Depuis plusieurs jours, les amis se relayaient à l'infirmerie, auprès de leur Lily. Douce Lily, tendre rousse, gentillesse infinie. Minerva McGonagall était venue leur faire l'annonce pendant que Fabian et Lucius étaient en retenue.
Et quelle annonce…
James leur avait expliqué en détails l'état de choc traumatique dans lequel avait été plongée la belle Lily lorsqu'elle avait eu l'information. Mary McGill était en cinquième année avec eux, celle qui partageait le dortoir des filles, celle, discrète qui ne faisait pas de vagues. Lily, Alice et Mary n'étaient pas à proprement parlé un trio, mais elles évoluaient ensemble depuis leur première année. Elles partageaient les cours, les devoirs, leurs petits secrets, et se rapprochaient davantage au fil des années. C'est grâce à ce rapprochement que Lily s'était retrouvée à passer trois jours en sa compagnie, durant l'été qui venait de passer. Aujourd'hui, Lily semblait un peu mieux, mais toujours avec ce regard perdu.
- Comment tu te sens? Demanda James avec une douceur extrême.
Il n'avait pas osé prendre sa main, mais Fabian avait entraperçu l'élan qu'il avait eu et il ne put s'empêcher de sourire doucement. Alice l'avait vu aussi et elle lui adressa un léger sourire, elle se saisit elle-même de la main de la jolie rousse, se rapprochant d'elle. Elle la regarda attentivement et semblait la sonder de toutes parts.
- Lily, tu dois prendre soin de toi, maintenant. Te flageller, te laisser tomber ne la ramènera pas. Tu as besoin de remonter, ma douce, ne te laisse pas plonger.
- Je… j'étais avec elle. Cet été. Avec ses parents. Ses gentils parents. Tu sais qu'ils sont à l'hôpital? Ils sont complètement confus, ils disent des choses invraisemblables, comme s'ils avaient vécu dans une autre dimension le temps de l'enlèvement… Ils sont incapables d'expliquer ce qui s'est passé de façon cohérente… Tu imagines s'ils les accusent de quelque chose?
- Cela ne se passera pas comme ça, Lily.
C'était Sirius qui avait parlé, d'un ton ferme. Il n'avait pas perdu cet air sombre depuis des jours, et c'était certainement le plus flippant d'entre tous à l'heure actuelle. En tout cas, Fabian ne s'était pas imaginé que son ami pourrait un jour lui faire peur. Là, c'était le cas, et sans forcer. Sirius s'approcha de Lily et plongea ses yeux gris dans les siens.
- Ils sont confus, tu l'as dit toi-même. Cet état de confusion, de délire n'est pas un état naturel… Ce n'est pas comme un état de détresse qu'on peut ressentir lorsqu'on perd une personne qui nous est chère. C'est un état qui a été engendré. Par un sortilège, par une potion, peu importe. Mais c'est un état de confusion voulu. Voulu par les connards qui ont enlevé leur fille.
Elle était là. Juste là. La rage sourde, venimeuse, intense, insidieuse qu'il ressentait souvent lui-même. Celle qu'ils partageaient sans le vouloir, du plus profond de leur être. Celle qui leur permettait de lutter, d'être forts, et souvent, de perdre, quand la rage en face était plus féroce encore.
- Écoute-moi, Lily. Cet enlèvement est l'acte de purs et simples lâches, tu comprends? Tu n'y es pour rien. Absolument rien. Et ces pourritures vont payer, forcément.
À l'instant où Sirius laissait s'écouler sa venimeuse colère, le professeur Darell Parsons entra dans l'infirmerie en soutenant un élève de Serpentard. Visiblement, il semblait partagé entre l'envie puissante de rire, ou d'éclater de colère. Il poussa sans ménagements l'élève sur le premier lit disponible alors que Pomfresh s'avançait doucement.
- Mais qu'est-ce qui s'est passé? S'exclama l'infirmière.
- C'est ce qui arrive quand on provoque un Serdaigle qui fait trois fois son poids. Répliqua ironiquement Darell, une lueur moqueuse dans le regard.
- Professeur Parsons, allons!
- Désolé, Madame Pomfresh, mais parfois le cerveau de certains élèves semble être resté au stade embryonnaire.
Darell se tourna ensuite vers eux et s'approcha doucement, il semblait ne pas les avoir vu au départ. Peut-être avait-il juste entendu et senti la tension dans l'air, la colère, l'incompréhension? L'homme s'était posté juste aux côtés de Fabian et sa main droite était venue se poser sur son épaule. Sans comprendre mais comme d'habitude, une sensation d'étouffement, de mal être s'empara du jeune Malefoy. Cependant, l'attention de Parsons n'était pas focalisée sur lui, ses yeux clairs s'étaient accrochés à ceux de Lily, alternant avec Sirius.
