Merci à tous pour vos commentaires, vos likes et vos favoris! Et toujours un grand merci à Emmaiwenn pour ses corrections ;)

Bonne lecture!

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Noël passe, emportant les fêtes et les illusions de l'année écoulée. Le temps est glacial, la neige abondante et le service est rempli par-dessus la tête. Pour ses quelques jours de repos de fin d'année, Draco n'a pas très envie de repas interminables et de grandes réunions de famille où les gens boivent trop, parlent fort et se tombent dans les bras alors qu'ils se détestent le reste de l'année – ou l'inverse. Il a envie de calme, d'une chaleur feutrée et de pouvoir se reposer.

Ils se disputent, Olivier ayant bien évidemment prévu de passer Noël et le jour de l'an dans sa famille. Draco ne lui en veut pas; ils n'ont pas les mêmes attentes, il n'oblige pas Olivier à tout annuler pour être avec lui. Rester seul, même pour les fêtes, ne lui fait pas peur. Mais Olivier se sent contraint par son refus de venir, et s'il finit par partir pour rejoindre sa famille, c'est en claquant la porte sur des mots durs.

Les tensions passent avec la nouvelle année, l'hiver s'en va à pas feutrés et un printemps timide voit le jour en même temps que les journées rallongent doucement. Draco apprécie ce renouveau, il n'aime pas l'hiver, ni le froid; le manque de lumière a tendance à le faire hiberner alors que le soleil, ou du moins, la luminosité, lui donne envie de sortir.

Pour le week-end de Pâques, il part en Provence avec Olivier, dans une petite maison qu'ils ont louée pas très loin de la plage. Il fait déjà étonnamment doux et Draco se gorge de soleil au point d'attraper quelques rougeurs traîtresses qui disparaissent avec un sortilège. Les odeurs de vieille pierre, de terre sèche et de thym sont envoûtantes; des parfums d'ailleurs, presque exotiques pour lui et qu'il savoure jusqu'à la dernière minute.

À son retour en Angleterre, le service semble enfin connaître un peu de répit, après des mois de surcharge de travail. Autour d'une bouteille de champagne, Emily annonce sa grossesse, déjà bien entamée alors qu'elle reste encore discrètement cachée sous les vêtements. Tout le monde la félicite joyeusement; Emily est très appréciée et sa présence va manquer quand elle s'absentera dans quelques mois.

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Ce matin du mois de mai, Draco s'éveille dans un lit trop grand et trop vide. Olivier est absent pour plusieurs jours, parti couvrir les matchs de sélection de l'équipe d'Angleterre pour la Coupe du Monde de Quidditch. Draco s'étire voluptueusement, de tout son long; le drap glisse sur ses fesses nues et il aurait presque envie de se caresser un peu. À travers les volets, un rayon de soleil se fraye un chemin jusque sur le tapis, au pied du lit. La journée s'annonce radieuse, mais il a un mauvais pressentiment.

C'est en arrivant dans le service, quand il s'assied dans le bureau pour prendre les transmissions du médecin de nuit, qu'il sait: dans la pile de dossiers sous le bras de son collègue figure celui de Potter.

Aussitôt, il ferme les yeux et respire profondément. Il n'a pas pensé à lui depuis des mois, il s'est efforcé de ne pas penser à lui depuis des mois, mais brusquement, l'inquiétude le taraude, lui broie le cœur, crispe son ventre. Il s'imagine déjà retrouver Potter dans un état inimaginable, blessé, agonisant. Mourant. Et malgré la colère diffuse de le voir encore ici en dépit de ses avertissements, ce qui domine dans son esprit, c'est l'angoisse et un soupçon de culpabilité.

Des mois plus tôt, quand Potter a disparu de sa chambre en octobre, ils se sont quittés sur des mots durs. Va en enfer, Potter! Presque une malédiction… Draco n'est pas croyant, ni superstitieux, mais tout de même. Durant tous ces mois, il n'a pas pu s'empêcher de penser que s'il arrivait quelque chose à Potter, ce serait en partie de sa faute. Qu'il serait un peu responsable. C'est complètement irrationnel, digne de la pensée magique des enfants, mais il n'a pas pu se défaire de ce sentiment de culpabilité. Et aujourd'hui, Potter est de retour.

Draco ronge son frein tandis que le médecin de nuit passe les dossiers en revue pour lui faire part des nouveautés; Potter est le dernier de la pile, parmi les entrées de la nuit. Quand ils en arrivent enfin là, Draco est rapidement rassuré: cette fois, pas de sortilège mortel à plus ou moins long terme, pas d'état de choc ou de pathologie gravissime… Potter est là pour des brûlures. D'origine magique et loin d'être négligeables, mais c'est un domaine qu'ils maîtrisent bien et pour lequel les sortilèges de soin sont terriblement efficaces.

