Ettttt bien le bonjour !

Comment allez-vous ? Ca fait un looonnnggg moment que je n'avais plus rien posté ici !

Il faut dire que ces derniers mois ont été assez chargés et je n'ai guère eu le temps de me poser pour écrire.

Mais me revoilà, avec une petite fic SQ AU, chill, détente, romantique et drôle ^^

J'espère que vous serez au rendez-vous. Comme d'habitude, je posterai une fois par semaine, le dimanche (sauf indication contraire).

ENJOY !


Chapitre 1: Pancakes

«Et merde!»

Comme tous les matins depuis deux ans maintenant, Emma Swan avalait son petit déjeuner, consistant en une tasse de chocolat et d'un toast froid, avant de prendre ses affaires et de bondir dans le premier métro pour se rentre au «Sweet & Sugar», un salon de thé offrant pâtisseries et boissons chaudes dans un cadre cosy, dans lequel elle officiait comme pâtissière.

Mais, comme lorsqu'elle loupait son réveil, elle tomba dans le rush du matin: le métro était plein à craquer et Emma était coincée dans la foule.

«Elle va me tuer…» maugréa-t-elle alors qu'elle parvint enfin à montrer dans un wagon, coincée entre un étudiant qui sentait la nicotine et une mère de famille débordée par ses jumeaux dans chaque main et le petit dernier collé sur son ventre.

Elle se maudissait d'avoir mis sa voiture en réparation à ce moment de l'année. Lorsque le métro s'arrêta, elle bondit hors du wagon et se rua à l'extérieur. Heureusement, la pâtisserie était juste à la sortie du métro et il ne fallut pas plus de deux minutes pour rejoindre l'arrière du salon et se faufiler jusqu'au vestiaire où elle échangea son manteau pour une tenue écrue et marron glacé, la marque de fabrique de l'équipe.

Lorsqu'enfin elle fut en tenue, elle souffla et jeta un œil à sa montre: elle avait finalement dix minutes d'avance. Elle enfila son tablier et arriva dans la cuisine où s'affairaient déjà une petite équipe de 5 pâtissiers: il y avait Emma, mais aussi Ruby et Anton à la cuisine. Belle en salle et Mulan la barista.

«Hey patronne!»

«Rub', arrête de m'appeler comme ça. Je ne suis pas votre patronne.»

«Bah c'est pas tout à fait vrai. Tu es notre chef de parti… Ce qui signifie que tu donnes des ordres et nous on suit. T'es donc notre chef.»

«Ah ouais? Et Mills c'est qui?»

«Ta chef à toi.» sourit la jolie brunette aux mèches écarlates «Le truc c'est que si tu fais une boulette, c'est sur toi que ça retombe ET si on fait une boulette… C'est aussi sur toi que ça retombe.»

«Hm… Ne me ferais-je pas avoir sur ce coup?»

«Nan, parce que tu as la meilleure brigade de New-York qui ne fera jamais de boulettes.»

«Ahhhhh je vois, je suis donc rassurée.»

«Exact! Bon, je dois préparer les muffins.»

«Je fais les pâtes à chou.»

«La reine des desserts entre en action.»

Emma leva les yeux en l'air et s'installa à son poste, jetant, de temps à autres, quelques furtifs regards vers les doubles portes battantes avant que ces dernières ne s'ouvrent et qu'elles ne laissent apparaitre une jeune femme brune, aux courbes latines enviables et au regard assuré.

«Bonjour!» lança-t-elle avec entrain «Prêtes pour une nouvelle journée?»

«Prêtes, patronne!»

Regina Mills. Dans le milieu de la restauration, elle était considérée comme une reine des fourneaux. Elle avait ouvert son premier restaurant sans aide de personne, avec ses économies et sa volonté. Connue pour avoir une cuisine généreuse et avec gout, elle était aussi la première femme à New-York à n'avoir dans ses cuisines, que des femmes. Mais au fil des ans, la concurrence poussa Regina a changé son fusil d'épaule. Elle décida alors d'ouvrir un salon de thé, axé essentiellement sur des pâtisseries et une ambiance relaxante.

Regina Mills était respectée dans le milieu, même s'il s'agissait essentiellement d'un milieu masculin où, à l'inverse des idées reçues, les cuisines d'un restaurant était le territoire des hommes. Elle avait passé toutes les étapes, tous les obstacles afin de proposer un concept original alliant une atmosphère familiale en proposant des desserts sophistiqués, signature de son salon, et qui en faisait sa renommée.

Lorsqu'Emma débarqua à New-York, elle n'aurait jamais imaginé qu'elle pourrait entrer dans les cuisines Mills. Pourtant, c'était son rêve d'intégrer une brigade, de cuisiner, de se lever le matin et de faire un travail qu'elle aimait. Aujourd'hui, elle pouvait se targuer d'avoir mis les pieds dans une cuisine réputée, d'y faire d'excellents desserts et de côtoyer chaque jour la plus brillante chef cuistot de sa génération. Et elle ne cachait pas son admiration pour sa patronne: non contente d'être une femme d'affaire hors pair et une cuisinière de renom, Regina Mills était une femme d'une beauté saisissante: des origines latines, des yeux noisette qui, lorsqu'ils vous fixaient, vous faisaient perdre pied instantanément, de longs cheveux ébènes que Regina lâchait rarement, et des courbes à faire pâlir le pape, comme aimait à le dire Ruby. Evidemment, jamais elle n'avait admis cela à quiconque. Regina Mills était sa patronne avant tout.

Emma, elle, était tout son contraire: blonde aux yeux verts, sportive et loin d'être féminine. Elles avaient pourtant une passion commune: la cuisine.

Alors, comme chaque matinée, Emma attendait l'arrivée et les premiers ordres de Regina. Emma était assignée aux cupcakes et chouquettes, partie qu'elle affectionnait. Regina l'avait nommé chef de partie après qu'Emma eut fait ses preuves après deux ans à ses côtés. Depuis, Emma avait sous ses ordres quatre personnes, dont sa meilleure amie Ruby, qu'elle avait rencontré en arrivant à New-York.

