En accord avec la prophétie (je veux dire mes habitudes), j'ai écrit ce chapitre sur deux jours, entre hier et aujourd'hui. J'ai réussi à raconter quasiment tout ce que j'avais prévu, mais ça me satisfait. Le dernier bout a tout autant sa place dans le prochain chapitre.
Que dire de plus... Je crois que je l'ai déjà dit ici, mais je vois distinctement la fin de l'histoire approcher maintenant. J'ai même un nombre exact de chapitres à vous donner, que je mettrai en bas de page pour celleux que ça intéresse (pour celleux qui ne veulent pas de ce spoil, passer la partie en italique, et retenez bien de me laisser des reviews 3)
Merci à celles que je retrouve sur chaque chapitre, j'espère que celui ci vous plaira! Normalement vos yeux devraient rester à peu près secs sur celui là... Profitez en bien pendant que ça dure! (wink wink)
Encore une fois, un grand merci aux personnes qui laissent des reviews, même un simple merci. Je lis tout, je réponds généralement, et c'est pour partager mon histoire que je la publie, après tout.
Bonne lecture!
«Ma chérie,
Nous sommes fiers de savoir que les professeurs t'ont autorisée à passer les examens de l'année supérieure. Nous savons que tu peux y arriver, tu as toujours été très intelligente. Nous espérons que tu ne stresses pas trop, et nous te souhaitons bon courage pour tout ça!
Nous t'envoyons quelques bonbons à partager avec tes amis pour stimuler vos neurones en prévisions des examens!
C'est moi qui viendrai te chercher à la gare dans deux semaines. Je t'attendrai devant les piliers.
Bisous de tous les deux,
Papa»
Avec cette lettre, reçue le matin de la première semaine d'examens, tout se précipite. Je suis tellement fatiguée d'avoir dû me bourrer le crâne à fond que je suis juste soulagée que ça soit enfin fini. Je n'angoisse même pas pour les examens. De toute façon, je sais que j'aurai une bonne note. La question est surtout de savoir si ce sera suffisant pour la deuxième année. Au moins, j'ai bon espoir que mes parents acceptent de me laisser sauter une classe, si tel est le cas. Avec l'aide d'Ewald, nous avons très bien préparé le terrain, en évitant le sujet sensible de ma poitrine, toujours en suspens pour quelques semaines encore. Avec les autres, nous avons fixé la date de notre réunion pour gérer Kayns juste après les examens, la veille de notre retour chez nous. Comme ça, nous pouvons nous concentrer pleinement sur les examens, surtout les septième année pour qui les résultats vont être déterminants.
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C'est le premier matin d'examen. En face de moi, Ewald mange son petit-déjeuner avec appétit, et seul ma familiarité avec lui me permet de déceler la légère tension qui l'habite. Alphonse, lui, semble avoir été finalement rattrapé par le stress ambiant. Il a mis la main sur les notes bien organisées d'une Serdaigle de son groupe et n'arrête pas de les relire à mi-voix frénétiquement tout en engloutissant ses tartines fromage-confiture d'une main. Il fait presque peur à voir. J'ai du mal à ne pas éclater de rire devant la scène, surtout lorsque la Serdaigle en question réalise, justement, que ses notes sont entre les mains de mon ami.
«Bludfire!» la rage pure et entière dans la voix de la bleu et bronze fait sursauter Alphonse, qui pâlit légèrement en découvrant la fille plantée à côté de lui, vibrante de colère.
«A-Amy! Je peux tout expliquer!
-On ne t'a pas appris, à ton âge, à ne pas voler les notes des Serdaigle?» demande elle, d'une voix soudain dangereusement calme
«M-mais tu me les as prêtées!
-Je t'ai autorisé, ce matin, à la bibliothèque, à y jeter un œil. Je ne t'ai jamais autorisé à les emporter!»
Houlà, Alphonse, à la bibliothèque de son plein gré, avant même le petit déjeuner? J'ai sous estimé la gravité de son stress on dirait. J'échange un coup d'œil ironique avec Ewald, qui continue à manger comme si de rien n'était. Je sais qu'il est en train de graver la scène dans sa mémoire avec grand amusement.
«M-mais je pensais que je pouvais les utiliser pour réviser! Et il fallait que je mange, aussi, c'est bon pour faire fonctionner le cerveau!»
Les plaintes d'Al' disparaissent sous les cris courroucés de sa camarade et j'éclate franchement de rire lorsqu'elle parvient à récupérer son bien, de haute lutte, avant de lancer un sortilège vicieux à mon ami, faisant apparaître des pustules violettes sur ses mains. Personne n'intervient pour aider le Gryffondor, même les professeurs présents dans la salle, qui ont dû voir la scène. Il l'a mérité. Ne jamais provoquer de Serdaigle en période d'examens.
«C'est ça, moque toi!» geint Al', pendant qu'Ewald fait posément et efficacement disparaître les pustules de ses mains (lui aussi s'est amélioré en sorts de soin à force de me fréquenter). «Comment je vais faire pour me souvenir des dates maintenant?
-Tu n'avais qu'à écouter en cours.» je hausse les épaules, affichant une neutralité de façade même si je commence à éprouver un peu de compassion devant le désespoir de mon ami.
«Mais j'ai écouté en cours!» réplique il, d'un ton plaintif.
«Alors tout devrait bien se passer.» je lui souris, et il secoue la tête.
«Tout le monde n'a pas ta mémoire, Viv'… Et puis d'abord, tu commence avec quoi toi?
-Métamorphose, première année.»
Alphonse lève les yeux au ciel
«Ah oui, c'est vrai que tu as décidé que passer les examens d'une seule année était trop facile pour toi.» Il ajoute, en se tournant vers le Serpentard à côté de lui «Merci Ewald, toi au moins t'es un vrai bro.»
Je pense que le vert et argent parvient à garder sa poker face uniquement grâce à sa maîtrise de l'occlumencie, mais je vois dans ses yeux le choc qu'il ressent à la formulation du Gryffondor. Sur ses entrefaites, je tourne la tête vers Arthur pour voir si il a suivi la scène, mais il est toujours à moitié liquéfié de stress à deux places de moi, à côté de Cian qui tente de le faire avaler quelque chose. Je soupire à part moi. Vivement qu'on en aie fini avec les examens. Les gens sont vraiment bizarres à cette période. Et je ne peux même pas me comporter comme d'habitude, parce qu'avec cette histoire de sauter une classe même moi je suis obligée de les prendre au sérieux!
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Mercredi. Le début des examens s'est passé sans encombre, et j'ai déjà passé la Botanique, les Sortilèges et l'Histoire de la Magie de seconde année. Ce matin, j'ai Sortilèges pratique et DCFM théorique de première année, et Métamorphose théorique de seconde année. Comme les examens se déroulent aux mêmes horaires, les profs ont dû trouver une solution. C'est comme ça que je me retrouve à ouvrir la porte d'une salle de classe inoccupée près de la grande salle, un peu hésitante.
«Miss Mackson? Bien, vous êtes là. C'est moi qui suis chargé de vous accompagner pour vos examens aujourd'hui.»
Longdubat m'offre un sourire encourageant avant de poursuivre:
«Comme je vous l'ai expliqué au préalable, nous sommes obligés de prendre certaines mesures pour vous permettre de participer à tous vos examens en même temps que vos camarades. Comme certaines épreuves sont en simultané, nous n'avons pas le choix. Bien. Pouvez-vous me rappeler les règles à suivre?
-Dès la fin de l'épreuve revenir dans la salle voisine et attendre que vous veniez me chercher, sans discuter avec qui que ce soit en sortant. Ne pas prendre le même chemin pour venir que celui que j'ai pris à l'instant.»
