Bonjour à toutes !

Comme promis, me voici de retour pour une nouvelle fanfiction, toujours en Severus-Hermione, on ne se refait pas ;)

Blabla habituel de début de fiction :

Le rating sera K+ tout au long de cette histoire qui est, comme d'habitude, déjà entièrement écrite, donc la fin ne sera pas en option (sauf si tous vos retours sont négatifs et alors je n'aurais plus qu'à résilier ma box internet et à me trouver un autre passe-temps ! xD )

L'histoire complète fait 255 pages word, divisées en 24 chapitres, à raison de 2 chapitres publiés par semaine.

Disclaimer : comme d'habitude, tout appartient à JKR, sauf le scénario ;)

Que dire d'autre ? Il n'y aura pas énormément d'action à proprement parler puisque, comme vous l'aurez compris, l'histoire se déroule à l'hôpital. Le point de vue principal sera celui de Severus, celui d'Hermione arrivera un peu plus tard quand l'histoire se sera étoffée un peu.

Toute review est la bienvenue, évidemment =)

Bonne lecture à toutes !


C'était la fin.

Il le savait. Il l'avait su dès l'instant où le Seigneur des Ténèbres lui avait dit que la baguette de Sureau ne lui obéissait pas. Severus avait aussitôt deviné ce qu'il en serait. D'une manière ou d'une autre, l'histoire s'arrêterait là pour lui.

Le plus ironique dans tout cela, était que sa fin viendrait par cette vipère de Nagini. Se faire tuer par un serpent géant alors qu'il avait été le directeur de la maison Serpentard pendant presque vingt ans! Merlin avait décidément un humour bien tordu.

Il n'avait pas eu le temps de se refaire le film de sa vie, comme dans toutes ces histoires moldues qui passaient au cinéma. Peut-être était-ce parce qu'il n'y avait pas grand-chose à regretter, car sa vie n'avait pas été des plus reluisantes. Peut-être n'était-il finalement pas si triste à l'idée de mourir. Même si la façon dont cela allait se faire le terrorisait tout à fait, au fond, c'était sans doute mieux ainsi. Cela mettrait un terme à cette vie de faux-semblants, de regrets et d'amertume qu'il subissait plus qu'il appréciait. Après tout, il n'y avait ni passion, ni amis, ni famille pour qui éprouver une dernière pensée.

Même si Potter triomphait du Maître, quelle vie pouvait-il espérer après cette guerre, lui dont la loyauté avait toujours été remise en doute? Il avait beau avoir donné ses plus belles années pour servir la cause, on ne garderait de lui que les qualificatifs de traître, de mangemort, et d'assassin.

Mourir n'était pas si mal, au fond. Il espérait simplement que cela ne serait pas trop douloureux. Malheureusement, le Seigneur des Ténèbres avait eu beau le sacrifier «à regrets», comme il le lui avait dit, il ne lui avait pas offert le luxe d'une mort rapide par sortilège impardonnable.

Au lieu de cela, Severus s'était retrouvé face à la gueule béante de Nagini, dont les crochets dégoulinants de venin s'étaient plantés profondément dans sa gorge.

C'était la fin.

La douleur l'avait submergé, insoutenable, tandis qu'il s'effondrait. Un véritable incendie s'était propagé de son cou à tout son organisme, alors que le poison brûlant et dévastateur se propageait dans son sang. Il n'aurait même pas su dire quand au juste Nagini l'avait lâché, ni même quand le Seigneur des Ténèbres était parti. Le cœur battant à tout rompre, le corps en ébullition et le souffle erratique, il n'avait eu que vaguement conscience de la présence de Potter quand celui-ci s'était agenouillé près de lui, sorti de nul part. Il n'avait même pas remarqué la présence de ses deux idiots d'amis, derrière lui. La seule chose qui lui avait permis de ne pas sombrer dans l'instant, anéanti de douleur, avait été les yeux émeraude de Lily.

Il avait légué ses souvenirs au fils de la seule femme qu'il avait jamais aimé, ou peut-être son esprit déjà corrompu par le venin avait-il pensé qu'il les confiait à Lily, dans un vain espoir qu'elle sache ce qu'il avait fait pour son fils. Afin qu'elle lui pardonne.

Cela avait été sa dernière pensée, tandis qu'il se perdait dans ces yeux verts.

C'était la fin.

OoOoO

Severus avait beaucoup étudié au cours de sa vie. S'était intéressé à à peu près tous les sujets. Il avait lu l'Histoire de Poudlard, bien-sûr, mais aussi de nombreux grimoires de magie noire, et même les textes sacrés de plusieurs religions, curieux de l'influence qu'avait pu avoir la magie sur ces grands courants pour lesquels les moldus s'entre-tuaient depuis toujours.

La mort y était toujours évoquée, bien-sûr, même si elle y prenait différentes formes.

Une grande faucheuse, un ange diabolique, ou même un corbeau.

Il était question de traverser le Styx, de finir en Enfer ou au Paradis.

De profiter d'une vie de plaisirs ou de châtiments.

