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Un nouveau chapitre plutôt psychlogique pour comprendre ce que ressent ce Harry voyageur temporel... notamment face à son parrain bien vivant en 1995 !
Désolée pour ceux qui aiment l'action mais il y en aura prochainement !
Chapitre 11: Le repos du guerrier
Pendant les séquences de souvenirs, comme Sirius s'en était aperçu, Harry faisait de son mieux pour ne pas voir ce qu'il montrait. Cela éveillait trop de chose en lui, tellement de sentiments contradictoires : la peur, la colère, l'amour, l'angoisse, l'horreur, le dégoût… Il essayait aussi de ne pas entendre la voix d'Hermione l'appeler, ni d'écouter les cris de rage des Marcheurs, ces créaturessauvages,ou encore de faire fi des hurlements de douleurs des victimes et des familles devant leurs morts. Tous ! Tous ces gens qui s'étaient battus avec lui ou contre lui. Tous ces gens qui n'existaient pas ici ! Tous ces gens qui étaient restés là-bas alors que lui était là…
Alors que le dernier souvenir se déroulait Harry sentit une boule de plus en plus grosse se former dans sa gorge, l'empêchant de respirer. Les réactions chez les membres de l'Ordre (mélange de stupéfaction, de rage et de déception) ne firent qu'accroître son sentiment d'oppression.
Si bien que dès la fin du souvenir, le père de Sasha mit fin à la métamorphose, rendant à la pièce son utilité première. Il s'enfuit littéralement loin de Dumbledore, des Weasley, de Kingsley et des autres… ne pas se retourner, ne surtout pas les regarder aux risques de voir, quoi : le dégoût qu'il ressentait pour lui-même ? La pitié et la tristesse immense ? La déception devant son incapacité ? L'horreur ou le désespoir qui l'avait déjà brisé et qui avait dû les gagner eux aussi ? Ce fut avec soulagement que Harry atteignit le palier du rez-de-chaussée et sortitpresque en courant dans la rue.
Là tout était calme, enfin ! La place Grimmauld était plongée dans une semi-pénombre, éclairée par trois ou quatre lampadaires.
Il pleuvait à verse mais cela lui fit du bien. L'eau de pluie ruisselait sur ses joues, à moins que ce ne fûtdes larmes ? Longtemps le Survivant resta ainsi sousl'aversecomme espérant que celle-ci laverait ses cauchemars pour lui apporter l'espoir ou même simplement un peu de sérénité…
Du côté des membres de l'Ordredu Phénix, tous étaient trop abasourdis pour réagir. Ce fut le claquement de la porte de la cuisine, quand Harry sortit, qui les ramena à la réalité. Certains s'effondrèrent littéralement sur les chaises, flageolant sur leurs jambes, d'autres se mirent à pleurer devant tant de douleurs et de gâchis, enfin la plupart comme les Weasley ou Dora et Rémus s'enlacèrent vivement tentant de se réconforter mutuellement…
Sirius lui avait la tête vide. Ilrevoyait en boucle la rage et la douleur immense de la trahison ressentie par son filleul ! Cela avait fait écho en lui car ces sentiments honteux il les connaissait. Oh oui ! Ces larmes, combien en avait-il versé après les morts de James et de Lily ? Après la trahison de Peter par sa faute à lui ? Le désespoir que Harry et les autres avaient ressenti lui rappelait le gouffre de vide qu'il avait connu à Azkaban :une spirale infernale de douleurs, de solitude, de détresse qui n'avait aucune fin si ce n'était la mort. Perdu dans sesproprescauchemars, sans s'en rendre compte, Sirius commença à haleter, il se sentait si mal !
Ce futalors que Dumbledore posa sa main sur son épaule, le sortant enfin de ses pensées malsaines, interrompant là sa crise d'angoisse. Les yeux écarquillés et humides l'animagus regarda le Directeur de Poudlard qui parvint à lui adresser un fin sourire malgré la tristesse qui l'animait :
«Il ne faut pas perdre espoir Sirius. Toi mieux que quiconque tu sais que tant qu'il y a de la vie et de la magie, rien n'est perdu !»
