Noël approchait à grands pas à Poudlard, et le château entier vibrait d'effervescence. La joie se répandait dans chaque couloir, chaque dortoir. Pourtant, une personne ne partageait pas cet enthousiasme : un an après la guerre, une jeune femme demeurait insensible à l'ambiance festive. Elle ne pouvait se réjouir quand ceux qu'elle espérait tant voir à Noël n'étaient plus là. Ses parents, eux, vivaient leur vie, sans même se souvenir d'elle.
Après la guerre, elle était allée les retrouver, mais ils avaient refait leur vie et accueilli un nouvel enfant. En les observant, Hermione avait senti son cœur se briser. Sans un dernier regard en arrière, elle avait alors décidé de disparaître à jamais de leur existence. En revenant à Poudlard, elle avait espéré trouver un peu de répit, que les choses s'amélioreraient. Mais la guerre lui avait laissé de profondes séquelles, des cicatrices invisibles aussi bien que visibles.
Les trois premiers mois furent particulièrement difficiles pour la jeune sorcière. Chaque recoin du château la ramenait au soir de la bataille, aux morts tombés au combat, à ses proches disparus sous ses yeux. Elle ne dormait que deux heures par nuit, hantée par des cauchemars liés à sa torture et aux pertes de ce soir-là. Pourtant, Hermione s'était accrochée. Cependant, à l'approche des fêtes de Noël, elle se sentait amère, en colère, triste, et envahie par une multitude d'autres émotions négatives.
En un an, c'était comme si tout le monde avait oublié les vies perdues, le chagrin. Tous avançaient dans leur petite vie, tandis qu'elle observait, telle un robot, incapable de comprendre comment ils faisaient. Elle se sentait si seule. Bien qu'elle ait des amis, la jeune brune se sentait isolée, et personne ne parvenait à comprendre pourquoi elle n'arrivait pas à avancer.
Elle se trouvait encore assise sur un rocher, seule, face au grand lac, en cette soirée de pleine lune. Son regard était rivé sur l'eau, perdue dans ses pensées, pensant à son cher ami et professeur Lupin. Son cœur se brisa en songeant à cet homme courageux et à sa jeune épouse, qui avaient laissé derrière eux un magnifique petit garçon, condamné à ne jamais connaître ses parents. La vie était si injuste pour Hermione. Si quelqu'un méritait d'être encore en vie, c'était bien Remus. Lui qui avait souffert toute sa vie des pleines lunes, il n'avait même pas eu la chance de profiter de sa famille.
Pourquoi la vie était-elle faite ainsi ? Comment pouvait-elle rendre orphelin un si jeune enfant ? Hermione soupira, les larmes au bord des yeux. Elle ne voulait pas pleurer, mais chaque pensée pour Remus et Tonks, morts cette nuit-là, lui déchirait le cœur.
—Miss ?
Surprise, Hermione sursauta. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Par réflexe, elle pointa sa baguette vers l'homme qui venait de parler, avant de baisser précipitamment la main et le regard.
— Je suis désolée, c'est un vieux réflexe.
— Aucun souci, je comprends. Je n'aurais pas dû vous surprendre ainsi, les vieilles habitudes ont la vie dure.
Hermione hocha doucement la tête et tourna à nouveau son regard vers le lac, laissant le silence retomber, s'enfonçant dans ses pensées sombres. Pourtant, un mouvement à sa droite attira son attention. L'homme venait de s'asseoir à ses côtés. Malgré elle, Hermione ne put s'empêcher de l'observer.
Depuis la fin de la guerre, l'homme avait beaucoup changé. Là où autrefois il était froid et distant, il était désormais plus cordial, plus libre. Certes, il avait conservé son sarcasme, mais il ne l'utilisait plus contre elle.
— Que faites-vous seule dehors à cette heure-ci, Miss ? demanda l'homme.
Hermione leva les yeux vers le ciel et prit une profonde inspiration avant de répondre, bien que sa voix soit plus basse qu'auparavant.
— J'ai besoin d'air frais... toutes ces réjouissances m'étouffent.
Un silence pesant s'installa à nouveau, mais l'homme reprit rapidement la parole, tout aussi doucement qu'elle.