Mon directeur fronce légèrement les sourcils tout en acquiesçant.
«C'est très bien. Je compte sur vous pour vous en tenir strictement aux consignes.
-Bien sûr professeur.»
Mon interlocuteur lance un tempus avant de m'offrir un nouveau sourire encourageant.
«On va pouvoir y aller. Je vous laisse passer vôtre poignet ici.» m'indique il en désignant une boucle de la chaîne du retourneur de temps. Je m'exécute avec sérieux. Il enroule reste de la chaîne autour de son propre bras avant d'appliquer des tours au petit sablier suspendu entre nous.
Je ne ressens rien de particulier lorsque nous remontons le fil de la matinée à contre courant, à peine une légère sensation de malaise qui se dissipe rapidement. Longdubat lance un nouveau tempus avant de ranger le remonteur de temps dans une poche de sa robe.
«C'est parfait, suivez-moi.»
Je lui emboîte le pas sans hésiter alors qu'il me guide jusqu'à la grande salle. Nous entrons alors que tout le monde est déjà installé. Je fais abstraction des regards curieux alors que je m'installe à la place qui m'a été réservée, près de la sortie. Je sais que Jones n'attendait que ma présence pour démarrer l'épreuve. Il a été en effet jugé prudent que j'arrive le plus tard possible pour ne pas risquer de me croiser à la sortie de mon examen théorique de DCFM.
Comme les autres examens de seconde année auxquels j'ai pu participer, celui-ci ne me semble pas d'une difficulté redoutable, même si la Métamorphose n'est pas ma matière de prédilection. Je finis en avance, comme toujours, et suis autorisée à quitter la salle dès que j'ai rendu ma copie. Les regards d'une poignée d'élèves m'accompagne. Il faut dire que je cumule les particularités. Le baby monster, qui passe les examens de seconde année, qui arrive presque en retard escortée par le directeur de maison de Gryffondor et qui se paye en bonus le luxe de finir en avance… Je ne fais pas de détour sur le chemin, me dirigeant vers la pièce où on m'a dit d'aller en respectant toutes les consignes qu'on m'a données, même si je sais que je ne me croiserai pas, vu que j'ai fini l'examen pratique vers la fin de l'heure.
J'ai passé un bon moment, d'ailleurs. Les Sortilèges sont vraiment une bouffée d'oxygène, et en faire la démonstration devant les examinateurs était agréable. Comme ils ont vu que j'avais de l'aisance, ils m'ont même laissé montrer un sortilège de mon choix, et je crois que ma démonstration d'incendio leur a fait une bonne impression. Pour passer le temps en attendant Longdubat, j'écris un peu dans mon carnet étoilé. Il me tarde vraiment que tout ça soit fini, mais je suis fière de moi. Les examens se passent bien, j'ai réussi à tenir jusque là. Ça veut aussi dire qu'Ewald et Arthur vont quitter Poudlard, bientôt, mais je refuse de m'y attarder pour l'instant. Pas alors que je sais que je retournerai au manoir Émeraude dans quelques semaines. Chaque chose en son temps.
Pendant la semaine et demie qui suit, je dois à nouveau utiliser le retourneur de temps à deux reprises, supervisée par différents professeurs. Les deux autres fois, je suis également accompagnée d'un ou deux élèves qui doivent passer des options supplémentaires. Apparemment, c'est assez exceptionnel, mais chaque année il arrive que des élèves sont soit dans ma situation, ou, plus souvent, décident de prendre absolument toutes les options possibles. Dans certains cas, c'est même certaines options qui ne sont pas vraiment au programme de Poudlard, car trop spécifiques, comme une formation parallèle en médicomagie par exemple (ce qu'Arthur n'a pas fait, d'ailleurs, même si il aidait régulièrement à l'infirmerie).
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Au final, les deux semaines d'examens se déroulent sans trop d'encombres. Même les moments de douche dans mon dortoir, d'habitude synonymes de moqueries et de tension, sont moins compliqués que d'ordinaire. Le fait que je passe les examens de l'année supérieure, en plus de ma réputation de Baby Monster et mon statut plus ou moins établi d'héroïne de Quidditch qui se bourre la gueule comme les grands ont fini par me donner une aura intouchable pour Faith et le reste des filles du dortoir, on dirait. Ou alors elles angoissent trop pour leurs résultats? Sérieux, y en a même deux qui sont venues me voir, en douce, au détour d'un couloir avant l'épreuve de DCFM pour me demander des conseils. Et comme je suis trop gentille (et que je voulais avoir la paix, surtout), je les leur ai donné. Suite à ma discussion avec Scorpius, je me suis aussi assurée de ne pas le laisser seul, surtout lorsque les hasards des épreuves pratiques par ordre alphabétiques le séparaient de son groupe habituel. Vu que nos noms se suivent, ça ne m'a pas vraiment coûté. Et même si il n'a rien dit, j'ai vu qu'il savait que je faisais exprès, et qu'il était reconnaissant. Sa gratitude allume une pointe de colère en moi à chaque fois que j'y pense. Il ne devrait pas avoir besoin de garde du corps.
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Au petit déjeuner, le lendemain de ma dernière épreuve, je me retrouve à manger en tête à tête avec Arthur qui a lui aussi fini. Il semble avoir repris soudainement du poil de la bête, même son visage semble plus coloré que ces derniers jours où il était pétrifié de stress les rares fois où je l'ai aperçu.
«Je suis soulagé que ça soit fini!
-Je veux bien te croire.» je souris. «Où est Ewald d'ailleurs?
-À la bibliothèque. Il lui reste encore son épreuve d'Arithmancie, il devait vérifier deux trois trucs je crois.»
J'offre un sourire un peu fatigué au Poufsouffle, avant d'avouer:
«Il me tarde qu'il aie fini aussi. J'ai l'impression qu'on ne s'est presque pas vus ces dernières semaines.
-C'est vrai...» soupire Arthur. «Mais maintenant on a trois jours entiers pour faire plein de Dominaris avant de partir!»
Un grognement m'échappe. À part moi, je suis vaguement soulagée qu'il n'aie pas compris que je faisais surtout référence à Ewald, à la base, même si je suis aussi contente de pouvoir passer du temps avec lui. Et Alphonse, si il a survécu.
Comme si ma réflexion l'avait invoquée, je vois justement le rouge et or nous rejoindre d'un pas guilleret.
«Parlons peu, parlons bien! Y a une grosse fête au bord du lac ce soir pour fêter la fin des exams, vous viendrez?
-Je serai là!» répond Arthur avec enthousiasme
«Il va se passer quoi?» je demande, moins motivée
«Bah tu sais, le classique. Foutre le feu au feuilles de révision, faire quelques défis stupides, écouter de la musique… Chuis sûr que quelqu'un réussira à faire venir un peu d'alcool aussi.»
Il s'interrompt brusquement, avant d'ajouter:
«Interdiction de boire, Viv'!
-Ça ne m'intéresse pas de toute façon.
-Comment ça? Ça va être fun!
-Pas mon délire.» je réponds, avant de tirer un livre de mon sac pendant qu'Alphonse se plaint à qui veut l'entendre (Arthur) des première année qui ne savent pas s'amuser.
