Bonjour à toutes et à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour le seizième chapitre de SAMLD !

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Sarah MAES : À part lors de la dispute entre Justin et Théo, c'est vrai que l'humeur générale du chapitre était plutôt gaie ! Et effectivement, on ne sait pas grand-chose sur Andromeda, elle est peu traitée dans les tomes et elle même carrément absente dans les films… Alors qu'il y aurait tant de choses à traiter chez ce personnage ! Mais d'un côté, c'est bien, car ça laisse tout le loisir et toute la liberté d'approfondir ce personnage ! Et ça fait travailler l'imagination XD Je suis ravie que la fic te plaise toujours autant, mille mercis d'être souvent là pour faire part de tes impressions !

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Sur ce, je vous laisse avec ce nouveau chapitre, et je vous souhaite à tous une agréable lecture !

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16 – Réussite, test et réunion

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(mardi 23/07) POV Ron

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Ron était en train de ranger sa chambre quand il fut distrait par un hibou qui claquait du bec contre sa fenêtre. Il alla l'ouvrir, récupéra la lettre attachée à la patte du hibou, et s'apercevant que cela venait de l'Institut National de l'Éducation Magique, il s'empressa de déplier le parchemin. Il allait savoir s'il avait eu la note requise pour continuer à assister aux cours de potions… Il lut avec avidité ses résultats :

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Théorie : 16

Pratique : 15

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Moyenne : 15,5

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Mention : Effort Exceptionnel

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Un soulagement et une joie sans nom envahirent Ron. Il avait réussi. Il avait réussi ! Il se rua hors de sa chambre, dévala les escaliers et déboula dans le salon, où Ginny lisait tandis que sa mère faisait de la couture :

- J'ai eu un Effort Exceptionnel ! Je suis admissible aux cours des ASPIC !

Sa mère et sa sœur relevèrent brusquement la tête. Un grand sourire illumina le visage de Ginny. Sa mère, elle se leva et vint serrer Ron dans ses bras :

- Oh, Ron, bravo ! Je suis si fière de toi…

- Oh, je n'ai pas tant de mérite que ça… Avec tout le boulot que j'ai abattu, ça aurait été inquiétant si je n'avais eu qu'un Acceptable…

- Justement, tu as travaillé très dur, et c'est ça, le mérite que tu as. Et j'aimerais te récompenser en te faisant un petit cadeau…

- Oh non, ce n'est pas la peine…

- Tu n'as envie de rien ?

- Non. Enfin si… Est-ce que tu serais d'accord pour que j'aille sur le Chemin de Traverse ?

- Euh… oui, je n'y vois pas d'inconvénient. Mais tiens, tu pourras t'acheter ce que tu veux.

Molly tendit un gallion à Ron. Un gallion. Pour le commun des sorciers, ce n'était pas grand-chose, mais pour Ron, c'était beaucoup.

- Merci, dit-il, touché.

Ron embrassa sa mère sur la joue et monta récupérer son sac dans sa chambre. Puis il revint dans le salon où il utilisa la cheminée. Il piocha une poignée de poudre de Cheminette qu'il jeta dans l'âtre après avoir prononcé sa destination. Il fut emporté dans un tourbillon de flammes vertes, vit défiler des dizaines de cheminées et atterrit une quarantaine de secondes plus tard dans celle du Chaudron Baveur, le point d'accès au Chemin de Traverse. Il quitta l'auberge et alla d'abord à la papeterie où il se ravitailla en plumes, encre et parchemins. Le jour de l'inauguration du commerce de Fred et de George, il était resté toute la journée dans la boutique, ayant voulu visiter tous les rayons et assister à plus d'ateliers possible, et n'avait donc pas pu aller faire des emplettes. Mais là, c'était urgent : il il n'avait presque plus de papier et d'encre, les ayant tous épuisés avec la quinzaine de lettres qu'il avait écrites. Et il n'était même pas au milieu de l'été ! Mais ce n'était pas de sa faute s'il avait huit amis à qui il avait promis de correspondre avec ! Mais il ne s'en plaignait pas : il aurait été hors de question pour lui de passer tout un été sans avoir de leurs nouvelles ! Et cela l'avait réconcilié avec les relations épistolaires. Car à la base, ce n'était pas sa tasse de thé… Après s'être ravitaillé, il paya et sortit de la papeterie. Il déambula dans l'allée commerciale, s'arrêta à Broomstix, un magasin de balais où il observa les modèles les plus récents, et il fit ensuite un saut à Bonbec où il fit le plein de friandises magiques, telles que des baguettes réglisse, des ballongommes de busard, des fondants du chaudron, des chocogrenouilles, des patacitrouilles, des dragées surprises de Bertie Crochue… Il y avait de tout, dans cette confiserie, et c'était pour cela qu'il l'affectionnait tout particulièrement. Il poursuivit sa petite virée en flânant dans la boutique d'accessoires de Quidditch, où il admira gants, casques, capes, souafles, cognards et vifs d'or, et il acheva sa promenade en se rendant à la boutique de ses frères. Il fut frappé par le fait que l'endroit semblait bien plus petit que le jour de l'ouverture. Mais il saisit vite que ce n'était qu'une illusion due à l'ajout de rayons.

- Ron ! s'exclama George. Que fais-tu ici ?

- Eh bien, j'ai eu la permission d'aller sur le Chemin de Traverse.

- Tu t'ennuyais, au Terrier ?

- Non, mais j'avais quelque chose à vous annoncer. Mais il y a peut-être trop de monde pour que je vous retienne…

Agathe, qui était à deux mètres des trois frères, leva le pouce pour signifier qu'elle se chargeait des clients. Les jumeaux la remercièrent et reportèrent leur attention sur Ron.

- On t'écoute.

- Lors de l'inauguration, vous m'aviez demandé de vous informer de mes résultats des rattrapages quand je les aurais reçus… Et c'est fait, je les ai eus il y a une heure.

- Et ? le pressa Fred.

Ron ne fit pas durer le suspense plus longtemps :

- J'ai eu quinze à la pratique et seize à la théorie. Ce qui me fait…

- … quinze et demi de moyenne, acheva George.

- Et donc… un Effort Exceptionnel ! s'écria Fred.

- Mais c'est génial ! Ça y est, tu es un pro des potions !

- N'abusez pas, pouffa Ron. Je n'ai pas eu non plus un Optimal…

- Non, mais avoir plus de quatorze à sa BUSE de potions, même aux rattrapages, ce n'est pas donné à tout le monde ! Ce n'est pas pour rien si, parmi les principales matières, les potions sont celle où il y a le moins d'élèves en sixième année… Il y en a qui arrêtent parce qu'ils en ont marre et qu'avoir un ASPIC en potions ne leur servirait à rien, mais il y en a plein qui abandonnent car ils n'ont pas le niveau… Toi, tu l'as, et en t'y mettant à fond toute l'année, tu es largement capable d'avoir la même note aux ASPIC.

- On est loin d'y être, mais je vais tout faire pour. Je n'ai pas sacrifié mes deux premières semaines de vacances pour tout gâ…

Ron fut interrompu par un client qui le bouscula légèrement et qui s'en excusa.

- Euh… dites-moi, ce n'est pas trop galère de circuler, dans la boutique ?

- Si, mais c'est temporaire. Et on était obligés de prolonger les rayons pour mettre plus d'articles à la disposition des clients. Ils se vidaient trop vite et on était surmenés entre le remplissage récurrent des rayons, la caisse, les conseils et renseignements prodigués aux clients…

- Ah bah c'est ça d'avoir une boutique qui prospère, s'amusa Ron. Le bouche à oreille fonctionne et ça attire les clients !

- Oui, mais c'est parce que c'est l'été. Ce sera plus calme après la rentrée. Mais on avait néanmoins sous-estimé l'afflux des clients étrangers…

- Il aurait fallu un local plus grand…

- Bah en fait, initialement, le propriétaire du local nous avait proposé d'acheter celui-là et le hangar qui le jouxte derrière, on avait les moyens pour ça, et ça ne nous aurait pas mis dans la panade pour les autres budgets, mais on a préféré être prudents et se contenter de ce local…

- Vous étiez sûrement malades, ce jour-là. Car «prudence» ne rime pas du tout avec Fred et George Weasley…

- Non, on allait très bien. Mais dès qu'il s'agit de la boutique, nous ne sommes plus nous-mêmes !

- Oui, et ce que George a oublié de te préciser, Ron, c'est que c'est moi qui ai freiné des quatre fers pour le second local…

- Toi ? Le plus impulsif du duo ?

- Hé oui… Et c'est George, le plus sage et le plus pondéré de nous deux, qui insistait pour qu'on le prenne. Mais j'avais trop peur qu'on ait besoin de cet argent pour une potentielle urgence… George a fini par se ranger de mon avis, et on regrette d'avoir décliné l'offre du proprio. Car il n'y a pas eu d'urgence et ce deuxième local, c'était plus qu'une nécessité… Du coup, on a écrit au proprio pour lui dire qu'on était tout compte fait intéressés. Mais même si on l'a rapidement, le local ne sera pas prêt tout de suite. Une fois que la cloison qui sépare les deux locaux sera abattue – ce qui va être fait par un expert – on va devoir nettoyer et repeindre le hangar qui est vieux et défraîchi, et réaménager toute la boutique… Et tout ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Si nous étions libres de nos journées, en une semaine, ce serait fait, mais là, on n'aurait que le soir et le dimanche pour faire ces travaux…

- Je peux vous aider, suggéra Ron.

- Non, toi, tu profites de tes vacances.

- Mais je n'ai rien à faire ! Et moins je suis au Terrier, mieux je me porte…

- Pourquoi ? Ça ne va pas, là-bas ?

- C'est tendu, entre maman et Ginny.

- Ah… Et qu'est-ce qui ne va pas, entre elles ?

- Ginny a été nommée préfète, mais également co-capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Et ça ne plaît pas du tout à maman. Elle est ravie que Ginny soit une future préfète, mais pour elle, son poste de co-capitaine sera de trop. Elle craint que Ginny ait trop de responsabilités et que ça ait un impact sur ses études. Avec les BUSE en jeu, ce n'est pas le moment selon elle d'être distraite de sa scolarité… Mais Ginny se sent tout à fait apte à assumer toutes ses fonctions sans que ça n'ait de répercussions sur ses BUSE, et elle soupçonne maman de ne pas lui faire confiance et de chercher à l'empêcher d'évoluer dans le domaine du Quidditch… Le sujet revient fréquemment sur le tapis, et à chaque fois, ça vire au vinaigre.

- Et papa, dans tout ça ?

- Il soutient Ginny, il a essayé de se dresser contre maman, mais ça n'a rien fait.

- Elle est en train de refaire la même erreur qu'elle a faite avec nous… J'espère que Ginny fera fi de son opinion et qu'elle conservera à la fois son rôle de préfète et de co-capitaine… Et sans se fâcher avec maman et rompre les liens avec elle… Car on ne croirait pas, comme ça, mais ça nous pèse, à Fred et moi, d'être en froid avec elle. Mais tant qu'elle n'acceptera pas d'avoir deux fils qui gagnent leur vie en dirigeant une boutique de farces et attrapes, on ne fera pas le moindre pas envers elle.