Sirius hocha la tête sans toutefois pouvoir répondre. Au lieu de cela il quitta la pièce pour rechercher son filleul : il fallait qu'il lui parlât, qu'il le consolât, qu'il le prîtdans ses bras… mais Harry semblait s'être volatilisé !
Pour permettre à tout le monde de se reprendre, le chef actuel de l'Ordre, mit fin à la ré effet,celle-ci s'était éternisée jusque tard dans la nuit. Ils prévirent de se retrouver sous huitaine pour délibérer de la suite à donner à ces funestes nouvelles.
Alors que tous quittaient la maison dans un silence confus, emplis de tristesse, Remus et Dora s'inquiétèrent du devenir des montèrent au salon du premier étage et, restant sur le seuil ils découvrirent une scène des plus surprenantes :
Sasha était dans le grand canapé usé, ses pieds dépassant à peine de l'assise. Sa peluche Corny serrée contre son coeur, elle écoutait de toutes ses oreilles son presque frère lire l'histoire de Babitty Lapina et la souche qui gloussait.Elle avait aussi les yeux grands ouverts et riait souvent devant les illusions que Kreattur, qui les gardait depuis le début de la réunion, mettait en scène pour illustrer le récit du jeune Lupin.
L'ambiance était ici tellement sereine et enfantine que Remus eut presque l'impression de changer de monde. C'était tellement apaisant !
Dora, elle, était émue de voir que malgré toutes les horreurs qu'ils avaient traversées ces enfants gardaient leur joie de vivre et leur innocence. Elle eut un élan de gratitude envers Harry, Hermione et tous ces futurs membres de l'Ordre du Phénix… peut-être n'avaient-ils pas réussi à sauver le pays mais ils avaient sauvé ces enfants et elle leur en serait éternellement reconnaissante !
Voyant les deux adultes, l'elfe de maison interrompit son sortilège et Teddy sa lecture «C'est fini ?» demanda-t-il. Ce à quoi Rémusacquiesçaajoutantqu'il fallait patienter un peu pour pouvoir dîner. Kreattur entendant cela transplana pour se mettre aux fourneaux.
«Vous devez avoir faim,remarqua la jeune Auror, bien qu'elle même eût l'estomac complètement noué.
– Ça va, répondit Teddy en rejoignant sa mère et Sasha sur le canapé élimé.
– On a mangé des sandwichs !»les informa la petite en montrant une assiette à demi-pleine de ces encas triangulaires dont les Anglais sontsifriands.
Kreattur les avait faits apparaître car il avait compris que la réunion s'éternisant, la cuisine ne serait pas libre tout de suite pour le repas.
La petite fille se leva et tendit ses bras à Rémus qui évidemment l'enlaça.
«Tu as l'air triste !observa-t-elle, ses grands yeux verts posant mille et une questions.
– Disons que c'est parce que j'ai vu des choses très tristes,admitdoucement le lycanthrope.
– Maman elle dit qu'il faut toujours penser à des choses joyeuses quandon est triste,lui révéla-t-elle. Moi je pense toujours à papa et maman ou à Teddy. Parfois à Noël aussi !»acheva-t-elle en riant.
C'était tellement bon de l'entendre rire. Rasséréné, Remus l'embrassa avec un vrai sourire cette fois tandis que son fils lui faisait un clin d'oeil. Sasha, grâce à sa joie de vivre avait toujours eu le don de remonter le moral de tout le monde !
Cette affirmation put être vérifiée quelques instants plus tard. Le futur couple Lupin descendait avec les enfants à la cuisine lorsque Harry refit son apparition.
«Harry !» s'exclama Remus devant l'aspect du Survivant.