Manifestement, Severus avait été envoyé directement au Tartare, et ce sans jugement d'aucune sorte.

Comment expliquer sinon cette douleur lancinante qui ne l'avait pas quitté malgré son trépas? L'incendie qui refusait de s'éteindre dans son organisme, et qui lui donnait la sensation que son sang avait été remplacé par du feu liquide? L'impression que sa gorge était béante, et que les crochets de Nagini y étaient restés plantés, peut-être pour l'éternité?

N'aurait-il donc jamais droit à une quelconque sorte de repos, même dans l'au-delà? Après une vie entière de sacrifices et de périls, il avait tout de même espéré atteindre une paix intérieure, même si cela signifiait qu'il ne survivrait pas à la guerre.

Malheureusement, même dans la mort, la douleur semblait rester à jamais sa meilleure amie.

OoOoO

La douleur s'était atténuée. Ou peut-être commençait-il à s'y habituer, il ne savait plus bien. En réalité, il ne savait plus rien. Il ne se souvenait pas avoir comparu devant un quelconque tribunal des morts, ni avoir embarqué à bord du bateau de Chiron pour rejoindre un lieu de trépas plus doux. Parfois, son esprit divaguait parmi des souvenirs de son ancienne vie, ou peut-être était-ce des rêves issus d'un délire fiévreux. Il avait croisé tant de monde, dans cet univers confus et fantasmagorique. Albus, Charity, et sa précieuse Lily. Qu'il avait chéri ces moments de retrouvailles, même si chaque fois la jolie rousse ne restait que quelques secondes, pas assez longtemps pour qu'il puisse lui parler, mais suffisamment pour raviver la douleur de la voir partir de nouveau!

Lorsque la douleur revenait, elle ne prévenait jamais. Elle était vive comme l'éclair, tranchante comme un coup d'épée, implacable comme le poids du monde. Il aurait voulu hurler de douleur et se tordre en tout sens pour tenter de s'en débarrasser, mais sa voix et son corps ne lui répondaient plus, et il plongeait alors dans des ténèbres si profondes qu'il avait chaque fois l'impression de mourir de nouveau.

A d'autres moments, il n'était plus là. Il n'y avait plus rien. Ni douleur, ni rêve, ni pensée. Juste le néant. Il ne se souvenait alors même plus de qui il était, de ce qu'il avait pu être, ce qu'il aurait pu devenir.

C'était les meilleurs moments.

Malheureusement, ils se faisaient de plus en plus rares. Son esprit commençait à s'agiter plus fréquemment. A l'évidence, quelque chose en lui se refusait à cette nouvelle vie d'errance et de trépas, car son imagination inventait des sons, des odeurs, et des contacts. Comme pour simuler le fait d'être encore en vie, d'appartenir à un monde de sens et de stimuli.

Il s'était étonné d'être si convaincant dans cette tentative d'auto-persuasion. Une fois, il avait même cru entendre distinctement la voix de Minerva, étonnement inquiète alors que son dernier échange avec elle avait été plutôt tendu. Puis celle de Potter, un peu plus tard, mais il n'avait pas su déterminer si c'était celle du père ou du fils. Il y en avait eu d'autres, inconnues, impersonnelles, mais jamais il n'avait entendu celle de Lily, malheureusement. A croire qu'on lui refusait même cela dans cette foutue vie dans l'au-delà.

Régulièrement, les voix étaient accompagnées de contacts. Pour le coup, il se serait bien passé de ces sensations toujours aussi déplaisantes que lorsqu'il avait été constitué de chair et de sang. Severus avait toujours détesté qu'on le touche, et il ne comprenait pas pourquoi son esprit tordu s'évertuait à lui faire revivre ce genre de situation horripilante. Sans doute était-ce là un de ses châtiments supplémentaires. Merlin ne manquait décidément pas d'imagination, en plus d'être doté d'un sens de l'humour douteux!

Toutefois, dans sa grande magnanimité, le Premier Sorcier avait distillé quelques sensations agréables parmi tous ces contacts brusques et inconfortables, qui ne manquaient jamais de raviver la douleur dans son corps. Sans doute était-ce là une façon de faire perdurer ses tortures, comme ces prisonniers à qui l'on conférait des soins pour les garder en vie plus longtemps.

Dans ces rares moments de quiétude, personne ne parlait jamais. Il y avait seulement ce toucher, aussi doux et léger qu'une plume, qui se concentrait le plus souvent au niveau de ses mains, glissait parfois sur ses bras, avait une ou deux fois dévié vers son visage et ses cheveux. Severus se demandait parfois où son imagination allait chercher ce genre de réminiscences, car il n'avait pas souvenir que quelqu'un se soit jamais montré si délicat avec lui.

Et puis, un jour, sans prévenir, tout s'était intensifié.

Les sons, les odeurs, la douleur.

Les bruits l'avaient assourdi, une lumière aveuglante l'avait ébloui, une odeur chimique l'avait pris à la gorge, lui donnant envie de vomir.

Son corps entier n'avait plus été que douleur.

Autant de sensations qui n'avaient fait que se prolonger, bien plus que dans tous les moments de flottement qu'il avait connus au cours de l'éternité qui venait de passer.

