Disclamer : Rien n'est à moi, tout appartient à JK Rowling, blablabla
Personnages : Harry Potter, Draco Malfoy, Lily Evans, Severus Snape, les Maraudeurs
Coucou,
L'histoire vit dans ma tête depuis 3 ans, sans mentir. J'ai écrit les deux premiers chapitres dans ces eaux-là, puis je n'ai eu de cesse d'y penser sans jamais revenir dessus. Le temps - enfin, le manque de temps en l'occurrence - a eu raison de Méandre, qui n'a donc jamais pu vraiment voir le jour.
Aujourd'hui, je me lance. J'irai au bout de Méandre car c'est un projet qui mérite d'exister. Pour l'instant, on s'en tient à cette fic, peut-être d'une cinquantaine de chapitres. Méandre a de beaux jours devant lui, et Invasion prendra sa suite, plus tard, parce qu'il est beaucoup plus drama et angst qu'ici, donc plus compliqué d'écrire.
Dans tous les cas, j'espère que vous prendrez plaisir à le lire comme j'ai pris plaisir à l'écrire.
Bonne lecture :)
Citation de Stéphane Beauverger.
« Les méandres du temps sont imprévisibles, mais en définitive nul n'y échappe. Ce qui doit nous échoir nous échoira. »
l - The Meanders of Time
Harry tira sur la lanière de son cartable en étouffant un bâillement. La nuit était tombée depuis deux bonnes heures, les étoiles parsemaient déjà l'obscurité. Entre les arbres, il ne percevait plus rien. Seuls les lumières qui filtraient des baguettes, et la lanterne de Hagrid perçaient les ombres grandissantes de la forêt.
Il baissa la tête pour esquiver une branche que le garçon derrière lui se prit en pleine figure, et émit un léger rire moqueur sous ses jurons. Mais il s'arrêta bien vite, reportant une pleine attention sur l'imposante carrure du garde-chasse devant lui. Mieux valait qu'il ne se disperse pas. Harry aurait préféré mourir que de l'avouer, mais il n'était pas à l'aise dans le silence pesant de la nuit. Pas à l'aise du tout.
Les retenues dans la Forêt Interdite avaient toujours été un mystère pour lui, mais il préférait toujours ça que récurer des chaudrons ou frotter des trophées. Même s'il devait pour cela supporter les plaintes insupportable de Malfoy.
Il ne l'avait pas volé, même s'il ne comptait pas le dire à voix haute. Il savait qu'un affrontement au milieu d'un match de Quidditch n'était pas une bonne idée, surtout si l'affrontement en question se résumait à tenter de faire tomber l'autre de son balais. Chose que Harry avait réussi, non sans fierté - non sans mal, aussi, mais c'était autre chose. En même temps, Harry ne pouvait pas, ne pas réagir lorsque Malfoy traitait Hermione de Sang-de-Bourbe.
Vingt points en moins pour Gryffondor et Serpentard, deux heures de retenues, interdiction formelle de rejouer au Quidditch jusqu'à la fin des compétitions. Autant dire que Harry s'était fait huer en rentrant à la tour. Oh, fallait-il préciser que la dernière punition venait d'un Snape goguenard ?
« Attention à la branche. » grogna Hagrid.
Harry se prit la branche. Fantastique.
« Je peux savoir pourquoi nous sommes ici ? » lança la voix agaçante de Malfoy derrière lui.
Quoique, ce n'était pas une question bête. Harry n'avait aucune foutu idée de ce qu'ils étaient censés faire. Hagrid ne leur avait donné aucune instruction.
« Nous devons chercher des No-... des... des créatures. » se reprit Hagrid d'une voix hésitante. « Trois. Des femelles... »
Harry trébucha sur une racine, perplexe.
« Mais encore ? » insista Malfoy et, pour une fois, Harry était assez d'accord avec lui.
Trois créatures. La bonne blague. Il y en avait des centaines, de créatures, ici !
« Dumbledore m'a demandé de ne pas trop en parler...» dit Hagrid, d'une voix bourrue mais gênée. « De toute façon, vous restez près de moi. On les trouvera ensemble au moment venu. »
À supposer qu'ils les trouvent. Le problème avec Hagrid, c'était qu'il voulait rarement faire demi-tour avant d'avoir trouvé ce qu'il cherchait. Quitte à ne pas les renvoyer au château. Même si ça prenait toute la nuit. Pour le moment, ça ne dérangeait pas Harry ; il regrettera bien assez le lendemain, lorsqu'il lui faudra se réveiller pour aller en cour.