«Swan, nous allons mettre en place les nouveaux mille-feuilles.» ordonna Regina.

«Bien.»

«Marco va apporter des fraises et des framboises, servez-vous en.»

«Entendu!»

Marco était l'un des rares hommes à pouvoir fouler les cuisines de Regina, avec Anton, mais c'était un ami de la famille et Regina lui faisait entièrement confiance. Grâce au réseau de cet homme, Regina avait la primeur d'obtenir les meilleurs produits sur le marché, ce qui lui garantissait des fruits frais qui participaient au succès de sa carte.

Emma n'avait jamais défié Regina. Elle savait où était sa place et s'en réjouissait amplement. Alors, après les ordres de Regina, Emma s'attela à la confection des desserts.

La journée passa comme d'habitude: une fois les plats lancés, le service s'enchaina au gré des clients et des demandes. Et comme tous les jours, Emma finit sa journée sur les rotules, mais heureuse: aujourd'hui encore les clients avaient été satisfaits de ses desserts, et cela la comblait.

Et, une fois encore, Emma était la dernière à quitter le salon, en fin de journée, généralement en même temps que Regina. Tandis qu'elle rangeait sa tenue dans son vestiaire, Ruby lui tapota sur l'épaule «Hey, ça te dit un verre?»

«Je suis claquée, désolée.»

«Ouais, une autre fois?»

«Pas de soucis.»

Mais Ruby le savait, cette autre fois n'était pas prêt d'arriver. Emma n'était pas très sociable mais était surtout très casanière et, en dehors de son travail, elle ne se laissait pas vraiment de distractions.

Une fois encore, elle quitta le salon en jetant un dernier regard vers Regina qui, comme à son habitude à chaque fin de journée, restait une heure de plus pour faire les comptes du jour.

A chaque fois, Emma hésitait à lui demander si elle désirait de l'aide ou juste lui proposer une tasse de café ou de thé. Mais à chaque fois, elle ne faisait que lui dire un rapide au revoir, qui ne trouvait généralement de réponse que par un signe de tête de sa patronne, avant de quitter les lieux. Mais cette fois-ci, alors qu'elle s'apprêtait à passer la porte…

«Swan!»

«Ou… Oui?» Emma revint sur ses pas et fixa Regina «Un problème?»

« Venez…»

Emma s'exécuta et rejoignit Regina qui n'avait pas relevé son nez de sa paperasse.

«Oui?»

«Nous devons renouveler la carte…»

«Ah euh… Ok?»

Ce n'est qu'à ce moment-là que Regina releva son visage pour croiser son regard avec celui d'Emma «C'est impératif. Cela fait un mois que nos recettes sont légèrement en dessous des prévisions. L'épisode du Covid a été un coup dur et depuis, même si le salon semble plein, il est en perte.»

«Ca craint?»

Regina haussa un sourcil en regardant encore les chiffres «Ce n'est pas dramatique en soi, mais si cela continue, ça devrait se voir d'ici un ou deux ans.»

«Nous avons le temps. Je veux dire… Ce n'est pas comme si nous étions aux portes de la faillite. On a encore de la marge…»

«Oui, mais dans la restauration, il y a deux valeurs à prendre en compte: le service et la si, dans les environs nous avons la chance de n'avoir que peu de concurrence dans notre domaine de spécialité, le service pourrait nous faire défaut. Et le service comprend autant les desserts proposés que leur qualité. Niveau qualité, il n'y a rien à dire mais… notre carte s'encroute. Nous devons la renouveler, offrir du neuf, voire de l'inédit.»

«De l'inédit… Comme quoi?»

«Un plat qui sortirait de l'ordinaire. Pourquoi pas un mélange insolite. Il faut que ça attire la curiosité et aiguise les papilles.»

«Hm… Un genre de sucré salé? Comme les pizzas à l'ananas?»

«J'ai dit qu'il fallait que ça aiguise les papilles…» grimaça Regina «Mais l'idée est là.Il nous faut trouver un plat accrocheur qui deviendrait notre nouvelle marque de fabrique.»

«Vos tartes sont les plus réputées de la ville.» sourit Emma.

«Certes, mais ce n'est pas innovant. Et tout le monde peut, avec un peu d'habileté, en faire. Il faut un dessert qui suscite la curiosité dans son gout, sa manière de faire…»

«Ok… Et vous m'en parlez parce que…?»

«Parce que j'ai besoin d'une spécialiste des desserts.»

«Attendez… Vous… Vous comptez sur moi?»

«Evidemment. Vous êtes mon chef de parti.»

«Je dois donc…»

«… Trouver une nouvelle carte des desserts.»

Le sang d'Emma se glaça alors: jamais elle n'avait eu autant de responsabilité. Lorsqu'elle entra dans les cuisines de Regina, elle se contenta de suivre la carte des desserts déjà en place, avec quelques changements mineurs. Mais jamais elle n'avait donné des idées ou même osé changer un dessert de la carte. Et, aujourd'hui, sa patronne lui demandait de revoir toute la carte.

«Miss Mills… Je… J'en suis incapable.»

«Non-sens.»

«Mais… Je n'ai jamais fait ça.»

«Je vous sais capable de le faire, sinon je ne vous le demanderais pas.»

«Mais… C'est un tel risque. Je veux dire: vous l'avez dit, nous avons encore au moins deux ans avant que ça ne devienne critique. D'ici là, vous pouvez embaucher quelqu'un de compétent.»

«Swan, vous l'avez dit: je ne suis pas aux abois. Je pourrais largement avoir le temps de trouver quelqu'un de compétent comme vous dites. Mais je l'ai déjà trouvé.»

«…»

«Swan… Je vous fais confiance, vous devriez faire de même. Je ne vous demande pas de tout réinventer. Je vous demande juste… Quelques desserts.»

