ai pas vu, je l'ai juste entendu quand je passais à côté. Il sifflait fort et faisait des bruits bizarres. J'ai vite compris que ça venait des toilettes alors j'ai ouvert la porte pour jeter un œil mais il n'y avait rien. Mes amis disent que j'ai dû rêver. Ou alors que c'était un fantôme qui me faisait une blague.

Il haussa les épaules, l'air fataliste, et Regulus se leva pour faire quelques pas, les bras croisés sur son torse.

Un monstre qui sifflait près des toilettes des filles du 2ème étage, l'histoire semblait effectivement assez tirée par les cheveux. Comme l'élève n'avait rien vu, cela pouvait évidemment s'avérer être faux ou juste un malentendu. Néanmoins, quelque chose perturbait le joueur de Quidditch. Cette histoire semblait invraisemblable, pourtant Regulus avait l'impression qu'il devait la prendre au sérieux. Il n'était pas sûr mais il avait l'impression que Padfoot lui avait déjà raconté quelque chose de similaire. Malheureusement, il avait du mal à se souvenir des détails.

Regulus grogna, énervé contre lui-même. Padfoot lui avait fait part de tellement de choses et il avait commencé à tenir un journal pour ne pas oublier ni l'esprit ni toutes ses histoires. Et voilà que sa mémoire lui faisait déjà défaut.

-Peux-tu m'emmener là où tu as entendu les sifflements ?

-Je… d'accord, soupira l'adolescent qui avait d'abord voulu refuser.

Regulus sortit de la salle commune avec le 2ème année et le laissa l'emmener en silence jusqu'au 2ème étage. Ils croisèrent quelques étudiants qui se rendaient déjà dans la Grande Salle pour le repas du soir. Les deux Serpentard s'approchèrent des toilettes des filles et Regulus n'entendit rien de suspect mais resta tout de même sur ses gardes.

-Qu'est-ce que vous faites ? les apostropha soudain Rosier.

Le 7ème année vint à leur rencontre et observa d'un œil suspect la porte des toilettes ouverte.

-Vous savez que les toilettes des garçons ne sont pas si loin que ça ? rigola-t-il.

-On cherche le monstre, répondit le 2ème année, Marcus, avant que Regulus n'ait pu lui intimer l'ordre de garder le silence.

-Le monstre ?

Rosier esquissa un sourire.

-Vous parlez de cette vieille histoire du Basilic ?

Le mot résonna chez Regulus, le terrifiant subitement. Oui, il s'en rappelait maintenant. Padfoot lui avait parlé de cette créature dangereuse.

-Le Basilic ? interrogea-t-il donc Rosier.

Celui-ci acquiesça.

-Quoi ? Tu ne connais pas la rumeur, Regulus ? Elle est pourtant célèbre chez les Serpentard. Enfin, ceux qui apprécient la magie dans sa globalité.

Regulus n'eut pas de mal à comprendre que Evan parlait de magie noire.

-Je ne prête pas attention aux rumeurs, seuls les faits ont de l'importance pour moi.

Rosier sourit et pénétra dans les toilettes. Regulus le suivit alors que le 2ème année, un peu effrayé, n'osa pas franchir le seuil.

-Il y a une rumeur qui parle de la chambre des secrets, c'est un lieu mythique crée par Salazar Serpentard lui-même.

-Pourquoi aurait-il fait ça ?

-Qui sait. Personne ne sait exactement où se trouve cette pièce, ni même si elle existe vraiment. Enfin, si c'est le cas, il est évident que n'importe qui ne pourrait pas y mettre les pieds.

-Elle est accessible à ceux qui parlent fourchelang, murmura Regulus et Rosier fronça les sourcils, intrigué par son hypothèse. Salazar Serpentard parlait fourchelang, ce serait évident, ajouta Regulus pour se justifier. Mais quel est le rapport avec le Basilic ?

-Je ne sais pas. Salazar Serpentard avait un amour immense pour les reptiles et le Basilic est surnommé le Roi des Serpents. Le gardien parfait pour garder une pièce secrète. Après, la rumeur ne dit pas si la chambre des secrets servait à cacher le Basilic, ni si le serpent géant servait à garder quelque chose de plus dangereux encore.

-C'est… effrayant, admit Regulus.

-En effet. Mais ce ne sont que des rumeurs.