— Je comprends ce que vous voulez dire, être entouré de tant de personnes heureuses peut être oppressant, surtout après les événements tragiques qui se sont produits ici.
La jeune femme acquiesça lentement, inspirant profondément l'air chargé d'une odeur de potion, de pin frais et de vieux parchemin. Elle déglutit, reconnaissant cette odeur trop familière. Comment pourrait-elle l'oublier ? Pendant un an, elle l'avait respirée chaque matin et chaque soir, et durant cette période, elle en était tombée éperdument amoureuse.
Une des raisons pour lesquelles elle n'aimait plus Noël, c'était que l'homme qu'elle aimait ne l'aimait plus. Elle était seule désormais. Elle savait qu'il n'y pouvait rien. L'attaque du serpent de Voldemort avait laissé des séquelles chez celui qu'elle chérissait, notamment la perte de sa mémoire, de leur amour. Aujourd'hui, il ne se souvenait plus de l'avoir aimée, de l'avoir prise dans ses bras, de l'avoir embrassée, ni des promesses murmurées dans la chaleur de leur lit, empli d'amour.
Lorsque l'homme avait repris connaissance et ne l'avait reconnue que comme son élève, la jeune brune avait senti tout son être se briser, comme si elle n'existait plus pour lui. Pendant un instant, elle avait espéré qu'il retrouverait la mémoire, mais rien n'y faisait. L'homme qu'elle aimait avait bel et bien disparu, et son amour pour elle s'était totalement évanouie.
Hermione avait dû se faire une raison et s'était effacée. Pendant des mois, elle s'était renfermée, pleurant la perte de cet amour effacé. Même aujourd'hui, elle faisait tout pour ne pas trop s'approcher de lui, seulement autant que nécessaire. Alors, l'avoir près d'elle ce soir, si proche et pourtant si loin, lui faisait encore plus mal que la perte de ses parents.
Tout à coup, son cœur se serra, et la jeune femme se redressa lentement, évitant soigneusement de croiser le regard de l'homme à ses côtés.
— Je vais rentrer maintenant, bonne soirée à vous, professeur Rogue.
Alors qu'elle s'éloignait, la voix du professeur s'éleva dans le vent.
— Miss Granger, me fuyez-vous ?
Hermione s'arrêta net, les yeux écarquillés, bouleversée par la question de l'homme qu'elle aimait encore. Elle prit une profonde inspiration et ferma les yeux un instant avant de répondre.
— Pas du tout, Monsieur.
— Pourtant, depuis la rentrée, vous ne prenez plus les devants pour répondre à mes questions. Vous ne participez que lorsque c'est strictement nécessaire avant de quitter ma classe.
Les mains d'Hermione se mirent à trembler en entendant ses paroles. Elle les glissa rapidement dans ses poches pour dissimuler son trouble, déglutit lentement, puis murmura d'une voix presque inaudible avant de s'éloigner, cherchant à fuir la douleur qui l'envahissait.
— Non, Monsieur, je ne vous fuis pas. Je fais simplement ce que vous m'avez toujours demandé. Depuis mes onze ans, je m'efforce de ne plus vous importuner. Bonne soirée.
Hermione marchait d'un pas rapide, cherchant désespérément à échapper à la douleur qui l'envahissait. Très vite, elle se mit à courir, tandis que les larmes menaçaient de couler de ses magnifiques yeux noisette. Son cœur, brisé par la souffrance, lui fit se demander un instant s'il était possible de mourir de chagrin. Elle s'enferma finalement dans sa chambre, seule. L'un des rares privilèges d'être en huitième année était d'avoir une chambre à l'écart des autres, et en cet instant, Hermione remercia Merlin pour cela. Dès qu'elle lança un sortilège de silence, elle s'effondra en sanglots. Son corps tremblait alors qu'elle hurlait toute sa douleur, son chagrin, sa colère, mais surtout la perte de l'homme qu'elle aimait.
Du côté de Severus, l'homme fixait l'endroit où la jeune femme avait disparu, puis soupira. Depuis qu'il s'était réveillé après l'attaque du serpent de Voldemort, il souffrait de pertes de mémoire. Il avait perdu un an de sa vie, sans aucun souvenir. Cependant, quelque chose en lui criait, sans qu'il ne puisse comprendre pourquoi. Rapidement, il avait réalisé qu'il ressentait un trouble étrange chaque fois qu'il se trouvait près de la Gryffondor.
