La patience de l'amour

Le soleil du matin se glissait doucement à travers les rideaux de la chambre, créant un éclat doré sur les murs.

Buck s'était réveillé plus tôt que d'habitude, sentant une amélioration dans son état. La douleur était toujours présente, mais elle semblait plus supportable aujourd'hui. Il se redressa légèrement sur son oreiller, observant les premiers mouvements de la maison alors qu'Eddie s'affairait dans la cuisine.

Depuis leur conversation, Eddie n'avait cessé de veiller sur lui avec une tendresse et une attention particulière. Chaque geste, chaque mot était empreint d'une douceur nouvelle, et Buck se surprenait à savourer ces moments, à chérir ces petits noms affectueux qu'Eddie lui donnait.

Eddie prenait soin de lui avec une dévotion sans faille.

Chaque matin, il préparait son petit déjeuner, l'aidant à manger et à se redresser. Chaque soir, il s'assurait qu'il était confortablement installé avant de se coucher lui-même.

Il ponctuait ses phrases de « querido » et « mi amor », ou encore « carino » des mots qui faisaient vibrer le cœur de Buck à chaque fois. Ces petits noms affectueux étaient comme des caresses verbales, des rappels constants de l'amour d'Eddie.

Lorsque Eddie rentrait de ses quarts de travail, épuisé mais toujours souriant, il prenait le temps de s'occuper de Buck avant de s'effondrer contre son épaule. Buck chérissait ces moments de proximité, sentant le poids de la fatigue d'Eddie se dissoudre lentement dans la chaleur de leur étreinte.

Il se sentait étrangement apaisé, comme si une partie de son cœur, qu'il avait toujours gardée protégée, avait enfin trouvé la sécurité dont elle avait besoin pour s'ouvrir.

Il repensait aux mots d'Eddie, à la sincérité dans ses yeux, et sentait un mélange de bonheur et de crainte. Le bonheur de se savoir aimé, de partager ces sentiments réciproques, et la crainte de ce que cela signifiait pour leur avenir.

Il avait passé tant de temps à imaginer ce moment, sans jamais croire qu'il deviendrait réalité. Maintenant que c'était le cas, Buck ne pouvait s'empêcher de se demander si tout cela durerait, si leur amitié survivrait à cette nouvelle dimension.

Mais en même temps, il se sentait prêt à prendre ce risque.

Les battements rassurants du cœur d'Eddie, leur proximité, tout cela lui avait donné une nouvelle perspective.

Alors qu'il écoutait les bruits familiers de la maison et sentait l'odeur du café fraîchement préparé, Buck sentit une vague de gratitude l'envahir. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait pleinement accepté et aimé, non seulement par Eddie, mais aussi par la famille de celui-ci.

C'était un sentiment réconfortant, presque magique, qui lui donnait l'énergie de commencer cette nouvelle journée avec espoir et détermination.

– Querido, tu es réveillé ? demanda Eddie en entrant dans la chambre avec un sourire.

– Oui, répondit Buck, ses yeux s'illuminant à la vue d'Eddie. J'ai mieux dormi cette nuit.

– Ça se voit, mi amor, répliqua Eddie en s'asseyant sur le bord du lit. J'ai préparé ton petit déjeuner. Tu veux que je t'aide à t'asseoir ?

Buck hocha la tête, appréciant la chaleur de la main d'Eddie contre son dos alors qu'il se redressait. Il aimait ces moments où Eddie le touchait avec tant de soin et de dévotion. C'était comme si chaque geste, chaque caresse, confirmait l'amour qu'il portait en lui.

Mais Buck ne pouvait pas s'empêcher de penser que tout ça était éphémère que Eddie se sentait seulement coupable et que dés qu'il serait enfin rétablit, il devrait retourner à sa solitude.

– Eddie ?

– Hum ?

– Est-ce que tu regrettes ?

Eddie releva les yeux sur lui, la confusion le faisant froncer les sourcils.

– Regretter quoi ?

– Nous.

Eddie se redressa légèrement, sa respiration s'accélérant alors qu'il secouait la tête à moitié incrédule et à moitié paniqué.

– Non, mais… quoi ? Pourquoi… ? Qu'est-ce que tu racontes ?

– Je ne sais pas, je cogite, je ne fais que ça de mes journées.

– Est-ce que tu regrettes toi ? demanda-t-il la voix tremblante.

– Non, tu es tout ce que j'ai toujours voulu mais j'ai l'impression… Laisse tomber, je suis…, soupira-t-il résigné. Je crois que j'ai trop de temps pour réfléchir.

Eddie sourit doucement, prenant la main de Buck dans la sienne.

– Tu es sûr ?

– Tout va bien, lui assura-t-il malgré les pensées envahissantes tourbillonnant dans sa tête.

– Comment est la douleur, carino ? demanda-t-il en l'aidant à tenir sa tasse de café.

– Mieux, je crois, répondit-il hésitant. J'ai encore mal, mais c'est plus supportable.

– C'est une bonne nouvelle. Tu verras, chaque jour ça ira un peu mieux. Tu veux essayer d'aller faire un tour dans le salon aujourd'hui ?

Buck se redressa, rempli d'espoir, à l'idée de sortir enfin de sa chambre.