Regulus trouvait ses rumeurs bien trop entretenues et détaillées. Padfoot lui avait dit que dans quelques réalités qu'il avait visitées, ce monstre avait attaqué Poudlard. Les propos du jeune Serpentard l'inquiétaient donc assez. Mais peut-être avait-il réellement imaginé tout ça ? Il n'y avait rien du tout à l'endroit où il avait dit entendre les fameux sifflements. Sans doute le bordel au 6ème et les bruits dérangeant des canalisations l'avaient induit en erreur…

Regulus fronça les sourcils et leva la tête vers les canalisations.

Aucun bruit. Il s'avança ensuite vers les lavabos du milieu et observa le robinet devant lui.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Ne me dis pas que tu cherches vraiment cette chambre secrète ?

Il y eut un bruit sourd, presque lointain, et Regulus se sentit soudain mal à l'aise. Il entendit le 2ème année glapir depuis l'extérieur des toilettes. Regulus tourna les talons et s'approcha de lui.

-On devrait en parler au directeur.

-Tu es sérieux ? s'étonna Rosier. C'est probablement inutile.

-Et pourquoi ça ?

-S'il y a une personne qui est certainement au courant, c'est lui. Et si tu penses qu'il fera quoi que ce soit à cause de simples rumeurs !

-Il ne s'agit pas de rumeurs mais de ce qu'a entend-

Il y eut subitement un sifflement strident et Marcus cria d'effroi. Regulus se retourna et vit les lavabos sauter alors que de l'eau jaillissait brutalement des canalisations. Il se protégea instinctivement avec ses mains alors que, complètement déboussolé, Rosier glissait en arrière.

Le sol sembla gronder et Regulus sentit la terreur l'envahir. C'était le Basilic, il en était certain !

-Il faut fuir ! se réveilla Rosier. Maintenant !

Il se releva, attrapa le bras de Regulus et le traina à sa suite.

Le 6e année semblait être en pilote automatique et il bouscula l'épaule de Marcus qui semblait pétrifié.

-Marcus !

Il essaya d'attraper le bras du plus jeune face à lui pour le secouer quand celui-ci s'effondra brusquement par terre. Regulus sut tout de suite qu'il était mort. Pendant un court instant, il avait vu la vie quitter ses yeux.

Un sifflement effroyable se fit entendre.

« Le Basilic est vraiment dangereux, Regulus. Il tue en un regard. C'est incroyable qu'Harry et ses amis aient réussi à le battre… », lui avait un jour soufflé Padfoot, admiratif.

-Merde.

Ni Evan ni Regulus ne pensèrent à tenter de secouer le 2ème année. Leurs vies étaient en danger et ils n'avaient malheureusement pas le temps de faire preuve de plus d'humanité. Pas s'ils voulaient survivre.

Les deux Serpentard prirent leurs jambes à leur cou tout en sachant que si le serpent géant décidait de les prendre en chasse, ils auraient peu de chances de pouvoir lui échapper. L'attrapeur avait les jambes en coton. Il se sentait si maladroit ! Il ne manquerait plus qu'il trébuche. Si ça arrivait, Rosier ne l'aiderait pas et le Basilic le tuerait.

Le sifflement se fit de nouveau entendre et le fracas que fit le serpent lorsque son corps pénétra dans le couloir lui donna des sueurs froides. Le blond et lui tournèrent brutalement à gauche et Rosier entraina Regulus dans une salle de classe vide. Celui-ci se précipita sous le bureau du professeur et remonta ses genoux contre son menton avant de les entourer avec ses bras, sous le choc.

Le 7ème année le rejoignit après avoir jeté un sort, probablement pour verrouiller les portes. Regulus doutait que ce soit utile mais ils n'avaient pas tellement d'alternative.

-Qu'est-ce qu'on fait ? chuchota-t-il.

-Je ne sais pas. S'il arrête de nous suivre, on pourrait aller rejoindre les autres, souffla Rosier.

Regulus n'était pas sûr que ce soit une bonne idée. Le mieux était qu'ils restent cachés, en sécurité. Une bête de cette taille-là allait vite se faire remarquer et les professeurs pourraient s'occuper d'elle. Enfin, il l'espérait. Avec de la chance, personne ne croiserait sa route entre temps.

-Ne t'inquiète pas, je ne laisserai jamais rien t'arriver.

Rosier passa sa main dans ses cheveux avant de caresser sa joue et Regulus se dégagea, à la fois déçu et dégouté que le blond profite de cet instant pour tenter de se rapprocher de lui.