« Le vieux fou... forcément. Dans quoi je suis encore tombé, moi ? »
Harry ignora royalement Malfoy qui marmonnait dans sa barbe - inexistante - et observa rapidement les alentours. Malgré toutes ses escapades, la Forêt Interdite l'avait toujours mit plus ou moins mal à l'aise. D'habitude, savoir ce qu'il faisait le rassurait, mais là, il ne savait même pas quelle était la race des trois créatures qu'ils cherchaient. C'était comme chercher une mandragore dans un nid de dragons.
Autant dire qu'ils en avaient encore jusqu'à demain.
Qu'est-ce que Dumbledore avait-il pus découvrir de si important pour que même Hagrid ne lui dise pas ce que c'était ? Harry regretta l'intelligence d'Hermione, et se contenta de faire tourner ses méninges.
Non, il ne voyait vraiment pas. Et ce n'était pas parce qu'il venait de réfléchir cinq secondes.
« Alors euh... Elles ressemblent à quoi, exactement ? » demanda Harry en accélérant l'allure pour se mettre à la hauteur de Hagrid.
La demi-géant lui accorda un bref regard, et leva sa lanterne plus haut encore. L'adolescent tenta d'ignorer les formes trompeuses que prenaient les ombres sur les arbres, et se concentra sur son ami.
« Humanoïdes. » offrit Hagrid du bout des lèvres. « Elles ont une forme humanoïde. Elles ressemblent... à des jeunes femmes. À peu de chose près, je suppose. »
Harry prit une seconde pour intégrer l'information. Il reporta son attention devant lui, plus pour ne pas trébucher que parce que l'explication lui convenait. Il s'en contentera.
La forêt était plongé au cœur d'un pesant silence. Pas un souffle de vent, pas un bruissement de feuilles. La nature même paraissait avoir retenu son souffle. Harry n'aimait pas trop ça. Il avait le dérangeant sentiment d'être prit au piège.
Alors, frottant distraitement ses mains légèrement tremblantes entres elles, il reprit la parole :
« Vous êtes sûr qu'il n'y a pas d'Acromentules dans les parages ? »
Un sursaut derrière lui lui apprit que Malfoy écoutait la conversation.
« Ou de centaures ? » rajouta l'adolescent avec une certaine pointe de délectation. Non, il n'était pas provocateur. Il s'informait. Voilà tout.
Le Serpentard accéléra le pas et combla la distance qui les séparait, Crockdur sur ses talons. Il avait pâli, l'air nerveux.
Harry refréna un sourire moqueur.
« Des Acromentules ? » répéta Malfoy d'une voix inquiète. « Il y a des Acromentules ici ? Et vous nous y emmenez ? Quoique, ça ne devrait même pas m'étonner vu l'incompétence de la plupart des professeurs de cette école... »
Harry leva les yeux au ciel, se retenant de lui dire qu'il n'avait qu'à changer d'école, si ça le dérangeait tant. Ce n'était pas lui qui allait l'en empêcher...
« Les Acromentules sont des créatures très sympathique si on les respecte. » rétorqua Hagrid d'une voix forte, bifurquant soudainement vers la droite.
Harry le suivit sagement en se mordant la lèvre inférieure. Son expérience au niveau de ces araignées lui soufflait surtout qu'elles étaient... apathique. Et intransigeantes. Et tout les défauts que pourraient avoir quelque chose qui tente de les tuer, lui et Ron.
Cependant, protester n'était peut être pas une bonne idée.
« Alors... Vous savez où vous allez ? » interrogea t-il pour détourner le sujet.
« Nous allons au cœur de la forêt. À la frontière du territoire officieux des centaures. » répondit Hagrid. Harry aurait bien aimé lui faire remarquer que ça ne l'aidait pas vraiment, mais le demi-géant tourna à nouveau sur sa gauche, accélérant l'allure. Avec ses pas de géants, Harry et la fouine étaient obligés de trottiner pour rester à son niveau.
« Les centaures ? » répéta ladite fouine d'une voix inquiète. « Vous cherchez à nous tuer ? Ces choses n'ont aucune morale ! Si ils nous attaquent, mon père en entendra parler ! »
Harry leva les yeux au ciel en se retenant un soupir exaspéré.
