Note de l'auteur :
Après un très long blocage d'écriture de plusieurs mois, j'ai récemment eu de la nostalgie pour Chrom et m!Daraen. Tous les deux me manquaient mais je ne souhaitais pas rester dans les limites du canon. Je voulais autre chose qu'une histoire sur un champ de bataille ou entre les murs d'un château. Juste être avec Chrom et Daraen. De là est né ce petit AU moderne, j'avais envie d'écrire depuis un moment quelque chose où ils seraient dans un appartement à prendre soin l'un de l'autre.
Je remercie mon ami qui a été mon bêta-lecteur, j'avais vraiment besoin de ses encouragements suite à mon blocage.
Les connaisseurs de Naheulbeuk retrouveront également un petit clin d'œil.
Avertissement :
Fire Emblem est une série développée par Intelligent Systems et éditée par Nintendo. Seuls le scénario et l'univers de cet AU m'appartiennent. OS basé sur le couple Chromxm!Daraen.
Chrom referme la porte grinçante de son casier et se retourne après l'avoir verrouillée. Tous ses coéquipiers sont encore occupés à ranger leur tenue. Certains n'ont pas encore terminé leur douche, comme Kellam. Le bruit de l'eau qui se répercute contre le sol dallé parvient jusqu'ici et couvre légèrement les conversations. Ses camarades s'échangent joyeusement des blagues et des anecdotes, aucun n'est pressé de rentrer à son logement. Chrom n'a néanmoins pas le temps de participer à celles‑ci. Ce soir, l'étudiant doit quitter le plus tôt possible la patinoire. S'il s'attarde trop, il ne pourra pas effectuer l'achat qu'il a prévu. Chrom parcourt quelques secondes la salle du regard puis prend la parole. Il hausse légèrement la voix pour pouvoir être entendu.
– Les amis, c'était un beau match d'entraînement. C'est certain, nous sommes fin prêts pour la rencontre inter‑universités.
Sully est la première à lui répondre. L'unique fille de l'équipe s'exclame d'un ton confiant et frappe le haut de sa poitrine de son poing. Des gouttes d'eau brillent encore dans ses courtes mèches rousses.
– Oui capitaine ! Les loups feroxiens vont tous rentrer chez eux la queue entre les jambes ! Lon'Zu le premier !
Chrom n'a jamais rencontré le dénommé Lon'Zu, mais sa réputation de joueur de hockey le précède dans toutes les universités du pays. Chrom sait qu'il est connu pour être un hockeyeur extrêmement rapide et précis. Et tout comme lui, Lon'Zu joue en avant‑centre. Ce qui le désigne aux yeux de tous comme son adversaire attitré pour la rencontre à venir. Chrom est parfaitement conscient des attentes qui pèsent sur ses épaules.
À côté de Sully, l'un des ailiers de l'équipe intervient à son tour. Il se frotte le ventre en même temps. Dans son geste, il froisse le pégase ornant sa veste à capuche, emblème de leur université même également de leur équipe.
– Et si nous allions fêter la fin de notre entraînement ensemble ? Je ne sais pas vous, mais j'ai une faim de loup justement.
Chrom ramasse l'anse de son sac de sport qu'il glisse à son épaule puis ramasse sa crosse favorite. Ses doigts effleurent les lettres inscrites sur le manche. Jamais il ne laisserait Falchion dans son casier avec le reste de son équipement. Il préfère la garder près de lui dans sa chambre étudiante. Chrom sourit gentiment à son camarade.
– Désolé Stahl, mais je dois aller en course avant la fermeture des magasins. Mais promis, si nous gagnions, je vous invite tous pour célébrer cela.
La majorité des sportifs présents approuvent l'idée, particulièrement Stahl. À son expression, Chrom devine que son esprit divague dans une rêverie culinaire. S'ils remportent la victoire, il pourra offrir un dîner à tous ses coéquipiers dans un restaurant. Ils l'auront tous mérités.
– Je te préviens Chrom, si tu perds contre Lon'Zu, je te défierai pour obtenir ton titre de capitaine. Foi de Vaike !
L'actuel meneur de l'équipe prête à peine attention à la boutade de son rival blond. Vaike est derrière un banc, le pied gauche perché et les bras croisés sur son torse nu. D'habitude, Chrom aurait répondu à son défi, mais il ne veut pas perdre de temps. Le jeune homme se contente de traverser le vestiaire pour atteindre l'entrée de la pièce. Juste avant de partir, il se retourne une dernière fois et saluent tous ses amis.