- Mademoiselle Evans, vous n'êtes responsable de rien. Vous êtes une amie dévouée, loyale et douce. Mais cette disparition ne vous incombe en rien. Rien du tout. Vous devez sortir de cet état, impérativement.
- Vous croyez qu'elle le ne sait pas? Rétorqua froidement Sirius, attirant les regards courroucés de ses amis, dont Fabian.
Visiblement, la répartie lui avait échappée et Fabian sentit la main de Darell se crisper sur son épaule. Les échanges entre le professeur Parsons et Sirius lui échappaient complètement. Ils avaient l'air d'être parfois dans une compétition qui dépassait le jeune Malefoy et qu'il ne comprenait pas. Cela semblait s'être accentué au fil des jours: Parfois, ils jouaient et riaient presque ensemble, le lendemain, ils étaient d'une férocité sans égale. Comme s'ils essayaient de mesurer leurs forces. Il n'en comprenait ni l'enjeu ni l'objectif, mais après tout, peut-être avaient-ils leurs raisons? Les yeux gris s'étaient fixés aux yeux bleus clairs et une lueur d'excuse traversa les premiers.
- Excusez-moi, c'est juste que… J'ai l'impression qu'on répète ça depuis des jours sans succès.
- Vous devriez simplement laisser Mademoiselle Evans avec Mademoiselle Hellington, vous verrez, ça passera.
Alice, prise au dépourvu, devint cramoisie devant le compliment déguisé. Et Fabian n'aima absolument pas cette scène, pas du tout. Sa meilleure amie craquait pour Parsons, complètement, irrévocablement, inévitablement. Bon, certes, comme beaucoup de jeunes filles de Poudlard. Il savait qu'il se jouait quelque chose: le séduisant professeur devant de jeunes adolescentes. Il y avait forcément une attirance, une envie de plaire, de s'attirer les faveurs. Mais que son parrain semble en jouer, ça, ça ne lui plaisait absolument pas. Fabian n'était pas jaloux: il était lucide. Darell n'était pas sincère dans sa façon d'être. Même s'il ne l'avait pas encore totalement cerné, il savait qu'il était un séducteur. Il séduisait tout le monde, amadouait tout le monde et il n'avait aucun mal à le faire. Il avait tous les atouts pour, il n'en restait pas moins qu'il n'était pas attaché aux êtres humains. Fabian savait ça, il commençait à comprendre ce genre de personnes. Un peu comme son père: je te possède, tu es mon fils, mon frère, mon collègue mais tu ne représentes rien de réel. Rien de palpable, pas de sentiment, d'attachement. Ils étaient tous les deux fait de la même matière, du même bois: ils n'accordaient d'importance à personne. Ils n'étaient pas capables de sentiments. Ils n'étaient pas des êtres humains normaux. Le regard de son parrain transperça soudain le sien et la main serra plus brutalement son épaule. Le jeune Malefoy fit une légère grimace qui ne passa pas inaperçue aux yeux de Sirius. Le jeune Black était un radar à situation familiale anormale: c'était sûrement pour ça qu'il ne pouvait pas blairer Parsons désormais.
- Je vais faire ça. Vous pouvez nous laisser maintenant, professeur Parsons, nous allons confier Lily à Alice. Rétorqua sèchement Sirius.
Il lui avait répondu en le regardant droit dans les yeux avant de fusiller sa main du regard. Darell souriait doucement, et, par pure et simple provocation, il accentua légèrement sa prise. Il se pencha ensuite vers Fabian, approchant sa bouche de son oreille.
- Je n'aime pas trop ton ami. Annonça t-il dans un murmure très bas. Si tu veux pouvoir continuer de le fréquenter, ainsi que ton ancienne famille - avec qui tu ne devrais avoir aucun lien- … Il va falloir négocier.
Sur ces simples mots, il quitta l'infirmerie, non sans avoir prit doucement la main de Lily entre les siennes. Inutile de préciser que Sirius Black n'était plus le seul à détester cordialement le professeur Parsons: James Potter avait prit le geste pour une provocation directe et volontaire à son égard. Ce qui, probablement, n'était pas faux. Darell s'amusait de blesser les autres, caractéristique propre à sa personne. Fabian avait probablement dû se décomposer involontairement car la tête de ses amis ne lui disait rien qui vaille. Il savait que ça ne pourrait pas être une année à Poudlard «classique», pas quand Parsons s'invitait à la fête. N'était-il pas cruel de devoir «négocier» pour continuer de fréquenter les êtres aimés? Et que se passerait-il s'il lui disait cordialement d'aller se faire foutre? Monsieur allait s'empresser de courir prévenir son père? Que se passait-il entre Darell et Sirius? Questions sans réponses. Et il n'avait plus envie d'y penser. Une élève avait disparu, une fille de leur année, et c'était bien plus terrible que sa propre situation, non?