« Voyons, mon garçon, il n'y a rien à craindre, vous êtes avec moi. » offrit Hagrid d'un ton bourru, envoyant une claque sur l'épaule de Malfoy qui vola sur plusieurs mètres.
« Comment osez-vous me toucher ? Savez-vous vraiment qui est mon père ? » cracha le Serpentard furieusement.
Ne pas l'étrangler. Avec la paperasse, ça serait vraiment fatiguant. Et ça ne ferai pas plaisir à Dumbledore. Mais en même temps, glisser ses doigts autour de son cou et serrer... C'était si tentant...
Un mouvement devant lui sortie Harry de ses pensées meurtrières.
Plissant les yeux pour tenter de distinguer quelque chose dans la pénombre - ce qui n'était pas vraiment gagné -, il s'arrêta. Malfoy lui fonça dedans.
« Bordel, mais avance ! Qu'est-ce que tu fous planté là comme un idiot ? Pas que ça change de d'habitude, mais...
- Boucle-là, sale fouine. » l'interrompit Harry sans lui accorder un regard. Il y avait quelque chose devant lui, entre les arbres. Il en était certain. « J'ai entendu quelque chose. »
Sa remarque arracha à son ennemi un rire méprisant.
« Oh, excusez-moi, alors ! On est dans une forêt, Saint Potter. Tu aurais voulu que toutes les créatures se taisent pour faire place au grand Harry Potter ? » siffla Malfoy rageusement. Il le bouscula d'un coup d'épaule et continua son avancée.
Harry entendit plus qu'il ne vit le bruit sifflant d'un objet que l'on abattait violemment sur quelque chose. Il sursauta violemment et porta aussitôt sa main vers sa baguette, l'empoignant d'un geste vif. Qu'est-ce que c'était que ça ?
« Hagrid ! » appela t-il d'une voix inquiète en rejoignant d'un pas rapide Malfoy, qui avait lui aussi dégainé sa baguette. ( Harry ne s'en réjouit même pas )
La garde-chasse était quelques mètres devant, et il se retourna d'un air interrogateur vers eux à son appel.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive, Harry ? Tout va bien ? » demanda son ami en fronçant ses sourcils broussailleux, avisant d'un œil interrogateur sa baguette mise en évidence.
« Vous n'avez pas entendu ? » glapit-il, observant les alentours d'un œil à la fois inquiet et prudent. « Il y a eu un énorme bruit ! »
Le fracas d'un nouveau coup couvrit la fin de sa phrase, et Harry se retourna violemment, certain d'y trouver une créature dangereuse.
Mais tout était désert.
Ne pas paniquer. Rester aux aguets.
Mais il avait beau fixer la profondeur de la forêt, rien n'était visible.
Harry se tourna une nouvelle fois vers Hagrid pour lui demander qu'est-ce que c'était, histoire qu'il sache s'il fallait qu'il attaque ou s'enfuit en courant.
Mais Hagrid n'était plus là.
« Hagrid ? » appela t-il en tournant autour de lui. En dehors de Malfoy, tout était désert.
Ils se retrouvaient seuls au milieu de la nuit, au cœur de la forêt. Avec quelque chose. Quelque chose de potentiellement dangereux.
« Où est le géant ? » couina Malfoy en resserant ses doigts autour de sa baguette.
« Hagrid ! » s'exclama Harry.
Il se précipita à l'endroit où se trouvait son ami quelques secondes plus tôt, mais aucune trace de lui. Il avait beau fixer le sol comme s'il l'avait personnellement insulté, il ne voyait rien. Il n'y avait même pas une empreinte de pas.
« Hagrid ! » hurla t-il.
Le silence lui répondit. Tout était désert, comme si l'homme n'avait jamais été là.
Harry tenta d'apaiser les battements précipités de son cœur, et tourna un visage décidé vers le Serpentard et le chien. Ils devaient aller devoir le retrouver.
Soudain, Crockdur se mit à gémir, les oreilles plaqués vers l'arrière. Il dévisageait Harry avec des yeux brillants de terreur. Si un animal pouvait ressentir de la terreur.
Harry leva les mains en signe de reddition.
