Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien.
La semaine dernière j'ai fêté mes 24 ans (je suis SI VIEILLE...) et ça fait également depuis cet été que cela fait 10 ans que j'ai connu les fanfictions...le temps passe vite.
Bref, nouveau chapitre, bonne lecture !
Chapitre 13 : Full Moon
L'avantage d'avoir sa rentrée scolaire un jeudi, c'est qu'il suffisait que d'une seule journée de cours avant d'être en week-end. Cela avait été également pratique quand cela tombait dans un jour de repos, car les élèves avaient plus de temps pour se familiariser avec leur nouvelle école ou de rompre leur rythme de vacances. Ce fut le cas la première année de Lily : le premier septembre fut un samedi. Ainsi, ce fut un peu plus motivée que Lily débuta sa première semaine, consacrée majoritairement à des révisions pour ensuite attaquer furieusement le programme de quatrième année.
Comme Mary se l'attendait, son petit frère fut envoyé à Serpentard, le plus surprenant néanmoins fut que le choixpeau disposa d'un plus grand délai pour le classer que son aînée. Lily et Hugo n'avaient pas pris la peine de parier avec Roxanne et Lucy, car la décision fut prévisible, mais aussi parce que ce jeu était beaucoup moins amusant sans James avec eux, le créateur de cette tradition. Le jeune garçon fut incroyablement soulagé une fois la sentence prononcée et semblait accourir vers sa sœur.
- C'est comme s'il avait supplié le choixpeau…avait commenté à voix haute Lily malgré elle.
- Possible, confirma discrètement Hugo. Du peu que m'en avait parlé Mary, je ne sais pas s'il correspond vraiment à Serpentard.
- Il risquait sans doute d'être renié s'il n'y allait pas, ajouta Lucy, désabusée.
- Pourtant le choixpeau est bienveillant, avait soudainement dit Roxanne, à la gauche de Lily. Il y en a qui avaient compris qu'on pouvait l'influencer dans son choix de maison, si c'était le véritable souhait de l'élève. Ce n'est qu'à Poudlard qu'on peut « tricher » ainsi, dans les différentes écoles, ce n'est pas le cas. Peu importe si ta famille te fait pression, si l'artefact décide que tu es plus pour une telle catégorie, tu iras.
- D'où sais-tu ça ? la dévisagea Hugo, dubitatif.
- Un livre que m'a conseillé Mr Jay, le prof d'études des Moldus, répondit Roxanne avec fierté.
- Ce ne serait pas quelque chose qu'on apprendrait davantage en science politique et sociale ?
- Si, mais Mr Cattermole est trop grincheux pour que je discute avec lui alors je préfère demander l'avis d'un adulte plus intéressant.
- Pour une fois que tu es studieuse, on ne va pas s'en plaindre, avait conclu Lucy avec un petit sourire malin, sous les gloussements de ses cousins.
Ainsi Lily débuta sa première journée de cours le vendredi, d'excellente humeur, en particulier grâce à la séance de littérature et de philosophie culturelle. Après une session sur les crabes de feu avec Hagrid et la remise d'un devoir en sortilège, l'ultime cours de l'après-midi fut consacré à l'histoire de la magie. Autant Lily aimait cette matière due aux récits passionnants de Mrs Brocklehurst, autant cette dernière heure lui pesait dans les chaussettes.
Ce cours était long… Lily avait décroché au bout d'un quart d'heure, elle savait qu'il était vaguement question d'une guerre entre les vampires et les sorciers durant le Moyen Âge, mais son intérêt avait cédé à une immense fatigue. Pour se maintenir éveillée, Lily, en dessous de ses notes, griffonnait sur une deuxième feuille, quelques caractéristiques physiques de ces suceurs de sang, qu'elle avait retenues d'un de ses devoirs en défense contre les forces du Mal, mais aussi de son invention. Elle leur créa un pouvoir, l'imprégnation par la pupille ou « l'œil des imprégnés » comme elle le rédigeait. Lily gribouilla hâtivement comment ce don marchait :
« Cela n'arrivait qu'une fois dans la vie dans un vampire qu'au lieu de boire et d'achever sa victime, il en devienne fou d'elle. Ainsi, un de ses yeux prendrait une couleur rose et serait lié, telles des âmes sœurs, à l'autre jusqu'à la mort. Humaine, sorcière, vélane, qu'importe, c'était le destin qui choisissait. »
L'esprit de Lily divaguait de plus en plus tandis qu'elle imaginait une jeune fille, aux traits semblables aux siens, tenter de s'enfuir de ce qu'elle pensait être son bourreau, avant que ce dernier ne parvienne à l'attraper. Plaquée contre un mur, elle visualisa une bouche entrouverte s'approcher de son cou blanc, les canines exposées, prêtes à lui donner une morsure qui lui procurait un plaisir exceptionnel contrairement à l'agonie mortelle réservée aux victimes du vampire.
- Que c'est niais ton truc !
Lily eut la sensation que son cœur s'était arrêté pendant une seconde et lâcha sa plume. À peine remise de sa surprise, elle constata que son voisin de table, à sa droite, était en train de loucher sur sa feuille. Il s'agissait d'un garçon de Serpentard à la peau ébène avec des dreadlocks attachées en queue-de-cheval haute tandis que la moitié de son crâne était rasé. Impossible pour Lily de se souvenir de son prénom mais elle avait l'impression de l'avoir déjà discuté avec lui.
- On peut savoir ce que tu fais là ? l'interpella entre ses dents Lily, les sourcils froncés.
- La prof a redéfini le plan de classe avant de commencer son cours, tu dors aussi souvent que ça, Potter ? demanda-t-il d'un ton un peu moqueur, mais sans animosité pour autant.
- Pas du tout ! se défendit Lily, les joues toujours rouges. De toute façon qui aime cette période de l'histoire ? Entre ça et les guerres gobelines, c'est assommant !
- Je suis d'accord. C'est pour ça que je me suis intéressé à ce que tu faisais.
Se souvenant de la raison qui l'avait tirée de sa rêverie, Lily cacha aussitôt ses idées sous sa main.
- C'est personnel, grogna-t-elle, plus froide. Vous ne connaissez pas ça à Serpentard, la notion de vie privée ?
- Pas le meilleur lieu pour écrire, tu ne crois pas ? répondit le garçon avec un haussement de sourcils, ignorant sa question. C'est niais et un vampire n'est pas du tout comme ça, mais au moins ça m'amuse. Ça me paraît moins stupide que les deux filles de ta maison à la rentrée. Elles étaient persuadées que les diligences étaient tirées par des fées !
Il pointa du menton Loïs Garcia et Margaret Morisson, assises l'une derrière l'autre, quelques tables devant eux, sur la droite.
- Laisse-les, elles sont gentilles, dit Lily légèrement agacée.
- Tu étais au courant que ce n'est pas le cas au moins, pour les diligences ? insista malgré tout le Serpentard.
- Évidemment, ce sont des sombrals qui s'en occupent ! rouspéta Lily. Mon père et ma marraine me l'ont dit !
- Créatures fascinantes, murmura le garçon, les yeux dans le vague.