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Au final, je passe la soirée post exam avec Ewald dans ma tour, et ça nous convient parfaitement à tous les deux. Je pense que j'aurais aimé qu'on repasse du temps à quatre, avec les autres, mais on a encore le temps pour ça, et après toutes ces semaines de révisions intensives, puis les deux semaines d'examen à courir dans tous les sens en ne faisant que se croiser les uns les autres… Ça me fait beaucoup de bien d'être au calme avec le Serpentard. Les autres sont trop sociables pour nous de toute façon. Du coup, après le repas, on passe simplement la soirée ensemble, à bavarder d'un peu tout et n'importe quoi, fluidement. Un sujet en entraîne un autre. On parle de Poudlard, de nos souvenirs d'études, je parle un peu du lycée… Je n'avais jamais pris le temps de lui raconter ma vie en tant qu'Aurore. On parle aussi un peu de ce qui nous attend pour la suite. Pendant toute la discussion, je suis appuyée contre lui, ma tête sur son épaule et son bras qui m'entoure. C'est sans doute ce qui suffit pour que je ne panique pas. On parle de voyage lorsque j'admets, timidement, que je voudrais peut-être faire le tour du monde. Après Poudlard. Un jour. Je ne sais pas. C'est un rêve qui m'a suivie depuis que j'étais Aurore.
De fil en aiguille, il me parle pour la première fois ouvertement de la pression d'être parfait qu'il ressent. Que sa grand-mère lui a mise, qu'il s'est mise lui même, que la société lui a fait et lui fait ressentir. Qu'à force de toujours sembler presque parfait, encore plus de pression s'est ajoutée pour qu'il le soit. À demi-mots, au fil de la conversation, je crois deviner qu'il est en train de vivre pas mal de bouleversements, de remettre certaines choses en question, sans savoir à quel point c'est important pour lui, sans même savoir à quel point c'est conscient. À certains moments, nos mots laissent place à des échange de flux d'émotions lorsque nous ne savons pas formuler ce que nous voulons dire.
Le soir, on s'endort à nouveau côte à côte, main dans la main, et j'ai l'impression étourdissante de pouvoir respirer à pleins poumons. Pire, j'ai presque envie de voir la suite, l'avenir.
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Le lendemain, veille de nôtre retour chez nous, nous partageons le petit déjeuner tous ensemble. Al' a légèrement la gueule de bois après la fête de la veille, et Arthur ressemble davantage à un zombie qu'à un être humain. Ewald et moi nous sommes aussi couchés un peu tard, mais sans abuser autant que le Poufsouffle. Chacun passe la journée à faire le tour de ses amis, à échanger sur les examens, à dire au revoir au château… Définitivement, dans le cas d'Arthur et d'Ewald. Le Poufsouffle passe énormément de temps avec Cian, en plus de faire des jeux de société dans sa salle commune une dernière fois, et je le vois très peu ce jour là. Alphonse aussi est très occupé. Il fait un match de Quidditch improvisé avec des joueurs de toutes les maisons, dont Lily Potter qui essaie de m'y traîner de force, mais je décline, aidée en cela par la présence d'Ewald à mes côtés. Nous restons ensemble la plupart du temps, traversant le château pour qu'il lui dise au revoir, passant une heure ou deux à lire à la bibliothèque… En milieu d'après-midi, nous nous séparons pour qu'il puisse passer un peu de temps dans sa salle commune et discuter avec d'autres serpents, surtout ceux avec qui il a besoin de garder contact après Poudlard. Je profite donc de l'occasion pour ranger un peu ma tour, récupérer mon hamac au cas où… Comme il me reste du temps après, Ewald m'aillant prévenu qu'il en aurait au moins jusqu'au dîner, je décide de faire un tour à l'extérieur.
Beaucoup d'élèves ont eu la même idée que moi, et je suis sur le point de m'éloigner des rives du lac où une grande bataille d'eau est en cours lorsque je remarque Scorpius, un peu en marge du groupe. Il semble veiller sur les affaires de ses amis pendant qu'ils jouent avec les autres. Les jumeaux Potter, en particulier, sont en plein milieu de la mêlée, occupés à lancer des aquamenti maladroits en hurlant.
«Salut!
-Vivian!» s'exclame le Poufsouffle avec un grand sourire, et je ne regrette pas d'avoir fait un détour.
«La place est libre?» je demande, désignant le sol à côté de mon ami
«Oui!»
Je m'assois à côté de lui, et nous regardons quelques instants la bataille d'eau en silence. Une nouvelle fois, je suis marquée par la maturité de mon compagnon. Je suis un peu triste en me rappelant d'où elle vient.
«Tu n'avais pas envie de participer?
-Il fallait bien que quelqu'un surveille les affaires des autres pendant qu'il font les imbéciles!»
Il a esquivé ma question. J'hésite un peu à insister, mais je n'ai finalement pas besoin de le faire, car il reprend la parole.
«J'avais besoin de me reposer un peu après les examens, et je sais pas… Je ne suis pas sûr de me sentir prêt à ce genre de choses, je ne connais pas la moitié des élèves.»
Sous-entendu, faire une bataille d'eau dans laquelle un accident est si vite arrivé avec tout un groupe dont il ne sait pas si ils ont de la rancœur contre son père.
«On peut faire équipe, si tu veux.» je propose, impulsivement.
Scorpius a un petit rire, avant de répondre:
«Ça va, vraiment. Je suis content d'avoir l'occasion de passer un peu de temps avec toi avant de partir.
-Eva me déteste toujours?
-Euh… J'ai l'impression que ça va mieux» répond Scorpius, surpris par le changement de sujet. Il n'a pas conscience que son honnêteté Poufsouffle me met en difficulté, et que j'ai un peu de mal à admettre que moi aussi, ça me fait plaisir de discuter un peu avec lui. C'est une chose d'être vulnérable devant Ewald et les autres, qui savent réellement qui je suis, qui m'ont vue dans des positions peu enviables. C'en est une autre de l'être devant un gamin de onze ans avec qui j'ai été brouillée une partie de l'année.
Le silence s'étire un peu entre nous avant que le Poufsouffle ne le rompe.
«Dis, Vivian..?»
Le ton de sa voix me fait le dévisager. Il est tendu tout d'un coup, et j'appréhende la suite. Je demande quand même:
«Qu'est-ce qu'il y a?
-Même si tu passes en troisième année l'an prochain, on restera amis?»
Il rougit un peu et détourne les yeux à la fin de sa phrase, n'osant pas me regarder en face. Donc, même les Poufsouffle ont des limites pour exprimer leurs émotions? Je pourrais lui rappeler que j'ai dit qu'on ne serait plus amis. Je ne le fais pas, car je sais que c'est un mensonge, à ce stade. Même si il ne m'est pas aussi cher que mon petit groupe habituel, je ne me voile pas la face. Je tiens à lui.
«Bien sûr.» je réponds, essayant de le rassurer. «Tu es le premier ami que je me suis fait dans le Poudlard express, c'est très important ces amitiés là.»
Scorpius me regarde avec les yeux un peu ronds, essayant de déterminer si je suis sérieuse. Il doit échouer, car il demande:
«Tu le penses vraiment?
-Oui.» j'admets, du bout des lèvres. «Foutus Poufsouffle.» j'ajoute, suffisamment fort pour qu'il m'entende.
Son rire me prend au dépourvu, mais je le rejoins facilement.
«Vivian?
-Quoi encore?» je grogne, faisant mine d'être toujours embarrassée par mon étalage d'émotions
«Ton offre de faire équipe tient toujours?»
Je saute sur mes pieds avec soulagement.
«Carrément!»
J'échange un sourire avec le Poufsouffle, et nous nous lançons à notre tour dans la bataille d'eau. Et même si je l'aurais nié sous la torture, je passe un très bon moment.
Le soir, Ewald dort à nouveau à mes côtés, et je savoure le moment avec l'intensité qu'offre une pointe de désespoir. Demain sera le dernier jour à Poudlard, et il me faudra ensuite retourner chez mes parents.