Il n'avait pas compris la douleur qui l'avait traversé à l'instant même où il avait ouvert les yeux et aperçu la jeune femme brune près de son lit. La voir devenir livide, les yeux écarquillés et remplis de larmes en comprenant qu'il avait perdu ses souvenirs, le hantait profondément.
Malgré ses réflexions, il ne comprenait toujours pas pourquoi elle avait réagi ainsi à cet instant précis, et cela le tourmentait. Ce qui le dérangeait encore plus, c'était tout ce qu'il ressentait lorsqu'ils se trouvaient dans la même pièce, comme si une partie de lui, lui manquait, l'appelant constamment.
Et pourtant, pour son plus grand étonnement, dès qu'il se trouvait près d'elle, c'était un calme inattendu qui l'envahissait. Son odeur de vanille, de jasmin et de vieux parchemin provoquait en lui des sensations qu'il ne comprenait pas. Lui cachait-on quelque chose ? Tout le monde lui dissimulait-il un secret ? Severus en avait assez de sa mémoire défaillante, surtout lorsque la jeune femme le fuyait pour une raison qu'il ne saisissait pas. Certes, il n'avait jamais été tendre avec elle, et elle avait toutes les raisons de le haïr, même si maintenant tout le monde connaissait son rôle d'espion. Pourtant, depuis la rentrée, Severus avait adopté une toute nouvelle attitude, surtout envers elle. L'entendre prononcer ces paroles le dérangeait profondément et l'énervait pour une raison inconnue.
Après avoir soupiré profondément, Severus se releva et retourna dans ses appartements, ressentant une lourdeur au niveau de son cœur sans en comprendre la raison. Il se changea, se coucha et, en fermant les yeux, pria Merlin de lui accorder la chance de retrouver ses souvenirs d'autrefois.
Severus se trouvait dans ses appartements, confortablement installé sur son vieux canapé vert. Un livre dans une main et un verre de Whisky Pur Feu dans l'autre, il savourait un moment de tranquillité quand soudain, la porte s'ouvrit, laissant entrer une magnifique femme. Cependant, il ne parvint pas à distinguer clairement son visage, tout lui semblait flou. Elle s'approcha de lui et s'assit sur ses genoux, déposant un doux baiser sur ses lèvres.
— Bonjour, mon amour.
— Bonjour, mon ange. Je ne t'attendais pas avant une heure.
La jeune femme se blottit davantage contre lui, fermant les yeux avec tendresse. Severus posa alors son verre sur la table et entoura ses bras autour d'elle pour la tenir encore plus près de lui. Ils semblaient tous deux parfaitement à l'aise dans cette intimité partagée.
— Tout le monde est en train de fêter la victoire au Quidditch, mais tu sais aussi bien que moi que je déteste ce genre d'événements, dit-elle. -Alors, j'ai simulé une migraine et lancé un sort sur mes rideaux pour que personne ne remarque mon absence.
Severus laissa échapper un léger rire et déposa un baiser sur le sommet de sa tête, tandis qu'elle soupirait de bien-être.
— Tu es une vraie Serpentard, mon ange, lui dit-il en souriant.
— Toi et moi savons que si je n'étais pas née-Moldue, je serais dans ta maison, répondit-elle malicieusement.
Ils échangèrent un rire complice avant que Severus ne pose son livre. La jeune femme saisit ses lèvres, approfondissant leur baiser. Leur amour mutuel se manifestait clairement à travers chaque geste. Lorsqu'ils se séparèrent à bout de souffle, elle posa tendrement sa main sur la joue de Severus et plongea son regard dans le sien, où elle y trouva toute l'affection qu'il lui portait.
— Je t'aime tellement, Severus. Après cette fichue guerre, je veux partir avec toi et réaliser tous nos projets.
Severus sentit son cœur se gonfler d'amour. Jamais personne ne l'avait aimé autant que cette petite femme qui était désormais sienne. Il se pencha doucement vers elle, la regardant avec un amour dévoué.