Autant de sensations qui lui avaient fait prendre conscience qu'il n'avait, finalement, peut-être pas réellement quitté le monde des vivants.

- … Ogue…? osieur Ro…. Erus?…

Il avait voulu ouvrir les yeux, mais ses paupières lui avaient paru peser une tonne.

- … Severus… M'entendez?

A défaut d'ouvrir les yeux, il avait ouvert la bouche, dans une piètre tentative de dire à cet idiot, qui qu'il soit, de la fermer, tant sa voix lui cassait les oreilles, faisant redoubler le mal de tête lancinant qui lui enserrait le crâne comme un étau. Malheureusement, aucun son n'était sorti. En revanche, l'imbécile n'avait fait que redoubler ses appels en voyant qu'il remuait les lèvres, ce qui n'avait fait que l'assourdir davantage.

Par Merlin, la mort lui avait parue plus douce!

OoOoO

Rompu de fatigue, Severus avait sombré à nouveau dans une léthargie confuse, à peine conscient des voix agitées autour de lui. Il avait tenté de suivre leurs conversations, de s'accrocher à des bribes d'information susceptibles de lui donner des indications de temps et de lieu, mais il avait été trop fatigué pour parvenir à saisir quoique ce soit.

Le néant l'avait accueilli de nouveau, si doux et si tranquille qu'il s'y était de nouveau laissé glisser tout entier.

Une autre éternité s'était écoulée, ponctuée de moments de conscience plus ou moins longs, et si éthérés qu'il n'avait pas eu la force d'ouvrir les yeux de nouveaux. Seuls les sons et les odeurs lui parvenaient alors. Les voix parlaient presque constamment, décrivant les gestes et les interventions autour de lui comme s'il était parfaitement éveillé, si bien qu'il avait fini par avoir une idée plus précise de sa situation.

Il se trouvait à l'hôpital, et cette information l'avait plongé dans la plus grande confusion.

Pourquoi à l'hôpital, et pas au fond d'une cellule à Azkaban?

S'il n'était pas mort, cela voulait dire que Potter avait triomphé. Et que l'on jugerait sans doute qu'en tant que bras-droit du Seigneur des Ténèbres, il avait été dans le mauvais camp. Avait-on décidé de le soigner en attendant un véritable procès? Dix-sept ans plus tôt, Dumbledore lui avait sauvé la mise, mais qui le ferait cette fois, alors qu'il était de notoriété publique qu'il avait lui-même prononcé le sort fatal contre celui qui avait jadis pris sa défense?

De ce qu'il avait compris, il était dans le coma depuis un sacré bout de temps, car les infirmiers ne cessaient de faire des allusions à ce sujet, arguant qu'avec un soleil pareil, c'était une belle journée pour se décider à se réveiller. Ou qu'il avait de la visite prévue pour bientôt, et que ses visiteurs seraient sans doute ravis qu'il ouvre enfin les yeux. Severus ne voyait pas qui pouvait bien vouloir lui rendre visite. De toute façon, il était trop fatigué pour tenter une réponse ou un mouvement.

En dehors des sessions de soins, le silence revenait, et plusieurs fois il avait effleuré la surface dans des moments de calme absolu, qui s'avéraient aussi reposants qu'effrayants. Il se demandait alors souvent s'il avait définitivement basculé de l'autre côté, cette fois, lorsqu'aucun son ne lui parvenait de son environnement, autre que le bip-bip persistant qu'il aurait tout aussi bien imaginer. D'ailleurs, il avait un mal fou à faire la différence entre la réalité de ce qu'il percevait et les hallucinations qui persistaient au-delà de ses rêves.

Combien de fois s'était-il figuré une visite d'Albus, avec sa main décharnée et son regard vide, venu lui proposer un bonbon au citron et lui dire qu'il serait temps de se réveiller ? Charity aussi était venue, l'accusant de n'avoir rien fait pour la sauver alors que le Seigneur des Ténèbres prenait sa vie. Toutes ces personnes pour qui il n'avait rien pu faire, toutes celles qu'il avait trahies, déçues, blessées. Et Merlin sait qu'elles étaient nombreuses!

Lily était souvent là, à présent. Telle un feu follet insaisissable, elle voletait autour de son lit, assez proche pour qu'il puisse deviner son visage mais trop loin pour qu'il puisse la toucher. Elle n'avait toujours rien dit, mais il était quasiment certain qu'elle voulait savoir si son fils allait bien. Elle aurait beaucoup aimé qu'il puisse le lui dire, mais Severus n'en savait rien. Potter avait peut-être gagné la guerre, mais y avait-il survécu? Il pouvait très bien avoir succombé à ses blessures, ou avoir été tué par un partisan du Maître après la chute de ce dernier.

Lorsqu'il hallucinait complètement, se débattant avec les fantômes de son passé et ravivant dans le même temps la douleur qui lui vrillait le corps, Severus étouffait. La panique qui le submergeait alors l'empêchait de respirer, et le plongeait dans un tel état d'angoisse qu'il sentait son corps se couvrir de sueur froide sans qu'il ne puisse rien faire pour se soustraire aux démons qui l'assaillaient.

