Mio : Hey ! Je suis désolée j'ai oublié de répondre à ton commentaire sur le précédent chapitre. Je me rattrape ici ^^. Je savais que Marlene allait en prendre pour son grade. C'est logique que son attitude ne plaise pas. Elle n'est pas méchante mais on voit bien qu'elle est prête à tout pour arriver à ses fins. Remus n'a pas de chance que ça tombe sur lui. On peut effectivement s'attendre à ce que tout ça finisse par lui retomber dessus. Elle prends beaucoup de risque, elle a déjà failli y passer, les choses ne semblent plus aller dans son sens... C'est vrai que c'est dommage pour Regulus, il avait beaucoup d'espoir à ce sujet, d'où sa grande déception. Dumbledore prend de mauvaise décisions mais on voit qu'il pense bien agir ce qui fait d'autant plus de peine et déçois en même temps.

Résumé du chapitre précédent :

Le grand Tournoi de duels commence enfin, les élèves sélectionnés par le directeur : Lily Evans, Pamela Alton, Severus Snape et Remus Lupin ont hâte de faire leurs preuves et de briller. Chacun sait le prestige que le concours représente et pour des raisons différentes, ils veulent démontrer de quoi ils sont capables. Mais le tournoi est rude et les favoris du tournoi forts. Leur professeur particulier aussi participera, lui ainsi que d'autres sorcières et sorciers talentueux qui leur donneront du fil à retordre. En attendant les premiers duels, la Grande-Bretagne magique profite de l'ouverture de celui-ci et des festivités.

Après avoir rencontré par hasard sa cousine Narcissa, Sirius profite d'une journée quasi complète avec Remus et sa famille. Ayant pu s'expliquer, le couple semble aller mieux que jamais. James quant à lui profite de l'absence de son acolyte pour parler à Regulus. Il le met dans la confidence au sujet de ce qu'il s'est passé avec Marlene. Il va même plus loin et lui révèle que Remus est un animagus, qu'il est le puma qu'il avait vu dans la forêt interdite le jour ou le Poufsouffle et lui avaient été attaqué par les centaures.

De son côté, Dumbledore qui a enfin pris la mesure de la gravité de l'agression de Pamela et des mystérieuses blessures de Marlene, à contacter les aurors. Dawlish commence une enquête, déterminé à comprendre ce qu'il s'est passé.

Bonne lecture à tous !


Chapitre 36

Le grand tournoi de duels

Partie 2

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Kreattur ouvrit la porte à un homme d'âge moyen d'un certain charme. Une magie puissante semblait émaner de lui. Mais plus que tout, l'elfe de maison pouvait sentir chez le sorcier la même odeur néfaste à laquelle il s'était habitué depuis longtemps en travaillant dans cette maison et qui, au final, ne le gênait pas vraiment : son sourire était faux, tout comme ses paroles polies et aimables.

Kreattur ne se laissa pas distraire et écouta l'homme. Ses maîtres l'avaient déjà averti de cette visite : ils attendaient le psychomage. Ce n'était pas quelque chose d'habituel car peu de temps après que Regulus soit entré à Poudlard, et plus particulièrement depuis qu'il avait intégré l'équipe de Quidditch de sa maison, la famille Black avait arrêté de recevoir du monde au Square. Pratiquement au même moment, sa maîtresse avait demandé à l'elfe de maison de s'occuper d'autres tâches comme la recherche d'objets particuliers ou la filature de personnes qu'elle avait dans le collimateur.

Le temps avait continué à passer et Orion et Walburga avaient commencé à ne presque plus sortir, attribuant un nombre grandissant de tâches à l'extérieur à leur elfe de maison. L'elfe avait mis du temps à le constater mais il avait finalement fini par faire le lien : plus la maison perdait de sa beauté et de sa gaieté, plus Orion et Walburga se refermaient sur eux-mêmes et perdaient leur joie de vivre.

Ils vivaient à présent en véritables casaniers. Kreattur, s'il avait pu se permettre de juger ses maîtres, aurait dit qu'ils semblaient effrayés par ce monde extérieur. Ils commençaient à se faire vieux et n'arrivaient pas à suivre et encore moins à accepter les évolutions de leur monde. Attachés à leurs coutumes, leurs rites et aux préceptes de la famille Black, ils avaient vu ces dernières années les choses changer, faisant d'eux et de leurs idées et pensées une minorité. Une minorité dont les gens ne voulaient plus.

Ne pouvant accepter ce traitement, Orion et Walburga s'étaient réfugiés dans la forteresse du Square Grimmaurd. Kreattur imaginait que c'était pour les mêmes raisons qu'ils avaient été si durs avec leurs enfants, étant prêts à tout pour les garder dans leur giron. Autour d'eux, ils étaient nombreux à leur avoir déjà tourné le dos et ils avaient voulu faire en sorte que ça n'arrive pas avec leurs enfants. Au final, ça n'avait pas marché et parce qu'ils s'étaient interdits d'être tristes, les Black s'étaient mis à devenir plus mauvais encore.

Kreattur n'était qu'un simple domestique, un elfe de surcroît, et il n'avait donc aucun jugement à émettre sur ses maîtres, surtout qu'il les adorait. Mais son instinct lui disait que ce Tom Jedusor n'apporterait rien de bon à la famille.

-Bienvenue, Monsieur Tom Jedusor. Mes maîtres, Orion et Walburga, vous attendent.

Kreattur s'écarta et laissa le psychomage entrer. A partir de ce moment-là, il fit de son mieux pour servir convenablement ses maîtres et leur hôte. Il prépara du thé, alla les servir puis se tint à leur disposition pour la moindre envie ou demande. Pendant que Kreattur restait debout dans un coin du séjour, il écouta ainsi sans pouvoir faire autrement la discussion des deux parties.

-Nous avons beaucoup entendu parler de vous et je dois dire que vous faites partie des rares personnes pour qui nous avons de l'intérêt et qui relèvent le niveau dangereusement bas de notre société, l'accueillit Orion.

Il était rare d'entendre le maître complimenter quelqu'un et Kreattur se demanda une nouvelle fois ce que l'homme avait de particulier.

-Mais si vous êtes si intelligent et prometteur que tout le monde le dit, vous ne devriez pas faire la bêtise de croire que parce que nous sommes d'accord sur beaucoup de points, nous pourrions prendre les engagements que vous désirez, continua Orion.

-Loin de moi l'idée de vous sous-estimer ou de penser que votre soutien m'est acquis. Il s'agit d'une simple visite de courtoisie. J'ai déjà pu rencontrer de nombreuses familles sorcière nobles. Il aurait été dommage de faire l'impasse sur celle qui fut, à une époque, la plus grande et puissante.

Kreattur grimaça. C'était le genre de commentaire qui énervait prodigieusement la maîtresse. Quoi que le psychomage désire, il ne s'y prenait pas de la bonne manière.

-La famille Black a encore une grande influence et son soutien est quasi obligatoire pour toute personne conservatrice se lançant en politique. Vous le savez très bien, sinon vous ne seriez pas là. Une visite de courtoisie ? Personne ne passe le pas de cette porte de son plein gré, rappela Walburga, un sourire mauvais aux lèvres.

-Vous espérez qu'on vous soutienne ? Nous avons toujours refusé de soutenir un politicien publiquement, pourquoi cela changerait avec vous ? approuva Orion.

-Parce que je vous demande d'aller plus loin. Je vous veux dans mon équipe de campagne et plus tard dans mon ministère.

Orion et Walburga écarquillèrent les yeux. Il y eut un silence pendant lequel les Black mesurèrent l'impact de cette demande et Jedusor contempla la surprise chez ses interlocuteurs. Kreattur continua de les observer jusqu'à ce qu'il croise le regard intense du psychomage.

-Laisse nous seuls, Kreattur. Va ranger l'étage.

-Bien maîtresse, répondit-il.

L'elfe quitta le salon, les laissant terminer cette discussion.

xXx

Dorian McKinonn n'aurait jamais cru entrer un jour dans la cabane hurlante. A l'époque où il étudiait encore à Poudlard, les rumeurs qu'il savait pourtant fausses lui avaient quand même fait froid dans le dos. Suffisamment pour qu'il se tienne éloigné de celle-ci et ne tente pas, comme certains de ses camarades, de s'y approcher comme vulgaire test de courage. Pourtant, aujourd'hui, le brun s'y trouvait et cela depuis plusieurs jours déjà.

Durant les quelques jours qu'il avait pu passer ici pour récupérer de l'attaque des Triswalker, il avait pu visiter la maison. Cela lui avait permis de se rendre compte que quoi qu'il se soit passé avant, cette maison ne représentait aucun risque, à part son état d'extrême saleté.

Mais c'était quelque chose que le Dorian actuel ne pouvait critiquer, pas quand il avait au préalable connu Azkaban puis la forêt interdite. Ici au moins, il avait un abri plus décent, de l'espace et une protection relative. Il était certain que personne ne viendrait jamais le chercher. Mais cela ne voulait pas dire qu'il pouvait rester indéfiniment. Il ne le désirait pas de toute façon. Dorian voulait quitter l'Angleterre pour enfin mener une vie acceptable mais également pour sa sœur qui devait arrêter de se mettre en danger pour lui.

Pris dans la frénésie qu'avait été son évasion, Dorian n'y avait que peu prêté attention mais lorsque ces élèves de Poudlard étaient venus leur prêter secours, cela lui avait sauté aux yeux si fort qu'il n'avait plus pu faire semblant de ne pas le voir : Marlene prenait une pente dangereuse. Elle allait jusqu'à menacer ses amis…

Il savait qu'elle faisait tout cela pour lui et elle était déjà allée trop loin pour renoncer. Le brun avait aussi l'intime conviction que son comportement était le résultat de sa volonté de se rattraper pour toutes ces années où elle avait eu honte de ce frère emprisonné, ces années où elle avait vécu pleinement sa vie alors que lui moisissait à Azkaban. Elle s'imaginait coupable d'un crime qu'elle n'avait pas commis et en tant que grand-frère, Dorian devait lui expliquer que ce n'était pas le cas.

Sa petite sœur allait venir ce matin et il en profiterait pour lui parler. Elle était passée deux jours plus tôt très brièvement pour prendre de ses nouvelles. Marlene sortait tout juste de convalescence, abimée par l'attaque qu'ils avaient subie. Dorian savait pourtant que la Serdaigle ne lui céderait rien et aurait du mal à comprendre son point de vue. Le fugitif se prépara mentalement à la confrontation et eut un sourire attendri. Marlene avait toujours été comme ça.

Quand plus d'une demi-heure plus tard, la porte de la chambre s'ouvrit, Dorian avait toujours son sourire aux lèvres. Marlene et lui s'étreignirent, geste d'affection dont ils n'avaient pas pu bénéficier mais dont ils avaient eu besoin après l'attaque dans la forêt interdite.

-Je ne sais pas si c'est bien raisonnable que tu sois là, lui fit remarquer le jeune homme.

-Bien sûr que si, il faut que je te fasse mes recommandations pour ton départ et que je te dise au revoir.

-Je comprends, mais j'aurais préféré que tu te reposes. J'ai eu très peur pour toi.

Marlene lui sourit, touchée.

Dorian voyait bien que sa petite sœur essayait de faire bonne figure, mais elle paraissait si fatiguée. Aspirée qu'elle était par cette histoire, elle semblait mener cette bataille par automatisme, par devoir. Dorian l'invita alors à s'asseoir comme s'il était à présent ici chez lui.

Il observa ensuite quelques instants sa sœur. Il lui restait de légers stigmates de cette nuit horrible mais elle avait l'air d'aller mieux. Pourtant, quand il la regardait, il voyait toujours son visage en sang et le désespoir dans ses yeux.