— Je te promets qu'une fois cette guerre terminée, nous aurons notre propre endroit, notre famille. Parce que je t'aime plus que tout, et je veux t'épouser, dire au monde entier à quel point j'ai de la chance d'être aimé par toi. Je ne veux plus me cacher, mon ange.
Les larmes montèrent aux yeux de la jeune femme. Elle colla son front contre le sien avant de murmurer :
— Oui, après cette guerre, nous serons enfin libres de nous aimer au grand jour. Je pourrais crier à tous que Severus Rogue m'appartient, qu'il sera mon mari envers et contre tous.
— Je t'aime, Mia.
— Je t'aime, Severus. Vivement la fin de cette guerre.
Severus plongea ses yeux noisette dans les siens, y trouvant un amour pur et inconditionnel. Il ne put se retenir plus longtemps et l'embrassa avec toute la passion qu'il ressentait pour elle, ses mains glissant sous la chemise de la jeune femme.
Severus se réveilla en sursaut, le cœur battant violemment dans sa poitrine, le souffle court et le corps tremblant. Son rêve avait été beaucoup trop réaliste. Avait-il réellement rêvé ? Et ces yeux noisette... pourquoi lui semblaient-ils si familiers ? L'homme peinait à respirer, car au fond de lui, il savait que ce n'était pas qu'un simple rêve. C'était bien trop réel pour cela, et l'amour qu'il avait partagé avec cette femme semblait tout aussi vrai. Alors, pourquoi ne parvenait-il pas à se souvenir d'elle ? Pourquoi était-il incapable de se rappeler qui elle était ? Et surtout, pourquoi cette femme ne l'avait-elle pas approché ?
Severus sentit les larmes monter à ses yeux. Pour la première fois depuis son adolescence, il se sentait perdu, seul et terriblement triste. Il désirait retrouver ses souvenirs, il voulait revivre les sensations qu'il avait éprouvées dans son rêve.
Tremblant et vacillant légèrement, il sortit de son lit, se dirigeant vers la salle de bain. L'eau brûlante coula sur son corps tandis qu'il fermait les yeux, tentant de se souvenir de la femme de son rêve. Il revoyait son magnifique regard noisette, rempli d'amour, et sa douceur à son égard. Il voulait la retrouver et comprendre pourquoi elle ne l'avait pas cherché, si leur amour était si fort.
Oui, Severus Rogue voulait vraiment comprendre.
Cinq jours s'étaient écoulés, et Noël était enfin arrivé. Le château, bien que presque vide, baignait déjà dans une ambiance festive. Pourtant, une magnifique sorcière restait encore blottie sous sa couette, luttant contre l'envie de se lever. Ces cinq jours avaient été pour elle un torrent de larmes et de douleur. Elle savait qu'elle devait se lever, enfiler sa robe de soirée et se rendre à la fête, mais elle n'en avait aucune envie. Tout ce qu'elle désirait, c'était rester là, dans la chaleur réconfortante de son lit.
Dans un soupir empli de tristesse, la brune finit par se résigner et alla prendre une douche. Elle se laissa glisser contre le mur de la cabine, ramenant ses genoux contre sa poitrine tandis que l'eau brûlante ruisselait sur elle. Les yeux fermés, elle tentait de maîtriser la douleur qui l'envahissait. Ce n'est que lorsque l'eau devint glaciale qu'elle se releva précipitamment. Elle sortit de la douche, se sécha rapidement, puis ouvrit son armoire. Là, elle sortit une robe verte sombre et déglutit avec difficulté. C'était la robe qu'elle avait achetée pour leur premier Noël ensemble, avec Severus. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais elle les ravala. Résolue, elle enfila des sous-vêtements, puis la robe, ajouta ses escarpins argentés et s'approcha du miroir.
Elle poussa un long soupir en constatant l'état de ses yeux rouges. D'un sort rapide, elle dissimula les traces de sa peine avant de relever ses cheveux en un chignon élégant. Son regard s'attarda alors sur un collier posé là. Elle le prit délicatement dans ses mains. C'était celui que Severus lui avait offert. Elle se força à ne pas pleurer, bien que ses yeux s'humidifièrent en lisant l'inscription gravée à l'arrière : 'À toi pour toujours.' Hermione inspira profondément et attacha le collier autour de son cou. Après tout, il ne se souvenait plus d'elle. Il n'y avait donc aucune chance qu'il reconnaisse ce bijou.
