CHAPITRE 35 :
Une promenade pittoresque à travers une forêt enchantée pour accéder à une colonie de fée isolée semblait être fantastique sur le parchemin, mais franchement, songea Draco avec amertume, fallait-il que ce soit une forêt dans un hiver perpétuel? Il soupira pour ce qui semblait être la millième fois et enfonça ses mains plus profondément dans les poches de son manteau.
C'était le mois d'août et pourtant ils avaient été obligé de s'emmitoufler sous plusieurs couches de vêtements et de lancer des sorts de réchauffement alors qu'ils marchaient péniblement dans la neige comme si c'était la mi-décembre. Draco pouvait grogner autant qu'il le voulait, cette situation était entièrement de sa faute. C'était lui qui avait mentionné la colonie de fées, et les yeux de Granger c'étaient illuminés comme ceux d'un enfant le matin de Noël, alors évidemment, il avait accédé à sa demande et fait cette randonnée.
Il était vraiment désespéré.
Il s'était renfrogné depuis qu'ils avaient transplané à la lisière des bois, quelque part près du Loiret, pour visiter l'ancienne colonie farouchement protégée par le ministère français. Plus d'un siècle plus tôt environ, les autorités avaient installé des protections anti-apparitions autour de la majeur partie des bois pour empêcher les sorciers d'entrer et de sortir et de ruiner leur habitat naturel. Bien que les fées ne risquent plus d'être kidnappées à des fins néfastes pour le marché noir, le respect du temps froid favorisant l'intimité de la colonie signifiait que les protections étaient toujours en place.
Même si tout ça était très beau pour les fées (et, évidemment, faisait pratiquement s'enflammer de bonheur un cœur tendre comme celui d'Hermione à l'idée que ces créatures de l'hiver soient aussi bien protégées) ça signifiait une randonnée de plus de trois kilomètres à pieds dans la neige pour voir cette soi-disant merveille magique.
Draco passa la majeure partie du trajet glacial à penser à toutes les choses qu'il aurait préféré faire, comme s'enfouir dans la magnifique chatte de Granger. Non pas qu'il ne le fasse pas pratiquement chaque matin, midi et soir – ou chaque fois qu'ils n'étaient pas en train de faire du tourisme et de se balader dans Paris. Ne pas avoir à se préoccuper de choses ennuyeuses comme le travail ou les obligations sociales et familiales laissait une grande quantité de temps et d'énergie pour des activités bien plus agréables. Par les dieux, Granger avait été insatiable cette semaine. Elle avait initié toutes sortes de nouvelles positions et ils avaient baisé sur tellement de meubles différents dans leur suite que Draco ne pourrait plus jamais regarder une chaise longue sans devenir à moitié dur. Un simple murmure aussi banal que «s'il te plaît*» la faisait fondre et ouvrir les jambes pour lui. Il avait essayé à plusieurs reprises de continuer à lui fredonner des mots doux en français quand il était en elle mais sa queue lui permettait à peine de parler un anglais intelligible – quand elle lui permettait de parler tout court.
Et par Merlin, ce petit ensemble vert sexy qu'elle avait porté pour lui? Sans doute la plus belle surprise de sa vie.
Tout ça pour dire que Draco s'efforçait désespérément de garder ses grognements au plus bas cet après-midi, de peur de contrarier Hermione et de rater l'occasion de souiller une autre chaise antique et fabriquée à la main ce soir là.
La sorcière en question bouillonnait d'impatience à ses côtés. Ses joues étaient roses à cause du froid, ses boucles s'échappaient de son bonnet en laine, ses yeux brillaient sous le froid hivernal alors qu'elle consultait consciencieusement la carte du sentir à suivre. Elle avait l'air adorable avec le bout de son nez rougi. Je t'aime.
Vous voyez? Sans espoir.
Les sapins imposants et enneigés de la dense forêt jetaient une obscurité prématuré autour d'eux et bloquaient la lumière du soleil de fin d'après-midi. Mais cette obscurité fit son effet lorsqu'ils contournèrent un virage pour déboucher sur une clairière.
– Oh mon dieu..., souffla Hermione avant de s'interrompre.
Alors qu'un instant plus tôt ils étaient entourés d'arbres sombres, ils se retrouvèrent encerclés de lumière jaunâtre et scintillante. Draco dû admettre – à contre cœur – que cette vision était spectaculaire. Les fées lumineuses étincelaient et dansaient autour d'eux, certaines voletant d'arbres en arbres tandis que d'autres étaient endormies, pulsant sur place. Un faible bourdonnement perça le calme de la forêt autrement complètement silencieuse à l'exception des souffles froids de Draco et Hermione.
– C'est... c'est magnifique, murmura-t-elle d'émerveillement en faisant un pas en avant avec précaution.
Draco resta en retrait, incertain de la façon dont les fées apprécieraient la présence humaine. Hermione se rapprocha du vaste – et apparemment sans fin – réseau d'êtres vivants qui commençait au sol de la forêt et s'étendait dans tous les sens, créant une canopée de lumière brillante.
Quelques unes des fées les plus curieuses volèrent pour la rencontrer et Hermione gloussa et resta immobile comme l'indiquait la brochure. Elles voletèrent autour de sa tête pendant un petit instant puis retournèrent en sécurité dans leur nid.
Chaque secondes, le petit groupe de créature réalisait la même petite danse autour de la tête d'Hermione, créant un bref halo. Elle essaya de rester immobile mais fut bientôt submergée par le rire quand les drôles de petites choses essayèrent de l'inspecter et s'enfuirent en volant.
– Malfoy, attrape !
Hermione lui jeta soudainement son sac de perle qu'il attrapa rapidement.
– Prends moi en photo.
Il farfouilla dans son sac magiquement étendu, poussant sur le côté ce qui lui sembla être plusieurs livres, des fioles en verre, une pomme et une paire de mitaines de rechange avant de s'emparer de l'appareil photo.
Il prit rapidement quelques clichés d'elle et baissa l'appareil. Riant toujours, elle se détourna à moitié de lui pour observer ses nouveaux amis. Mais Draco ne pu retirer ses yeux d'elle. Il espéra qu'elle développerait magiquement ces photos, mais même malgré ça, il se dit que ce n'était pas possible de capturer sa beauté à cet instant avec quelque chose d'aussi banal qu'une photo. La magie autour d'eux semblait fade en comparaison.
Sublime dans la lumière féérique, la peau de son visage rayonnait d'un sourire heureux si authentique qu'il en ressentait la chaleur dans la froideur de l'air. Hermione incarnait la joie pure.
Maintenant. Il devait lui dire maintenant. Seuls dans une forêt tout droit sortie d'un livre de conte, emmitouflés dans la neige enchantée et la lumière féérique, Draco n'aurait pu rêver d'un cadre plus parfait.
Mais ni ses pieds, ni sa bouche ne voulurent bouger.
Lâche.
– Viens là! Appela-t-elle, brisant ses rêveries. Prenons en une ensemble!
Elle prit l'appareil alors qu'il approchait et lança un sortilège de lévitation, l'envoyant flotter à quelques mètres d'eux.