- Si elle venait ici, elle constaterait que ça marche très bien pour vous et elle reconnaîtrait peut-être ses torts…

- Ou elle critiquerait le fait que ce soit trop petit, qu'il n'y ait pas assez de place…

- Oui, mais ça prouve que votre affaire roule !

- Nous ne sommes pas à cent pour cent derrière cette réussite… Tu y as pas mal contribué, avec la pub que tu nous as faite lors d'une fête à Poudlard… Tu as si bien vendu nos objets qu'on avait plus de commandes que de produits en stock ! Bon nombre de nos jeunes clients britanniques disent que s'ils sont là, c'est parce qu'ils ont eu vent de nos inventions à Poudlard, après la fameuse fête que tu as organisée avec tes amis, et que ça avait piqué leur curiosité… On réitère ce qu'on t'avait dit dans notre lettre : tu es fait pour la communication et pour la vente. Et si tu souhaites vraiment nous filer un coup de main, ce serait plutôt ici, et non dans le local à rénover…

- Ça me va !

- Mais pas sûr que maman soit d'accord pour que tu aies un job ici…

- Elle n'aura pas le coeur à refuser avec les résultats de mes rattrapages… Et elle n'a aucune raison valable de m'interdire de bosser pour vous.

- Mmmh… Ce n'est pas faux. Dès que tu as son autorisation, fais-le nous savoir. Et dis-lui bien que tu seras payé. Qu'elle ne s'imagine pas que nous allons t'exploiter…

- Mais ce n'est pas pour être payé que je veux vous aider, protesta Ron.

- Désolé mais ici, on respecte la loi. Et la loi exige que les employés soient payés.

- Et comme ça, tu auras largement de quoi t'acheter tes fournitures par toi-même. Avec de l'argent que tu auras dûment gagné. Bon, pour te féliciter de tes résultats, on te fait cadeau de trois gallions de produits !

- Oh, c'est gentil, mais…

- Pas de «mais» ! Ça nous fait plaisir.

Ron n'argumenta pas davantage et opta pour une plume à vérificateur d'orthographe, deux plumes auto-encreur, deux baguettes farceuses et un sac de sucreries. Puis il prit congé de ses frères et alla à Fleury et Bott où il s'offrit un livre sur l'histoire des treize équipes de la Ligue de Quidditch avec le gallion de sa mère et celui qu'il avait dans sa bourse et qu'il n'avait pas dépensé durant son année à Poudlard. Satisfait de son après-midi sur le Chemin de Traverse, il rentra au Terrier, avec l'heureuse perspective d'une soirée à dévorer son livre et ses délicieuses friandises…

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Le soir-même, lors du dîner et après le récit d'une drôle anecdote de son père sur sa journée au Ministère, Ron aborda le sujet qui lui brûlait les lèvres :

- Maman, papa, est-ce que ça vous dérangerait que je sois embauché pour l'été dans la boutique de Fred et de George ?

Molly sembla soudain avoir avalé un Musard de travers. Arthur et elle se consultèrent du regard. Ce fut Molly qui répondit en premier :

- Il n'y a rien de mieux à faire dans les parages que de perdre son temps dans une boutique qui vend des idioties qui n'ont aucune utilité ?

- C'est ce que j'ai envie de faire, et ça dépannerait Fred et George qui sont victimes de leur succès et qui doivent s'agrandir… Mais le truc, c'est qu'ils ne peuvent pas être à la fois dans la boutique et dans le local à retaper… Et même avant qu'ils ne m'en parlent, j'avais l'intention de leur demander s'ils recrutaient.

- Et tu ferais quoi, là-bas ?

- Je serais au contact des clients.

Molly allait répliquer, mais Arthur la devança :

- Eh bien moi, je suis conquis par cette idée. Ron n'a rien à faire, ici, depuis que Pansy n'est plus là, il vaut mieux qu'il fasse quelque chose de ses journées qui sont un peu longues pour lui… Ça va lui faire un petit salaire et ça va développer ses compétences commerciales… Car, que ce soit dans un magasin de farces et attrapes, dans une librairie ou dans une animalerie, la vente, c'est de la vente. Et c'est moins pire que de distribuer des tracts dans la rue pour faire de la pub pour des entreprises qui ne sont pas toujours très morales… C'était moldu, ça, à la base, mais le monde sorcier s'en est inspiré et s'est approprié le concept en animant notamment les parchemins…

- C'est sûr que je préfère que Ron travaille pour ses frères plutôt qu'il fasse ça

- Alors c'est oui ?

- Si tu n'abuses pas de la situation en flânant sur le Chemin de Traverse jusque tard le soir et que tu as au moins un jour et demi de repos dans la semaine, oui, tu as notre feu vert.

- C'est promis ! Merci, maman. Et merci, papa.

Arthur sourit avec indulgence, tandis que Molly vida énergiquement son assiette dans le plat de rôti et de légumes. Bon, c'était clairement à contrecoeur qu'elle avait donné son aval…

- Moi aussi, l'été prochain, j'essaierai d'avoir un job sur le Chemin de Traverse, décréta Ginny.

- À moins que tu aies un stage, supputa Arthur.

- Pour ça, il faudrait que je sache quoi faire après Poudlard…

Ron admira la facilité avec laquelle sa sœur mentait. Elle avait parfaitement en tête ce qu'elle ferait une fois ses ASPIC en poche : intégrer une équipe locale de Quidditch. Mais ça, elle ne le révélerait pas tant que Molly ne considérerait pas le Quidditch comme étant un bon choix de carrière. C'était ce mépris envers le Quidditch qui avait mis le feu aux poudres entre Molly et George, lors du séjour d'Olivier au Terrier… Après une remarque désapprobatrice sur le projet des jumeaux de monter leur propre boutique, Olivier avait clamé haut et fort qu'il serait fier de George, quoi qu'il fasse de sa vie en quittant Poudlard. Sentant bien qu'elle n'aurait pas l'appui d'Olivier pour faire renoncer Fred et George à leur rêve, elle avait attaqué Olivier en sous-entendant fortement qu'il ne faisait pas un vrai métier, ce qui avait scandalisé George. Il n'avait pas décoléré de la fin de l'été, tout comme Fred qui soutenait totalement son frère, et depuis le matin du premier septembre, ils n'avaient pas remis les pieds au Terrier. Après les nombreuses – et vaines – tentatives de Molly de les décourager de créer leur boutique, son attitude envers Olivier avait été la goutte de trop. Les jumeaux avaient coupé les ponts avec Molly, et sans eux, la maison était bien calme. Mais à leur place, Ron aurait fait comme eux.

- Tu n'as pas ne serait-ce qu'une légère appétence pour un domaine en particulier ? s'enquit Arthur.

- Non. Enfin, pas au point d'en faire mon métier… Mais si j'avais un stage à faire, je m'orienterais peut-être vers la rédaction d'un journal.

- Cela ne ferait pas honneur à tes aptitudes, regretta Molly. Tu es une excellente élève, Ginny, et si tu maintiens tes efforts jusqu'aux ASPIC, tu auras accès à des tas de formations… Mais pour ça, tu devras être dans les meilleures conditions qui soient et te concentrer à mille pour cent sur tes études. Ce qui ne sera pas faisable en ayant trop d'obligations à gauche et à droite…

«Et ça y est, c'est reparti» songea Ron. C'était comme ça presque tous les soirs…

- Si c'est trop galère, j'en référerai au professeur Lupin, et je me plierai à ce qu'il décidera. Mais s'il m'a élue préfète et qu'il n'a pas conseillé à Harry une autre co-capitaine que moi, c'est que pour lui, je suis capable de tout gérer. Et je ne serai que co-capitaine, maman. J'aurai moins à faire et moins de pression que Harry.

- Ce que que tu peux être bornée, ma pauvre fille… Mais sois bien certaine que si je n'arrive pas à te raisonner avant la rentrée, je n'hésiterai pas à m'en mêler si tes notes sont en chute libre !

- Le professeur Lupin s'en sera chargé bien avant… Il n'est pas irresponsable, s'il constate que mes notes pâtissent de mes diverses fonctions, il y remédiera.

- Il y a intérêt. C'est son rôle de directeur de maison.

- Et il le remplit plus que bien.

Ron valida vigoureusement les paroles de Ginny. Celle-ci avait réussi à faire en sorte que ça ne vire pas à la dispute, entre Molly et elle, mais Ron n'était pas dupe : sa mère n'allait pas lâcher l'affaire, et elle mettrait tout en œuvre pour que Ginny se déleste de son poste de co-capitaine… Mais Ginny n'était pas moins retors, et pour Ron, cela ne faisait aucun doute que Ginny demeurerait campée sur ses positions…

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Quelques heures plus tôt

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POV Adrian

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- Allez, un petit coup de lotion et ce sera bon…

Cela faisait une heure qu'Adrian faisait une beauté à son balai. Car ce jour-là était un jour spécial : Adrian allait avoir son tout premier entraînement avec le Club de Flaquemare. Il serait jugé sur son niveau par Felix, le capitaine de l'équipe. Et pour cette grande occasion, Adrian tenait à ce que son balai soit étincelant. Il le lustrait avec un chiffon imbibé de lotion quand Graham débarqua dans le salon :

- Hé, tu vas l'user, ton balai, à force de l'astiquer…

- Non, au contraire, il va être tout beau !

- Mais tu l'emmènes à un entraînement, pas à un mariage… Pourquoi tu lui fais un tel soin alors que d'habitude, tu te contentes qu'il soit simplement propre ?

- C'est pour faire bonne impression. Avec un balai flamboyant, je vais grappiller des points.

- Mais Felix s'en fiche que ton balai resplendisse de mille feux ! L'essentiel c'est qu'il vole et qu'il n'ait pas de défaillances, c'est tout ! Ce sont tes performances que Felix va évaluer, pas ton balai… Et avec le talent que tu as, même si tu y allais avec un vieux Brossdur, tu serais pris dans l'équipe… Et j'exagère à peine. Ce que Felix cherche, c'est un poursuiveur pour remplacer Julian qui est bon, mais qui n'est plus assez efficace pour être titulaire et qui deviendra remplaçant. Et pour l'avoir vu lors des entraînements, tu vaux bien mieux que lui, crois-moi…

- Même rouillé ?

- Tu n'es pas rouillé, rétorqua Graham. Ou du moins, tu ne l'es plus. Car avec toutes les séances de Quidditch qu'on a faites la semaine dernière, tu as vite récupéré toute son aisance, tous tes réflexes et tout ce qui faisait de toi un brillantissime poursuiveur.

- Tu me flattes, là.

- Oui, mais c'est de la flatterie sincère. Je n'invente rien, je ne fais que dire la vérité. Bon, lâche ton balai, on va y aller.

- Hein ? Déjà ? Il est treize heures quarante et l'entraînement n'est qu'à quinze heures…

- Oui, mais ce serait bien que tu te familiarises un peu avec l'endroit et avec les joueurs de l'équipe avant d'aller sur le terrain.

- Ah oui… Pas faux.