-Je ne sais pas quand on se reverra, ni même si on se reverra un jour, commença-t-il.

-On va se revoir ! Dès que j'aurais passé mes examens, je viendrai te retrouver en France. J'en parlerai à maman, papa et à notre petite sœur. Tu leur manques aussi, tu sais. Les parents ne l'ont jamais exprimé à voix haute mais je sais qu'ils avaient l'espoir que tu viennes les voir après ton évasion. Ils savaient aussi que c'était risqué et c'est pour ça qu'ils n'ont pas été déçus de ne pas te voir.

-Ils sont au courant de ce que tu as fait ? demanda-t-il, inquiet.

-Non, mais je sais qu'ils comprendront mes choix.

Dorian ignorait si elle en était convaincue ou si elle tentait encore de le faire. Il se sentit nerveux. Le brun espérait trouver les bons mots et arriver à lui faire comprendre ce qu'il voulait dire.

-Je ne veux pas que tu prennes plus de risques pour moi. Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as fait, vraiment.

Dorian sentit soudain l'émotion le gagner mais il poursuivit.

-Je n'oublierai jamais et je ferai tout pour te rendre la pareille. Je suis ton grand frère et regarde les risques que je te fais prendre…

Marlene tenta de l'interrompre mais Dorian continua.

-Marlene, ça me fait mal de te dire ça, mais tu t'es perdue en cours de route, petite sœur. Et c'est entièrement de ma faute. J'aurais dû m'en rendre compte bien avant de te voir prêt à vendre ton ami pour moi… Si on y réfléchit un peu, il est simple de voir pourquoi je ne l'ai pas vu avant…

Il soupira.

-Tout simplement parce que je ne voulais pas. Je sortais de prison, j'étais heureux que quelqu'un vienne me sauver, se charge de tout. Je voulais juste être en sécurité. J'ai été si lâche que ça t'a obligé à être sans pitié pour compenser. Ce n'était pas ce que tu voulais, tu n'es pas comme ça et je le sais, je vois bien combien tout ça te pèse. Mais parce que tu es courageuse et forte, tu ne lâches rien. Tu m'aimes tellement… Tu détestes l'injustice et l'inaction alors tu es prête à être détestée et à être privée de ta propre liberté…

Marlene voulut répondre mais il secoua la tête.

-Tu as cherché à me sauver, Marlene, et tu as réussi. Rien que le fait de savoir que ma famille ne me déteste pas est une victoire pour moi. Mais ne perds pas toutes tes forces là-dedans, je suis déjà une cause perdue. C'est par moi-même que je dois m'en sortir. Il est temps que je me réveille et que je montre de quoi je suis capable, il n'y a que de cette manière que j'y arriverai. Par contre, tout est encore possible pour toi. Si jamais j'échoue à aller en France, je ferais en sorte que tu sois complètement acquittée. Tu ne devras pas démentir ma version et ne t'en fais pas, les Aurors me croiront. Pour toi, tout est possible et je ne veux pas que tu continues à nourrir des regrets pour effacer tes remords. Si j'ai fini à Azkaban, que ce soit juste ou pas, c'était entièrement de ma faute. C'était normal que vous me tourniez le dos. Je n'en veux à aucun de vous et je suis juste heureux que vous me considériez encore comme un membre de votre famille. Beaucoup de prisonniers n'ont pas cette chance.

-Dorian, s'étrangla Marlene, les larmes coulant sur ses joues.

Son frère était dans le même état mais il était tellement soulagé d'avoir enfin pu parler à cœur ouvert qu'il la prit dans ses bras pour tenter de la réconforter.

-Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose ! répéta Marlene.

-Je sais, je ferai attention. Et tu dois faire pareil. Tu devrais aller voir ces garçons, tenter de rattraper le coup. Peut-être que si tu leur demandes, ils ne diront rien.

Elle haussa les épaules, indécise.

-Je ne sais pas. Je bluffais quand j'ai dit ça, mais je ne sais pas s'ils pourront me croire, ni même me pardonner. En tout cas, pas James ni Sirius… Je tenterai de parler à Remus, au moins pour qu'il ne s'inquiète pas. Il sera libre de me pardonner ou non.

-Ça ira, j'en suis sûr. Tu es une personne tellement gentille et juste, il ne peut l'ignorer. On fait tous des erreurs.

Marlene termina d'essuyer ses larmes et son frère la serra encore dans ses bras. Ils devaient terminer de se dire au revoir mais ils ne savaient pas quand ils se reverraient. C'était un déchirement.

xXx

Le matin du 2nd jour du tournoi, James et Regulus retrouvèrent Sirius qui était venu avec la famille Lupin. Durant toute la nuit, le Préfet avait réfléchi à la discussion qu'il avait eue avec Regulus. Il était content d'avoir pu parler avec lui et lui faisait confiance sur tout ce qu'ils s'étaient dits. La seule chose qu'il appréhendait à présent était la réaction de son ami. Après tout, ils s'étaient mis d'accord pour en discuter ensemble et surtout, James avait révélé le secret de Remus.

Le Préfet savait que ça allait mal passer auprès de Sirius. Ils allaient devoir en discuter au plus vite. Comme pour la cérémonie d'ouverture, Fleamont et Euphémia avaient décidé de laisser les enfants entre eux, jugeant qu'ils désiraient probablement faire tout un tas de choses qui n'étaient plus de leur âge. Cela avait fait sourire James qui avait vu dans cette occasion un moyen de se retrouver seul avec Regulus. Sans vouloir être trop enthousiaste, il avait l'impression que ça allait mieux entre eux. Regulus n'avait plus l'air de le fuir comme avant. Ils arrivaient à discuter normalement et il le voyait parfois sourire discrètement.

Il y avait également d'autres petits signes de la part de Regulus qui lui faisait plaisir, qui l'encourageaient. Ses rougissements, sa manière d'éviter de le regarder dans les yeux trop longtemps ou de le chercher du regard.

James s'était fait une telle joie de ce moment à deux… Mais voilà, il avait fallu qu'ils croisent sur le chemin bon nombre de leurs camarades puis Hugo Leroy avait tapé cosette au Serpentard pendant plus d'une demi-heure ! James était resté muet, ses rêves de rendez-vous aux oubliettes. Il avait cependant légèrement retrouvé le sourire quand le français avait confié son familier à Regulus. Malheureusement, l'animal magique était timide ou alors il ne l'aimait pas car après que Regulus l'ait récupéré, Mimie s'était aussi camouflée dans son col de chemise.

Hugo Leroy avait ensuite fait ses dernières recommandations au 6ème année avant de les laisser pour se préparer. Le duo s'était alors silencieusement remis en route. Ils devaient rejoindre Sirius. Toute l'attention de Regulus était tournée vers la petite boule douillette qui s'était réfugiée contre sa peau et James ne savait pas trop ce qu'il devait ressentir face à ce spectacle. De l'attendrissement ou de l'écœurement ? Quand est-ce qu'il pourrait se tenir aussi près du brun ou même parler à cœur ouvert de ses sentiments sans que celui-ci ne fuit à l'autre bout du pays ?

Avec amertume, il se rappela de ces longs mois, de ces longues années où il avait couru après Lily. Il espérait sincèrement qu'il ne s'apprêtait pas à emprunter le même chemin sinueux.

-Je veux la toucher.

Regulus le dévisagea puis observa le regard de James posé sur le tissu déformé par le familier. Bien entendu, il parlait de Mimie. Le Préfet tendit ensuite la main mais comme le familier ne se montrait pas, il hésita.

-Tu ne veux pas la faire sortir ? lui demanda-t-il.

-Je ne crois pas qu'elle en ait envie, précisa le brun.

-Allez, juste un peu !

-Non, elle n'aime pas les caresses.

-Comment tu peux le savoir, tu l'as depuis dix minutes seulement ! Et elle est en train de se frotter à toi, ce n'est pas vraiment le comportement d'un animal magique qui n'aime pas les caresses !

-Si elle sort d'elle-même, tu pourras. Je préfère ne pas la forcer. Si jamais elle panique et s'enfuit, je ne sais pas ce que je ferais. Je n'ai pas envie de perdre le familier d'Hugo.

James leva les yeux au ciel et se remit en route. Regulus le suivit sans plus rien ajouter. James était pressé de retrouver Sirius mais le 6ème année et lui déambulèrent encore un instant avant d'enfin tomber sur le Gryffondor. Il était seul, Remus ayant déjà dû rejoindre les autres participants du tournoi.

-C'est super de te voir ! lança James en prenant son ami dans ses bras.

-Pareil !

-Vos effusions de joie vont durer encore longtemps ? s'agaça Regulus. Sirius, tu n'as été absent qu'une journée, vous n'avez pas l'impression d'exagérer ?

-Que peux-tu comprendre à notre amour ? se moqua Sirius. Content de te retrouver en forme, petit frère !

Sirius alla embrasser brièvement le Serpentard qui fit semblant de grimacer. Il s'empressa ensuite d'aller s'intéresser au stand des alentours pour pouvoir rester loin de ces deux idiots. Du moins, c'est ce que ressentit James. Regulus devait avoir l'impression qu'une fois encore, le duo de Maraudeurs s'amusait à ses dépens.

-Comment s'est passé la rencontre avec les beaux-parents ? demanda-t-il alors à son ami.

-Très bien, j'ai été accueilli à bras ouverts ! Lyall et Esperance sont très gentils. Oh, j'ai même fait la cuisine et tout plein de trucs typiquement moldus comme sortir la poubelle !

-Ça a l'air génial ! s'exclama le Préfet.

-Je te raconterai tout en détail plus tard, décida Sirius. Allons retrouver Regulus avant de le perdre. Si on doit le chercher avant d'aller en tribune, ce sera galère.

Sirius fit ensuite un pas en avant mais James lui prit le bras.

-Attends, il faut que je te parle rapidement.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je sais que ça ne va pas te plaire mais j'ai déjà parlé à Regulus de ce qu'on a appris à propos de Jedusor…

Sirius fronça les sourcils mais contrairement à ce que son ami avait cru, il n'eut pas de réaction particulière.

-Ouais, je comprends. J'avoue que je n'étais pas hyper emballé de tout lui dire. Je me disais que ça allait le relancer dans son fanatisme sur Padfoot et à quel point il avait raison…

-Sirius, soupira James.

-J'ai rien dit, sourit-il. De toute façon, que je le veuille ou non, Padfoot avait raison, le psychomage est louche. T'as bien fait de lui dire.

-Mouais. Euh…

James chercha ses mots, persuadé que la suite ne serait pas aussi bien accueillie. Comme il n'y avait aucune bonne manière de le dire, il préféra être direct.

-Je lui ai aussi parlé du secret de Remus…

Sirius écarquilla les yeux.

-Quoi ?! Mais t'es malade, pourquoi t'as fait ça ?!

Les Maraudeurs reçurent quelques regards curieux des personnes autour d'eux.

-Calme-toi, j'ai confiance en lui, il ne dira rien. Et puis, il fallait bien que je lui dise pour lui expliquer dans quelle situation exactement on était !

-Mais ce n'est pas à toi de lui dire ça, c'est à Remus de décider à qui il veut dire son secret !

James grimaça, conscient qu'il avait raison.

-Je suis sûr qu'il comprendra. Et puis, Regulus s'était beaucoup inquiété pour lui lorsqu'ils se sont fait attaquer par les centaures. Il le soutiendra et ça fera peut-être du bien à Remus de savoir que certaines personnes ont encore bon fond et ne comptent pas le dénoncer ni lui faire d'odieux chantages.

-Ça reste à voir.

-Fais-moi confiance.

Sirius continua à froncer les sourcils, peu convaincu. Finalement, il soupira.