– J'espère que tu sais faire autre chose que ricaner ou avoir un air renfrogné, le taquina-t-elle quand il jeta un bras autour de ses épaules.
– Quelle insolente, se moqua Draco. Heureusement que je sais comment te faire taire, sourit-il narquoisement en lui volant un baiser – l'intensifiant rapidement d'une manœuvre agile de sa langue le long de ses lèvres puis plus bas.
Elle se recula en riant et frappa son épaule.
– Crétin! C'est la toute première photo que nous prenons ensemble!
Draco agita les sourcils.
– Elle a intérêt à être devant et au milieu au-dessus de ta cheminée pour que tout le monde puisse me voir te rouler la pelle de ta vie.
Elle leva les yeux au ciel et rougit. Maintenant. Il devait lui dire maintenant, tant qu'elle tenait dans ses bras, lui souriant si joliment. Draco baissa les yeux vers les siens et essaya de dire ces mots. Mais ils ne voulurent toujours pas sortir.
Un horrible sentiment de désespoir s'empara de lui. C'était un incroyable raté, non? Un misérable lâche. Rien d'autre qu'un Mangemort raté, inapte à vivre dans ce monde. Hermione ferait mieux de le quitter. Quel genre d'avenir pouvaient-ils espérer ? Ils n'avaient rien à faire ensemble. Il avait été si horrible envers elle durant leurs années collège, vraiment affreux. Il ne pouvait pas effacer le souvenir de son jeune visage tordu de douleur alors qu'il lui jetait un «sang-de-bourbe» cruel et nonchalant.
Sa poitrine se remplit d'air froid douloureux et la glace lui parcouru les veines. Et depuis quand les lumières avaient-elles disparu?
Draco secoua la tête comme pour s'éclairer les pensées et réalisa qu'Hermione avait fait un pas hors de son étreinte. Elle fourra furieusement son appareil dans son sac et sorti sa baguette. Il regarda autour de lui, confus que la forêt soit plongée soudainement dans l'obscurité, comme si un géant avec une baguette avait jeté un Nox de grande portée sur toute la colonie. Où étaient passées les fées?
– Draco, dit Hermione d'une voix tremblante. Draco, sort ta baguette.
Il s'exécuta immédiatement, alarmé par l'effroi dans sa voix.
Puis le sentiment de désespoir augmenta, devint plus insidieux et plus réel. Il était bien plus que pathétique, n'est-ce pas? Son esprit dérailla vers le visage effrayé et déformé de M. Ollivander, criant et se tordant sous la baguette de Draco tandis que le Seigneur des Ténèbres souriait machiavéliquement et menaçait Draco avec bien pire s'il ne s'exécutait pas. Tellement de douleur... tellement de peur... il était si effrayé... Le Seigneur des Ténèbres allait le tuer, tuer sa mère...
– Draco! Résonna la voix d'Hermione. Draco écoute moi! Peux-tu lancer un Patronus?
Des Détraqueurs. Des Détraqueurs étaient proches.
Draco combattit la détresse grandissante et essaya de se concentrer sur la sorcière devant lui. Si la situation n'avait pas été aussi terrible, il aurait éclaté de rire alors que d'autres souvenirs se déroulaient derrière ses paupières. Souvenirs de lui, transpirant dans l'un des salons les moins utilisé du manoir, tandis que sa baguette produisait de gros nuages de vapeur mais pas de forme distincte. L'homme perdait son temps avec lui alors qu'il avait certainement des tâches bien plus importantes qu'enseigner à un écolier ignorant comment se protéger.
– Tu devras en lancer un un jour, Draco, pour ta propre protection.
– Les Détraqueurs obéissent au Seigneur des Ténèbres à présent, c'est inutile.
– Tu te trompes si tu crois que ces créatures connaissent quoi que ce soit à la loyauté. Essaie encore.
Mais malgré la patience de Severus Rogue au cours de l'été précédent sa Sixième Année, Draco ne vit aucun de ses sorts produire une forme définie. A la place, il regarda celle de Rogue trotter autour de lui, un choix d'animal étrange qu'il invoquait et faisait disparaître rapidement.
Draco secoua la tête de droite à gauche pour revenir au présent.
– Oui, je veux dire... il n'est pas corporel mais je connais le sort.
Hermione attrapa sa main alors qu'ils couraient le long du chemin. Ils n'étaient pas allés bien loin quand Draco remarqua des formes noires planantes dans sa vision périphérique, glissant le long des arbres autour d'eux.
– Spero Patronum! S'écria Hermione et une loutre transparente explosa vers l'avant, chargeant en direction du groupe sur le côté.
Ceux à leur droite se dispersèrent, chassés par la créature de lumière.
Mais il y en avait plus. Beaucoup plus. Hermione eu un hoquet de surprise et ils s'arrêtèrent brusquement quand les Détraqueurs apparurent droit devant eux, bloquant leur route. Le choc brisa sa concentration et les espoirs de Draco furent anéantis quand la loutre disparut. Leur protecteur parti, ils étaient encerclés.
Et il était frigorifié. Si engourdi. Il valait peut-être mieux s'allonger et succomber à la mort. Comme Crabbe. Crabbe était mort et c'était de la faute de Draco. Il devrait être mort aussi. Sans vie, comme les yeux de Crabbe quand il était tombé dans le Feudeymon...
– Spero... Sper... Spero patronum! Appela-t-il et la main d'Hermione se crispa, le ramenant à un présent tout aussi terrifiant.
Une vapeur blanche brumeuse sorti de sa baguette cette fois et sa baguette commença à trembler.
Non, il fallait que sa bonne et courageuse sorcière reste forte. Mais le visage d'Hermione était devenu pâle et le bras au bout de sa baguette était baissé. Les Détraqueurs flottèrent plus près, tenu brièvement à distance par le bouclier brumeux mais celui-ci vacilla bientôt et se dissipa, laissant le champs libre à Draco et Hermione.
La main molle d'Hermione lâcha la sienne lorsqu'elle tomba à genoux. Elle commença à gémir.
– Non, pitié... pitié... on l'a trouvé... c'est un faux... c'est un faux...
Le cœur de Draco se brisa quand il réalisa lequel de ses souvenirs la tourmentait le plus pour causer une telle détresse. Il avait fait ça... il lui avait fait ça. Il avait été présent cette nuit-là, dans la salle à manger de sa famille pour l'amour de Merlin, et sa propre tante... et il avait regardé et n'avait rien fait.
Il pouvait faire quelque chose maintenant.
Draco se jeta devant Hermione et pointa sa baguette vers les Détraqueurs qui s'avançaient.
– Spero Patronum!
Rien. Il se souvint ensuite de la deuxième partie du sort: il devait penser à son souvenir le plus heureux.
Merde.
Il devait bien y avoir quelque chose de son enfance qui fonctionnait mais récemment ces souvenirs semblaient ternis, comme s'ils appartenaient à la vie de quelqu'un d'autre.
Son existence avait principalement été faite d'une morosité et d'une obscurité sans fin depuis l'âge de 16ans, jusqu'à l'année dernière. Ses yeux regardèrent sur sa gauche, vers la femme recroquevillée au sol. Son bonheur, son tout. Il ne pouvait pourtant pas la protéger... il l'avait laissée tomber encore une fois. Comment avait-il pu penser la mériter? Il ne la sauverait jamais, il en était physiquement incapable.