Et d'ailleurs, le médecin de nuit a tout fait: les brûlures de Potter, qui touchent les deux bras, du bout des doigts jusqu'aux ébauches des épaules, ont été désinfectées et les sortilèges de stase, tout comme les sortilèges de cicatrisation, ont été posés. Le reste est affaire de temps et de patience. Des potions pour prévenir une infection, une bonne alimentation et une bonne hydratation, par voie intraveineuse si nécessaire, et l'affaire devrait être réglée en quelques jours… Jusqu'à la prochaine disparition de Potter…

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Après le staff, Draco fait le tour du service, patient par patient. Examen physique, résultats de labo, sortilèges de diagnostic… Il renouvelle les prescriptions, en modifie certaines, échange quelques mots avec les malades, pour les rassurer, pour donner des explications sur leur état de santé, sur les suites à prévoir. Étonnamment – ou pas, il n'est pas idiot –, il garde la chambre de Potter pour la fin. Il ressent un mélange de colère – ou plutôt de lassitude –, d'inquiétude et d'impuissance. Il sait que Potter n'écoutera rien de ses mises en garde et de ses avertissements mais quelqu'un doit quand même le lui dire; et il est le seul au courant de son «métier».

Quand il ouvre la porte après avoir frappé, ça lui fait tout de même quelque chose. Potter est là, au fond de son lit aux draps immaculés, avec sa tignasse ébouriffée et son sourire lumineux. Ses cheveux sont peut-être un peu plus courts, tout comme sa barbe qui a dû roussir sous l'effet du feu; le tout dévoile cette cicatrice le long de son visage qui n'est plus qu'un mince trait rosé. Adossé contre les oreillers, il a presque bonne mine et son regard pétille. Ses bras, en revanche, surélevés par rapport à son corps, sont enveloppés d'un champ magique complexe et opaque dans lequel courent les sortilèges de soins. On dirait les bras d'une momie, enrubannés de bandes de tissu, et l'image le fait sourire.

– Malfoy, fait Potter en guise de salut.

– Potter… Toujours en train de saloper mon travail… Comment t'as fait, cette fois-ci?

La pique le fait sourire encore davantage; Potter a presque l'air content d'être là. Et malgré tous ses sentiments de lassitude et d'impuissance, Draco est content de le revoir. Et surtout de le savoir vivant.

– J'ai… tiré quelqu'un du feu? glousse Potter.

– Pas n'importe quel feu! corrige amèrement Draco. Juste un Feudeymon, hein?…

Potter hausse les épaules tandis que la fatigue transparaît brusquement sur son visage.

– C'était une gosse, Malfoy… Je me suis pas trop posé de questions.

Ils frémissent, tous les deux, parce que ça rappelle d'autres mauvais souvenirs, anciens, presque oubliés. Draco ne peut trop rien répondre; il imagine bien que Potter ne l'a pas fait par plaisir, mais cette absence d'instinct de survie est épuisante. Il grimace, laisse filer un silence, et dans ce silence, Potter se met à parler, comme une confession.

– On était en arrière du front, raconte-t-il à mi-voix, les yeux fermés. Quelques jours de répit où on avait pu prendre une douche, avoir des vêtements propres et secs, manger chaud et dormir. Nos quartiers étaient installés dans une ancienne école qui servait aussi d'abri à des civils. Des familles entières réfugiées dans des salles de classe, des enfants qui jouent malgré la guerre, des blessés soignés au dispensaire… Ils… «Les autres» ont trouvé le moyen d'enfermer des sortilèges de magie noire dans des espèces de sphère d'énergie. Ils les larguent à haute altitude en volant sur des balais ou bien par des portoloins programmés derrière nos lignes; peu importe où ça arrive. On a des boucliers de protection massifs, bien sûr, mais au bout d'un moment, ils sont submergés… C'était la nuit… les civils n'ont pas eu le temps de fuir.

Il soupire tandis que Draco déglutit péniblement. C'est la première fois que Potter raconte des bribes de ce qui est son quotidien, et malgré l'horreur qu'il décrit, cette confiance le touche. Et puis l'attitude de Potter, presque vulnérable, terriblement sincère plutôt que caché derrière sa façade habituelle de légèreté et de dérision, l'émeut particulièrement.

Draco se tient là, debout à côté de son lit, les bras ballants malgré le dossier qu'il tient dans sa main. Pour un peu, il aurait envie de l'ouvrir, d'y griffonner une observation, quelques mots, histoire de se donner une contenance. Il ne sait pas quoi répondre; qu'est-ce qu'on peut bien répondre à ce genre d'histoire?… «Je comprends…» «C'est horrible!» «J'imagine ce que tu as vécu.» Des mots creux et vides de sens. Alors il se contente des mots qu'il n'a jamais eu l'occasion de dire auparavant:

– Je ne t'ai jamais remercié…

– De quoi? sursaute Potter en ouvrant brusquement les yeux.