« D'accord... Ça va, on va retrouver ton maître et... »
Sa voix se perdit. Malfoy, à côté de Crockdur, venait de lever un doigt tremblant vers Harry, ses yeux gris fixé sur lui avec une frayeur presque vexante.
Non. Il fixait un point derrière Harry.
« Un... Un... » commença Malfoy dans un balbutiement horrifié qui l'aurait certainement fait rire dans un autre contexte.
Son sang se glaça. Tendu comme la corde d'un arc, il amorça un mouvement pour se retourner, très très lentement.
Son cœur rata un battement. À un pas de lui, si près qu'il pouvait sentir son souffle âcre rouler sur sa joue, un homme était sortie de l'ombre. Des cheveux bouclés poivre et sel, un visage brute couturée de cicatrices, il les observait avec deux yeux jaunes étincelant d'un drôle de lueur, presque narquoise... Ses vêtements étaient déchirés et négligés, comme s'il s'était battu avec un ours enragé, et il transpirait une aura de puissance.
Mais les yeux de Harry ne se détachait pas de l'immense sourire collé aux lèvres de l'homme.
Quelque chose comme de l'horreur pointa en lui, et il s'empressa de reculer d'un pas.
Le sourire s'agrandit.
Les yeux jaunes petillèrent.
Un souffle.
« Bonne nuit. »
Quelque chose percuta l'arrière de son crâne, et une douleur lancinante lui obstrua la vue. Il sombra dans l'inconscience.
Il avait envie de vomir. Sa respiration sifflait.
Draco papillona des yeux, la mâchoire serrée sous la douleur qui se répandait dans son crâne et le long de sa colonne vertébrale. Il peina à se réveiller, l'inconscience le tirant à nouveau dans ses limbes. Cherchant à se raccrocher à la réalité, il releva péniblement la tête.
Il faisait sombre, très sombre. L'air était saturé d'humidité et de mauvaise haleine. Il ne discernait rien, ses yeux le brûlaient sous la poussière. Il était à même le sol répugnant de la pièce, assis, dos au mur. À ses pieds, une masse sombre se reposait, chaude et gigotante. Draco espéra que c'était la bestiole enragé, ou Saint Potty. Tout plutôt que le sourire sur patte kidnappeur, qui avait certainement abîmé ses précieux vêtements.
Il lui enverra une facture, dès qu'il sera sortie d'ici. Ses vêtements coûtaient trop cher pour être déchiré dans une tentative d'enlèvement.
Draco secoua la tête, la gorge serrée sous la douleur. Il tendit une main tremblante vers la forme non-identifiée, butta contre quelque chose, s'y agrippa. Un bras. C'était un bras.
Draco s'humecta ses lèvres sèches.
« Potter ? » exhala t-il fébrilement.
Il attendit. Pour une fois qu'il voulait que se soit cet abruti notoire.
Mais rien ne vient.
Draco le secoua, autant que ses maigres forces le lui permettaient.
« Potter ? » répéta t-il, priant tout les dieux pour que cet imbécile ne se fasse pas prier pour revenir dans le monde des vivants.
La masse bougea, grogna. Puis, dans un violent sursaut, elle se redressa, se dégagea de l'emprise de Draco, et se traîna péniblement vers l'arrière. À mi-chemin, elle s'arrêta, gémissant de douleur.
« Merde... » souffla la masse - masse qui était bien Potter, par Merlin.
« Potter. » murmura Draco d'une voix ferme.
« Malfoy ? Putain, tu m'as fait peur... » grogna Potter d'un ton accusateur.
Accusateur. Non mais c'est Sainte Mangouste qui se fou de la charité.
« On est où ? » reprit le Gryffondor d'une voix rauque. Draco le vit s'assoir et se passer une main dans ses cheveux.
Il leva un sourcil, invisible dans le noir.
« Dans une pièce sombre. » railla t-il. « Qu'est-ce que j'en sais, sérieusement ?
- Il faut... il faut sortir d'ici, Malfoy ! »
Ça ressemblait à un ordre, mais Draco décida de passer outre pour cette fois.
Potter se redressa, s'aidant du mur pour se remettre sur ses jambes. Il esquissa deux pas mal assuré, grimaça, et se mit à arpenter la pièce. Au bout d'une longue minute, il s'arrêta face à un mur, et se tourna vers lui.