– Granger... Granger s'il te plaît..., dit-il faiblement.
Il tomba au sol à côté d'elle et prit sa silhouette inerte dans ses bras. Elle s'était évanouie et les immondes créatures étaient au-dessus d'eux à présent. Les encerclant, se rapprochant, prêt à frapper et se nourrir d'eux.
Il ferma les yeux et pensa à leur premier baiser, des mois plus tôt, dans le couloir sombre de sa maison.
– Spero Patronum!
Un bouclier brumeux, très semblable à celui d'Hermione, jaillit mais affaiblit Draco et le laissa haletant. Les Détraqueurs s'arrêtèrent un instant puis l'un d'eux le repoussa.
– Hermione... je t'en prie... j'ai besoin de toi... Hermione... réveille toi, tu dois te réveiller!
Mais il n'eu aucune réponse et senti quelque chose tirer son bras et l'arracher d'elle. Il était seul, toujours seul. Elle allait mourir. Ils allaient mourir. Les gens la pleureraient et l'accuserait lui et à juste titre. C'était de sa faute, tout était de sa faute... et il ne lui avait toujours pas dit. Elle allait mourir et elle ne saurait jamais que Draco l'aimait. Il l'aimait tant et l'idée de ne jamais la revoir, de ne plus jamais entendre son rire cristallin, de ne plus sentir ses mains sur sa peau, déferla un ras-de-marée de chagrin dans son corps.
Que les Détraqueurs le prenne. Si elle n'appartenait plus à ce monde, il ne voulait plus en faire parti non plus.
Quel dommage, non? Toutes les choses qu'ils ne pourraient jamais faire ensemble? Quelques instants plus tôt, ils avaient pris leur première photo ensemble, l'autre nuit ils avaient partagé leur première danse. Combien d'autre souvenirs et de premières fois n'auraient-ils jamais?
Une image apparut soudainement si clairement dans son esprit que Draco pensa pendant un instant qu'il avait quitté la forêt. Une image d'une tangibilité si frappante qu'il l'avait peut-être déjà vécu, ou peut-être était-il en train de la vivre dès maintenant.
Elle marchait vers lui, rayonnant d'une joie débridée, drapée d'une robe blanche et agrippant un bouquet. Son sourire radieux s'agrandit encore plus quand elle s'approcha pour se tenir face à lui. Elle tendit une main pour attraper la sienne. Sa douce voix résonna clairement et fortement alors qu'elle le regardait avec fierté et récitait les mots qu'il n'aurait jamais pensé entendre de la part de quiconque, et encore moins d'elle. «Moi, Hermione, te prends toi, Draco...»
– SPERO PATRONUM!
Le Détraqueur lâcha Draco et prit la fuite, ses compatriotes l'imitant alors qu'une forme gigantesque jaillissait de la baguette de Draco. Il observa avec émerveillement la grande créature se déployer et charger, non voler, sur les suceurs d'âme. Car les dragons ne chargent pas quand ils ont des ailes à disposition.
Draco rassembla toute son énergie magique et se concentra uniquement sur la sensation de béatitude totale que lui procurait la scène que son esprit avait, d'une quelconque façon, conjuré. Le dragon s'éleva et encercla les Détraqueurs, les piégeant en grognant et faisant claquer sa large mâchoire. La transpiration coula le long de son visage, et son corps trembla sous l'effort mais il ne pouvait, ni ne voulait, lâcher prise. Plus maintenant qu'il avait vu quelque chose d'aussi merveilleux, quelque chose pour lequel il savait qu'il devait vivre.
Draco dirigea son sauveur translucide autour du chemin boisé, ne lâchant pas prise ou ne se reposant pas tant que chacune des créatures des ténèbres avaient enfin disparu, bannie. Transpirant et tremblant, il tomba au sol à côté d'Hermione. La mission du dragon accomplie, il vola une fois de plus autour de Draco et Hermione avant de disparaître. Dans son sillage, un silence paisible tomba à nouveau et, à distance, Draco pouvait voir les lumières des fées.
Mais il était faible. Tellement, tellement faible. Ses réserves magiques étaient presque épuisées et il s'effondra à côté d'Hermione. Ils ne pouvaient pas transplaner, pas avant deux kilomètres et demi, au moins. Alors que l'inconscience menaçait de s'emparer de lui, Draco invoqua le reste de ses pouvoirs et jeta un sort de réchauffement autour d'Hermione. Espérant que ça soit suffisant, il s'évanouit.
Draco se réveilla soudainement, tremblant, ses muscles douloureux. Il s'allongea sur le côté dans la neige, un bras autour du corps inerte d'Hermione.
– Hermione!
La panique jeta une décharge d'adrénaline dans ses membres fatigués alors qu'il se relevait pour s'asseoir. Il n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis qu'ils s'étaient tous les deux évanouis mais la nuit était tombée sur la forêt.
Draco n'avait jamais eu aussi froid de sa vie et il espérait que le sort de réchauffement désespéré qu'il avait lancé avait au moins aidé Hermione. Elle était toujours évanouie, le visage plus pâle qu'il ne l'avait jamais vu. Ses lèvres habituellement roses avaient une teinte bleuté malsaine. Il souffla de l'air chaud dans ses mains en coupe et les plaça autour du visage d'Hermione, désespéré à l'aider. Au moins, elle respirait toujours même si, lorsqu'il prit son poignet, son pouls était faible. Il devait agir vite.
L'esprit de Draco s'emballa tandis qu'il luttait contre la fatigue et de légères convulsions. Ils étaient restés trop longtemps dans le froid – mais il ne pouvait pas dire avec certitude combien de temps. Il n'avait aucune idée de comment traiter ce genre d'hypothermie mais savait qu'il devait les sortir, Hermione et lui, de ces bois s'ils voulaient survivre.
Réfléchi, réfléchi, réfléchi.
Ses doigts s'enroulèrent autour du sac de perle d'Hermione. Il devait forcément y avoir quelque chose là dedans qui pouvait les aider à court terme. Sans talent de guérisseur pour combattre une exposition prolongée aux éléments, il chercha autre chose pour apaiser le froid intérieur laissé par les Détraqueurs. Qu'est-ce que ce loup-garou de Lupin leur avait appris? Du chocolat!
Sa main se referma autour d'une boîte de truffe que Draco avait balancé dedans quand Hermione lui avait demandé s'il voulait un en-cas pour leur randonnée. Il en fourra un dans sa bouche avidement et eu l'impression qu'un peu de chaleur revenait en lui, bien que ça ne fasse que très peu contre la douleur de ses engelures. Avec l'esprit très légèrement plus clair, il essaya de ranimer Hermione.
– Hermione... Hermione je t'en prie, dit-il en la secouant légèrement sans la réveiller.
Draco roula sa baguette entre ses mains tremblantes, décidant qu'il était peu judicieux d'essayer un sort de Réanimation dans son état de faiblesse. Il ne parvenait même pas à pousser le chocolat à travers ses lèvres bleues, de peur qu'elle s'étouffe.