-En fait, j'ai beaucoup réfléchi ces derniers jours et je me disais qu'on pourrait mettre Remus dans la confidence à propos de tout ce qu'il y a au sujet de l'esprit et de Voldemort. Ça l'aidera probablement à mieux comprendre pourquoi tu as divulgué son secret à Regulus.

-Bonne idée !

-Tu acceptes simplement parce que tu espères qu'il ne t'en voudra pas, l'accusa Sirius.

-Exactement ! confirma James.

Sirius secoua la tête, amusé.

-Allez, on continuera de discuter de tout ça plus tard, suggéra le Préfet.

Sirius acquiesça : les premiers duels allaient débuter.

xXx

Severus était arrivé jusqu'au troisième tour. C'était quelque chose d'incroyable de participer à ce tournoi prestigieux. Les quatre élèves de Poudlard étaient pour l'instant encore dans la course. Severus ne savait pas si ça durerait encore longtemps car plus ils avançaient, plus ça devenait dur. Leur professeur particulier les avait bien prévenus : il fallait être endurant. Ils rencontraient en effet de plus en plus d'adversaires bons et entraînés. A son prochain duel, Severus allait même devoir affronter son ancien professeur particulier. Cela le minait car il savait ses chances très minces, voire nulles. Pourtant, il n'avait pas envie que l'aventure se termine déjà pour lui.

Son souhait était d'aller le plus loin possible avec Lily. Depuis deux jours, il avait l'impression de s'être plus rapproché d'elle qu'en dix ans à ses côtés. Participer ensemble à cet évènement les soudait. Ils vivaient quelque chose de fort et étaient en mesure de se comprendre et de s'encourager.

Jamais de sa triste vie Severus n'aurait pensé pouvoir être avec Lily. Qu'elle l'accepte comme ami, ça avait été longtemps suffisant étant donné qu'il ne pensait pas pouvoir avoir plus. Mais Lily l'aimait aujourd'hui comme un homme, comme un petit-ami, et peut-être un jour comme un amant. Lily, sa belle et gentille Lily, lui souriait tout le temps à présent et Severus avait l'impression que lorsqu'elle le regardait, elle voyait quelqu'un de bien. Et juste ça, ça le faisait se sentir bien.

Severus avait l'impression de vivre un rêve éveillé. Lui qui habituellement manquait plutôt de chance et avait tendance à maudire sa vie ainsi que son père, avait le sentiment qu'à présent, il était prêt pour la suite. Que tout ce qu'il avait vécu de mauvais jusqu'ici était en compensation des moments de bonheur qui l'attendaient. Il espérait ne pas se tromper, que ce ne soit pas un mirage pour l'aider à tenir encore un peu.

Le premier baiser que Lily lui avait donné avait été merveilleux. Malheureusement, il en avait été si surpris qu'il avait plus eu le sentiment d'avoir subi l'instant, de ne pas avoir réellement pu en profiter, ou en tout cas pas comme il aurait dû.

Il avait rêvé ce moment sans jamais y croire réellement. Avec le temps, il avait fini par intégrer le fait que Lily ne le verrait jamais autrement que comme son ami. Il ne savait pas ce qui l'avait charmé, ce qu'il avait fait pour enfin se rendre visible à ses yeux. Pendant des heures, Severus avait été sur un petit nuage mais si Lily avait fait le premier pas, il ne devait pas être en reste et également en faire un vers elle. Il était donc aller la trouver pour discuter de ce baiser et de ses sentiments. L'instant avait rendu le Serpentard si nerveux...

Il avait souhaité éclaircir les choses, savoir s'il pouvait réellement interpréter favorablement ce baiser. Le brun n'avait pas souhaité évoquer tout de suite les sentiments de Lily et la discussion avait été plus facile que ce à quoi s'était attendu Severus.

Il n'avait pas été le seul nerveux mais Lily et lui étaient des amis d'enfance et ils se connaissaient suffisamment pour faire face. Après la gêne du début, ils avaient vite su prendre leurs marques. Ils voulaient tous les deux la même chose et Severus allait faire de son mieux pour que ça marche.

Cette histoire lui donnait également la force et le courage nécessaires pour la suite du tournoi. Il espérait ainsi que ce serait suffisant pour affronter Hugo Leroy. Il n'avait que peu de chances, mais il trouverait un moyen. S'il pouvait gagner, il serait si fier de lui, sans penser à la récompense.

Tout le monde y pensait, forcément.

-Tu penses à ton duel, Severus ? lui demanda Pamela.

Les élèves de Poudlard partageaient la même tente et ils en étaient tous heureux. Cela leur permettait de se soutenir entre chaque duel et de partager leurs expériences tous ensemble.

A la question de Pamela, Remus et Lily portèrent attention au Serpentard.

-Je pensais à la récompense, avoua-t-il.

-C'est vrai que ça motive, admit Lily. Rêvons un peu et imaginons qu'on gagne, qu'est-ce que vous choisiriez comme récompense ?

-Le phénix ! Ma maison est à la campagne, il aurait tout l'espace nécessaire pour vivre. J'adorerais m'occuper de lui et en apprendre plus sur cet animal magique, répondit aussitôt Remus.

Severus imaginait également que le père de Lupin serait ravi vu son travail.

-J'adorerais aussi, lança Lily. Mais malheureusement, j'aurais du mal à cacher un phénix à mes voisins…

-C'est sûr, c'est la même chose pour moi, répondit Pamela. Enfin, même si j'avais pu, je ne pense pas que j'aurais choisi le phénix.

-Pourquoi ? demanda Severus.

-Comme je te l'ai déjà dit, ma famille n'est pas riche et mes parents bossent dur pour ma sœur et moi. Leur offrir une telle somme, ce serait un moyen de les aider, de les remercier pour tout ce qu'ils ont toujours fait pour nous. Je sais que ça les soulagerait.

Severus la comprenait et la franchise de Pamela lui faisait voir les choses autrement. Pour tous les participants, prendre le phenix semblait la meilleure chose à faire et lui-même ne s'était pas posé trop de questions. Mais s'il réfléchissait vraiment et qu'il était honnête, il avait plus besoin d'argent que d'un animal majestueux pour améliorer sa réputation.

-C'est bizarre ? demanda Pamela face au silence de ses camarades.

-Non, je ferais la même chose, avoua Severus. Je veux faire une formation de potionniste et je n'ai pas les moyens malheureusement. Le psychomage s'était proposé de me les financer, mais… Enfin, je dois être trop fier, parce que j'ai envie d'y arriver seul.

-Et tu y arriveras sûrement ! lui assura Remus. Enfin, pas forcément cette année, mais l'année prochaine sans doute !

-Parce que tu seras le gagnant cette année, Remus, c'est ça ? le charia Lily et le Poufsouffle acquiesça, un sourire aux lèvres.

C'était possible et Severus continua d'être anxieux à mesure que son duel approchait. Néanmoins, cette discussion lui avait fait du bien et il se sentait mieux.

L'heure de son duel approchant, Severus salua ses amis et quitta leur tente pour se rendre sur le terrain. Il avait un peu d'avance, mais il voulait marcher pour se détendre. Il fut alors heureux de croiser Regulus non loin du terrain. Il semblait suivre - en traînant des pieds - son frère et Potter.

Severus alla à sa rencontre malgré la présence des deux Gryffondor. Il ne comptait pas leur parler de toute façon. Regulus l'accueillit avec le sourire. Le 7ème année avait pensé qu'il serait encore trop déçu d'avoir manqué sa chance pour se réjouir pour lui mais il s'était visiblement trompé.

-Severus, tu entres bientôt en scène, non ?

Il acquiesça.

-C'est super, je vais t'encourager ! Enfin, je devrais déjà être dans les tribunes mais ces deux idiots n'arrêtent pas de me retarder…

-C'est sans doute parce qu'ils ne veulent pas y aller. Tu ferais mieux de partir sans eux.

-Tu dois avoir raison, soupira-t-il.

Regulus leur lança un regard fatigué et Severus vit une petite boule se former au niveau de sa poitrine et bouger.

-Qu'est-ce que c'est ? s'exclama-t-il en se forçant à ne pas saisir tout de suite sa baguette.

-Hein ? fit Regulus, perdu.

La boule continua de bouger et finit par sortir sa tête de sous le tissu du brun.

-C'est Mimie, le familier de Hugo, répondit Regulus.

-Hugo ? M. Leroy tu veux dire ? s'étonna le Serpentard.

-Oui. Il m'a demandé de le garder, il craint qu'il perturbe ses duels, lui expliqua-t-il.

-Tu as cet animal avec toi ? Tu n'as pas peur qu'il te blesse ?

Severus n'était pas très rassuré. Après son premier cours avec le blond, il avait tenu à se renseigner un peu plus sur lui. Lors de ses recherches il avait notamment appris deux trois trucs sur le fameux familier du sorcier. C'était un animal qui pouvait se montrer assez féroce même s'il était réputé affectueux. Le Serpentard avait tout de même trouvé quelques illustrations effrayantes. Un animal magique qui se laissait guider par ses émotions et non par des besoins primaires.

-Non, elle est gentille avec moi, répondit le 6ème année.

Severus lorgna encore une fois du côté de la bête. Son visage détendu ne laissait pas présager un quelconque accès de violence. Callée contre la peau et le tissu soyeux des vêtements du plus jeune, la bête semblait à l'aise.

-Elle est enfin sortie ! se réjouit soudain James.

Il s'était approché si vite que Snape ne l'avait pas entendu ni vu faire. Le Gryffondor l'avait parfaitement ignoré et il ne trouvait pas ça plus mal. Sirius, qui continuait d'observer un truc à un stand, ne semblait pas leur porter une quelconque attention. Tant mieux.

James tendit la main pour toucher le familier qui grogna.

-Elle en a de la chance, moi aussi j'aimerais bien me frotter contre toi !

Comme d'habitude, Potter était lourd. Ses blagues étaient toujours aussi insupportables et Severus se demandait pourquoi Regulus ne l'envoyait pas bouler. Au lieu de ça, le cadet des Black, semblait crispé, les joues rouges.

Le Gryffondor ne sembla pas pourtant y faire attention et il continua de caresser l'animal contre son gré. Cela inquiéta Severus : cet idiot allait réussir à énerver l'animal.

-Arrête, s'agaça finalement Regulus.

-Mais pourquoi, elle est toute douce !

-Elle n'aime pas ça, expliqua Regulus qui repoussa la main du brun.

-Elle ne m'aime pas tu veux dire, contra James.

-Exactement.

Severus vit avec stupéfaction le Maraudeur sourire et continuer son manège.

-Arrête, triple idiot ! Tu vas te faire déchiqueter le doigt.

La remarque de Snape sembla faire réfléchir le Gryffondor. James observa ensuite Mimie, puis Regulus.

-Elle pourrait faire ça ?

-Je ne sais pas, mais elle crache quand elle est énervée, lui apprit Regulus.

-Comme les lamas ? s'étonna Severus.

-J'adore les lamas ! exulta le Maraudeur.

Il continua à titiller l'oiseau et le Serpentard recula d'un pas, juste au cas où. Et il fit bien car quelques secondes plus tard, le familier de Leroy cracha. Malheureusement, le projectile n'atteignit jamais le Gryffondor et le crachat s'écrasa sur la chemise blanche et grise de Regulus. Severus observa son ami garder son sang-froid et nettoyer avec un mouchoir la salissure avec toute la dignité possible. Il attrapa ensuite James par le col et lui renvoya un regard dur.

-La prochaine fois que tu fais ça, c'est moi qui te cracherais dessus !