- C'est un petit con arrogant, voilà tout.
- Sirius !
- Remus ?
- Tu parles d'un professeur. Et d'un homme qui doit avoir au moins… Quarante ans ?
- Ce mec là ? Mais c'est tout sauf un professeur ! C'est un sociopathe ! Et je ne vois pas en quoi son âge devrait m'empêcher de l'insulter !
James ne put s'empêcher de rire, sûrement un rire nerveux. Il tapota doucement le dos du jeune Black qui fulminait de rage. Fabian était toujours silencieux, mais le débat n'était pas clôturé pour autant.
- Vous étiez ravis de ses cours il y a de ça une semaine… Contra Remus.
- Ce qui se joue est bien plus important que le fait qu'il soit doué pour enseigner ou non ! Rétorqua férocement Sirius. Je m'en tape de ses cours à deux noises !
- Et qu'est-ce qui se joue ? Demanda Peter avec douceur.
- Mais vous ne l'avez pas vu, sérieusement ? Vous ne voyez pas son petit jeu ? À se pavaner, là devant nous, devant Alice et Lily, les provocations, les sous-entendus, les menaces à peine déguisées devant Fabian !
- Les menaces ? Questionna Remus.
- Sirius, tu exagères… Soupira James.
- Je l'ai VU ! Et vas-y que dès que j'arrive, je pose sournoisement ma main sur ton épaule, pour bien te montrer que quand je suis là, tu n'es rien, je te domine, tu es sous mon emprise… Et vas-y que je serre férocement l'épaule, l'air de rien, devant témoins… Je suis libre, je suis admiré, je suis important, je SAIS bien que j'ai tout le pouvoir et que personne n'en dira rien ! Ca me rend dingue !
Il s'était levé d'un bond et faisait les cents pas dans la salle commune, les poings serrés, l'air féroce. Et malgré le fait que la discussion ait tourné en rond un bon moment, il n'en démordait pas. Fabian se sentait plein de compassion: Sirius faisait très vite le parallèle entre sa propre situation et la sienne. Il les mettait tous deux dans le même bateau, et si l'un coulait, l'autre avec. Et Sirius n'était absolument pas décidé à couler, visiblement. Il était enragé et prêt à se battre avec qui se présenterait sur son chemin. Il faisait preuve d'une force incroyable qui dépassait le jeune Malefoy. Sirius posa soudainement ses poings sur ses hanches, l'air sévère, et regarda Fabian droit dans les yeux.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit à l'oreille ?
- Sirius ! Gronda fermement Remus. Ca ne te vient pas à l'idée que ça puisse être personnel, franchement ?
- Ce n'est pas personnel, avec ces mecs là, Remus. Rétorqua Sirius avec sarcasme. Ces gens ne s'impliquent dans rien ! À part des menaces et faire chier le monde, c'est tout ce qu'ils savent faire !
Fabian regarda Remus et retint avec peine un demi sourire, se mordant la lèvre. Finalement, il finit par éclater de rire, un rire sans joie, un rire nerveux qu'il ne parvenait plus à dominer. Il lui sembla durer une éternité, sous les yeux surpris de ses camarades, il ne parvenait ni à s'arrêter ni à respirer normalement. Il finit par se lever et serrer avec force Sirius dans ses bras, lui ébouriffant tendrement les cheveux. Il recula de quelques pas et le fixa avec une admiration non feinte.
- Mais tu l'as si bien cerné, avec une telle rapidité, tu m'épates Black d'amour !
- Ce n'est pas difficile, ils sont tous un peu pareils… Grogna Sirius, pas du tout amusé.
- Et qu'est-ce qu'on peut y faire ?
Sirius le fixa droit dans les yeux et Fabian n'avait jamais vu un air aussi déterminé sur son visage. Il fallait dire que malgré le soutien indéfectible que lui avait porté Sirius depuis un an, ils n'avaient jamais vraiment abordé le sujet de leurs familles respectives. C'était des petits touches d'humour, légères, des phrases ici et là, le cœur gros, mais jamais ils n'en avaient réellement discuté. C'était difficile de parler de violence, de rancœur, de maltraitance on pouvait le dire. Ce mot correspondait, même s'il ne s'agissait pas forcément de violences physiques, il y avait tout le reste: la force, la domination, la violence verbale plus sournoise encore, la peur distillée ici et là comme un véritable poison. C'était cet ensemble de comportements qui étaient violents et brutaux. Et, même si aucun des deux ne l'avait exprimé de vive voix, c'était leur quotidien une fois rentrés à domicile. Leur quotidien pendant de longues semaines, interminables, qui semblaient souvent s'étirer à l'infini.
- On peut se battre, à notre façon.
- Je doute que ta façon soit judicieuse… Grommela James, presque dans un murmure.
- C'est la mienne, Potter. Elle m'appartient, comme mon histoire. Trancha Sirius.
