Découverte et confrontation
Buck tapota sur le clavier de son ordinateur portable, un léger sourire aux lèvres.
La vie avec Tommy avait été remplie de moments heureux et de découvertes passionnantes. Ce soir, il attendait son retour avec impatience, souhaitant discuter de leurs plans pour le week-end à venir.
Il prit une grande inspiration et se leva pour aller chercher une bouteille de vin dans la cuisine.
Il voulait réserver dans un petit hôtel en pleine nature pour son petit ami et lui. C'était la première fois qu'il se sentait aussi en phase avec quelqu'un dans une relation. Tommy n'était pas difficile à vivre et même si Buck pouvait se montrer fatigant Tommy le regardait toujours avec cette dévotion qui le faisait se sentir spécial.
Il aimait cette sensation.
En revenant, son regard tomba sur le portefeuille de Tommy, laissé négligemment sur le comptoir. Son petit ami était une vraie tête en l'air et Buck aimait ce défaut chez lui.
Il trouvait ça tellement mignon.
Curieux, il l'ouvrit et trouva le permis de conduire de son petit ami. Ce n'était pas une action préméditée, juste une curiosité innocente.
En examinant la date de naissance inscrite, Buck fronça les sourcils. Tommy était plus jeune de trois ans qu'il ne l'avait toujours cru. En faisant le calcul, cela signifiait que Tommy avait intégré les pompiers à l'âge de 18 ans, ce qui ne semblait pas plausible.
Buck se posa des questions, sachant qu'il était impossible de devenir pompier avant 21 ans. Une vague d'inquiétude monta en lui alors qu'il se demandait pourquoi Tommy lui avait menti sur un détail aussi important. Leur relation était basée sur la confiance, et cette découverte laissait Buck perplexe et un peu trahi.
Pourquoi Tommy avait-il ressenti le besoin de dissimuler son véritable âge ?
Qu'est-ce que cela pouvait bien cacher ?
Quand Tommy rentra, il trouva Buck assis à la table, son visage grave et son regard fixé sur le permis.
– Tommy, on peut parler ?
Tommy sentit une boule se former dans son estomac. Il savait que ce jour arriverait. S'asseyant en face de Buck, il prit une profonde inspiration.
– Je t'écoute, Buck. Qu'est-ce que tu veux savoir ?
Buck posa le permis sur la table.
– Ton âge, Tommy. Ça ne colle pas avec ce que tu m'as dit. Tu ne peux pas avoir commencé ta carrière de pompier à 21 ans. Qu'est-ce que ça veut dire ?
Tommy baissa les yeux, jouant nerveusement avec ses doigts.
– Tu as raison. J'ai menti mais pas à toi, au LAFD. J'étais désespéré à l'époque. J'avais besoin de ce travail, c'était une question de survie. J'avais seulement dix-huit mais je faisais plus vieux. J'ai trafiqué ma date de naissance, ils avaient besoin de monde et je suppose qu'ils n'ont pas vraiment cherché.
Buck le regarda, partagé entre l'incrédulité et la compréhension. Il hocha lentement la tête. C'était tout à fait le genre de chose qu'il aurait pu faire à sa place, il avait quand même intenté un procès pour retrouver sa place au sein de la 118.
– Je comprends. J'aurais juste aimé que… Tu me fasses confiance.
Tommy s'approcha, attrapant les mains de Buck.
– Je suis désolé. Je voulais te le dire, mais je ne savais pas comment. Je ne voulais pas que tu penses moins de moi.
Buck serra doucement les mains de Tommy avant de se lever pour se préparer pour son quart.
– Je dois y aller. On parlera plus tard.
– Buck, je t'aime.
– Je t'aime aussi et… j'ai sélectionné quelques hôtels pour ce week-end si tu veux jeter un œil…
– Je regarderai, lui promit-il.
Buck arriva à la caserne, son esprit encore embrouillé par la conversation avec Tommy. Le capitaine Gerrard, un homme sévère avec une aversion notable pour la communauté LGBTQ+, l'attendait déjà.
– Encore en retard, Buckley ?
Buck ne répondit pas, se dirigeant vers les vestiaires.
Il n'était même pas en retard en réalité mais Gerrard voulait le virer depuis qu'il avait appris qu'il sortait avec Tommy.
Gerrard le suivit, continuant ses remarques acerbes.
– Je ne sais pas ce que vous pensez, Buckley, mais ici, on travaille dur. Pas de place pour les distractions sentimentales.
C'en était trop pour Buck. Il se tourna brusquement vers Gerrard.
– Vous savez quoi, capitaine ? J'en ai marre de vos commentaires. Vous ne respectez personne ici, surtout pas ceux qui sont différents de vous. Mais vous savez quoi ? Heureusement que vous êtes une espèce en voie de disparition, le monde se portera mieux sans les gens de votre espèce.