Finalement, Regulus soupira et s'en alla, certainement afin d'aller prendre place dans les tribunes. Tout ça rappela à Severus qu'il avait déjà bien trop tardé. Il planta également James, se dépêchant pour ne pas être en retard.

xXx

Ce n'était pas le premier duel que menait le Serpentard, il en avait mené précédemment et les avait gagnés avec brio. Il n'était pas non plus quelqu'un qui se laissait distraire ou intimider par la foule. Surtout que celle-ci, contrairement à ce qu'il avait pu connaître à Poudlard, ne se moquait pas de lui. Il y avait une bonne ambiance dans ce tournoi même si à part ceux qu'il connaissait déjà, le brun n'échangeait pas avec les autres participants. Néanmoins, les spectateurs encourageaient à peu près tout le monde et surtout, saluaient les duellistes lorsqu'ils les croisaient en dehors du terrain.

Ce n'était pas quelque chose d'habituel pour le Serpentard et cela l'avait rendu assez heureux. Il voulait profiter encore de cette euphorie, de cette joie, de cette reconnaissance et de cette fierté qu'il pouvait lire tout autour de lui. Rares étaient ceux à l'avoir déjà regardé comme ça. Alors Severus voulait gagner, se montrer fort aux yeux de Lily. Il voulait être digne d'elle.

Le brun pénétra sur le terrain et l'arbitre annonça le prochain combat. Hugo Leroy et lui se saluèrent. Severus pouvait sentir son assurance et sa détermination avec clarté. Il se sentait assez impressionné par son adversaire mais il ne devait pas abandonner. Il se rappela de la conversation que le groupe d'élèves de Poudlard avait eue plus tôt, ce que chacun désirait. Ils s'étaient encouragés mutuellement et s'étaient livrés au moins en partie. Severus repensa à son amie, Pamela. Celle-ci avait fait d'énormes progrès. Il savait qu'avant le tournoi, elle s'était sentie quelque peu illégitime d'y participer. En effet, la Serdaigle considérait qu'elle n'avait pas le niveau et pourtant, elle était toujours là. Snape était content pour elle car elle en avait besoin, surtout après ce qui lui était arrivé.

Il était difficile pour Pamela d'en parler et il voyait bien qu'elle ne désirait qu'une seule chose, passer à autre chose. En ce sens, Severus n'était pas sûr que la questionner à ce sujet soit une bonne idée. C'était comme un rappel constant. Il évitait également de lui demander à tout bout de champ si elle allait bien. Pamela ne voulait pas être traitée comme une petite chose fragile.

Severus avait fini par comprendre que Pamela avait subi une agression sexuelle même si elle n'avait rien dit explicitement. C'est ce qu'elle lui avait laissé deviner et c'était tout ce qu'il avait besoin de savoir.

Alors s'ils en parlaient, cela venait toujours de son amie quand celle-ci se sentait de le faire. Pamela ne parlait ainsi jamais de la nuit où c'était arrivé, mais s'exprimait sur autre chose. Severus savait donc que le responsable était toujours libre et que si les Aurors étaient à Poudlard, c'était pour enquêter. Malheureusement, Pamela tout comme lui avaient conscience qu'il y avait de grandes chances qu'on ne retrouve jamais l'auteur de l'agression. Les Aurors commençaient leur enquête seulement des mois après, y avait-il seulement des indices à trouver ?

Severus ne savait pas vraiment comment toutes ces choses fonctionnaient et il était heureux que Pamela ne se fasse pas trop d'illusion. Elle avait le regard tourné vers l'avant, se créait des objectifs. Et lui aussi.

Il devait surmonter la montagne qu'il avait en face de lui. Gagner, ne surtout pas se ridiculiser.

Hugo lança un premier sort et Severus fut incapable de bouger pendant un court instant. Il se protégea finalement puis attaqua aussitôt. Non, le tournoi et la foule ne le rendaient pas nerveux mais son adversaire, si. Le français lui mettait une telle pression… Le Serpentard avait toujours manqué de confiance en lui et à cet instant, il n'arrivait pas à croire à une possible victoire.

Le duel continua et le brun ressentit la différence avec ses précédents adversaires.

Severus évita un autre sort de peu, glissa dans la manœuvre et tenta de se relever rapidement. En face de lui, le français lui faisait face calmement, sa baguette dirigée vers lui. Il ne semblait pas vouloir attaquer tout de suite, ce qui laissait quelques instants de répit au Serpentard. Essoufflé, le jeune sorcier tira discrètement sur le bas de son pull. Il savait qu'il ne devait pas y penser, mais il s'était ridiculisé en chutant un peu plus tôt. Cela lui rappela ses joutes avec James et ce qui s'était passé il y a plusieurs mois. Cette humiliation ultime.

Pendant un instant, il confondit tout. Il eut l'impression que plus personne ne criait son nom dans le public ni ne l'encourageait. Les spectateurs devaient sentir qu'il n'avait aucune chance.

Soudain, les spectateurs n'étaient plus source d'amusement, de plaisir et de force mais d'angoisse. On allait se moquer de lui. Il avait un si grand nombre de regards braqués sur lui ! Il ne voulait pas que la seule chose qu'on retienne de son duel contre Hugo Leroy soit sa chute grotesque.

Severus avait été plein d'enthousiasme et d'espoir plus tôt, mais alors qu'il avait du mal à parer les coups du blond, il se rendait compte qu'il ne pouvait pas le battre. Il se sentait même ridicule d'y avoir cru. D'avoir espéré briller. La récompense ? L'argent pour fuir son père et réaliser ses rêves ? Jamais il ne l'obtiendrait ! Il serait toujours obligé de dépendre de quelqu'un, parce qu'il n'était personne et que le travail acharné n'était pas suffisant dans ce monde. Pas pour lui.

Il fallait également être chanceux, Snape le savait.

Et malheureusement, de la chance, il n'en avait jamais eu. La misère et la malchance avaient été des compagnes bien trop fidèles et ce depuis son plus jeune âge.

Ça avait commencé par sa mère malade qui était partie bien trop tôt. Ça avait continué avec son ivrogne de père, incapable de l'accepter, de l'aimer et de subvenir à ses besoins. Sa malchance s'était poursuivie avec ce physique peu avantageux dont mère nature l'avait gratifié.

Le Serpentard avait dû se blinder, se construire une carapace pour faire face à son père, aux moqueries et à la honte. La mine renfrognée, les longs cheveux qui cachaient son visage et les remarques acerbes avaient été des moyens de se protéger.

Alors oui, en quelque sorte, Snape était habitué à manquer de chance et il ne s'était pas attendu à en avoir plus lors du tournoi de duels. Pourtant, il en aurait cruellement eu besoin. Perdre contre Hugo Leroy était normal, presque logique. Le français était un des favoris du tournoi. Qu'un élève de Poudlard ne puisse pas le battre était tout ce qu'il y avait de plus ordinaire. Le blond connaissait plus de sorts, était plus aguerri et avait l'habitude des duels. Severus, lui, adorait ça mais n'avait pas eu beaucoup d'occasions de pratiquer.

Sans compter le fait que le français était incroyablement puissant. Snape s'en rendait bien compte. Alors non, il n'aurait pas pu le battre mais perdre au 3ème tour ou au 5ème ou même en demi-finale n'avait rien à voir. En trois victoires, il n'avait encore rien pu montrer. Cette situation le frustrait.

Hugo lui lança un autre sort et Severus se protégea d'un bouclier. A présent qu'il n'avait plus d'espoir, il mettait beaucoup moins d'énergie et de puissance dans ses sorts. Et cela, son ancien professeur particulier de duels le voyait bien.

Les deux sorts lancés à la suite eurent ainsi raison de Severus.

-Expelliarmus ! termina le blond.

Severus regarda sa baguette s'envoler sans rien pouvoir faire, avec simplement ce sentiment qu'il aurait au moins dû se battre jusqu'au bout. Il avait abandonné parce qu'il avait été incapable de croire en lui. Il quitta le terrain avec un grand sentiment de honte et l'impression de s'être humilié en public.

xXx

Lily venait juste d'apprendre pour la défaite de Severus grâce aux oiseaux en papier magique qui parcouraient continuellement les allées. Ils tenaient informés les spectateurs qui n'étaient pas en tribune des résultats et de l'avancée du tournoi. La nouvelle ne datait que de quelques minutes seulement et bientôt, Severus reviendrait sous la tente qu'ils partageaient tous. La Gryffondor ne pouvait qu'imaginer sa déception. Elle ne savait même pas ce qu'elle pourrait bien lui dire lorsqu'elle le verrait. Elle craignait d'être maladroite, pas assez compatissante ou alors de trop l'être et que cela passe pour de la pitié. De quoi avait besoin Severus à cet instant ? Elle l'ignorait. Le Serpentard n'était pas du genre à se confier et elle ne voulait pas avoir à deviner.

Les minutes s'écoulèrent ainsi mais le brun ne se montra pas et Remus et Pamela n'étaient pas encore revenus de leur promenade dans les allées aux abords du stade. Le temps continua à passer et il serait bientôt temps pour la rousse d'aller à son propre duel.

Elle comprit trop tard que Severus avait sans doute bien trop honte pour se montrer immédiatement devant elle. Il devait même être si déçu qu'il ne se sentait pas capable de l'encourager convenablement. Ou pire, il ne voulait pas la déranger avant son propre duel… Lily souffla et se promit d'aller le voir après. Elle ne supportait pas de le savoir malheureux.

Il y eut soudain du bruit à l'entrée de la tente et Lily imagina aussitôt que Severus revenait enfin. Elle en était heureuse car cela signifiait que le Serpentard changeait et se tournait un peu plus vers elle quand ça n'allait pas. Depuis que la rousse avait pris conscience de ses sentiments pour le Serpentard, elle essayait de lui faire comprendre qu'elle tenait énormément à lui et qu'il devait arrêter de se rabaisser.

Lily se tourna donc vers l'entrée de la tente, persuadée d'y trouver enfin le brun. Elle fut alors surprise d'apercevoir quelqu'un qui n'avait rien à faire là, la fille Carrow. Lily avait observé le tableau des duels et savait que si cette dernière gagnait son match, elle l'affronterait. Les deux jeunes femmes s'étaient déjà croisées le jour de la cérémonie d'ouverture du tournoi et Carrow lui avait jeté un regard dégoûté. Lily avait pu y lire tout le mépris qu'elle pouvait inspirer à la jeune femme.

Lily ne savait pas bien ce que la brune n'aimait pas chez elle. Elles ne s'étaient jamais vues ni parlées avant. Severus lui avait bien dit que les Carrow étaient des Sang-Pur qui haïssaient profondément les nés-moldus et moldus mais la Préfète-en-cheffe avait toujours du mal à le croire quand elle entendait ce genre de propos. Elle savait bien que ce genre de personnes existaient, comme les personnes racistes, homophobes, xénophobes et bien d'autres… Mais elle avait simplement pensé pendant trop longtemps que les sorciers étaient au-dessus de ça. Que le monde magique était, par bien des aspects, épargné par la bêtise humaine.

En réalité, les sorciers avaient les mêmes travers, les mêmes capacités à juger et à condamner même s'il s'agissait d'autres sujets. Les sorciers et les non-sorciers étaient pareils et quand ils le comprendraient, peut-être que le monde se porterait bien mieux.

-Bonjour, hésita Lily qui ne savait comment réagir face à l'apparition de la jeune Sang-Pur. Je crois que vous vous êtes trompée de tente, c'est celle reser-

-Je le sais bien, petite sotte, ne me prends pas pour une idiote, grimaça Carrow.

Lily observa la baguette de la sorcière, se demandant si elle pourrait s'en servir contre elle ici. Elles devraient s'affronter demain matin si tout se passait bien alors il était étrange que son adversaire vienne l'intimider dans sa tente, à l'abri des regards. Sans doute que Carrow la craignait bien plus qu'elle ne voulait bien l'avouer. Elle n'avait pas l'air stupide et savait qu'elle serait la risée de tous – dans son inconscient en tout cas – si elle perdait contre une née-moldue.