Les regards aciers et verts s'affrontèrent quelques secondes. Sirius lui adressa un sourire des plus brillant et pétillant.
- Là, à l'heure actuelle, tu n'es plus toi, Fabi, on est d'accord ?
Fabian s'enfonça dans son fauteuil en soupirant longuement. Effectivement, il n'était pas sûr de vouloir opter pour la «façon Sirius».
- Non mais sérieusement. Soyons clairs, soit on est amis et on se parle franchement, soit ça veut dire qu'on n'est pas vraiment amis, non ?
- Avec toi, tout est blanc ou noir, c'est dingue ! S'exclama Remus. Il n'y a aucune nuance, jamais !
- Je m'appelle Black, okay ? Ce n'est pas ma faute, j'ai été éduqué dans l'extrême: je réponds par l'extrême !
Sa phrase détendit légèrement l'atmosphère et entraîna quelques rires. Fabian, lui, souriait mais était dubitatif. Son ami se rassied et le regarda attentivement.
- Fabi, pourquoi tu n'es pas toi ? Interrogea Sirius, de but en blanc.
- Ce n'est pas que je ne suis pas moi…
- Tu comprends ce que je veux dire par là, non ?
- Sirius, tu connais le vrai moi, n'est-ce pas ? Celui de l'an dernier, celui qui dégoupille complètement lorsqu'il est sous pression, qui est incapable de gérer ses émotions, qui crache tout ce qui lui passe par la tête quitte à blesser autant ceux qu'il aime que ceux qu'il déteste, qui est prêt à se battre tous les quatre matins pour un regard de travers… Tu le connais, pas vrai ?
- Oui, je le connais. Bien sûr !
- Et tu l'aimes bien ?
Sirius le fixa avec un air ahuri, il se redressa d'un bond, sautant sur ses deux pieds.
- Tu rigoles ou quoi ? Je l'adore !
Les trois autres Maraudeurs éclatèrent de rire, absolument pas surpris par la réponse de leur ami. Sirius adorait tout ce qui brillait, que ce soit d'une lueur douce ou furieuse. Bien sûr qu'il aimait ce tempérament de feu, quelle question! Fabian lui répondit par un sourire sans joie.
- Et bien moi je ne suis pas certain de l'aimer.
- C'est toi qui penses ça ou c'est Môôôôssieur Caius Malefoy ? Répliqua Sirius d'un ton provocateur.
- Sirius. Ca suffit. Tempéra Remus. Fabian n'a peut-être pas envie d'aborder ce sujet. Et c'est son droit.
- Et il est assez grand pour me le dire tout seul. Alors ?
- C'est lui et moi, j'imagine.
- Et est-ce que tu as changé parce que tu en avais envie ou pour éviter de mettre «Môssieur» en colère ?
Fabian avait malgré lui serré les dents avec force, et les poings. Le naturel devait revenir au galop parce qu'il ne s'en était même pas aperçu. Il foudroya son ami du regard et ce dernier lui répondit par un sourire radieux et brillant. Le jeune Malefoy ne savait toujours pas quelle décision prendre, de plus, il y avait son parrain ici désormais, il n'était plus «tranquille» et libre à Poudlard. Il ne se voyait pas déclencher une guerre ouverte contre Darell, et en parallèle contre son père. Car, Fabian ne se leurrait pas, s'il redevenait lui-même, la version hargneuse de lui-même, il aurait et son père et son parrain sur le dos. Ses yeux croisèrent ceux de son ami.
- Parce que j'en ai envie, Sirius. Parce que j'ai envie d'être tranquille.
- Donc, c'est pour lui, pas pour toi. On est d'accord ?
- Non. C'est pour qu'il me foute la paix. Donc, c'est pour moi ! Et en l'occurrence, Sirius, tu es bien mignon, mais tu n'as personne ici, moi j'ai mon parrain. Et crois-moi, si je commence une guerre à domicile avec mon père, lui il ne va pas se gêner pour la poursuivre ici, hors vacances. Conclusion : je n'aurais même plus l'occasion de respirer nulle part. La discussion est close.
Sirius poussa un grognement et croisa fermement les bras, une moue déçue sur le visage. Il retourna dans son fauteuil avec un air pensif, il semblait soudainement plongé dans ses pensées. Fabian le laissa réfléchir de son côté et il croisa les yeux de Remus, ce dernier lui souriait, il avait un air rassuré et fier qui lui fit du bien. Peut-être avait-il cru que Fabian flancherait sous les assauts de Black? Sa tranquillité était cependant bien plus importante que de contenter Sirius. Il savait que le jeune Black ne faisait pas ça méchamment, bien au contraire. Pour lui, les affronter frontalement c'était leur montrer qu'ils avaient du répondant en face. Mais le répondant avait coûté bien cher à Fabian l'année précédente. Il y avait perdu beaucoup: son innocence. Jamais il n'avait pensé auparavant qu'un père pouvait être amené à insulter son enfant, qu'il pouvait cogner, blesser, enfermer, sournoisement et insidieusement. Lancer des regards qui vous sondaient si profondément que vous aviez l'impression de tomber au fond d'un gouffre de peur, de terreur. Un véritable abîme. Fabian n'avait pas connu ça, il était tombé de haut, s'était cogné à un mur infranchissable de rage. Plus forte encore que la sienne. Et clairement, il n'était pas prêt à recommencer pour l'instant. Lorsqu'il releva la tête de son livre, deux yeux gris lui faisaient face, à nouveau.