– De m'avoir tiré d'un Feudeymon, ce jour-là…

Draco a un peu honte; il a l'impression de ramener la conversation sur des choses anciennes, comme s'il fuyait le sujet d'aujourd'hui et la douleur des confidences de Potter. C'est sans aucun doute ce qu'il fait.

Mais contre toute attente, Potter éclate de rire et retrouve sa lumière.

– C'est la troisième fois que tu me sauves la vie et que tu me rafistoles, Malfoy! J'imagine qu'on est quitte depuis belle lurette!

– Techniquement, cette fois-ci je n'ai rien fait, nuance Draco en sortant sa baguette.

Il a besoin de retrouver le côté professionnel, plus rassurant et confortable que ces confidences, alors d'un geste, il vérifie les sorts qui ont été posés sur les brûlures de Potter, il contrôle l'évolution de la cicatrisation, il jette même un ou deux sortilèges de diagnostic qui le trouvent plutôt en bonne forme. Sans doute grâce à ces quelques jours de repos avant l'attaque qui l'a blessé.

– Et cette jambe, comment va-t-elle? s'enquiert-il en repoussant le drap avant de s'asseoir au bord du lit pour l'examiner.

Potter ne s'étonne pas de cette familiarité – de le voir assis sur son lit –, il se contente de regarder ses mains palper sa jambe, de la cuisse jusqu'au bout des orteils, s'attardant plus longuement sur le genou et la cheville. Il a toujours ce grand sourire, franc et sincère, avec un soupçon d'espièglerie dans le regard.

– Impeccable! Je t'avais dit que tu avais fait du bon boulot…!

– C'est ton corps qui s'est régénéré tout seul avec l'aide des potions, corrige Draco. Ça a l'air pas mal. Tu as récupéré toute la souplesse et la force nécessaires.

Potter affiche un sourire ravi et bombe le torse avec plein d'autodérision.

– … Mais j'aurais préféré que tu fasses une rééducation correcte avant ton départ. Ça t'aurait sans doute évité quelques situations périlleuses.

À son air fugace de petit garçon pris en faute, Draco sait qu'il a mis dans le mille et que Potter a dû se précipiter sur le terrain peu assuré sur ses jambes et se retrouver quelquefois à frôler le danger d'un peu trop près.

– Tu savais que je partirai dès que possible, fait-il d'une voix très douce.

– Comme tu vas encore partir cette fois-ci? grimace Draco avec dépit. J'aurais aimé que tu me le dises. Qu'on puisse faire le point, que je m'assure que tout allait pour le mieux et que je puisse te donner quelques consignes et quelques exercices à faire… Pas que tu disparaisses sans un mot en attendant le moment où j'aurais dû être chez moi.

Il a encore tout ça en travers de la gorge, un peu comme une trahison, et Potter a le bon goût d'avoir l'air désolé.

– Tu aurais essayé de me convaincre de ne pas partir…

– Bien sûr, affirme Draco. C'est mon rôle de médecin. Comme j'essaierai encore de te convaincre cette fois-ci et comme j'essaierai encore de te convaincre de changer de vie…

Il sait très bien que c'est un vœu pieux et que Potter n'ira dans son sens ni pour l'un ni pour l'autre, mais il se doit d'essayer. C'est son rôle de médecin mais pas seulement. Il le fait aussi parce qu'il estime devoir le faire sur un plan plus personnel. Potter n'est pas n'importe qui; pour l'Angleterre en général et… pour lui en particulier.

– Et tu sais très bien que je partirai encore dès que je le pourrais…

Draco marmonne un son vague et rabat le drap sur la jambe de Potter. Il reste le regard fixé sur cette blancheur immaculée, un peu amer et triste en même temps.

– Encore l'Afrique? demande-t-il malgré lui.

– Non. En Europe, cette fois. La guerre n'est pas si loin de nous… À peine quelques milliers de kilomètres.

Draco n'est pas très informé de ce qui se trame dans les autres pays. Quand il lit des journaux ou des revues, cela concerne surtout le domaine médical, et pour le reste, il se cantonne à l'actualité du Royaume-Uni… Il repasse pourtant dans son esprit les endroits sensibles du continent: l'Europe de l'Est, les Balkans, les frontières avec le Moyen-Orient… Finalement, il préfère peut-être ne pas savoir.

– Assez parlé de moi! s'exclame joyeusement Potter. Raconte-moi ce qui s'est passé depuis la dernière fois!

Même si le changement de sujet est assez salutaire, Draco est un peu décontenancé de prime abord. Lui raconter quoi? Malgré leur passé, ils se connaissent à peine et leur mode de vie est drastiquement opposé. Alors, les seules choses qui lui viennent à l'esprit sont des banalités.