– Bonne soirée à vous tous. Nous nous retrouverons vite.
Tous lui répondent, à l'exception de Vaike qui se contente de lâcher un bougonnement. Le capitaine de l'équipe des Veilleurs franchit le seuil de la salle tandis que la lourde porte claque derrière lui. Le froid de la patinoire l'accueille aussitôt. Il vient l'enlacer, tentant de percer la couche de protection de ses vêtements. Mais cela ne gêne aucunement l'étudiant. Il est habitué à la température de l'endroit et il ressent encore l'effet de sa douche chaude sur sa peau.
En revanche, Chrom est surpris de découvrir que Sumia est encore présente dans les gradins. Il s'agit de l'unique amie d'enfance avec laquelle il a toujours été dans les mêmes établissements scolaires. Chrom connaît Sumia depuis l'école maternelle. Dorénavant, ils ne sont plus du tout dans la même classe et leur cursus d'étude est complètement différent. Néanmoins, ils continuent de se voir régulièrement. Sumia est l'une des filles pompons qui encouragent son équipe. Elle ne rate jamais ses matchs officiels et rarement ses entraînements. Chrom pensait cependant qu'elle serait déjà repartie.
Il n'y a personne d'autre autour de la patinoire, seulement elle. Lorsque Sumia l'aperçoit à son tour, elle se lève et ramasse son sac assorti à son manteau lilas. Elle récupère un plat recouvert d'un papier d'aluminium puis se dirige vers lui, en l'interpellant.
– Chrom !
– Bonjour Sumia.
La demoiselle se rapproche de lui, d'un pas rapide. Chrom craint durant un instant qu'elle ne perde son équilibre mais elle parvient à le rejoindre. Sumia lui offre un grand sourire.
– C'était un beau match d'entraînement capitaine ! Les filles et moi, nous donnerons tous pour t'encourager lors du grand match.
– Merci Sumia pour tes encouragements.
Sumia lui sourit davantage. Chrom remarque que ses joues se colorent et songe que cela doit être dû à la température de l'endroit. Elle tend vers lui l'assiette recouverte de papier métallique.
– Tiens Chrom, c'est pour vous.
Le capitaine des Veilleurs met un instant à comprendre. Sumia doit parler de son équipe entière. Stahl qui est affamé sera ravi de découvrir cette surprise. D'autant que les pâtisseries de Sumia sont toujours délicieuses. Il ne peut cependant pas la récupérer pour la déguster avec les autres, il doit partir maintenant. Chrom agite négativement sa main. Son sac de sport maintenu à son épaule est secoué dans son mouvement.
– Tu peux l'apporter directement au reste de l'équipe dans les vestiaires Sumia. Je dois partir rapidement ce soir pour aller au supermarché avant qu'il ne ferme.
– Oh ! Ce n'est pas pour l'équipe, mais pour toi et Daraen !
– Tu connais Daraen ?
– Bien sûr, nous sommes dans la même classe !
Chrom est surpris qu'elle connaisse son colocataire. Néanmoins, il aurait dû se douter qu'ils se soient déjà rencontrés. Daraen et Sumia suivent tout les deux un cursus littéraire. Le jeune homme se sent soudainement un peu stupide. Peut‑être que Sumia est même la camarade avec laquelle Daraen échange régulièrement des romans. Il aurait dû lui demander davantage de détails.
– Daraen m'aide toujours avec mes analyses de texte. Il est beaucoup plus intelligent que moi.
– Tu n'es pas stupide Sumia...
L'étudiant se retient de préciser à son amie qu'elle est juste maladroite et souvent étourdie. La phrase de Sumia se répète alors dans la tête de Chrom qui en comprend soudainement mieux le sens. Daraen et Sumia passent du temps ensemble, régulièrement. Daraen est certainement même beaucoup plus avec elle que lui, assis dans la même salle de cours toute la journée. Ils ne sont que tous les deux uniquement les soirs, et rapidement quelques minutes les matins. Peut‑être que lui et Sumia sont même assis l'un à côté de l'autre en amphithéâtre ? Chrom les imagine, installés à la même table, discutant discrètement autour d'un livre tandis qu'un professeur écrit au tableau. Il visualise Daraen dire une blague et Sumia rioter doucement en se dissimulant la bouche.
La fille pompon reprend la parole, interrompant l'imagination de Chrom.
– C'est gentil Chrom. En tout cas, j'ai pensé que cette tarte vous ferait du bien à tout les deux. Je sais que vous n'avez plus de chauffage dans votre résidence étudiante.