«Mais… je ne sais même pas par quoi commencer?!»

«Pas de panique. Je ne vous laisse pas seule. Vous pouvez y réfléchir avec votre équipe. Vous êtes proche de Ruby Lucas.»

«Ouais, mais sa spécialité ce sont les pancakes.» grimaça-t-elle «Comment renouveler ça…»

«Swan, stop. C'est dit.»

«Mais…»

«Demain est votre jour de congé. Mettez-le à profit pour penser à quelques idées.»

«…»

«Ca sera tout.»

Emma se figea: la discussion était close, il n'y avait rien à rajouter. Alors, elle se leva et sa chaise et marcha d'un pas lent et résigné jusqu'à la sortie. Elle jeta un dernier regard vers Regina qui était retournée à ses comptes. Elle soupira et c'est complétement perdue et dépitée qu'elle retourna chez elle.


«Attends, répète?»

«Tu as bien entendu…»

«La vache quelle garce!»

«Arrête, je suis convaincue qu'elle ne fait pas ça de gaité de cœur.»

«Mais quand même: créer une carte de desserts en quelques jours… Elle croit que ça se fait en un claquement de doigts ou quoi?!»

«J'en sais rien. En tout cas moi, je sais qu'un claquement ne sera pas suffisant.»

«Hey, pas de panique. J'arrive!»

«T'es pas obligée, tu bosses demain.»

«Et alors? Ca ne serait pas la première fois que je fais une nuit blanche avant de prendre les suis là dans 10 minutes.»

Ruby était de ces amies qui pouvait débarquer au milieu de la nuit si Emma faisait un cauchemar. Elle ne la connaissait que depuis son arrivée à New-York, mais elles créèrent un lien très fort. Ruby l'avait accueilli les premières semaines après son arrivée après que la jolie blonde eut répondu à une annonce pour une collocation. C'est Ruby qui lui parla du salon de Regina dans lequel elle officiait depuis un moment. Elle savait que Regina cherchait de nouvelles filles et, connaissant les études et le passif d'Emma, elle lui proposa de faire un test… Qui s'avéra concluant quelques jours plus tard. Puis Emma avait trouvé un petit loft au dixième étage d'un immeuble au centre-ville.

Mais quand la solitude ou les doutes l'envahissaient, c'était Ruby qu'elle appelait, et cette dernière répondait toujours présente, comme ce soir.

Et après une dizaine de minutes, on toqua à sa porte.

«C'est ouvert.» lança Emma, n'imaginant pas une autre personne que Ruby derrière la porte.

«Hey, j'ai ramené des copines.» lança la pétillante brunette en brandissant un pack de 6 bières «On peut commencer!»

«Commencer quoi?»

«Bah à réfléchir à ce qu'on pourrait pondre pour épater la patronne!»

«Il ne s'agit que de moi.»

«Si c'était le cas, tu ne m'aurais pas appelé.»

Elle s'affala sur le canapé, suivie d'Emma «A vrai dire, elle m'a suggéré ton aide.»

«Ah ah! Tu vois! Une femme sensée et de gout cette Mills!» plaisanta Ruby «Ok alors avant tout…» Elle décapsula deux bières et en tendit une à la jolie blonde «Ca va nous aider à réfléchir.»

«Ouais… On va dire ça…» Emma soupira «Merde… Comment je vais faire?»

«Hey, tu te mets la pression comme si ta place était en jeu. A aucun moment elle t'a fait comprendre ça, hein?»

«Non, non. Elle m'a juste dit… Que ça deviendrait crucial de faire des changements dans les deux années à venir. Mais… J'ai pas envie de la décevoir.»

«Tu m'étonnes…On parle de Regina Mills, personne n'a envie de la décevoir.»

«…»

«Bon… Est-ce que tu as une piste?»

«Aucune.»

«Ok alors, regardons la carte actuelle des desserts. Nous avons la crème brulé, la mousse au chocolat, la tarte saison, des glaces à l'italienne, et la farandole de desserts avec ses miniatures. Y'a évidemment les classiques d'un brunch: cupcakes, pancakes, muffins, scones, crêpes… Bien, on part sur une base avec classique, j'en conviens. Qu'est-ce qui pourrait attirer le client?»

«Le problème c'est que si on part trop loin, on risque de ne pas attirer l'attention des puristes.»

«Donc, une cuisine moléculaire est à proscrire… C'est dans l'air du temps, mais ça jure avec le traditionnel du salon de thé.»

«Le problème c'est qu'on ne peut pas révolutionner les desserts.»

«Ok… On oublie le moléculaire, trop compliqué et éloigné de l'esprit du salon. On pourrait essayer des dessert… Trompe-l'œil.»

«Trompe-l'œil? Comme… Une fausse pizza, mais sucrée?»

«Pas mal. Ca rappellerait les origines italiennes de la patronne. Bon, partons là-dessus: des trompe-l'œil en forme de pizza… Et pourquoi pas sous forme de pâtes, genre spaghettis sucrés et un coulis de framboise ou fraise en guise de sauce tomate. On tient quelque chose là!»

«Tu crois que ça sera assez sophistiqué pour le salon?»

«Tu devrais noter tes idées.»

«C'est principalement les tiennes.»

«Arrête, tu les aurais trouvées aussi. Il te fallait juste nos copines en motivation.» dit-elle en trinquant avec Emma, faisant tinter leur bière.

«Et si elle déteste?»

«Tu l'as dit: elle va pas te virer parce que tu taperas à côté.»

«Mais je n'aime pas échouer.»

«Personne n'aime échouer. Mais parfois ce sont nos échecs qui nous font avancer.»

«La vache, t'es philosophe à tes heures perdues!»

«Ouais ça m'arrive.»

«…»

«Hey, détends-toi ok? Tu vas rédiger une belle ébauche de cartes avec tes idées, je suis sûre qu'elle va aimer.»

«Ouais… On verra.»

