Bon, l'idée de base que j'avais a foiré et je me suis pris la tête à ce sujet.

Ceci est une adaptation de "le Manoir aux Chats", du recueil "Mille ans de conte d'animaux" des éditions Milan, et qui serait adapté d'un conte letton. Mais il y en aurait au moins trente-neuf versions différentes, rien qu'en France.

J'ai repris au mot près les tournures du livre, avec quelque modification (comme le fait qu'initialement, le troisième frère soit sot). J'espère que ça vous plaira !

Et on attaque avril o/

Bonne lecture !


Un roi avait trois garçon. les deux aînés ne manquaient pas d'esprit, mais le troisième en était plus encore pourvu, au point d'être considéré comme un érudit. Cela arrive parfois dans les familles nobles. Devenu vieux, le châtelain décida que le moment était venu de léguer à ses enfants tout ce qu'il possédait. À cette nouvelle, les deux fils aînés ne tardèrent pas à se quereller, car chacun d'entre eux voulait être l'unique héritier du domaine paternel. Le benjamin les observait en riant et se contentait de dire :

— Que m'importe le domaine, je vous le laisse. Je ne désire que deux choses : un vieux cheval de trait et une carriole.

Cependant, les deux aînés continuaient à se chamailler avec une telle violence que leur père les manda près de lui et leur dit :

— Je suis las de vos disputes. Partez donc à travers le monde et celui d'entre vous qui me rapportera la canne de bois ciselée la plus belle sera mon héritier.

Dès le lendemain, tous deux prirent les meilleures montures qu'ils purent trouver dans les écuries du château, puis ils se mirent en route, dans deux directions opposées. Le benjamin observait ces préparatifs, sans rien dire. Son père le lui demanda :

— Et toi, mon enfant, tu ne veux pas partir aussi sur les routes du monde, en quête d'une canne de bois ciselée ?

— Non père, répondit-il en riant, qu'ils cherchent tous deux, qu'ils cherchent, quant à moi, je ne ferai rien.

Cette réponse intrigua le père.

À quelques jours du retour de ses frères, l'érudit attela son vieux cheval à sa carriole et quitta à son tour le domaine, en prenant une route qu'aucun de ses frères n'avait explorée. En chemin, il se laissait guider par son cheval. Ainsi, chaque fois qu'ils arrivaient à un croisement de routes, il laissait l'animal faire à sa guise. Le soir, il arriva ainsi au cœur d'une forêt sombre.

Quelque peu effrayé, il commençait à se demander s'il ne devrait pas rebrousser chemin, lorsqu'il distingua au loin deux lumières. S'en approchant, il parvint à un somptueux manoir, dont l'entrée monumentale était gardée par deux matous à la mine peu engageante. Sûr d'être dévoré par eux, l'érudit s'engagea cependant sur le perron du manoir. À sa grande surprise, les chats, loin de l'attaquer, s'approchèrent amicalement pour lui lécher la main en signe de bienvenue. Dans la cour du château, il découvrir une multitude de chats, tous plus beaux les uns que les autres, et s'exprimant avec les mêmes mots que les humains. Ils accueillirent le visiteur et l'escortèrent à l'intérieur du manoir où ils le reçurent avec faste.

Le lendemain matin, comme le prince voulait repartir, les chats lui proposèrent de rester. Il avait fort envie de se laisser tenter, mais il craignait de n'avoir plus guère de temps pour se mettre en quête d'une canne de bois ciselée plus belle que celle que ses frères auraient pu trouver en parcourant le vaste monde.

Une chatte blanche, à qui il se confiait, lui dit :

— Ne t'inquiète pas. Reste là et dans trois jours, tu auras la canne de bois la plus belle qui soit au monde.

L'érudit resta donc au manoir où ses nouveaux amis le servirent comme un roi. Le soir du troisième jour, la chatte blanche lui apporta une noix et lui dit :

— Retourne chez toi, mais surtout, n'ouvre pas cette noix en chemin. Tu verras, tout ira bien.

L'érudit reprit sa carriole et s'en alla. Arrivé au palais paternel, il retrouva ses frères qui venaient d'arriver, mais il eut bien du mal à les reconnaître tant ils avaient maigri en chemin. Au sol, devant le trône de leur père, ils avaient déposé les cannes les plus extraordinaires qu'ils avaient pu trouver. Le benjamin, lui, avait plutôt bonne mine. S'approchant du trône paternel, il sortit la noix de sa poche et tapa légèrement dessus du bout du doigt.