-La plupart des élèves doivent être dans la Grande Salle avec les professeurs, réfléchit-il ensuite. Le Basilic ne devrait croiser que des fantômes et des tableaux, ils pourront prévenir Dumbledore.

-Espérons-le.

Regulus jeta un coup d'œil à son ainé. Même s'il n'appréciait pas le blond, il était heureux de ne pas être tout seul.

-Je ne l'entends plus. Peut-être qu'il est déjà loin ?

A peine Rosier eut-il fini sa phrase qu'un grand fracas résonna. C'était si fort et perturbant que Regulus ignorait s'il venait d'en bas, d'en haut ou des côtés. Il attrapa sa baguette et essaya de ne pas céder à la panique.

-Ne croise pas son regard, c'est comme ça que Marcus est mort, souffla-t-il à Evan, la gorge sèche.

Comment pouvaient-ils battre un tel être ? Sans même le regarder en plus.

Le Basilic semblait frapper sa tête contre la porte de la salle de classe et elle n'allait pas tarder à céder. Regulus était persuadé qu'il n'allait pas s'en sortir. Mais si vraiment c'était le cas, il était déterminé à faire son possible pour blesser au maximum le serpent et le retarder dans sa progression.

Le mur céda et Regulus ferma les yeux. Il entendit des sifflements et lança un sort de lumière qui, l'espéra-t-il, aveuglerait temporairement le serpent. Il y eut beaucoup de bruit et sans qu'il ne comprenne comment, il reçut un coup de queue qui l'envoya valdinguer à plusieurs mètres. Il gémit sous la douleur et sentit sa tête tourner.

-Regulus !

Le cadet des Black ouvrit les yeux pour voir le reptile s'agiter. Il n'eut pas le temps d'analyser plus la situation que Rosier sauta vers lui avant qu'une partie du plafond ne cède.

Ce fut alors le trou noir.

xXx

Peter était inquiet. Il n'était pas très intelligent et encore moins futé mais il était observateur et assez bon pour sentir l'atmosphère d'une pièce, d'un endroit. Et ce soir, il sentait que quelque chose n'allait pas. Les élèves étaient inquiets, discutaient entre eux et certains inventaient déjà de sordides histoires. Tout cela parce qu'il était 19h et qu'aucun professeur n'était présent dans la Grande Salle, que le repas n'avait toujours pas été servi.

S'il n'y avait eu que ça, les élèves auraient probablement jasé mais ne se seraient pas inquiétés. Cependant, des grondements s'étaient faits entendre et ils étaient de plus en plus forts. Cela semblait bien trop distinct pour parvenir de la canalisation du 6ème. Mais qu'est-ce que ça pouvait être alors ? Les horribles bêtes de l'étage avaient-elles réussi à s'enfuir et à se propager malgré les sorts du Directeur ? Impossible. Et puis, même si Peter ne s'y connaissait pas vraiment, il était certain que de tels êtres ne pouvaient pas faire un tel boucan.

Le Gryffondor observa la salle et la table des rouge et or. Encore à l'écart, il essaya de croiser le regard de sa petite amie. Dorcas était assise avec ses amies ainsi que James et Frank. Fait étonnant, Sirius n'était pas là alors que les Maraudeurs ne se séparaient que rarement. Peut-être était-il avec Remus car son ami non plus n'était pas là. Peter se sentit mal en pensant que peut-être, ils étaient ensemble. Il soupira ensuite. Il ne devait pas y penser. Il avait décidé de se réconcilier avec son ami et Isabel avait même proposé de l'aider.

Alors qu'il était ailleurs, Peter finit enfin par croiser le regard de Dorcas. Il se concentra sur elle et lui adressa un discret sourire mais la Gryffondor sembla gênée et détourna rapidement le regard. Peter resta figé, dans une incompréhension totale.

Elle n'avait pas dû le voir, ou alors c'était lui qui avait mal interprété.

Oui, ça devait être ça. Dorcas l'aimait, jamais elle ne l'ignorerait sciemment. Peter était si heureux d'être en couple avec une fille pareille ! Elle était parfaite. Dorcas n'avait rien à voir avec McKinnon et il en était très heureux. Avec la Gryffondor, tout était simple et beau. Elle lui donnait confiance et arrivait à le rendre meilleur.