Ce-dernier était trempé, il avait le teint livide et son regard restait hanté. Le Survivant releva la tête et sembla s'animer de nouveau lorsque Sasha lui prit la main avec douceur.
«Tu es tout mouillé»
Harry acquiesça, il s'agenouilla à sa hauteur, lui caressa tendrement la joue avant de l'enlacer avec force. La petite fille répondit avec amour à son étreinte. Sentant le malaise de son père, elle lui glissa à l'oreille :
«Il ne faut pas pleurer papa ! Maman est encore avec nous, tu sais !». A ces mots, le Survivant amplifia son étreinte, il se releva pour monter dans sa chambre, gardant son enfant tout contre son coeur. Il avait l'impression que s'il la lâchait, il se perdrait définitivement dans les méandres de son désespoir…
Arrivés dans sa chambre, ils restèrent assis un long moment sur le lit, Sasha dans ses bras continuant de le consoler par sa seule présence.
« Je t'aime papa,luidit sa fille en se dégageant doucement pour lui sourire.
C'était exactement lamême expression lumineuse que celle de sa mère. Cela fit venir les larmes aux yeux de Harry qui l'étreignit de nouveau en embrassant ses cheveux :
– Je t'aime aussi mon coeur !lui souffla-t-il.
Quelques instants après la gamine riaen remarquant:
– Tu m'as toute mouillée»
Harry vit que c'était vrai. Il était tellement trempé par la pluie que d'avoir serré Sasha contre lui, elle aussi se retrouvait avec des vêtements humides. Reprenant pied dans la réalité, il parvint à sourire lui aussi avant de faire apparaître des vêtements secs pour la jeune demoiselle puis pendant qu'elle s'habillait il alla prendre une douche rapide. Quand il revint dans la chambre, il vit que sa fille était sagement assise sur le lit et feuilletait ce qu'il reconnut être un album photos. Intrigué il s'approcha et découvrit des photos des maraudeurs. Sasha lui révéla que Sirius le lui avait prêté à Teddy et à elle. Le Survivant hocha doucement la tête, n'ayant pas très envie de découvrir les clichés ce soir-là, il caressa tendrement les cheveux de son enfant puis l'emmena enfin dîner.
Le repas se passa dans une atmosphère assez pesante malgré le babillage des deux gamins. Ces-derniers se montraient particulièrement volubiles, comme tentant d'apaiser par leurs petites voix le trouble des adultes. Harry força sa fille à manger de tout, la resservant alors que lui-même ne touchait à rien… finalement après s'être restaurés ils quittèrent la sordide cuisine pour rejoindre le salon qui apparaissait à présent bien plus confortable aux yeux de Sirius.
Pour réchauffer l'ambiance de la soirée, Teddy proposa de continuer sa lecture des contes avec enchantements à l'appui. Seulement d'ordinaire c'était Hermione qui se coltinait les illusions, Harry n'étant pasvraimentdoué pour cela. Finalement ce fut Dora qui se dévoua pour faire plaisir à son fils.
Ses enchantements étaient de fait un peu «bancals». A prendre au sens propre du terme puisque le cheval du prince boitait ou que le dragon avait une aile plus courte que l'autre ce qui l'obligeait à voler en vrille. Cela avait le mérite d'être très drôle à voir mais assez éloigné tout de même de la terreur que devait produire le reptile magique !
Harry qui portait sa fille sur ses genoux ne se lassait pas de l'entendre rire aux éclats. Humant son parfum de vanille, il fermaitles yeux pour profiter au maximum de cet instant. C'était ce genre de scène simple qu'il appréciait le plus, des moments en famille, des moments de bonheur comme il n'en avait plus connu depuis l'attaque de leur maison. Caressant les cheveux de sa fille, se réchauffant le coeur, Harry appréhendait un peu de se retrouver dans sa chambre quand les enfants seraient couchés, aussi retardait-il le plus possible ce moment-là. Cependant, quand son filleul bailla pour la énième fois à s'en décrocher la mâchoire, il ne put plus s'opposer à Dora qui emmena Teddy dans la chambre qu'il partageait avec sa presque soeur. Avec un léger soupire, Harry les suivit portant la petite fille qui s'était endormie depuis un moment déjà. Par la suite, le futur couple Lupin s'éclipsa lui aussi. Rémus, sentant probablement le malaise du filleul de Sirius, lui glissa que ce-dernier était encore au salon.