- Quoi Sirius ? Soupira t-il, en levant les yeux au ciel.
- Ce sera plus fort que toi, on parie ?
Le jeune Black souriait de toutes ses dents en lui faisant face. Fabian le regarda d'un air désespéré mais malgré lui il souriait, il l'assomma avec son livre, violemment.
- Je ne parie pas sur ça.
- Parce que tu sais que tu vas perdre ! Répondit Sirius en se massant la tête.
Fabian finit par se jeter sur Sirius armé de plusieurs coussins. Il était têtu, vraiment, mais maintenant qu'il avait appris à tout renfermer, Sirius lui paraissait bien pire que lui. Il s'ensuivit une bataille générale de coussins qui mit fin à toute discussion sur ce sujet. Fabian ne lâchait plus Sirius, ne lui laissant même plus l'occasion de respirer et revenant à la charge dès qu'il pensait s'en sortir. Pour faire bonne mesure de leur soutien, Remus, Peter et James se mirent du côté du jeune Malefoy. Ce fut donc une bataille à sens unique, tout le monde s'étant ligué contre le jeune Black. Ils tombèrent tous les cinq de sommeil ce soir là, bien assommés par les émotions, leurs devoirs, et leur bataille infernale.
Mary McGills s'était cette fois éveillée dans une chambre aux couleurs claires, la température était agréable, une petite fontaine magique laissait s'écouler de l'eau, distillant un doux bruit apaisant. Elle bailla longuement et s'assied, restant au chaud sous la couette. Elle regarda son poignet droit ou figurait une petite cicatrice en forme de rosace. Elle la caressa doucement, il n'y avait plus rien de douloureux, c'était passé. Elle allait bien physiquement, moralement aussi. Elle avait compris l'objectif, ses parents comprendraient aussi, plus tard. Il leur faudrait certainement plus de temps pour digérer. Elle s'étira longuement, tout son corps était un peu engourdi, pas encore réveillé. Elle avait besoin de prendre des forces pour cette nouvelle journée, un copieux petit déjeuner. L'endroit était magique, bien sûr elle s'estimait chanceuse, elle n'avait pas été enlevée par des fous furieux. Au début, elle avait eu peur, très peur, et puis il y avait eu ce cachot, froid et sombre. Cela ne l'avait pas aidée à être rassurée. Mais elle avait eu besoin de ça, de ce temps, pour comprendre, pour relativiser. Elle y était restée très peu. Wade lui avait dit que certains y restaient parfois plus d'une semaine, le temps d'assimiler. Beaucoup de jeunes avaient besoin de ce temps pour accepter la situation. Elle, n'était pas de ceux-là. Oh, bien sûr elle avait eu peur, c'était normal, ça restait une forme d'enlèvement. Mais au fond d'elle, Mary s'était toujours sentie un peu à part. Différente dans sa famille, différente dans son enfance, différente même dans son école de sorcellerie, c'était pour dire. Depuis toute petite, elle avait des particularités difficiles à assumer. Quelqu'un toqua légèrement et elle autorisa la personne à entrer.
Natalya lui adressa un grand sourire, si Mary avait des particularités, cet endroit était rempli de gens qui en disposaient. Et des plus impressionnantes! Mary se sentait toute petite à côté de certains d'entre eux. Wade, par exemple, bien que plus âgé, était capable de prédire l'avenir avec une facilité incroyable, depuis qu'il était enfant. C'était lui qui l'avait accueillie, gentiment, avecNatalya. Cette dernière pouvait communiquer avec n'importe quel animal, la voir à l'œuvre était réellement épatant. De plus, elle les attirait comme un véritable aimant: les oiseaux, comme les chiens, chats, serpents, peu importait, ils venaient à elle, et transmettaient leur message puis ils repartaient. Elle pouvait se lier à eux et eux à elle. Le «don» de Mary était plutôt une malédiction selon elle, mais visiblement, il n'était pas considéré comme tel ici, par les créateurs de ce lieu. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de les rencontrer, ils étaient visiblement très occupés ailleurs. Ici, c'était alors les plus âgés qui gardaient «la maison» et ils prenaient leur rôle à cœur. Ils se nommaient respectivement Wade, Jasper, Colin et Maxwell et devaient avoir aux alentours de vingt cinq ans maximum. Elle avait été accueillie chaleureusement. Le cachot avait été une expérience étrange, avec le recul pas si désagréable mais comprenez: quand on ne sait pas où on se trouve, qu'on ne cesse de nous poser des questions et de nous faire passer des sortes de «tests», on finit par se faire toutes sortes de mauvais films. Et Mary, elle, n'avait absolument aucun mal à se faire tout un scénario.