Le stress monta chez Adrian à l'idée de se retrouver au milieu d'une quinzaine de personnes, ce qui n'échappa pas à Graham :

- Hé, détends-toi, t'es tout crispé, là…

- Je n'y peux rien, c'est plus fort que moi… Est-ce que toute l'équipe sera là ?

- Oui. Les entraînements se font au complet. C'est ça qui t'effraie ?

- Tu sais que je ne suis pas très à l'aise avec la foule…

- Comment tu fais, à la Jobarbquiboit ?

- Ce n'est pas pareil. Là-bas, les gens ne font pas attention à moi. Je ne suis là que pour les servir, et ce sont des gens avec qui je ne vais pas créer de liens. Je me fiche de l'opinion qu'ils ont de moi. Si tant est qu'ils en aient une… Je ne suis qu'un courant d'air pour eux, car il y a toujours du monde et je suis constamment en mouvement… Sauf quand je suis à la plonge, mais je ne suis qu'avec trois ou quatre collègues et on est trop concentrés sur ce qu'on fait pour bavarder. Avec l'équipe, ça ne va pas du tout être la même chose. On va se côtoyer trois fois par semaine et en tant que postulant, tous les yeux vont être braqués sur moi… Et là-bas, à l'inverse des clients du bar, ils savent tout de moi. Que ce soit la drogue ou ce que j'ai fait à Harry… Ils ont des contacts, à Poudlard. Et dès lors qu'il y en a un qui a vent des potins de l'école, ça se répand ensuite comme une traînée de poudre…

- Oui, ils sont très informés, mais parmi ces infos, il y a aussi ton sevrage et tout ce que tu fais pour te réintégrer dans la société. Je me suis personnellement chargé de les instruire là-dessus.

- Et ça a suffi pour les convaincre que je ne suis pas quelqu'un de foncièrement mauvais ?

- Pour la plupart, oui.

- Et pour les autres ?

- Tu les convaincras toi-même, avec le temps. Mais ne t'en fais pas trop pour ces personnes-là. On n'est pas obligés d'être amis avec tout le monde… C'est rare que dans une équipe, il n'y ait pas de tensions entre certains joueurs. Le principal, c'est que ça ne se ressente pas sur le terrain. Et en règle générale, les joueurs sont assez sérieux et intelligents pour faire la distinction entre la sphère privée et la sphère professionnelle. Ils ne vont pas s'insulter ou s'écharper sur leurs balais en plein match ou en plein entraînement…

- Oui, c'est vrai… C'est bête de me tracasser comme ça. Les choses sont ce qu'elles sont, et ce que j'ai de mieux à faire, c'est de les affronter sans tergiverser.

- Exactement ! Et avec toute la détermination qui te caractérise, et en gardant la tête haute. Bon, es-tu prêt à y aller ?

- Oui.

- Bien, allons-y.

Adrian agrippa le bras de Graham qui les fit transplaner. Ils atterrirent non loin du domaine du club de Flaquemare, qui était constitué d'un terrain, de vestiaires, d'un entrepôt et d'un grand bâtiment. Graham fit d'abord découvrir à Adrian l'entrepôt qui était protégé par un cadenas qui se débloquait en traçant quatre runes dessus avec la baguette.

- C'est hyper sécurisé…

- Oui, car c'est là où il y a tout ce dont on se sert pour le Quidditch : les balais des joueurs, les balais de secours, les balles, les battes, les combinaisons, les sifflets, les brosses, les cirages, les lotions de polissage…

- Ah ouais, ce serait un poil embêtant que vous vous fassiez piquer tout ça…

- Surtout nos propres balais ! Il y en a qui valent très cher.

- Tous les joueurs ont leurs balais ici ?

- Non, que la moitié environ. Il y en a qui préfèrent les avoir chez eux.

- Et les boîtes de nettoyage ? Elles sont à vous ?

- À nous tous, oui. Ça dépanne quand on n'a pas la nôtre sur nous ou quand il nous manque un truc.

- Cool… Mais si je suis admis dans l'équipe, je veillerai à avoir tout le temps ma boîte.

- C'est ce qu'on fait tous, mais il y a des fois où on l'oublie car on est distrait ou parce qu'on part de chez nous en quatrième vitesse…

Graham et Adrian quittèrent l'entrepôt et se dirigèrent vers les vestiaires. Il y avait deux pièces pour se changer, des douches et une salle de réunion. C'était très sobre et très classique, mais cela allait très bien à Adrian. Graham lui fit ensuite explorer le troisième bâtiment qui lui plut immédiatement.

- C'est là où on loge quand on a des matchs à domicile ou quand on enchaîne sur plusieurs jours des entraînements et des après-midis de discussions.

- Elles portent sur quoi, ces discussions ?

- Sur tout un tas de choses : des problèmes qu'on tente de résoudre, des bilans qu'on fait sur chacun de nous, des stratégies qu'on élabore… Bon, je dis «on» mais je n'ai pas encore assisté à ça, car ça ne fait que trois semaines que je suis dans le Club… Mais on m'en a parlé.

- Est-ce que vous avez vos chambres attitrées ?

- Oui, mais on est deux ou trois dans chaque chambre. Car ça a beau être grand, ici, ça ne l'est pas au point qu'on puisse tous avoir une chambre individuelle…

- Tu es avec qui, dans la tienne ?

- Avec Nick. Il est censé être à la retraite, mais il la retarde jusqu'à ce que Felix déniche la perle rare pour le poste de poursuiveur titulaire. Il léguera sa place de remplaçant à Julian tandis que la perle rare héritera du rôle de titulaire. Et quand Nick s'en ira, mon nouveau voisin sera en toute logique la nouvelle recrue, qui est très probablement à deux mètres de moi.

- Tu as plus confiance en moi que moi en moi-même… Mais si je suis pris, ce serait fou ! Car même ici, on sera inséparables…

- Ça ne va pas te gêner ?

- Bien sûr que non. On aura tout de même notre indépendance… Et ce sera comme lorsqu'on était à Poudlard.

- Oui, mais sans Cassius et Miles. D'ailleurs… non, rien. Bon, je te fais le tour du propriétaire ?

- Avec grand plaisir !

Graham et Adrian visitèrent ainsi chaque pièce de l'hôtel : les chambres, le salon, la cuisine… Il y avait même une volière. Adrian fut totalement sous le charme. Il adorait cet endroit.

- Les gars sont sûrement dans les vestiaires, à l'heure qu'il est, estima Graham après avoir refermé la porte de la dernière pièce. On y va ?

Adrian acquiesça. Ils sortirent de l'hôtel et se rendirent aux vestiaires, où il y avait bel et bien leurs coéquipiers. Ils n'étaient pas tous là, mais ils étaient seize sur les vingt-et-un membres de l'équipe. Lorsqu'ils entrèrent dans les vestiaires, tous les regards convergèrent vers eux.

- Oh, c'est toi, Graham ! Tu es avec le candidat au poste de poursuiveur ?

- Oui, je vous présente à tous Adrian. C'est un ami et un très bon joueur de Quidditch.

- Enchanté, Adrian ! On a enfin un visage sur ton nom… Moi, c'est Remy, je suis poursuiveur dans l'équipe de réserve. Nous sommes six suppléants à ce poste : Ben, Aaron, Isaac, Joe, Nick… et moi, déclara Remy en désignant chaque joueur en les énonçant. Mais Nick, c'est provisoire. Si tu rejoins l'équipe, il prendra sa retraite bien méritée.

- Ne lui faites pas miroiter une titularisation, répliqua un garçon aux cheveux châtain. Felix veut me dégager du poste de titulaire car il se base sur mes prestations médiocres du mois de juin où j'ai eu un passage à vide, mais là, ça va mieux, et je vais être si bon lors des prochains entraînements que Felix reviendra sur sa décision. Mais rien ne l'empêche de te prendre chez les remplaçants, Adrian.

- J'irai là où le capitaine me dira d'aller.

- Il ne se rétractera pas, Julian, prévint Isaac. Il faut que tu te résignes…

- Non ! s'écria Julian. Je n'ai rien à faire chez les remplaçants. Je n'ai rien perdu de mes capacités, et je vais le prouver à Felix. Ce n'est pas contre toi, Adrian. Mais Felix se fait une fausse opinion de moi et c'est normal que je veuille restaurer mon image auprès de lui…

- Certes, mais c'est lui qui tranchera, et il faudra que tu te plies à son choix, quel qu'il soit, conclut un grand blond. Je suis Luke, gardien remplaçant, ajouta-t-il en s'adressant à Adrian.

- Et moi c'est Harold, et je suis comme Luke.

- Ok, j'ai le prénom de dix d'entre vous… dont la moitié que je n'ai déjà plus en mémoire, confessa Adrian, penaud.

- T'inquiète, on a tous eu nos premiers jours, et on a tous eu du mal à retenir les noms, le rassura un homme un peu plus âgé qu'Adrian. Moi c'est Ian, batteur remplaçant. Je suis indissociable d'Edgar, qui est à ma droite. Avec nous, les cognards, ça fuse !

- Ouais, c'est comme Murray et moi, renchérit un autre joueur. Je suis Alban, et avec Murray, nous sommes les batteurs titulaires.

- Et moi, c'est Phil, et je suis attrapeur remplaçant avec Jason qui est en face de moi.

- Ça y est, tu as les noms de tous ceux qui sont là ! Ah bah voilà les autres…

En effet, les cinq joueurs restants venaient d'arriver dans les vestiaires. Parmi eux, il y avait Felix, qui avait son badge de capitaine épinglé sur sa poitrine, et Olivier Dubois. Ils saluèrent un à un tous leurs camarades, et quand Olivier serra la main d'Adrian, ce dernier vit dans ses yeux une profonde bienveillance qui lui réchauffa le coeur plus que ne l'aurait fait une bouillotte ou une boule de feu. Ils avaient été rivaux, à Poudlard, mais désormais, ils allaient potentiellement être coéquipiers. De plus, Adrian était le meilleur ami de Graham, qui était très proche d'Olivier…

- Toi, c'est Adrian, n'est-ce pas ? devina Felix.

- Oui, c'est moi, confirma Adrian.

- Ravi de te rencontrer ! Je suis Felix, poursuiveur et capitaine de l'équipe. Et voici Olivier, gardien titulaire, Eddy, attrapeur titulaire, et Jacob et Neil, batteurs remplaçants.

- Tu l'as achevé, là, plaisanta Remy. Il s'est tapé à l'instant tous nos prénoms, et là tu en remets une couche…

- Ah, désolé, fit Felix. Mais c'est comme ça, ici ! On ne ménage pas nos troupes. Bon, prêt pour ton test, Adrian ?

- Plus que prêt !

- Bien, il est quarante, indiqua Felix. À cinquante, tout le monde sur le terrain !

- On n'a que dix minutes pour se préparer ?

- Oui, le bavardage, c'est après l'entraînement. Vous aurez tout le temps pour ça. Là, on bouge et on se grouille !

Il n'en fallut pas plus pour que les joueurs se lèvent et aillent dans les espaces dédiés à l'habillage. En cinq minutes, Adrian fut revêtu de sa tenue de Quidditch, et à quatorze heures quarante-neuf, il fut sur le terrain avec tous ses coéquipiers, autour de leur capitaine.