Lily ne répondit pas immédiatement, encore un peu méfiante, mais finalement, elle ne put s'empêcher de demander :
- Tu as vu quelqu'un mourir du coup ?
- Non en vrai, pas du tout, ricana ce dernier, aucunement gêné. C'est juste que tout le monde est censé connaître ça depuis le temps, surtout en quatrième année !
- On ne les étudie qu'à la fin de l'année en cours de soins aux créatures magiques, beaucoup ne peuvent pas savoir, voulut justifier Lily en croisant les bras.
- Et bien c'est bien dommage, je ne suis pas ce cours et pourtant je le sais. Tu as déjà touché un sombral ? Moi oui, juste après avoir remis ces ignorantes en place. C'est fou à quel point leurs corps sont squelettiques et froids…leur souffle, à l'inverse, est très chaud. C'est étrange étant donné la réputation que subissent malgré eux les sombrals mais je les aime bien. Ils sont tranquilles, eux au moins comme rares sont ceux qui peuvent les voir.
Lily le regarda, confuse. Quelque chose en ce garçon lui rappelait sa marraine, mais aussi Scorpius Malefoy.
- Tu es bizarre, osa-t-elle lui répondre.
- Parce que j'apprécie les sombrals ? Il t'en faut peu. Si j'en lis ton descriptif, je ressemblerai davantage au vampire que de l'être humain : solitaire, égoïste, mystérieux, mature, séduisant…
- Et prétentieux par-dessus le marché, pas de doute, tu es bien à Serpentard, le coupa Lily, mi-moqueuse, mi-amusée. Il n'empêche que ce n'est pas très poli de regarder les notes d'à côté.
- Sois plus discrète la prochaine fois, glissa le garçon avec un clin d'œil. Plus sérieusement, je te conseille de retravailler ça si tu veux écrire quelque chose là-dessus parce que du peu que j'ai lu, ça risque de vite partir dans le cliché des romans à l'eau de rose pour jeunes sorcières.
Lily, stupéfaite par le culot de celui qui se proclamait presque critique littéraire, se félicitait néanmoins de ne pas avoir rédigé tout ce que sa cervelle avait imaginé quelques instants plus tôt. Au vu de sa première réaction, il se serait moqué d'elle. Pourtant, contrairement aux Serpentard de son année qui ne lui procuraient que de l'exaspération pure, elle sentait comme un besoin de prouver quelque chose à ce garçon sans pour autant le détester.
- Monsieur est un spécialiste ? interrogea-t-elle avec un souffle de défi.
- Pas vraiment, je ne lis pas ce genre de bêtises, mais ce n'est pas pour autant que je n'y connais rien. De l'imprégnation, c'est d'un cliché ! J'ai dû voir ça plusieurs fois dans les bouquins de ma sœur.
Lily eut une expiration d'agacement et s'avachit sur sa table, les membres en croix. Elle scrutait à petite dose prudemment le garçon, qui lui, se mit à fixer le plafond. Avec le recul, elle ne l'avait jamais vu dans une bande, ni de Serpentard, ni en compagnie de quiconque. Il ne levait jamais la main en classe, ne faisait pas parler de lui, peu étonnant que Lily en oubliait presque son existence. Finalement, le Serpentard remarqua les regards de Lily et lui adressa un nouveau clin d'œil.
- Je ne sais même plus quel est ton nom, se risqua-t-elle de lui demander, après une certaine hésitation.
- Zabini, Jason Zabini.
-MAIS BIEN SÛR ! s'illumina l'esprit de Lily. C'était le garçon de la journée sur la sexualité ! Je ne l'ai pas reconnu avec ses cheveux plus longs.
- Inutile de me dire le tien, reprit le dénommé alors que Lily allait se présenter. Je connais ton frère de vue, je joue suppléant dans l'équipe de Serpentard depuis l'année dernière. Et puis, un Potter, ça passe rarement inaperçu, vous comme les Weasley. Pourtant, tu ne sembles pas beaucoup faire de bruits comparés à ton autre frère ou tes différents cousins.
- Toi non plus, répondit Lily plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu, les joues quelque peu grenat. Je n'ai pas l'impression de t'avoir remarqué plus que ça avec des gens de ta maison.
- Je préfère être seul, dit-il simplement, en haussant les épaules. Je n'aime pas l'idée d'avoir des amis juste pour en avoir. Ça ne m'intéresse pas de socialiser…ou alors c'est les autres qui me fichent la paix, je ne sais pas. C'est peut-être l'unique truc dont j'ai hérité de mes parents…
Il la dévisagea à son tour, mais contrairement à Jason, Lily en devint mal à l'aise.
- Et toi Potter, tu as hérité quoi du célèbre Harry Potter ou de l'ancienne grande joueuse Ginny Weasley ?
Lily se détourna aussitôt de lui et ne lui répondit pas, faisant semblant d'écouter de nouveau au cours. Lorsque la cloche sonna la fin de la journée, il suffit qu'elle le quitte un instant du regard, alors qu'elle rangeait ses affaires dans son sac, pour que Jason disparaisse, comme un fantôme.
- Jason Zabini ?
Lily acquiesça et Mary eut un petit rire.
- Oui évidemment que j'ai déjà discuté avec lui. On a dû échanger quelques fois dans la salle commune et il est avec moi en étude des runes, mais aussi en arithmancie. Il est un peu…particulier, rappelle-toi lors de l'intervention au printemps. Il n'est pas méchant, mais je crois qu'il se donne un genre. Il joue à être une espèce de dédaigneux séducteur notamment.
- Sérieusement, lui, un séducteur ? Je pensais qu'il se moquait de moi quand il vantait ses qualités, s'écria Lily avec des yeux ronds.
- Le plus investi dans ce rôle dans notre année de Serpentard du moins, précisa Mary. Et peut-être même des quatrièmes années tout court, j'ai entendu des échos de ses possibles relations amoureuses depuis la fin de la deuxième année. Visiblement, jouer le garçon inaccessible, ça donne du charme selon les filles…
- Ses chevilles ne semblent pas dégonflées en tout cas, paraphrasa Hugo en levant le nez de son devoir de potion.
- Les gens de ma maison sont parfois comme ça, justifia Mary avec amusement d'un geste négligé de la main. Et il t'a dit quoi pour que tu nous parles de lui soudainement ?
- Rien, répondit Lily trop vite en la fuyant du regard. Il est juste devenu mon voisin de table en histoire de la magie et aime visiblement espionner et donner son avis sur ce que font les autres...
- Toi, tu as encore écrit pendant les cours, susurra Hugo avec amusement.
Lily gémit, elle ne voulait pas évoquer ce sujet en groupe. Solange savait vaguement qu'elle inventait des fictions, mais Mary à l'inverse, ignorait cette information.
- Comment ça ? Qu'est-ce que c'est, des textes ? questionna-t-elle, perplexe.
- Non c'étaient juste des idées... tenta de noyer le poisson Lily. En rapport avec les vampires vu qu'on en parlait en cours…
- Tu ne veux pas nous faire lire ? proposa doucement Solange. Je n'ai jamais vu une ligne de ce que tu fais depuis toutes ces années.
- Et moi donc ! ajouta Hugo.