«Allez, une dernière bière et ensuite… Au dodo! Tu dois avoir les idées claires pour rédiger tes desserts.»

«Bien maman!»

Ruby l'embrassa sur le front avant de finir d'une traite sa bière «Détends-toi Em', tout ira bien.»

«…»

«Je file!»

Mais, évidemment, dès que Ruby quitta son appartement, elle plancha une grande partie de la nuit sur quelques possibles desserts et en sortit une poignée dont des tiramisus revisités, des mini pizzas sucrées ainsi que de nouvelles coupes glacées. En finissant sa carte, elle pria pour avoir tapé juste, puis regarda sa montre: il était plus de deux heures du matin. Heureusement qu'elle ne travaillait pas le lendemain, elle aurait tout loisir de revoir quelques détails de sa carte.

Elle se coucha avec la peur au ventre de décevoir sa patronne. Et le lendemain, elle se réveilla avec cette même appréhension. Et pourtant, c'est avec une certaine conviction qu'elle mit un point final à sa carte, ayant rajouté quelques éléments.

D'habitude, pendant sa journée de repos, Emma en profitait pour se ressourcer et se rendre à Central Park, sur un banc dont elle avait l'habitude. Mais aujourd'hui, elle resta un long moment dans son canapé à zapper nonchalamment, à se faire des pâtes, loin des prestigieux plats qu'elle pouvait confectionner au restaurant.

Plus d'une fois son regard croisa celui de l'enveloppe sur sa table basse, enveloppe contenant sa carte élaborée la veille. Devait-elle attendre demain ou lui déposer chez elle? Serait-elle satisfaite ou au contraire penserait-elle qu'elle jouait les bonnes élèves en l'amadouant? Quand bien même, elle n'avait aucune idée de l'endroit où vivait Regina.

Elle fixa l'enveloppe puis regarda par son immense baie vitrée: il faisait un superbe temps pour un mois d'Octobre. Elle s'habilla alors, enfila un large manteau à carreaux rouge et noir et enroulant son cou d'une écharpe noire, allant de pair avec son bonnet recouvrant sa chevelure dorée attachée en une natte approximative.

Avant de partir, elle mit son enveloppe dans son sac, machinalement. Aucune chance de tomber sur elle par hasard, Regina travaillait aujourd'hui. D'ailleurs, elle prenait rarement un jour de congés.

Alors, c'est avec l'optique de prendre l'air et d'aller visiter son café préféré qu'elle sortit. Les premières décorations d'Halloween naissaient ça et là au gré des vitrines et Emma imaginait bientôt le salon arborer des couleurs orange et noir avec des desserts tout aussi thématiques. A cette idée, elle sourit: Regina adorait les fêtes en tout genre: Halloween, Noel, Saint Valentin… Tout ce qui pouvait sortir son salon de la routine. Sa cuisine s'adaptait à chaque saison, à chaque fête et la décoration suivait. Elle savait que, d'ici la fin de la semaine, il serait temps d'accrocher les fausses toiles d'araignées, les fantômes et autres sorcières sur leur balai.

Emma aussi adorait les fêtes. Dans son Maine natal, c'était une religion. La petite ville portuaire où elle avait grandi n'était pas bien grande mais mettait les petits plats dans les grands pour chaque fête. Alors, quand elle atterrit dans le salon «Sweet & sugar», elle fut heureuse de constater que les traditions ne seraient pas perdues.

Alors qu'elle arrivait enfin à son café, elle inspira de contentement: rares étaient les fois où elle sortait lors de ses jours de congés. La plupart du temps, elle faisait ses courses en ligne et préférait faire l'ermite chez elle, dans son canapé, enroulée dans son plaid l'hiver, où prenant le soleil sur son balcon l'été. Ses seuls plaisirs étaient de se rendre dans son café, le même où elle avait rencontré Ruby pour la première fois, ou à Central Park.

Lorsqu'elle entra dans le café, c'était toujours la même routine: elle salua les serveurs et s'assit au même endroit au comptoir.

«Oh ma belle Emma. Quel plaisir. Congé?» lança un homme d'un certain âge à la moustache gracieuse et aux cheveux grisonnants.

«Congé.» confirma la jeune femme en souriant.

«Comme d'habitude j'imagine?»

«Exact.»

«Et un chocolat cannelle, un!»

Lorsqu'il revint quelques secondes plus tard, il posa devant elle son gobelet en polystyrène «Un donut avec ça?»

«Tu me connais trop bien!» ricana Emma «A la fraise cette fois.»

«Noté, je t'apporte ça.»

Et alors qu'elle vaquait machinalement son regard dans la pièce, une silhouette passant devant la vitrine l'interpela. Elle se figea: avait-elle rêvé? Elle se leva alors et se dirigea vers la porte.

«Emma ton donut!»

«Ah euh oui, pardon.»

Elle attrapa son chocolat et sa pâtisserie et sortit à la recherche de cette silhouette étrangement familière. Elle la retrouva à une trentaine de mètres sur sa gauche, s'apprêtant à traverser la rue. Emma accéléra le pas pour la rejoindre, manquant même de se faire renverser, traversant la dite rue un peu tard.

Elle la rattrapa alors que la femme s'apprêtait à rentrer dans une librairie.

«Miss Mills?» lança Emma assez fort pour que cette dernière entende.

A ce nom, la jeune femme se retourna et Emma n'eut plus aucun doute: devant elle, sa patronne, en habit de ville.

«Huh?»

«Miss Mills… Mais… Que faites-vous là? Et le salon?»

La jeune femme la fixa silencieusement quelques secondes avant de lâcher un sourire «Oh ça… Et bien… Je ne me sentais pas bien… Je… J'ai pris l'air.»

«Pris l'air? Depuis que je bosse avec vous, je ne vous ai jamais vu quitter les cuisines en plein rush.»

«Et vous alors? Que faites-vous là?»

«Bah… C'est mon jour de congés.» haussa des épaules la jolie blonde.

«Ah oui… C'est vrai.»