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Le lendemain matin, après le repas de midi que j'ai partagé avec tout nôtre groupe habituel au grand complet, nous quittons la grande salle de concert pour rejoindre le QG. Il est temps de discuter de la marche à suivre pour le rendez-vous d'Arthur avec Kayns. Je m'installe sur une table à côté d'Ewald qui reste debout. Alphonse imite ma posture détendue, traînant un bureau pour s'y installer, formant un cercle qu'Arthur complète avec une chaise, sur laquelle il s'installe. Comme c'est devenu l'habitude, Ewald prend la direction des opérations, demandant au Poufsouffle de résumer la situation.
«Le docteur Kayns a refusé de me prendre en stage, mais il m'a donné rendez-vous le douze Juillet à Tywyn, au pays de Galles. Je dois venir seul, et le rendez-vous est dans un petit pub moldu.
-D'après les information qu'on a réussi à trouver, il y a des chances qu'il n'habite pas très loin de là, même si c'est impossible de savoir où exactement.
-C'est quoi le plan?» Alphonse, forcément.
«Arthur, tu en penses quoi?» demande Ewald
«Je vais y aller. Je pensais essayer de lui soutirer quelques informations, peut-être, mais je ne sais pas trop comment m'y prendre.
-C'est dangereux.» commente Ewald «C'est notre seul lien avec lui pour l'instant. Il ne faut pas qu'il soupçonne quelque chose.
-Tu pourrais essayer de tisser une relation avec lui pour avoir d'autres rendez-vous peut-être?» je demande «Si on pouvait savoir où il habite, on pourrait potentiellement essayer de fouiller sa maison… Il y a sans doute des informations, des traces de ses expériences..?
-Trouver où il habite serait un bon début, effectivement.» répond Ewald
«Mais du coup, on va pas le laisser y aller tout seul quand même?!» demande Alphonse
«Bien sûr que non. Toi et Vivian avez l'habitude de passer du temps chez les moldus, du coup je pense qu'on se postera pas trop loin, comme ça Arthur pourra nous rejoindre si quoi que ce soit se passe mal, et si possible on espionnera la conversation.»
Arthur prend un air déterminé.
«Ça me va.»
Al' hoche la tête avec enthousiasme, donnant son plein accord pour le plan. Ewald se tourne vers moi.
«Tu en penses quoi? Ça te convient?»
Je soupire:
«Je n'aime pas trop qu'Arthur prenne des risques à cause de moi. Mais c'est le mieux qu'on puisse faire, non? C'est juste que...» je m'interrompt
«Qu'est-ce qu'il y a?» demande le Poufsouffle. Je rive mes yeux à ceux d'Ewald, parce que je me doute qu'il sait déjà ce que je vais dire.
«Je ne me pardonnerai jamais si l'un de vous est blessé à cause de moi.
-Dans ce cas, on fera en sorte de ne pas l'être.» sourit Alphonse
Je soupire, mais ne réponds rien. On ne peut être sûr de rien.
«On manque d'information.» dit Ewald calmement, faisant écho à mes pensées. «Il faudra être vraiment très prudents. Vivian.
-Oui?
-Je pense que ça peut valoir le coup que tu étudies tous tes souvenirs avec lui pour en tirer un maximum d'informations. Si besoin, je redemanderai à grand-mère à utiliser sa pensine quand tu seras chez moi. On va avoir besoin de tout ce qu'on peut avoir.
-Bien sûr.»
J'aurais dû y penser plus tôt, déjà. Mais avec tout ce qu'il s'est passé, mes perturbations émotionnelles, les cours, et le fait que ces souvenirs ne soient pas très agréables pour moi… C'est un peu passé à la trappe.
«Ça me fera quelque chose à faire quand je serai chez mes parents.» je plaisante. Je sais qu'Ewald, et sans doute les autres aussi, ont conscience que cette perspective ne m'emplit pas de joie.
Rompant l'atmosphère un peu lourde qui risquait de s'installait, Alphonse demande:
«Si on a fini, ça vous dit une baston type chasse aux lucioles?
-Un instant, Alphonse.» sourit Ewald «Il faut qu'on aborde un dernier point: je propose qu'on se retrouve la veille du rendez-vous pour mettre les dernières choses en place, si ça vous va. Idéalement, qu'on dorme sur place pour avoir le temps de repérer les lieux.»
Nous approuvons tous la sagesse du plan d'Ewald, puis le Serpentard lance un sort d'obscurité sans crier gare, et nous nous retrouvons à nous lancer des sorts de marquage avec bonne humeur. Lorsque tout le mobilier, et nous mêmes, sommes redevenus visibles à cause de tous les sorts échangés, nous somme hilares et prêts à nous séparer pour profiter d'une bonne douche et vaquer à nos occupations.
Nous nous retrouvons au dîner, moins Alphonse qui mange avec l'équipe, remplacé plus ou moins avantageusement par Cian. Comme d'habitude, elle semble se satisfaire de m'ignorer passivement, mais ça m'est égal. Je n'aurais pas voulu manquer le dernier repas à Poudlard en compagnie des septième année, et je passe quand même un assez bon moment, teinté de nostalgie. Je regrette un peu tous les repas que j'ai manqués à cause de mon état mental vacillant. Tout a une fin.
Après avoir mangé, à nouveau, Ewald m'accompagne jusque dans ma tour. J'imagine qu'il a dû sentir à quel point la séparation me serait douloureuse, et qu'il veut prolonger autant que possible ces instants. Je lui suis reconnaissante. Je profite du moindre contact avec une intensité douloureuse, car je ne peux pas occulter le fait que dans quelques heures, ce sera fini.
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Le voyage de retour a une saveur douce-amère. Nous disputons une ultime partie de Dominaris avant qu'Arthur ne se mette en quête de Cian. C'est con, je commençais presque à apprécier le jeu. Alphonse va et vient entre notre compartiment et celui de l'équipe de Quidditch. Scorpius passe me dire au revoir peut avant l'arrivée à King's cross, me rappelant avec un enthousiasme non dissimulé qu'il m'attend chez lui au mois d'août pour fêter son anniversaire, et nous nous séparons en nous promettant de nous écrire. Une fois qu'il est parti, Ewald me fait la remarque approbatrice que mon lien avec Scorpius est stratégique à cultiver. Je lui donne un coup de poing sur l'épaule, léger, avant de lui faire remarquer que je ne tisse pas mes amitiés par intérêt.
«Ah, c'est un ami maintenant?
-Oui.» je grogne, peu encline à m'étendre sur le sujet
«Plus sérieusement, je sais que tu ne fais pas ça dans un but politique. Mais je pense que tu as conscience qu'il est qui il est, et que son père est un membre influent de la communauté magique.»
Je soupire.
«Bien sûr que j'en ai conscience. Je n'aime pas réfléchir en ces termes, et il a le droit de profiter de son enfance.
-Avoir conscience de ça n'exclut pas d'avoir des liens sincères.» répond le Serpentard.
«Je sais, je sais.»
Une pensée me vient, et j'ajoute
«Où est ton intérêt d'être ami avec moi du coup? Je ne suis qu'une née moldue insignifiante.
-Oh, grand-mère pensait sans doute exactement comme ça avant de te rencontrer.»
Je fronce les sourcils, désarçonnée par la réponse du Serpentard. La discussion ne s'oriente pas comme je le pensais.
«Comment ça?
-J'ai un peu parlé de toi à ma mère, et à l'occasion à grand-mère avant votre rencontre. Vu la place que tu as commencé à prendre dans mon quotidien, c'était normal. Grand-mère avait du mal à comprendre pourquoi je m'entêtais à passer du temps avec une première année avant de te rencontrer. Mais tu es brillante, Vivian. Pour quelqu'un qui ne sait pas que tu as les capacités de quelqu'un de plus âgé, tes résultats scolaires comme ta maturités sont exceptionnelles. Et je crois que ton comportement, lors de ton séjour, a aussi marqué grand-mère. Je n'en veux pour preuve que le cadeau qu'elle t'a fait.»