- Non...je...ça me gêne ! refusa Lily en rougissant.
- Tu es capable de montrer ça à Zabini que tu connais à peine, mais pas à nous qui sommes tes amis ? fit Mary en haussant un sourcil.
- Zabini s'est invité tout seul…marmonna Lily en guise d'excuse.
Mais elle savait que Mary avait touché un point sensible. Lily avait presque la sensation d'entendre Scorpius lui déblatérer d'une voix moqueuse « Et ça se dit à Gryffondor ? ». Respirant un bon coup, Lily chercha dans son sac le papier en question et le tendit à Mary tout en expliquant les impressions de Jason la veille et les notes scénaristiques qu'elle avait ajoutées depuis (sans citer évidemment, la fameuse scène fantasmée). Tout le long de la lecture du groupe, Lily ne put s'empêcher de se cacher les yeux, craintive jusqu'à que Mary lui rende la feuille.
- Même si je n'apprécie pas de l'admettre, avoua Hugo après un instant de réflexion, tu as besoin de détailler un peu plus tes idées. Cela peut être intéressant je suppose mais il me semble qu'il a quelques maladresses et des facilités scénaristiques.
- Moi j'aime bien défendit Solange timidement, tu me feras lire la suite quand tu rédigeras ?
- Ce n'est pas mon genre de récit, exposa Mary, mais c'est sympathique, peut-être avec un meilleur développement, cela pourrait être pas trop mal.
- Merci pour vos avis, répondit Lily d'une petite voix en rangeant ses notes, plutôt honteuse. Mais pour en revenir à Jason Zabini, vous croyez que je devrais me méfier de lui ? Je veux dire…il est spécial et agaçant et pourtant…bah je n'ai pas l'impression qu'il soit mauvais ou aussi insupportable que les trois pestes.
- Je te l'ai dit, ce n'est pas quelqu'un de désagréable, il est juste perché par moments, s'exclama Mary en laissant échapper un rire. Fais-lui confiance je pense, mais prends garde à ce qu'il ne te drague pas.
- Bah oui, évidemment ! répondit Lily sur la défensive en revenant à son manuel de métamorphose.
Si Mary savait que ce n'était pas lui auquel Lily rêvait d'attirer l'attention, mais un différent garçon, brun, de la même maison... Elle ferma un instant les paupières et profita de l'odeur des branches du saule pleureur. Ce lieu était sans doute celui qui l'avait le plus manqué de tout Poudlard.
Après un peu de tranquillité, Louis et Roxanne se mêlèrent au quatuor et s'assirent autour d'eux. Louis et Hugo parlèrent immédiatement de leur futur projet roleplay, Roxanne elle, racontait déjà les premiers ragots de la rentrée. Le temps était magnifique et restait agréable pour un mois de septembre. Bientôt, les arbres se coloreront de tons chauds, les feuilles tomberont et ça sentira le marron et la citrouille. Quand le climat était ainsi, les Moldus appelaient ça « l'été indien », mais récemment, c'était davantage surnommé en « le prolongement de l'été », mais aussi « il n'y a plus de saison ». Lily préférait le printemps, mais il fallait admettre qu'elle adorait les premiers jours annonçant l'automne.
- Des nouvelles de Fred ? entendit Lily de la part d'Hugo, s'adressant à Roxanne.
- Il va…bien je suppose, réfléchit celle-ci, oubliant ses potins. À sa dernière lettre, il a trouvé un stage pour achever sa formation de cuisinier. C'est dans un restaurant Moldu, il n'a pas envie de travailler pour les sorciers, il m'a dit qu'il se sent mieux sans la magie autour de lui.
- C'est fou ça…ne put s'empêcher de commenter Lily. Lui qui passait sa vie à ensorceler des objets et faire les quatre cents coups avec James à l'école...et maintenant, c'est à peine s'il veut entendre parler de notre monde…
- On ne le connaissait pas tant que ça finalement, reprit Louis avec un sourire triste tandis que ses mots rappelèrent à Lily, Dominique et ses frères.
- Il voulait juste être ce qu'on attendait de lui…comme bien d'autres ici, conclut sombrement Roxanne.
Avant que quiconque ne puisse la questionner ce qu'elle a voulu dire exactement, une grande ombre rousse était apparue devant eux, balançant sur leurs pieds une lettre dépliée.
- Dites-moi que c'est un cauchemar, que je vais me réveiller !
Mary fut la première à réagir après quelques instants d'hésitation. Elle s'empara de la missive et la passa immédiatement à Hugo qui la parcourut rapidement. Les entrailles de Lily commençaient à se tortiller : était-ce une mauvaise nouvelle sur le procès de James ? Mais au vu de son expression sonnée et confuse quand Hugo releva la tête, Lily sut que ces angoisses étaient infondées.
- Attends quoi Lucy ? Molly va se...marier ?
- HEIN ?! s'exclamèrent les Weasley en cœur.
Même Mary et Solange écarquillèrent les yeux face à cette nouvelle.
- Aussi vite ? Mais…ils sont ensemble depuis à peine un an ! balbutia Roxanne.
- Ne me dis pas que c'est autant l'amour fou entre eux ? reprit Hugo en fixant Lucy qui s'était assise en tailleur en face du groupe.
- Je n'en sais rien et je m'en moque, répondit Lucy en secouant furieusement la tête. L'amour fou, tu parles ! Molly n'aime rien à part le travail, c'est à se demander si elle peut tomber amoureuse d'un humain ! Timeo est ennuyeux, mais à ses côtés, il paraît presque normal ! Au final j'en étais sûre, ils ne pouvaient que se marier vu leur personnalité. Personne de sensée ne voudrait d'eux, surtout de ma sœur !
- Mais on l'a rencontré que cet été ! contesta Lily. Un mariage, ce n'est pas avant des années de couple habituellement ?
- S'ils savent tous les deux ce qu'ils veulent de la relation et qu'ils s'aiment, pourquoi attendre ? s'entreprit de lui répondre Louis. Tout le monde n'est pas comme Teddy et Victoire…d'ailleurs il est pour quand ce mariage ?
- Oh ne vous en faites pas, pas avant le dernier trimestre de l'année prochaine ! cracha avec dégoût Lucy. Je suppose qu'ils souhaitent que « les incidents compromettants de la famille » se tassent avant de se lancer. Qui sait, ça les arrangerait toujours si James était encore en prison à ce moment !
- Peut-être il ne sera pas condamné aussi longtemps ? tenta courageusement Lily alors que l'entièreté du cercle baissait la tête, mal à l'aise.
Lucy lui adressa un regard noir, résignée, ce qui vexa Lily. Était-elle vraiment la seule à croire sincèrement que James pourrait s'en sortir ? On n'enferme pas quelqu'un pour avoir été amoureux, c'est ridicule ! On aurait dit que toute sa famille s'attendait presque que la sentence soit à perpétuité, il n'y avait donc qu'elle qui gardait une once d'espoir pour James ?