Peter se répéta ces mots pour s'en assurer et se rassurer avant de fixer une nouvelle fois la table. Les gens continuaient à parler autour de lui. Il faisait de son mieux pour ne pas y prêter attention car il ne voulait pas s'angoisser inutilement. Il commençait à avoir très faim et espérait de tout son cœur que les professeurs allaient bientôt arriver pour pouvoir manger.

-Peter ? l'appela Isabel.

Le blond sursauta et posa une main sur son cœur pour se calmer. Son amie s'installa à ses côtés et il l'accueillit d'un sourire.

-C'est trop étrange ce qu'il se passe.

A peine la Poufsouffle eut-elle fini d'exprimer son incompréhension que le sol trembla faiblement. Le silence se fit dans la Grande salle et les deux amis s'échangèrent un regard.

-Remus n'est toujours pas là et je n'ai aucune idée d'où il peut être, lui confia soudain Isabel, la voix tendue.

-Il ne devrait pas tarder, lança-t-il en espérant que ce soit vrai.

-Je préfère aller le chercher, ça me rassurerait de le voir.

Peter n'était pas convaincu mais il savait qu'Isabel irait de toute façon. Essayer de la faire changer d'avis serait inutile. Le château était pourtant en train de dérailler et déambuler dans les couloirs n'était pas rassurant. Si au moins les professeurs étaient là, ils auraient pu leur dire quoi faire…

Les deux Préfets de Serpentard et James se mirent alors à discuter. Peter supposait qu'en leur qualité de préfet, ils se mettaient d'accord sur les consignes à passer. Ils furent ainsi vite rejoints par celle de Poufsouffle et ceux de Serdaigle.

-Est-ce que tu m'accompagnes, Peter ? lui demanda Isabel.

-Je… On devrait peut-être attendre de savoir ce que vont dire les Préfets, marmonna-t-il.

-Quoi ? Je ne vais pas attendre leur autorisation pour aller chercher mon ami ! A mon avis, ils vont plutôt s'assurer que tout le monde reste calme et aller voir ce qui cloche avec les profs.

Elle soupira et se leva.

Peter hésita mais se leva bien vite pour la suivre. Isabel lui serra alors brièvement l'épaule pour le remercier.

-On cherche dans la salle commune ? Si ça se trouve, il y est retourné, proposa la jeune femme.

Pettigrow acquiesça.

-Hé, vous allez où ? les héla James.

Les deux amis s'arrêtèrent et se tournèrent vers le Préfet de Gryffondor et la Préfète de Serpentard.

-On partait chercher Remus, répondit Isabel. Et vous ?

-Au bureau de Dumbledore, répondit Avara.

-Remus est peut-être avec Sirius ou Lily. Elle non plus n'était pas là. Je peux les chercher avec vous ? demanda James. Mais j'y pense ! s'écria-t-il soudain. Regulus non plus n'était pas là !

-Arrête, Potter, tu t'égares. Allons trouver Dumbledore, soupira la brune.

James grogna. L'activité lui déplaisait fortement.

Avara et lui les précédèrent donc dans le couloir, Peter et Isabel prenant le même chemin avant que les Préfets ne doivent monter les escaliers alors qu'eux ne doivent les descendre. Arrivés à l'intersection, un bruit d'éboulement se fit soudain entendre et le sol trembla de nouveau.

-Qu'est-ce que c'était ? s'inquiéta Isabel.

Peter et Avara échangèrent un regard, craintifs.

-On va voir ? proposa James.

-Ça ne va pas ?! s'insurgea la Préfète de Serpentard.

-On n'a pas le choix, c'est sur le chemin pour aller trouver le directeur !

La jeune femme grimaça et regarda Peter qui déglutit difficilement.

-Tu n'as qu'à y aller, toi. Entre Gryffondor, vous vous serrez les coudes !

Peter bredouilla et fit un pas en arrière. Avara avait raison, il était un Gryffondor. Il était censé être brave, courageux, téméraire et même aventureux. Mais il était terrifié. Et il savait que s'il refusait, il renforcerait l'image de lâche qui lui collait à la peau. On se foutrait de lui, encore. Quel genre d'homme serait-il s'il laissait une fille prendre des risques à sa place ? Pas un bon. Mais en même temps, lui n'avait rien demandé. Et s'assurer que tout allait bien et gérer les problèmes faisait partie des attributions de préfet.

