-CC-5052 !

Le cri résonna dans tout le mess de campagne, porté par le vent glacé qui s'infiltrait sous les pans de la tente. Il eut été impossible de l'ignorer, et CC-5052 ne s'y serait pas risqué. Il reposa l'assiette qu'il avait à peine entamée, et se leva. Autour de lui, les soldats attablés ne lui jetèrent pas un seul regard. Leur repas les préoccupait plus que son sort et ils étaient des soldats, ici pour se battre, pas pour nouer des liens.

La tente qui servait de cantine était immense, capable de restaurer plus de mille hommes en même temps et, par un hasard malencontreux, CC-5052 se trouvait attablé presque au bout opposé du côté par lequel était entré le sous-officier qui l'appelait. Il traversa peut être la tente sans être suivi par le regard des soldats, mais il pouvait lire l'agacement sur le visage du sous-officier qui l'attendait en passant d'un pied sur l'autre et en se frottant les mains pour empêcher qu'elles ne gèlent. Il ne portait pas de gants, une erreur qui allait lui coûter cher. Il n'était pas là depuis suffisamment longtemps, mais il apprendrait le prix de son ignorance et de son arrogance. Les engelures étaient un professeur qu'on n'ignorait pas sans en payer le prix.

-CC-5052, au rapport, salua-t-il.

Le sous-officier lui lança un regard noir en retour.

-La prochaine fois qu'on vous appelle, pressez-vous, soldat, cracha-t-il. Suivez-moi maintenant, vous m'avez fait perdre suffisamment de temps.

CC-5052 salua à nouveau, sans rétorquer. D'après les insignes sur sa poitrine, il avait affaire à un lieutenant. En temps que commandant, CC-5052 se trouvait au-dessus de lui dans la hiérarchie mais ces derniers temps, les sous-officiers non-clones qui rejoignaient l'armée impériale semblaient estimer se situer automatiquement un rang au-dessus des commandants clones comme CC-5052. Il était cependant inutile de rappeler au lieutenant comment fonctionnaient les grandes militaires. Depuis que CC-5052 s'était ainsi vu signifier des ordres par un enseigne sous le regard indifférent d'un général autrement très à cheval sur le respect du rang, il avait compris que toute protestation, verbale ou écrite, ne lui vaudrait qu'un blâme pour avoir fait perdre du temps à l'impeccable machine militaire qu'était l'armée impériale. Au lieu de quoi, il s'empara du casque le plus proche, l'enfila et sortit à la suite du lieutenant.

Une fois son expression protégée des regards sous le casque de plastoid, il grimaça. Le casque était d'un cran trop petit pour lui. Il était bon pour un mal de crâne monumental pour le reste de la journée. Inutile d'escompter remettre la main sur son propre casque, même s'il s'était arrangé pour le placer de sorte à le retrouver aussitôt une fois son repas terminé. Le premier soldat venu s'en emparerait en sortant de la cantine. S'il avait de la chance, il lui irait. Sinon, ils seraient deux à souffrir jusqu'à retrouver un casque mieux assortit à leur crâne. Le problème devenait récurent depuis que l'armée impériale intégrait de plus en plus de non-clones, à tous les rangs, et ne ferait que s'aggraver avec le temps.

Pour autant, signaler le problème et demander un moyen d'identifier aisément son casque serait tout aussi inutile que de tenter de réprimander le lieutenant pour son manque de respect du rang. L'armée impériale avait horreur de tout ce qui ressemblait à un signe d'individualité. CC-5052 comprenait pourquoi. L'individualité, c'était ce qui avait tué la République, et empêché son armée de vaincre les séparatistes, ce qui avait inutilement prolongé la guerre pendant trois longues années. Nul ne voulait se voir rappeler les erreurs de la Guerre des Clones, même les premiers concernés. Surtout eux, peut être. CC-5052 ne pouvait cependant s'empêcher de protester intérieurement, dans le cas des casques. Un casque mal ajusté, c'était un soldat qui tirait à côté, un tir ennemi qui touchait sa cible. Il avait déjà entendu plus d'une foisdes rebelles se moquer du manque d'adresse des soldats impériaux, disant que depuis que les clones prenaient peu à peu leur retraite, les impériaux ne savaient plus tirer. Mais ce n'était pas une question d'entraînement, ou de mauvais recrutement. Non, c'était surtout une histoire de casque. Mais allez dire ça à un amiral sans risquer la cour martiale.