Elle appliqua rapidement son maquillage, puis quitta sa chambre pour se diriger vers la Grande Salle. Dès qu'elle arriva devant les grandes portes, elle remarqua que tout le monde semblait déjà bien s'amuser. Elle prit une profonde inspiration, entra, attrapa une coupe de champagne et se glissa discrètement dans un coin reculé d'où elle pouvait observer la scène. Son cœur se serra, mais elle garda le silence.
Une heure s'était écoulée, et la jeune femme se sentait de plus en plus seule. Après avoir vidé d'un trait sa deuxième coupe de champagne, elle décida qu'elle avait suffisamment fait acte de présence. Elle commença à se diriger vers la sortie, quand soudain, quelqu'un se plaça devant elle, l'obligeant à s'arrêter net. Relevant les yeux, elle croisa le regard de l'homme qui lui faisait face. Son souffle se coupa, ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la surprise, avant qu'elle ne se ressaisisse.
Elle déglutit doucement et reprit une expression impassible, dissimulant ses émotions derrière un visage fermé. Elle le salua d'un simple signe de tête et tenta de s'écarter sur le côté pour continuer son chemin, mais l'homme se remit immédiatement sur sa trajectoire. Fronçant les sourcils, elle le fixa.
— Un problème, professeur Rogue ?
— Vous partez déjà, Miss Granger ?
— Eh bien, oui. Je suis assez fatiguée, et Noël n'est pas ma fête préférée. Je vous souhaite une bonne soirée, professeur.
Hermione fit un pas en avant, mais s'arrêta de nouveau lorsqu'il tendit la main devant elle, la forçant à reculer. Elle arqua un sourcil, ne comprenant pas ce qui se passait.
— Avant de partir, puis-je vous demander une danse ?
Hermione écarquilla les yeux de surprise. Elle suivit le regard de Rogue vers la piste de danse, où les autres professeurs dansaient avec des élèves. Comprenant soudain la raison de sa demande, elle pesa rapidement le pour et le contre. Son désir d'être dans les bras de l'homme qu'elle aimait, même si c'était pour la dernière fois, l'emporta. Lentement, elle glissa sa main dans celle de Severus, qui l'entraîna sur la piste.
La musique d'une valse débuta doucement. Severus posa une main sur la taille d'Hermione, tandis qu'elle plaça la sienne sur son épaule. Ils commencèrent à danser avec une lenteur délicate. Hermione inspira profondément, déglutissant à l'odeur familière de Severus. Après tout, son Armotentia révélait cette odeur depuis deux ans déjà, une fragrance qu'elle aurait pu reconnaître à des kilomètres.
— Vous êtes magnifique ce soir, Miss.
Hermione leva les yeux vers Severus, sentant une boule se former dans sa gorge. Forçant un sourire sur ses lèvres peintes de rouge, elle répondit :
— Merci, professeur. Vous êtes en beauté également.
— Ce bijou que vous portez autour du cou... un cadeau ?
Hermione se raidit légèrement avant de reprendre contenance. Pendant un instant, elle fut tentée de mentir, de dire que non, mais une petite voix intérieure l'encouragea à dire la vérité. Après tout, il ne saurait jamais que ce bijou venait de lui.
— Oui, en effet.
Severus hocha la tête, fixant le bijou d'un regard intense. Soudain, il la fit tourner avec une telle rapidité qu'elle perdit l'équilibre. Il la rattrapa dans ses bras, et la proximité de leurs corps fit frissonner Hermione. Troublée, elle recula précipitamment pour rétablir une distance plus appropriée, détournant le regard. À cet instant, elle se dit que c'était peut-être une erreur d'avoir accepté cette danse. Elle pria intérieurement pour que celle-ci se termine rapidement.
— Mia.
Hermione se figea instantanément, coupant net leur danse. Son cœur manqua un battement, ses yeux s'ouvrirent grands et sa bouche resta entrouverte, sans qu'un seul souffle n'en sorte. Avait-elle bien entendu ? C'était impossible. Et pourtant, seul lui l'appelait ainsi...