Merde. À l'aide, pitié, n'importe qui.
Draco jeta un regard désespéré dans les bois vide autour de lui. Elle avait besoin de soins médicaux – ils en avaient besoin tous les deux – et vite. Il regarda le long du chemin devant eux et su qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Il allait devoir la porter loin d'ici pour transplaner.
Il se leva avec précaution et mangea un autre chocolat. Il semblait assez en forme pour marcher mais su que ce serait un défi avec le poids d'Hermione combiné au sien. Il s'accroupi, défit sa veste et attira Hermione dans une position assise pour l'enrouler dedans. La soulevant, son corps s'affaissa contre lui, mou comme une poupée de chiffon, et il tituba – mais ne tomba pas.
– Tout doux Granger, murmura-t-il dans le vide. Allons te mettre en sécurité.
Il se baissa pour passer l'un de ses bras par dessus son épaule puis commença maladroitement à la porter comme un sac de pomme de terre.
Un pas. Un autre. Et un autre. Draco força ses pieds à bouger tout en traînant Hermione avec lui. Il papota constamment à la sorcière inconsciente, se demandant indirectement si le délire était un symptôme de l'hypothermie.
– Granger, Granger, Granger... Il n'y a que toi pour transformer une balade pour voir une colonie de fées en situation de vie ou de mort... Potter serait si fier, même si je pense que tu empiètes sur ses plates-bandes pour finir dans un désastre mortel pour des raisons stupides... Ne dis jamais que je ne rends pas ta vie excitante, mon amour... Je veux dire, des Détraqueurs... rien de plus excitant que ça n'est-ce pas? Par Merlin tu as l'air si frêle pourtant je galère vraiment Granger... et non, je ne te traite pas de grosse ou quoi que ce soit... je suis juste un peu fatigué mon amour... ce Patronus demande beaucoup d'énergie hein?... Et n'est-ce pas typique? Je réussi à invoquer mon premier Patronus corporel et tu n'es même pas là pour le voir... si... typique... si... merde... Granger... Hermione... bordel je suis fatigué... c'est loin tu sais...
Plus de pas. Plus d'inspirations douloureuses d'air glacial. Il devait continuer à avancer. Il devait faire un kilomètre de plus. Pour elle, tout pour elle. C'était Hermione Granger, par Salazar, et ça ne serait pas comme ça que son histoire se terminerait. Hermione Granger survivait à tout: c'était un fait universel. Elle avait survécu au basilique, elle avait survécu au groupe de Mangemorts qui l'avait pourchassé à travers le Ministère, elle avait survécu à la torture diabolique de sa tante, elle avait survécu à une évasion de Gringotts, elle avait survécu à une pièce remplie par le Feudeymon, elle avait survécu à un mégalomane à la tête de serpent déterminé à détruire le monde... elle n'allait pas mourir ici dans la neige de quelque chose d'aussi insignifiant que le froid.
Un pied devant l'autre. Il leva sa baguette pour voir si un autre sortilège magique de réchauffement pouvait être possible mais sa magie avait toujours l'air étouffée. Il allait avoir besoin du moindre petit bout de sa magie s'il avait l'espoir de les faire transplaner hors d'ici vivant. Le panneau indiquant l'entrée du sentier n'était toujours pas en vue et sa vision commença à s'obscurcir sur les côtés. Il secoua la tête pour rester éveillé et alerte. En avant, en avant, en avant. Pour Hermione, pour leur futur.
Ses paupières semblaient lourdes. Ses jambes semblaient lourdes. Tout avait l'air lourd et incroyablement froid... mais non, pas d'arrêt. Il secoua la tête pour ce qui lui paru être la centième fois. Garde là en vie, garde là en vie, sauve là, sauve là, sauve là... J'ai besoin de toi, ne pars pas, pas maintenant s'il te plaît, j'ai besoin de toi, j'ai besoin de toi, je t'aime je t'aime je t'aime.
– J'ai perdu... J'ai perdu tellement... de temps sans toi... tellement d'années... ç'aurait pu faire des années... avec toi Granger... imagine... imagine ce que l'on aurait pu être... heureux... tellement heureux avec toi... Hermione... Je suis fatigué... Peux pas le faire... sans toi... je serai seul... je ne veux pas revenir en arrière... je déteste être seul... je déteste être sans toi... parle moi, s'il te plaît... Granger pitié... embête moi, n'importe quoi... besoin de t'entendre encore... si on sort d'ici... je ferai n'importe quoi... serai n'importe quoi pour toi... ne pars pas... pas comme ça... je t'en prie mon amour...
Draco ne savait pas si parler ou rester silencieux en laissant échapper un souffle glacial d'air à travers ses lèvres congelées lui faisait le plus mal. Juste au moment où l'air commença à lui cingler les poumons, son pied et son genou heurtèrent quelque chose de dur. Il se pencha en avant mais resta debout. Le panneau! Ils avaient atteint la lisière du bois!
Draco tira Hermione encore quelques mètres plus loin puis la serra contre lui. Il la serra fort contre lui, utilisant la sensation familière de son corps pour calmer ses pensées paniquées et rassembler la force dont il avait besoin. Le soulagement d'avoir atteint un point d'apparition redonna vie à sa magie et il ferma les yeux pour se concentrer. Draco concentra chaque fibre de son être sur la destination puis resserra sa poigne pour se tordre dans le néant.
Réapparaissant un instant plus tard dans le hall trop lumineux de leur hôtel, Draco tomba à genoux, Hermione s'affaissant avec lui. Il entendit vaguement une cacophonie de voix inquiètes. Une main secoua son épaule et le visage du concierge apparut au-dessus de lui. Était-il sur le dos à présent?
– Monsieur Malfoy! Monsieur Malfoy! Que s'est-il passé? Vous m'entendez?!
– Des Détraqueurs... sauvez là... pitié... sauvez là...
Hermione, je t'aime.
Le corps de Draco s'effondra au sol tandis que l'obscurité s'emparait à nouveau de lui.
Les lumières étaient trop fortes. Draco cligna lentement des yeux pour les ouvrir et essaya de se situer dans l'espace. Il était couché dans un lit sous des couvertures avec le moins de fils possible et habillé d'une tenue d'hôpital. Ste Mangouste, donc.
– Content de te revoir, dit une voix d'un air ironique à la droite de Draco alors qu'il tournait la tête si vite que sa nuque craqua. Quand tu auras pris un instant pour retrouver tes esprit, je crois que nous devrions discuter de la raison pour laquelle tu m'as choisi comme contact d'urgence au lieu de ta propre mère ou peut-être de ton ami Théodore Nott, dit la voix calme du guérisseur Browning.
Draco l'ignora et s'assit. Il n'avait pas le temps pour ça. Sa tête tourna à cause du mouvement brusque, mais il s'en moquait, il devait trouver Hermione.
– Doucement Draco, prévint Browning. Tu es à Ste Mangouste.
Putain, bien vu vieux.
– Et tes potions sédatives commencent à peine à s'estomper.
Draco rejeta les couvertures et s'apprêtait à se lever, forçant Browning à se mettre sur pieds brusquement.