-J'ai entendu parler de toi par le psychomage Jedusor. Et même si ça me brûle la langue de le dire, tu n'es pas si pitoyable que ça.

Lily fronça les sourcils à la mention du psychomage de Poudlard. Elle se demandait bien dans quelle circonstance ces deux-là avaient pu être amenés à parler d'elle.

-Le plaisir de t'écraser n'en sera que plus grand.

-Tant mieux, je pense la même chose, sourit Lily qui n'avait pas l'intention de se faire intimider et insulter plus longtemps.

Elle tendit la main pour serrer celle de sa peut-être future adversaire, voulant tout de même lui montrer qu'elle espérait que leur duel serait quelque chose de respectueux. Cependant, la Gryffondor se doutait que Carrow devait probablement voir cette main tendue comme une offense et il était possible que Lily cherche à lui rendre la monnaie de sa pièce de cette manière. Lorsque la brune s'avança et lui serra la main en retour, elle en fut donc surprise mais ne se méfia pas. Elle ne vit pas venir la suite.

Carrow la bouscula violemment et Lily trébucha. Elle essaya de se retenir mais ne put se raccrocher à quoi que ce soit. Elle tomba alors lamentablement sur les fesses et entendit le bruit assourdissant de sa baguette qui craqua. Les yeux écarquillés, elle dévisagea la sorcière et ne vit qu'un sourire fou sur ses lèvres fines.

Elle mit ensuite aussitôt sa main dans sa poche, endroit dans lequel elle rangeait habituellement sa baguette. Elle était certaine de l'avoir entendu craquer mais elle espérait qu'elle ne soit pas cassée. Elle la prit immédiatement dans ses mains : elle était fissurée.

-Oups, rigola Carrow avant de sortir.

Lily ragea. Elle avait compris bien trop tard les intentions de la sorcière. Carrow ne voulait pas la combattre ni même la battre lors d'un duel, elle voulait simplement qu'elle disparaisse de sa vue et anéantir tous ses espoirs. En effet, le règlement était très clair : chaque participant devait concourir avec sa propre baguette en état de marche, ce qui n'était malheureusement plus son cas. Son prochain duel était très proche et elle n'aurait même pas le temps de la faire examiner.

xXx

Le premier jour du tournoi touchait à sa fin et du côté des quatre élèves de Poudlard, l'ambiance était moins joyeuse qu'au début. Severus avait été le premier à perdre. Son duel avec Hugo Leroy avait été trop bref pour lui permettre de se défendre convenablement. Néanmoins, il avait eu un beau parcours et avait impressionné les spectateurs. Si pour l'instant, le Serpentard ne pouvait pas le croire, ses amis eux en étaient bien conscients.

L'abandon forcé de Lily en avait énervé plus d'un et Severus avait nfin pu mettre sa propre déception de côté pour soutenir son amie. Lui au moins avait eu la chance de se battre, de montrer ce dont il était capable. Qu'il ait réussi ou non était de son fait.

Tout le monde avait été stupéfait et admiratif du comportement de la Gryffondor. Rien n'était de sa faute et pourtant, elle ne pouvait pas continuer. Elle n'avait pas perdu, même pas combattu. Elle ne pouvait tout simplement plus se battre. L'organisation du tournoi de duels était compliquée et aucun retard n'était admis. Les juges avaient refusé net qu'elle combatte avec sa baguette abîmée, Ollivander certifiant le fait que lancer des sorts avec pouvait être dangereux. Le fabricant de baguettes avait néanmoins proposé de la réparer, assurant que cela ne prendrait pas plus de deux heures, mais les juges et organisateurs avaient refusé.

Ils n'allaient pas prendre du retard dans ce tournoi prestigieux et tout décalé juste pour une née-moldue. Bien entendu, ils n'avaient pas prononcé ces mots et s'ils s'étaient montrés froids avec la rousse, jamais ils n'avaient été désobligeants. Mais à présent que Lily avait été confrontée de manière claire et violente au racisme de Carrow, elle se méfiait de tout.

La Préfète-en-cheffe avait laissé sa baguette à Ollivander pour qu'il la fasse réparer et avait pu comme convenu la récupérer plus tard dans la journée. Tout comme Severus, elle gardait un sentiment d'inachevé de cette journée.

Dans la course, ne restaient que le Poufsouffle Remus Lupin et la Serdaigle Pamela Alton.

-Ça veut dire que si je gagne mon prochain combat, je me battrais contre Carrow, réalisa la blonde.

-C'est ça, souffla Lily. Fais attention, elle est machiavélique. Et elle nous déteste.

-Nous ? répéta Alton.

-Les nés-moldus, soupira Lily.

-Carrow et sa famille sont des sorciers extrémistes. Certains ont même été arrêtés parce qu'ils avaient collaboré avec Grindelwald, chuchota Severus comme le sujet était encore sensible.

-Je me demande pourquoi ils laissent ce genre de personnes participer. Le tournoi devrait être un moment de fête, de célébration et de spectacle ! A la place, certains font des coups bas et ne cachent pas leur haine contre leurs propres compatriotes, se désola Remus.

-Tu es trop naïf, Remus. Tu devrais t'endurcir ou tu finiras comme moi.

Lily haussa les épaules, consciente de sa situation.

-Tu pense que tu peux gagner ? demanda Severus à la Serdaigle.

Pamela cligna plusieurs fois des yeux, prise au dépourvue. Pouvait-elle gagner ? Elle en doutait. Si son premier duel n'avait pas été difficile, tous les autres, elle les avait remportés de justesse. Elle se savait la moins douée des quatre mais pourtant, elle était encore en course aux côtés de Lupin pour la victoire finale. Quand elle y pensait, si Lily n'avait pas été forcée d'abandonner et qu'elle avait continué à gagner ses matchs, c'est elle qu'elle aurait dû affronter et là, Pamela aurait été certaine de perdre. Peut-être que ce serait également le cas contre cette Sang-Pur ? C'était une favorite après tout.

-Franchement, je ne sais pas… Je ferai de mon mieux et si je dois perdre, tant pis. Je veux profiter au maximum de ce tournoi et de ces vacances avant de retourner à Poudlard.

-Tu as raison, on a tellement de chance d'être là, sourit Remus.

-Profitons ensemble de cette belle aventure et gardons cette relation, même quand on reviendra à Poudlard, proposa Lily.

Tout le monde acquiesça.

Cette première journée de duels touchait donc à sa fin et il en restait encore deux avant que toute la Grande-Bretagne ne connaisse le nom du grand gagnant. La journée avait été riche en émotion et tout le monde était fatigué : il était temps pour eux de rentrer. Mais alors que les élèves de Poudlard quittaient leur tente, Pamela retint Lily : elle avait quelque chose d'important à lui dire. Quelque chose que Severus et Remus ne devaient pas entendre apparemment.

-Il faut que je te parle…

Pamela hésita et vit de suite l'inquiétude chez la Gryffondor.

-Il s'agit de Marlene et de la raison pour laquelle elle est à l'infirmerie.

-La raison ? répéta Lily. Elle n'a pas fait une mauvaise chute dans les escaliers ?

Pamela esquissa un sourire, reconnaissant là l'excuse plus ou moins grotesque pour ne pas dire la vérité. Elle ne savait pas si ce mensonge venait du directeur. De toute façon, elle n'était pas là pour trahir Marlene ni raconter ce qui lui était arrivé si elle ne le désirait pas. Elle tenait simplement à s'assurer que la Serdaigle serait bien entourée et que ses amies seraient là pour elle. Lily savait ce qui lui était arrivé et même si ça avait été étrange au début, le soutien discret de la rousse lui avait quand même fait plaisir.

-Pas vraiment, souffla-t-elle. Je ne peux malheureusement pas t'éclairer plus à ce sujet, je veux juste te dire qu'elle a besoin de toi, peu importe à quel point elle fait semblant d'être forte.

-Quoi ?

Lily était perdue.

-Qu'est-ce qui lui est arrivé ?! demanda-t-elle, brutalement alarmée.

-Je… Tu devrais lui écrire.

Lily acquiesça, déboussolée.

xXx

-Faut que tu t'accroches ! lança Sirius en jetant un caillou dans le petit lac à l'entrée de la grande allée des stands et des tentes montées pour l'évènement.

Le Gryffondor avait appris à faire des ricochets l'été précédent et ne se lassait pas de cette activité en apparence insignifiante. Depuis le diner et la nuit chez les Lupin, Sirius n'avait pas eu le temps de voir son petit-ami, chose qu'il regrettait énormément. Peu importe que cela ne fasse même pas deux jours ou que son absence soit logique… Remus n'était pas en vacances et participait à un événement extraordinaire, il devait concentrer tout son temps et son énergie à préparer ses prochains duels… S'il survivait encore aujourd'hui, demain, il serait en quart de finale. Ce serait stupéfiant, surtout si on prenait en compte le nombre de participants au premier jour.

Remus avait toujours été incroyable et Sirius se sentait chamboulé à chaque fois qu'il le regardait. Quand Remus lui souriait, il avait ce truc stupide que les gens appelaient « papillon dans le ventre ». Quand il rougissait, Sirius se sentait stupidement fier. Il se sentait beau sous le regard de son amant et être une belle personne, il avait l'impression d'y arriver avec le Poufsouffle.

Plus le temps passait, plus Sirius se rendait compte qu'il voulait le monopoliser. Il voulait passer tout son temps avec Remus, l'embrasser le matin lorsqu'il se levait et l'embrasser pour lui dire bonne nuit. Réviser avec lui pour les Aspics qui approchaient, voler sur son balai avec lui et tant d'autres choses encore. L'ainé des Black n'avait jamais eu conscience d'être possessif et peut-être un peu égoïste avant d'être amoureux. Il n'aimait pas particulièrement partager Remus avec Isabel et Peter, surtout parce que Pettigrow était stupide et le détestait… Mais il savait qu'il ne pouvait demander au Poufsouffle de choisir alors il devrait faire un effort à la rentrée.

Ça le dépitait déjà : il n'aimait pas faire semblant et surtout, ce n'était pas son genre de s'obliger à traîner avec quelqu'un qui le détestait. Les gens l'aimaient bien d'habitude, ou étaient jaloux. D'ailleurs, il était certain que Pettigrow l'enviait beaucoup. Un rageux, tout simplement.

Encore une fois, il se demanda ce que son Moony pouvait bien lui trouver. Sirius arrêta alors de lancer ses pierres et observa Remus assis par terre. Il observait l'horizon, apaisé malgré son duel qui s'annonçait bientôt.

Remus dut sentir son regard sur lui car il le regarda et haussa un sourcil.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Rien, mentit Sirius.

Il vint s'asseoir près de lui et colla son épaule contre la sienne.

-Je suis sûr que tu vas gagner.

-Tu n'es pas objectif, rigola le Poufsouffle. Je suis juste le plus chanceux.

-N'importe quoi, tu es très fort ! La preuve, tu es à trois victoires de la finale.

-Je…

Remus se gratta la nuque, pas très à l'aise avec les compliments du Gryffondor. Sirius passa alors sa main dans ses cheveux, appréciant leur longueur et leur douceur.

-Je ne dis pas que je suis nul mais il faut aussi être réaliste, j'ai été celui qui a été le plus avantagé lors du tirage au sort, lui fit remarquer Remus.

Voyant que Sirius allait répliquer, le châtain le fit taire en mettant son index sur les lèvres de son copain.