– Eh bien… pas grand-chose. Il y a eu Noël et les fêtes, comme pour toi… Enfin, je ne sais pas si tu as pu fêter ça… à ta «manière». Et puis… les Harpies sont en tête du championnat et… Emily est enceinte.

De doucement moqueur, le sourire de Potter passe immédiatement à radieux.

– Oh! C'est chouette! Elle travaille encore ou elle…

– Elle travaille encore, confirme Draco. Elle n'en est qu'à quatre mois, à peu près. Tu devrais la voir dans la semaine…

Potter hoche la tête avec un air ravi.

– Et toi? Comment va la vie avec Olivier?

La question un peu trop personnelle le met mal à l'aise mais Draco n'en laisse rien paraître. Il n'aime pas s'attarder sur sa vie privée, avec personne, même avec certains médecins ou infirmières qu'il connaît depuis des années. Les gens savent qu'il est en couple avec un homme, la plupart savent même de qui il s'agit, mais il n'en parle quasiment jamais. Par pudeur, par souci de discrétion et parce qu'il n'a pas grand-chose à raconter…

– Eh bien… ça va, je suppose, hésite-t-il tandis que Potter lève un sourcil intrigué. On est partis quelques jours, à Pâques, prendre un peu le soleil… Là, il est en déplacement pour les sélections de la Coupe du Monde de Quidditch…

– La chance! glousse Potter. J'aurais dû faire ça après la guerre: accepter la proposition des Tornades et devenir joueur pro!

– Il n'est peut-être pas trop tard, suggère Draco tout en sachant combien sa remarque est vaine et illusoire.

Il ignorait même que Potter avait été approché… Tout ça lui apparaît comme un gâchis inimaginable et atroce. Il aurait pu avoir une voie toute tracée, dans un domaine qui lui plaisait, et il a préféré aller se battre aux quatre coins du monde en se sacrifiant à petit feu jusqu'au jour où ça irait trop loin. Un goût de bile amer et difficile à avaler.

– Tu ne crois même pas à ce que tu dis, reproche doucement Potter avant de se mettre à rire. Je suis trop vieux et trop lourd pour faire l'attrapeur, aujourd'hui. Et puis ce serait… tellement futile.

Son regard vert et intense appuie ses mots et Draco sait bien qu'il n'a aucun argument à lui opposer.

– Tu pourrais essayer, essaie-t-il malgré tout. Ou devenir entraîneur…

– J'ai déjà une équipe, Malfoy… Et je ne sais même pas si la moitié d'entre eux sont encore vivants après cette attaque…

Il rejette la tête en arrière, appuyée contre le mur blanc cassé, avec cet air de fatigue et de vulnérabilité que Draco a du mal à supporter. La réalité derrière la façade est trop douloureuse à voir, même pour lui.

– Peut-être que tu pourrais…

– Y a pas de rédemption pour les salauds, Malfoy. Pas même pour moi.

Les mots de Potter tombent comme un couperet, déroulant un silence lourd et étouffant. Draco ferme les yeux une seconde. Il a envie d'être ailleurs et pourtant sa présence ici est évidente. Machinalement, il lisse le drap entre la jambe de Potter et sa propre cuisse. Un geste instinctif, faute de mieux. Il sait bien qu'en réalité, il aurait envie de poser sa main sur la cuisse de Potter et d'avoir ce petit mouvement répétitif du pouce, comme une caresse, pour le réconforter. Mais ça lui paraît impossible; inapproprié, même si Potter en aurait sans doute besoin.

– Tu n'es pas un salaud, murmure-t-il malgré lui.

– Je ne sais pas ce que tu imagines, Malfoy… J'ai tué plus de gens que tu n'en as jamais sauvés.

Sa voix est presque douce quand il parle, comme on s'accroupirait auprès d'un enfant pour lui expliquer à mots feutrés les horreurs de la vie, mais son regard vert est intense et pénétrant. Draco voudrait protester encore, affirmer le mensonge parce qu'il ne veut pas croire une seule seconde que ce soit possible… Il devine pourtant que c'est vrai et que parmi toutes ces morts dont Potter est responsable, certaines étaient inutiles et injustifiées. Les circonstances ne légitiment pas tout et il a sans doute commis son lot d'horreurs… Mais Draco est certain aussi qu'au fond, il reste Potter: un Gryffondor au grand cœur, un peu fou, un peu inconscient, capable de sortir quelqu'un d'un Feudeymon sans même réfléchir…

Cette confiance, cette certitude, doivent transparaître sur son visage car Potter sourit doucement et Draco lui sourit en retour.

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Ils restent muets un moment, un peu mal à l'aise, ou plutôt… apaisés par le silence. Les mots et les confidences sont difficiles, écorchés de douleur et de violence, mais leur présence l'un à l'autre est évidente et facile.