- Comment tu te sens, Mary ?
- Bien, et toi ?
- Aussi, merci. Tu as bien dormi ?
- À merveille, il fait bon et c'est confortable.
- On va commencer à s'entraîner aujourd'hui, ça te dit ? Tu seras avec Maxwell et moi.
- Mmh, il fait quoi Maxwell déjà ?
Natalya rit doucement et ouvrit les mains, faisant mine de ne pas savoir.
- Si je te le disais, ce ne serait pas drôle pour s'entraîner !
Mary lui sourit en guise de réponse, elle se sentait encore perdue et, surtout, elle était assez réservée et timide. Ce n'était pas évident pour elle d'arriver dans un endroit où elle ne connaissait personne. Natalya la regarda avec attention et posa sa main sur la sienne, souriante.
- Wade m'a dit que tu allais être intimidée, que ce n'était pas facile pour toi d'être entourée par des inconnus. On va faire progressivement, d'accord ? Pour l'instant, tu ne seras qu'avec Maxwell et moi. On sera uniquement tous les trois cette semaine. Ça te va ?
- Oui, merci beaucoup. Répondit Mary, soulagée. Et Wade ?
Natalya esquissa un sourire en coin, la fixant avec attention. Ce n'était pas nouveau: tout le monde craquait sur Wade. Beau garçon, gentil garçon qui plus est, prévenant, attentionné. Inévitable que lorsque c'était lui qui vous accueillait vous craquiez complètement. En plus d'être un garçon adorable, il avait été le premier à arriver sur les lieux et il connaissait à merveille les créateurs. Évidemment, il était arrivé à dix ans, cet endroit était un peu comme sa maison, finalement. La jeune femme se leva tranquillement et lui sourit.
- Wade sera occupé aujourd'hui, mais il n'est jamais loin. Je suis sûre qu'il viendra te rendre visite, pour voir comment ça se passe. Je te laisse te préparer, on se retrouve pour le petit déjeuner ?
La jeune Mary acquiesça doucement. Elle se leva, se doucha et se prépara. Elle avait des moments où elle se sentait étrangère à elle-même et à l'instant présent. C'était comme si, sa vie s'était arrêtée à un moment et avait repris dans un autre temps et une autre dimension, une sensation qu'elle ne parvenait pas à expliquer. Elle n'avait pas été droguée, ni pris de potions, ni de sortilège de confusion ou autre, elle en était sûre et certaine. Elle sentait bien que ce lieu avait une vocation positive, c'était simplement comme si il y avait un avant et un après.
Comme si, la vie vécue précédemment, auprès de ses parents, à Poudlard, avait été utile pour la faire grandir et pour la préparer à sa vraie vie. La vie présente. La vie d'avant lui avait permis d'évoluer, d'être entourée, de se construire pour un dessein et un avenir plus important qui s'ouvrait devant elle. Un destin qui débutait ici, dans ce lieu paisible et abrité. Elle le ressentait ainsi, cet endroit était comme un abri pour un type de personnes particulier. Il s'y trouvait une magie forte, douce, innée. Ce n'était pas comme la sorcellerie, les sortilèges appris, les connaissances emmagasinées. C'était à la fois paisible et puissant, chaque personne complétait la magie de l'autre. C'était comme une magie harmonieuse.
Une magie naturelle.
Une magie lumineuse.
…
- Ce n'est pas un vrai pouvoir. Affirma un jeune homme.
Le jeune Wade, protégé du maître des lieux depuis ses dix ans, fronça légèrement les sourcils en fixant son camarade. Il ne comprenait pas sa façon abrupte, fermée, de voir les choses. Tout pouvoir, tout don était important, quel qu'il soit. Ici, on ne recherchait pas une qualité précise: chaque magie valait la peine et devait se développer pour atteindre les plus hauts sommets. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux blond et bouclés. Ses yeux marrons s'accrochèrent aux yeux noirs qui lui faisaient face.
- Et qu'est-ce que c'est un «vrai» pouvoir selon toi ?
- Wade, en quoi est-ce utile ? Imagine que nous devions nous battre, affronter des ennemis, à quoi ça sert de voir des morts ?