Jusqu'à ce qu'une main douce et chaude se pose avec la délicatesse d'une plume sur son front, ou que des doigts timides s'enroulent autour des siens, lui permettant de s'ancrer dans la réalité, ou du moins de chasser les horreurs qui se rejouaient dans son esprit torturé. Cela était arrivé plusieurs fois, et même lorsque personne ne le touchait, il avait souvent senti cette présence silencieuse près de lui, comme l'aura rassurante d'un gardien qui aurait veillé sur son sommeil. Plusieurs fois il avait tenté d'ouvrir les yeux pour déterminer de qui il s'agissait, mais n'y était guère parvenu. A force de vouloir avoir des réponses, il avait réussi à articuler quelques sons, si faibles qu'il doutait qu'ils aient été audibles pour quiconque.

Personne n'avait répondu. Personne ne parlait ni ne répondait jamais. Il avait même fini par se convaincre que tout ceci n'était qu'une hallucination de plus, et s'était finalement figuré qu'il s'agissait là du spectre bienveillant de Lily, car la jeune femme était la seule amie qu'il avait jamais eue. Malheureusement, il avait eu beau l'appeler, s'efforçant de murmurer son prénom, la jolie rouquine ne lui avait jamais accordé un seul mot.

OoOoO

Des jours _ ou peut-être était-ce des semaines? _ plus tard, il avait enfin refait surface.

Au prix d'un effort considérable, le Serpentard était parvenu à ouvrir les yeux, papillonnant des paupières avec difficulté alors que la lumière ambiante saturait ses photorécepteurs rétiniens, trop longtemps restés inactifs. Il n'avait pas réussi à faire la mise au point, et sa vision floue lui avait seulement permis d'entr'apercevoir les murs monochromes d'une chambre d'hôpital et les blouses pastelles de plusieurs médecins autour de lui, avant qu'il ne ferme de nouveau les yeux, comme si ce geste anodin lui avait déjà pompé toute son énergie.

Les docteurs et infirmiers qui se trouvaient là s'étaient répandus en exclamations enthousiastes qui l'avaient grandement incommodé, et il avait grimacé, déclenchant plusieurs éclats de rire.

- Eh bien, je crois que notre patient n'apprécie guère toute cette agitation! S'était amusée une voix masculine. Je m'excuse d'avance Severus, mais nous allons devoir rester un moment pour vérifier vos constantes et nous assurer que vous ne risquez pas de replonger à nouveau, cette fois.

Les tests à réaliser lui avaient semblé interminables et épuisants. Severus n'avait eu qu'une seule hâte, qu'ils en finissent et le laissent enfin tranquille, tant il était désireux de replonger dans le sommeil. Un médicomage avait testé ses réflexes pupillaires, achevant de lui brûler les rétines, ainsi que ses mouvements oculaires. On lui avait fait ouvrir et fermer les yeux plusieurs fois, alors que cela lui demandait pourtant un effort important. Un infirmier avait mesuré son tonus musculaire, tandis qu'un autre avait tenté de lui tirer quelques mots, qui s'étaient avérés inintelligibles, mais cela n'avait pas paru l'inquiéter.

- Vous êtes encore faible, mais le retour anticipé de la parole est plutôt bon signe.

Severus avait à peine compris la phrase, tant son esprit était embrumé. Il n'avait même pas pris la peine de répondre, et s'était de nouveau laissé glisser dans l'obscurité, sombrant dans un sommeil agité.

OoOoO

Lorsqu'il s'était réveillé, la fois suivante, tout était tranquille autour de lui. Il n'y avait eu ni voix fracassante, ni lumière aveuglante, et aucune manipulation inconfortable. Il s'était éveillé en douceur, accueillant avec soulagement la semi-obscurité qui régnait dans la pièce, ainsi que le silence paisible qui l'accompagnait.

A la faveur de l'obscurité, les tons blancs de la chambre s'étaient parés d'une seule et même nuance de gris. Seul le ronronnement discret d'un sortilège de surveillance médicale venait rompre la quiétude des lieux, mais le son régulier le berçait plus qu'il ne l'incommodait. Tout son corps lui paraissait engourdi, à présent, comme si chacune de ses cellules était lestée d'un poids supplémentaire, ou qu'on avait aspiré jusqu'à la moindre goutte de son énergie vitale. D'ailleurs, il n'avait pas très chaud, et s'il n'y avait pas eu cette chaleur qui irradiait depuis sa main gauche, nul doute qu'il aurait frissonné de froid.

Dans un froncement de sourcil presque douloureux, tant les muscles de son visage lui paraissaient ankylosés, Severus avait tourné la tête vers la provenance de cette étonnante source de chaleur. Tout du moins avait-il essayé, car les muscles de son cou avaient vivement protesté, si bien que ce seul mouvement lui avait pris un temps considérable.