Au bout de quelques minutes, Potter bâille, avec un geste réflexe pour tourner la tête et tenter de cacher sa bouche grande ouverte par un mouvement d'épaule, puisque ses bras sont immobilisés dans les sortilèges de soins. La tentative est illusoire, mais Draco trouve ça charmant, cet instinct de politesse, de courtoisie.

– Pardon, murmure Potter d'une voix presque ensommeillée.

– Je vais te laisser te reposer, fait Draco en se levant rapidement.

– Je ne te chasse pas…!

Draco est déjà debout, au pied du lit, son dossier à la main, prêt à partir; à dire vrai, il peut se trouver des dizaines de choses à faire plutôt que de traîner dans la chambre d'un patient, même si ce patient n'est pas n'importe qui. Il a des dizaines de choses à faire.

À dire vrai, Potter n'est pas seulement un patient

– Malfoy…?

Il est déjà à deux pas de la porte tandis que Potter a un air un peu gêné.

– Tu peux m'envoyer une infirmière, s'il-te-plaît?

Et devant son regard interrogateur, il ajoute:

– … J'ai envie de pisser.

Draco se retient à grand peine de sourire. Potter est arrivé dans la nuit, il a eu droit à une potion relaxante pour supporter les premiers sortilèges de soins et il a ensuite dormi une bonne partie de la matinée… Il n'a sans doute pas eu l'occasion de se soulager, ni de demander à le faire. Il se retient peut-être depuis des heures et au moins depuis le début de leur conversation… et bizarrement, cette idée chatouille le fond de son ventre.

– Je suis désolé pour toi, Potter, mais tu n'as pas droit aux sortilèges d'hygiène élémentaire; ça risquerait d'interférer avec ceux-ci, explique-t-il en désignant de sa baguette les sortilèges de soins qui transforment ses bras en cocons blanchâtres et lumineux. Alors, ce sera à l'ancienne…

Il lève sa baguette d'un geste rapide, et de la salle de bains arrive un récipient ovale au fond plat et muni d'un col évasé, de ceux que les infirmières appellent bizarrement un pistolet, bien que la forme n'ait pas grand rapport.

L'instant qui suit est un peu étrange parce qu'ils savent bien l'un et l'autre où cet objet doit aller, et ils savent également que Draco aurait pu laisser une infirmière s'en charger… Mais après tout, les infirmières sont occupées, tandis que lui est dans la chambre et que ça ne lui prendrait qu'une demi-seconde. Ils sont tous les deux des hommes, ils sont faits de la même manière, et de toute façon, il a déjà vu Potter entièrement nu quand il a eu besoin de l'examiner les autres fois. Il l'a même déjà touché – ausculté – partout.

L'hésitation ridicule cesse brusquement quand Draco rabat le drap qui couvre le bas du corps de Potter jusqu'à la taille. Dessous, il porte un boxer sombre, estampillé d'un logo qu'il ne reconnaît pas. En s'empêchant de réfléchir, il pose le pistolet entre les cuisses musclées et couvertes de poils sombres, que Potter a spontanément écartées. Il ne lui reste plus qu'à glisser la main dans le boxer pour en sortir son pénis et le glisser dans l'orifice du pistolet. Ce serait simple et facile si ses gestes étaient purement professionnels, mais Draco ne peut pas nier qu'ils ont une dimension humaine – presque intime – parce qu'ils se connaissent.

Potter a eu l'obligeance de fermer les yeux, ce qui lui évite de voir que Draco est obligé de se mordre la lèvre pour rester impassible, mais son attitude, la tête renversée en arrière contre le mur, un sourire jubilatoire sur les lèvres, le trouble profondément.

– Si j'avais su qu'un jour Draco Malfoy tiendrait ma bite dans sa main…!

Déstabilisé, Draco ne peut empêcher son visage de réagir – et il bénit les yeux fermés de Potter. Il rabat rapidement le drap pour cacher l'objet du délit et se défend comme il peut, comme autrefois, par un sarcasme et un ton ironique.

– Un fantasme de jeunesse?

– Si tu savais! ricane Potter avec un mouvement suggestif des sourcils.

Pris à son propre piège, Draco sent la gêne – presque le rougissement – s'étendre sur son visage et sur son cou, il a brusquement chaud et il s'échappe vers la porte avec l'impression, sans doute réelle, de s'enfuir. Au milieu du bruit de ses pas sur le sol carrelé et du froissement de sa blouse, il ne sait pas s'il entend ou s'il imagine l'infime gémissement de plaisir de Potter quand il se met à pisser.

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Deux jours plus tard, Draco est à nouveau dans la chambre de Potter. Ils se sont vus entre temps, bien sûr, quand il fait sa visite quotidienne – le tour du service, patient après patient, pour les examiner – et quelques autres fois pour discuter un moment, mais heureusement, Potter s'est montré moins espiègle, moins provoquant, que ce jour-là quand il a eu besoin d'aide pour uriner.