- Vous êtes tous là ? Oui ? Super. Bon, voici le programme du jour : les poursuiveurs vont bosser sur les transmissions et les interceptions, les batteurs vont se concentrer sur la précision et la puissance de leurs frappes du cognard, les gardiens vont travailler sur l'anticipation des buts et la stratégie de la relance, et les attrapeurs vont essayer de s'améliorer sur la déstabilisation de l'adversaire, vif d'or en ligne de mire ou non, et sur l'optimisation de leur course, en serrant notamment les virages. Est-ce que tout est clair pour vous tous ? Oui ? Bien, on y va pour quinze minutes de footing !

Adrian s'exécuta sur-le-champ. C'était ainsi que les équipes locales et nationales s'échauffaient : en courant. C'était ce qui différait, entre autres, du Quidditch à Poudlard. Et entre deux entraînements, les batteurs et les poursuiveurs devaient également se muscler, car comme les terrains étaient plus grands qu'à Poudlard, il y avait plus de force à avoir pour envoyer les souafles et les cognards. Être dans une équipe professionnelle était loin d'être une promenade de santé, cela nécessitait beaucoup d'endurance et de résistance à l'effort, mais cela ne faisait pas peur à Adrian. Avec tout le sport qu'il faisait dans le cadre de sa thérapie, ce n'était pas un quart d'heure de footing qui allait l'épuiser. Il supporta facilement la cadence, fit un tour de plus que la majorité de ses coéquipiers, et était à peine essoufflé quand ils se regroupèrent au centre du terrain sur l'ordre de Felix.

- Tous sur vos balais !

Adrian et ses camarades enfourchèrent leurs balais et s'envolèrent dans les airs au coup de sifflet du capitaine. Ils étaient titulaires contre remplaçants et se distinguaient par la couleur de leurs maillots. Prônant le poste de titulaire, Adrian jouait avec cette équipe. Julian, lui, était dans celle de réserve. Ayant bien en tête les directives de Felix, Adrian soigna ses passes, en lançant le souafle haut pour limiter les risques de capture par un poursuiveur adverse, mais en calculant bien pour que le souafle ne soit pas trop dur à réceptionner pour Felix et Graham. Il faisait en sorte qu'ils n'aient pas à trop bouger pour récupérer le souafle. Au début, quand Adrian avait le souafle et que Felix était près de lui, celui-ci s'apprêtait à bondir de tout côté pour attraper le souafle si Adrian le lui adressait. Mais lorsqu'il saisit le jeu d'Adrian, Felix fut plus serein, moins sur le qui-vive, sachant que le souafle lui tomberait dans les mains sans qu'il n'ait trop d'efforts à fournir. Graham, lui, savait déjà cela, et fut tranquille dès les premières minutes. Il connaissait la façon de jouer d'Adrian, tout comme Adrian connaissait la sienne. Ils avaient été pendant quatre ans et demi dans la même équipe, à Poudlard, et cela se traduisit dans la fluidité immédiate de leurs échanges. C'était comme s'ils n'avaient jamais cessé de jouer ensemble. Ils retrouvèrent très vite leurs automatismes, l'un anticipant les actions de l'autre, et tous deux n'ayant pas à se faire signe quand ils avaient besoin ou pas d'un appui. Ce qui n'était pas le cas entre Felix et Adrian. Deux ou trois fois, le capitaine voulut secourir Adrian quand il fut harcelé par Julian qui le pourchassait inlassablement, mais il se débrouilla très bien tout seul, semant Julian sans perdre le souafle. Julian avait fait de lui son principal ennemi, ce qui était assez logique, Adrian ayant pour objectif de lui ravir son poste… Et s'il ne fut pas gêné outre mesure par cette traque, Felix, lui, ne la vit pas du même œil et somma Julian de faire son job auprès des trois poursuiveurs titulaires, et pas uniquement auprès d'un d'entre eux. Adrian put ainsi mieux respirer et progresser plus librement sur le terrain. Mais il ne fit pas que jeter le souafle à ses coéquipiers et marquer des buts. Il appliqua la deuxième consigne de Felix : intercepter le plus possible le souafle quand il était chez l'équipe adverse. Il faisait du pressing sur celui qui avait le souafle pour l'inciter à déléguer le sésame à l'un de ses coéquipiers. Mais comme il le faisait dans la précipitation et sans réfléchir, il n'y avait pas de précision et il était plus simple pour Adrian de lui confisquer le souafle. Cela ne marchait pas à tous les coups, mais les trois quarts du temps, c'était fructueux. Il déroba la balle rouge quatre fois lors d'une passe entre Julian et Remy, deux fois entre Remy et Isaac et cinq fois entre Julian et Isaac. En revanche, il ne se la fit piquer qu'une fois en la congédiant vers Felix. Dans le même temps, il esquiva habilement les cognards à chaque fois qu'il était visé. Et sur douze tentatives de tirs, il trompa sept fois Luke, le gardien. Il était lessivé quand Felix sonna la fin de la séance. Tous les joueurs redescendirent vers le sol et se réunirent autour de Felix qui fit le debrief de l'entraînement. Il souligna à chaque joueur ses points forts, ses points faibles, ce qu'il avait apprécié dans sa performance, ce qu'il avait moins apprécié, et il prodigua des conseils pour rectifier ce qui n'allait pas. Puis il permit à toute l'équipe de s'en aller, à l'exception d'Adrian qu'il retint.

- J'ai le droit à un commentaire privé sur ma prestation ? plaisanta Adrian.

- Oui, ça ne concerne que toi et moi, pas les autres.

- Oh… Ton avis est si humiliant que ça ?

Felix grimaça, rentrant dans le jeu d'Adrian :

- Bon, j'avais prévu d'y aller avec délicatesse, mais puisque tu me tends la perche… Je ne vais pas y aller par quatre chemins : tu as été nul.

- Zut. Bon bah ça a été un plaisir, il ne me reste plus qu'à écrire à d'autres clubs… J'irais bien aller candidater chez les Chauve-Souris de Fichucastel, tiens…

- Tu fais ça, tu peux dire adieu à ton amitié avec Graham…

Les Chauve-Souris de Fichucastel étaient les grands rivaux du Club de Flaquemare. L'inimité entre ces deux équipes était issue d'un match en 1931 au cours duquel Jocelyn Wadcock, joueuse du Club de Flaquemare, avait inscrit tant de buts que ce match avait grandement contribué à lui faire avoir le record du plus grand nombre de buts inscrits en une saison au vingtième siècle.

- Non, plus sérieusement, ce que tu as montré lors de cet entraînement est plus que convaincant. J'ai bien fait d'écouter Graham.

Cette remarque troubla Adrian :

- Pourquoi accordes-tu autant de crédit à ce que dit Graham ? Ça ne fait que trois semaines qu'il est dans l'équipe…

- Il n'y a pas que lui qui m'a parlé de toi. Olivier s'en est mêlé. Et si, effectivement, Graham est tout fraîchement arrivé, Olivier, lui, est là depuis deux ans, et on a bâti une solide relation telle que je lui fais entièrement confiance. Et si je pourrais «reprocher» à Graham d'être influencé par la très forte amitié qui vous lie quand il me vante tes louanges, ce n'est pas une remarque que je peux faire avec Olivier. Lui a un avis totalement neutre. Vous étiez concurrents, à Poudlard. Et pas seulement parce que vous étiez dans deux équipes différentes. Non, vous étiez concurrents directs, lui étant gardien et toi poursuiveur… Et ce n'est pas tous les jours qu'on fait un portrait dithyrambique d'un ancien concurrent… Et c'est pourtant ce qu'il a fait. Alors s'il n'a que des éloges à faire à ton égard, c'est que tu es vraiment un très bon joueur. Et tu l'as prouvé lors de ces deux heures dans les airs.

Adrian rougit :

- Merci… Mais pour être tout à fait franc, Graham et Olivier ont une opinion de moi bien plus haute que celle que j'ai de ma propre personne…

- Ça, c'est peut-être parce que l'estime que tu as actuellement de toi-même n'est plus aussi positive qu'avant… Mais tu es sûrement en train de travailler dessus.

Felix faisait clairement référence à l'état mental d'Adrian fragilisé par tout ce qu'il avait subi depuis la mi-novembre : le sevrage, l'enfermement à Sainte-Mangouste, le rejet de ses parents, la solitude, la privation de sa baguette, la dépression, puis la reconstruction psychologique, les séances de sport, les séances chez le médicomage, chez le psychomage, chez l'addictomage, chez le magicomage… Felix était visiblement au courant de tout cela, par le biais de Graham, même si celui-ci n'avait pas tout dit, et si cela mit Adrian mal à l'aise, il fut néanmoins rassuré par l'absence de jugement chez le capitaine de l'équipe.

- Oui, j'y remédie avec ma psychomage…

Adrian hésita quelques secondes avant d'ajouter :

- D'ailleurs… ça ne te fait pas peur, de recruter un ex drogué qui a abusé de son ex petit-ami ?

- Non. Graham n'est pas trop allé dans les détails, mais je sais l'essentiel. Tu n'étais pas toi-même. Ce que tu as fait ne reflète pas la personne que tu es réellement. Le vrai Adrian, c'est le garçon qui se bat pour se réinsérer socialement, pour aller mieux et pour mener une vie saine et normale. Tout le monde a droit à une deuxième chance. J'ignore si elle t'aurait été octroyée par d'autres équipes, mais si personne ne le fait, qui le fera ? Bref, ce qui m'importe, c'est celui que tu es à l'heure qu'il est, et bien évidemment, tes qualités de joueur de Quidditch. Et si cet entraînement a été satisfaisant, ce n'est cependant pas suffisant pour déterminer si tu es fait pour le poste de poursuiveur titulaire. Il faut que je t'évalue sur d'autres points, dont les diverses manières de marquer (les buts centraux, les buts en diagonale, les buts de loin…), les feintes, les figures, les penalties, les duels… Là, cet après-midi, l'exercice des poursuiveurs était basé sur les transmissions et les interceptions, mais tu as été si efficace que j'ai pu te noter sur l'esquive des cognards et sur l'aptitude à lutter contre le pressing et à s'extirper d'une prise en sandwich entre deux adversaires. Et tu as été très bon sur tout ça, ainsi que sur les passes et les interceptions. Du coup, je n'aurai besoin que de deux autres entraînements pour te tester sur les points manquants. Mais même sans cela, l'éventualité que tu sois accepté dans l'équipe est très élevée.

Ces mots illuminèrent le visage d'Adrian.

- J'en serais fier et honoré… Mais ça ne créera pas trop de tensions, avec Julian ? Il a l'air de ne pas très bien encaisser sa relégation au poste de poursuiveur remplaçant…

- Il devra s'y faire. Et ce n'est pas avec sa séance d'aujourd'hui qu'il va me convaincre de le laisser chez les titulaires… Il s'est fait déposséder trop de fois quand il avait le souafle, il n'a pas été assez agressif pour s'en emparer quand il était dans l'autre camp, et il n'a été l'auteur que de trois buts, ce qui est très peu pour un titulaire, même quand l'entraînement n'est pas axé sur ça. Après, il n'est pas nul non plus, sinon il ne serait plus dans l'équipe, mais il est loin du niveau qu'il avait avant. Mais s'il y a des conflits entre vous parce qu'il n'est pas content, j'en discuterai avec lui.