-C'est la vérité. Severus est tombé très tôt sur un des favoris et Lily aussi. En plus de ça, elle a été victime d'un coup très bas. Pamela s'accroche mais elle tombera plus tôt que moi sur la favorite que devait affronter Lily.

Pour toute réponse, Sirius embrassa le doigt de Remus qui rougit et l'enleva. Cela fit sourire le brun.

-T'as eu de la chance, okay, mais y' a pas que les favoris qui sont forts ou alors ça sert à rien de faire un tournoi. Non, t'as battu de bons adversaires et tu es doué. Alton est aussi encore en course, mais franchement je pense pas qu'elle ira plus loin. Elle gagnera pas contre Carrow. Autant qu'elle s'économise et perde vite contre son adversaire.

-Tu n'en sais rien, elle pour-

-Oh, s'il te plait, Remus, y a des limites au pouvoir de l'amour et de l'amitié des blaireaux ! rigola l'aîné des Black.

Remus rigola aussi mais se cacha à la vue de son petit-ami.

-Tu dis n'importe quoi. D'ailleurs, en parlant de Pamela, il va falloir qu'on bouge si on veut voir son duel.

-Mais non ! protesta Sirius.

Il passa ses bras autour du bassin de Moony pour l'empêcher de bouger avant de l'allonger dans l'herbe et de se positionner à ses côtés.

-On est bien là. En plus, elle va perdre, je te dis.

-Tu n'es pas sympa…

-Je m'en fiche. Je veux juste profiter encore un peu de toi avant de devoir te laisser. Tu me manques tellement…

Sirius vit Remus sourire tendrement et ils se mirent de profil, s'observant en silence avant de joindre leurs lèvres. Des pas se faisaient entendre au loin, signe que des gens se promenaient dans cette zone et habituellement, il n'y avait jamais grand monde près du lac, c'était donc parfait pour un moment d'intimité entre couples. Malheureusement, d'autres gens semblaient également vouloir s'éloigner de la foule et du bruit et si les deux amoureux ne s'éloignaient pas maintenant, ils seraient découverts. Mais à cet instant, autant Sirius que Remus ne semblaient s'en préoccuper. Et puis, il y avait tellement de monde, il y avait peu de chances que ces gens les connaissent…

-Remus ?

Le Poufsouffle repoussa Sirius pour se rasseoir et le Gryffondor fit de même, grognant intérieurement. Mais c'était quoi ça ? Les gens voyaient qu'ils étaient occupés et venaient quand même les déranger ? Il n'avait jamais vu deux mecs s'embrasser ou quoi ? Probablement, se fit-il ensuite la réflexion. Il observa alors l'homme qui venait de les interrompre en ne cachant pas son mécontentement mais au moins, ce n'était pas Lucius Malfoy.

Un homme roux.

-Arth…Ar-, bredouilla Remus. Arthur !

Il se leva et Sirius l'imita car il ne voulait pas être le seul encore assis.

-Je suis content de tomber sur toi, un des petits héros de ce tournoi ! le salua Arthur.

-Oh, vraiment ?

Remus avait l'air stupidement heureux et Sirius resta en retrait. Personne ne faisait attention à lui. Ni cet homme, ni Moony.

-Bien sûr ! Je voulais te féliciter ! Tu es déjà arrivé loin mais je suis sûr que tu as prévu de nous surprendre et de nous éblouir en poursuivant sur ta lancée !

-Je ferai de mon mieux, rigola le Poufsouffle.

-Ça te ressemble bien, toujours aussi modeste.

Sirius glissa les mains dans ses poches, les observant et les écoutant parler de la famille de cet Arthur. Il apprit donc qu'il s'agissait d'Arthur Weasley, un ami de la famille. Il semblait travailler avec le père du Poufsouffle. Alors qu'ils continuaient tous les deux de parler et que la gêne de Remus était de plus en plus perceptible, Sirius se souvint de cette discussion qu'ils avaient eu dans la bibliothèque.

C'était à l'époque où Remus s'échinait à faire en sorte que Sirius laisse Peter Pettigrow tranquille. Sirius, qui avait fini par apprendre pour le statut du châtain, avait alors voulu en apprendre davantage sur son histoire. C'était là que Remus avait commencé brièvement à lui parler de cet ami de son père. Celui par lequel il avait obtenu, en le dupant plus ou moins, le procédé pour devenir un Animagus. Il avait ensuite continuer à l'évoquer lors de sa découverte de la cabane hurlante.

Sirius savait ainsi que cette personne comptait pour le châtain mais il n'était pas tout à fait sûr qu'il s'agisse bien de celle avec qui il discutait à présent. Mais il en était quasiment sûr. Ils parlèrent ensuite quelques instants de Molly, la femme enceinte d'Arthur, et d'autres choses insignifiantes qui ennuyèrent le Gryffondor.

Cette conversation était étrange. Ils semblaient proches, connaissant des choses sur l'un et l'autre, mais gênés de se faire face, pas tout à fait habitués. Un moment, ils n'eurent plus rien à se dire et Arthur sembla alors enfin remarquer sa présence car son regard croisa celui de Sirius.

Le Gryffondor fut amer de constater qu'Arthur n'avait eu d'yeux que pour son petit-ami, qu'il avait été insignifiant pour eux durant de longues minutes. Et quand enfin on le remarqua, il n'eut droit qu'à un hochement de tête.

-Bon, je vais vous laisser, s'excusa Arthur, soudain pressé de partir.

Sirius se rappela qu'il les avait croisés par hasard. Il était probablement réellement attendu ailleurs. L'aîné des Black observa alors un instant Remus avant de contempler l'herbe puis le lac. Il avait su immédiatement en voyant le regard de Moony l'étendue des sentiments qu'il avait eu pour cet homme et que peut-être, il en avait encore.

Bien entendu il y avait de l'admiration aussi et il se souvenait assez précisément des mots de Remus à ce sujet. Cet Arthur avait parfois su le comprendre mieux que ses parents et l'avait poussé à faire de son mieux pour pouvoir l'impressionner. Remus n'avait jamais admis avoir des sentiments pour l'adulte mais Sirius en était certain aujourd'hui. Le brun avait conscience qu'il prenait les choses trop à cœur en les regardant mais il se souvenait aussi comme sa relation avec Remus avait eu du mal à débuter. Ils s'étaient fait du mal et entre eux, tout était nouveau et fragile.

Sirius décida ainsi que cet homme qui s'était arrêté exprès pour saluer le Poufsouffle, il ne l'aimait pas. La colère s'empara ensuite de lui à la pensée que c'était sans doute avec Arthur que Remus avait appris à embrasser, à séduire, à charmer et à procurer toute sorte de plaisir à d'autres hommes.

-Je suis désolé, fit Remus et pendant un instant, Sirius crut qu'il s'excusait parce que c'était vrai. Qu'il avait réellement eu une histoire avec Weasley et qu'il l'aimait encore. J'ai été tellement surpris qu'il nous voit que j'étais nerveux et je n'ai pas pensé à te le présenter. Je devais avoir l'air ridicule, soupira-t-il. C'est juste que je n'ai pas encore l'habitude d'être avec quelqu'un que j'aime sans avoir besoin de me cacher…

Remus sourit avant de s'avancer pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres et Sirius aurait aimé que ce soit suffisant pour le rassurer. Ce ne fut malheureusement pas le cas.

xXx

Alors que Lily était assise dans les gradins entourant l'arène de duels, elle repensa à la lettre que Marlene lui avait envoyée la veille. Entendre les propos de la Serdaigle l'avait fait s'inquiéter pour son amie. Celle-ci, devant son insistance, lui avait avoué qu'elle avait été attaquée mais qu'elle n'avait pas subi d'agression sexuelle. Qu'elle était touchée par la sollicitude de Pamela mais que celle-ci faisait fausse route à son sujet. Qu'elle avait probablement projeté sa propre douleur sur son histoire. La Serdaigle ne s'était pas vraiment épanchée mais au moins, Lily avait pu avoir des réponses suffisantes.

La Gryffondor avait alors compris assez facilement que le discours que lui avait tenu la blonde pour parler de Marlene était surtout pour elle-même. Lily avait eu si peur un instant. Ce qui était arrivé à Marlene était grave et effrayant mais savoir qu'elle avait échappé au sort qu'avait subi la blonde la soulageait…

La Gryffondor se souvenait encore parfaitement du visage et de la détresse de la blonde lorsqu'elle l'avait trouvée meurtrie dans les couloirs du château. Subir un viol était quelque chose de dévastateur, quelque chose qui vous faisait autant vous détester vous que celui qui vous avait agressé.

Elle ne souhaitait ça à personne.

J'aurais dû me défendre bien plus.

Je n'ai pas été assez claire dans mes intentions.

C'est ma faute, je l'ai séduit alors qu'au final, je n'étais pas prête.

Ma tenue sexy lui a donné de fausses idées.

Quelle idée de traîner seule la nuit.

Tout était réuni pour que ça m'arrive, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

C'était des mots qui tournaient dans la tête des victimes parce que c'est ce que quelques-uns, parce qu'ils parlaient trop fort et n'avaient aucun respect ni connaissances, répétaient sans même penser à la souffrance qu'un viol pouvait déclencher. Il y avait aussi toutes ces personnes qui n'osaient pas dire non par peur, mais aussi pour ne pas offenser ou perdre son compagnon.

Lily avait elle-même été tentée d'accepter de nombreuses fois de coucher avec James. Pour ne pas le perdre, parce qu'elle se trouvait bizarre de ne pas vouloir coucher avec son copain. Qu'il pouvait tout aussi bien se lasser d'elle ou aller voir ailleurs… Mais il l'avait toujours rassurée et assurée qu'il attendrait et que ce n'était pas grave. Ça lui avait fait plaisir et puis au final, elle avait pris ça pour acquis, comprenant même que c'était normal. Et ça aurait dû l'être. Le sexe, faire l'amour, ça ne marchait que si les deux en avaient envie.

Mais avec ce qui était arrivé à Pamela, elle avait compris que la réaction et la compréhension de James n'étaient pas quelque chose d'inné ou de normal pour tout le monde.

En se plongeant dans ses souvenirs, elle pouvait même se souvenir des mots que les élèves utilisaient pour qualifier Alton. Elle-même en avait pensé certains et elle s'en voulait aujourd'hui.

Fille facile.

Volage.

Séductrice.

Traînée…

Et à chaque fois qu'elle y pensait, l'image de Pamela détruite se rappelait à elle. Lily avait dû aller voir Jedusor une ou deux fois pour s'enlever ce sentiment de culpabilité. Puis elle avait fait des recherches, se documentant dans des livres et lisant des témoignages encore trop rares dans les journaux moldus.

A sa grande surprise, elle n'avait pas trouvé d'informations du tout dans les documents sorciers. En étudiant les coutumes sorcières et les traditions des mariages arrangés, elle avait compris que c'était une telle honte que c'était au mieux tu, au pire caché comme une vilaine tare. Une femme bafouée perdait tout. Cela l'avait rendue folle : on aurait dit des principes d'un autre temps. La culture sorcière pouvait parfois être si vieux jeu, très en retard par rapport à l'évolution moldue…

La venue à Poudlard des autorités compétentes l'avaient rassuré même si elle ne savait pas s'ils seraient toujours là à la rentrée. Auraient-ils enfin trouvé le coupable à ce moment-là ? Car même si heureusement, Marlene n'avait pas subi d'agression sexuelle, il n'en restait pas moins que quelqu'un faisait du mal aux élèves et que la prochaine fois, s'il y en avait une, cela pouvait être pire encore. Quoi que soit ce pire.

Quel genre de personne était capable d'ainsi forcer une fille à avoir des relations sexuelles ? Comment pouvait-on même ressentir du désir alors qu'une personne n'était pas consentante et souffrait ? Utiliser sa vulnérabilité ou sa faiblesse pour un plaisir éphémère. Seul un être abject pouvait faire ça.