Draco ne sait toujours pas quoi en penser, si Potter a juste fait preuve d'une ironie particulière, ou s'il avouait un fond de vérité enrobé de dérision. Il y a pensé, pourtant… il en a même rêvé, la nuit suivante, seul dans son grand lit: sa main, sur le pénis un peu long et terriblement doux de Potter, et son propre rougissement qui empirait de seconde en seconde, jusqu'à la pointe de ses oreilles. Il s'est réveillé en sueur – et en érection – et il s'est empressé de prendre une potion de sommeil sans rêve pour finir sa nuit.

Aujourd'hui, Draco n'est pas là pour ça, et ces pensées sont très loin de son esprit. Aujourd'hui, il est là pour défaire les sortilèges de soins autour des bras de Potter, pour voir si la guérison est optimale, et il est concentré au possible. Il a scrupuleusement interdit aux infirmières de le faire, même si Emily en serait certainement capable, et il a averti chacun de ses collègues médecins qu'il souhaitait le faire lui-même. Personne n'y a trouvé à redire; ils sont certainement tous conscients qu'il existe une relation particulière entre Potter et lui, dont chacun connaît des bribes qui remontent à la guerre, même si personne n'en parle ouvertement en sa présence.

Alors aujourd'hui, il est là à réciter, baguette en main, une incantation longue comme un jour de pluie, dont les sonorités complexes ont l'air d'une langue étrangère. Il est concentré, parce que cela demande tout de même de la délicatesse et du doigté, et quand il arrive au bout de la première enveloppe de sortilège, il prend quelques secondes pour respirer.

– Tu sais que tu es presque impressionnant quand tu fais ça? glousse Potter.

Ce n'est pas le moment pour le déconcentrer mais Draco apprécie tout de même ce semblant de légèreté dans ce qu'il considère sans doute avec trop d'enjeu. Il a du mal à retenir un sourire en coin et les mots s'échappent malgré lui:

– Potter?… Ta gueule.

Potter glousse à nouveau mais il ne réplique pas et il se tient tranquille tandis que Draco reprend avec l'incantation suivante.

À la troisième incantation, la dernière couche de l'enveloppe de magie disparaît et il peut enfin observer les bras et les mains de Potter. Son ventre se serre brusquement d'une douleur étrange, empathique, lorsqu'il aperçoit sa main gauche, mais il ne veut pas s'attarder dessus et paraître choqué pour l'instant. Alors, il se concentre sur ses bras et descend lentement un regard plus professionnel des épaules vers les poignets.

La peau de Potter est rouge vif comme s'il avait pris un violent coup de soleil, les poils sont encore absents, laissant une surface lisse qui doit être incroyablement douce, mais les brûlures comme les phlyctènes ont disparu. En le touchant le plus délicatement possible, il lui fait effectuer quelques mouvements au niveau des coudes et des poignets pour vérifier l'absence de rétraction et de lésion des articulations puis il s'intéresse à ses mains, qui étaient les plus atteintes. La paume droite est intacte, les phalanges des doigts jouent librement, la souplesse, la force et la sensibilité sont normales. Quelque part, Potter a eu de la chance.

Draco prend ensuite sa main gauche entre les siennes et il réprime la même douleur sourde qui gémit dans son ventre. À cette main, il manque deux doigts: l'annulaire et l'auriculaire, et au vu de la propreté de la cicatrice, ça ne date pas d'hier.

Tandis qu'il lui fait effectuer les mêmes mouvements que de l'autre côté, il demande d'une voix qu'il espère maîtrisée:

– Qu'est-ce qu'il t'est arrivé?

– Une vilaine plaie, répond tranquillement Potter en l'observant manipuler ses autres doigts. C'était cet hiver, vers Noël. Pas de service de santé sur place, impossible d'accéder à des potions de soins, des journées entières dans la boue, l'humidité et la vermine… L'infection était partie jusqu'à l'os, mes doigts avaient doublé de volume et la douleur commençait à me prendre sérieusement la tête. J'ai fini par couper et cautériser… C'est la main gauche, ça me gêne pas pour tenir ma baguette.

Il dit ça en gloussant, comme une plaisanterie, comme si rien n'avait d'importance, comme si ce n'était qu'un détail anodin. Mais pour qu'il avoue ainsi sa douleur, c'est qu'il a dû souffrir le martyre et Draco sent encore son ventre se serrer. Décidément, ils n'ont pas passé les mêmes fêtes de fin d'année…

– Ni pour pisser? ironise-t-il pour chasser ses pensées sombres.

Potter se met à rire, ravi de le voir plaisanter si légèrement.

– Je me débrouille… Tu n'es pas toujours là pour me la tenir!

Draco est obligé de sourire, même si le clin d'œil assorti de Potter bouscule un peu son assurance.