- Bien. Et pour les autres ? D'après Graham, il y en a quelques-uns qui grincent un peu des dents à l'idée que j'intègre l'équipe… Rapport à ce que j'ai fait et à ce que j'ai été.

- Si Graham t'a dit ça, il a dû aussi te dire qu'ils sont très minoritaires… Mais ils ne sont pas idiots et ils verront bien, avec le temps, que tu es quelqu'un de bien.

- Et pour ceux qui sont ok pour m'avoir parmi eux ? Ils s'en fichent de ce que j'ai fait ?

- Non, je n'irais pas jusque-là, mais cette histoire, c'est du domaine du privé, ça n'a pas vocation à interférer dans le domaine du Quidditch qui appartient à la sphère professionnelle. Ce qu'ils voient en toi, c'est un joueur de Quidditch, et un potentiel futur coéquipier. Tout ce qui les intéresse, c'est ton jeu. Quand ils ont su que tu allais participer à un entraînement, j'ai dû, avec les infos que j'avais de Graham, leur expliquer un peu ton parcours, et ils ont bien saisi que le fait que tu te sois drogué ne faisait pas de toi un garçon à fuir comme la scrofulite. Ils étaient même admiratifs du fait que tu aies réussi à te dépêtrer de ton addiction, que tu aies vite eu un boulot, que tu sois suivi par plein de spécialistes, que tu fasses du sport… Nous ne serions pas tous aptes à gérer tout ça, mais toi tu l'es, et ça nous épate. Tu n'as pas à t'en faire : tu vas être bien accueilli dans l'équipe.

Adrian acquiesça, rasséréné par les paroles du capitaine. Après lui avoir signalé le jour et l'heure du prochain entraînement, Felix le libéra. Fourbu et rêvant d'une bonne douche, Adrian se hâta vers les vestiaires où il n'y avait plus qu'Olivier, Graham et Remy qui s'habillaient. Lorsqu'ils lui révélèrent que sa prestation avait été saluée par la plupart des joueurs, cela acheva de rassurer Adrian. En fait, il craignait d'être un problème pour l'équipe, mais il s'aperçut qu'il n'y avait presque que lui qui se considérait comme tel. Il faisait tout pour restaurer son image aux yeux de tous, mais il fallait peut-être commencer par la restaurer auprès de lui-même… C'était l'objet principal de sa thérapie avec sa psychomage, mais là, il allait s'y atteler avec plus de conviction qu'auparavant. Et s'il était pris dans l'équipe, cela ne faisait aucun doute pour lui que ça allait beaucoup l'aider…

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(mercredi 24/07) POV Sirius

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- Pfff, elle saoule, cette réunion… On se marie demain, on a mieux à faire que d'aller à Poudlard !

- C'est notre rôle de professeur et de directeur de maison, rappela Remus.

- Mais pourquoi on a cette réunion en plein été ? L'année dernière, on n'avait eu que la pré-rentrée à une semaine de la rentrée…

- C'est parce qu'il y a des choses à traiter avant qu'elles ne soient mises en place.

- Ouais, il y a le truc du Quidditch…

- Oui, c'est tout ce qu'on a comme info, mais il n'y aura pas que ça. Nous sommes convoqués tout l'après-midi… Bon, il est midi quarante, on va y aller.

Sirius acquiesça et se leva. Remus aimait toujours avoir un peu d'avance. Ils utilisèrent la cheminée du salon l'un après l'autre et atterrirent dans la salle des professeurs de Poudlard, qui était l'une des salles du château pourvues d'une cheminée. Il n'y avait que Severus, Filius, Pomona et Brian, mais il n'était pas encore treize heures. Sirius et Remus saluèrent leurs collègues et s'assirent autour de la table : Remus à côté de Severus, et Sirius entre Remus et Brian. Remus participa à la conversation entre Severus et Filius sur l'abaissement de l'âge requis pour l'obtention du permis de transplanage, tandis que Sirius tenta de deviner avec Filius et Brian ce qui allait être abordé durant cette réunion. Les six professeurs furent vite rejoints par Hagrid, Renée Bibine, Ernest Manley et Aurora Sinistra, et enfin par Dumbledore qui était accompagné de trois hommes et d'une femme qui n'avaient rien à voir avec l'équipe enseignante de Poudlard. Sirius et bon nombre de ses collègues reconnurent deux de ces personnes : Barry Ryan, gardien titulaire et capitaine des Tornades de Tutshill, et gardien de l'équipe nationale d'Irlande, et Gwenog Jones, batteuse et capitaine des Harpies de Holyhead.

- Bien le bonjour à tous ! Merci d'être là et d'avoir sacrifié quelques heures de votre temps pour ce petit comité. Nous avons énormément de points à voir, mais avant toute chose, comme vous avez pu le constater, nous avons quatre invités, tous capitaines de leur équipe de Quidditch : Barry Ryan, des Tornades de Tutshill, Dragomir Gorgovitch, des Canons de Chudley, Gwenog Jones, des Harpies de Holyhead, et Aiden Kiely, des Crécerelles de Kenmare. Bien qu'ils soient rivaux sur le terrain, ces quatre capitaines ont les mêmes objectifs, et c'est parce qu'ils ont le même amour pour le Quidditch qu'ils sont là, ici, avec nous. Ils ont des requêtes à nous faire. Allez-y, dit Dumbledore aux chefs des quatre équipes.

Ce fut Barry Ryan qui prit la parole :

- Bonjour à toutes et à tous. Aidan, Gwenog, Dragomir et moi sommes là pour vous faire part de ce qui est, pour nous, un souci majeur. Vous savez certainement que les grandes équipes telles que les équipes de la Ligue ont de plus en plus de mal à recruter… Nous ne nions pas être assez exigeants sur les compétences des candidats, mais ce n'est pas ça qui coince. Le problème, à la source, c'est le faible niveau des candidats. Environ trente-cinq pour cent de ceux qui quittent Poudlard au terme de leur septième année postulent auprès de plusieurs équipes de Quidditch, mais sur quinze aspirants, il n'y en a que cinq ou six qui sont admis dans une équipe. Oui, c'est très peu. Et pourquoi a-t-on un si bas taux d'admission ? Parce que les dix autres n'ont pas fait de Quidditch à Poudlard et n'ont donc quasiment pas d'expérience. Nous avons plus de candidats qui n'en ont pas fait que de candidats qui en ont fait. Car les trois quarts de ceux qui en ont fait arrêtent après Poudlard, aimant le Quidditch mais ne désirant pas faire une carrière là-dedans, alors qu'à l'inverse, ceux qui n'en ont pas fait sont frustrés et prennent leur revanche une fois leurs ASPIC en poche. Mais ils ne font pas le poids face à des gens qui ont fait des années de Quidditch à Poudlard… C'est pourquoi ce serait bien de faire en sorte que plus d'élèves puissent en faire. Car les places dans les équipes des quatre maisons sont limitées, même si elles accueillent sept titulaires et une quinzaine de remplaçants… Ça laisse sur le carreau pas mal d'élèves qui voudraient faire du Quidditch mais qui sont refusés car il y a plus fort qu'eux… Ils n'ont pas tous accès au Quidditch avant d'aller à Poudlard. Notamment les nés-moldus et les enfants issus de familles modestes.

- Oui, enchaîna Dragomir Gorgovitch. Et parmi ces élèves refoulés, il y en a qui, si on leur donnait la chance de pratiquer, et à force d'entraînement, seraient de potentiels futurs grands joueurs. Mais il y a également des élèves qui souhaiteraient faire du Quidditch mais qui ne sont pas intéressés par la compétition, ce qui les empêche d'aller aux sélections. À Poudlard, si on fait du Quidditch, c'est obligatoirement pour faire de la compétition. À part si on reste éternellement remplaçant, mais nul n'est à l'abri de suppléer si les titulaires et les autres remplaçants sont blessés ou inaptes à jouer… Il y a toujours un risque d'être amené à remplacer. C'est ce à quoi on s'engage en intégrant une équipe en tant que réserviste. On ne peut pas être membre d'une équipe juste pour jouer au Quidditch… Il faut accepter et assumer tout ce que ça implique. Mais quand on est timide ou quand on manque de confiance en soi, la compète, ça peut faire peur… Aiden, Dragomir, Gwenog et moi aimerions donc que les élèves aient le droit de faire du Quidditch juste pour le plaisir et qu'ils aient la possibilité de se préparer progressivement à la compétition pour ceux qui le veulent. Ils iraient à leur rythme, sans pression. Et pour les élèves qui désireraient jouer au Quidditch et faire de la compétition, mais qui ne sont pas assez expérimentés pour faire partie de l'équipe de leur maison, ils pourraient avoir des entraînements et des matchs avec ou sans public qui ne leur serviraient qu'à se mesurer les uns aux autres. Et contrairement aux équipes des quatre maisons, celles-là seraient composées de joueurs de toutes les maisons. Cela contribuerait à réduire davantage les clivages entre les maisons.

- Tout cela nécessiterait évidemment d'autres terrains de Quidditch, mais tout autour du château, il y a de grandes zones herbeuses non exploitées qui feraient de très bons terrains. Cela exigerait aussi au moins un autre professeur, pour que Mrs Bibine ne soit pas trop débordée, mais ce ne serait pas bien difficile à trouver. Lorsqu'ils partent à la retraite, la plupart des joueurs des équipes de la Ligue font une formation pour être entraîneurs. Elle ne dure pas bien longtemps et elle habilite à enseigner le Quidditch n'importe où, que ce soit dans les clubs amateurs, dans les clubs professionnels… ou à Poudlard, acheva Gwenog Jones.

- Et de plus, ce serait l'occasion pour plus d'élèves de faire du sport. Car à part le Quidditch et des séances de footing dans le parc, il n'y a pas trop moyen d'avoir une activité physique à Poudlard… Élargir l'accès au Quidditch à tous serait une bonne alternative.

Aidan Kiely se tut sur ces mots.

- Merci pour ces interventions, dit Dumbledore. Le Quidditch est un sujet qui fait débat depuis des dizaines d'années dans son rôle à l'école. Ce n'est pas la première fois que l'on me demande de lui accorder une plus grande place… Mais jusque-là, les revendications qui m'étaient faites étaient trop extravagantes, trop excessives, trop onéreuses, trop chronophages… Là, les vôtres sont relativement correctes, mais… je crains que le Quidditch ne se fasse trop central, trop prépondérant… Poudlard est une école de magie, pas une école sport étude comme il y en a dans le monde moldu…

- Mais c'est le sport emblématique du monde sorcier, répliqua Sirius. Ce sont tout de même trente-cinq pour cent des étudiants fraîchement sortis de Poudlard qui s'orientent vers une carrière dans le Quidditch… Et faire des cours de Quidditch rétablirait de l'équité parmi les élèves. Car quand on y réfléchit bien, c'est injuste qu'il n'y ait qu'une minorité d'élèves qui aient le privilège d'en faire…

- Et comme l'a souligné Mr Ryan, des matchs avec des équipes mixant les quatre maisons seraient un très bon plan pour diminuer les tensions entre les maisons… Ce serait tout autant efficace que le concept de travail en binôme, plaida Renée.