Aussitôt, surgit du cœur de la noix une canne à pommeau ciselé, la plus belle qui soit au monde. Ses deux frères n'en croyaient pas leurs yeux, et le père, ébloui, déclara :

— C'est à toi, mon enfant, que revient le royaume.

Naturellement, ceci ne faisait nullement l'affaire des deux aînés qui refusèrent d'abandonner l'héritage au profit de leur cadet.

— Que m'importe, dit celui-ci, je vous laisse le royaume, mais je garde mon vieux cheval et ma carriole de bois.

En entendant ces mots, les deux frères recommencèrent aussitôt à se quereller. Las de les entendre, le père convoqua ses trois fils une nouvelle fois.

— Celui d'entre vous qui héritera de moi devra se marier. Partez sur les routes du monde et rapportez chacun un voile de noce pour votre future épouse. Celui qui trouvera le plus beau sera le maître du royaume.

Les deux aînés prirent aussitôt les chevaux les plus beaux et partirent dans deux directions opposées. L'érudit ne bougea point et, comme la première fois, il dit à son père :

— Qu'ils cherchent tous deux, quant à moi je ne ferai rien.

Ces paroles intriguèrent le père et les jours passèrent.

À quelques jours du retour de ses frères, le prince attela son vieux cheval à sa carriole et s'en alla à son tour dans la troisième direction. Une fois de plus, il laissa son cheval libre de choisir son chemin, et une fois de plus, à la nuit tombée, ils arrivèrent au manoir des chats, que gardaient toujours les deux matous à la mine menaçante. Nullement effrayé, l'érudit descendit de sa carriole et gravit les marches du manoir. Aussitôt tous les chats s'approchèrent pour lui faire fête et le conduire dans les appartements. Le lendemain, comme il allait partir, les chats le prièrent de rester, mais il craignait que le temps ne lui manque pour trouver le voile de noce. Il se confia de nouveau à ses amis, et la chatte blanche lui dit :

— Ne t'inquiète pas. Passe trois jours avec nous et tu auras ce que tu désires.

Et le prince demeura au manoir. Le soir du troisième jour, la chatte blanche lui tendit un coffret de bois en disant :

— Prends ce coffret, et rentre chez toi sans l'ouvrir en route. Va ton chemin et tout ira bien.

Quand l'érudit arriva au palais, ses deux frères étaient déjà là, montrant à leur père les plus beaux voiles de noce qu'ils avaient pu trouver de par le monde.

— Ces voiles sont beaux, dit leur père, mais il en existe de plus somptueux encore.

Le benjamin eut du mal à reconnaître ses aînés tant ils avaient maigri en chemin. Lui avait fière allure et la mine réjouie.

— Que rapportes-tu, mon garçon ? lui demanda son père.

— Rien d'aussi beau que mes aînés, dit son troisième fils.

Mais à peine eut-il ouvert le coffret, qu'il découvrit à l'intérieur le plus beau voile de noce de l'univers, brodé de fils de soie délicats. Le père prit la parole :

— Voyez, dit-il à ses aînés, le voile de votre frère est incontestablement le plus beau. C'est à lui que reviendra le domaine.

Les deux aînés, qui s'accordaient à trouver le voile magnifique, refusèrent cependant de renoncer à l'héritage. L'érudit, une fois de plus, leur dit :

— Que m'importe le royaume ? Gardez-le, laissez-moi juste mon vieux cheval et ma carriole de bois.

À ces mots, les deux aînés reprirent aussitôt leur querelle, chacun d'entre eux criant que le domaine lui revenait. Voyant qu'ils allaient finir par se battre, le père les sépara, puis, une fois de plus, il s'adressa à ses trois fils :

— Oublions tout ce qui s'est passé, dit-il. Partez tous trois à travers le monde pour chercher une épouse. Celui qui reviendra avec la plus belle sera l'héritier du domaine.

Ayant pris les meilleurs chevaux, les deux aînés partirent aussitôt dans deux directions opposées. Le benjamin ne broncha pas et resta là, plusieurs jours durant. Le voyant ainsi, son père lui demanda pourquoi il n'essayait pas, lui aussi, de tenter sa chance. Le prince répondit en riant :

— Qu'ils cherchent, car ainsi, moi, je ne ferai rien. Épouser une femme est bien la dernière chose que je ferais de mon vivant.