Puis, sans prévenir, il avait plongé tout entier dans deux yeux bruns qui l'observaient avec curiosité, et peut-être un brin d'inquiétude. Avant même qu'il n'ait pu réagir, la chaleur du côté de sa main avait cessé, et la personne qui se tenait là un instant plus tôt avait disparu dans un mouvement flou, trop rapide pour que ses yeux fatigués ne parviennent à le suivre tout à fait. Les pas feutrés avaient glissé jusqu'à la porte, qui s'était ouverte et refermé dans un claquement discret, le laissant de nouveau seul dans le silence et l'obscurité de la pièce.

- … Attendez…, avait-il soufflé, d'une voix si faible qu'elle en avait été à peine audible, même pour lui.

Mais le feu follet qui avait veillé sur son réveil était déjà parti, et Severus n'avait eu guère l'occasion de le rappeler, car déjà l'inconscience le guettait de nouveau. Il avait tenté un regard vers la porte, au prix d'un effort manifeste qui avait eu raison de lui.

Il avait basculé de nouveau.

OoOoO

Il avait fallu des jours pour qu'il ne reprenne vraiment pied avec la réalité. Ses phases de réveil étaient passées de quelques secondes à quelques minutes, puis à une heure, puis deux, lui permettant de mieux s'ancrer dans la réalité qui semblait bien partie pour être la sienne pour un bout de temps, malheureusement.

Chaque jour voyait se succéder des tests divers et variés pour déterminer quelles fonctions il récupérait peu à peu, et celles qu'il lui faudrait travailler davantage. Les sessions de soin et de kinésithérapie étaient récurrentes et multiples au cours d'une journée, et l'avaient laissé fatigué et courbaturé pendant de longues heures les premiers jours alors qu'il ne s'agissait pourtant pas de mouvements compliqués.

Son esprit avait peu à peu regagné en consistance, si bien que les longs monologues des médecins avaient bientôt pris plus de sens. Il avait encore du mal à suivre une conversation complète, et n'était capable de ne prononcer que quelques mots, mais cela était déjà une avancée considérable.

Ses jambes ne fonctionnaient plus.

Quand enfin il avait réussi à rester conscient suffisamment longtemps pour prendre le temps de sonder son corps, il avait réalisé, horrifié, qu'il n'avait plus le contrôle de ses membres inférieurs. Plus de contrôle, et plus de sensations. Seule une potion tranquillisante lui avait évité la crise d'angoisse qui avait suivi cette prise de conscience.

Les médecins s'étaient toutefois montrés optimistes, lui expliquant que ce n'était pas rare après un coma aussi long, et qu'il récupérerait sans doute la mobilité de ses jambes au fil des semaines. Severus avait accueilli la nouvelle avec beaucoup plus de pessimisme.

Il détestait être si diminué. Pour une période aussi longue, qui plus est.

Malheureusement, l'infirmier qui lui avait été assigné, un certain Allan, lui avait expliqué que son cas était particulièrement complexe à traiter. Le venin de Nagini avait fait des ravages dans son organisme, occasionné un infarctus du cœur, répandu des toxines que les remèdes magiques habituels n'étaient pas parvenu à drainer tout à fait.

- Ce qu'il reste de son poison dans votre organisme nous empêche de vous soigner comme on le ferait pour n'importe quel cas d'empoisonnement. Je suis désolé de vous l'annoncer, mais nous envisageons pour vous une rééducation disons… plus traditionnelle, avait expliqué l'infirmier, embarassé.

Il avait bien fallu une minute entière à Severus pour assimiler l'information.

- Vous voulez dire… à la moldue? Avait-il demandé dans un murmure, cette simple question le laissant presque à bout de souffle.

- C'est cela, oui.

Le Serpentard avait laissé sa tête s'enfoncer complètement dans l'oreiller sous lui et avait fermé les yeux avec fatalité. Une rééducation sans magie. Quelle ironie alors qu'il était parvenu, après une vie de labeur et de travail, à devenir l'un des sorciers les plus puissants de sa génération. Si un jour il croisait Merlin, il lui toucherait deux mots concernant de son sens de l'humour, vraiment!

Les premiers jours qui avaient suivi son réveil, seuls les médecins et le personnel médical s'étaient succédé dans sa chambre. Allan lui avait expliqué qu'il était encore trop faible pour que les visites soient accordées pendant ses temps d'éveil. Cela n'avait guère chagriné Severus qui, s'il l'avait pu, se serait esclaffé sombrement. Qui diable pouvait donc vouloir lui rendre visite, de toute façon?

L'infirmier lui avait néanmoins donné des nouvelles du monde extérieur, et notamment concernant l'issue de la guerre, dont Severus ignorait tout. Potter avait bel et bien vaincu le Seigneur des Ténèbres, et avait survécu. Cette nouvelle avait été un soulagement pour le Serpentard, qui avait consacré la moitié de sa vie à s'assurer de la survie du fils de Lily. Le couple Malfoy avait été prié de quitter le pays, et s'était exilé aux Etats-Unis avec leur fils, où Severus n'avait aucun doute sur le fait que la fortune de Lucius suffirait à leur offrir un train de vie confortable.