Hermione recula d'un pas, sans pour autant détacher son regard de Severus, qui la fixait intensément. Ses mains commencèrent à trembler et une douleur sourde envahit son cœur. Elle savait qu'elle ne pouvait rester ici, car demeurer signifierait nourrir l'espoir de retrouver l'homme qu'elle aimait autrefois, mais Hermione savait que cet espoir était vain.
Lentement, elle tourna les yeux vers la porte de sortie, puis s'inclina légèrement devant Severus, évitant soigneusement son regard.
— Merci pour cette danse, professeur Rogue. Bonne nuit.
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et s'échappa précipitamment de la pièce, sous le regard perçant de Severus, qui ne la quittait pas des yeux. Sa démarche était déterminée, le dos droit et la tête haute. Pourtant, dès que les portes se refermèrent derrière elle, elle releva sa robe et se mit à courir, cherchant à atteindre sa chambre le plus vite possible.
Mais à peine avait-elle tourné au détour d'un couloir qu'elle fut brusquement plaquée contre un mur. Le souffle coupé, une vague de panique monta en elle. Elle leva les yeux vers son assaillant et écarquilla le regard, le cœur battant à tout rompre, sa respiration saccadée. Sa bouche s'assécha et sa gorge se serra en croisant le regard de celui qui se tenait devant elle.
— Professeur…
La main libre de Severus se posa sur le collier de la jeune femme. Il fronça légèrement les sourcils, un sourire énigmatique étirant ses lèvres, un sourire qui coupa littéralement le souffle d'Hermione. L'homme plongea ses yeux dans les siens, et pour la première fois depuis un an, Hermione crut y déceler un éclat d'amour, avant de se reprendre, consciente que cela ne pouvait être possible.
— Tu es Mia.
Le corps d'Hermione se tendit encore, sa respiration devint tremblante. Elle ferma les yeux un bref instant, cherchant à reprendre le contrôle, puis les rouvrit pour affronter le regard de Severus.
— Je ne comprends pas, désolée Monsieur… Puis-je partir?
Severus la dévisagea, remarquant qu'elle pâlissait à vue d'œil avant de se crisper. Il n'avait plus aucun doute : elle était bien la femme de ses rêves. Depuis cinq jours, il faisait des songes récurrents où elle apparaissait, mais ce n'est que cette nuit qu'il comprit enfin qui elle était. Tout faisait désormais sens. Sa réaction à son réveil, sa manière de s'éloigner de lui, la distance qu'elle maintenait… et surtout, sa fuite.
Le déclic s'était produit lorsqu'il avait vu son collier ce soir-là. Ce n'était pas un bijou ordinaire. Le fait qu'elle le porte à la vue de tous signifiait qu'il le lui avait offert, sans jamais lui révéler sa véritable origine. Plus il la regardait, plus quelque chose en lui se fissurait, comme si les souvenirs qu'il avait enfouis refaisaient soudain surface. Severus ferma les yeux, submergé par l'intensité de ces réminiscences. Comment avait-il pu oublier l'amour de sa vie? Comment avait-il pu la laisser seule dans la souffrance? Tant de regrets l'envahissaient, mais celui de lui avoir fait croire qu'il ne l'aimait plus était, de loin, le plus douloureux.
La voir agir comme si elle n'avait plus aucun lien avec lui le déchirait profondément. Il s'approcha d'elle, leurs corps presque collés, et sentit son corps se raidir à nouveau. Pourtant, un frisson la traversa, et Severus esquissa un léger sourire. Elle pouvait bien mentir, mais son corps, lui, se souvenait toujours de lui. Tout comme le sien se rappelait d'elle et la désirait encore.
-Ce bijou à votre cou n'est pas n'importe lequel. Saviez-vous que je suis un Prince du côté de ma mère ? Le collier que vous portez appartenait à ma défunte mère. Dans notre famille, il se transmet de mère en fille ou de l'homme à la femme qu'il aime. Si vous le portez, cela signifie que je vous l'ai offert, déclarant ainsi à tous que vous êtes la femme que j'aime.