Une fois de plus, l'érudit resta au château jusqu'au quatrième jour précédant le retour de ses frères. Puis il attela son vieux cheval à sa carriole et s'en alla à son tour sur les routes du monde. Perplexe, il s'interrogeait. Après tout, les chats lui avaient donné la canne de bois ciselée et le voile de noce, mais maintenant, le plus dur restait à faire : trouver une belle jeune fille à épouser, quand vous-même n'y prêtez aucun intérêt. Ne sachant pas vraiment comment s'y prendre, le prince décida qu'une nouvelle fois, il se laisserait guider par son cheval. À peine eut-il décidé cela que sa monture se mit à galoper à vive allure, vers le manoir aux chats. Alors, l'érudit mit pied à terre et, à nouveau, les chats lui firent fête et lui rendirent des hommages dignes d'un roi. Le soir venu, le prince visita tour à tour toutes les pièces du manoir, espérant rencontrer un être humain à qui parler et peut-être même une jeune fille à épouser. Mais seuls les chats lui répondirent.

Le lendemain, au moment de partir, sa tristesse était si grande qu'il confia aux chats, ses amis, la cause de tous ses soucis, dont son désintérêt pour la gente féminine.

Alors, la chatte blanche lui dit :

— Reste ici trois jours, et ta promise tu rencontreras.

Le soir du troisième jour, comme le prince voulait partir, les chats insistèrent pour qu'il demeure une nuit de plus. L'érudit y consentit, mais, à peine s'était-il couché, qu'un vent violent se déchaîna, faisant gémir les boiseries de tout le château et grincer portes et fenêtres. Le prince, terrorisé, sortit bientôt de sa chambre pour se réfugier près des chats, mais… miracle ! il les trouva tous changés en êtres humains. Quant à la chatte blanche, elle était devenue une jeune femme au teint pâle et aux cheveux blonds foncés.

S'approchant du prince, elle l'enlaça et lui demanda s'il voulait l'épouser.

— Vous épouser, non. Accompagnez-moi jusqu'auprès de mon père et je vous jure de vous trouver le mari que vous méritez.

— Me marier ne m'intéresse pas. Par contre, mon frère, lui…

Elle se tourna vers les siens qui n'étaient encore que des chats quelques heures plus tôt, tendant le bras en direction d'un jeune homme qu'il pensa reconnaître comme l'un des chats gardant l'entrée à chacune de ses visites, à la fois le plus féroce et le plus aimable. Il attrapa la main de sa sœur et s'avança, clairement gêné au contraire de toute la petite assemblée qui semblait amusée par la situation.

Adroitement, elle recula d'un pas et apposa leurs mains l'une sur l'autre, les faisant tous les deux rougir face à cette imitation de cérémonie d'accordailles.

Ni l'un ni l'autre ne parvint à détourner le regard quand ils se croisèrent enfin, leurs cœurs battant plus fort à l'idée que celui lui faisant face allait partager sa vie.

Bientôt, un carrosse d'or emporta les deux fiancés et la jeune fille vers le château du père du prince. En voyant la jeune femme, les deux frères aînés furent pris de jalousie, car leur femme avait bien piètre allure à côté d'une telle beauté. Une fois encore, le père offrit le royaume au plus jeune de ses enfants. Mais ce dernier, n'écoutant que son bon cœur, partagea le domaine entre ses frères, ne conservant que son cheval et sa carriole.

C'est dans cet équipage qu'ils regagnèrent le manoir des chats pour le plus belle noce du printemps. Une noce dont tout le monde dans le pays parle encore aujourd'hui, car ce manoir-là avait eu pendant longtemps la sinistre réputation de porter malchance à tous ceux qui avaient la mauvaise idée de s'en approcher. Bien longtemps auparavant, le diable en personne avait transformé en chats tous ses habitants.

C'est un érudit qui avait eu raison du sortilège, mais on ne savait pas très bien comment. Parfois, on prétendait qu'un cheval y était pour quelque chose… Et c'était peut-être vrai.


Mmh, mauvaise idée de diviser le royaume pour permettre à deux frères de régner… Y'en a qui ont tenté, ils ont eu des problèmes (✿◕‿◕✿)

Et ne me demandez pas pourquoi il s'est entêté à suivre les demandes du père alors qu'il affirme n'avoir aucun intérêt envers la régence du pays, c'est à se demander s'il n'avait pas juste envie de faire chier le monde.

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