- Elle veut sans doute un mariage en grande pompe et inviter le plus de membres du ministère, c'est certain, reprit finalement Lucy en jetant un caillou au loin. Elle a eu le culot de me demander que je sois sa demoiselle d'honneur, c'est ridicule, on se déteste ! Je suis sûre qu'elle souhaite m'humilier ou se venger… Je haïs les robes, le maquillage et être une potiche ! Je serais en plus avec la petite sœur de Timeo et je ne sais même pas comment elle s'appelle ! Maman m'a juste dit que c'est une...
Lucy se mit à devenir écarlate, comme si elle se rendait compte qu'elle allait lâcher quelque chose d'extrêmement impoli.
- Une ? l'encouragea à continuer Louis.
- Une…cracmol…avoua Lucy. Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, ce n'est pas le fait qu'elle en soit une qui me dérange.
Aucun ne réfuta sa réponse. Lily, restant rancunière, réfléchit à cette découverte. C'était la première fois qu'elle apprenait l'existence d'un cracmol de son âge. Elle n'en avait jamais rencontré, son père avait quelquefois évoqué une de ses anciennes voisines qui en était une, mais elle était morte il y a quelques années.
- On sait pourquoi elle l'est ? osa Roxanne. Sa famille a un taux de consanguinité élevé ou c'est le hasard ?
- Roxanne, on parle d'un être humain, un peu de respect, corrigea Louis avec sérieux. Qu'importe le pourquoi elle est comme ça.
- La deuxième option je suppose, répondit malgré tout Lucy à sa cousine. Molly n'aurait jamais choisi un homme avec des problèmes héréditaires récurrents, elle ne voudrait jamais d'une tare dans sa lignée – elle a déjà sa propre sœur. De toute façon, les Smith ne sont plus considérés comme Sang-Pur depuis longtemps donc ce n'est clairement pas les gênes qui sont responsables. Mais qu'importe qu'elle soit cracmol ou non, ce n'est pas le sujet évidemment. Même sans magie, je suis sûre qu'elle est bien plus intéressante que son frère.
- Il va falloir informer Rose et Albus, dit soudainement Hugo pour adoucir l'atmosphère. Un deuxième mariage, déjà…je m'attendais à être tranquille un moment avant le suivant. La cérémonie en pleine canicule de Teddy et Victoire m'a achevé...
- Clairement, tu vas mourir dans le prochain, pouffa Roxanne. Vous imaginez s'ils font deux cortèges : une traditionnelle sorcière en langue runique et l'autre, bien chic et pompeux avec salle de bal, imposantes robes et musique classique ? Je suis même sûre qu'on sera forcé de danser la valse et que les plats seront aussi grands que la paume de ma main !
- Chez certaines familles, c'est le strict minimum, ne put s'empêcher de commenter discrètement Mary en levant les yeux au ciel rien qu'à évoquer l'idée. Ils sont carrément capables d'inviter le ministre ! J'en ai assisté à des comme ça plus jeunes et c'est insupportable…
Lily qui aimait pourtant les mariages fut de moins en moins emballée au fur et à mesure de la discussion. Une cérémonie à la plage lui semblait bien plus sympathique qu'une reproduction d'une soirée mondaine couplée à des débats politiques. Quant à un mariage traditionnel sorcier, elle n'y avait jamais été invitée. Cela se perdait si on se fiait aux magazines de Roxanne, on préférait de plus en plus le luxe et le glamour avec de grands décors à la Moldue que l'intimiste et minimaliste en pleine nature des fêtes sorcières.
- Mes parents seraient tout à fait capables d'organiser ça, grogna Lucy. Pour leur unique fierté, ils dépenseraient des milliers de gallions.
- Ne dis pas ça, ils ne te détestent pas non plus, voulut rassurer Louis avec sincérité.
- Tu m'excuses, mais ils ne me donnent pas la sensation d'être aimée récemment, répondit sèchement Lucy.
- Ne parlons plus de ça, coupa court Hugo en rangeant la lettre dans son enveloppe pour ensuite la restituer à sa destinataire. On verra bien ce qui arrivera, ça reste dans longtemps.
Lucy acquiesça discrètement et finit par s'allonger dans l'herbe, les traits du visage tirés. Les discussions mirent un bon moment à revenir suite à cette discussion et Lily fut incapable de passer l'éponge. Elle attrapa finalement un bout de parchemin et rédigea un message pour James, le premier depuis son départ.
Le week-end suivant, Lily et ses amis allèrent au terrain de Quidditch après le déjeuner : Lucy s'était enfin décidée à organiser des sélections pour de nouveaux joueurs et il fallait au plus vite exercer l'équipe (Louis s'était déjà vanté que les Serdaigle avaient débuté les sessions d'entraînement avec une bien meilleure formation).
Étonnamment, Rose, Albus et Scorpius les rejoignirent pour observer la séance, à l'inverse de Roxanne et Louis. Même Perrine Finnigan y était présente vu qu'Harry espérait devenir le nouvel attrapeur et, bien plus surprenant, Judith Royer finit elle aussi par venir et passa toute la session accrochée à l'épaule d'Albus. Visiblement, ils devaient s'être réconciliés, car le frère de Lily ne fit aucun commentaire et n'avait pas non plus une mauvaise mine. C'était maintenant Solange qui, pour une raison inconnue, semblait grommeler sous son écharpe et ne voulait parler à personne. Mais Lily n'y prêta guère attention, amère, elle fixait le terrain de Quidditch tandis que Lucy organisait des files pour les auditions des différents postes.
Ce n'était plus pareil depuis que James avait quitté Poudlard. Le Quidditch dégageait désormais une sensation de fadeur et son intérêt pour ce sport, bien que ce soit davantage pour soutenir sa famille, était plus divisé que jamais. Cela avait déjà un aspect disparate depuis le départ de Fred et maintenant que James n'est plus là… Il était pourtant mauvais perdant, mais il exprimait quelque chose quand il jouait, avec ses coéquipiers et même en tant que capitaine d'équipe. Que se passerait-il le jour où Lucy, la dernière du trio, s'en irait l'année prochaine ? Le cœur de Lily eut un drôle de battement à cette pensée et elle frissonna. La météo n'était pas non plus au beau fixe : le soleil s'en était allé pour faire place à un peu de vent et un ciel gris.
Il n'y avait pas que le Quidditch qui avait perdu de sa saveur : les soirées dans la salle commune aussi et même les repas. Lily avait l'impression de revivre ses sept ans, quand James était parti de la maison pour le collège, mais en pire. Car non seulement un élément moteur des Weasley et Potter avait quitté Poudlard, mais en plus, il était désormais moqué, calomnié et c'était Lily et sa famille qui servaient de défouloir. En effet, l'organisation du procès avait commencé à fuiter. Lily ignorait ce qui était le plus affreux : que tout le monde à l'école savait que James est accusé de détournement de mineur et d'inceste, ou que toutes ses cousines et elle étaient soupçonnées d'être la victime, le nom de Lucy n'ayant pas été révélé.