Wade fixait sévèrement Colin. Ce dernier était vraiment borné et parfois, il manquait d'intelligence, il ne voyait pas large. Il s'arrêtait à des réflexions trop peu poussées. Voir les morts était un atout indéniable, encore plus dans une bataille! Pour déstabiliser les adversaires. Evidemment, comme tout «don», il fallait apprendre à le maîtriser. Apercevoir le moindre défunt qui entourait les gens ne devait pas être très agréable.
- Réfléchis trois secondes et tu auras ta réponse. Répliqua Wade, agacé.
Colin s'était braqué, il l'avait vu, son visage s'était fermé et ses poings avaient suivi. Ce fut Jasper, qui, anticipant la suite, se plaça judicieusement entre eux deux. Wade était plutôt calme, intelligent, réfléchi, mais il devait avouer que Colin lui semblait insupportable: il critiquait tout, n'était jamais dans le positif. C'était épuisant de devoir travailler avec lui, de devoir gérer ses crises d'impulsivité, de mécontentement. Il n'était pas aisé pour lui de gérer la maison avec ce type d'énergumène. Il n'osait pas en faire part au maître des lieux, mais clairement, il sentait que ça ne pourrait pas durer ainsi. Colin était trop nuisible. Ils voulaient faire de ce lieu un endroit positif, pas un lieu de conflit. Alors, sachant ce qui calmerait la tempête suffisamment de temps pour qu'il soit tranquille, il donna la réponse qu'il préférait.
- Si tu as une réclamation, tu sais à qui t'adresser, Colin.
Il quitta la réunion sur ces derniers mots, y mettant fin. Il n'appréciait pas que l'on puisse se sentir supérieur parce qu'on avait tel ou tel don. La jeune Mary lui semblait plus que prometteuse. Effectivement, la qualité dont elle avait hérité n'était pas aisée. Elle avait un pouvoir qui l'effrayait. Alors, leur rôle ici n'était pas de la brusquer, mais de lui montrer qu'elle pouvait l'apprivoiser.Ce n'était pas les défunts qui géraient sa vie, qui dominaient la situation, c'était elle qui en avait la force et les capacités, bien qu'elle ne le sache pas encore. Personne ne le savait, en arrivant ici. C'était un lieu qui servait à ça: on était coupé du monde pour pouvoir évoluer. Pour trouver sa magie, la rencontrer, l'apprivoiser et la maîtriser. C'était un travail de longue haleine. Et la durée de travail dépendait aussi de l'accueil de ces dons. Pour lui, ça avait été assez facile, il n'avait jamais oublié qui il était. Son don s'était révélé dès sa naissance. Cela n'avait pas été simple. Ses parents avaient souhaité le masquer. Il y avait encore trop d'enjeux, trop de non dits. Il n'était plus question de magie naturelle dans ce monde, on ne parlait plus que de sorcellerie. Alors, difficile pour des parents d'admettre que leur petit garçon, qui venait à peine d'apprendre à parler, leur annonçait déjà l'arrivée d'une petite sœur.
«Elle est déjà là» Avait-il dit à sa mère en posant sa main sur son ventre, toujours aussi plat qu'à l'accoutumée. Ils l'avaient pris pour fou, au départ. C'était difficile d'accepter un enfant différent. Puis, voyant que chacune de ses prémonitions se réalisait, ils avaient dû se résoudre à l'accepter tel qu'il était. Cela n'avait pas été facile, et pour cause: à l'époque il captait tout. Il ne filtrait rien. Wade se souvenait avoir prévenu son père «tu vas nous mettre en danger, tu vas te rapprocher de gens peu recommandables.Tu vas te perdre.» L'homme était trop arrogant. Sa mère avait accepté, croyait. Son père voulait garder les commandes: De quel droit, son morveux se pensait-il savant? Il n'était pas un homme méchant, mais son égo l'avait rattrapé. Et était arrivé ce qui devait arriver: ils étaient partis.Tous les trois. Ils avaient été tués. Sous ordre du seigneur des ténèbres. Wade, lui, avait été sauvé. Ca aussi, il le savait à l'avance. Il savait que Darell le trouverait, le garderait. Il lui en était reconnaissant. Il n'était pas simple d'être recueilli par un homme comme Darell. C'était presque une lutte de chaque instant. Le cerner, le comprendre, gagner sa confiance. Aujourd'hui, il était un homme, il savait à qui il avait à faire. Le petit garçon de dix ans, lui, avait encore quelques séquelles.
Darell Parsons n'était pas connu pour être démonstratif, ni doux, encore moins pour faire figure de père. Ils avaient appris à se tolérer, à se connaître, se comprendre. Et Wade s'était adapté tant bien que mal à sa nouvelle situation. Ils avaient fini par s'apprécier, autant que possible. Wade, malgré lui, avait besoin de sa reconnaissance, de son attention. Il se devait de bien faire les choses. C'était pour lui une forme de retour. Il rendait ce qu'on lui avait offert. Il donnait son dévouement car on lui avait laissé la vie. Il traversa les couloirs à grande vitesse et se rendit dans le bureau, ouvrant et refermant aussitôt derrière lui.