Je rougis vaguement, incertaine de savoir quoi penser. Ça a du sens, néanmoins. C'est juste… Étrange d'apprendre tout ça, et de réaliser que tout ce temps Ewald et sa famille pensaient à moi de cette façon en parallèle.
Après ça, la discussion reste sur des sujets légers jusqu'à ce qu'on arrive à Londres. Comme nous ne sommes pas seuls dans notre compartiment, je suis surprise lorsque Ewald me serre brièvement dans ses bras avant de sortir du Poudlard Express. Jusqu'à présent, il a toujours évité ce genre de démonstrations en public. Nous sortons ensemble sur le quai en compagnie d'Arthur, qui nous a rejoint. Nous croisons Alphonse, qui se joint à notre groupe. Arthur est le premier à partir. Sa mère l'attend, et il lui fait un grand sourire avant de se précipiter vers elle comme si il avait encore dix ans. Nous suivons le mouvement plus lentement pour dire au revoir au Poufsouffle. Ewald et moi, qui connaissons déjà la mère d'Arthur, la saluons poliment. Alphonse se présente aussi, rapidement, puis Cian arrive en compagnie de sa famille et nous partons, non sans que je fasse un bref câlin à mon Poufsouffle préféré qui ne m'aurait de toute façon pas laissée partir comme ça.
C'est ensuite au tour d'Ewald de prendre congé. Il a passé son permis de transplanage vers la fin de l'année, et peut donc rejoindre le hub de cheminette seul. Il est pressé de retrouver sa mère, et nous nous séparons rapidement. Je fais bonne figure, mais ça me cause une douleur presque physique, même si Ewald effleure mon esprit, me transmettant:
«À dans deux semaines, Vivian.»
Je fais de mon mieux pour lui sourire, puis il transplane. Je me retrouve donc seule avec Alphonse, à arpenter le quai en direction de la sortie. Comme d'habitude, il doit retourner à Oxford seul, et moi je dois aller retrouver mon père. Ça fait bizarre de passer côté moldu, mais je suis contente de ne pas être seule. Ç'aurait été vraiment soudain, brutal.
Mon père nous repère rapidement, et Alphonse prend le temps de le saluer. Évidemment, mon géniteur est ravi de rencontrer un autre de mes amis, et le remercie de m'avoir hébergé en octobre avec profusion. Pour un peu, on dirait presque qu'il était content de se débarrasser de moi, même si je sais qu'il n'en est rien. Al' semble un peu embarrassé, mais se débrouille pour faire bonne figure. Mon père lui propose de le déposer quelque part, mais il a un train direct depuis King's cross, alors nous finissons par l'abandonner pour nous diriger vers la voiture.
Ce n'est qu'une fois ma ceinture bouclée que la solitude me heurte vraiment, après tout le remue ménage à la gare. J'ai un pincement de cœur. Mes amis me manquent déjà. Mon père discute joyeusement, me parlant de son boulot, de ma mère, et m'annonçant avec le sourire que mes cousins viendront nous rendre visite bientôt pour quelques jours, puisqu'on ne s'est pas croisés à Noël. Je soupire à part moi. Deux semaines à tenir.
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Les premiers jours chez mes parents se passent mieux que j'aurais pu l'espérer. Comme avant que j'aille à Poudlard, il me laissent globalement en paix. Ils travaillent en journée, de toute façon, en laissant Mrs Winston me tenir compagnie. Celle ci commence à vieillir un peu, et passe le plus clair de son temps entre les tâches ménagères et le tricot. Pour ma part, je partage mon temps entre la lecture, des promenades, et la pratique de sorts à l'aide de ma baguette non Tracée. J'écris aussi des lettres. À Ewald, à Quentin. Ce dernier propose qu'on essaye de se revoir cet été, et j'accepte avec plaisir. L'organisation est un peu compliquée, vu que je suis mineure et qu'il serait compliqué d'expliquer à mes parents que je connaisse un français de presque vingt ans mon aîné. Même en disant qu'on s'est rencontrés sur internet (ce qui serait dur à avaler, vu que je passe très peu de temps sur l'ordinateur familial ces temps-ci), ce serait quand même vachement inquiétant. Au final, nous partons sur l'idée qu'il viendrait à Londres, et que je me débrouillerais pour le rencontrer à cette occasion.
Le problème de ma correspondance, c'est que Mrs Winston ne sait toujours pas que la magie existe, et que je dois me débrouiller pour qu'elle ne remarque pas les allées et venues de hiboux chez moi. Heureusement, Ewald a la présence d'esprit de m'envoyer des lettres le soir, lorsqu'elle n'est pas là, et je peux échanger par courrier moldu avec Quentin. Nous avons échangé nos numéros de téléphone, aussi, même si nous ne les utilisons pas trop pour communiquer à cause de la tarification internationale d'une part, et du fait que mes parents trouveraient ça étrange en voyant mon relevé de communications, d'autre part. En parlant d'eux, un drame a déjà été évité de justesse lorsque j'ai reçu ma première lettre de Quentin. Ils n'ont pas l'habitude de me voir recevoir du courrier, encore moins en français. J'ai réussi à m'en sortir en improvisant une histoire d'échange épistolaire pour apprendre le français avec un étudiant cherchant à s'améliorer en anglais pour sa part, qui serait le cousin d'Alphonse (je leur ai raconté qu'il était d'origine française). Néanmoins, je suis obligée d'être très prudente.
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C'est le vendredi, une semaine après mon retour, que mes résultats arrivent. Par la poste moldue, loué soit Merlin de la présence d'esprit de la direction de Poudlard. Je sais pas trop comment j'aurais expliqué à Mrs Winston la présence d'un hibou grand-duc dans le salon, porteur d'une lettre aux armes de l'école de sorcellerie. Bon, l'effort de discrétion est loin d'être parfait, car le sceau de l'école est présent en lieu et place de l'expéditeur. Je le sais, car Mrs Winston, qui relève le courrier, me montre la lettre, amusée. Elle hésite même à la jeter, pensant à un canular, mais je parviens à l'en dissuader. L'enveloppe est au nom de mes parents, et je lui dis que mon père, fan de pop culture, trouvera sans doute ça très drôle.
C'est seulement une fois qu'elle a fini son service que je me retrouve avec mes parents pour enfin découvrir mes résultats. J'ai déjà reçu un hibou d'Ewald, tard hier soir, pour m'informer qu'il a réussi ses ASPICS avec des O dans toutes les matières importantes pour lui (ce qui veut dire que les seules notes inférieures qu'il a obtenues sont des E, en Métamorphose et en Soins aux créatures magiques). Je suis impatiente de voir mes résultats, même si j'appréhende un peu.
Devant mon impatience, ma mère sourit et me laisse ouvrir l'enveloppe. Je m'empresse de le faire, lisant en diagonale le premier feuillet, rédigé à la plume.
«Qu'est-ce que ça dit?» demande mon père, faisant preuve d'une patience digne d'Alphonse.
Je n'en prends pas ombrage néanmoins, me contentant de lire à haute voix:
«Chère famille Mackson, blabla, veuillez prendre connaissance des résultats de votre fille… Blabla, NOUS AIMERIONS DISCUTER AVEC VOUS D'UN ÉVENTUEL PASSAGE EN TROISIÈME ANNÉE!»