Les regards de pitié se mêlaient également à la moquerie et au dégoût de plusieurs élèves. Même les trois pestes, qui n'approchaient plus Lily et son groupe, ne pouvaient s'empêcher de commenter bien fort, dès que les deux cousins passaient devant eux, quand ce n'étaient pas des imitations et des cris obscènes moqueurs. Des plus âgés avaient en outre saccagé la salle de trophées et fait des graffitis sur les médailles et écus de Quidditch où James figurait. Lily en avait pleuré toute la soirée lorsqu'elle l'apprit quelques heures plus tard et avait refusé d'aller dîner malgré les supplications d'Alice et Roxanne derrière la porte de son dortoir. Lucy de son côté, avait le visage pâle, mais faisait de son mieux pour ne pas trahir la vérité. Seul Albus était laissé tranquille, car selon les dires de Rose, il ne cessait de rabâcher à quiconque qu'il ne sentait pas concerné par les déboires de sa famille. En entendant ça une fois, Lily avait failli lui rentrer dedans, mais elle fut retenue à temps par Rose et Hugo.
- Tout sera fini très bientôt, lui rappelait continuellement sa cousine alors que Lily se débattait en répétant qu'elle allait casser la figure à Albus. Harry et Ginny font de leur mieux pour accélérer le procès, ils oublieront tout très vite.
- Sauf si James est condamné, avait répondu Hugo avec amertume, ce qui lui valut un regard noir de sa sœur et une nouvelle crise de pleurs de Lily.
Il ne restait qu'un mois et demi avant la dernière date de litige : Lucy devait assister à une troisième séance, entourée de juges, à devoir se justifier et convaincre de son consentement. Elle était déjà partie durant les deux premières semaines de cours et elle craignait d'avoir un quatrième rendez-vous qui éveillerait les soupçons. James de son côté, peu bavard dans ses lettres, ne sortait plus de la maison. Son avocat avait dû même correspondre avec lui par chouette et par cheminée. Ses parents n'étaient guères rassurants à ce sujet : les nouvelles étaient expéditives et pas un seul paragraphe ne contenait pas une mention de James ou du procès.
Solange et Mary furent finalement informées de la situation peu après l'article paru de Preciosity Snaper sur James. Lily leur raconta tout ce qu'elle savait et Hugo se contentait d'acquiescer discrètement ou de corriger Lily sur quelques points. Solange en eut les larmes aux yeux et Mary elle, fut scandalisée :
- Tous ces procès qu'on devrait organiser si on portait plainte pour une relation entre cousins depuis des siècles ! Les Sang-Pur en sont remplis, même votre famille ! Mais par contre, quand c'est un enfant battu, abusé ou violenté parce qu'il est cracmol ou juste pour le plaisir, là il n'y a plus personne pour porter des condamnations et déclarer des vrais jugements !
- Merci Mary…fit Lily d'une petite voix, encore bouleversée après avoir tout raconté.
Pourtant, Mary en resta furieuse de nombreuses heures. Lily avait tenté d'interroger Hugo à ce sujet lors du dîner, mais il fut étrangement froid et elle n'en sut donc rien.
- Ah, c'est le tour d'Alice, j'espère qu'elle sera prise.
Les paroles d'Hugo firent revenir Lily sur terre. Elle vit la jeune fille enfourcher son balai, décoller et s'exercer à passer le souaffle à d'autres joueurs, éviter ceux qui la déconcentraient et s'efforçait de marquer des buts. Lily s'en lassa vite, elle était persuadée qu'elle serait sélectionnée, elle est fluide, précise et son balai était rapide. Sur les gradins un peu plus bas, Lily remarqua que son frère se faisait embrasser langoureusement par Judith. Plus loin sur la gauche, Scorpius, dont elle percevait plus facilement le visage, fixait le sol, visiblement guère en forme. Quant à Rose, Lily crut halluciner : elle était trois rangées en dessous et les mains appuyées contre ses joues, elle n'avait jamais semblé aussi fascinée par la Quidditch.
- Qu'est-ce que c'est que tout ça ? laissa échapper Lily dans un souffle.
- Hein ? répondit Hugo d'un air distrait, en pleine discussion sportive avec Mary.
- Rien ! abandonna Lily, n'ayant aucune envie de s'expliquer.
Pendant de longues minutes, elle ne cessait de jeter des coups d'œil à Scorpius. Quelque chose la poussait à venir le voir. Après une certaine hésitation, elle céda à ses pulsions et s'approcha du Serpentard. Il avait les poings dans la poche de sa veste et l'écharpe remontée jusqu'au nez lui aussi.
- Coucou, lança Lily timidement lorsqu'elle fut à son niveau.
- Oh...salut Lily.
Il avait la voix éteinte et pas seulement à cause du tissu autour de sa bouche. Pendant un instant, Lily semblait retrouver le garçon des escaliers et restait stupidement à le regarder. Le silence régnait entre les adolescents, Scorpius n'éprouvait aucune volonté à discutailler.
- Ça ne va pas ? osa Lily de nouveau en se maudissant de poser une question aussi ridicule.
- Des jours avec et des jours sans, répondit Scorpius d'un ton las. Je suppose que c'est une période de sans… Je ne supporte plus l'automne désormais…
- Sans doute fait-il référence à sa mère, songea Lily tandis qu'un coup de vent lui provoqua un frisson.
- Pourquoi tu demandes ça, tu es inquiète ? reprit Scorpius avec un semblant d'ironie dans sa voix.
- Non, j'étais juste curieuse c'est tout, se brusqua Lily, les joues rouges.
Mais elle s'en voulut immédiatement de sa réaction et un gémissement inaudible fut poussé. C'était si compliqué d'interagir avec Malefoy ! Bien que la hache de guerre ait l'air désormais enterrée depuis leur dernière discussion, Lily n'était jamais sûre de quelle attitude aborder avec lui. Avant c'était simple : elle le détestait. Mais maintenant…
- Écoute, déclara-t-elle soudainement si bien qu'elle en sursauta. Je... si tu as besoin de parler…je suis là ! bredouilla-t-elle, ne sachant pas trop ce qu'elle disait. Tu as déjà été là quand… là tu vas mal alors...enfin...tu es le meilleur ami de mon frère et de Rose...donc je ne peux pas te…voilà quoi !
Lily grimaça et eut envie de se frapper plusieurs fois le front avec la paume de sa main. Son niveau de discours égalait le zéro. Maintenant, elle craignait que Scorpius ne pense qu'elle avait pitié de lui. Contre toute attente, elle vit légèrement les fossettes de l'adolescent se soulever.
- Merci Lily…tu es gentille.
Les yeux bleus de Malefoy croisèrent ceux de Lily. Elle sentit ses joues s'échauffer, mais une voix la sortit de cette situation :
- Scorpius ?
Lily se tourna vers la silhouette, Rose était remontée vers eux, quelque peu mal à l'aise.
- Je peux te parler un instant ? Lily, peux-tu nous laisser s'il te plaît ?
Son expression était fuyante si bien que Lily en fut perturbée : Rose n'était jamais comme ça, elle soutenait à chaque fois le regard de ses interlocuteurs.
Sans ajouter un mot, Lily s'éclipsa, mais fronça les sourcils. Elle ne comptait plus les occasions où elle croisait sa cousine, seule avec Scorpius, se faisant des messes basses. En retournant à sa place auprès d'Hugo, Lily ne pouvait s'empêcher de jeter des petits coups d'œil à Rose et Scorpius. Ils ne cessaient de se regarder tandis qu'ils discutaient, impossible d'entendre la moindre bribe, même que Scorpius semblait de meilleure humeur et son écharpe était désormais baissée. Rose était maintenant détendue, bien qu'elle continue de garder quelques traces d'une nervosité au fur et à mesure qu'elle jouait avec ses doigts. Lily trouvait cette attitude bizarre, mais elle était incapable de dire exactement ce qui la dérangeait.