Depuis quelques jours, le système de chaufferie ne fonctionne plus dans le bâtiment où il réside avec Daraen. Si lui est habitué d'être dans le froid avec le hockey, ce n'est pas du tout le cas de Daraen qui est d'origine plégienne. Son colocataire vient d'une région au climat beaucoup plus chaud que celui d'Ylisse.
Leur appartement est gelé et il leur est impossible d'avoir de l'eau chaude pour se laver. Leur cuisinière fonctionne également au gaz et leur salut provient du micro‑ondes. Une véritable chance lorsqu'aucun des deux ne sait cuisiner et que leur alimentation dépend de plats surgelés et de pâtes.
À force de rester sans chauffage et avec le froid automnale, Daraen est tombé malade. Son colocataire est fiévreux et épuisé depuis plus de deux jours. Impossible pour lui de se rendre en cours. S'il avait tenté, Chrom l'en aurait empêché, et cela même si son taux de présentiel et ses résultats conditionnent sa bourse.
– Merci Sumia, c'est gentil de ta part.
Chrom récupère l'assiette contenant la pâtisserie comme il peut. Entre son sac et sa crosse de hockey, il peine à la saisir. Au même moment, Chrom sent certains de ses doigts s'enfoncer de façon visqueuse dans la garniture à travers le papier d'aluminium. Le bord de la croûte se brise sous la pression de son index. Heureusement pour lui, Sumia ne semble pas le remarquer, malgré le léger son de froissement métallique. Chrom s'efforce d'agir comme s'il ne venait pas de commettre un carnage involontaire.
– De rien Chrom. Vous verrez, il s'agit d'une tarte à la rhubarbe. C'est excellent pour la santé. Elle redonnera des forces à Daraen !
L'estomac de Chrom se contracte lentement. Il est déjà là pour prendre soin de son colocataire, Sumia n'a pas besoin d'intervenir. L'ylissien voulait montrer à Daraen qu'il savait préparer son thé préféré. Son idée de lui rapporter une pâtisserie plégienne pour accompagner sa boisson tombe à l'eau.
– Si tu es pressé, je ne vais pas te retenir davantage. Passe mon bonjour à Daraen, dis‑lui que j'espère qu'il guérira vite !
– Je lui dirais. Au revoir Sumia.
– Au revoir Chrom !
L'étudiant s'écarte de la fille‑pompon et commence à se diriger vers la sortie de la patinoire.
Chrom remonte les gradins et grimpe les marches le plus rapidement possible, les bras toujours chargés. Sumia ne bouge pas et reste seule au milieu des sièges. Tandis qu'il s'éloigne, le capitaine des Veilleurs sent la honte le parcourir et tordre davantage son ventre. Elle écrase la jalousie et lutte avec force avec elle.
Chrom réalise la façon dont il vient de se comporter avec son amie d'enfance. Ses doigts se resserrent sur l'assiette et écrasent davantage la tarte à la rhubarbe. Sumia voulait juste être gentille, ce n'est pas la première fois qu'elle confectionne une pâtisserie pour lui offrir. Elle s'est donnée du mal et lui est juste en train de la détruire un peu plus sous sa poigne de brute. Chrom espère sincèrement ne pas lui avoir parlé sèchement.
Le jeune homme s'arrête et se retourne en direction de la demoiselle. Il la trouve rapidement du regard, prêt à s'excuser. Chrom l'aperçoit avec son téléphone portable à la main. L'étudiante sourit toujours et très vite, elle s'exclame avec son interlocutrice. Le capitaine des Veilleurs l'entend prononcer le prénom de Cordelia, la meneuse des filles pompons.
Chrom détourne son attention de Sumia. Celle‑ci ne semble pas du tout perturbée par leur discussion. En revanche, lui l'est. Sa poigne se resserre sur le manche de Falchion.
Sumia est son amie d'enfance, il aurait dû se comporter moins froidement avec elle. Néanmoins l'idée que Daraen puisse être attiré par elle est si douloureuse. Ils ne se connaissent que depuis quelques semaines, mais l'étudiant d'origine plégienne est tellement attachant. Le sportif n'a jamais rencontré quelqu'un d'aussi vif d'esprit que lui et de si ingénieux. Il souhaiterait pouvoir toujours cohabiter avec lui.
Si seulement Daraen pouvait ressentir ce sentiment parfois éprouvant mais si exaltant. Cette sensation qui le rend quelques fois égoïste au point de vouloir toujours prendre soin de lui. Chrom voudrait tellement que Daraen éprouve la même chose pour lui.