- Tu es en retard.
- Pardonne-moi.
Les yeux de Wade s'accrochèrent aux yeux, bleus clairs, de Darell. Un sourire en coin apparut sur les lèvres de son mentor et Wade se mordit légèrement la lèvre.
- Tu es en colère.
- Non, ça va passer. Affirma Wade.
- Tu es en colère. À cause de Colin. Encore.
- Désolé.
- Tu sais qu'il n'évoluera pas dans son comportement. Tu le sais déjà.
Wade poussa un léger soupir et acquiesça doucement. Le fait de le savoir ne l'aidait pas à dédramatiser la situation. Au contraire, il savait que Colin n'évoluerait pas et il devait faire avec malgré tout.Darell le regardait intensément, les sourcils haussés.
- Dis le moi.
- De quoi ?
- Ce qui te traverse. Tu devrais me le dire sans que je n'aie à fouiller tes pensées, Wade. Répliqua froidement Darell.
-Je sais, mais je connais ta réponse.
- Exprime le fond de ta pensée.
Le jeune Wade poussa un soupir, il passa une main dans ses cheveux et prit une chaise, il s'assied de l'autre côté du bureau, faisant face à son mentor.
- Il va nous attirer des ennuis, Darell. Colin n'a pas l'esprit que tu veux apporter ici.
- Et quel esprit selon toi ?
- Tu as toujours fait de ce lieu un endroit accueillant, une sorte d'école, de lieu ressource, pour apprendre, pour savoir qui on est, quel pouvoir nous habite. Il y a toujours eu cette ambiance particulière ou chacun s'aide, se soutient, ou s'ignore dans le pire des cas. Comme un cocon.
- Et ?
Wade hésitait, ne sachant sur quel pied danser, il avait des visions qui parfois le dépassaient. Il n'était pas toujours facile d'être impartial, il essayait de l'être, mais se sentait parfois perdu.
- Il va être violent, Darell. Il va être dominateur, et mauvais. Vraiment mauvais.
- Avec qui ?
- Tu le sais déjà.
- Et si je laisse faire ?
Le jeune homme le regarda avec un air abasourdi. Il n'était pas sûr de comprendre. Darell s'était levé et faisait les cents pas, pensif.
- Tu me l'as dit toi-même, Wade. Certains ne sont pas prêts, veulent parfois repartir, tu es seul face à tout ça lorsque je suis absent, à essayer d'amener les choses positivement, à lutter, à gérer. Prends donc le problème à l'envers : À élève ingérable, tuteur très rigide.
- Mais Darell…
- Parfois, il n'y a pas d'autre réponse que la rigidité, Wade. Peut-être que Colin peut devenir celui qui te complète quand les situations deviennent critiques.
- Et qu'est-ce que tu entends par «me compléter» ? Le laisser malmener les jeunes ?
Un silence pesant s'était installé. Wade n'était pas d'accord avec son mentor, il souhaitait que la paix et le bien être perdurent, pour que les jeunes soient heureux d'être amenés ici, pour qu'ils se sentent bien et oublient leur envie de repartir.
- Précisément. À cas extrême, réponse extrême, Wade. J'irai le voir pour lui donner ses missions.
- Ils voudront tous partir. Ils auront tous peur. Ils n'auront plus confiance.
- Seuls les récalcitrants seront concernés.
- Mais les autres sauront, verront.
Darell s'était avancé près de lui, les sourcils haussés, ses lèvres s'approchèrent de son oreille.
- Je décide, Wade. Et je viens de le faire.
Wade savait que la discussion était close. Il se leva et quitta la pièce sans prononcer un mot de plus. Aurait-il dû lui en dire davantage, lui montrer ? Aurait-il dû prouver à quel point Colin pouvait être mauvais ? À quel point c'était dangereux de donner du pouvoir à quelqu'un comme lui ? Darell n'aurait pas écouté. S'il l'avait voulu, il aurait approfondi, il aurait cherché à voir, à comprendre, comme il avait pu le faire de nombreuses fois auparavant. Non. Darell n'était plus le mentor qu'il avait connu, quelque chose changeait. Alors, Wade était-il coupable de ne pas tout dire ? Était-il coupable de garder des informations pour lui ? De masquer certaines visions ? Était-il coupable de protéger ses secrets ? De saborder en quelques sortes l'avenir de Colin, et par conséquent celui de son mentor ?
Wade ne savait pas s'éloigner de son humanité.
Wade ne le pouvait pas.
Peut-être que si l'attention de Darell avait été présente, réelle, il n'aurait pas menti.
Peut-être que si Darell écoutait vraiment, sans être projeté dans ses souhaits, ils ne se seraient pas séparés.
Peut-être que leurs chemins auraient continué à se croiser.