À la fin de la séance, sans surprise, Harry et Alice furent sélectionnés comme attrapeur et poursuiveuse, une nouvelle suppléante fut engagée, mais Lily oublia rapidement son nom, toujours perturbée par les échanges entre Rose et Scorpius.
- C'était long ! râla soudainement Solange en sortant du terrain. Pourquoi auditionner de nouveau chaque membre déjà présent dans l'équipe ? On sait tous qu'ils vont rester.
- Pour garder de la cohérence au fil des années, répondit Hugo en posant son bras sur l'épaule de Solange. Allez c'était pour ta sœur, elle est prise maintenant tu n'es plus obligé de venir voir les entraînements si tu veux.
- Je suis contente pour Harry et Alice, mais j'ignore s'ils vont suffire en termes de talent, ajouta Mary. Kathleen Tiger a monté une assez bonne équipe malgré le départ de trois de nos joueurs. Peut-être que la coupe sera à nous cette année !
- Tu n'as jamais voulu essayer d'y jouer Mary ? proposa Lily sans pour autant se sentir impliquée dans le sujet.
- Tu plaisantes ? Ma mère me l'interdirait ! Pour elle, ce n'est qu'un sport masculin et de brutes, une femme ne devrait pas s'abaisser à ça…ni un né-Moldu. Je préfère observer et faire des pronostics, c'est plus stimulant qu'être simple spectatrice.
- Elle semble vraiment être une personne charmante, grimaça Hugo. Mais au moins, j'ai trouvé une parfaite coéquipière pour parier en plus de Louis.
Mary esquissa un sourire et tapa dans la main d'Hugo. Solange retrouva peu à peu sa bonne humeur tandis qu'ils se rapprochaient du château, mais Lily demeurait discrète, formulant des hypothèses qui pourraient justifier le comportement de Rose envers sa famille, mais aussi avec Scorpius.
Étrangement, au cours des jours, Jason et Lily formèrent un binôme déconcertant. Elle continuait à écrire des idées pour son récit de vampires pendant les cours d'histoire de la magie et Jason corrigeait, apportait son avis et approuvait tel choix. Bien qu'il lui rappelle à chaque séance qu'il se fichait de ce qu'elle rédigeait et qu'il l'aidait par ennui, Lily soupçonnait malicieusement que le garçon était néanmoins un minimum intéressé par ce qu'elle faisait, voire par le genre lui-même, sinon pourquoi s'impliquerait-il à lui donner des conseils ?
Pourtant, Lily n'appliquait pas sans arrêt ses recommandations et refusait de trop modifier son intrigue : cela parlait d'une née-Moldue qui, lors de ses vacances en Écosse, rencontra un vampire froid, mais au cœur sensible. Il s'imprégna d'elle en la sauvant d'un danger, mais avant de lui avouer ses sentiments, la jeune fille retourna à l'école et donc loin de lui. Le souci, c'est qu'un Sang-Pur de son âge, calculateur, mais sentimental, lui tournait autour et qu'il était déchiré entre le dégoût de son sang et son attirance envers elle, tout comme cette dernière ne pouvait oublier la créature ténébreuse.
- Pitié Potter, c'est niais enlève ça ! supplia Jason pour la troisième fois en relisant son pitch en grimaçant.
- Non ! protesta Lily, intraitable.
- Allez, insista Zabini en baissant la voix, car la professeure Brocklehurst commençait à regarder vers eux, un triangle amoureux, c'est trop cliché !
- Mais on en a besoin pour développer les personnages !
- Si l'amour est leur seule excuse pour évoluer, c'est qu'ils sont mal construits.
- Bien sûr que si, ils sont travaillés, mais ce triangle est important ! Sans ça, le vampire ne pourra jamais comprendre qu'il doit être plus doux avec elle pour mériter son amour.
- Depuis quand on « mérite » l'amour de quelqu'un ? Et ce gars est trop nocif pour elle, pareil pour l'autre mec, on dirait qu'ils ont les mêmes caractéristiques, au détail près que le deuxième soit un Sang-Pur raciste ! Aucun des deux ne peut sortir avec elle sans que ça ne devienne une histoire toxique.
- Depuis quand être romantique, c'est toxique Zabini ?
- Mais ce n'est pas la question, tu expliques qu'il est dégoûté par son statut de né-Moldu ! L'amour qui apparaît de la haine ou créer des personnages bad boys, ça véhicule un terrible message sur les relations, romantisme ou non, il faut absolument que tu changes ça.
- Et c'est toi qui dis après que tu te fiches de ce que j'écris et des romans sentimentaux ?! Toi qui en plus serais un dragueur selon les rumeurs ?!
- Ça n'a rien à voir !
La cloche sonna et coupa net la discussion. Les deux voisins rangèrent leurs affaires en silence et se quittèrent sans un mot, comme à chaque séance. Voilà deux semaines qu'ils se livraient au même manège et attendaient la prochaine heure de cours pour reparler. Lily montrait constamment les propositions de Jason à la fin de la journée à ses amis pour connaître leur avis (bien qu'elle ne soit jamais rassurée à ce sujet). Mary était généralement d'accord avec Jason, Hugo exprimait de la neutralité dans tous les cas et seule Solange éprouvait un véritable intérêt dans ce qu'elle faisait, dévorant chaque paragraphe que Lily rédigeait.
Mais exceptionnellement, alors que Jason allait disparaître aussi rapidement que d'habitude en traversant le couloir, il fut retenu par Mary dès qu'il passa la porte, Hugo et Solange derrière elle.
- Dis donc Zabini, on dirait que tu t'entends avec Potter à ce que je vois, s'adressa Mary avec un petit sourire en coin.
- Elle m'amuse oui, répliqua Jason avec détachement.
Lily fut un peu pincée par sa réponse, mais préféra ne rien dire. Elle était davantage interloquée par l'intervention soudaine de Mary et de la façon dont elle s'exprimait devant Jason. Elle ne l'avait plus appelé « Potter » depuis des mois !
- Tu sais Zabini, si jamais tu veux te joindre à nous, tu pourras commenter autant que tu le souhaites la fiction de Lily. Et puis je t'avoue que je me sens assez seule comme unique Serpentard dans cette bande, je ne pense pas non plus qu'Hugo cracherait sur une présence masculine supplémentaire.
Solange regarda Lily et fut tout aussi sonnée qu'elle. Mary n'avait jamais éprouvé le désir d'ajouter une personne en plus, Serpentard ou non, à leur groupe. De plus, rare étaient les fois où elle semblait autant à l'aise pour parler à quelqu'un, elle réservait toujours son ton froid et son visage détaché aux membres extérieurs du quatuor. Quant à Hugo, à la grande surprise de Lily, il acquiesça discrètement bien qu'il regardait ailleurs, visiblement pas tout à fait à son aise. Pourtant, lui non plus ne s'était jamais plaint d'être le seul garçon. Il lui arrivait de partir de temps en temps avec son groupe de rôliste, mais être dans un cercle majoritairement féminin ne lui posait aucunement problème. Peu à peu, Solange se cacha derrière le dos d'Hugo. Jason ne lui avait jamais rien fait, mais elle gardait une forme de méfiance envers les Serpentard.