Elle soupira, ayant hâte tout comme Alton que cette histoire soit derrière elles. Que Poudlard devienne de nouveau plus sûr pour tout le monde.

La rousse observa les gradins se remplir pour le duel d'Alton contre Carrow. Elle vit James au loin qui montait les marches pour la retrouver et se leva pour qu'il puisse la repérer plus facilement. Elle lui sourit ensuite quand il s'installa à côté d'elle.

-Salut, Lily, je suis content que tu aies accepté de me voir.

-Salut, répondit-elle en souriant.

-C'est dommage que tu aies dû abandonner, surtout à cause de cette tricheuse de Carrow ! s'emporta James.

-C'est comme ça.

-Tu le prends trop bien, bougonna-t-il.

-C'est parce que j'ai eu toute la soirée d'hier pour m'y faire !

Elle haussa les épaules, fataliste.

-J'espère que Pamela pourra me venger. Ce serait bien que Carrow perde contre les nés-moldus qu'elle dénigre tant.

-Mouais…

James ne semblait pas vraiment y croire.

-Enfin, c'est cool qu'on puisse se voir, fit-il, maladroit.

Lily l'observa, remarquant enfin sa nervosité. Elle se rappela alors que lorsqu'ils s'étaient quittés, elle avait été très en colère contre lui et que de ce fait, ils n'étaient plus en bons termes. Ça avait quand même évolué dans le bon sens depuis. Mais sans doute James faisait-il toujours attention de peur de la vexer ou de l'énerver.

-Détends-toi, James, je ne t'en veux plus, le rassura-t-elle. J'aimerais bien qu'on redevienne amis, toi et moi. Nous sommes passés à autre chose après tout, n'est-ce pas ?

-Oui, répondit-il, et elle espérait que ce soit vrai.

Il avait l'air sincère même si elle n'avait aucun moyen de le vérifier.

-Et puis, tu sors avec Snape maintenant, félicitations.

-Tu…tu le penses vraiment ?

Il soupira, pas vraiment emballé.

-On n'est plus ensemble, tu fais bien ce que tu veux. Je n'ai pas à accepter que tu sortes avec telle ou telle personne. Tu fais ta vie et je fais de même, approuva-t-il finalement dans un sourire.

Lily observa James. Lui qui l'avait embêté pendant des mois avec Severus prenait la nouvelle comme un adulte. Il semblait s'être enfin débarrassé de cette immaturité dont elle s'était souvent plainte.

-Tu as le droit de me dire ce que tu penses. Je sais que ce n'est pas facile pour toi, que ça ne te fait pas vraiment plaisir.

-Ouais, c'est le moins qu'on puisse dire… mais je sais que Severus t'aime sincèrement. Tu te souviens, je te le disais déjà en 6ème année, plaisanta-t-il. En fait, je suis persuadé qu'il t'a toujours aimé et c'est pour ça que je sais qu'il te rendra heureuse aussi longtemps que tu le lui permettras. Tu es heureuse avec lui, n'est-ce pas ? lui demanda-t-il, subitement inquiet.

-Oui, avoua Lily.

Elle s'abstint de lui dire qu'elle l'avait également été avec lui. James passait enfin à autre chose, il ne servait à rien de ressasser leur bonheur perdu.

Les duellistes prirent soudain place sur le terrain et alors que le duel commençait, Lily posa sa main sur le genou de son ami retrouvé.

La Préfète-en-cheffe grimaça ensuite en entendant tous les encouragements pour Carrow. C'était une sorcière brillante et puissante, Lily devait bien le reconnaître, mais elle ne l'appréciait pas. Un instant, elle se demanda pourquoi la Sang-pur n'avait pas utilisé le même stratagème contre Alton que celui qu'elle avait utilisé sur elle pour l'évincer du tournoi. Sans doute parce que ce qui avait marché une fois ne fonctionnerait pas deux fois de suite ? Elle observa alors la Serdaigle en espérant que celle-ci puisse avoir un duel sans regret.

Carrow se montra tout de suite très agressive, multipliant les attaques et Lily se rappela que Hugo Leroy avait utilisé une tactique similaire contre Pamela lors des premiers jours d'entraînement. La Serdaigle n'avait fait que se défendre et avait fini par perdre, épuisée. Répèterait-elle les mêmes erreurs ou adopterait-elle une autre tactique aujourd'hui ?

Pour l'instant, Pamela semblait garder son sang-froid et elle courut pour échapper aux sorts. Elle trébucha pourtant, probablement sous la fatigue, puis se protégea d'un bouclier qui éclata aussitôt le sort paré. Elle lança ensuite un sort de foudre qui perturba Carrow. Malheureusement, le sort manquait de force et ne réussit qu'à la blesser à l'épaule. La Sang-Pur répliqua avec un autre sort et cette fois-ci, Pamela ne chercha pas à se protéger. Elle était certainement épuisée par ce combat mais aussi par ceux qu'elle avait enchaînés les jours précédents. Ce duel ne pouvait pas durer, sinon elle perdrait.

-Elle joue le tout pour le tout, souffla Lily, admirative.

C'était courageux et culotté. Elle n'était pas sûre qu'elle aurait adopté une tactique si osée.

Les deux sorts lancés quasi simultanément se heurtèrent de plein fouet et provoquèrent l'enthousiasme des spectateurs. Lily serra les poings d'appréhension jusqu'à ce que le sort de la Serdaigle faiblisse et qu'elle soit envoyée hors du terrain, sonnée.

Pamela avait perdu mais elle avait donné son maximum. Impossible d'avoir de quelconques regrets.

xXx

La journée filait vite. Le Poufsouffle ne voyait pas le temps passer et savait qu'avant qu'il ne s'en rende compte, le grand tournoi de duels serait fini. Il était donc heureux d'avoir pu partager un moment avec sa meilleure amie. Isabel n'avait pas pu rester longtemps, Remus devant se concentrer pour la suite, et elle était venue seule. Aucun des deux amis n'avaient parlé de Peter mais son absence avait semblé étrange. Remus savait que Peter était présent à l'évènement car personne ne le ratait et Peter l'adorait. Remus était de toute façon toujours fâché contre lui et ne savait pas ce qu'il allait advenir de son amitié avec le Gryffondor.

Il n'avait d'ailleurs pas le temps de s'y pencher maintenant et il lui faudrait réfléchir sérieusement à ce qu'il désirait plus tard. Était-il prêt à perdre Peter ? Était-il prêt à lui pardonner sa trahison ? C'était les deux questions auxquelles il devrait répondre.

A présent seul dans la tente, Remus avait un sentiment bizarre. Il avait atteint les quarts de finale et l'angoisse commençait à le rattraper. Il avait vu le combat d'Alton la veille et il savait que la même chose l'attendait. Il était épuisé et s'il était tout de même plus endurant que la jeune femme, il arrivait néanmoins au bout de ses forces.

Maugrey était passé la veille pour discuter de quelque chose avec son père et Remus n'avait pas osé demander s'il s'agissait encore de Greyback, ni même si les Aurors le cherchaient encore activement. Il ne voulait pas se perturber avant un affrontement si important. Avant de partir, le sorcier ronchon avait discuté un peu avec lui, pointant ses défauts pour qu'il puisse s'améliorer et avoir une chance contre Lucius Malfoy.

Remus savait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur. Le tournoi de duels était un événement prestigieux auquel tout le monde n'avait pas accès. Il fallait avoir des relations, une bonne réputation ou être issu d'une bonne famille si on ne pouvait se démarquer par ses actions. Leur professeur particulier, qui était pourtant très fort, avait ainsi dû bénéficier de l'appui d'Albus Dumbledore pour le tournoi. Lucius Malfoy ou encore Carrow avaient leurs noms pour eux, et leurs richesses. Remus n'était personne et n'avait certainement pas les moyens de graisser la patte de qui que ce soit.

L'année prochaine, même s'il le désirait, il ne pourrait probablement pas participer. Il avait beau avoir atteint les quarts de finale, il n'avait encore vaincu aucun sorcier ou sorcière de renom. S'il voulait attirer l'attention, faire monter sa côte, il devrait battre Lucius Malfoy. Quelle tragédie que cela arrive alors qu'il s'en sentait le moins capable…

Il souffla et essaya de calmer les tremblements de ses mains. Il se sentait si nerveux !

-Lupin ?

Remus cacha ses mains et se tourna vers la personne qui venait d'entrer dans la tente. Il s'agissait de Marlene McKinnon. Décidément, il n'avait droit qu'à des rencontres improbables.

-Bonjour, Marlene…

-Est-ce que je peux te parler ?

-C'est à dire que j'ai mon duel qui commence dans pas longtemps…

-Je ne serai pas longue, je te le promets. J'ai vraiment besoin de te parler.

Remus n'en avait pas vraiment envie mais n'osa pas lui dire non. McKinnon semblait vraiment perturbée alors il hocha la tête et l'invita à s'asseoir sur la chaise devant lui.

-De quoi veux-tu me parler ?

-De ce qu'il s'est passé… cette nuit-là.

-Ah.

Remus ne sut quoi dire. Il se gratta la tête, ne comprenant pas pourquoi Marlene voulait en discuter avec lui. Il avait pourtant cru que tout avait déjà été dit.

-Je ne sais pas quoi faire, cette histoire me bouffe et je… Je ne sais pas, je voulais juste me confier, déclara-t-elle brusquement.

-A moi ? s'étonna-t-il.

-A qui d'autre ? Tu es gentil, j'ai cru que tu m'écouterais…

-C'est ça, ta logique ? lui fit remarquer Remus, sidéré. Mais que je sois gentil ou non, je refuse de t'écouter ! s'énerva-t-il ensuite. Tu as menacé de me dénoncer Marlene !

-Je ne l'aurais jamais fait.

Elle essaya d'attraper ses mains mais Remus se déroba, mal à l'aise.

-Peu importe, je ne peux pas t'écouter te plaindre et faire comme si j'acceptais tout ça, c'est bien trop grave ! Tu as fait libérer des prisonniers… Et même si tu n'as pas personnellement libéré Greyback, en quelque sorte, tu as quand même facilité sa fuite !

-Je ne le voulais pas, tenta-t-elle, perdue.

-Mais tu l'as quand même fait. Tu ne sais pas combien il est dangereux ? Maintenant, il est dehors et ma famille est en danger ! Chaque petite fille et petit garçon est en danger. Et oui, car vois-tu, ses victimes, il les aime jeunes et vulnérables !

Il y eut des trémolos dans sa voix que Marlene ne manqua pas.

-Je voulais simplement aider mon frère…

-Eh bien, tu as fait n'importe quoi !

Marlene ferma les yeux comme pour retenir ses larmes.

-Je pensais que toi, tu pourrais me comprendre… J'ai eu tort. Tu peux me juger, c'est facile dans ta situation. Mais tout le monde fait des erreurs. Un jour, on est désespéré et on fait des choix qui nous révulsent parce qu'on ne voit pas d'autre solution. Ça ne fait pas de nous des mauvaises personnes. J'espère que tu te rappelleras de ça quand toi aussi, tu basculeras. Parce que personne n'est parfait, Remus Lupin.

Elle renifla et se leva avant de sortir précipitamment de la tente. Cette vision attrista Remus mais il ne pouvait se permettre de compatir pour la Serdaigle. Elle avait fait quelque chose d'horrible, c'était normal de lui en vouloir. Lui avait une morale, jamais il ne ferait quelque chose de répréhensible. Et puis, elle se permettait de venir alors qu'il avait un duel important à livrer tout simplement pour soulager sa conscience ! Si elle désirait réellement son pardon, elle n'aurait pas pu s'y prendre plus mal !

