Je ne possède aucun des personnages des différents fandoms.

Recueil de textes tout fandom confondus dans le cadre du Angstober 2024

En espérant que cela vous plaise

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


Tremblement (Prodigal Son)

Malcolm Bright fixait ses mains avec une intensité presque douloureuse, comme si la force de son regard pouvait suffire à arrêter leurs tremblements incessants. Mais c'était peine perdue. Ses doigts continuaient de danser une valse frénétique, trahissant l'angoisse qui le dévorait de l'intérieur. Assis sur une chaise bancale dans ce qui semblait être un entrepôt abandonné, Malcolm sentait le poids du regard de Martin Whitly peser sur lui. Son père, le tristement célèbre "Chirurgien", venait de s'évader de prison et l'avait kidnappé. La situation aurait été risible si elle n'était pas si terrifiante.

- Eh bien, mon garçon, lança Martin d'une voix mielleuse, on dirait que quelqu'un a besoin d'une petite tasse de thé pour se calmer. Oh, attends ! J'oubliais que nous n'étions pas à un de nos petits rendez-vous en prison. Quel dommage !

Malcolm serra les dents, refusant de répondre à la provocation. Il savait que son père se délectait de le voir ainsi, vulnérable et effrayé. C'était un jeu pour lui, un jeu cruel dont Malcolm avait toujours été le pion principal.

- Tu sais, continua Martin en faisant les cent pas autour de la chaise, je pensais que toutes ces années de thérapie t'auraient un peu endurci, mais regarde-toi ! On dirait un petit chiot apeuré.

Les mains de Malcolm tremblèrent de plus belle. Il les serra en poings, enfonçant ses ongles dans ses paumes jusqu'à sentir la douleur. Tout plutôt que de laisser son père voir à quel point il était affecté.

- Je ne suis pas apeuré, rétorqua-t-il enfin, sa voix plus assurée qu'il ne l'était réellement. Je suis juste... surpris de voir à quel point la vie en prison t'a ramolli, papa. Tu manques cruellement d'originalité.

Martin éclata d'un rire qui glaça le sang de Malcolm.

- Oh, mon garçon ! Toujours aussi mordant. C'est ce que j'aime chez toi, mais tu oublies une chose importante : je n'ai pas besoin d'être original. La simple vue de tes mains tremblantes me suffit amplement.

Malcolm ferma les yeux un instant, tentant de retrouver son calme. Il pouvait presque entendre la voix de sa thérapeute lui rappelant ses exercices de respiration. Inspire, expire. Inspire, expire, mais même cela semblait hors de sa portée à cet instant.

- Tu sais, reprit Martin en s'approchant, j'ai toujours trouvé fascinant ce petit tic nerveux que tu as développé. C'est presque... chirurgical dans sa précision. As-tu déjà pensé que tu aurais pu faire un excellent médecin, Malcolm ? Avec un peu d'entraînement, ces mains tremblantes auraient pu devenir des instruments de précision remarquables.

- Arrête ça, siffla Malcolm, la bile lui montant à la gorge à l'idée de ressembler de quelque manière que ce soit à son père.

Martin sourit, visiblement ravi de l'effet de ses paroles.

- Oh, allez, mon garçon ! Un peu d'humour ne fait de mal à personne. Enfin, presque personne.

Malcolm rouvrit les yeux, fixant son père avec un mélange de dégoût et de fascination morbide. C'était toujours ainsi entre eux : une danse macabre où l'horreur et l'amour filial se mêlaient de façon indissociable.

- Pourquoi m'as-tu amené ici ? Demanda-t-il finalement, tentant de reprendre le contrôle de la situation.

Martin haussa les épaules avec une nonchalance feinte.

- Pour passer du temps de qualité avec mon fils, bien sûr ! La prison n'est pas vraiment l'endroit idéal pour renouer les liens familiaux, tu ne crois pas ?

Malcolm ne put retenir un rire amer.

- Des liens familiaux ? Tu plaisantes j'espère ? Tu es un tueur en série, papa. Le seul lien que nous ayons, c'est celui que tu as utilisé pour m'attacher à cette chaise.

Les yeux de Martin s'assombrirent légèrement, une lueur dangereuse y dansant.

- Tu me blesses, Malcolm. Après tout ce que j'ai fait pour toi...

- Ce que tu as fait pour moi ? S'exclama Malcolm, sa voix montant dans les aigus sous l'effet de l'incrédulité. Tu as détruit ma vie ! Tu as fait de moi... ça ! Ajouta-t-il levant ses mains qui tremblaient toujours pour illustrer son propos.

Martin s'approcha, posant une main sur l'épaule de Malcolm qui ne put s'empêcher de frissonner de peur à ce contact.

- Mon garçon, murmura-t-il, je t'ai rendu unique. Spécial. Grâce à moi, tu as une compréhension de l'esprit humain que peu de gens peuvent se vanter d'avoir. N'est-ce pas un cadeau merveilleux ?

Malcolm sentit les larmes lui monter aux yeux, mélange de rage et de désespoir. Ses mains tremblaient de plus belle, comme pour souligner l'absurdité des propos de son père.

- Un cadeau ? répéta-t-il d'une voix brisée. Tu appelles ça un cadeau ? Les cauchemars, la peur constante, l'incapacité à avoir des relations normales... C'est ça ton merveilleux cadeau ?

Martin soupira, comme déçu par la réaction de son fils.

- Tu es si… dramatique, Malcolm. Tu ne vois donc pas la beauté de notre situation ? Nous sommes liés par quelque chose de bien plus fort que le sang. Nous sommes liés par la compréhension de la noirceur qui habite chaque être humain.

Malcolm ferma les yeux, tentant de bloquer les paroles de son père, mais c'était impossible. Elles s'insinuaient en lui, réveillant des peurs qu'il avait passé des années à tenter d'enfouir.

- Je ne suis pas comme toi, murmura-t-il, autant pour convaincre son père que lui-même.

Martin rit doucement.

- Oh, mon garçon. Tu es bien plus comme moi que tu ne veux l'admettre. Ces mains qui tremblent ? Ce n'est pas de la peur. C'est de l'excitation. L'excitation de savoir que tu es capable de bien plus que ce que tu t'autorises à être.

Malcolm ouvrit brusquement les yeux, fixant son père avec horreur.

- Tu es fou, souffla-t-il.

- Peut-être, concéda Martin avec un sourire, mais je ne suis pas celui dont les mains tremblent à l'idée de ce qu'il pourrait faire s'il se laissait aller.

Et tandis que Malcolm luttait contre les tremblements qui secouaient son corps tout entier, il ne put s'empêcher de se demander si, quelque part au fond de lui, son père n'avait pas raison. Cette pensée, plus que tout le reste, le terrifiait au plus haut point.