- Ma situation actuelle me convient, haussa les épaules Jason. Qu'aurais-je à gagner avec vous ?
- Je me posais la même question avant et regarde-moi, c'est bien moins ennuyeux en étant entouré, renchérit Mary, avec assurance. Nous n'avons rien contre toi tu sais.
- Je verrais, conclut Jason en ajustant son sac sur son dos avant de s'en aller. À un de ces jours.
Lily ouvrit la bouche qu'une fois le petit groupe installé près du saule, où elle demanda aussitôt à Mary :
- C'était quoi ça ? Pourquoi as-tu proposé à Jason de nous rejoindre ?
- Pourquoi pas, répondit tranquillement Mary en sortant son livre de science politique et sociale. Après tout, il te parle, je le connais, et bien qu'il refuse de le reconnaître, Hugo ne serait pas dérangé si un garçon s'ajoutait. Même Solange pourrait s'entendre avec lui, elle a déjà vu qu'il n'était pas méchant en étude des runes.
- Mais on ne sait pas tellement qui il est, argumenta Solange pas très à l'aise. Excepté qu'il collectionne les préservatifs…
- Raison de plus pour apprendre à le connaître, objecta Mary en ignorant la dernière phrase de Solange alors qu'Hugo pouffait derrière elle. Tu as bien réussi avec moi.
- Ce n'est pas pareil, rougit Solange en fixant le sol. Lily te faisait confiance, tu l'avais déjà aidée et Hugo te parlait depuis des mois. Il ne discute qu'avec Lily depuis quelques semaines à peine et aucun de nous n'est familier avec lui.
- Je suppose qu'en vérité, Lily doit bien l'aimer sinon elle n'aurait pas de conversation avec lui à chaque cours de Brocklehurst, intervint soudainement Hugo.
- Plus ou moins, acquiesça discrètement Lily, ne sachant pas quoi penser. Mais il est quand même un peu…prétentieux par moments.
- On a tous des défauts, pourtant on se supporte mutuellement, rappela Mary.
Lily hocha la tête, à court d'arguments et Solange devait également ne plus savoir quoi répondre de convaincant. Elle n'était pas vraiment contre l'idée d'intégrer Jason dans le groupe, mais…pourrait-elle autant se confier à lui ou partager les mêmes discussions qu'avec Hugo, Solange et Mary ?
- De toute façon, il faut d'abord voir s'il est d'accord, conclut Hugo en regardant le lac au loin. C'est à lui seul de décider.
- Tout à fait, affirma Mary.
- Pourtant il ne semble pas grandement motivé à venir, grimaça Solange, pas vraiment convaincue.
- Ma main à couper que c'est du bluff. Il doit être trop fier pour admettre qu'il en a envie.
La réponse de Mary ne suffit pas à rassurer Solange si on se fiait à son visage. Elle préféra prendre ses notes de chorales et chantonner tout bas. Lily de son côté, voyant que chacun était concentré sur une activité pendant cette récréation, ressortit la Gazette du sorcier qu'elle avait entamé lors du petit-déjeuner et continua à sa lecture.
À la page dix, quatre paragraphes étaient consacrés au procès de James. L'ultime session se déroulera demain après-midi. Ces derniers jours, Lily se forçait à se focaliser sur ses vampires pour essayer de ne plus y penser, mais elle gardait néanmoins de vastes nœuds au ventre. Lucy s'en irait ce soir et les parents de Lily feraient le maximum pour éviter les journalistes, pourtant, Lily craignait à tout moment qu'une catastrophe arrive.
- James a juré à Scott de s'en sortir, tenta de se rassurer Lily en se souvenant de la précédente lettre de son frère. Il m'a promis d'être là pour Noël…tout finira par s'arranger…
Si elle devait se fier à ce que les adultes disaient d'elle en la rencontrant, on pourrait croire que Solange ne se limitait qu'à n'être comparée aux anciens défauts de jeunesse de ses parents. Elle avait hérité de leurs nervosités, leurs manques de sureté, les cheveux bruns de son père et ainsi que ses yeux. Frank était l'inverse de ce qu'était Neville Londubat durant son adolescence : grand, très bon joueur de Quidditch, blond comme les blés de même que sa mère, une assurance spontanée, il plaisait facilement aux filles, populaire, Gryffondor dans l'âme et un élève honorable, en particulier en potions. Alice, était le parfait mélange : une chevelure auburne, des iris marron, timide au premier abord, mais en réalité confiante et sociale. Elle se débrouillait également au Quidditch, possédait un charme naturel et rares étaient ceux qui ne l'aimaient pas.
À côté d'eux, Solange était « la » tache, un produit raté, l'enfant du milieu souffrant d'un complexe d'infériorité ayant hérité davantage des défauts de ses parents que de leurs qualités. Même son prénom semblait être une anomalie entre ceux de sa fratrie. Tout le monde se souvenait de Frank et Alice Londubat, le couple d'aurors tombé face à quatre mangemorts et rendu fou, mais très peu savaient qui était Solange Abbot née Carpentier, la mère d'Hannah.
Voilà vingt-quatre ans que cette femme avait été assassinée dans son salon, pour unique crime d'être une née-Moldue mariée à un descendant d'une ancienne famille de Sang-Pur. Ce fut naturellement pour lui rendre hommage que Solange fut nommée ainsi, comme grand nombre de ses camarades ayant perdu un lointain parent à cause de la guerre ou des mangemorts. Mais contrairement à Frank et Alice, le nom de Solange n'inspirait guère : il ne rappelait rien, sonnait étrangement pour un anglais et était coincé entre deux figures plus importantes, de la même façon que la vie de Solange.
Si ce n'était pas son grand frère ou sa petite sœur, Solange se comparait à Lily ou Mary. Elle aurait tant aimé être comme elles : si fortes, si belles, si indépendantes et un caractère bien défini. Solange était leur ombre, marchait derrière elles, mais impossible d'espérer d'être leur égale, elle ne saurait pas gérer l'attention obtenue. Au fond, peut-être que Solange s'en complaignait d'être au fond de la scène : c'était certes désagréable, mais étrangement rassurant. La popularité adolescente ne l'intéressait pas, ni la convoitise d'autrui pourtant malgré elle, Solange ne pouvait s'empêcher d'admirer les autres filles : celles dont la confiance était naturelle, dont le répondant était immédiat et qui étaient capables de tenir une conversation avec des inconnus. Celles qui, contrairement aux trois vipères, ne passaient pas pour des pimbêches et étaient aimées de tous.