-Allez, j'accompagne Isa à ta place.

Avara s'accrocha au bras de la Poufsouffle et lui sourit. Isabel ne sembla pas perturbée par ce changement de programme et rendit son sourire à la brune.

-D'accord, moi ça me va. Faites attention à vous, les gars !

Elles s'éloignèrent et Peter se sentit abandonné. Il avait cette horrible impression que d'un instant à l'autre, il allait se jeter dans la gueule du loup.

-Allez, on y va ! s'impatienta James.

Peter abdiqua. James avait beau mal lui parler, il ne se sentait pas de le lui reprocher. C'était plus fort que lui, il n'arrivait pas à s'opposer au Gryffondor.

Ils montèrent un étage, puis deux avant de se figer.

-Bordel ! Non d'une limace en feu, qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?! jura James.

Peter n'en avait aucune idée. Tout ce qu'il voulait, c'était vite trouver Dumbledore. Le couloir du deuxième étage était dans un état lamentable : une salle de classe semblait même avoir vu une partie de son plafond s'écrouler.

-C'est peut-être les bruits qu'on a entendus tout à l'heure, réfléchit James.

Il s'approcha, baguette en main pour essayer d'en apprendre plus, mais Peter l'arrêta.

-Arrête, c'est peut-être dangereux !

James fit la moue, lui accordant ce point.

-Je me demande si Dumbledore et les autres profs sont vraiment retenus dans leur bureau…

Peter glapit. Il ne voulait pas entendre d'hypothèse terrifiante !

-Avoue que c'est bizarre qu'ils soient tous absents en même temps. Et maintenant ça ! s'agaça James.

-Allons vite les trouver, le pressa Peter.

Plus vite il les verrait, plus vite il pourrait être rassuré.

James soupira puis observa encore un peu l'état inquiétant du couloir avant de croiser les bras. Peter voulait lui tirer le bras, le forcer à l'écouter mais une fois encore, il n'osa pas bouger. Il ne comprenait pas ce que le Gryffondor pouvait bien contempler. Comme s'il allait trouver une quelconque réponse à travers les morceaux de bois et de pierres.

James leva la tête et Peter l'imita. Il remarqua alors que d'étranges et énormes éraflures se répandaient partout. Il entendit ensuite des bruits de pas derrière lui et pensa trouver les filles. Il se retourna en se disant qu'elles avaient fait plutôt vite.

Mais ce n'était pas Isabel et Avara. Il s'agissait d'un homme. D'un homme qui s'était évadé de prison et qui leur faisait face alors qu'une pleine lune était annoncée ce soir.

Greyback.

Peter eut la trouille de sa vie et tomba en voulant reculer. Il n'arrivait pas à le quitter du regard.

-J-James… !

-Ouais, c'est bon, soupira le Gryffondor qui détacha enfin son regard du plafond.

Il se figea ensuite à son tour en découvrant le nouveau venu, sous le choc.

-On dirait que j'ai de la chance, sourit Greyback.

Il laissa ses ongles et ses canines pousser alors que son visage prenait lentement les traits de la bête. Il grogna et ouvrit grand la gueule. La salive maculait ses lèvres alors que ses iris prenaient une teinte plus rouge. Peter était certain qu'il avait l'intention de les mordre pour les transformer, à moins que ce ne soit pour les tuer.

Il n'eut pas le temps de s'interroger qu'il se fit relever brutalement par James.

-Defodio !

Le préfet visa le plafond au-dessous du loup-garou qui s'écroula en partie sur lui.

Peter se fit alors entrainer loin du criminel et essaya de reprendre ses esprits malgré la course. Potter avait raison, ils devaient se mettre à l'abri. Ils avaient déjà été confronté à Greyback à Azkaban et n'avaient malheureusement pu rien faire. La même chose ne devait pas se reproduire. Mais que pouvaient-ils faire ? Le fugitif était dangereux et puissant, mais surtout prêt à tout pour répandre le sang.

Comment avait-il fait pour s'introduire à Poudlard ?!

Ces pensées tournaient en boucle dans la tête de Peter lorsqu'ils se refugièrent dans une pièce pour reprendre leurs souffles. Toujours sous le choc, il pouvait vaguement apercevoir l'autre Gryffondor se mettre à fouiller. Que cherchait-il ? A quoi bon se démener de toute façon ? Ils étaient perdus, ils auraient dû rester avec les autres. Tout cela parce que James Potter aimait jouait les héros et était trop curieux ! Lui n'avait rien demandé et il se retrouvait au-devant de gros ennuis. Peter était faible, il ne pouvait pas se défendre contre un tel monstre sanguinaire.