Je jette la feuille à mes parents pour enfin découvrir mes résultats, un peu fébrile. Je me suis faite spoiler! Pendant que mes parents lisent tranquillement la lettre que je leur ai abandonnée, je parcours avec impatience mes résultats de première année. Des Optimal partout, sauf en Soins aux créatures magiques (un faux pas à l'épreuve pratique) et Histoire de la magie (j'avais un doute sur deux ou trois dates). Enfin, j'ai entre les mains les résultats des examens de seconde année. Malgré moi, un large sourire s'étale sur mes lèvres pendant que j'en prends connaissance. Tout ce que j'ai fait aura servi à quelque chose, je suis fière de moi, et reconnaissante à mes amis pour l'aide qu'ils m'ont apportée.
Mes pires notes sont des Acceptable, toujours en Soins aux créatures magiques et en Histoire de la magie (en même temps, le programme de seconde année est axé sur les sociétés primitives, et ce sont beaucoup plus de dates inconnues pour moi). J'ai eu un Effort exceptionnel en Métamorphose et en Botanique (merci Arthur). Et surtout, j'ai réussi à avoir un Optimal en CD2M, DCFM, Potions et Sortilèges. Le privilège d'avoir eu un professeur particulier aussi bon qu'Ewald, surtout en Potions où je n'aurais jamais eu une telle note sans lui.
«J'ai réussi!»
Je me sens obligée de verbaliser ma fierté, et pour une fois j'ai la joie de voir mes parents réagir comme moi.
«On savait que tu pouvais le faire ma chérie.» m'affirme ma mère
«Nous sommes très fiers de toi!» ajoute mon père.
«Tu as toujours eu des facilités, mais tu as quand même travaillé dur. Tu l'as mérité.» sourit ma mère.
Et ça fait vraiment plaisir à entendre. Ils ne diminuent pas ce que j'ai réussi à accomplir, ne laissent pas entendre que c'était facile ou attendu. La dessus, ils assurent. Néanmoins, je redescends bien vite sur terre lorsque mon père reprend la parole.
«Ton professeur principal, le professeur Longdubat, nous parle dans cette lettre de te faire sauter une classe…»
Je me raidis.
«D'après ce que nous avons compris dans tes lettres, c'est quelque chose qui te ferait envie, c'est bien ça?
-Oui! S'il-vous-plaît, j'ai vraiment travaillé pour ça, je n'en peux plus d'être coincée avec des gamins qui comprennent super lentement, j'ai fait des efforts, vous pouvez pas m'empêcher de le faire!»
Mon père fronce les sourcils, et ma mère a l'air d'être sur le point de dire quelque chose, mais mon père réagit d'abord.
«Vivian, calme toi! Nous n'allons pas t'empêcher de sauter une classe!
-C'est vrai?
-Ma chérie, pourquoi nous ferions une chose pareille? Nous sommes déjà très heureux que l'enseignement magique te convienne, nous ne nous attendions pas forcément à ce qu'il aille à ton rythme pour autant.» ma mère me parle d'une voix douce, et je prends sur moi pour ne pas reculer lorsqu'elle me prend la main dans un geste qui se veut réconfortant.
«Pourquoi ça ne m'aurait pas convenu?»
Mes parents échangent un regard amusé, et mon père répond:
«Tu as tenu quoi… Une demi-journée en maternelle avant de refuser d'y remettre les pieds? Apparemment les autres enfants étaient tous stupides et les pauvres professeurs par beaucoup mieux.»
Je remue un peu, embarrassée.
«Je n'ai jamais été très diplomate.
-Tu es spéciale, ma puce.» sourit mon père en m'ébouriffant les cheveux.
Là aussi, j'essaie de ne pas montrer de malaise devant le geste d'affection.
«Si tu as envie de sauter une classe, tu sauteras une classe. Je ne peux pas vraiment dire que nous sommes surpris. Nous voulons juste nous assurer que tu ailles à un rythme qui te convient.
-Nous voyons bien que tu t'es épanouie cette année. Tu t'es fait des amis, tu as appris plein de choses… Et puisque tu as déjà assimilé le programme de deuxième année, on ne va pas courir le risque de te dégoûter d'une école qui te convient en te forçant à apprendre des choses que tu connais déjà!»
Je pourrais leur faire la remarque que pour ma poitrine, il ne me font pas confiance pour savoir ce qui est bon pour moi. À la place, je les remercie juste, me fendant même d'un petit bisou sur la joue de chacun, parce que je sais que c'est ce qu'ils attendent de moi. En mon fort intérieur, je remercie à nouveau Ewald pour ses conseils stratégiques. Après ça, nous mangeons enfin notre repas du soir, retardé par la réception de mes résultats, mais seulement après que mes parents aient répondu à Longdubat qu'ils étaient d'accord pour le rencontrer, lui et Mme Aster la semaine prochaine pour discuter de mon admission en troisième année. Je vois la joie de mes parents devant mon enthousiasme manifeste et sincère, et pour les remercier de leur accord je ne proteste même pas lorsque ma mère me dit que je partagerai ma chambre avec mes cousines, lorsque sa sœur arrivera le lendemain.
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Évidemment, je regrette rapidement ma décision lorsque je réalise, le soir même, que ça va m'empêcher de communiquer avec Ewald pendant plusieurs jours. Heureusement, il m'a à nouveau envoyé son hibou ce soir, pour savoir si j'ai eu mes résultats, et je photocopie rapidement mon bulletin de notes avant de le joindre à un mot où je lui raconte la réaction de mes parents, et lui explique qu'on ne pourra plus communiquer quelques temps.
Je suis dans mon lit, les yeux ouverts, lorsque le hibou de mon meilleur ami frappe à nouveau au carreau, transportant sa réponse. Il me dit qu'il est fier de moi, me félicite, et accuse réception de nos problèmes à venir de communication.
«Si on ne peut pas communiquer d'ici là, sache que je viendrai te chercher samedi prochain, en milieu de matinée.».
Après ça, il signe, et mon cœur se serre d'impatience. Il me manque tellement!
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Partager ma chambre avec mes cousines est encore plus pénible qu'anticipé, et je regrette amèrement ma générosité. Elles ont quatorze et seize ans, et des préoccupations très éloignées des miennes. Tous les soirs, elles ne font qu'échanger des histoires de garçons, et ça va du juste pénible au vaguement inquiétant. Pour imager mon propos, ça passe de soupirs après un certain John à anecdotes de pelotage plus ou moins consenti que l'aînée raconte comme si c'était normal et une histoire amusante. Lorsque je lui fais la remarque que personne ne devrait la toucher contre son gré, elle se contente de soupirer:
«C'est normal quand tu es une femme, Vivian. Tu comprendras quand tu seras plus grande. Et selon qui le fait, ça peut être assez flatteur...»
Ce soir là, je préfère sortir par la fenêtre dès qu'elles sont endormies, bouillante à l'intérieur. Je me coupe aussi, évidemment. Je hais ce monde parfois.
Heureusement, je passe quand même des moments plus agréables. Les filles ont un frère, Mathias, qui vient faire une ou deux séances d'escalade avec moi. Il vient d'avoir son permis, et il nous amène aussi, avec Lydia et Stacy, ses sœurs, au parc d'attraction. L'activité a au moins le mérite de m'éloigner de la maison et de gommer un peu les différences d'âge entre nous alors qu'on passe d'attraction en attraction.