«Vous allez bien?» demanda Emma, le regard suspicieux sur le comportement de sa patronne.

«Dites… Ca vous dit d'aller boire un verre?»

«Quoi… Maintenant?»

«…»

Emma déglutit devant le regard de sa patronne, regard auquel elle succombait à chaque fois, peu importe ce qu'elle pouvait lui demander: traverser la ville aux heures de pointes pour chercher un colis, se lever aux aurores pour être la première sur le marché des produits frais, faire au pied levé une nouvelle carte.

«Ok, allons-y…»

Regina la conduisit dans un petit café au coin d'une rue, assez distrait, comme si elle ne désirait pas être vue. Evidemment, à cette heure-ci, elle devait être dans ses cuisines.

«Un café, long.» ordonna-t-elle «Et vous?»

«Oh euh… J'ai… J'ai déjà ce qu'il faut, merci.» dit-elle en brandissant son chocolat chaud.

Regina grimaça mais donna un coup de tête au serveur pour lui signifier que la commande était donc terminée avant de lever la main «Rajouter quand même un…»

Elle se tourna vers Emma pour l'interroger du regard. Emma sourit, un peu gênée «Un chocolat s'il vous plait.»

«Parfait!»

Un petit silence gênant s'installa alors avant que Regina ne la fixe «Vous travaillez pour moi depuis combien de temps?»

«Oh… Un peu plus de deux ans.»

«Hm… Et depuis combien de temps je vous attire?»

Emma sentit son sang quitter ses extrémités et sa tête bourdonna alors, comme si elle venait de se prendre un coup dessus. Elle resta là, muette, la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau. Ce n'est qu'en entendant le rire cristallin de la jolie brune en face d'elle, qu'elle sortit de sa torpeur.

«Mon Dieu votre tête…»

«Bah… Faut dire que… Cette allégation vient de nulle part.» mentit Emma.

«Ah oui? Vraiment?»

«…»

«Seriez-vous en train de mentir à votre patronne?»

«Non, bien sûr que non mais… Pourquoi vous pensez que…»

«Oh j'ai beau avoir le nez dans mes casseroles, je n'en suis pas moins perspicace. Et puis…» Elle s'adossa sur sa chaise «Vous ne seriez pas la première à qui ça arrive.»

«Ah oui?»

«Oui.» sourit Regina «Je ne peux vous en vouloir.»

Emma gloussa devant l'assurance de sa patronne «C'est sûr. On ne peut pas nier que vous êtes une belle femme.»

«Donc j'ai raison.»

«Pardon?»

«Je vous attire.»

Emma plissa les yeux, essayant de voir où était le piège: c'était trop beau pour être vrai: sa patronne, celle qui l'attirait, lui faisait du rentre-dedans?

Emma soupira en souriant «Il serait idiot de ne pas admettre que vous êtes une jolie femme.»

«Certes, mais ma question tient toujours.»

«Je crois… Je crois que vous pourriez me plaire.»

«Vous êtes donc attirée par les femmes.»

«Je suis attirée… Par des personnes dont les valeurs me ressemblent, dont les battements de cœur résonnent avec le mien.»

«Et en plus vous êtes poète à vos heures. Avez-vous un défaut?»

«J'en ai, tout le monde en a.»

«J'imagine que vous êtes dévouée aussi.»

Emma hoqueta avant de froncer les sourcils «Au fait… En parlant de ça…» Elle sortit de son sac une enveloppe «Je l'ai fini hier soir.»

La jolie brune fronça les sourcils en prenant l'enveloppe et la fixa quelques secondes, avant de l'ouvrir et d'en découvrir le contenu. Elle y jeta un œil, sous le stress latent d'Emma.

«Hm je vois… J'étudierai ça plus tard.» dit-elle en refermant l'enveloppe et en la mettant dans son sac. Emma était aussi soulagée que frustrée. Elle aurait aimé savoir si elle était sur la bonne voie ou si elle devait tout refaire. Mais la conversation sur ce sujet en resta là.

Emma se sentait soudainement gênée: quelque chose, dans cette scène, sonnait étrangement faux: jamais elle n'aurait pensé voir Regina hors de ses cuisines, et encore moins prendre un verre avec elle dans ce café.

«Alors dites-moi… Parlez-moi de vous.»

«De… Moi?»

«J'ai un défaut majeur: en dehors de mes cuisines, je ne prête guère d'attention à ceux qui m'entourent.»

«Ah oui?»

«C'est souvent ce qu'on me reproche…»

«Et, du coup, vous voulez remédier à cela maintenant?»

«Pourquoi pas? Il faut bien commencer avec quelqu'un et cette rencontre fortuite peut être un départ, non?»

«Oui, c'est sûr.»

«Alors, allez-y, parlez-moi de vous.»

«Par quoi commencer?»

«Le début.» sourit Regina.

«Oh bah: Emma Swan… Débarquant de ma campagne du Maine pour vivre la grande aventure citadine et tenter ma chance de pousser les portes de grandes cuisines new-yorkaises. Et me voilà.»

«Dans mes cuisines. Pas trop déçue?»

«Au contraire, je ne pouvais rêver mieux.» affirma Emma «Si vous saviez à quoi ressemble les grandes cuisines dans le Maine… Ici, c'est le paradis.» sourit-elle.

«Et bien… Peut-être allez-vous trouver meilleur ailleurs?»

«Est-ce un message peu subtil pour me dire que je vais être virée?!» gloussa Emma.

«Pas le moins du monde. Une telle perle, on la garde.» conclut Regina d'un clin d'œil.

Emma frissonna «Merci Miss Mills.»

«Oh s'il vous plait, après deux ans à travailler pour moi, je pense qu'on peut passer aux prénoms, non?Et pourquoi pas même au tutoiement. Ne soyons plus formel. »

«Oh euh… Sûre?»

«Si je te le dis.»

«Okay… C'est étrange mais…»

«Je pourrais m'y pourrions refaire cela plus souvent tu ne penses pas?»