« Debout, Malfoy. Il y a une porte, juste ici. »
Avec un soulagement perceptible, Draco se remit précautionneusement sur pieds. Mais, presque aussitôt, sa tête lui tourna et il dû s'appuyer au mur pour ne pas tomber. Sa nausée le prit à la gorge.
Merlin, il allait tourner de l'œil, ou quoi ? Un Malfoy ne s'évanouissait pas !
« D'accord... » murmura Potter en s'approchant de lui. Il lui empoigna vivement le bras, et le tira sans ménagement jusqu'à la porte. « T'as pas intérêt à faire un malaise, ou je te tue ! »
Draco émit un borborygme inintelligible et se laissa entraîner à contrecœur. Oh, dès qu'il sera sur pied, il n'hésitera pas à repousser cet imbécile de Saint - et à lui balancer une ou deux insultes au passage - mais pour le moment, il n'était pas certain de tenir sur ses jambes sans aide. Non, pas aide. Un Malfoy n'avait pas besoin d'aide. Il obligeait les autres à s'occuper de lui. Évidement.
« La porte est ouverte. » chuchota Potter en entrouvrant ladite porte pour jeter un œil au couloir sombre.
Sûrement parce que le sourire sur patte avait supposé qu'ils ne se relèveraient pas de leur blessure au crâne. Apparemment, il avait sous-estimé le roc qu'était la tête du balafré.
« Va pas trop vite, imbécile.» grogna l'adolescent alors qu'ils s'engageaient le long du couloir tortueux, à l'aveuglette.
Aucune fenêtre, tout était sombre. C'était effrayant. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, s'il faisait toujours nuit, et si le géant ou la bête s'étaient fait attraper, eux aussi.
Dumbledore avait-il remarqué qu'ils avaient disparus ? Zabini lui avait-il dit qu'il n'était pas rentré de sa retenue ?
Ses deux interrogations en entraînèrent d'autres : Où étaient-ils ? Quelles étaient les intentions de l'homme ? Comptait-il les enfermer ? Pire, les tuer ?
Draco sentit la panique le gagner. Allaient-ils servir d'appât ? D'appât à quoi ? L'homme cherchait-il à se venger ? De qui ? De lui ? De son père ? De Potter ? Qui était-il ? Était-il seul ? En groupe ? Voulait-il attaquer le château ? Faisait-il ça pour le plaisir ? Assouvir une pulsion ?
Et s'il les rattrapait ? S'il comptait les torturer ? S'amuser ? Les tuer ? Pouvaient-ils seulement lui échapper ?
Complètement paniqué cette fois-ci, Draco porta la main à sa ceinture, histoire de se rassurer en sentant le bois familier sous ses doigts... Mais il ne tâta que du vide. Il baissa tellement rapidement la tête qu'elle lui tourna, et il dût attendre que le sol arrête de tanguer sous lui pour regarder l'endroit où devait se trouver sa baguette.
Elle n'était plus là.
Draco se stoppa net au milieu du couloir, forçant Potter à en faire de même.
« Ta baguette. » claqua t-il sèchement pour couvrir les protestations de l'adolescent.
Le brun fronça les sourcils de contrariété mais consentit à baisser les yeux vers sa propre ceinture. Draco n'avait pas attendu son autorisation pour voir qu'il n'avait plus non plus sa baguette. Fantastique. Absolument Fantastique.
Ils allaient mourir ici.
Une boule dans la gorge, il se permit une inspiration lente, histoire de calmer les battements précipités de son cœur. Il cognait douloureusement contre son torse, comme s'il voulait s'enfuir, lui aussi.
Il sentit le binoclard s'agiter à côté de lui.
« On se calme... » marmonna Potter plus pour lui-même que pour Draco. « On se calme, on va trouver une solution... On se calme... »
Ça ne calmait pas du tout Draco. Bien au contraire.
« On se calme...
- Si tu répètes ça encore une fois, je te promet que tu regretteras bien vite de ne pas être avec le sourire sur pa- ! » cracha Draco, irrité.
Sa phrase se noya lorsque la porte, celle vers laquelle il se faisait entraîner par Potter avec tant d'ardeur, s'ouvrit dans un grincement.
Et dévoila le sourire sur patte.
Avec un grand sourire aux lèvres.
Un frisson désagréable traversa Draco, alors que son cœur menaçait vraiment de se décrocher.