– Draco, stop! Où diable crois-tu aller?
Ta gueule.
– Je vais bien, je dois la trouver, savez-vous si –?
La porte du service s'ouvrit ensuite, et deux guérisseurs en tenue vert citron entrèrent brusquement. Il s'avérait que Draco était en convalescence dans une aile privée, ce qui signifiait que ses donations monétaire régulières n'étaient pas en vain.
– Ah, M. Malfoy, bonjour. Le sort de diagnostic m'a notifié que vous étiez réveillé. Je suis le guérisseur Benson et voici –
– Où est-elle?
Draco coupa court au discours d'introduction qui allait sortir de la bouche du soigneur. Le guérisseur serra les lèvres et fronça les sourcils.
– J'ai peur de ne pouvoir –
Draco sauta hors du lit et se grandit de toute sa hauteur.
– Où est-elle? Gronda-t-il au visage de l'homme.
Du coin de l'oeil, Draco remarqua que l'autre guérisseur retirait sa baguette de son étui.
– Je n'ai pas la liberté de vous donner des détails sur les autres patients. Maintenant, en ce qui vous concerne –
– BORDEL OU EST-ELLE? DITES LE MOI MAINTENAIT OU JE JURE QUE –!
– M. Malfoy, si vous ne vous calmez pas je n'aurais d'autre choix que de vous immobiliser physiquement, répliqua le guérisseur Benson – complètement inébranlable face aux cris et à la proximité de Draco.
La baguette trembla dans la main de l'autre médecin.
Draco recula et s'enfonça sur le bord de son lit, fixant minutieusement les deux docteurs face à lui. Il senti la présence du guérisseur Browning dans son dos. Si le vieil homme pensait ne serait-ce qu'à poser une main réconfortante sur son épaule, Draco la lui arracherait.
– Vous avez survécu à une attaque intense de Détraqueurs, continua le guérisseur Benson d'une voix ennuyée, clinique, comme si Draco ne venait pas de lui hurler au visage. Vos réserves magiques ont fortement été impactées par votre sortilège de Patronus et les charmes de réchauffement qui ont suivis, ainsi que le fait d'avoir transplané. Les guérisseurs français vous ont transféré ici presque immédiatement et vous avez été sédaté magiquement pendant 24 heures. Nous vous avons également traité pour l'hypothermie, la déshydratation et de légères engelures aux lèvres et oreilles. Votre magie a parfaitement récupéré, tout comme vos extrémités. Mon conseil professionnel est que vous restiez au moins 6 heures de plus pour parfaitement guérir physiquement et –
– Laissez moi sortir maintenant, interrompit Draco.
– Draco, je ne crois pas –, commença le guérisseur Browning mais Draco le coupa.
– Maintenant. Laissez moi sortir.
La femme guérisseuse – qui n'avait pas pris la peine de se présenter – invoqua un formulaire et une plume. Elle les lui jeta.
– Vous pouvez signer ça, qui indique que vous souhaitez partir contre l'avis de votre guérisseur, dit-elle d'un ton laconique.
Draco le signa sans le lire et le lui lança.
– Fantastique, dit-il. Où puis-je trouver Hermione Granger?
Les deux soigneurs le fixèrent impassiblement, mais Draco entendit Browning reprendre rapidement son souffle derrière lui.
– Comme je l'ai mentionné précédemment, je ne peux pas vous donner des informations personnelles sur d'autres patients.
– Est-elle en vie? Est-ce qu'elle va bien? Emmenez moi la voir, s'il vous plaît, je –
– M. Malfoy comme vous ne faites pas parti de la famille immédiate ou ne figurez pas dans les proches parents, vous n'êtes pas autorisé à recevoir des informations concernant Mlle. Granger.
Donc elle était en vie à cet instant, ou en tout cas, toujours en vie. Et elle était là, quelque part dans l'hôpital. Draco bouillonnait face à ses deux adversaires qui osaient réduire sa relation avec Hermione au néant. Il pouvait peut-être faire contre poids en utilisant son statu de donneur et les menacer d'un procès, mais un meilleur plan surgit soudainement dans son esprit. Il avait un autre tour dans sa manche que ces deux idiots n'avaient aucune idée qu'il possédait, et Draco prévoyait de l'utiliser à la seconde où ils quitteraient la pièce.
– Bien, dit Draco d'un ton calme. Merci infiniment pour votre aide. C'est un vrai plaisir de voir tous mes Galions à l'oeuvre dans cette institution, ricana-t-il.
Les guérisseurs partirent sans un mot de plus – et Draco su que ça avait presque tué la sorcière de ne pas lever les yeux au ciel.
À la seconde où la porte se referma, Draco saisit sa baguette. Il devait se concentrer s'il voulait faire ça correctement.
– Ils m'ont dit que tu étais arrivé avec une jeune femme. Que vous aviez tous les deux subit une attaque de Détraqueurs et souffert d'hypothermie, mais que tu avais pu vous faire transplaner tous les deux dans un lieu sur, dit Browning d'un air hébété. Draco, la femme avec que tu étais... pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu fréquentais Hermione Granger?
Draco interrompit sa concentration pour jeter un regard noir à son guérisseur.
– Quelle différence? Vous savez tout d'elle grâce à mes séances, je n'étais pas au courant que je devais révéler son nom complet. Vous voulez son adresse et sa date de naissance aussi? Demanda-t-il froidement.
– Normalement, non, je n'aurais pas besoin de détails personnels sur un partenaire amoureux, mais Draco ce sont des circonstances plutôt spéciales étant donné ton histoire et les séances passées! Tu ne penses pas que j'aurais adapté nos séances si tu avais été honnête? Ce n'est pas un détail anodin sur ta vie amoureuse, c'est une énorme révélation qui m'est nécessaire pour te traiter correctement!
Draco n'avait jamais vu Browning en colère contre lui auparavant. Ça aurait eu un impact si Draco avait eu le temps ou l'envie de se soucier de quoi que ce soit d'autre qu'Hermione.
Ignorant l'indignation de son guérisseur face à ce qu'il prenait pour de la duplicité, Draco ferma les yeux pour se concentrer sur son souvenir le plus heureux. Ou rêve, supposa-t-il. Il allait devoir faire des recherches sur les Patronus et la façon de les invoquer.
Une robe blanche, un grand sourire. «Moi, Hermione, te prends toi, Draco...»
– Spero Patronum!
Le dragon argenté apparut et flotta devant lui, attendant les ordres.
– Apporte ce message à Harry Potter: «Potter, c'est Malfoy. Je suis à Ste Mangouste et ils ont Granger quelque part mais ces putains d'idiots refusent de me dire où, donc il faut que tu ramènes ton cul ici immédiatement et sorte la carte du Sauveur de Tout ce qui est Bon et Juste dans le Monde comme tu sais le faire et t'assurer qu'elle va bien et m'emmener la voir.»
Voilà. Que ces idiots refusent une demande d'Harry Potter.
Le dragon s'envola hors de la pièce et Draco rencontra le regard stupéfait de Browning.
– Je vais la trouver, vous pouvez garder vos sermons pour notre prochaine séance, dit-il platement avant d'ôter sa blouse de patient et d'enfiler ses vêtements.