«Renouveler quoi?»

«Ce genre de… petit rendez-vous?»

«Ren… Dez-vous?»

Regina gloussa «Je ne me souvenais pas de toi si coincée.»

«Disons que je n'ai jamais eu l'occasion de vivre ce genre de situation avec vous.»

«Avec toi.» rectifia Regina.

«Avec toi.» confirma Emma.

«A refaire donc, et ça sera avec plaisir. En attendant, j'ai hâte que tu reviennes demain. Tu manques en cuisine. Et pas qu'à tes collègues.» conclut-elle en envoyant un clin d'œil suggestif à la jolie blonde «Je dois retourner au salon.» Regina se leva d'un seul coup et fit le tour de la petite table pour se pencher sur Emma et glisser au creux de son oreille, un doux murmure «Bonne journée… Emma

La blonde écarquilla les yeux et s'écarta pour fixer Regina, qui lui sourit malicieusement. Et quand la belle brune disparut, laissant Emma seule et déboussolée, cette dernière ne se rendit compte qu'après coup qu'un bout de papier plié était sur la table. Elle le prit et le déplia pour découvrir un numéro, une adresse, le tout surmonté par un petit cœur.

Emma n'en revenait: elle venait de se faire ouvertement draguée par sa patronne. Devait-elle vraiment y croire?! C'était presque trop beau… Et si…

«Mademoiselle?»

Emma releva le visage pour croiser le regard de la serveuse «Oui?»

«Juste pour vous informer que la jeune femme qui vous accompagnait a payé pour vous.»

«Merci…»

Emma fixa le bout de papier et frissonna: comment agir demain en revenant au salon? Est-ce que Regina agirait de nouveau comme la patronne distante et professionnelle qu'elle avait toujours été ou agirait-elle différemment avec elle?

C'est avec cette incertitude qu'elle retourna chez elle et qu'elle passa le reste de la journée. Sans cesse, elle se demanda si elle devait appeler ou non, envoyer un message ou… Ne rien faire. Et si elle appelait, que dirait-elle finalement? Un rendez-vous? Ou juste un nouveau café?

Rien qu'à l'idée d'initier l'appel, elle avait mal au crâne. Alors… Elle ne fit rien. Et c'est avec une tempête de questionnements qu'elle se coucha ce soir-là, imaginant difficilement comment aborder sa patronne le lendemain.

Mais finalement, la fatigue l'emporta et elle ferma les yeux avec cette impression de se réveiller seulement quelques secondes plus tard. Et pourtant, le son strident de son réveil l'extirpa de son lit. Et tandis qu'elle se préparait pour une nouvelle journée, sans s'en rendre compte, elle emporta dans son sac, le petit bout de papier.


«La vache, tu t'es pris une cuite hier?» lança Ruby en voyant son amie arrivée, le teint terne et le regard fatigué.

«Nan, même pas… Juste… Une nuit courte.»

«Ah ouais? Raconte! Blonde, brune, rousse? Ou… Les trois en même temps!»

«Bah voyons…»

«T'as pas répondu…»

«Non, je n'ai eu aucune… visite nocturne.» dit-elle avant de se figer en voyant les doubles portes battantes de la cuisine s'ouvrir pour laisser apparaitre Regina, le visage, comme à son habitude, fermé, jusqu'à ce qu'elle croise le regard d'Emma et ne lui sourit en opinant.

Emma sourit et inspira «Deux minutes tu veux.» elle laissa Ruby pour rejoindre Regina «Hey!»

La belle brune fit volteface et la fixa «Hm?»

«Comment tu vas Regina ?»

Regina la fixa d'yeux ronds, et le tutoiement ne manqua pas non plus aux autres cuisiniers «Pardon?!»

«Bah… Hier… Tu semblais assez…»

«Stop!»

Le ton sec de Regina figea Emma de stupeur «Mais…»

«Comment osez-vous?»

«Mais tu m'as dit…»

«Miss Swan!» hurla presque la belle brune, attirant définitivement le regard des coéquipiers. Lorsqu'elle sentit tous les regards braqués sur elles, Regina l'empoigna par le bras et l'attira hors des cuisines, dans la salle.

«Mais ça ne va pas non?! Nous n'avons pas élevé les cochons ensemble!»

«Mais…»

«Il n'y a pas de 'mais'. Vous n'êtes que mon employée ici, pas une copine!»

«Désolée, oui, j'aurais dû réfléchir avant de…»

«Oui clairement, réfléchir n'était pas une option.»

«…»

«Je pensais que vous étiez plus avisée que cela miss Swan.»

«Mais…»

«Stop! Il est hors de question que mon autorité ici soit remise en question à cause de…»

«A cause de quoi, chef Mills?»

Regina la fixa avant d'inspirer « Votre savoir-vivre laisse grandement à désirer. Je vous pensais bien plus intelligente que ça. Si vous n'êtes pas capable de comprendre la situation dans laquelle vous venez de me mettre, je ne peux rien pour vous.»

Emma serra les poings et mordit l'intérieur de sa joue ««Ecoutez, je suis peut-être à l'ouest sur certains trucs, mais quand on me prend pour une abrutie et qu'on joue avec moi, j'ai mes limites.»

«Pardon?»

«Il faut croire que je n'ai pas les us et coutumes dans les cuisines, mais visiblement, vous ne semblez pas avoir les codes sociaux en dehors de ces dernières.»

«Miss Swan!»

«Je ne sais pas ce qu'il vous a pris, vous vouliez probablement vous foutre de moi. Bravo chef Mills, vous avez réussi!»

«Mais de quoi parlez-vous?!»

«Oui, c'est ça, on va faire comme si rien ne s'était passé, c'est plus simple hein…»

Le ton insolent et le dédain d'Emma eurent raison de son self-control. Regina serra les poings et inspira «Miss Swan, vous dépassez les bornes. Je ne vous savais pas si… Egoïste et si irréflé -je en venir à… Me séparer de vous?»