Frustré, il récupéra sa baguette. Il était temps qu'il aille livrer son duel contre l'héritier de la famille Malfoy.

Sur le trajet, il essaya de ne penser à rien d'autre qu'à son duel mais malgré lui, son esprit était pollué par la discussion qu'il venait d'avoir avec la Serdaigle. Par Greyback et son traumatisme d'enfance, sa famille en danger. Il pensa également au tournoi, à la pression qu'il avait s'il ne réussissait pas.

Sa main droite tremblait toujours un peu lorsqu'il fit face à Lucius Malfoy. Heureusement, le blond ne sembla pas le remarquer. Remus se mit en garde, souffla un grand coup et ferma son esprit à tout ce qui le dérangeait pour donner son maximum.

-Brachialigo ! cria-t-il

-Protego, para habilement Lucius.

-Avis, continua le Poufsouffle.

Il vit Lucius froncer les sourcils puis sourire en invoquant un épais brouillard. Il voulait diminuer la visibilité de son adversaire pour se donner une chance.

Remus bougea un peu puis attendit. Sirius lui avait parlé de l'époux de sa cousine Narcissa. Grâce à ses informations, il savait que Luicius refusait de perdre face à un 7ème année de Poudlard, un Poufsouffle d'autant plus. Il se montrerait impatient, le sous-estimerait et ferait tout pour expédier le combat, afin de montrer qu'il lui était supérieur.

Le blond lança bientôt des sorts d'explosion pour éloigner les petits oiseaux et dissiper le brouillard. Remus ne bougea pas et observa d'où partaient les sorts. Il sourit quand il ne fit aucun doute que tous les sorts venaient du même endroit. Malfoy avait plus d'expérience et d'énergie que lui. Si Remus avait mené 4 duels la veille, Lucius n'en avait mené que 2 et avait déjà été exempté d'un le premier jour. Il était étrange de voir comme ses adversaires se décidaient à abandonner face à lui. De quoi lui faire économiser du temps et de l'énergie, tout ce que n'avait pas Remus malheureusement.

La veille, Sirius lui avait dit pour plaisanter que Lucius avait certainement payé ses adversaires pour qu'ils abandonnent. L'argent n'était pas un problème pour lui et éviter le maximum de combats était une manière rapide de se rapprocher de son but, de l'ultime victoire. C'était également une stratégie comme une autre d'avancer dans ce tournoi compliqué.

Remus continua de s'approcher du blond, prêt à lancer de nouveau l'offensive.

-Bombarda !

Il manqua Lucius de peu, mais l'explosion parvint tout de même à envoyer l'adulte à terre.

-Experlliarmus ! continua-t-il.

Il reçut en retour un jet d'eau qui le fit reculer de quelques pas.

Son attaque n'avait malheureusement pas porté. Il ouvrit avec peine les yeux pour voir Lucius se relever et trébucher. Le brouillard se dissipait petit à petit mais il sembla à Remus que la main du blond venait de toucher la terre en dehors du terrain. Cette faute aurait dû le disqualifier mais avec le brouillard, les juges l'avaient-ils vue ? Il resta focalisé sur ce qu'il venait de se passer trop longtemps et réagit avec un instant de retard à la contre-attaque de Lucius. Bientôt, sa baguette fut projetée au loin et Remus l'observa, dépité. Il avait perdu sa concentration.

Il venait de perdre par manque d'inattention. Mais peut-être était-ce pour le mieux. Il se sentait trop épuisé de toute façon. Il se releva difficilement et salua Lucius qui lui accorda au moins une poignée de main.

En quittant le terrain, Remus se mit même à douter que Malfoy soit vraiment sorti du terrain. Il était fatigué et ce grand tournoi se finissait ici pour lui.

xXx

A la défaite de Remus, James eut une espèce d'accro dans sa respiration : il semblait tomber des nues. Alors que le Poufsouffle quittait le terrain et que le présentateur du tournoi annonçait la suite, le cerveau de James se mit à tourner à plein régime.

-Par Merlin, Moony a perdu ! se désola-t-il. Mince alors, qu'est-ce qu'on va lui dire ?!

-Pourquoi est-ce que tu t'affoles comme ça ? s'agaça Severus.

-Parce qu'il doit être hyper déçu et que j'ai peur de gaffer ! Le pauvre, il y croyait tellement !

-Sois tranquille, tu as été très bien avec nous jusqu'à présent, tu n'as qu'à faire pareil, relativisa Lily.

-Ouais mais contrairement à vous, je pensais qu'il irait plus loin encore ! Enfin, je ne te compte pas Lily, ajouta-t-il devant son regard noir.

James soupira, sachant qu'il avait encore une fois raté une occasion de se taire.

Pour soutenir leur ami et regarder les derniers duels du jour, le groupe d'amis et d'anciens participants avait décidé de se réunir. Chacun d'eux avait donné son maximum pour que leurs voix pleines d'espoir parviennent jusqu'au Poufsouffle et James était déçu que cela se termine si tôt. Même si pour une première participation, les élèves choisis pour le tournoi étaient allés plus loin que ce que les gens avaient pu penser. Ils avaient fait honneur à Poudlard.

A présent qu'il n'avait plus personne à encourager, James comptait se rabattre sur Hugo Leroy, le seul qu'il connaissait et qu'il appréciait un minimum. Il n'avait aucune envie que l'un des Carrow ou encore Lucius Malfoy rafle la victoire. Le français avait d'ailleurs une fois de plus laissé son familier à Regulus et cette fois-ci, James avait pu prendre brièvement le petit oiseau dans ses mains. Elle était toute douce et lui avait laissé une sensation très agréable au toucher.

Curieux, le Gryffondor en avait également profité pour interroger le professeur particulier. A combien estimait-il ses chances de gagner et surtout vers quoi se porterait son choix si jamais il était amené à gagner ? Leroy avait juste ri avant de filer se préparer. James n'avait pas insisté, le match de son ami allant commencer.

Le Gryffondor fit la moue en repensant à la fin du match du Poufsouffle. Mais il s'agissait de Remus, il devait déjà être suffisamment content d'être arrivé jusque-là et effectivement, il n'avait pas à rougir de son parcours.

-C'était un beau duel, tu dois être dégouté que Malfoy ait gagné ? lança James à Sirius.

Il savait tout le bien que le brun pensait du blond ! N'obtenant aucune réponse, le Gryffondor jeta cependant un coup d'œil à son ami.

-Hé, Sirius, t'es avec nous ?

Cette fois-ci tout le monde observa le brun.

-Quoi ?

James n'eut pas le temps de se répéter car Remus les rejoignit enfin. Il s'installa à côté de Regulus qui s'empressa alors de recueillir ses impressions sur le tournoi en général. Les autres membres le félicitèrent et Remus, bon perdant, garda le sourire. Le tournoi de duels était fatigant et il ne désirait à présent que continuer à regarder la fin du tournoi en toute tranquillité. Mais si tout le monde s'était désintéressé de Sirius et de son air préoccupé, James continuait à l'observer. Le brun n'avait pas arrêté de l'embêter avec Remus et du fait que le Poufsouffle lui manquait et là, il le calculait à peine ?

C'était étrange. Il y avait forcément un problème. Malheureusement, ce n'était pas quelque chose dont il pouvait discuter ici.

-Je crois qu'il va me falloir des jours pour me remettre de la fatigue accumulée, se plaignit Remus.

-Pareil, sourit Pamela.

-Leroy nous avait prévenus mais je ne pensais tout de même pas que ce serait aussi éreintant, marmonna Severus.

Lily, Pamela et Remus acquiescèrent.

Le groupe d'amis continua de discuter, appréciant les duels suivants et commentant les actions. L'euphorie monta d'un coup quand le nom des finalistes furent énoncés.

-Oh, on dirait que Mimie réagit au nom de son maître ! C'est mignon ! constata Regulus.

James pouffa.

-Moi, c'est le nom Mimie qui sort de ta bouche que je trouve mignon. Ça fait tellement improbable !

-C'est vrai que c'est un nom mignon, commenta Lily.

-Quand on sait en quoi ce familier peut se changer, on ne pense pas à ce genre de qualificatif, grommela Severus.

Entendre Severus parler de ça rappela alors quelque chose à James.

-Hé, Sirius, il faut que je te dise quelque chose ! Mimie a craché sur ton frère, c'était trop drôle !

Enfin, James réussit à capter l'intérêt de son ami mais Regulus l'engueula, lui interdisant de parler de s'étendre.

-Calmez-vous, la finale va commencer, leur intima alors Pamela.

Et comme par magie, l'attention de tout le monde se focalisa sur le dernier duel, celui qui allait décider de celui ou de celle qui se tiendrait en dernier sur le terrain d'affrontement.

xXx

Jedusor était heureux d'avoir au moins pu assister à la finale qui s'était terminée quelques minutes plus tôt. Celle-ci avait opposé un certain Hugo Leroy à la fille Carrow. Le tournoi, de par ses nombreuses surprises et son casting d'exception, avait bien marché et les spectateurs avaient été plus nombreux que jamais. Le psychomage aurait aimé en voir plus. Malheureusement, il avait été retenu ailleurs.

Sa formation avait été très intéressante même si elle s'était avérée trop longue et l'avait forcé à être absent bien longtemps. Il avait également dû s'absenter un peu plus longtemps que prévu pour voir un ami de longue date, pour discuter du projet qu'il avait pour Poudlard, ou plutôt pour Albus Dumbledore. Il était temps que les personnes qu'il avait faites s'évader de Poudlard entrent en scène. Il venait de terminer ses préparatifs et avait pu obtenir le dernier soutien dont il avait besoin avant de se lancer officiellement dans la politique.

Plus bas, la foule continuait à acclamer le jeune vainqueur. C'était la première fois qu'un étranger gagnait ce tournoi. Jedusor n'avait aucune idée de qui était cet homme. Il ne s'était jamais vraiment intéressé à la France. La cérémonie touchait à sa fin mais la fête semblait tout juste commencer.

Le psychomage observa le directeur de Poudlard prendre affectueusement Hugo Leroy dans ses bras. Le français venait de gagner après un duel acharné contre Carrow. C'était une belle victoire. Jedusor connaissait la jeune femme et savait combien elle était dégoutée d'avoir perdu contre un étranger, en plus d'un sang-de-bourbe. Sans doute aurait-elle gagné s'il n'avait pas été là.

Curieux, le psychomage se demanda si ce Hugo Leroy pourrait lui infliger des blessures. Sans doute que non. Après tout, il était l'héritier de Salazar Serpentard. Mais il restait puissant et une telle puissance à un si jeune âge était rare et digne d'admiration. Un né-moldu en plus…

Jedusor se demanda pourquoi Dumbledore était si proche du français. Comment l'avait-il connu, pourquoi l'appréciait-il autant ? Voyait-il le même potentiel qu'il avait jadis vu chez lui ? Qui était vraiment Hugo Leroy ? Encore une fois, le regard aimant, presque paternel, du directeur de Poudlard le perturba.

Le français rendit son étreinte à Albus et accepta le phœnix qui se posa sur son épaule. Il y eut alors plus d'applaudissements encore.

Au fond, peu importait qui était cet homme. Dans quelques jours, il rentrerait en France et lorsque le carnage commencerait, il ne serait déjà plus là. Il ne serait pas un problème mais si jamais Albus s'avérait plus résistant que prévu, Hugo Leroy serait une faiblesse à exploiter. Lancer des recherches sur le blond dans les jours à venir était primordial.


Prochain chapitre : Pour quoi je t'aime

Un chapitre qui sera placé sous le signe du romantisme et qui devrait en contenter certains et certaines je crois. On verra !