C'était tout ce qui comptait, au fond. Il se fichait bien du reste. Sa tâche avait été accomplie, son filleul était en vie. C'était le plus important à ses yeux.

Il n'avait prêté qu'une oreille distraite au reste des informations, et s'était rendormi avant même que le soignant n'ait achevé son récit.

Lorsqu'il s'était réveillé, quelques heures plus tard, la soirée était bien avancée. Il n'avait pas ouvert les yeux, baignant dans cet état de demi-sommeil à la limite de l'inconscience. Hormis les pas des infirmiers et des aide-soignants dans le couloir, tout était calme. On avait levé le sortilège d'aide à la respiration quelques jours plus tôt, et Severus pouvait enfin jouir de la liberté de respirer pas ses propres moyens, même si cela était bien plus fatiguant que dans ses souvenirs. Il ne mangeait toujours pas. Une sonde se chargeait de lui fournir les nutriments nécessaires, si bien qu'il ne ressentait nullement la sensation de faim. La simple idée d'avaler quelque chose lui paraissait d'ailleurs insupportable.

Alors qu'il s'enfonçait dans le sommeil, il l'avait de nouveau sentie. Cette présence silencieuse près de lui. Cela faisait plusieurs jours qu'il ne l'avait plus perçue, si bien qu'il en était arrivé à la conclusion qu'elle n'avait été issue que de son imagination. Seulement, il n'hallucinait plus depuis quelques jours déjà. Il s'était figé, prenant de profondes respirations alors que son cœur s'emballait déjà. S'il était interdit de visite et qu'il ne fantasmait pas, alors qui se trouvait dans la pièce? Parmi les informations que lui avait données Allan, et qu'il avait à peine écoutées, n'y avait-il pas quelque chose concernant certains partisans du Maître qui étaient encore en cavale?

Avant qu'il n'ait trouvé la force d'ouvrir les yeux pour identifier l'intrus, des voix s'étaient élevées dans le couloir, un brin agacées, tandis que les infirmières de nuit cherchaient vraisemblablement quelqu'un.

- … Pas possible, où est-ce qu'elle est encore passée?

- On va finir par devoir fermer sa porte à clef le soir! Avait soupiré une autre voix.

- Je doute que l'on nous autorise à faire cela avec elle..

- Je vais voir dans la chambre d'Alice et Franck. Toi, vérifie le salon de thé, au cas où.

Les voix s'étaient approchées de la chambre du Serpentard tandis que les deux femmes conversaient. Puis il y avait eu un silence, et l'un des bruits de pas s'était arrêté devant sa porte.

- Quelqu'un a vérifié chez Severus?

- Tu ne crois tout de même pas…? On lui a déjà dit cent fois !

Un profond soupir s'était fait entendre dans le couloir, puis la porte de sa chambre s'était ouverte doucement, inondant la pièce d'une lumière nouvelle qui l'avait fait grimacer.

Cette fois, Severus avait distinctement perçu du mouvement à sa gauche, et ouvert les yeux pour tenter d'apercevoir qui était l'intrus. Malheureusement, son adaptation aux changements lumineux était encore amoindrie et il n'avait pas distingué grand-chose dans la semi-obscurité de la pièce. A la différence de l'aide-soignante, dont la voix basse mais courroucée s'était élevée à l'entrée de la chambre.

- Dis donc jeune fille, qu'est-ce que tu fais encore là?! Avait grondé la soignante. On t'a déjà dit qu'il avait besoin de repos, alors du balai! Allez, dehors, oust! Le couvre feu est à dix-neuf heures!

Une frêle silhouette, féminine et pas bien grande, s'était faufilée jusqu'à l'entrebâillement de la porte, qui s'était refermée presque sans un bruit. Tout s'était passé si vite, et le Serpentard était tellement fatigué, qu'il s'était demandé un instant s'il n'avait pas rêvé toute la scène. Il avait de nouveau succombé aux bras de Morphée peu après, et n'avait gardé qu'un vague souvenir de tout ceci à son réveil.

OoOoO

Comme le lui avait annoncé Allan, son cas était compliqué.

Severus ignorait au juste ce qui pouvait composer le venin de ce foutu serpent, mais nul doute qu'il y aurait eu là matière à de nombreuses études, car les effets en étaient tout à fait saisissants. Si, de façon générale, les élixirs anti-douleurs suffisaient à calmer ses maux, ou du moins à les réduire à quelque chose d'acceptable, il était certains moments où rien n'était capable de le soulager. Son corps se tordait alors de douleur, comme si chacune de ses cellules souffrait encore des toxines contenues dans la salive de Nagini.

Ses poumons se vidaient de leur air, le laissant pantelant, au bord de l'asphyxie tant il peinait à reprendre son souffle, et la brûlure dans son cou se réveillait comme si la morsure était encore béante, ce qui était un peu le cas puisqu'elle se rouvrait à chaque crise. Cela pouvait durer quelques secondes, ou d'interminables minutes, le plongeant alors dans une lente agonie qui lui donnait l'impression d'être sur le point d'y rester chaque fois qu'il en faisait les frais. Il mettait toujours des heures à s'en remettre, l'esprit rompu de fatigue et le corps perclus de vives courbatures, contre lesquelles Peter, son kinésithérapeute, ne pouvait pas grand-chose.