«Vous voulez me virerc'est ça?»

«Si je n'ai pas…»

«… Pas la peine.» la coupa Emma «Je démissionne!»

Regina, surprise, resta figée sur place en la fixant. Elle fut tellement surprise que lorsqu'Emma s'éloigna, elle ne parvint pas à prononcer le moindre mot. Ce fut Emma qui clôtura définitivement leur conversation en se retournant une dernière fois vers elle «Et dire que je vous vouais une admiration sans borne… Comme quoi les apparences…» puis elle disparut dans les cuisines, rejoignant Ruby à son plan de travail, les larmes aux yeux:

«Hey, ça va? Tu semblais… Attends, tu pleures? Il s'est passé quoi?!»

«Je démissionne.»

A ces mots, tous les cuisiniers présents cessèrent leur activité et la fixèrent.

«Attends quoi?! Mais… Tu vis dans ces cuisines! C'est toi qui m'as amené ici!»

«Je sais mais…» Elle jeta un œil vers les doubles portes, apeurée de croiser Regina «Ecoute, on en parlera plus tard… Je dois partir.»

«Mais…»

«Promis je t'expliquerai tout, ok?»

«Ok…»

Emma fit le tour des comptoirs et salua chacun de ses équipiers «Hey on se fera une bouffe tous ensemble bientôt, promis!»

Elle accepta les embrassades de ses collègues, encore bouleversés par cette nouvelle, avant de prendre ses affaires et de quitter le restaurant, non sans un dernier regard à cette façade qu'elle avait chéri depuis plus de deux ans maintenant.

Une page se tournait alors qu'elle ne pensait pas finir ce chapitre aussi vite. Encore maintenant qu'elle était rentrée chez elle, elle se demandait ce qui s'était passé. Tout avait été si vite et ce dialogue de sourd… Au fond d'elle, elle se demandait si elles parlaient de la même chose finalement? Mais peu importe, des choses avaient été dites, des choses blessantes, qu'elle n'était pas prête d'oublier.

La douche avait été plus que glaciale pour elle, elle qui admirait tant cette femme, jusqu'à, même, avoir des sentiments allant bien au-delà du cadre professionnel.

A présent, ses désillusions étaient à la hauteur de sa situation actuelle: la voilà sans emploi du jour au lendemain, avec aucune idée de ce qu'elle pourrait bien faire. L'envie de prendre quelques jours de repos s'imposa à elle, elle qui avait donné son temps, de longues heures, et mêmes des nuits, comme la nuit dernière, pour ce salon.

Alors, dans son bain, elle décida de s'accorder au moins une grosse journée de répit avant de commencer de nouvelles recherches. Les restaurants à New-York, ce n'est pas ce qui manquait après tout.


De son côté, après le départ d'Emma, Regina retourna en cuisine et put sentir tout de suite une atmosphère pesante et silencieuse. Ses cuisiniers évitèrent son regard, plongés dans leurs préparations et Regina sentit leur gêne, comme une certaine peur. Elle se racla la gorge et se dirigea vers les vestiaires. Son cœur battait si vite: jamais, de toute sa carrière, elle n'avait eu affaire avec ce genre de situation. Il était vrai qu'en tant que femme, elle avait dû batailler dur pour se faire une place parmi les hommes. Fébrile, elle dût s'asseoir sur une chaise et enfouir sa tête dans ses mains pour reprendre une certaine constance. Lorsque sa respiration revint à la normale, elle décida de retourner en cuisine.

«Bien… J'imagine que vous avez appris la démission d'Emma Swan.» Personne ne parla «Je… Les circonstances… Resteront entre miss Swan et moi. Mais sachez qu'un tel comportement désinvolte dans mes cuisines, que ce soit envers moi ou les uns envers les autres, ne serait être toléré. Me suis-je bien fait comprendre?»

«Oui chef.» répondirent-ils tous en chœur, y compris Ruby, ayant un gout amer dans la bouche. Dans les cuisines, à la suite de cela, le calme et le silence régnèrent. Au fil des jours cela s'atténuerait surement, du moins c'est ce qu'espérait Regina.

Lorsqu'elle rentra chez elle, une migraine martelait son crâne. En passant la porte, elle entendit «Ah tu es de retour, je t'attendais pour… Houlà, c'est quoi cette tête?!»

«…»

Regina lâcha son sac et sa veste avant de s'effondrer dans son canapé, massant ses tempes de ses doigts.

«Oh, je ne te propose pas un verre… Si ce n'est un verre d'eau et un cachet.J'arrive.»

Regina resta silencieuse, essayant de comprendre encore sa journée.

«Tiens…»

«Merci.»

«Alors, c'est quoi le problème?»

«Y'en a pas.»

«Pff à d'autre. Tu fais rarement cette tête.»

Regina grimaça «Et puis qu'est-ce que tu fais là toi? Tu n'es pas censée avoir une chambre d'hôtel?»

«Je l'ai annulé. C'est idiot de payer un hôtel, quand je peux crécher chez ma sœurette gratis.»

«Evidemment…» railla Regina. Sa sœur lui tendit un verre d'au et un cachet «Merci.»

«Alors, raconte.»

«Quoi?»

«Bah ce qui te met dans cet état!Tes migraines avaient diminué quand tu as quitté le cocon familial.»

«…»

«Alors… C'est quoi? Probablement pas une histoire de cœur, ça se saurait si tu avais une vie amoureuse.»

«…» Regina leva les yeux au ciel.

«Ok, donc… Tu t'es embrouillée avec des potes… Sauf que, je te connais, ta sphère amicale est aussi foisonnante que ta sphère sentimentale.»

«Hey! J'ai Mal, et Katherine, et Ella!»

«Pitié: une gothique dépressive, une romantique perdue et une psychopathe aux cheveux bicolores… Comme amies, on repassera.»

«Peut-être, mais elles sont là quand j'en ai besoin.»