- J'entends vos arguments, et étant un fervent passionné de Quidditch, rien ne m'enchanterait plus que de permettre à tous les élèves d'en faire… Mais je ne veux pas que Poudlard soit connue pour être «l'école où on fait du Quidditch»…

- Il n'y a qu'à instaurer d'autres tournois ! s'exclama Hagrid.

- Oui, comme les bavboules, par exemple, appuya Pomona.

- Ou les échecs, renchérit Filius.

- Et pourquoi pas un championnat de duels ? suggéra Sirius.

- Et de potions ? ajouta Severus. Ça ferait deux types de concours : les concours ludiques, avec les échecs et les bavboules, et les concours un peu plus scolaires, avec les potions et les sortilèges…

- Et ça aurait lieu en fin d'année. Ça ravirait les élèves qui se plaignent qu'il n'y a rien, à Poudlard, après les examens…

- Et ça insufflerait une autre saveur au club d'échecs et de bavboules…

- Et ça rameuterait du monde dans ces clubs. La compétition, ça galvanise !

- Il n'y aurait pas que du Quidditch, comme ça, soutint Sirius.

- Oui, et avec un tournoi de duels et de potions, Poudlard aurait ses propres spécialités : les potions et les sortilèges.

- Tout comme Castelobruxo est spécialisée dans la botanique et Uagadou dans la métamorphose…

Cette remarque d'Ernest fut suivie d'un silence durant lequel Sirius et tous ses collègues guettèrent la réaction du directeur. Ils avaient abattu toutes leurs cartes. Ils étaient tous sur la même longueur d'ondes : tous avaient envie que les élèves se détendent après deux semaines de stress généré par les examens. Dumbledore sembla être en pleine réflexion et finit par briser le silence :

- Si un seul élève ose dire qu'il s'ennuie avec tout ce qu'il y aura lors de la dernière semaine de juin, je fais le pari de manger le paquet de bonbons les plus acides du monde. Au citron, bien sûr. On ne se refait pas…

Tous les professeurs rirent, mais plus que de l'amusement, c'étaient le soulagement et la joie qui les envahissaient. Ils avaient gagné.

- Donc c'est oui ? Pour toutes nos requêtes ? s'enquit Aiden Kiely.

- Oui, affirma Dumbledore. Il y aura une période de test, et si, au bout de deux mois, tout va pour le mieux, les cours de Quidditch seront maintenus. Que ce soient ceux pour les élèves non attirés par les matchs ou ceux pour les élèves qui sont attirés mais qui ont raté les sélections de l'équipe de leur maison. Mais si c'est trop le désordre, ces cours seront annulés. Il va juste falloir que je me dépêche pour dénicher quelqu'un qui assurera ces cours avec Renée… Auriez-vous des noms, par hasard ?

- Oui, nous vous avons recensé une dizaine de noms, déclara Barry Ryan.

Il tendit un morceau de parchemin à Dumbledore qui s'en saisit :

- Merci, cela va m'être très utile. Je contacterai ces personnes dans les plus brefs délais. Aviez-vous d'autres points à soulever ?

- Non, c'était tout.

- Bien, je ne vous retiens pas plus longtemps, vous avez sans doute à faire…

- Le prochain entraînement à peaufiner, oui. Mais là, ce sera chacun de son côté !

Ce fut sur cette petite pique d'humour que les quatre capitaines s'en allèrent après avoir salué toute l'équipe professorale.

- Bon, continuons sans tarder, nous avons du pain sur la planche. Minerva, qui n'était pas disponible aujourd'hui, mais qui m'a laissé tout ce qu'elle était en charge de faire, vous a envoyé à tous la liste par promotion des élèves qui assisteront à vos cours. L'avez-vous tous reçue ?

Tous les professeurs acquiescèrent.

- Je l'ai scrupuleusement lue, et les effectifs sont quasiment les mêmes que les années précédentes, commenta Filius. Bon, si on pinaille un peu, on pointerait du doigt la très légère baisse du nombre d'élèves en sixième et septième année…

- Il n'y a pourtant pas eu plus de redoublants que les autres années, s'intrigua Pomona.

- Non, mais dans chacune de ces deux promotions, nous avons deux élèves qui vont faire le reste de leur scolarité dans des écoles de professionnalisation : Mr Cheyne et Mr Jameson chez les septième année, et Miss MacDougal et Miss Perks chez les sixième année.

- C'est dommage, on perd de bons élèves… Mais le principal, c'est que là où ils aillent, ils aient un enseignement qui leur sied, estima Sirius. Mais ça va tout chambouler dans les binômes… Surtout chez les sixième année.

Dans la promotion de Harry, il y avait quatre élèves qui redoublaient : Millicent Bulstrode, Vincent Crabbe, Wayne Hopkins et Neville Londubat. Avec les deux filles (Isabel MacDougal et Sally-Anne Perks) qui allaient déserter Poudlard, cela faisait cinq élèves qui n'auraient plus leurs binômes. Cinq et pas six, deux de ces six élèves étant en binôme : Neville Londubat et Isabel MacDougal. Mais en plus de ces cinq duos, d'autres allaient être séparés car l'un des deux élèves se serait délesté d'une ou de plusieurs matières dans lesquelles les élèves travaillaient en binôme… Cela allait être un vrai casse-tête de tous les refaire…

- Oui, et ce sera votre rôle d'y remédier, annonça Dumbledore. Je vais m'absenter une petite heure, vous devriez avoir fini d'ici là.

Le directeur s'en alla sur ces mots.

- Sympa, il nous pond un concept de binômes en déléguant le soin à un vieux chapeau de les former, et quand ça se casse la tronche, c'est à nous de régler le problème, râla Sirius.

- C'est un peu normal, c'est nous qui avons les élèves en cours, pas lui, temporisa Remus. Car là, ce n'est plus sur leur personnalité qu'on va se baser pour refaire les binômes, mais sur les cours qu'ils ont conservé… Après, si on a le choix, on pourra se concentrer sur les personnalités, mais ce ne sera qu'en second recours.

- Eh bien allons-y, se résigna Sirius en déchirant une feuille de parchemin. Quels sont les élèves, en sixième année, qui n'ont plus de binômes ?

- Miss Abbot, Miss Brown et Mr Entwhistle qui étaient avec des redoublants, Miss Davies qui était avec Miss Perks, et Miss O'Neal, Mr Goyle, Mr MacMillan, Mr Finnigan, Mr Goldstein, Miss Patil, Miss Roper, Miss Turpin et Miss Greengrass qui ne vont plus suivre les mêmes matières que leurs binômes, récapitula Severus.

- Bon, on va y aller par ordre alphabétique, indiqua Ernest. On va commencer par Miss Abbot…

- Et on va y aller par élimination, proposa Pomona. Miss Abbot ne sera ni avec Miss Roper, ni avec Mr MacMillan, ni avec Miss Smith, car ce sont tous des Poufsouffle.

- Quels cours où il y a des devoirs en binôme a-t-elle gardés ? À part les sortilèges et l'histoire de la magie qui sont obligatoires pour tous…

- Botanique, Défense Contre les Forces du Mal et métamorphose.

- Qui d'autre a ce profil ?

- Miss Davies, Mr Goldstein, Miss Greengrass, Miss O'Neal, Miss Patil et Miss Turpin. Mais il y en a qui ont les potions, matière que Miss Abbot n'aura pas…

- On va éviter de les associer, alors. Qui, parmi ces élèves, sont concernés par les potions ?

- Miss Davies, Mr Goldstein, Miss Greengrass, Miss Patil et Miss Turpin.

- Ok, si on enlève ces élèves, il n'y a plus que Miss O'Neal qui irait avec Miss Abbot.

- Super, ça nous fait un binôme ! se réjouit Filius. Au tour de Miss Brown. Elle aura la botanique, la Défense Contre les Forces du Mal et les potions. Mais pas la métamorphose. Elle a le même profil que Mr Finnigan, Mr Goyle et Miss Roper. Mais on va oublier Mr Finnigan qui est un Gryffondor.

- Elle sera avec Mr Goyle. Et Mr Finnigan sera avec Miss Roper, décréta Remus.

- Et deux binômes de plus ! La prochaine élève est Miss Davies. Elle aura toutes les matières où il y a du travail en binôme, comme Mr Goldstein, Mr MacMillan, Miss Patil et Miss Turpin. Je n'ai pas cité Miss Greengrass qui est une Serpentard.

- Si Miss Greengrass et Miss Turpin ont les mêmes cours, ce serait bien qu'elles soient en binôme, pour le bien de notre jeune élève enceinte. Elles se sont rapprochées en fin d'année et Miss Turpin ayant besoin de stabilité, il est préférable qu'elle ait un binôme avec qui elle a déjà une relation de confiance, analysa Severus. Elles ont le même caractère, les mêmes qualités, le même sérieux dans les études, les mêmes résultats… Je sais que le but des binômes est de mettre ensemble deux élèves qui sont différents l'un de l'autre, mais là, mieux vaut songer au bien-être de Miss Turpin. Et l'autre but du concept est que les binômes aient des choses à s'apporter, et pour le coup, ce sera bien le cas entre Miss Greengrass et Miss Turpin.

- Je suis totalement pour, approuva Sirius.

Il fut imité par tous les professeurs, et ils validèrent ainsi un quatrième binôme.

- Bon, que fait-on de Miss Davies ? Il reste Mr Goldstein, Mr MacMillan et Miss Patil.

- Je la verrais bien avec Mr MacMillan, suggéra Aurora.

- Et donc Mr Goldstein avec Miss Patil ? Ça me va, agréa Filius.

Tous furent de son avis, et ce furent deux autres binômes qu'ils inscrivirent sur le parchemin.

- On n'a plus que deux élèves : Mr Entwhistle et Miss Smith, observa Severus.

- Par pitié, dis-moi qu'ils ont les mêmes cours, supplia Sirius.

Severus compara les profils des deux élèves :

- Mr Entwhistle n'aura que la botanique et la Défense Contre les Forces du Mal, avec les sortilèges et l'histoire de la magie, et Miss Smith… aura exactement les mêmes matières.

Un «ouf» général se lut sur le visage des dix professeurs.

- Maintenant, on va refaire les binômes des septième année…

L'équipe s'attela à la tâche, et comme il y avait moins de redoublants et moins d'élèves qui avaient abandonné des matières, ce fut plus rapide que pour les sixième année. Ils s'occupèrent ensuite des binômes des quatrième année, qui furent les moins longs à réarranger. Ils avaient tout juste bouclé la liste quand Dumbledore revint.

- Alors, où en êtes-vous ?

- Nous avons terminé, signala Filius.

Il donna la liste à Dumbledore qui la lut avec attention ;

- Cela m'a l'air parfait. Vous avez été très productifs. Puisque nous en sommes au concept de travail en binôme, j'ai à vous faire part d'une nouveauté : afin de désengorger la salle de travail en binôme qui était constamment bondée, et pour que les salles communes redeviennent ce qu'elles étaient, il y aura une salle attenante à chaque salle commune. Car soyons francs : celles-ci n'avaient plus aucun sens. Toutes les maisons étaient mélangées dans une même salle commune, les élèves invitant leurs binômes soit pour étudier, soit pour simplement discuter. Les salles communes doivent redevenir ce qu'elles étaient, d'où la création de ces salles attenantes.