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Olivier rentre le soir même, à la fin de sa tournée de matchs de sélection. Il a l'air heureux de le retrouver, et surtout de retrouver un peu de calme et le confort tranquille de l'appartement. Il a également l'air crevé et Draco se dit que les troisièmes mi-temps ont dû être nombreuses…

Ils discutent un moment dans le salon, après le dîner, mais Olivier n'aspire visiblement qu'à se coucher et à dormir. Draco a plutôt envie d'autre chose et il sait très bien comment convaincre son compagnon: en étant en-dessous et à plat ventre, et cette fois encore, Olivier n'y résiste pas. Ça lui va très bien; les bras glissés sous son oreiller, Draco peut se laisser aller à ses rêveries et à ses réflexions.

Tandis qu'Olivier s'échine en va-et-vient bruyants dans son cul, ses pensées glissent doucement vers Potter, vers cette main qui n'a plus que trois doigts et qu'il a tenu longuement entre les siennes. Draco a pourtant vu des corps dans des états indescriptibles de blessures ou de mutilations, mais cette main, c'était la main de Potter, avec tout ce que ça comporte d'«amitié» et de connivence, et il l'a observée un long moment avec un mélange de fascination et de répulsion.

Et brusquement, il se demande ce que ça ferait d'être touché par cette main, de la façon dont celle d'Olivier remonte à l'instant le long de son dos…

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Le lendemain matin, après une nuit relativement courte, Draco arrive très tôt dans le service; suffisamment tôt pour être le premier de l'équipe de jour, et l'infirmière de nuit l'informe immédiatement que Potter souhaite lui parler.

Il est un peu plus de six heures trente et il trouve Potter debout au milieu de sa chambre, en boxer et chaussettes, les cheveux encore humides de sa douche et sa barbe taillée très courte. La peau de ses bras est encore très rouge, bien que moins que la veille. Puis son regard glisse encore, Draco aperçoit sa main gauche aux doigts manquants et il frémit en songeant aux images qui ont traversé son esprit la veille au soir.

Mais il n'est pas dupe. Si Potter est debout de si bon matin, déjà douché, c'est que quelque chose se trame et il ne retient pas le sarcasme qui est presque une défense.

– Encore besoin de moi pour pisser, Potter?

Celui-ci sourit, heureux de cette ironie plutôt que d'une prise de bec, mais ce sourire, trop doux, a presque une valeur d'excuse. La dernière fois, Draco lui avait reproché d'être parti sans mot dire et ils savent l'un et l'autre que c'est le moment. Au fond de la pièce, près de la fenêtre, il devine un paquetage sombre qui doit comprendre un pantalon ou un treillis, un tee-shirt et une veste, et les chaussures de Potter, de grosses chaussures noires, montantes, aux semelles épaisses qui ressemblent à des crampons. Et peut-être même sa baguette.

Draco ferme les yeux une seconde et soupire.

– Je suppose que je ne te ferai pas changer d'avis.

Ce n'est même pas une question et Potter esquisse une grimace désolée. Le grand type sombre du Département des Mystères n'est pas présent dans la chambre, mais Draco sait qu'il est venu lui amener ces affaires et qu'il reviendra dans quelques minutes pour faire disparaître Potter du monde civilisé.

– Tu ne bouges pas d'ici jusqu'à ce que je revienne! ordonne Draco en levant le doigt en une menace d'opérette.

Il n'a aucune autorité légitime sur Potter, ni aucun moyen de l'obliger à lui obéir, mais il compte sur sa bonne volonté et sur un soupçon de culpabilité d'avoir disparu en douce la dernière fois.

– Promis, articule Potter avec une sincérité évidente.

Aussitôt, Draco ressort de la chambre et se dirige vers la réserve de médicaments des infirmières. Il cherche fébrilement, parcourt des yeux des dizaines d'étiquettes sur des dizaines de flacons. Il ne lui faut que quelques secondes de plus pour attraper ce dont il a besoin et il retourne dans la chambre d'un pas précipité.

Potter est toujours là, bouclant sur ses hanches un pantalon sombre, aux poches multiples et resserré aux chevilles. Il est encore torse nu et ça lui donne un air de baroudeur ou d'aventurier. Draco s'en veut de trouver que ça lui va bien, qu'il dégage un magnétisme plein d'assurance et qu'il en est presque sexy. Potter n'est pas sexy, Potter est un idiot qui n'a pas le moindre sens commun et qui repart se mettre en danger alors qu'il n'est pas complètement guéri! Il est en colère contre lui. En colère, furieux, frustré de ne pas pouvoir le soigner jusqu'au bout, et ce manque de bon sens l'exaspère. Mais s'il veut que Potter applique deux ou trois consignes après son départ, il se doit de garder son calme et de ne rien montrer de son irritation.

