La matinée de Noël s'annonçait aussi heureuse que les jours précédents. En pyjama, les pieds enveloppés de grosses chaussettes, les Serpentards se ruèrent sur leurs cadeaux dès sept heures du matin, alors que le ciel demeurait encore plongé dans l'obscurité. Chouta descendit les escaliers en dernière, découvrant une multitude de cadeau de toutes formes sous le sapin.
Quatre paquets portaient son prénom, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir incroyablement chanceuse.Drago venait d'ouvrir celui que Chouta lui avait offert, et il fit très bien considéré.
- Ce cadeau est très prévoyant, quelque chose me dit que je vais en avoir besoin, lui dit Drago en recevant son détecteur d'espion. Merci.
- Il n'y a pas de quoi, joyeux Noël Drago.
- Joyeux Noël à toi aussi, tu es une bonne rencontre et j'espère que nous continuions de correspondre l'année prochaine.
Ils se serrerent la main.
- Ouvre le tiens, c'est de là part de Drago et de moi, dit Pansy en lui donnant un petit paquet noir avec hâte.
Dans ce petit paquet noir, reposait une boîte à bijoux en or, dont Chouta découvrit le contenu avec étonnement. À l'intérieur, il y avait un anneau en argent sur lequel était gravé le symbole des Reliques de la Mort. C'était un objet d'une rareté exceptionnelle, car il conférait le pouvoir de transplaner n'importe où, même dans un endroit comme le château de Poudlard où c'était normalement impossible.
- Parce qu'on ne sait jamais ce que le sort nous réserve, dit Drago en observant Chouta placer la baguette sur son index.
Une mendiante nous l'a vendu au Chemin de Traverse, elle ne devait pas savoir ce que c'était...
- Elle l'a sûrement dérobé à un riche aristocrate, en conclu Chouta. Merci, les amis. Par les temps qui courent, c'est très avenant.
Sa voix était pleine de gratitude même si elle pensa que ce n'était pas bien d'acheter des objets volés.
- Vois-tu, Chouta, dans notre monde, il n'y a pas de cadeaux désintéressés, dit-il d'un coup.
- C'est à dire? Demanda Chouta avec un brin de méfiance.
- Ne t'imagine pas que c'est simplement par amitié que je te donne cet anneau, Chouta. Il a une valeur bien au-delà de ce que tu peux comprendre. Si je te l'offre, c'est parce que je sais que tu sauras l'utiliser... intelligemment. Peut-être que cela servira aussi à mes propres intérêts, qui sait, dit-il de sa voix impérieuse. Mais disons que... pour l'instant, tu as toute ma confiance. Ne la gâche pas.
Du grand Malefoy tout craché, Chouta ne s'en laissa pas impressionner. Le Professeur Karkaroff avait offert à Chouta une splendide robe noire moulante, agrémentée d'une bretelle asymétrique. Une cape en dentelle noire ajoutait une touche de distinction à l'ensemble. Il avait glissé un mot accompagnant le cadeau : "Parce qu'on n'a qu'une seule fois 15 ans".
- Regarde l'étiquette, dit Pansy, visiblement surprise. La marque Rue-Broca! C'est dans ce genre de boutique que ma mère refuse toujours de m'emmener, elle pense que ce n'est pas de mon âge...
Le cadeau de Viktor Krum reflétait parfaitement son caractère : des lentilles permettant de voir dans l'obscurité comme en plein jour, un précieux outil en cas de duel de minuit.
Alors que Pansy lui avait presque sauté au cou de joie en recevant son parfum, Chouta observa avec curiosité le nouveau paquet au papier gris qu'elle tenait entre ses mains, non signé. Elle attendit d'être à l'écart des autres pour l'ouvrir... Elle en retira une longue cape noire... Un mot, tapé à la machine à écrire, était glissé sur un bout de parchemin, empêchant toute reconnaissance de l'écriture.
" Pour se protéger de l'ennemi, cette cape fera parage des sortilèges lancé dans le dos "
Chouta se demanda qui avait bien pu lui offrir un vêtement aussi protecteur, jusqu'à ce que la voix de Goyle la sorte de ses pensées :
- Regardez, là-haut!
Tout comme une dizaine d'autres élèves, Chouta porta son regard vers le sommet du grand sapin de Noël. À travers les guirlandes, les boules vertes et argentées ainsi que les petits sujets, une enveloppe faite exclusivement de papier toilette portait son nom... Sous les regards curieux, voire moqueurs de tous, elle sortit sa baguette magique :
- Wingardium Leviosa.
L'enveloppe se posa sur sa main comme une plume tant qu'elle était légère.
- Vas-y, ouvre-la qu'on se marre un peu, demanda Drago, hilare. Elle vient peut-être de Weasley, il doit être trop pauvre pour acheter une enveloppe.
Chouta n'eut pas le temps d'ouvrir la lettre, car d'un coup, celle-ci s'échappa de sa main et se mit à planer dans l'air, se transformant en un rouleau de papier toilette se déroulant comme un parchemin. Une écriture totalement illisible, tachée par des larmes, apparut. Une grosse clé rouillée tomba alors, que Chouta ramassa aussitôt, la glissant dans la poche de son pyjama.
Soudain, comme une beuglante, la voix du fantôme des toilettes des filles sortit de la lettre et ressona dans toute la salle commune, Crabbe se bouchat les oreilles tellement que ce cette voix était aiguë.
" C'est le seul service que je te rends, pour t'être intéressée à moi, pauvre et malheureuse...!!!