«Oh arrête. Ce n'est pas ma faute si j'ai voulu changer d'air.»

«Changer d'air? Tu es partie littéralement à l'autre bout du pays.»

«Et tu m'en veux pour ça, j'ai saisi. Mais je suis là à présent, certes pour deux semaines seulement, mais tu sais que j'ai toujours été là, je le serai toujours Gina… On est jumelles, c'est comme ça.» sourit la jeune femme.

Regina la fixa: oui elle pouvait croire qu'elle contemplait son reflet, comme toujours lorsqu'elle regardait sa sœur. Peu de monde pouvait les distinguer, car physiquement, elles étaient identiques. Regina était un peu plus grande de quelques millimètres de sa sœur. Mais en réalité, il n'y avait guère que leur physique qu'elle avait en commun car au niveau du caractère, il n'y avait pas plus différentes qu'elles.

«Roni…»

«Hey, je suis là ok. T'es pas bien ce soir alors… Soit tu me parles, soit je te saoule, littéralement, pour savoir de quoi il retourne. Alors?»

Sa sœur avait quelque chose d'à la fois exaspérant et rassurant. Alors, et parce qu'il était trop tard pour se confier à Mal, elle inspira «J'ai eu un problème au salon.»

«Oh… Un client mécontent?»

«Non, dans mon personnel.»

«Une rébellion?»

«On peut dire ça. A vrai dire, je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé.»

«Raconte.»

«C'est pourtant un bon élément, non je dirais un excellent élément. Mais, je ne sais pourquoi, elle s'est pointée ce matin avec une insolence que je ne lui connaissais pas. Je ne sais pas ce qui lui a pris. D'habitude elle est discrète, efficace, respectueuse…»

«Elle a fait quoi?»

«Elle est arrivée en me tutoyant et en me parlant de je-ne-sais-quel moment… Comme si j'étais sa pote

D'un seul coup, le regard de Roni se figea devant elle. Regina vit son changement et fronça les sourcils «Roni?»

«Cette fille… Elle était blonde, yeux verts, un sourire adorable et un physique proche du parfait?»

«Que… Quoi? Mais comment… Comment tu sais?»

«Merde…»

«Merde quoi? Roni, qu'est-ce que tu as fait?!»

«Je… Je ne pensais qu'elle… Enfin, je croyais…»

«Roni!» s'énerva Regina, imaginant soudain le pire car, il était vrai, sa sœur était capable du meilleur comme du pire et là, il semblait que le pire ne soit pas si loin.

«Je ne savais pas. Cette fille, elle m'a alpagué dans la rue, je sortais de la librairie… Elle m'a appelé Regina, ça a piqué ma curiosité. Ensuite j'ai compris qu'elle me prenait pour toi.»

«Et donc?»

«Bah…On a papoté… Autour d'un verre.»

«Que lui as-tu dit?»

«Rien, j'te jure!»

«Rien? C'est pour ça qu'elle s'est pointée le lendemain en pensant être amie-amie avec moi?! Tu as forcément dû lui dire quelque chose!»

«Bah rien, enfin… Je l'ai mise à l'aise… Genre… Qu'on pouvait se tutoyer ou même… Se voir hors cuisine…»

«C'est pas vrai…» soupira Regina en s'enfonçant dans son canapé, comprenant la situation «Tu t'es encore fait passé pour moi!»

«Désolée, mais c'était trop tentant et elle était trop chou! D'ailleurs, je crois sincèrement qu'elle en pince pour toi.»

«Arrête!»

«Hey, je savais pas qu'elle prendrait ça sérieusement… Elle est con aussi de se pointer comme une fleur au taff.»

«Mais comment pouvait-elle savoir hein! Qu'est-ce que tu lui as dit?»

«Rien je t'ai dit! On a juste discuté autour d'un café… Et… Je lui ai filé ton numéro.»

«Quoi?»

«Mais faut croire qu'elle est pas si accro que ça si elle ne t'a pas recontacté…»

«Mon Dieu, elle a démissionné sur un quiproquo.»

«Tu peux pas rattraper le coup?»

«Je… Je n'en sais rien. J'ai…»

«Tu as fait quoi?»

«J'étais surprise par son insubordination et… Ma colère a pris le dessus… J'ai… J'ai dit des choses…»

«Oh non Gina…» soupira Roni qui connaissait le tempérament volcanique de sa sœur. Après tout, elles n'avaient pas d'origine italienne pour rien.

«Oh ne m'accuse pas hein! Tout est de ta faute! Si tu ne t'étais pas fait passer pour moi… Encore une fois! On est plus au collège où c'était amusant de tromper les professeurs!Mon Dieu Roni… Il s'agit de mon boulot!»

«Je pensais pas que… Ca prendrait ces proportions…»

«Et merde… Je comprends mieux son comportement. Ca m'étonnait d'elle, elle qui est si pro d'habitude. Elle a dû me prendre pour une vraie folle! Et tout ça à cause de toi!»

«Relax, tu n'as qu'à la recontacter et lui expliquer la situation. Je suis sûre qu'elle va en rire.»

«…»

«Ou pas.»

«Tu ne te rends pas compte…. Je lui ai dit des choses horribles.»

«Toi et ton impulsivité aussi… Mais rien n'est irréparable. Appelle-la, explique-toi, excuse-toi… C'est une adulte.»

«…»

«Ok, respire, rien n'est gravé dans le marbre. Prends la nuit pour souffler et demain tu agis.»

La migraine de Regina semblait redoubler d'intensité à l'idée même de ce qu'il pouvait l'attendre le lendemain. Elle avait un certain égo et s'excuser était loin d'être monnaie courante pour elle. Lorsqu'elle trouva le sommeil enfin, ses pensées n'étaient tournées que vers une blonde au fort tempérament. Mais avant d'affronter Emma, elle devait retourner dans ses cuisines, Oui, demain était définitivement un autre jour.

TBC


Alors, verdict ? On continue ?