Gerrard, rouge de colère, pointa la porte du doigt.
– Dehors, Buckley. Renvoyé chez vous pour insubordination.
Buck récupéra ses affaires et quitta la 118 sans un mot. Eddie le regarda confus quitter les lieux mais il ne répondit pas à son rappel. Il rentra chez lui, le cœur lourd.
Tommy l'accueillit, inquiet.
– Qu'est-ce qui s'est passé ?
Buck expliqua tout, de la confrontation avec Gerrard à son renvoi temporaire. Tommy soupira et s'assit à côté de lui.
– Tu dois apprendre à courber l'échine, Buck. Ne lui accorde pas autant d'importance. C'est la seule façon de survivre sous ses ordres.
Buck secoua la tête, ne comprenant pas pourquoi Tommy, ouvertement gay, lui conseillait de ne pas se révolter.
– Mais je ne peux pas me laisser insulter et harceler sans rien dire.
– Porte plainte au QG mais autant te prévenir ça ne sera pas facile, s'il est de retour c'est qu'il a des appuis hauts placés.
– Alors je dois le laisser me détruire.
– Il est vieux et il ne fera pas long feu à cette place. Crois-moi, laisse juste passer l'orage, c'est la meilleure chose à faire.
– Pourquoi tu ne me défends pas ? A ta place, je serais hors de moi mais tu lui donnes raison. Pourquoi ?
Tommy baissa la tête.
– Parce que... Gerrard connaît mon secret. Il est tombé sur ma véritable date de naissance et si je me le mets à dos, il peut tout révéler et je risque de tout perdre.
Buck prit une profonde inspiration, comprenant enfin la situation.
Même s'il était déçu par le manque de courage de Tommy, il réalisa à quel point la situation était compliquée pour lui.
Mais il n'était pas sûr de pouvoir l'accepter.
Buck rejoignit Eddie et Christopher pour leur soirée hebdomadaire, essayant de chasser ses pensées sombres.
– Ça va, Buck ? Tu as l'air préoccupé, demanda Eddie. C'est à cause de ce qui s'est passé avec Gerrard ?
– Oui et non.
– Ce connard méritait de s'en prendre plein la gueule et je lui ai fait comprendre que s'il continuait à te harceler il aurait à faire à moi.
– Il est raciste tu sais, il va essayer de te détruire aussi.
– Il a bien trop peur de moi pour ça.
Buck l'interrogea du regard et Eddie se contenta d'un sourire avant de boire une gorgée de sa bière.
– J'ai potentiellement laissé échapper mon passé de combattant des rues, admit-il. Je suis toujours invaincu.
Buck se mit à rire ce qui eut le don de le détendre. Puis, il expliqua tout, sa découverte, la confrontation avec Gerrard, et les conseils de Tommy.
– Je ne peux plus rester avec un homme que je finirai par ne plus respecter. Je l'ai quitté.
Eddie hocha la tête, déçu pour son ami mais comprenant sa décision. Quoi qu'il arrive maintenant, il devait rester à ses côtés et le soutenir. Il posa sa main dans la sienne serrant ses doigts entre les siens en silence.
Le lendemain matin, Buck et Eddie arrivèrent à la caserne juste à temps pour voir Tommy frapper Gerrard en plein visage. Gerrard vociférait, promettant de détruire la carrière de Tommy, mais celui-ci n'en avait rien à faire.
– J'ai perdu mon petit-ami à cause de ce chantage abominable, mais je ne me tairai plus sur ce que tu m'as fait vivre au début de ma carrière.
Buck voulut s'approcher de Tommy, mais Eddie le retint. Tommy remarqua leurs mains entremêlées et leur adressa un regard déterminé.
– Tu avais raison, Buck. Il fallait que je me libère de mon passé. Maintenant, je me sens libre, et je me battrai pour continuer à faire le métier que j'aime, même si tu ne reviens pas. Parce que c'est ça, l'amour.
Buck se sentit partagé, mais le soutien d'Eddie était palpable. Il resta à ses côtés, incertain de ce que son ami attendait de lui.
Gerrard fut relevé de ses fonctions suite à la plainte de Tommy et de plusieurs collègues, dont Eddie lui-même. Eddie regarda Buck, incertain.
– Tu veux retourner vers Tommy ?
Buck réfléchit un instant avant de répondre doucement.
– Qu'est-ce que tu voudrais, toi ?
Eddie serra légèrement les doigts de Buck.
– J'aimerais que tu restes mais c'est toi qui décides.
Buck lui sourit, comprenant enfin ce qu'il devait faire. Il se pencha pour déposer ses lèvres sur les siennes.
– Je pense que je suis enfin là où je dois être.