L'ancienne classe des potions magiques n'est pas dans les étages mais dans le fond des cachots...C'est la cinquième porte à gauche, Rogue la fermée à clé depuis que des petits malins de ton école y ont fait la fête. C'est ça que tu cherchais, l'autre fois, non?!!
À l'avenir, assure-toi de rester en vie, sinon, gare à toi!!!
PS : À partir de maintenant, c'est Myrtle Elizabeth Warren, pas Mimi Geignarde!!! "
Le rouleau de papier toilette se déchiqueta en un millier de morceaux, donnant l'impression que des flocons de neige tombaient du plafond.
- La vache, alors comme ça tu fréquentes le fantôme des toilettes des filles?Demanda Drago devant tout le monde avec dégoût. Tu sais qu'elle se beigne dans les égouts? Elle me répugne.
- C'est ce qu'on appelle être traumatisée d'être dans le corps d'une fille de 14 ans alors qu'on en a plus de soixante, fit froidement remarquer Chouta.
- Ça va, je ne l'ai pas insultée, j'dis juste qu'elle n'est pas très propre.
Au diable l'esprit de Noël, peu importait ce que Viktor en penserait. Chouta était
qui elle était, et rien ni personne ne pouvait l'empêcher d'être cette sorcière têtue, aussi obstinée qu'un Hippogriffe.
Si son instinct lui murmurait depuis le début qu'il lui fallait mettre la main sur le manuel de Rogue, c'est qu'il devait y avoir une raison beaucoup plus profonde que la curiosité. Elle se demandait si elle n'y trouvait pas des sortilèges super intéressant et utile en cas de guerre.
Elle fit quelques pas en arrière, tout le groupe la regardait avec incompréhension. Puis elle tourna les talons, quittant la salle commune en courant pour se rendre directement dans l'ancienne classe des potions magiques.
- Chouta, attend! Résonna la voix de Pansy alors qu'elle était déjà dans le couloir.
Lorsqu'elle tourna la clé dans la serrure, un nuage de poussière désagréable s'éleva du sol en dessous de la porte... Chouta découvrit un lieu abandonné depuis au moins une vingtaine d'années, à en juger par l'état des vieux chaudrons et les dates inscrites sur des fioles de potions. Sur les tables, des pétards appartenant à Viktor étaient encore posé.
C'est dans une armoire métallique, perchée tout en haut d'une pile de débris, qu'elle trouva ce qu'elle était venue chercher... Le manuel était grand ouvert à la page où Viktor avait recherché le contre-sort pour Poliakoff.
" Blocklang pour faire taire la langue de serpent, unblockus pour libérer son venin "
C'était bien là l'écriture de Rogue, inchangée depuis tout ce temps. Cette plume ne ressemblait à aucune autre.
Chouta comprenait désormais pourquoi Viktor trouvait ce livre dérangeant : des pages entières étaient griffonnées de sortilèges flirtant avec les limites de l'impardonnable, notamment l'un permettant de trancher de façon presque mortelle. Le plus troublant dans tout cela était que pour concevoir un sortilège, il fallait le tester sur quelqu'un... Elle avait l'impression d'entendre des cris s'échapper des pages, des échos de ceux qui avaient subi cette magie. Tout cela n'était qu'un ramassis de violence inutile...
Sauf peut-être à l'exception de ceux qu'elle trouva à la page 35 :
- Assurdiato : pour que personne n'entende
- Levicorpus : suspendre par la cheville
- Omnia mei memini et scio quis sim, neque quisquam me prohibere potest : à réciter dans sa tête, contre le sortilège
d'oubliette
Après s'être perdue dans ces pages durant plusieurs minutes, elle revint à la raison et décida qu'il serait plus prudent de refermer ce livre et de le laisser continuer de prendre la poussière à jamais.
Hélas, le destin en décida autrement...
Elle n'était qu'au début de ses surprises.
C'est un peu au hasard qu'elle tomba sur la première de couverture. Chouta sentit son sang se glacer lorsqu'elle lu ce que Rogue avait inscrit dessus, de sa fine encore noir :
" Ce livre appartient au Prince de Sang-mêlé "
Les paroles de sa mère retentirent dans sa tête :
" Tu es la fille d'un Prince, le Prince de Sang-mêlé "
Tout en bas de cette même page, il avait griffonné, avec une délicatesse presque imperceptible, la date de naissance de sa mère, dissipant ainsi les dernières brumes de doute qui persistaient en elle.
1 janvier 1949 Aubaine
Chouta en pleura, jetant rageusement le moindre objet se trouvant sur son passage. Elle tenta désespérément
de mettre le feu à ces maudites pages, de les réduire en cendres, mais elles semblaient être protégées par une magie ancienne et puissante. Jamais elle n'aurait pu croire qu'un homme aussi jeune, avec un nom famille moldu, pouvait être son propre père. À présent, elle comprenait pourquoi il avait jadis contracté la varicelle au même âge qu'elle, ou pourquoi il avait cette étonnante facilité à déconstruire ses idées. Il n'y avait pas que ça, Rogue avait
également perçu son attirance pour les filles, ses préférences pour les grenades...
Elle nourrissait une profonde colère envers cet homme pour son silence, pour l'avoir abandonné à son triste sort dans la misère et la pauvreté de l'allée des Embrumes. Cependant, elle ne pouvait nier l'évidence de leur ressemblance. Père et fille étaient tous deux des sorciers doués mais incompris par beaucoup.
Comme un bateau engloutis dans les tentacules du Kraken, Chouta lâcha ce manuel et s'en alla en fermant la porte à double tour.