-Bouge-toi, Peter ! s'agaça soudain James.

L'adolescent rondouillard se mit à se triturer les mains, penaud. Il ignorait ce que le brun attendait de lui.

-Je…qu'est-ce que j-je fais ?

James arrêta d'ouvrir les placards et jeta un regard noir au garçon.

-Mais tu es sérieux ?! Aide-moi, bon sang, rends-toi utile ! Je n'ai pas le temps de m'occuper de toi !

Il reprit aussitôt ses recherches mais Peter n'était pas plus avancé et il l'imita donc sans savoir s'il faisait ce qu'il fallait. Au soupir du joueur de Quidditch, il devina que non. Effrayé et agacé, il sentit ses nerfs lâcher.

-Arrête de me hurler dessus et de me dénigrer ! C'est ta faute si on en est là !

-Espère d'imbécile, ça ne va pas de hurler comme ça !

James fondit sur lui et le saisit par le col.

-On a affaire à un loup-garou, je te rappelle !

-Je sais, lâcha Peter avant d'avaler difficilement sa salive. J'ai peur, c'est tout.

-Ouais, ça j'avais compris. Moi aussi j'ai peur mais je prends sur moi !

Peter fut surpris de la confidence. Il avait du mal à le croire.

-Tu mens…

Il s'étonna de son audace et regretta presque aussitôt ses mots.

-Non, il n'y a pas que toi qui as peur, répliqua James. La différence entre nous deux, c'est que moi j'ai décidé de ne pas la laisser me dominer. Si tu l'écoutes, tu ne feras jamais rien. Et puis, s'il y a bien un truc qui me fiche encore plus la trouille que de me faire attaquer par Greyback, c'est qu'il s'en prenne à mes amis.

James se passa une main dans les cheveux et s'éloigna. Il sortit sa baguette et la regarda de longues secondes. Pettigrow admira son calme. Il aurait tant aimé lui ressembler. C'était son souhait depuis son entrée à Poudlard. Malheureusement, il n'avait jamais pu lui arriver à la cheville ou à celle de l'autre emblématique Maraudeur.

Potter avait raison et le blond savait qu'aujourd'hui, il était temps de se montrer courageux. Lui aussi n'avait pas envie qu'il arrive malheur à ses amis. Il voulait aider et ne pas laisser un massacre se produire. Et comme James semblait à peu près savoir ce qu'il faisait, le blond décida de s'en remettre à lui.

-Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda-t-il.

-Je me concentre. Il faut que j'envoie un Patronus pour prévenir Dumbledore et ceux qui sont dans la Grande Salle. Tu devrais faire de même.

Peter baissa la tête et n'osa pas lui dire qu'il ne savait pas faire une telle chose. James en parlait comme quelque chose de normal mais il était extrêmement compliqué de créer un Patronus. Ce n'était pas donné à tout le monde. Pourtant, le Gryffondor en face de lui pouvait le faire.

Le silence régnait et pendant un instant, Peter se demanda si Greyback était toujours à leurs trousses. James et lui avaient filé si vite, ils n'avaient même pas pris le temps de vérifier s'ils étaient toujours poursuivis.

-A ton avis, il nous cherche encore ?

James l'observa, les sourcils froncés.

-Je n'entends pas un bruit depuis tout à l'heure, insista Peter.

-C'est vrai, admit le brun.

-Il est peut-être mort...

James fronça les sourcils, pas convaincu.

-Je n'en sais rien. Mais s'il n'est plus là, ça ne sert à rien qu'on reste caché ici. Faut qu'on retourne dans la Grande Salle. C'est moins loin que le bureau de Dumbledore.

-Q-quoi ? s'étrangla Peter. Mais tu es fou, s'il est encore là et qu'il nous attend ?!

-Il n'y a pas un bruit. Et s'il était là, avec tout le boucan que tu fais, il nous aurait déjà retrouvés. J'aurais dû lancer un sort de silence, se fustigea James.

-Mais, mais… pourquoi tu ne lances pas un Patronus, ce serait plus sûr, tenta une ultime fois Peter.

James baissa la tête, semblant soudain gêné et agacé à la fois.