Daraen est réveillé par un bruit sourd. Le jeune homme aux cheveux blancs est couché, enfoui sous un plaid sur le canapé. Des gouttes de pluie tambourinent contre la fenêtre. Sa bouche est pâteuse et sa salive asséchée. Un long frisson le parcourt soudainement, de sa nuque jusqu'au bas de son dos, avant de parcourir ses membres. Un soupire s'échappe de ses lèvres. Daraen préfère garder les paupières fermées, il n'a pas envie de se lever.
– Daraen ?
L'étudiant boursier ouvre ses yeux lentement. Quelques secondes lui sont nécessaires pour revenir à lui complètement. Il découvre alors son colocataire accroupi juste à côté de lui. Chrom le regarde avec le front légèrement plissé, un air inquiet sur le visage. Daraen s'adresse à lui d'une voix un peu rauque.
– Chrom ?
– Je viens de rentrer. Mon entraînement est terminé. Comment te sens‑tu ?
Daraen se sent toujours aussi fatigué, sa tête est lourde et il a dû mal à réfléchir. Malgré sa couverture, son peignoir et son pyjama, le froid vient assaillir son corps entier. Des petits frissons font trembloter ses bras et son torse sous son plaid.
– Toujours aussi malade...
L'étudiant remarque alors que la lampe de la pièce dans laquelle ils se trouvent est allumée. En jetant un regard par la fenêtre, Daraen réalise que l'obscurité est totale à l'extérieur. Il parvient à peine à apercevoir les branches du peuplier voisin à leur logement. Ses ramures sinueuses et déjà presque entièrement nues s'agitent, malmenées par le vent automnal.
Le jeune homme malade comprend qu'il a passé presque toute la journée à dormir. Après le départ de Chrom pour ses cours, il a somnolé toute la matinée. Daraen a trouvé l'énergie de se lever pour avaler un cachet ainsi qu'une compote seulement vers une treize heure trente. L'étudiant s'est ensuite installé dans le salon avec un oreiller et un plaid. Daraen se sent beaucoup mieux ici que dans son propre lit. Il ignore pourquoi, mais il trouve que la pièce dégage quelque chose d'agréable. Presque rassurant.
– Est‑ce que je peux vérifier si tu as encore de la température ?
L'étudiant plégien émet un petit son pour lui donner son accord. Daraen sent la main de Chrom se poser contre son front avec douceur. Son colocataire provient de l'extérieur qui est sans doute tout aussi glacial, et pourtant sa peau est agréablement chaude. Le contact est si apaisant que Daraen est presque déçu qu'il retire son bras. Ses doigts l'effleurent encore quelques instants avant de se retirer.
– Tu as toujours autant de fièvre Daraen.
– Il fait tellement froid Chrom...
Le capitaine de l'équipe de hockey se redresse, tout en lui adressant un sourire. Chrom attrape le bord de sa couverture et la remonte sur lui, protégeant ainsi davantage ses épaules et son torse.
– J'ai une surprise pour toi Daraen, je reviens.
Le sportif se détourne et se dirige vers la porte d'entrée. L'étudiant boursier n'a pas l'énergie de lui répondre avant qu'il ne s'éloigne. Daraen n'a aucune idée de ce dont il peut bien parler. Il espère que Chrom n'a pas voulu en faire trop et qu'il n'a pas essayé de nouveau de préparer un plat lui‑même. Le plégien n'est pas plus doué que le hockeyeur derrière les fourneaux, mais lui au moins sait lorsqu'il ne doit pas présenter ses expérimentations. Si son colocataire retente quelque chose comme son ragout de porc mariné au vin, il sera incapable de le manger dans son état actuel. Le souvenir même lui donne presque envie de vomir.
Daraen referme les yeux tandis qu'une nouvelle sensation de froid le parcourt. Il se recroqueville contre le dossier du canapé de Chrom.
Le jeune homme aux cheveux blancs a si froid, même les nuits en Plegia ne sont pas si fraîches. Les températures élevées de sa région natale lui manquent, tout comme le soleil qui réchauffe son visage. Il préférerait entendre le friselis des feuilles de palmiers plutôt que le son de la pluie percutant le verre glacé. S'il était resté là‑bas, l'automne n'aurait pas si vite remplacé l'été.
Néanmoins, Daraen ne regrette absolument pas de s'être installé dans cette région. Ici, il est loin de des mesquineries de sa sœur adoptive et surtout de l'emprise de son père. Daraen a dû élaborer de véritables stratégies pour préparer son départ. Ouvrir et abreuver un compte bancaire sans qu'ils ne réalisent rien, organiser son déménagement, obtenir une bourse et rejoindre l'université la plus propice pour disparaître... Il a si longtemps attendu sa majorité pour pouvoir leur échapper. Jamais il ne regrettera d'avoir fuit son géniteur et son groupe sectaire.