Harry l'y retrouva donc, pensif. Il vit que son parrain avait fait apparaître une bouteille de Whisky Pur Feu et deux verres.
«J'ai pensé qu'on l'avait bien mérité ce soir,dit simplement l'animagus.
– Je crois en effet… opina Harry en se laissant tomber sur le tapis face à la cheminée.
Il remercia Sirius après que celui-ci l'eut servi. Avec surprise, car il n'aimait pas tellement l'alcool, il apprécia grandement le breuvage.
– Bon whisky !
– Ah, ça c'est la «réserve des Black» ! Constituée par mon grand-père, crétin fini mais connaisseurs en élixirs en tous genres. Il faut bien qu'il y ait quelques bons côtés !»
Cela fit rire Harry qui termina son verre d'un coup. Après que Sirius l'eut resservi, Harry continua de glousser tout seul.
Son parrain l'observa avec un drôle d'air :
– Ne me dis pas que tu es déjà saoul ?!
– Mais non !s'insurgea-t-il continuant de ricaner, c'est juste que…»
Il révéla alors à Sirius que chez lui c'étaient les jumeaux Weasley qui avaient fait un sort à la réserve de la famille Black. Ils avaient même fait boire Kreattur dans un concours qui les opposait tous les trois mais c'était ce-dernier qui avait gagné ! Les fils de Mollyenavaient été quitte pour une gueule de bois digne d'un troll. Lamère de familleavait été si furieuse qu'elle avait consigné les jumeaux à des tâches administratives et totalement ridicules pendant presque deux mois !
«Mais je ne comprends pas. Ce n'est pas toi qui dirigeait l'Ordre ?demanda Sirius, étonné que Molly se fût permise de donner des ordres, même si c'était à ses fils.
– C'est vrai mais qui suis-je pour m'opposer à Molly Weasley ? Surtout quand elle a l'appui de ma propre femme !remarqua simplement le Survivant.
– Ah ! Hermione aussi était dans le coup ?
– Ils s'en étaient pris à Kreattur ! Grave erreur !»justifia-t-il en souriant avec nostalgie.
Hermione et ses causes perdues pour les elfes de maison ! Même en temps de guerre elle n'avait pas abandonné la SALE ! Ce quis'était avéré être une formidable agence de renseignements en sous-main; 'Il faudrait qu'il en parle à Dumbledore !'pensa-t-il.
Que ce fut à cause du whisky ou, plus probablement de la présence de Sirius, Harry se sentait mieux. Une douce chaleur se répandait en lui tandis qu'il constatait que les souvenirs pouvaient aussi être bons. Peu à peu une douce mélancolie le gagna, il discuta de tout et de rien avec son parrain, chose qu'il n'avait jamais pu faire et qu'il apprécia grandement.
Cependant, les préoccupations actuelles étaient trop présentes à son esprit pour qu'il les oubliâtsi facilement, aussi au milieu d'une discussion totalement sans importance (qui des clubs de Bavboules de Liverpool ou de Chichester allait l'emporter cette année ?), le Survivant demanda :
« Comment ça s'est passé ?… Tout à l'heure ?ajouta-t-il devant l'air interrogateur de l'ancien maraudeur.
– Oh ! Et bien… On a tous été choqués évidemment. On se rend bien compte que tu avais raison. Il faut changer le futur c'est clair !
– Dumbledore a dit ça ?voulut savoir Harry incrédule.