Il faisait glacial, une fois en-dehors de la tente-cantine, même si celle-ci était mal chauffée. CC-5052 n'avait pas besoin de se faire prier pour suivre à grand pas le lieutenant qui courrait presque en poussant une diatribe contre le climat local. Le jeune homme avait l'air ridicule à taper ses bras l'un contre l'autre pour tenter d'y garder un peu de chaleur. CC-5052 n'était pas homme à se moquer, mais il doutait que ce lieutenant là fasse de vieux os, ou grimpe de nombreux échelons. Il devait s'agir d'un autre de ces blanc-becs qui ne devaient leur rang qu'au degré de proximité familial les rapprochant d'un Moff, d'un général ou d'un amiral.

À sa décharge, de toutes les planètes où CC-5052 avait été affecté, celle-là était une des pires. Il n'avait pas noté son nom, n'en n'ayant pas besoin. Tout ce que CC-5052 avait besoin ces jours-ci, c'était de savoir sur qui tirer, quand, et combien de fois. Mais s'il devait classer cette planète, il la placerait juste en-dessous de Hoth dans la catégorie des coins les plus froids de l'univers. Ils n'en partiraient jamais assez vite. CC-5052 ne savait pas pour combien de temps ils étaient là, ni même quels étaient leurs objectifs, à part qu'il était question « d'anéantir la résistance imbécile à l'ordre établi par l'Empire », pour citer le général. Dans l'armée impériale, les supérieurs n'expliquaient pas leurs ordres à leurs subordonnés. Cela faisait perdre du temps à tout le monde, et un bon soldat n'avait pas besoin de comprendre un ordre pour l'exécuter. CC-5052 n'était pas un simple soldat, mais malgré son grade, il n'était plus convié aux réunions d'état-major.

Encore un fait contre lequel il était inutile de protester. CC-5052 gardait toujours une oreille attentive aux rumeurs. Il fallait s'en méfier, bien entendu, mais elles étaient aussi une source de renseignements inestimables pour qui savait lire entre les lignes. Il avait bien noté qu'on parlait de retirer progressivement tous les clones de l'armée impériale, ceux qui restaient en tout cas, pour les remplacer par des soldats issus de la société civile qu'ils avaient été à l'origine chargés de protéger en mourant à leur place sur le front. Les temps changeaient. Le rang particulier des commandants clones serait la première chose à disparaître. La Guerre des Clones était définitivement terminée, et CC-5052 ne pouvait pas répondre grand-chose à cela.

Arrivés à leur destination, le lieutenant lui fit signe d'attendre à l'extérieur. Là où les soldats devaient faire avec des tentes mal isolées, les officiers avaient droit à un préfabriqué chauffé. Du moins, dans la limite des stocks disponibles et transportables dans les navires de la flotte impériale. CC-5052 devait se contenter d'une tente comme les soldats, mais le prochain arrivage était censé remédier au problème. CC-5052 se mit au garde-à-vous devant et attendit qu'on lui signifie ses ordres. Une fois immobile, le froid était pire, mais il n'allait pas se mettre à dandiner pour tenter de se réchauffer, comme le lieutenant quelques instants plus tôt. Il était un officier de l'armée impériale. Il avait un rang à tenir, et un certain décorum était de rigueur.

La porte finit par se relever alors qu'il se demandait en combien de temps on pouvait attraper des engelures sous un casque.

-Entrez !

CC-5052 n'était peut être pas du genre à sautiller pour avoir une fausse impression de chaleur, mais il ne se fit par pour autant prier pour rentrer à l'intérieur. Il fit mine de refermer la porte, mais le général derrière son bureau l'arrêta d'un geste.

-Inutile de fermer. Le lieutenant allait s'en aller.

Le jeune officier se mit au garde-à-vous.

-Monsieur !