– Je vais ajouter 30 minutes de plus à notre prochaine séance, dit Browning. Nous discuterons de la raison pour laquelle tu m'as mis en contact d'urgence ainsi que des raisons pour lesquelles tu ne m'as pas parlé de ta relation avec Mlle. Granger.
– Peu importe, murmura Draco en levant les yeux rapidement quand les portes du service s'ouvrirent. C'était rapide, dit Draco alors qu'un Harry Potter stressé marchait vers lui.
– De quoi? Fut sa réponse.
– Tu n'as pas eu mon Patronus? Comment es-tu déjà là?
Soudainement, le dragon de fumé apparu et délivra le message de Draco. Harry sourit en coin alors que le Patronus disparaissait.
– Impressionnant. Même si je suis déçu que ce ne soit pas un furet.
Les poils de Draco se hérissèrent face à l'insulte, mais il ravala sa fierté.
– Potter, tu dois m'aider à la trouver. Les guérisseurs n'ont rien voulu me dire et je ne sais même pas si elle va bien et je n'ai aucun moyen d'aller la voir et je dois savoir si elle –!
Harry leva la main pour stopper le charabia anxieux de Draco.
– Malfoy, elle va bien. Calme toi et je t'emmènerai la voir.
Un toussotement derrière lui rappela à Draco qu'ils n'étaient pas seuls.
– Draco, nous devrions quand même discuter –
– Pas aujourd'hui Browning, aboya Draco. Browning, voici le Garçon qui ne Sait pas Mourir ou se Coiffer. Potter, voici mon guérisseur, Browning.
Draco leva les yeux au ciel alors que les deux autres se serraient poliment la main.
– Harry Potter, ravi de vous rencontrer.
-Atticus Browning, de même.
Alors qu'il se pressait derrière Potter hors du service, Draco jura qu'il entendit Browning murmurer dans sa barbe «J'aurais du prendre ma retraite comme l'avait demandé Mariana, je suis bien trop vieux pour ça...».
Les deux hommes marchèrent le long du couloir ensemble, Draco assaillant Harry de questions sur le bienêtre d'Hermione. Les questions furent ignorées jusqu'à ce qu'ils atteignent un couloir désert.
- … et ses lèvres étaient un peu bleues et je n'ai aucune idée de l'état dans lequel je suis arrivé, mais je crois qu'elle était dans un pire état que le mien, mais s'ils lui ont administré les bonnes potions directement alors il ne devrait pas y avoir...
Harry le coupa au milieu de sa tirade.
– Par Merlin tu ne veux pas la fermer? Je ne peux pas te donner de réponse tant que nous ne sommes pas seuls!
Draco ferma la bouche mais lui lança un regard noir.
– Elle va bien. Hermione va bien, répéta Harry et les mots pénétrèrent enfin.
Draco tomba lourdement contre le mur et se couvrit le visage des mains. Toute la colère et l'adrénaline pour avoir des informations s'évanouirent alors que le soulagement l'écrasait et que l'inquiétude le submergeait.
- Malfoy, dit Potter doucement. Elle est en vie grâce à toi. Tu... tu lui as sauvé la vie.
La voix serré de Potter ne fit qu'empirer les choses. A quel point avait-il été prêt de la perdre? Par les dieux, que serait-il arrivé s'ils avaient été là-bas une minute de plus? Ou s'il n'était pas parvenu à lancer de Patronus? La réaction de Potter était proche du chagrin. Combien de temps Hermione avait-elle oscillé entre ce monde et celui d'après? Avait-elle souffert, encore une fois par sa faute?
Harry s'appuya sur le côté contre le mur, faisant face à Draco et croisant les bras.
– Est-ce que ça va?
Dans des circonstances normales, il aurait craché une remarque cinglante et dit à Potter d'aller se faire foutre, mais la colère l'avait quitté. Draco laissa tomber ses mains et prit une inspiration tremblante.
– Je peux la voir? Demanda-t-il doucement.
Harry hocha la tête et remonta ses lunettes sur son nez.
– Elle dort maintenant mais oui c'est sa chambre.
Harry fit un geste vers la porte devant eux.
– Elle a demandé à te voir directement, ajouta-t-il. Ron et Ginny sont avec elle.
Draco ferma les yeux, souhaitant faire disparaître cette image terrible d'elle, congelée dans les bois.
– Ses parents? Sont-ils au courant?
– Ahhh non, nuança Harry. Moi et Ron... sommes ses contacts d'urgence. Ses parents ne... Eh bien je suis sûr que tu sais que c'est un peu compliqué entre eux. Hermione n'aime pas les inquiéter. Vous étiez supposés être en France pour encore deux jours de toute façon.
Draco eu un rire amer.
– Et si elle était morte?
La bouche d'Harry se tordit en une ligne sombre.
– Elle n'est pas morte. Allé.
Draco se poussa dur mur et suivit Harry dans une autre aile privée. Pourtant, au lieu du réconfort qu'il avait espéré, Draco vit son pire cauchemar s'étirer juste devant lui. Il vit Hermione dans un lit trop grand pour sa petite silhouette, ses cheveux flottant sauvagement autour de son visage délicat, les yeux clos et avec la peau si pâle. Elle était trop immobile, trop calme. Respirait-elle au moins? Elle avait l'air d'être l'ombre d'elle-même... comme un cadavre. Comme la petite poupée toute molle qui se faisait torturer sur le sol de sa salle à manger...
La vue de Draco se brouilla et il tituba. Au loin, il entendit quelqu'un l'appeler mais le son était étouffé. Du coin de ses yeux larmoyants il pouvait voir deux formes aux cheveux roux bouger mais il ne pouvait quitter du regard l'imitation pâle et sans vie de la femme qu'il aimait gisant, semblant ne jamais pouvoir se réveiller. Il arrivait trop tard, toujours trop tard. Il ne pouvait pas la sauver, il ne la sauvait jamais...
Un visage inquiet apparut et Draco réalisa qu'il n'était debout que parce que Potter le maintenait fermement. Il dit quelque chose d'un ton pressé mais Draco ne comprit pas les mots.
– Je ne... peux pas... non. Je ne peux pas faire ça... Je –, haleta Draco en détournant le regard et se ruant hors de la chambre.
Il ne pouvait pas respirer. Il fallait qu'il puisse respirer bordel. Elle était d'un pâle morbide. Aussi pâle que lorsque les Rafleurs l'avaient emmené au Manoir.
Draco chancela le long du couloir jusqu'aux toilettes les plus proches et s'écroula presque sur le lavabo. Il s'agrippa la nuque avec force et s'étouffa dans un sanglot. Finalement, son désespoir eu des conséquences physiques et il vomit. Il eu encore plusieurs hauts-le-coeur avant que son corps abandonne le fait d'expulser les quelconques potions dont il avait été bourré plus tôt.
Je suis en accord je suis en accord je suis en accord.
Draco s'essuya le visage et bu un peu d'eau puis observa son épouvantable reflet dans le miroir. Potter avait affirmé qu'elle s'était remise mais comment pouvait-il dire ça quand elle avait l'air si fragile, si brisée?