Un après-midi, alors qu'il avait vécu l'un de ces épisodes de douleur fulgurante plus tôt dans la matinée, et que les tiraillements persistants dans tout son corps l'avaient tiré du sommeil dans lequel il avait sombré, elle était revenue. L'intruse. Lorsque Severus s'était réveillé, elle était déjà là. Assise sur une chaise près de la fenêtre qui laissait entrevoir le ciel couvert de cette journée d'été orageuse, elle ne semblait lui prêter aucune attention, si bien qu'elle n'avait pas remarqué qu'il était réveillé. Comme aucune infirmière n'était venue la chercher, cette fois, il avait eu tout le temps nécessaire pour l'observer.

A la lumière du jour, elle ne lui avait plus parue si petite que cela. En réalité, elle était toute à fait commune. De taille et de morphologie communes, avec des cheveux bruns très communs, et un visage somme toute banal, avait-il songé en la détaillant de longues secondes, cherchant toujours à déterminer ce qu'elle pouvait bien faire dans sa chambre. Elle était penchée sur un carnet sur lequel elle griffonnait sans discontinuer, mais cela n'était guère une activité qui requerrait de se trouver là pour être menée à bien.

Au moins sa présence avait-elle eu le mérite de détourner Severus de la douleur qui irradiait encore dans tout son corps.

Elle était jeune, il lui aurait donné une vingtaine d'année, avant d'en rajouter cinq de plus lorsqu'elle avait vivement relevé la tête vers lui en l'entendant gémir de douleur quand il avait voulu ajuster sa position inconfortable. C'était que, elle avait les traits tellement tirés que cela la vieillissait d'autant. D'horribles cernes violacées soulignaient son regard brun, et avaient amené Severus à penser qu'il n'était pas le seul à mal dormir.

Une chose était certaine, ce n'était pas Lily, et la déception qui l'avait envahi en le réalisant avait été presque aussi douloureuse que les courbatures qui meurtrissaient son corps. Même si, à la réflexion, elle disait vaguement quelque chose à Severus. Il était toutefois trop fatigué pour faire l'effort de fouiller dans sa mémoire.

Lorsqu'elle avait réalisé qu'il était réveillé, la jeune femme avait vivement refermé son carnet et s'était levée soudainement pour se diriger vers la porte, désireuse de partir avant qu'il ne dénonce sa présence.

- Qui êtes-vous? Avait-il demandé dans un murmure douloureux. Pourquoi êtes vous ici?

Seul le claquement léger de la porte qui se refermait sur elle lui avait répondu.

OoOoO

- La fille? Quelle fille? Avait demandé Allan quand Severus lui avait posé la question, quelques temps plus tard.

Il avait toujours un mal fou à garder la notion du temps, car il alternait encore les phases de conscience avec celles, nombreuses et de durée variable, de sommeil. Les épisodes de douleur ne faisaient rien pour arranger les choses, tant il en sortait diminué.

- Une gamine…

- Et là? Avait interrogé l'infirmier entre deux en appliquant la pointe d'une plume sur l'une de ses plantes de pieds.

- Non plus. Une gamine brune, avait précisé le Serpentard. Non plus. Ça va durer encore longtemps?

- Jusqu'à ce que je parvienne au point de sensation, comme d'habitude, avait patiemment répondu l'infirmier en masquant un sourire. Vous faîtes des progrès ou c'est l'agacement qui vous donne l'énergie nécessaire pour faire des phrases plus longues? Avait-il demandé, l'air de rien, en lui jetant un coup d'œil moqueur.

L'ancien espion lui avait jeté un regard noir. Du moins ce qu'il restait de ces fameux regards noirs, car il doutait que le résultat avait été aussi efficace qu'à l'époque de son professorat, après deux mois de coma et presque dix jours de réveil tous plus exaspérants les uns que les autres. Tous les jours il fallait se plier à ces tests interminables pour tenter de déterminer s'il retrouvait des sensations dans ses jambes, qu'il ne sentait plus depuis son réveil. La peur de perdre définitivement la capacité de marcher l'effrayait tout à fait, aussi s'efforçait-il de l'ensevelir sous une bonne dose de sarcasme et d'agacement.

- Je dirais plutôt votre... incapacité à trouver une réelle solution... à ce foutu poison! Avait-il vertement répliqué, l'effet en étant toutefois atténué par son incapacité à dire plus de cinq mots sans reprendre son souffle.

Malheureusement, le chef de service semblait avoir été prévenu de son caractère irascible, et lui avait allégué les soignants les plus optimistes qui soient, car ils s'évertuaient tous à garder le sourire aux lèvres quand il les gratifiait de ses réflexions lapidaires. La bonne humeur d'Allan, qui avait quelques années de plus que lui, semblait inébranlable. Quant à son kinésithérapeute, Peter, à peine plus jeune que lui, il prenait toujours tout sur le ton de la légèreté, comme si ses remarques acerbes n'étaient que de l'humour. Il n'y avait guère que les jeunes aides soignantes, sans doute encore en formation, qui ne s'éternisaient jamais dans sa chambre.