Sirius grimaça :
– Non, c'est vrai. Mais il était aussi chamboulé que nous. Je crois que c'est un coup dur pour lui. De savoir que la fin delaguerre contre Voldemort n'est pas une fin en soi…
Le père de Sasha hochala tête avec compassion. Il était bien placé pour savoir le désespoir que cela causait et pourtant les choses étaient arrivées graduellementchez lui. Tout apprendre d'un seul coup,c'était peut-être un peu trop…
– On ne t'en veut pas tu sais, commenta son parrain qui suivait le cheminement de ses pensées. Au contraire, on veut tous t'aider !
– Merci !souffla-t-il sincèrement touché.
Peu après son malaise revint le titiller. Sirius vit son regard se ternir alors qu'il le plongeait dans les flammes de l'âtre :
– A quoi penses-tu ? interrogea doucement l'animagus.
– Tu crois que je suis un lâche ?murmura Harry comme ayant honte de le dire à voix haute.
– Pourquoi dis-tu ça ?
– Ils ne sont pas tous… morts. Mes amis je veux dire. Il y a encore Ron, Bill, Luna, Hestia et tant d'autres… Ils m'ont dit que tout était perdu, ils voulaient que je vienne ici mais… Tu crois que je les ai condamné ?»questionna-t-il complètement perdu.
Son parrain ne répondit pas. Que pouvait-il dire ? Il ignorait totalement comment fonctionnaient les voyages dans le Temps : peut-être que tout s'arrêtait dans le futur puisque celui-ciallait êtremodifié ? Ou alors au contraire cela ne changeait rien et tout continuait à se dérouler selon l'ordre des choses voulutpar le destin… Voyant Harry fermer brutalement les yeux, les traits tirés, Sirius fit la seule chose qui lui vint à l'esprit : il prit son filleul dans ses bras. Harry s'y réfugia comme un enfant, celui qu'il n'était plus depuis longtemps. Ilresta ainsisilencieuxpendant un long moment puis Sirius, sans un mot l'accompagna dans la chambre qu'on lui avait allouée, l'aida à se coucher et lui donna même une potion de sommeil sans rêve. Exactement ce dont le Survivant avait besoin cette nuit-là.
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Dans les jours qui suivirent Harry s'était attendu à la venue du chef de l'Ordre du Phénix mais au bout de trois jours toujours pas de Dumbledore ! Au cinquième jour, le Survivant y vit un mauvais présage pour son plan de changer les choses mais Sirius le rassura. Le Directeur ne cachait pas être en conflit avec le Ministère, notamment Dolores Ombrage : «Tu ne te souviens pas d'elle ? Elle est vraiment horrible apparemment, même Minerva MacGonagall ne peut pas l'encadrer !».
Harry se souvint en effet des problèmes que lui avait causés cette mégère. C'était tellement loin dans son esprit (il y avait presque 13 ans) un peu comme si c'était arrivé dans une autre vie. Pour autant il compatissait aux tourments de son double adolescent car il n'avait pas fini d'en baver avec le «crapaud rose» comme il aimait l'appeler, ce qui avait bien fait rire Rémus.
Ce-dernier connaissait de fait, la Grande Inquisitrice car elle était à l'origine de bon nombre de lois anti loups-garous qui l'empêchaient de trouver du travail dans la Communauté Magique. Harry n'en détesta que davantagela sorcière!
«C'est une vraie tordue de toute façon ! Elle aurait bien été capable d'appartenir aux Mangemorts !
– C'en est une ? l'interrogea Sirius alors que son ami lycanthrope fronçait les sourcils.
– Non… En plus d'être une folle raciste elle est trop mauvaise sorcière ! Voldemort n'aurait fait qu'une bouchée d'elle !
– Dommage»commental'animagus avec un soupir exagéré faisant rire malgré eux ses deux interlocuteurs.