Un mouvement soudain derrière lui attira l'attention de Draco et il vit un autre visage se refléter au dessus de son épaule. Il ne put s'empêcher d'avoir une impression de déjà-vu.
– Il faut qu'on arrête de se retrouver dans cette situation Potter, tenta d'articuler la faible voix de Draco.
Les lèvres d'Harry se relevèrent brièvement.
– Je te promets de ne pas essayer des sortilèges sombres expérimentaux qui te feront te vider de ton sang sur le sol cette fois.
Draco haussa les épaules mais ne put réprimer le tremblement dans ses membres affaiblis. Le souvenir de cet incident le frappa de plein fouet: l'impuissance, le désespoir, la détresse abjecte qu'il avait ressenti...
– J'ai voulu mourir ce jour là, tu sais. Ne te méprends pas, j'ai cherché à te faire du mal mais quand tu m'as touché avec ce maléfice et que j'ai commencé à saigner... J'ai cru que j'avais enfin trouvé une issue à ma situation de merde. J'avais enfin percuté que ma mission pour le Seigneur des Ténèbres était vouée à l'échec depuis le début. Et tu sais quoi? Rit sombrement Draco. Je n'ai même pas réussi à mourir.
Draco ferma les yeux pour ne pas voir l'inquiétude s'inscrire sur le visage de Potter – la même que ce jour en Sixième Année quand leurs regards se sont croisés dans le miroir brisé. La pitié de Potter l'avait enragé à l'époque mais, à présent, il ne pouvait rassembler que du dégoût discret.
– Tu avais une autre solution, tu en as toujours eu, dit Potter doucement. Je sais que c'est facile pour moi de dire ça. J'aurais juste aimé que... que Dumbledore... ou n'importe qui te montre plus tôt que tu avais le choix.
Draco aboya un rire sec.
– Le choix? C'est la meilleure, ricana-t-il en se retournant pour s'appuyer contre le mur.
Pourquoi diable avaient-ils cette discussion inutile? Mais Draco réalisa que, maintenant qu'ils avaient emprunté ce chemin, autant y aller jusqu'au bout.
– Tu es le Garçon qui a Survécu, hein? Considères moi comme le Garçon qui n'avait pas le Choix.
Draco glissa le long du mur pour pouvoir s'asseoir, les genoux relevés.
– Grâce aux conneries de mon père, j'ai été obligé de répondre à certaines attentes terrifiantes dès que j'ai fêté mes 16 ans. Peut-être que la version plus jeune de moi-même affirmerait qu'il s'en réjouissait au début, mais nous savons tous les deux que j'avais le choix entre prendre la Marque ou une mort certaine. Appellerais-tu ça un choix? Et concernant ma mission de tuer Dumbledore... tues le vieux ou regardes tes parents mourir. Quel chemin aurais-tu choisi?
Draco leva les yeux vers Harry pensivement.
– J'ai entendu une rumeur comme quoi le Choixpeau t'avais imaginé à Serpentard, avait eu toute une conversation à ce sujet avec toi. Tu savais qu'il ne m'avait rien dit? Tu te souviens de notre cérémonie de répartition? Il a à peine effleuré mes cheveux et m'a envoyé à Serpentard. Ne m'a offert aucune possibilité de chemin alternatif, pas de mots sages sur le fait que ma vie aurait pu être différente, non, il m'a simplement entraîné le long de mon chemin prédéterminé vers les ténèbres.
Harry le jaugea avec un regard patient.
– Je te l'ai déjà dit auparavant, mais je pense que ça vaut le coup de le répéter. Le monde n'est pas divisé entre les gentils et les Mangemorts.
Draco pencha la tête en arrière et fixa le plafond.
– Oui, oui, de très jolis mots.
Même s'il n'avait pas besoin de baisser les yeux pour le vérifier, Draco aurait parié un sacré montant d'or que Potter avait levé les yeux au ciel.
– Ecoute, je ne suis pas là pour ressasser le passé. Tu t'es excusé avant, je t'ai pardonné, nous sommes au-dessus de ça aujourd'hui. Merde, tu sors avec ma meilleure amie et tu l'as sauvé des Détraqueurs! Je suis venu ici pour te remercier et m'assurer que tu ne te flagellais pas. Ce n'était pas de ta faute et les guérisseurs et Hermione nous ont dit ce que tu as fait pour elle.
Draco grimaça et baissa la tête. Ce qu'il avait fait pour elle... c'était risible. Il n'avait fait que l'embarquer dans une nouvelle situation dangereuse qui l'avait presque tuée.
– Elle a faillit mourir. Elle...
Pour sa plus grande humiliation, Draco senti sa gorge se serrer.
– Malfoy, soupira Potter exaspéré, quelle partie de «Hermione va bien» est-ce que tu ne comprends pas?
– Oh? Tu appelles ça aller bien?! Explosa Draco. Tu appelles être couchée dans un lit en ayant l'air de la Dame Grise aller bien?! Peut-être que tu es insensible à force de la voir dans des situations où elle frôle la mort mais moi non!
– Et donc tu fuis hors de sa chambre et te cache? En quoi ça aide?
– Je suis heureux que tu puisses être aussi blasé à ce sujet Potter, mais excuse moi si je suis un peu perturbé en la voyant comme ça. Comment tu réagirais hein? Si c'était Ginny dans ce lit?
Quand les sourcils d'Harry se haussèrent, Draco réalisa ce qu'il venait d'admettre.
– Merde, grogna Draco en reposant sa tête contre le mur.
Il ferma les yeux pour bloquer la silhouette trop relaxée de son ancien rival, se tenant nonchalamment contre la porte des toilettes pendant que Draco divulguait son plus grand secret.
– Et je ne lui ai jamais dit... elle a faillit mourir et je ne lui ai jamais dit, murmura Draco d'une voix rauque.
– Pourquoi?
Les yeux de Draco s'ouvrirent brusquement pour jeter un regard noir au fléau de son adolescence.
– Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, Auror Potter, ça ne fonctionne pas beaucoup quand j'ai quelque chose à perdre, rugit-il.
Potter laissa aller un autre soupire de martyr et, si Draco avait eu plus d'énergie, il lui aurait jeté un sort entre les yeux.
– Ecoute, il faut vraiment que tu arrêtes d'être aussi dramatique, et ça en dit long venant de moi.
Il lança un sourire en coin malicieux à Draco qui lui fit remonter la bile dans la gorge à nouveau.
– La guerre est terminé mec. Terminée depuis longtemps maintenant. La seule façon dont tu peux perdre Hermione c'est en continuant à agir comme un con –
– J'ai faillit la perdre à cause de Détraqueurs, alors je t'interdis de me dire –
– Oui, un groupe de Détraqueurs indésirables, j'ai eu l'histoire complète des Aurores français. Apparemment, c'est devenu un problème dans des régions d'Europe depuis qu'on les a banni d'Azkaban. Mais tu les as battu, Malfoy.
Les yeux verts se plongèrent dans le gris.
– Tu t'es battu pour elle. Et je te dis maintenant que si elle se réveille à nouveau et que tu n'es pas là cette fois? Les Détraqueurs auront l'air de Boursouflets en comparaison.