- Mais ces salles attenantes vont subir le même sort que les salles communes…

- Non, ça ne risquera pas, et je vais vous expliquer pourquoi. Prenons l'exemple de la salle attenante à la salle commune de Poufsouffle. Pour y avoir accès, il faudra soit être un ou une Poufsouffle, soit être le binôme d'un ou d'une Poufsouffle. Et pour qu'il n'y ait pas de triche, à la rentrée, les élèves présenteront leur baguette devant la porte des deux salles attenantes auxquelles ils auront droit. Les portes seront soumises à un sort de reconnaissance qui captera les ondes des baguettes. Et à chaque fois que les élèves voudront aller dans leurs salles attenantes, ils devront répéter le geste avec leurs baguettes.

- Oh… C'est ingénieux.

- Et ce sera aux directeurs de maison de conduire leurs élèves de troisième, quatrième, cinquième et sixième année aux quatre salles. Cela se fera après le banquet.

- Et la répartition en binômes des troisième année ?

- Comme cette année, avant le banquet. Tout est clair pour ce qui est des binômes ? Oui ? Bien. Là, je vais m'adresser à Sirius, Remus et Brian.

- Ouh là… Vous me faites peur, s'inquiéta Sirius.

- Je ne vais pas vous mentir : vous n'allez sûrement pas apprécier. Une requête m'a été faite par le Comité des Directeurs des Écoles de Formation.

Severus grogna. Sirius l'interrogea du regard. Severus se pencha vers lui derrière le dos de Remus :

- Ce Comité est une vraie plaie. Ils régissent notre façon d'instruire les élèves. Nous sommes leurs toutous qui n'ont qu'à satisfaire tous leurs caprices… C'est à cause d'eux s'il n'y a pas de sorts qui seraient utiles pour la vie de tous les jours dans ton programme, tels que les sorts domestiques.

- Oh les mufles…

Ces révélations de Severus firent appréhender à Sirius ce qu'allait dire Dumbledore :

- Le Comité s'est plaint dans une lettre que les élèves en première année de formation ne maîtrisent plus les sorts relativement basiques. Ils sont au point sur les sorts de quatrième, cinquième, sixième et septième année, mais ont du mal avec la moitié des sorts des trois premières années… Car ce sont des sorts qu'ils ont appris il y a cinq, six ou sept ans et qu'ils n'ont plus trop manipulés depuis. Les directeurs de formation souhaiteraient donc qu'en septième année il y ait un test pratique portant sur tous les sortilèges vus lors des sept années, et ce, en sortilèges, en Défense Contre les Forces du Mal et en métamorphose.

- Non mais c'est une blague ?! s'écria Sirius. Si j'ai voulu avoir une heure de plus par semaine avec les sixième et septième année, ce n'est pas pour avoir des tests à leur faire subir !

- Ce n'est pas tout. Le Comité désirerait également qu'une dizaine d'autres sorts soient inclus dans le programme de sortilèges.

Sirius fit les gros yeux :

- Vous plaisantez ?! Comment je vais faire pour tous les caser ?!

- En réduisant le nombre d'heures consacrées à la plupart des sortilèges.

- Et après le Comité va se plaindre que les élèves ne sauront plus lancer les sorts de septième année car ils n'auront pas eu assez de temps pour s'exercer dessus…

- Si c'est trop la galère pour toi, je peux te délester de certains sorts qui auraient bien plus leur place dans mon cours que dans le tien, offrit Brian.

- Je ne te cache pas que ça me soulagerait… Et je pense avoir deviné de quels sorts tu parles. Mais ça ne va pas te surcharger ?

- Non, ne t'en fais pas. Cette année, j'étais en avance sur le programme avec les première, deuxième et troisième années. J'ai dû faire des révisions lors des deux dernières semaines de cours. Quelques sorts en plus ne seront pas de refus. Et pour les autres années, je saurai me débrouiller.

- Même avec les tests qu'il va falloir organiser pour les septième année ?

- Ça dépend de quand on les fera. Est-ce que ce sera un gros test à la fin de l'année ? Ou est-ce que ce sera divisé en trois ou quatre fois tout au long de l'année ?

- Je ne suis pas très chaud pour tout faire à la fin de l'année, avoua Remus. Cela fera trop d'un coup pour les élèves, ils vont avoir trop de pression…

- Je suis d'accord, ce serait mieux de faire ça en plusieurs fois, renchérit Brian.

- Oui, par exemple, le premier test fin novembre, avec les sorts de première, deuxième et troisième année, le deuxième fin février, avec les sorts de quatrième et cinquième année, et le dernier à la mi-juin, avec les sorts de sixième et septième année, suggéra Sirius.

- Ça me va, soutint Remus.

- Comme ça, il n'y aura pas d'épreuve pratique de Défense Contre les Forces du Mal, de sortilèges et de métamorphose aux ASPIC. Même si le troisième test aura lieu à la même période.

- Dans ce cas, si on disperse les tests ainsi, on les fera sur trois samedis, si ça vous va, émit Remus.

Sirius et Brian adoptèrent cette idée.

- Bien, ravi que ce soit réglé, conclut Dumbledore. Nous allons désormais évoquer les stagiaires que deux d'entre vous auront à la rentrée. Ce sont deux étudiants qui seront bientôt professeurs, qui ont fini leur formation et qui la complètent avec un stage d'un an à Poudlard. Il s'agit de Chris Keegan pour vous, Severus, et de Steve Chase pour vous, Sirius.

Celui-ci fronça les sourcils.

- Keegan, Keegan… Ça me dit quelque chose…

- Oui, c'est le grand frère de Laureen Keegan, future élève de cinquième année et future préfète de la maison de Serpentard.

- Ah oui, c'est ça. Par contre, le nom de mon stagiaire ne me dit rien du tout…

- C'est parce qu'il n'a pas de petit frère ou de petite sœur actuellement à Poudlard. En revanche, il a une grande sœur qui était très douée en potions et qui est aujourd'hui potionniste, déclara Severus.

- Tu es en collaboration avec elle ?

- Parfois, oui.

- Ça doit faire bizarre d'avoir enseigné à des élèves que tu as ensuite comme collègues…

- Un peu, oui, admit Severus. Tu te sens vieux quand tu croises de tout jeunes potionnistes que tu as eus comme élèves, car tu as minimum deux ou trois ans de plus que quand tu les avais en septième année… Mais tu es heureux pour eux, car ils ont réussi.

- Moi, j'ai bien des élèves qui se destinent à être professeurs, mais j'ai peu de chances de les avoir comme collègues quand ils auront leur formation… Car il n'y a pas d'autre poste de professeur de sortilèges à Poudlard.

- Oui, ces élèves enseigneront soit dans des écoles spécialisées, soit dans des écoles de formations, soit à des élèves qui font leur scolarité à domicile.

- C'est cela, confirma Dumbledore. Votre stagiaire, Sirius, sera trois jours par semaine à Poudlard, et deux jours par semaine avec un professeur privé. Le vôtre, Severus, ne sera qu'à Poudlard. Vous rencontrerez tous deux votre stagiaire lors de la pré-rentrée à laquelle ils assisteront. Avez-vous des questions ?

- Pas pour l'instant.

- Et vous, Sirius ?

- Sans Severus, j'en aurais eu, oui. Mais il m'a éclairé sur toutes celles que j'avais depuis que je sais que je vais avoir un stagiaire. Vu qu'il en a déjà eu…

- Je n'en ai pas eu non plus trente-six mille non plus, mais…

- Vous êtes tout de même bien rôdé, et c'est bien que vous fassiez part de votre expérience à Sirius. Bien, nous avons encore quatre points à traiter, dont celui de trois nouveaux élèves que nous allons accueillir. Le premier est Carl Barton, il a fait ses trois premières années à domicile, ce qui était un choix de ses parents. Mais il vient de les perdre dans l'effondrement de leur maison. Il est le seul à avoir survécu, et n'a été que légèrement blessé. Il est chez un de ses oncles, et lorsqu'il a été en état, il a eu une conversation avec lui à propos de ses études. Après avoir bien réfléchi, il a décidé d'aller à Poudlard. Ce sera une nouvelle vie pour lui, et même si ce sera difficile au début, il est convaincu que ce sera plus facile pour lui de rebondir dans une école avec plein de personnes de son âge plutôt qu'enfermé dans une maison où la seule compagnie qu'il a, c'est son oncle et des instructeurs.

- Est-il suivi par un psychomage ? s'enquit Severus.

- Non, mais il n'est pas fermé à cette idée. Car je lui ai rendu visite et nous en avons discuté, entre autres choses. Accepteriez-vous de l'avoir comme patient ?

- Bien sûr, agréa Severus sans hésiter.

- Merci. Il sera donc en quatrième année, et il sera réparti avant le banquet, avec une autre élève qui intégrera Poudlard dans la même promotion que lui. Elle s'appelle Sarah Montague et si elle n'a pas pu être à Poudlard jusque-là, c'est parce qu'elle avait de gros problèmes de santé qui l'obligeaient à avoir des séjours réguliers à Sainte-Mangouste. À l'heure qu'il est, elle est guérie et elle a eu le feu vert des médicomages pour continuer sa scolarité à Poudlard.

- Vous avez bien dit Montague ? s'assura Sirius.

- Oui, et si c'est ce que vous vous demandez, c'est bien la petite sœur de Graham Montague. Mais là n'est pas le sujet. Comme Mr Barton et Miss Montague vont arriver en même temps à Poudlard, et dans la même classe, ils seront directement mis en binôme. Et tant pis s'ils seront dans la même maison.

- En vrai, ce ne sera pas un souci, intervint Brian. Vu que ce seront leurs premiers jours à Poudlard, ils n'auront pas la notion de rivalité entre les maisons, ils auront un regard neutre, et du coup, ce ne sera pas nécessaire de les mettre avec quelqu'un d'une autre maison…

- C'est exactement ce que je me suis dit, approuva Dumbledore.

- Et qui est le ou la troisième élève ?

- C'est un garçon nommé Boris Dawley. Il entrera en septième année à Poufsouffle.

- Il a déjà été réparti ? s'étonna Filius.

- Oui, car contrairement à Mr Barton et Miss Montague, il a fait sa première, deuxième et troisième année à Poudlard. Mais lors de sa troisième année il y a eu l'histoire de la Chambre des Secrets, et étant un né-moldu, il a été l'une des dernières victimes du Basilic. Lorsqu'ils ont su cela, Mr et Mrs Dawley ont considéré que leur fils n'était pas en sécurité à Poudlard et l'ont retiré de l'école. Mais il s'est toujours dit que quand il serait majeur, il retournerait à Poudlard pour sa septième année, et c'est ce qu'il va faire, contre l'avis de ses parents.