Severus entendit la jeune femme retenir son souffle. Ses yeux s'écarquillèrent sous le coup de la surprise, tandis qu'il lui souriait avec tendresse. Doucement, il porta une main à sa joue, et la sentit frémir sous sa caresse. Son pouce effleura légèrement ses lèvres, et elle trembla devant lui, toujours sous le choc.
-Si je t'ai offert ce collier, Mia, c'est parce que tu es la femme de ma vie. C'est ma manière de dire au monde entier que tu es la seule pour moi. Je suis désolé, mon ange, d'avoir mis tant de temps à me souvenir de toi. Désolé que tu aies pu croire que mon cœur ne t'appartenait plus. Je t'aime, Mia, tu es l'amour de ma vie.
Hermione secoua la tête, refusant d'y croire. Le médicomage lui avait bien dit que ces souvenirs ne reviendraient jamais.
-Si, Mia, je me souviens. Je me souviens de chaque instant, de chaque baiser, de chaque caresse, de chaque "je t'aime". Mais surtout, je me souviens de chaque promesse. Je suis désolé de ne pas les avoir tenues. Mais si tu m'aimes encore un peu, je t'en prie, laisse-moi me faire pardonner. Laisse-moi t'aimer à nouveau.
Cette fois, quelque chose se brisa en Hermione. Les larmes coulèrent sur ses joues sans qu'elle puisse les retenir, son corps battait à tout rompre alors qu'elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait. Tremblante, elle posa ses mains sur le visage de l'homme qu'elle aimait. Il se pencha dans sa caresse et la fixa, les larmes roulant sur ses joues.
-Severus ? murmura-t-elle.
-Oui, mon ange. répondit-il doucement.
-Tu te souviens vraiment ?
-Oui, mon ange, je suis revenu.
D'un seul coup, les barrières autour du cœur d'Hermione explosèrent. Elle se jeta dans les bras de l'homme qu'elle aimait, s'accrochant à lui comme s'il risquait de s'envoler à tout moment. Elle pleura, laissant enfin sortir tout ce qu'elle avait contenu depuis un an.
Severus la serra contre lui, les larmes lui montant aux yeux à l'écoute des sanglots déchirants de la femme qu'il aimait. Il inspira profondément son odeur familière et ferma les yeux. Comment avait-il pu ne pas reconnaître cette fragrance, celle de son Amortentia ? Lui, un grand maître des potions, était passé à côté de quelque chose d'aussi simple.
Lorsque Hermione eut fini de pleurer, elle se recula et fixa l'homme qu'elle aimait. Elle s'avança doucement vers lui et, se mettant sur la pointe des pieds, posa son front contre le sien.
- Tu m'as tellement manqué... J'ai cru que plus jamais tu ne serais à moi. J'ai pensé mourir, Severus… Je t'aime tellement. Quand tu as ouvert les yeux et que tu ne m'as pas reconnue comme la femme que tu aimais, j'ai cru que j'allais vraiment mourir dans cette chambre d'hôpital.
- Je suis désolé de t'avoir fait autant de mal, mon ange. Je t'aime, merci de m'avoir attendue. J'avais juste besoin de temps pour retrouver mes souvenirs. Après tout, je reviendrai toujours vers toi, car je t'ai promis : "À toi pour toujours", mon ange.
Severus n'attendit pas de réponse. Au lieu de cela, il posa doucement ses lèvres sur celles d'Hermione et l'embrassa avec toute la tendresse qu'il pouvait offrir, avec tout l'amour qu'il avait pour elle, tout en laissant transparaître la douleur de l'avoir perdue pendant un an et la colère de l'avoir fait souffrir.
À cet instant, il se promit de ne plus jamais la blesser et de l'épouser au plus vite pour montrer au monde entier que cette femme magnifique et merveilleuse lui appartenait. Oh non, plus jamais il ne la laisserait partir, plus jamais il ne permettrait d'oublier celle qui tenait son cœur entre ses mains.
Pour l'heure, il savourait le moment de l'avoir retrouvée. Dès demain, il lui passerait un anneau au doigt, comme il le lui avait promis ce soir-là, sur leur canapé. Oui, demain, leur vie ensemble commencerait véritablement. Peu lui importait que cela déplaise à qui que ce soit. Elle était à lui, tout comme il était à elle, et c'était tout ce qui comptait.