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Enfin, ma tante et sa famille repartent, et je peux profiter de ma tranquillité et de mon intimité retrouvées. C'est aussi le jour du rendez-vous avec madame Aster et Longdubat, que j'attends avec impatience et une dose de nervosité. Ils arrivent à l'heure dite. Mes parents ont donné congé à Mrs Winston pour l'après-midi, et mon père a pris un jour de télétravail pour pouvoir être présent. Ma mère, elle, a pris des congés pour accueillir sa sœur de toute façon. Ils sonnent à la porte, et je me précipite en bas en attendant les visiteurs arriver. Mon père a ouvert, et je l'entends discuter avec enthousiasme avec madame Aster tandis que ma mère fait aussi son apparition pour guider mes professeurs jusqu'au salon.
Une fois que nous sommes tous installés, j'observe avec amusement que Longdubat a revêtu une tenue moldue, et qu'il n'en a clairement pas l'habitude. Pourtant, le costume lui va assez bien, même si il est un peu tâché au niveau des genoux. Le connaissant, il a dû vouloir observer une plante quelconque en chemin… Il commence d'ailleurs par se présenter, tout en complimentant mes parents sur la beauté de leurs platebandes, où les rosiers sont en fleur. Il me salue aussi, et je lui rends volontiers son bonjour.
Enfin, nous attaquons le vif du sujet. Le dialogue se passe plutôt bien. Madame Aster n'intervient presque pas, et je comprends qu'elle est surtout là pour guider son collègue peu familier du monde moldu. Une fois que Longdubat a fini d'expliquer ce qu'implique mon saut de classe (changement de dortoir, possibilité que mon développement magique soit un poil en retard sur mes camarades…) et que mes parents ont donné leur accord, il me demande de choisir mes options. J'ai le choix, comme dans la saga Harry Potter entre Divination, Arithmancie et Études des runes. Il y a aussi, à mon grand enthousiasme, des cours d'initiation à la magie élémentaire sans baguettes. Je suis obligée d'en choisir au moins une, et je peux en prendre au maximum deux. Pour les cours d'initiation à la magie élémentaire, il y a des prérequis en Sortilèges, mais avec mon Optimal il n'y a aucun problème. Longdubat m'avertit néanmoins que cette matière risque d'être rendue plus difficile si mon noyau magique n'est pas assez développé. Néanmoins, il ne s'oppose pas à mon choix lorsque je lui dit tenir à suivre ces cours, en sus des cours d'étude des runes. Pour le peu que j'en ai vu par le biais de la course d'obstacles et de la chasse aux lucioles ça a l'air hyper intéressant et horriblement compliqué.
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Les deux jours qu'il me reste à tenir jusqu'au samedi sont horriblement longs. Je tiens le coup du mieux que je peux, mais c'est compliqué. J'essaye de ne pas trop me couper, parce que je sais que je vais retrouver Ewald et qu'il est beaucoup trop perspicace quand il s'agit de me percer à jour. Je ne veux pas lui faire de peine. J'essaye de me plonger dans les souvenirs débloqués par le Serpentard, mais c'est difficile pour moi, émotionnellement et en termes de concentration. J'ai l'impression que les plus anciens sont les plus riches en information, mais au vu de leur ancienneté et de l'âge de mon corps à l'époque, j'ai besoin d'avoir recours à l'occlumentie et à beaucoup de concentration pour les examiner. Je me rends compte que Kayns a souvent utilisé la légilimancie sur moi, à chaque fois qu'il voulait une information que je ne souhaitais pas lui donner. J'ai l'impression que ça a un peu… endommagé mes souvenirs en quelques sorte, en tout cas rendus plus difficiles d'accès. Je me sens souillée à chaque fois que ce genre d'occurrence se produit. Je me coupe presque à chaque plongée dans mes souvenirs. Finalement, je décide d'attendre d'avoir la pensine et Ewald à mes côtés pour pousser davantage. L'usage répété de légilimancie par Kayns, appuyé par les barrières magiques qu'il avait mis en place dans mon esprit, est déjà une information importante, et pour ce que j'en ai vu, je doute qu'il y aie beaucoup plus d'informations dans mes souvenirs.
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Je me réveille beaucoup trop tôt le samedi, après avoir passé la nuit à me réveiller sans cesse. Mon sac est prêt depuis la veille. Je cache tellement mal mon impatience que mes parents échangent des sourires avant que ma mère me propose de cuisiner avec elle pour m'occuper. Elle suggère que je pourrais rapporter des biscuits fait maison chez Ewald. Une fois n'est pas coutume, j'accepte. Elle est mauvaise cuisinière, mais pleine d'enthousiasme, et survit tant qu'on suit une recette. Pendant qu'on cuisine, elle essaye de me faire parler un peu de mes cours, et je ne me fais pas trop prier, préférant ce sujet à celui de ma poitrine, que je n'ai pas encore osé aborder de peur que mes parents m'interdisent pour une raison ou une autre d'aller chez Ewald. Il sera toujours temps de leur en reparler plus tard. Je suis censée passer à sainte Mangouste pendant l'été pour faire refaire mes sorts de suspension de puberté. Peut-être qu'Arthur pourra être présent, si ça tombe pendant son stage? Dans tous les cas, je sais que le sujet reviendra sur le tapis à ce moment là, au plus tard. Outre le fait que je dépende de ces sorts pour l'instant et que c'est plutôt désagréable, il y a aussi le problème que je veux que ma puberté arrive. J'ai besoin de ma poussée de croissance, de voir que je grandis, que je ne m'éloigne pas trop d'Ewald, Arthur et Alphonse! J'essaye de me concentrer sur la conversation avec ma mère qui continue à me poser des questions sur mes cours, inconsciente du chemin qu'on suivit mes pensées. J'essaye de me calmer en me rappelant que c'est un problème pour plus tard. Déjà, il va falloir qu'on trouve un moyen de faire tomber Kayns, et sans me compromettre au passage si possible. J'ai un rictus ironique que je dissimule en tournant la tête avant que ma mère ne le voie. Quand est-ce que ma vie a été simple, déjà?
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Les gâteaux sont au four. Ewald ne devrait plus trop tarder à arriver. Mes parents ont renoncé à essayé de me distraire, et de toute façon je me suis isolée dans ma chambre pour alterner les regards vers la rue et les tempus avec la baguette du pédophile. Je suis nerveuse. Je tourne en rond. J'ai envie de me couper pour me calmer, mais je ne veux pas que le Serpentard voie des coupures fraîches. Au final, j'opte pour presser ma lame contre ma peau sans couper, très fort, comme un compromis. Ça aide à peine. Mais il n'y a plus longtemps à apprendre. Je vérifie une dernière fois que toutes mes affaires sont prêtes, que je ne laisse rien d'important derrière moi, ni de compromettant. Lorsque je regarde à nouveau dans la rue, je vois une silhouette s'approcher de la maison. Il porte des vêtements moldus, mais je le reconnaîtrai n'importe où.
Je me précipite au rez-de-chaussée, faisant sursauter mon père alors que je me débats avec les clés, ouvrant enfin la porte d'entrée avec fracas. Je découvre Ewald derrière, la main levée vers la sonnette. Son visage se transforme en me voyant, un sourire lumineux lui échappant. J'ai envie de lui sauter dans les bras mais je me retiens juste à temps alors que ma mère apparaît dans le couloir. Je ne veux pas embarrasser Ewald. Et surtout, la dernière chose dont j'ai besoin, c'est qu'elle se fasse des idées sur la relation que j'entretiens avec le Serpentard. Hors de question qu'elle s'imagine n'importe quoi et qu'au mieux elle me pourrisse la vie, qu'au pire elle m'interdise d'aller chez lui.
«Bonjour Vivian» sourit mon meilleur ami, reprenant un visage plus neutre.
«Salut!» je réponds, incapable de dissimuler mon enthousiasme.
«Bonjour madame Mackson, monsieur Mackson» ajoute mon ami poliment à l'adresse de mes parents qui m'ont rejointe à la porte.