Harry profita donc de cette semaine de repos pour renouer avec ses enfants ce qui le réconforta grandement. Sasha était ravie de retrouver son père et ne le lâchait plus tandis que Teddy n'arrêtait pas de lui parler de ses parents ou de le solliciter pour travailler la magie.
Il décida aussi de «faire une pausedans la lutte » c'est-à-dire qu'il réfléchit néanmoins intensément à la suite à donner à ses révélations à l'Ordre. Il fallaitainsis'organiser pour :
Finir la guerre contre Voldemort le plus tôt possible (donc trouver ses Horcruxes sans qu'il ne s'en rende compte)
Préparer la riposte avant que le Seigneur des Ténèbres n'appelâtHéléna et ses Disciples de Morgane (c'est-à-direprendre contact auprès des personnes fiables du Ministère pour empêcher l'entrée de la mage noire au Royaume-Uni)
Faire en sorte de préparer son double mais aussi les membres de l'Ordre aux combats à venir
Quandil pensait à tout ce qu'il lui restait à faire, Harry en avait presque le vertige. Heureusement Sirius était toujours là pour lui remonter le moral.
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Un matin, Androméda était venue au Square avecson maripour déposer un rapport après une mission d'espionnage pour l'Ordre (elle s'était renduechezTissard et Brodettepour consulter leurs livres de comptes). Le couple y avait retrouvé évidemment Sirius mais aussi Dora (qui passait décidément bien plus souvent qu'auparavant dans la Maison des Black !).
Après qu'ils eurent bu le café, ils montèrent tous les quatre pour saluer les enfants et bien sûr Harry qui, une fois de plus, avait été réquisitionné comme précepteur.
Alors qu'ils montaient les escaliers ils entendirent des cris et des «BOUM» comme des corps qui chutaient. Intrigués plus qu'inquiets, les quatre sorciers se dirigèrent jusqu'au salon dont ils ouvrirent la porte «AAHHHH !» s'exclamèrent-ils car en effet, de salon il n'y avait plus rien si ce n'étaitun tapis au sol et la cheminée qui était éteinte.
Au moment où Ted Tonks allait demander ce qu'il se passait, ils entendirent un «Yahaaaa !» lancépar une voix enfantine mais néanmoins déterminée à en découvre. A ce moment Teddy surgit brutalement devant eux pour sauter littéralement sur Sasha, qui vêtue d'un justaucorps l'attendait stoïquement en position de défense. Devant l'air ahuri des quatre adultes les deux gamins se battirent à coups de pieds circulaires, de coups de poings voire de prise de karaté plus ou moins bien réalisées !
«Tu manques de précision Teddy !»observala voix de Harry depuis le fond de la pièce.
Androméda et les autres, l'ayant enfin remarqué, furent encore plus estomaqués que le père de Sasha, non seulement permît mais encore, encourageât par ses conseils le duel des deux gamins.
«Mais à quoi vous jouez ?!s'indignal'aînée des soeurs Black, littéralement outrée.
Ses yeux lançaient des éclairs au Survivant, lui signifiant qu'il avait intérêt à trouver une excuse (et une bonne !) dans la seconde.
Teddy et Sasha cessèrent immédiatement leur «combat » jetant un regard tantôt à Harry tantôt à la jeune grand-mère qui fulminait. En lui-même le jeune Lupin se demandait qui allait remporter cet autrematch non moins sportif !
– Je les entraîne, répondit tranquillement Harry nullement impressionné.
'Bon en même temps quandon a tué Voldemort pas sûr qu'on craigne encore qui que ce soit…'remarqualapetite voix dans la tête de Teddy.
– Tu les entraîne à quoi ? A se rouer de coups ?!
– Maman !fit Dora dans l'espoir de l'apaiser.
– Non mais dis quelque chose toi aussi ! Tu laisses Teddy se faire défigurer ?!réagit-elle vivement en se tournant vers sa fille.