« Crois-moi, » glissa Potter d'une voix aigüe en regardant l'homme au grand sourire, les yeux écarquillés. « Je préférerai mille fois ta torture que la sienne. »
Ça ne rassurait franchement pas Draco.
« Tu sais te battre ? » couina t-il, les jambes tremblantes, alors que l'homme commençait à marcher d'un pas tranquille vers eux.
« Pas vraiment. » répondit Potter, la main qui le soutenait se refermant douloureusement sur son bras. « Et toi ? »
« Pas vraiment. » répéta Draco, presque sans y croire.
Ils échangèrent un regard effrayé.
« Il ne reste qu'un seul truc à faire. » glapit Potter, tandis que le sourire sur patte se rapprochait dangereusement, un sourire immense et railleur aux lèvres.
Ils tournèrent les talons d'un même mouvement. Derrière eux, il y eut un drôle de craquement que les adolescents ne prirent pas la peine d'identifier.
« Cours ! » hurla le Gryffondor.
Et ils se mirent à courir.
Il n'y eut pas une seconde où ils se dirent : restons l'affronter comme un dégénéré de Gryffondor ! ( Enfin, pour Potter, rien n'était moins sûr )
Draco n'était pas suicidaire, lui.
Derrière eux, l'homme au grand sourire ne les poursuivait pas. Il continuait à marcher d'un pas mesuré, nonchalant. Étonnement, ça le terrifiait encore plus que s'il les avait prit en chasse.
Le couloir était long. Très long. Infiniment long. Ça ne lui avait pas semblé aussi long, en faisant le trajet inverse. À peine une poignée de minutes, peut être.
Là, il lui semblait qu'il courrait depuis une heure. Il était déjà essoufflé, sûrement parce que sa blessure à la tête n'appréciait pas l'effort imposé.
Le point positif, c'était que la panique anesthésiait un moment cette douleur.
Le point négatif, c'était que ce couloir était trop long.
Son souffle était saccadé, son cœur tambourinait. Ses jambes lui faisaient mal. Il avait du mal à respirer.
Et Draco comprit.
Et son sang se glaça.
Le couloir s'allongeait. À l'infini. Pire, il leur donnait l'impression d'avancer, alors qu'il n'était qu'une... qu'une illusion. Rien qu'une illusion.
Mais l'homme derrière eux marchait toujours d'une démarche féline, et Draco avait beau redoublé d'effort et de vitesse, le sourire sur patte comblait peu à peu la distance...
« Merde, merde, merde, merde... ! »
Réfléchir. Il fallait qu'il réfléchisse. Qu'aurait fait Blaise dans sa situation ? Balancer Potter en appât au lion ?
Ça lui semblait être une bonne idée. Mais il n'eut pas le temps d'esquisser un seul geste que le susdit Potter s'arrêta net, fit volte-face, et se jeta sur le psychopathe.
Un Gryffondor. Entre tous, il avait fallu qu'il tombe sur un Gryffondor ! Pourquoi étaient-ils tous aussi idiots ? ( Le point positif, c'était qu'il s'était appâté tout seul. )
« Tout doux, petit. » fit l'homme au grand sourire d'une voix moqueuse.
Un coup d'œil en arrière lui apprit qu'il venait d'éviter le balafré d'un bond souple, et qu'il lui avait saisi le poignet à la volée. Potter voulu se dégager - en vain - et le fusilla du regard.
« Lâchez moi ! » persiffla t-il hargneusement. « C'est quoi votre but ? Vous êtes un Mangemort ? »
Draco s'arrêta, sachant qu'il ne servait à rien de courir. Il était trop inquiet pour lever les yeux au ciel devant la bêtise de Potter.
Confronter un psychopathe. C'était bien un Gryffondor.
« Un Mangemort ? » répéta le sourire sur patte avec un sourire grandissant. « Ridicule. C'est trop surfait. N'est-ce pas, blondinet ? »
Draco ne comprenait pas pourquoi est-ce que ce dingue leur parlait comme si tout était normal.
« Ouais, t'es d'accord avec moi. » reprit tranquillement l'homme devant le silence buté de Draco. « Bon, un couloir, c'est ennuyeux comme endroit pour discuter, vous ne croyez pas ? Allons, je vais vous ramener dans votre salle. »
À peine finit-il sa phrase que Potter tira sur son poignet, cherchant à se dégager de la poigne de l'homme. Mais l'autre ne bougeait pas, comme s'il ne sentait pas l'agitation de son prisonnier.