- Mais comment un né-moldu fait-il pour avoir une instruction magique à domicile ? Comment fait-il pour les démarches ? À moins d'avoir un hibou, mais c'est assez rare chez les nés-moldus…

- Lorsque j'ai su que les Dawley n'allaient plus envoyer leur jeune fils à Poudlard, j'ai fait en sorte qu'il puisse s'en aller avec un hibou de Poudlard pour qu'il ait un moyen de communication avec le monde sorcier, expliqua Pomona. Et c'est moi qui ai contacté des professeurs dans chaque groupe de matières et qui ai jonglé entre les emplois du temps de chacun afin d'élaborer un planning pour Boris. Je lui ai ainsi dégoté un professeur de sortilèges, de métamorphose et de Défense Contre les Forces du Mal, un professeur de botanique et de potions, un professeur d'astronomie, un professeur d'histoire de la magie, un professeur d'arithmancie et un professeur de runes.

- A-t-il conservé toutes ces matières ?

- Presque, il n'a arrêté que l'astronomie, indiqua Dumbledore. Et il a déjà ses ASPIC en botanique, potions et sortilèges. Car comme vous le savez, les élèves vont souvent plus vite dans leur scolarité quand ils ont cours chez eux… Si bien qu'il y en a, à seize ans, qui ont tous leurs ASPIC… Ils vont à leur rythme et passent leurs examens quand ils sont prêts. C'est très libre.

- Du coup, cet élève sera dispensé de trois matières ?

- Il n'ira ni en botanique, ni en potions, mais il ira par contre en cours avancés de sortilèges. Car il y a des sorts, dans ce cours, qu'il n'a pas vus avec son professeur.

- Et pour les deux élèves de quatrième année ? Ils n'ont pas trop d'avance, eux ?

- Mr Barton en a un peu dans quasiment toutes les matières, hormis en métamorphose et en Défense Contre les Forces du Mal, mais rien de significatif. Et pour ce qui est de Miss Montague, les séjours qu'elle a dû faire à Sainte-Mangouste ont freiné l'avance qu'elle aurait pu avoir. Ils ont donc à peu près le même niveau. Voilà ce qu'il y avait à dire pour nos trois futurs nouveaux élèves. Venons-en à présent aux aménagements qui vont être mis en œuvre concernant la grossesse de Miss Turpin. Et je vais faire appel à vous, Severus, pour certains détails. Tout d'abord, quand Miss Turpin devra-t-elle cesser la pratique ?

- Au début du septième mois, car à ce stade-là, la magie du bébé se développe d'un coup, et jusqu'à la fin de la grossesse, elle va interférer avec celle de la maman, qui sera alors très instable. Mais il y a du cas par cas selon les matières. En sortilèges et en Défense Contre les Forces du Mal, il y a des sorts qui seront trop dangereux pour Miss Turpin. Elle ne pourra pas se servir du charme du bouclier en informulé, car cela implique qu'elle sera attaquée par un autre élève, ce qui est bien sûr hors de question. Elle sera autorisée à attaquer, mais pas à être attaquée. De plus, en soins aux créatures et en Défense Contre les Forces du Mal, il y a des créatures qu'elle sera interdite d'affronter. Et enfin, en potions, il n'y aura pas de restrictions, mais je serai constamment derrière elle pour lui éviter de faire des erreurs qui seraient susceptibles de faire exploser son chaudron.

- Bien. Et pour les cours théoriques ?

- Il n'y a pas de loi à ce sujet pour les élèves enceintes, mais il leur est conseillé d'arrêter les cours quatre à six semaines avant l'accouchement.

- Merci, Severus. J'ajouterai qu'il sera permis à Miss Turpin de travailler avec son binôme dans ses appartements. Elle y sera plus tranquille que dans la salle des binômes ou dans les salles attenantes aux salles communes, ce qui est essentiel pour le bon déroulement de sa grossesse.

- Et pour les devoirs ?

- Elle aura des délais supplémentaires si des désagréments liés à son état l'empêchent de les faire en temps et en heure.

- Et pour son rôle de suppléante ?

- En l'absence de Miss Patil et de Mr Boot, les préfets de Serdaigle, elle peut régler des problèmes, faire régner l'ordre et faire l'intermédiaire entre les élèves et les professeurs, mais il n'y aura pas de rondes pour elle durant sa grossesse. Et s'il y a un conflit entre deux élèves, il sera préférable que ce soit le suppléant de Mr Boot qui s'en occupe. D'autres choses à éclaircir ?

Aucun professeur ne se manifesta.

- Bien, plus que deux points à examiner, mais ce sera très rapide. Ces deux points sont les dates de sortie à Pré-au-Lard et les dates des matchs de Quidditch. Pour les visites à Pré-au-Lard, je vous fais passer la liste que Minerva a rédigée.

Ce fut Pomona, qui était la plus proche de Dumbledore, qui eut la liste en premier. Elle fit le tour de la table, et quand Sirius l'eut entre les mains, il la lut attentivement :

29/09 : 1ère sortie

27/10 : 2ème sortie

24/11 : 3ème sortie

22/12 : 4ème sortie

29/12 : 5ème sortie

05/01 : 6ème sortie

26/01 : 7ème sortie

23/02 : 8ème sortie

23/03 : 9ème sortie

30/03 : 10ème sortie

06/04 : 11ème sortie

27/04 : 12ème sortie

25/05 : 13ème sortie

22/06 : 14ème sortie

- Il y a trois sorties lors des vacances ?

- Oui, car nous avons remarqué que les élèves qui ne rentraient pas chez eux s'ennuyaient, et c'est quand les élèves s'ennuient qu'ils font le plus de bêtises dans l'école… Ils seront mieux au village que dans les couloirs à faire de mauvais coups… Et cela fera moins de travail pour les préfets et les professeurs. Pour eux aussi, les vacances sont faites pour se reposer ! Et ils ont eux aussi le droit de profiter de Pré-au-Lard… Sinon, est-ce que ces dates vous conviennent ?

Tous les professeurs acquiescèrent.

- Parfait. Dernier point : les dates des matchs de Quidditch. Rien n'est définitif, mais pour l'instant, nous avons le seize novembre pour Gryffondor et Serpentard, le trente novembre pour Poufsouffle et Serdaigle, le vingt-sept janvier pour Gryffondor et Poufsouffle, le dix février pour Serpentard et Serdaigle, le trois mai pour Gryffondor et Serdaigle, et pour finir, le dix-sept mai pour Poufsouffle et Serpentard. Est-ce que cela vous va ?

- Absolument, affirma Sirius. Je trouve que c'est mieux que les dates d'avant, c'est plus cohérent.

- Oui, les joueurs auront plus de temps pour s'entraîner avant le premier match, renchérit Pomona.

- Et lors de chaque session, c'est plus équitable qu'il y ait deux semaines d'écart que trois entre les deux matchs…

- Bon, si cela vous va à tous, j'en suis ravi. Sur ce, je déclare officiellement la fin de cette réunion. Merci à tous d'y avoir participé.

Dumbledore se leva et quitta la salle. Il fut vite imité par Ernest, Aurora et Renée. Sirius et Remus bavardèrent une vingtaine de minutes avec Severus, Filius, Pomona, Brian et Hagrid, puis ces deux derniers prirent congé des cinq professeurs.

- Filius et moi allons aux Trois Balais, voulez-vous vous joindre à nous ? proposa Pomona à Sirius, Remus et Severus.

- Nous aurions bien aimé, mais nous avons pas mal de choses à préparer, regretta Remus.

- Oh, on se demande bien de quoi vous parlez, s'amusa Filius.

- Vous serez là, hein ? s'inquiéta Sirius.

- Mais oui, on vous l'a dit dans nos lettres, rappela Pomona. Nous n'allons pas rater un jour pareil ! Ce n'est pas tous les jours que deux de nos collègues se marient…

- Vous êtes adorables… Bon, profitez bien de votre petite virée à Pré-au-Lard !

Filius et Pomona remercièrent Sirius et s'en allèrent.

- Bon, j'y vais, j'ai deux ados à la maison, dont un qui est là depuis hier soir et que j'ai abandonné dix-sept heures plus tard…

Effectivement, Harry était arrivé la veille à vingt heures à l'Impasse du Tisseur, où il allait séjourner une semaine, comme c'était prévu.

- Tu n'avais pas vraiment le choix, relativisa Remus. Et puis ce n'est pas comme s'il était seul. Il est avec Tonks et Draco…

Tonks avait repris le travail deux jours plus tôt, mais avait réussi à avoir son après-midi de repos ce jour-là, afin d'être avec Harry et Draco tandis que Severus serait à Poudlard. Sirius avait été touché par cette attention de sa cousine. Il l'adorait. Elle était une super compagne pour Severus, une super belle-mère pour Draco, et une super parente éloignée pour Harry.

- Oui, mais j'ai l'impression de ne pas être un bon hôte.

- Je comprends, compatit Sirius. Vas-y, alors, on se dit à demain pour le mariage…

Severus hocha la tête, salua ses deux amis et utilisa la cheminée dans laquelle il disparut après avoir prononcé sa destination.

- Bon, on ferait mieux de rentrer, nous aussi, estima Remus.

- Mmmh…

Remus arqua un sourcil.

- Toi, tu es ailleurs…

- Hein ? Ah euh… oui, je rêvassais… Je me disais que j'avais de la chance d'avoir des amis comme Severus, Filius et Pomona. Mais surtout Severus. Et d'avoir une merveilleuse cousine…

- C'est vrai que nous sommes bien gâtés, dans notre entourage… Mais moi, ce qui me rend heureux, c'est d'être uni dans vingt heures avec l'homme de ma vie, et de pouvoir ensuite adopter le garçon que nous aimons comme notre propre fils… Ce qui est déjà le cas pour toi.

- Et bientôt pour toi…

- J'ai hâte, confessa Remus, les yeux brillants.

N'y tenant plus, Sirius combla les quelques centimètres qui les séparait et posa ses lèvres sur celles de Remus. Il l'entraîna un long et tendre baiser qu'ils ne rompirent que lorsqu'ils durent récupérer leur souffle. Leurs fronts, eux, demeurèrent collés.

- Je t'aime, murmura Sirius.

- Et moi donc…

Ils partagèrent un autre baiser qu'ils écourtèrent à contrecoeur, conscients qu'ils avaient tout un tas de choses à faire au Square. Ils se dirigèrent vers la cheminée qu'ils empruntèrent l'un après l'autre pour regagner leurs pénates. Ils avaient honoré leurs fonctions en assistant à cette réunion qui avait été très intense, et désormais, ils allaient se consacrer entièrement et corps et âme à l'événement qui s'apprêtait à tout changer pour eux, pour le pire, comme pour le meilleur…

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Et voilà pour aujourd'hui ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ou à poser des questions si vous en avez !

J'essaierai de publier fin octobre le prochain chapitre, mais tout dépendra de l'avance que j'aurai à ce moment-là. Je pense que vous avez déjà deviné ce qu'il y aura dans ce chapitre, mais au cas où ce ne serait pas encore assez clair, il sera intitulé «Mariage» XD

Sur ce, je vous souhaite de passer de bonnes semaines jusqu'à la parution de ce chapitre, prenez soin de vous, je vous embrasse fort et je vous fais à tous tout plein de bisous !