D'un geste, Draco écarte les bras et laisse tomber sur le lit les flacons de potions et les pots d'onguents qu'il a ramenés. Heureusement qu'ils sont tous pourvus d'un sortilège de coussinage sinon certains ne seraient pas restés intacts.

– Celui-là, c'est l'onguent pour ta peau, pour la cicatrisation complète de tes brûlures, assène-t-il en désignant un pot de crème blanchâtre. Trois fois par… Au moins une fois par jour! Sur l'ensemble du bras, de l'épaule jusqu'au bout des doigts. Tu as trois pots et tu utilises les trois. Le reste, ce sont des potions de base: antiseptiques, antalgiques, antipyrétiques. Tu emmènes tout. Si ce n'est pas pour toi, ça servira au moins pour les autres.

Potter hoche lentement la tête avec un sourire tendre. Il sait la valeur de ces quelques flacons; l'importance que cela peut prendre sur un champ de bataille ou dans des situations désespérées. Dans la sécheresse de sa voix, de ses paroles, il doit aussi deviner sa colère sous-jacente, et ce sourire est autant un sourire d'excuse que de reconnaissance.

– Et fais attention à toi! s'emporte presque Draco. Je ne tiens pas à te voir revenir tout cassé!

Il se sent ridicule mais la colère parle plus vite que lui, d'une voix étrangement enrouée et rocailleuse.

– Promis, assure Potter dans un murmure.

Sa voix à lui est douce, ronde et chaude, et ses yeux verts le regardent avec une intensité presque effrayante.

– … Prends soin de toi aussi. Et la bise à Emily!…

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Quelques heures plus tard, alors que Draco rumine sa colère sur un café si amer qu'il lui ronge l'estomac, le grand type sombre du Département des Mystères apparaît sur le seuil du poste de soins. Tout le monde se retourne à son arrivée: Draco, les infirmières qui préparaient les potions pour les patients, l'autre médecin présent avec lui… Une vague d'animosité les traverse tous. Potter a à nouveau disparu, ses brûlures à peine cicatrisées, emportant avec lui son sourire trop doux et son insouciance de façade. Et tous, ils savent que ce type sombre vient à nouveau chercher le dossier de Potter, pour le faire disparaître, pour l'effacer de cette réalité.

Avec un regard dur et un goût amer dans la bouche, Draco observe ce type qu'il déteste et qu'il méprise. Son visage sombre est aussi austère que d'habitude, aussi aimable qu'une porte de prison, mais quelque part dans son œil, il y a cette lueur qui jubile. Une étincelle de plaisir mesquin à l'idée de leur avoir encore repris Potter, de l'avoir récupéré malgré le refus médical, malgré leur désapprobation et leurs avertissements. Il flotte dans la pièce comme l'impression qu'ils se battent pour le corps écartelé de Potter, chacun tirant les membres dans son sens, pour l'attirer dans son camp, les uns pour le soigner, l'autre pour récupérer son pion et l'envoyer à nouveau sur le champ de bataille, se battre pour d'autres et espionner pour le Ministère.

Personne ne bouge dans le poste de soins, personne ne lui adresse la parole, ni ne lui demande ce qu'il veut. Personne n'est rentré dans la chambre de Potter depuis Draco, mais tous ils savent qu'il est parti et que ce type en est la cause.

Il ne réclame rien, d'ailleurs; il se contente de lever sa baguette et sans même un mot, le dossier de Potter s'envole tranquillement du fond d'un tiroir pour se poser sur le comptoir, juste devant ce type abject et son sourire en coin à peine esquissé. Les lèvres de Draco se déforment en un rictus de rage et de colère; il rêverait de lui mettre son poing dans la gueule, une fois, deux fois, des milliers de fois, jusqu'à ce que sa colère soit consumée. Emily est la seule à se lever, presque malgré elle, furieuse, sa baguette à la main et son petit ventre rond caché sous sa blouse.

Le type sourit un peu plus en la voyant faire puis son regard glisse sur le dossier de Potter, et cette fois il ricane. Sa baguette se pose sur la pile de papiers enveloppés d'une chemise cartonnée bleue et une série de Pop! résonne dans le poste de soins, annulant les Gemino et tous les dossiers dupliqués par les infirmières.

– Vous ne connaissez rien à la magie, raille-t-il d'une voix sombre.

Emily bondit, pointant sa baguette au creux de la gorge de cet homme détestable, juste là où passent la trachée et la moelle épinière, très en arrière.

– Mais le peu que j'en connais pourrait bien vous sauver la mise un jour!

Le type ricane encore, lui envoie un baiser salace du bout des lèvres et disparaît avec le dossier de Potter.

Draco se lève brusquement pour prendre Emily dans ses bras; elle est blême, elle tremble de rage et d'humiliation et il la réconforte comme il peut. Ils n'auront jamais gain de cause contre le Département des Mystères, mais sa réaction spontanée lui a fait du bien et il partage son amertume.

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La vieille aux chats