Une petite grippe n'est rien contre l'environnement toxique qu'il a connu. De toute manière, il avait perdu son foyer depuis longtemps. À la mort de sa mère, lorsque Valldar a récupéré sa garde.
– Voilà Daraen, tu devrais avoir moins froid maintenant.
Daraen ne comprend pas immédiatement. Le bruit d'une prise courant branchée suivi du son d'un moteur de ventilation lui parviennent alors. L'étudiant épuisé ouvre les yeux, perplexe. À quelques mètres de lui, il découvre un petit chauffage d'appoint placé dans sa direction, positionné juste à côté de la table basse. Chrom termine de régler les boutons de l'appareil et s'en écarte. Le sportif se tourne ensuite vers Daraen et lui sourit.
Le jeune homme à la chevelure blanche sent un souffle d'air chaud se répandre doucement vers lui. Tous les muscles de son corps commencent lentement à se détendre. L'étudiant se tourne puis sort une main de dessous l'abri de son plaid. Il la tend en direction du chauffage d'appoint. Le souffle de l'appareil caresse sa peau et s'engouffre à l'intérieur de sa manche de peignoir. Daraen pousse un soupir d'aise tant la sensation est agréable. Il a l'impression d'être près d'une cheminée ou d'un feu de camp.
– Tu te sens mieux ?
– Oui... Je te remercie beaucoup Chrom.
Daraen devine que Chrom a dû aller dans un supermarché pour acheter le radiateur juste après son entraînement. Seul, il n'aurait jamais eu la force de se déplacer jusque dans une grande surface de vente. D'autant plus que contrairement au sportif, il n'a ni permis, ni véhicule. Sans lui, le jeune homme ignore comment il aurait fait. Daraen s'estime très chanceux de cohabiter avec Chrom. Lorsqu'il est arrivé le dernier jour d'août dans la résidence étudiante, le plégien ignorait totalement avec qui il allait partager le logement. Il était arrivé le premier dans l'appartement et épuisé, il s'était endormi par terre. Chrom l'avait découvert allongé au milieu de ses bagages et l'avait aidé à se relever. Sans jugement, juste amusé de rencontrer son colocataire de cette façon.
Depuis, le capitaine des Veilleurs est toujours très prévenant avec lui. Parfois même trop. Mais Daraen l'apprécie énormément. L'étudiant boursier aime discuter tard avec Chrom les soirs, assis à côté de lui dans le canapé. Qu'importe qu'ils regardent un film, qu'ils discutent de hockey ou que Chrom tente sans succès de le vaincre aux échecs. Les soirées sont les moments qu'il attend le plus dans la journée. À ses côtés, Daraen a l'impression d'avoir retrouvé un foyer.
Le plégien ferme les yeux quelques secondes. L'envie de dormir commence de nouveau à le submerger. Chrom s'en aperçoit immédiatement et s'adresse à lui.
– Repose‑toi Daraen, je m'occupe du repas. Tu penses pouvoir manger des lasagnes ?
– En barquette ?
– En barquette.
Daraen se retient de soupirer de soulagement, Chrom ne compte pas se lancer dans l'élaboration d'un plat. Dans le cas contraire, il n'aurait pas pu se défiler. L'ylissien lui offre toujours un sourire radieux lorsqu'il lui révèle les repas qu'il a lui‑même concoctés. Une expression qui le rend totalement incapable de refuser de les goûter.
– Oui.
– Tu peux dormir si tu veux Daraen, je te réveillerais.
– Chrom ?
– Oui Daraen ?
– Merci beaucoup.
Le hockeyeur s'éloigne lentement tout en lui adressant un sourire. L'étudiant malade ferme les yeux. Il laisse sa main pendre dans le vide pour continuer de sentir le souffle chaud sur ses doigts.
Au bout de quelques secondes, le plégien entend son colocataire commencé à s'activer dans la cuisine. Les bruits des portes de placards, du micro‑ondes et des couverts lui paraissent néanmoins de plus en plus lointain. Le son et la chaleur du chauffage d'appoint le bercent doucement. Daraen se laisse aller et s'endort peu à peu, blotti sur le ventre entre son plaid et le canapé. Dans son sommeil, il emporte la vision du sourire de Chrom qu'il chérit secrètement.