-Je n'y arrive pas, désolé.

Peter ne pensa même pas à lui faire de remarque à ce sujet. Qui pourrait accomplir un tel acte dans la situation stressante et dangereuse dans laquelle ils étaient ? James n'était qu'en 7ème année, qu'il y arrive de temps en temps était déjà extraordinaire.

-Allons-y, souffla le brun.

Peter se dépêcha de le suivre. Il aurait préféré rester en sécurité mais à choisir entre se retrouver seul et suivre le téméraire Gryffondor, il choisissait la deuxième option. A deux, ils avaient plus de chances de s'en sortir.

James sortit en premier dans le couloir ravagé. Il fit avec prudence quelques pas et Peter regarda partout autour de lui en faisant attention au sol qui ne semblait plus si stable.

-Il n'a pas l'air d'être là, chuchota-t-il.

James acquiesça.

Peter avait envie de détaler vers la sortie mais il savait qu'il ferait probablement trop de bruit. Il fallait qu'ils restent encore un peu sur leurs gardes. Mais il avait un mauvais pressentiment et voulait à tout prix s'éloigner du 2ème étage.

La peur le submergea à nouveau et une fois de plus, ses jambes flageolèrent. Il pensa à Remus, à Isabel et à tous les élèves de Poudlard. Ils devaient faire vite et surtout se mettre en sécurité. Ne réfléchissant plus, il se mit à courir maladroitement.

-Peter !

Il était trop tard. Greyback n'avait semblé attendre que ça. Il avait d'ailleurs dû savoir depuis le début où ils se trouvaient et avait juste attendu. Tout cela dans le but de leur laisser croire qu'ils avaient une chance alors que le loup-garou était celui qui avait l'avantage. Et à cet instant arrivait le moment où il arrêtait de jouer.

Il passait à l'attaque. Le loup était de sortie et il avait devant lui deux belles proies. Il sortit d'une des salles de classe et bondit à quelques mètres du blond.

Peter, malgré la peur, eut tout de même la présence d'esprit de se saisir de sa baguette. Il lança un sort au hasard et ne se préoccupa pas de savoir si ça avait marché ou non. Il fit volteface et courut de toute ses forces. Il passa à côté de James et s'étonna de ne pas le voir faire de même.

Celui-ci lui attrapa même le bras pour l'arrêter et Peter fronça les sourcils, coupé dans son élan.

-Il faut qu'on l'affronte ! décida le brun.

-Tu es fou !

-On ne peut pas fuir, il nous suivra où qu'on aille.

Peter n'arrivait pas à y croire. Potter était complètement fou ! Bien sûr qu'ils ne pouvaient pas gagner contre ce monstre ! Il lui cria dessus, lui demanda de le lâcher. James ne pouvait pas l'obliger à se battre et à mourir. La priorité était qu'ils s'en sortent pour pouvoir alerter tout Poudlard.

Ni le blond, ni le brun ne se rendirent compte qu'il était complètement absurde de se disputer juste devant l'ennemi. La situation amusait néanmoins assez le loup-garou qui chargea sans attendre. Il rugit et attaqua.

Le coup qu'il porta atteignit James à l'abdomen et le jeune homme cria sous la douleur. Il s'écroula, portant la main à son ventre pour essayer d'évaluer sa blessure. Il saignait abondamment et n'arrivait pas à se rappeler d'un sort pour l'aider. Il jeta un regard douloureux à Peter, espérant avoir de l'aide.

Peter croisa son regard, mais il était incapable de comprendre la détresse de James. Le Gryffondor avait été blessé par un loup garou un jour de pleine lune. Il avait été contaminé. Et même si par chance il ne se transformait pas lui non plus en monstre, il ne survivrait pas à la transformation. Impossible. Il était perdu et s'il ne faisait rien, Peter subirait le même sort.

La mort dans l'âme, Peter se leva avant de détaler alors que Greyback se penchait au même moment au-dessus du corps du Maraudeur.

L'adolescent rondouillard avait les poumons en feu et les oreilles qui bourdonnaient. Il ne se rappelait pas avoir couru aussi vite une seule fois dans sa vie. Il voyait les escaliers, il y était bientôt. Juste avant de les prendre, il entendit le cri déchirant de James.


Alors ? Vous devinez ce qui va suivre ou pas ?

La suite début juin, j'ai hâte d'avoir vos réactions en attendant. ^^