Draco s'accorda un demi sourire ironique, sachant parfaitement ce que pouvait infliger une Hermione furieuse à ceux qui l'avaient contrariée. Et, bien qu'elle avait totalement le droit d'être en colère contre lui, ça n'enlèverait jamais le fait qu'il ne la méritait pas. Lui, l'idiot qui était en train de craquer sur le sol sale des toilettes d'un hôpital, qui était trop lâche pour s'asseoir à son chevet et attendre qu'elle se réveille, qui ne pourrait jamais être à la hauteur. Ce qui signifiait qu'il devait étouffer son petit rêve idiot. Ce fantasme excitant, ridicule, impossible et absolument terrifiant.
Oui, terrifiant. Terrifiant que son cerveau ai ne serait-ce que pensé à un tel futur. Il n'arrivait même pas à trouver les mots pour dire à Hermione qu'il l'aimait et pourtant son esprit paniqué avait trouvé judicieux de conjuré une vision d'elle, acceptant de se lier à lui – son cœur, son âme et sa magie – pour toujours. Draco avait-il était sourd face à la profondeur de ses sentiments?
Folie. De la pure folie. Comme si elle pouvait accepter de se lier à quelqu'un comme lui. Le mariage. Pour toujours. Comment et pourquoi était-ce la source d'un bonheur suffisant pour que Draco puisse finalement lancer un Patronus corporel? D'où ça sortait bordel?
Avec une pointe de désespoir, il réalisait que ça n'avait pas d'importance de toute façon. Draco ne pouvait pas être l'homme de son rêve, un homme qui méritait le sourire rayonnant de cette femme remarquable acceptant d'être sa femme. Il ne serait jamais cet homme.
– Je ne peux pas faire ça... Je ne peux pas être ce dont elle a besoin. Je ne peux –
– Des conneries! Ce que tu peux faire c'est essayer putain! Tu peux grandir putain et au moins essayer pour elle! Sors toi la tête de ton cul de snob et soit l'homme qui était assez fort pour faire fuir des Détraqueurs et la porter sur 3 kilomètres dans la neige! Quelle autre alternative, hein? Te rendre misérable et la rendre malheureuse parce que tu es trop une tête de mule pour voir qu'elle t'aime aussi? Hermione ne fait rien à moitié, donc mon conseil c'est de te considérer comme un connard chanceux et remercier Merlin tous les jours d'avoir la chance d'être en sa présence.
La poitrine de Potter se souleva à la fin de sa petite tirade et ça, plus que le reste, parvint à remonter le moral de Draco.
Il était sur un terrain familier! Un Harry Potter furieux, avec son attitude moralisatrice. Draco se leva lentement et passa une main dans ses cheveux, les remettant en place. Il se frotta les yeux presque secs et lissa ses vêtements.
Je suis en accord.
– Si c'est ta version d'un discours d'encouragement Potter, je plains ton futur enfant. Tu ne devrais pas jurer autant, c'est indigne d'un père, tu sais.
Harry ricana et marmonna quelque chose de désobligeant dans un souffle. Les deux hommes se regardèrent et partagèrent des grimaces compatissantes – pas vraiment une poignée de main, mais une reconnaissance mutuelle sur un point de vue commun. Harry agita la tête vers la porte des toilettes.
– Allé, va. Gin et moi devons y aller et Ron a promis d'informer le reste de la famille de son état. Tu peux rester avec elle maintenant, personne ne t'embêtera avec ça.
Draco ne dit rien, même s'il devait être reconnaissant – à contre cœur – envers Potter aujourd'hui. Juste avant qu'il n'atteigne le haut du service, Draco posa la question qui le tourmentait toujours.
– Potter... quand tu lances un Patronus... tu dois penser à un souvenir, c'est ça? Quelque chose qui s'est déjà produit?
Harry haussa les épaules.
– Eh bien oui, c'est la technique que l'on m'a enseigné et ça a toujours fonctionné pour moi. Hermione serait mieux placée pour savoir s'il y a d'autres théories. Evidemment ça doit être quelque chose qui inspire de la joie. Pas simplement de la joie passagère. Plus comme... plus comme... un souvenir qui te rend tellement heureux que si c'était la dernière chose que tu voyais ça en vaudrait la peine.
Une robe blanche, un grand sourire. «Moi, Hermione, te prends toi, Draco...»
Harry lui lança un regard inquisiteur.
– Pourquoi? À quoi tu pensais quand tu l'as lancé?
Draco ne répondit pas mais entra simplement de manière déterminé dans la chambre d'Hermione et se concentra sur le fait de mettre un pied devant l'autre alors qu'il s'approchait de son lit. Il ne jeta pas un regard aux deux autres silhouette dans la pièce non plus. Il s'enfonça dans la chaise et essaya de ne pas avoir de nausée en la voyant si frêle. Sa poitrine se levait et se baissait doucement et ce ne fut qu'en synchronisant la sienne avec ces mouvements qu'il senti qu'il se calmait.
– Quand elle se réveillera, dis à Hermione que je cheminetterai demain, lança doucement la voix de Potter depuis la porte.
Il devait également avoir fait un geste aux Weasley dans la pièce car il entendit trainer des pieds en passant.
Draco se moquait de s'adresser à eux, il n'avait d'yeux que pour Hermione et il fut pris par surprise quand une petite main chaude pressa son épaule dans ce que l'on pourrait considérer comme de l'affection. Il leva les yeux vers ceux, bruns et féroces, de Ginny qui l'observait avec un sourire craintif. Merci, articula-t-elle et il cligna à peine des yeux. Elle n'avait pas l'air d'attendre une autre réaction de sa part et laissa tomber sa main et suivit les autres dehors.
Avant que la porte ne se ferme, une autre voix l'appela.
– Malfoy.
Draco se tourna sur la chaise pour voir Ron Weasley roder sur le seuil. Le rouquin arborait une grimace de douleur mais regardait Draco dans les yeux.
– Merci.
Ses yeux passèrent d'Hermione à Draco.
– Pour ce que tu as fait... pour elle. Juste... merci.
Draco hocha la tête une fois et se retourna. Il n'avait pas l'énergie physique ou émotionnelle d'exprimer ses sentiments envers Weasmoche à ce moment là. Quand il entendit la porte se refermer pour de bon, il s'abandonna à son envie et enveloppa la main d'Hermione dans la sienne. En se basant sur ce qu'il voyait, il s'attendait à ce qu'elle soit froide, mais elle était aussi chaude et réconfortante que d'habitude.
La sensation familière de sa peau le fit s'étrangler dans un soupire de soulagement. Il ne la quitterait plus de vue désormais. Le soulagement s'abattit lourdement sur un Draco fatigué, l'obligeant à s'enfoncer dans la chaise rigide. Il garda sa poigne sur Hermione, même quand l'épuisement prit le dessus.
Je ne te laisserai plus jamais partir, Granger.
Je t'aime.
Je suis en accord.
N.d.T : en français dans le texte
Hello!
J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu, c'est l'un de mes préférés! N'hésitez pas à laisser une trace de votre passage (en commentaire ou en vote) ou me faire part de vos remarques!
A vendredi prochain