– Méda arrête un peu !s'exclama Ted avec autorité. Regarde ton petit-fils ! Tu le trouves vraiment amoché ?
C'était vrai que Teddy n'avait rien si ce n'est une légère écorchure à la pommette gauche. Ce-dernier sourit d'ailleursavant de lever son poucepour confirmer que tout était OK.
– Le combat est truqué, confirma Harry, les bras croisés toisant la grand-mère de son filleul. Vous pensiez sincèrement que je les laisserais se faire du mal ?»
Androméda se sentit alors un peu ridicule et se mit même à rougir. Dora et Sirius s'en amusèrent grandement, ajoutant à sa confusion. Elle s'excusa platement auprès du parrain de Teddy ('Jeu set et match pour parrain !'s'amusace-dernier).
L'incident fut clos, le reste de la matinée se déroula de fait plus normalement (pour des sorciers bien entendu). Cela étant, quand Dora lui raconta l'épisode quelques jours plus tard, Rémus s'interrogea avec crainte sur le bien fondé de tels entraînements : le futur serait-il si dur qu'il faille préparerdes enfants si jeunes à se battre ?
Le soir-même de cette mini-altercation avec Androméda, Sirius demanda à son filleul, une fois les deux «terreurs» au lit :
«Tu crois vraiment que cela peut être utile aux gamins de se battre comme ça.
Il mima le «ça» en faisant des moulinets de ses deux mains. Harry ricana.
– Sûrement pas contre des créatures magiques, convint-il, mais contre des sorciers, pourquoi pas. L'effet de surprise est primordial dans un duel et les sorciers sont très ignares des méthodes moldues.
– Hum… fit l'animagus guère convaincu (à sa décharge le mini-échange entre les deux apprentis n'était pas vraiment flatteur vis-à-vis des arts martiaux).
– Tu voudrais essayer ?proposaHarry avec sérieux.
– Pourquoi ? Tu me l'enseignerais ?
– Bien sûr,acceptason filleul avec aplomb.
Sirius le fixa quelques secondes se demandant si c'était du Strangulot ou du Kelpy…
– D'accord !»déclaral'ancien maraudeur en tapant sur l'épaule de son filleul avec son rire si particulier.
Cela rappela une anecdote à Sirius qui raconta à Harry comment lui et son père s'étaient retrouvésà un «vrai/faux» match de boxe à Poudlard. L'animagus expliqua que James et lui avaient été pris en flagrant délit de «tentative d'effraction» sur la salle commune des Serpentards par le professeur Brûlopot (le prof de potion de l'époque,complètement à l'ouest). Ce-dernier les avait puni en les obligeant à se battre loyalement contre deux Serpentards de la même année.
«Laisse-moi deviner, Rogue était l'un d'eux ?se doutaHarry avec un sourirede connivence.
– Comment tu le sais ?répliqua faussement son parrain avec un clin d'oeil.
– Comment ça s'est terminé ?
– A dire vrai on ne connaissait quasiment aucun sort donc on a dû utiliser nos poings ! Je ne sais pas si on peut vraiment appeler ça de la boxe mais on a gagné ! En tout cas, le nez de Rogue ne s'en est pas encore remis apparemment !
Il éclata de rire à ce constat emmenant son filleul dans son hilarité.
– Je t'adore Sirius !fit Harry en se tenant les côtes à force de rire. C'est tellement agréable de parler avec toi ! Dommage qu'on n'ait pas eu beaucoup de temps…
– Quoi ?!s'étrangla l'animagus retrouvant brusquement son sérieux.
Harry se morigéna alors lui-même. Gêné, préférant ne rien dire, il tenta de dévier la conversation maisc'était sans compter sur Sirius qui insista (après tout son animagus était un chien hein !).