Quelle qualité réelle possédait Solange ? La gentillesse semblait être un cadeau empoisonné, une valeur hasardeuse qu'on attribuait à ceux qui n'avaient aucune personnalité distincte. « Tu es gentille », qu'est-ce que ça voulait dire facilement ? En grandissant, ce mot lui paraissait de plus en plus fade. Bonne élève ? Oui sans doute, mais pas plus que n'importe quel Serdaigle. Mignonne ? Elle n'avait plus l'âge d'être mignonne, certaines de ses camarades avaient déjà l'air d'être comme des femmes, Solange peinait de son côté de se débarrasser de ses joues d'enfants. Une belle voix ? D'accord, peut-être un point, même si elle n'aimait pas s'en vanter.
Un don, voilà ce que lui avait dit Flitwick lorsque poussée par Hugo et Lily en deuxième année, elle lui fit écouter ses vocalises à la fin de l'année. Solange adorait chanter depuis toute petite, bien que doucement habituellement. Elle oubliait tout quand elle faisait vibrer ses cordes vocales. Pourtant, en groupe, Solange ne pouvait s'empêcher de la diminuer, comme par crainte d'être remarquée. Elle avait refusé le moindre solo à la chorale et ainsi sa voix se fondait parmi les chanteurs. Verrait-on une véritable différence si elle s'absentait lors d'une séance ? Une soprano, ça se remplace très vite de nos jours…et puis, hormis ses amis et son professeur, aucun autre ne connaissait son potentiel avéré. Mais l'idée de se taire à jamais et de ne plus progresser, malgré sa capacité préservée, l'attristait affreusement. Et de toute façon, ses proches veillaient bien à ce qu'elle n'abandonne pas.
Mais cela suffisait-il pour s'aimer ? Clairement pas. Qu'elle existe ou non, cela n'aurait guère bouleversé le monde sorcier. À part peut-être pour ses persécuteurs, il avait trouvé la victime parfaite à brimer, sans elle, ils se seraient peut-être moins amusés. Bien qu'elle sait qu'elle n'était pas la seule et que ses amis faisaient de leur mieux pour la protéger, cela n'était pas assez pour qu'elle cesse de se dénigrer. Partout, jusqu'à dans sa propre maison, elle était moquée, jugée et mise à l'écart, peu importe l'âge. Il était même arrivé que les copines de Roxanne, quand cette dernière n'était pas là pour les empêcher de la rabaisser, se moquent d'elle. Les trois pestes avaient arrêté les attaques directes depuis quelques mois, mais Solange se doutait qu'elles riaient d'elle et l'humiliaient une fois dès que Solange avait le dos tourné. Il n'y avait pas une journée où elle ne craignait pas de s'aventurer dans l'école, que ce soit seule ou avec ses amis.
Qu'importe si elle n'avait rien fait ou dit, car ce qui était drôle selon ses camarades, c'était à quel point elle était si sensible et trop effrayée pour riposter. La faire peur ou pleurer était d'une facilité insultante. La petite Londubat fondait en larmes au moins une fois par jour, mais elle se cachait, par honte. En première année, Solange se confiait à ce sujet à ses amis et même à Rose Weasley grâce à leur maison commune, mais peu à peu, elle avait arrêté. Solange en avait assez de se plaindre, de paraître comme une enfant faible face à ses proches. Elle leur faisait confiance bien entendu et savait qu'ils feraient tout pour elle, mais elle avait la sensation de leur apporter que du négatif.
Elle ne voulait plus être un poids ou le boulet de service, quitte à s'effacer encore plus et prétendre que tout va bien. L'été était plus simple, au calme, chez elle, loin des mauvaises langues et des yeux de vipères. Mais chaque rentrée était plus difficile d'année en année. Elle se haïssait tellement d'exister...tellement que, tel un elfe de maison, elle a décidé de se punir elle-même au moindre faux pas. Ironiquement, c'est Lily et sa passion Moldue pour les « Dix-nez » qui l'avait inspiré. Comme cette princesse de glace qui se blâmait à cause de ses pouvoirs trop dangereux pour autrui. « Cache, ne ressent pas, ne les laisse pas savoir », cette femme avait réussi à détourner ces paroles pour chanter sa libération mais ces mots étaient devenus pour Solange, le symbole de sa retenue permanente. Toujours s'efforcer de se contrôler, ne rien faire paraître…surtout devant Lui. Mais elle échouait, régulièrement et ses états d'âme reprenaient le dessus.
Cela avait commencé par des privations de repas, des devoirs supplémentaires et des douches froides pour se remettre les idées en place. Mais l'insuffisance de résultats la força à adopter une toute nouvelle tactique. C'est en se souvenant des poignets de Cameron Wisniowski lors d'un cours de potions à la fin de la troisième année qu'elle comprit quelle autre forme de punition elle pouvait s'impliquer. Ce fut compliqué de l'appliquer sans prendre le risque d'être attrapé. Les couverts de la Grande Salle ou les outils de découpe utilisés avec le professeur Slughorn étaient très surveillés (les vols s'étaient multipliés une décennie plus tôt). La réponse se présenta naturellement en retrouvant dans ses propres affaires, un rasoir jamais servi.
Elle ne parvint pas à aller jusqu'au bout la première fois, cela lui fit trop mal. Elle ressentait comme une brûlure à chaque passage et la vue du sang qui perlait, l'angoissait. Cependant, à chaque nouvelle tentative, elle arrivait plus loin et plus profondément. À force d'entraînement, les plaies se multiplièrent et s'agrandirent. Pourtant, plus elle continuait, plus elle souhaitait que cela s'arrête, rêvant même que quelqu'un intervienne et la retienne dans sa folie. Solange avait carrément essayé une fois en classe par pure provocation, mais qui ferait attention à elle dans la tour d'astronomie ? Elle en fut à la fois soulagée, mais mortifiée du peu d'intérêt qu'on éprouvait pour elle. Son idée stupide lui valut une bonne correction après les cours, au point qu'elle en tacha son haut.
Aujourd'hui, dans son lit, le bras levé devant elle, Solange regardait son poignet droit. Il y avait cinq grandes lignes et trois petites coupures. Grâce à l'automne et au froid qui arrivaient, ses membres étaient bien mieux cachés que par ses chemises qui perdaient de plus en plus leur opacité et les collants plus épais. Elle aimait relever ses manches par beau temps, mais elle ne le faisait plus depuis longtemps et porter des chemises d'été était désormais un lointain souvenir. Personne n'avait remarqué ce changement. Personne ne le devait. Solange ne savait pas si elle était capable d'arrêter cette boucherie, mais quelque chose au fond d'elle se fichait de souffrir inutilement. Néanmoins, il risquait de ne plus avoir de place sur ses avant-bras à ce rythme… elle devrait bientôt passer à ses cuisses, peut-être même à son ventre s'il le fallait. Elle ignorait si des cicatrices resteraient au long terme, mais qu'importe, car de toute façon, qui ne s'en soucierait ?
Et voilà ! Encore beaucoup de choses n'est-ce pas ?
Deux remarques : c'est normal pour la référence à Disney si les paroles ne sont pas les mêmes, j'ai traduis quasi littéralement de l'anglais. Ensuite, si jamais il y a des personnes dans le cas de Solange, pareil, parlez-en, vous n'êtes pas seuls, on peut vous aider.
Quant à James, l'issu de son procès selon vous ? Et Lucy ? Réponse au chapitre 14 dans une semaine Wake up !
A bientôt !