Alité depuis plus de trois semaines, chaque jour ressemblait au précédent, une monotonie entrecoupée seulement par les soins d'Eddie et les visites ponctuelles de la famille. Le simple fait de quitter son lit et d'aller jusqu'au salon semblait un exploit monumental, une victoire contre la douleur et l'immobilité qui avaient été ses compagnons constants.

Le cœur de Buck battait plus vite, une sensation d'excitation mêlée d'appréhension l'envahissant. L'idée de retrouver une part de son autonomie le remplissait d'une joie qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps. Pourtant, une petite voix en lui murmurait des doutes : et si la douleur revenait plus forte ? Et si son bassin n'était pas encore assez solidifier pour lui permettre de quitter le lit ou s'il se blessait encore ?

Malgré ces craintes, l'optimisme d'Eddie et ses encouragements le poussaient à tenter l'expérience. Il savait qu'Eddie serait à ses côtés, prêt à le soutenir et à l'aider si besoin.

Cette confiance renforçait son courage.

Buck inspira profondément, fermant les yeux un instant pour savourer cette montée d'espoir. L'idée de simplement quitter la chambre, de voir un autre décor, de sentir la chaleur du salon lui semblait un rêve devenu possible. Il se rappela les jours passés, où chaque mouvement était un effort douloureux, et réalisa combien il avait progressé.

Il ouvrit les yeux, regardant Eddie avec une détermination nouvelle.

– Oui, j'aimerais bien essayer, répondit-il, la voix tremblante d'émotion.

Eddie sourit, ses yeux brillants de fierté et de soutien.

Buck sentit une vague de gratitude l'envahir. Pour la première fois depuis des semaines, il voyait une lumière au bout du tunnel, une chance de retrouver une vie plus normale. Ce simple changement de perspective lui donnait une énergie nouvelle, une volonté de se battre encore plus fort pour sa guérison.

Buck se sentait empli d'un mélange de gratitude, de détermination et d'espoir. Il savait que le chemin serait encore long et semé d'embûches, mais avec Eddie à ses côtés, il se sentait prêt à affronter les défis à venir.

Puis, il se souvint brusquement qu'il n'était pas prêt à sortir du lit en l'état, pas avec la sonde urinaire qu'il avait insisté pour avoir, se sentant trop exposé à chaque fois qu'il devait demander de l'aide pour uriner.

– Tu…, commença-t-il timidement. Tu vas m'enlever la sonde alors ?

– Tu veux que je le fasse ? demanda-t-il surprit mais plein d'espoir. Je peux appeler Carla, mais j'en suis capable tu sais...

– Pourquoi tu ne m'embrasses pas, Eddie ? lâcha-t-il malgré lui.

Eddie se figea, son regard se perdant dans celui de Buck. Il déglutit, cherchant les mots justes. Le silence se fit lourd dans la chambre, le regard d'Eddie se perdant un instant dans ses pensées.

Buck sentit son cœur se serrer.

– Donc tu regrettes, comprit Buck avec une pointe de tristesse. D'accord, je comprends.

Eddie releva vivement la tête, ses yeux brillants d'une émotion intense.

– Non, tu ne comprends pas, s'empressa-t-il de le rassurer. Si je t'embrasse je ne suis pas sûr de pouvoir m'arrêter là.

– Oh ! souffla-t-il quand il comprit ce qu'il voulait dire.

Eddie soupira, se passant une main nerveuse dans les cheveux.

– Tu n'es pas en état, Buck, même si j'en crève d'envie. Je ne veux pas te faire de mal. On doit y aller doucement.

Buck hocha lentement la tête, comprenant les craintes d'Eddie. Il se sentait perturbé, tiraillé entre son désir de se rapprocher d'Eddie et sa propre incertitude.

– Je... oui, tu as raison. Je ne suis pas en état.

Buck se sentait déchiré.

Il savait qu'Eddie avait raison, mais cela n'atténuait pas la frustration et la confusion qu'il ressentait. Il en avait envie aussi mais il ne s'en sentait tout simplement pas capable. Il n'était même pas sûr qu'il en serait capable un jour.

Eddie tendit la main, caressant doucement sa joue.

– Buck, tu comptes tellement pour moi. Je veux que tu te rétablisses complètement, et ensuite, on verra où cela nous mène. D'accord ?

Buck acquiesça, essayant de réprimer les larmes qui menaçaient de couler.

Plus tard, alors qu'Eddie l'avait installé dans le salon, Buck repensa à leur conversation, à la douceur des mots d'Eddie et à la chaleur de son regard. Il savait qu'il voulait le protéger, qu'il voulait prendre les choses lentement pour ne pas le blesser. Mais cela n'empêchait pas Buck de se sentir vulnérable et incertain.

Il se demanda s'il serait jamais prêt pour une relation avec lui, s'il pourrait jamais surmonter ses peurs et ses insécurités. Il aimait Eddie, cela ne faisait aucun doute, mais il craignait de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir offrir à Eddie ce qu'il méritait.

Eddie est tellement parfait, pensa-t-il, les larmes aux yeux. Comment pourrait-il vouloir de quelqu'un comme moi ?

Il ferma les yeux appuyant sa tête sur le dossier du canapé, essayant de trouver une position confortable malgré la douleur. Il espérait que le sommeil viendrait rapidement et chasserait ses doutes et ses peurs.