« Laissez moi partir. » couina Draco en faisant un pas en arrière.
Il ignora le regard glacial de Potter et continua :
« Si c'est de l'argent que vous voulez...
- De l'argent ? Je n'ai pas besoin d'argent. Je veux juste discuter, voyons.
- On ne kidnappe pas des gens pour discuter. » rétorqua brusquement Potter.
Draco allait l'étrangler.
« On... On peut discuter... Laissez-moi... Laissez-nous juste partir... » reprit Draco nerveusement.
L'homme fit la moue.
« Mais ce n'est pas drôle, sinon. »
Draco se demanda si l'homme faisait tout ça juste pour s'amuser, se divertir... Mais il n'était pas certain de vouloir connaître la réponse.
« Allez, en avant ! » lança joyeusement le psychopathe.
Il sentit une force invisible le pousser dans le dos et se sentit décoller du sol. Devant lui, Potter se faisait tirer par l'homme comme s'il ne pesait rien, malgré le nombre incroyable de coups qu'il tentait de donner à son bourreau.
L'homme était puissant. Était-ce un sorcier ?
Planant derrière lui, Draco réfléchit à toute vitesse à ce qu'il pourrait dire pour que l'homme le lâche. Les lâche, mais Potter n'était pas vraiment une priorité.
Au fond du couloir, il y avait la pièce où il s'était réveillé. Draco avait l'horrible pressentiment que lorsqu'il s'y retrouvera, tout sera terminé. L'homme n'allait pas simplement discuter.
Réfléchir. Réfléchir... Sa tête lui semblait vide, à cet instant. Qu'aurait fait son père ? Rien... Son père exécutait les ordres, et partait lorsque ça chauffait. Son père mentait, niait, accusait. Son père était trop malin pour se retrouver dans cette situation désastreuse.
Qu'aurait fait sa mère ? Ou Zabini ? Qu'aurait fait Dumbledore ? ( En dehors de parler à son kidnappeur de la pluie et du beau temps ; et de bonbon au citron. )
« Vous, euh, vous aimez les bonbons au citron ? » tenta Draco, en se sentant particulièrement ridicule.
Potter le regarda comme s'il venait de se transformer en Mandragore. Le psychopathe, lui, se contenta de lui lancer un sourire amusé.
Amusé, par la barbe de Merlin !
« Je préfère ceux à la menthe, personnellement. Et toi, petite chose ? »
Il s'adressait à Potter.
Un frisson de dégoût parcouru l'échine de Draco.
Le Gryffondor ouvrit sa bouche d'un air indigné, mais il n'eut pas le temps de prononcer un mot qu'un grondement s'éleva dans l'air.
Draco ne savait pas d'où il venait. Mais il résonnait entre les murs comme un écho lointain. Le grondement s'amplifiait, et au bout d'un moment, il se rendit compte que c'était des millions de minuscules voix, à peine des chuchotis, qui remplissaient le silence.
« Intéressant... » mumura le sourire sur patte en regardant autour de lui comme s'il s'attendait à voir apparaître l'auteur de ces voix.
« Qu'est-ce qui se passe ? » s'exclama Potter.
Les chuchotements devenaient assourdissants. Draco n'entendait plus rien d'autre. Il voyait la bouche de Saint Potter s'agiter, mais il ne comprenait plus ce qu'il disait. Tout étaient sourds à ces oreilles, tout étaient lourd.
À ce moment là, le sort qui maintenait Draco en lévitation cessa.
Et au moment où il heurta durement le sol dans un grognement de douleur qu'il n'entendit même pas soit même, une trappe, ornée d'arabesques en runes, se matérialisa dans un enchevêtrement de fumée noir et or.
À partir de là, son cerveau assimila quatre choses en quatre secondes.
À la première seconde, Potter se dégageait violemment de l'emprise de l'homme, trop éberlué pour faire un seul geste.
À la deuxième, Potter se jetait vivement sur lui, lui attrapait violemment le poignet, le traînait...
À la troisième, Potter ouvrait sans effort la trappe qui venait d'apparaître.
À la quatrième et dernière seconde, Potter le jetait à l'intérieur et sautait à son tour.
Et ils chutèrent, dans un océan de bleus et de verts.
Les Gryffondors auront sa perte.