Je sens un effleurement à la lisière de mes barrières, et je m'ouvre sans réserve à la connexion tandis que mes parents invitent mon ami à rentrer et à les tutoyer. Je n'écoute pas vraiment leurs vœux de bienvenue et leurs remerciements à Ewald de m'héberger, trop prise par notre échange instantané d'émotions.
J'ai l'impression de respirer à nouveau, d'être enfin à ma place alors que nos esprits se frôlent et s'accueillent. Sa main effleure la mienne alors qu'il passe devant moi pour suivre ma mère dans le couloir, et je suis presque au bord des larmes tellement le soulagement que sa présence m'approche est soudain et entier.
C'est assez étrange de recevoir Ewald chez moi, le parfait aristocrate Serpentard dans ma maison parfaitement moldue. Il y a mis les formes. Il porte un jean, le même qu'il met pour l'escalade je crois, et un blaze tout ce qu'il y a de plus normal, couleur anthracite, sur une chemise blanche. Il fait très étudiant de commerce, et je doit refouler mon amusement à la pensée incongrue.
Malgré mon impatience de partir, il me faut patienter pendant les échanges inévitables de politesse. Lorsque mes parents s'étonnent qu'il soit venu seul pour me récupérer, il explique qu'il est considéré comme majeur aux yeux des sorciers, et ajoute:
«Ma grand-mère a bien proposé de m'accompagner, mais elle n'a jamais mis les pieds dans le monde moldu, et ç'aurait été un peu précipité.»
Je manque de recracher le contenu de mon verre et Ewald conclut comme s'il n'avait pas remarqué ma réaction:
«Elle aurait plaisir à vous rencontrer un des jours, ceci dit. Nous pourrons peut-être organiser une rencontre à l'occasion.
-Ce serait volontiers!» affirme ma mère, tandis que j'essaye péniblement d'imaginer la scène.
La grand-mère d'Ewald, sorcière, que dis-je, sang pure jusqu'au bout des ongles? Venir faire causette avec mes parents? DE SON PLEIN GRÉ? Pour la première fois, je me demande sérieusement si je n'ai pas bu une potion bizarre à mon insu.
«Tu vis seule avec elle?» interroge mon père, complètement inconscient de mon choc total.
«Non, ma mère habite aussi avec nous.» explique Ewald. «Mon père est décédé.» ajoute-t'il, avant que mes parents ne posent de question. À l'intérieur de moi, quelque chose se tord un peu et j'effleure l'esprit de mon ami, à défaut de pouvoir lui donner la main. Il me renvoie un léger sentiment mêlant gratitude et souci de me rassurer tandis que mes parents, embarrassés, essayent de changer de sujet. Leur embarras m'amuse, mais seulement en surface.
Enfin, après quelques rond-de-jambe supplémentaires, ma mère disparaît à la cuisine tandis que je cours à l'étage chercher mon sac. En redescendant, elle me glisse une jolie boîte où elle a rangé les biscuits que nous avons cuisiné ensemble, puis nous rejoignons mon père et Ewald, à la porte. Mes parents me souhaitent de bien m'amuser, me demandant de leur donner des nouvelles régulièrement et enfin, ENFIN, je peux leur dire au revoir. De plus ou moins bon gré, je leur fais la bise, esquivant leurs tentatives de câlin avec l'aisance d'une vie d'entraînement. Ewald les salue poliment et nous nous retrouvons enfin libres.
Dès que nous quittons leur champ de vision, la main d'Ewald trouve la mienne, et je me cramponne à lui sans pudeur. Je me sens rassurée, apaisée. À ma place. Nous échangeons un sourire, puis il me dit:
«Merci de ne pas avoir réagi pour mon père… Je n'ai pas vraiment envie d'expliquer.
-Je comprends.» je lui assure. «Par contre, comment ça ta grand-mère veut rencontrer mes parents? J'ai cru que j'allais faire une crise cardiaque!»
Ma réaction tire un petit rire au Serpentard qui a un sourire beaucoup trop réjoui.
«J'arrive pas à croire que tes parents n'aient rien remarqué d'ailleurs. La tête que tu as fait…
-Oh, ça va!» je fais, lui donnant un léger coup de coude dans le bras, vu que je suis trop bas pour lui taper l'épaule. Il reprend rapidement son sérieux avant d'admettre:
«Je ne m'y attendais pas non plus, pour être honnête. Ce matin, juste quand je disais au revoir à mère, elle a débarqué en proposant de m'escorter. Je ne sais pas exactement ce qu'elle a derrière la tête. Peut-être qu'elle était juste curieuse de voir qui a donné naissance à la Gryffondor la plus Serdaigle qu'il lui a été donné de rencontrer.
-C'est ça, moque toi de moi!
-Je suis sérieux. Elle a été très impressionnée par ton bulletin de notes, et par l'annonce de ton passage en troisième année.
-Tu lui a montré mon bulletin?
-J'ai juste raconté que tu passais en troisième année quand on mangeait, et elle a tenu à le voir.
-Mais qu'est-ce qu'elle en a à faire?» je demande, confuse.
Ewald hausse les épaules.
«Je ne sais pas vraiment… Je crois qu'elle t'aime bien, c'est tout. Et tu est importante pour moi.»
Nous sommes arrivés dans une petite rue à l'écart, et Ewald s'arrête, m'entraînant avec lui. Après un regard rapide autour de lui, il me dit:
«Je pense que ce sera bon ici pour transplaner. On va aller au hub le plus proche, et de là directement au manoir.»
Je hoche la tête.
Avant de partir, il me serre dans ses bras, et je lui rends enfin son étreinte avec énergie. Notre connexion est toujours ouverte, et il me glisse:
«Je suis heureux de te retrouver.
-Tu m'as manqué.»
Je laisse mes émotions lui transmettre ce que je n'ose pas dire. La profondeur du manque, mon sentiment d'être rassurée à présent, ma joie de le retrouver. Il me renvoie un sentiment fort d'affection en serrant ma main pour nous préparer au transplanage. Je n'arrive pas à le regarder dans les yeux, mais je m'y cramponne alors qu'il annonce:
«C'est parti!»
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«Il y a des choses dont il est dur de mesurer la valeur avant qu'on les perde. La sécurité. La confiance. Il est dur de mesurer l'attachement qu'on porte à des gens, parfois. Et savoir que les moments qu'on partage sont éphémères est un puissant moyen de mesurer la valeur de tout ça aussi. Savoir vraiment, intimement, profondément. Pas juste comme une connaissance de surface. Je sais que Quentin partira, l'an prochain, après son bac. Ça rend tous les moments qu'on a encore plus précieux. Est-ce qu'il se souviendra de moi? Est-ce qu'on se verra encore? Ou peut-être sera il heureux d'être débarrassé de moi. C'est ce que mes démons me chuchotent. Est-ce être réaliste ou bien pessimiste? Il a dit qu'il ne m'abandonnerait pas, mais comment en être sûre?»
-Texte écrit sur l'ordinateur d'Aurore Berger dans un document protégé par un mot de passe-
Et voilà! Comment vous imaginez la rencontre d'Arthur avec le grand méchant? (c'est comme ça que j'appelle Kayns dans mon coeur xD)
Encore merci à celleux qui me laisseront des mots doux, on se retrouve le mois prochain!
Pour celleux qui étaient curieux, donc, je devrais finir la fic dans trois chapitres, en Décembre. Je n'exclus pas d'une part la possibilité que mon plan parte dans tous les sens, comme souvent, et d'autre part de poster des bonus ultérieurement. Mais bon, pour l'instant c'est ça le plan.
See ya!