Soupirant, le Survivant finit par lui révéler :
– Tu… On n'a pas eu beaucoup de temps toi et moi…»
Sirius ne sut trop comment prendre les choses. Il avait compris depuis longtemps qu'il était mort dans ce futur qu'avaient connu les voyageurs. D'un côté il n'avait pas envie de savoir comment mais d'un autre côté, l'air coupable de son filleul l'ennuyait. Il sentait qu'il y avait quelque chose derrière sa mort, quelque chose qui était encore dur à accepter pour Harry.
«Dis m'en plus,l'enjoignit-il.
Mais l'autre refusa tout net et tenta même de se dérober en quittant la table :
– Harry !le retint le maraudeur.
– Quoi ? Je ne te dirais rien d'accord !
– Ça te ronge pourtant,observa son parrain. Si je peux t'aider…
– M'aider ? Mais tu n'as jamais fait que cela Sirius ! Tu n'aurais pas dû m'aider !
– Pourquoi ?
– Parce que tous ceux qui m'aident MEURENT ! Voilà pourquoi !s'écria le Survivant les yeux hantés.
Fronçant les sourcils, Sirius se leva et fit face à son filleul. Celui-ci tenta de se détourner mais l'autre le maintint de force :
– Regarde moi Harry ! Regarde moi !
Là il vit le regard anéanti de son filleul. La carapace de « joie de vivre» qu'il tentait de montrer à tous depuis son arrivée se fendillait pour laisser place à la solitude, à un désespoir des plus profonds…
– C'est à cause de moi si tu es mort…» lui avoua-t-il dans un murmure, alors que des larmesde culpabilité se formaient au coin de ses yeux.
N'en croyant rien, Sirius l'obligea à tout raconter : le «faux rêve» de Voldemort, son voyage à dos de sombral, le combat au Ministère contre les Mangemorts, lui venu le secourir…
Sirius ne dit rien, il écouta jusqu'au bout son récit, en enserrant son filleul qui lui demandait :
«Pardon, pardon, pardon…
– Oh Harry. J'imagine qu'on te l'a certainement déjà dit mais…
– J'y suis pour rien c'est ça !crachat-il la voix humide en s'éloignant de son parrain avant de baisser les yeux de honte.
Sirius lui releva le menton, plongeant son regard dans les émeraudes de Harry. Il savait que rien de ce qu'il pourrait dire n'apaiserait son filleul, les mots n'étaient rien face à la culpabilité (surtout quand elle était infondée).De fait,il préféra plutôt poser une question :
– Est-ce que tu me rends responsable desmortsde James et de Lily ?
– Quoi ?s'offusquaHarry complètement désarçonné.
– C'est à cause de moi si ils sont morts, indiqua l'animagus d'une voix grave. James voulait que je sois votre gardien du secret mais c'est moi qui ai refusé.
– Mais non, ça n'a rien à voir ! Tu ne pouvais pas savoir.
– Exact Harry ! Je ne pouvais pas savoir. Encore que… réalisa-t-il, je savais bien qu'il y avait un traitre autour de nous.
Son visage s'assombrit. Il avait été si aveugle !
– Moi aussi je te demande pardon Harry !
Devant le mutisme de son filleul, Sirius insista :
–On ne peut plus changer ça. Enfin, je crois. Mais il faut avancer malgré tout. Donnant donnant. Si tu me pardonnes je te pardonne aussi !
Le fils deson meilleur amine sembla guère convaincu par le procédé mais devant l'obstination du plus vieux, il finit par abdiquer en soupirant.
Là-dessus Sirius, le prit derechef dans ses bras puissants et Harry se laissa un instant bercer par cet homme qui lui avait tant manqué.
Alors qu'ils regagnaient leurs chambres, Sirius tenta de l'interroger sur Hermione mais son filleul éluda la question. La douleur était encore trop vive, alors il prétexta être fatigué. Ses cernes sous les yeux n'étaient pas factices d'ailleurs et la soirée avait été éprouvante alors l'animagus capitula. Pour l'instant…