- Vous avez pu voir… quelqu'un du service recherches... et développement?

- Oui, et je leur ai soumis vos… recommandations, comme vous me l'avez demandé.

- Et donc? Avait insisté Severus comme Allan ne faisait pas mine de continuer.

- Eh bien, le jeune laborantin que j'ai croisé à dit qu'il transmettrait à son supérieur. Je n'ai pas eu de nouvelles pour le moment.

Severus avait soupiré d'exaspération en s'enfonçant d'avantage dans son oreiller. Par Merlin, il n'en pouvait plus d'être coincé dans ce lit avec ce corps amoindri et son esprit qui peinait encore à rester à flots plus de quelques heures d'affilées. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir donné des consignes précises pour tenter de trouver une façon efficace de neutraliser le venin de Nagini. Il aurait suffi d'une prise de sang, de séparer les globules rouges des plaquettes, et de tenter d'isoler les toxines issues du venin pour ensuite les analyser et tâcher de…

- …a donné son accord pour les visites, maintenant que vous êtes plus en forme.

Severus avait tiqué en entendant le mot «visite» dans la bouche d'Allan, qu'il n'écoutait plus depuis quelques instants déjà. Tout son corps s'était tendu. Enfin, les parties qui lui répondaient encore, car ses jambes étaient restées immobiles sur les draps blancs.

- Je ne veux pas… de visite, avait-il grondé.

Avant de réaliser, non sans soulagement, que personne ne viendrait lui rendre visite, de toute façon. Minerva le détestait purement et simplement depuis la mort d'Albus. Il n'avait pas de famille, et tout autant d'amis.

- Comment ça pas de visite? S'était étonné l'infirmier. Tout le monde aime recevoir de la visite! Et puis, il y a déjà au moins trois personnes qui ont demandé à vous voir.

Après deux mois de coma et la moitié d'un en convalescence, Severus avait été forcé de constater qu'il ne maîtrisait plus non plus ses émotions et ses expressions faciales. Il n'avait pas su dissimuler sa surprise à ces mots.

- Qui ça? Avait-il demandé, autant atterré qu'horrifié.

- La directrice de Poudlard, pour commencer. Elle est souvent venue à votre chevet pendant votre période d'inconscience. Harry Potter a également demandé à vous voir, ainsi qu'un certain Monsieur Lupin qui..

- Vous plaisantez?!

Il avait été si saisi qu'il en avait oublié que l'infirmier était entrain de procéder aux tests de sensations, et avait vivement sursauté quand il avait senti la pointe de la plume s'enfoncer dans sa hanche

Incrédule, il avait baissé les yeux vers son bassin. C'était la première fois depuis son réveil officiel du coma, presque quinze jours plus tôt, qu'il ressentait des sensations dans cette partie de son corps. Habituellement, c'était le néant jusqu'à son abdomen. Allan avait affiché un large sourire, à croire que c'était lui, et non son patient, qui retrouvait petit à petit la sensation de son corps.

- Eh bien voilà, vous voyez que ces tests servent à quelque chose! S'était-il enthousiasmé en prenant quelques notes sur son calepin. Si avec cela vous n'êtes pas prêt à recevoir de la visite, c'est clairement de la mauvaise foi!

Severus avait senti une panique toute inédite l'envahir à ces mots. Son cœur s'était emballé, et il avait lancé un coup d'œil angoissé à la petite chambre dans laquelle il se trouvait, à ses jambes immobiles sur le lit, à ses mains si livides que l'on voyait presque le réseau de veines à travers la peau pâle. Par Merlin, il n'était décemment pas en état de recevoir de la visite. Peu importe de qui d'ailleurs. Il était absolument inconcevable qu'il apparaisse si faible et si diminué devant qui que ce soit! Alors qu'il avait passé une vie à se forger une réputation de sorcier implacable et intouchable! Non, c'était tout à fait inenvisageable. D'autant plus s'il s'agissait de toute la clique de ces Gryffondor bien pensants, Saints parmi les Saints, que l'on devait sans douter vénérer depuis la fin de cette foutue guerre et…

- Et puis, au fond, vous avez déjà reçu de la visite, si cette jeune demoiselle est venue plusieurs fois vous voir malgré la préconisation au repos strict qui est notifiée sur votre porte.

Perdu dans ses pensées, Severus avait relevé un regard ahuri vers l'infirmier, ne comprenant pas toute de suite de quelle jeune fille il était question. Puis le souvenir de la brunette qui était venue dessiner dans sa chambre, quelques jours plus tôt, s'était rappelé à lui.

- Je vais demander aux infirmières des autres services s'ils ont une petite fugueuse parmi leurs patients, peut-être que j'aurais une réponse à vous donner, avait souri Allan avant de lui coller une balle en mousse presque de force dans la main. En attendant, je vous laisse ceci. Tâchez de vous entraîner dessus jusqu'à ce que je repasse. Vous aurez bientôt besoin de vos mains et de vos bras en pleine capacité !