Sous son casque, CC-5052 ne put retenir un sourire. Pour un officier non-clone imbu de sa supériorité imaginée sur les dits clones, être ainsi exclu d'un entretien auquel CC-5052 était convié devait être particulièrement désagréable. La mesquinerie était peut être indigne d'un bon officiel, mais voir la mine outrée du lieutenant venait de compenser tous les petits désagréments de la journée. Il fit un pas de côté pour laisser passer le lieutenant, puis referma la porte et se remit au garde-à-vous. Par habitude, il observa rapidement la pièce, même si ces préfabriqués étaient tous meublés et agencés de la même manière. Il détermina la position de la porte secondaire permettant une évasion rapide en cas d'attaque du bunker transportable, ou une connexion à un autre module similaire pour former un QG de commandement, puis les trois points où se positionner pour se défendre en cas d'attaque. Tout cela lui prit moins de dix secondes, et quand il en eut terminé, le général le regardait toujours sans un mot. En attendant que son supérieur daigne lui adresser la parole, CC-5052 nota les quelques autres détails intéressants de la pièce, les papiers sur le bureau, le cadre affichant le général en compagnie d'autres officiers lors d'une remise de médailles et le presse-papier fait d'un fragment de droïdeka. C'était la première fois que CC-5052 se trouvait dans le bureau du général depuis son affectation ici, et le tout dénotait d'un esprit froid et d'une longue expérience militaire.

-Ôtez votre casque, commandant, finit par dire l'officier.

CC-5052 s'exécuta et plaça le casque contre sa hanche droite.

-Tournez la tête.

Il obéit à nouveau, et tourna la tête du côté gauche, puis du droit. Le général hocha la tête d'un air satisfait.

-La coupe est réglementaire, approuva-t-il.

-Je connais la réglementation, monsieur.

-Tous les anciens clones de l'armée de la République ne semblent pas la connaître. Saviez-vous que les sanctions pour non-respect du règlement sont plus nombreuses chez vous autres que pour la plupart des soldats intégrés plus tardivement dans l'armée impériale ?

-Je l'ignorais, monsieur.

CC-5052 aurait volontiers ajouté qu'il pouvait lui assurer que les clones sous ses ordres respectaient également le règlement, mais ces jours-ci, il ne savaient pas exactement combien de clones il avait sous ses ordres, et encore moins leur matricule. Les clones tournaient régulièrement entre les régiments de l'armée impériale. Il ne devait pas y avoir plus de trente membres de l'ancien 327ème corps sur toute la planète, et peut être une centaine de clones en tout. De tête, CC-5052 pouvait en citer cinq à peine, en particulier s'il devait utiliser leur matricule.

-D'après votre dossier, vous avez servi comme commandant clone maréchal dans l'Armée de la République.

Soudain, CC-5052 devint très attentif. L'armée impériale n'aimait pas à se rappeler qu'il y avait eu autre chose avant elle. Les mentions de la Grande Armée de la République étaient rares. Ajoutée à l'allusion aux coiffures non-réglementaires, celle-ci ne présageait pas grand-chose de bon.

-Oui, monsieur.

-Sous les ordres de... ?

-La générale Aayla Secura, monsieur.

-Que vous avez vous même exécuté sur Felucia.

-Oui, monsieur. Suite à la trahison des Jedi.

Un lourd silence s'éternisa, pendant lequel le général se remit à étudier attentivement les traits de CC-5052. Ce dernier se laissa faire et garda les yeux fixés droit derrière le général, sur le mur blanc. Il y avait comme une tache à cet endroit là, qui lui évoquait quelque chose comme la forme d'un oiseau. Étonnant qu'on n'ait pas déjà repeint par dessus.

Le général finit par hocher la tête d'un air satisfait.

-Vous avez servi dès les premiers jours de la guerre, au point de compter parmi les vétérans de la première bataille de Geonosis, puis vous avez été assigné auprès de la « générale » et doté de ce grade de commandant clone maréchal, ce qui signifie que vous aviez sous vos ordres…

-Trente six mille soldats, monsieur. À quelques unités près.

Autant que vous aujourd'hui, n'ajouta-t-il pas.

-Trente six milles clones, c'est impressionnant. Et aujourd'hui, vous dirigez…

-Autant de soldats qu'on me le demande, monsieur. Usuellement, un régiment de deux mille hommes.

Le grade de commandant clone avait toujours désigné une multitude de rang, depuis le commandement d'un corps d'armée, comme le 327ème corps, à celui d'un régiment de deux mille hommes. À présent, le grade de commandant clone maréchal équivalait à celui de commandant. Bientôt, cela équivaudrait à celui d'un major. Dans les faits, tous les officiers pouvaient donner des ordres à CC-5052, à part sur le terrain.

Pour l'instant.

-D'autres hommes seraient furieux de ce qu'ils verraient comme une dégradation. Vous ne le semblez pas. Pourquoi ?

Un bon soldat obéit aux ordres.

-Les ordres sont les ordres. La gloire et la réussite de l'armée impériale sont les deux choses prioritaires, loin devant l'orgueil d'un soldat.

Le même long silence qui s'éternisait un peu trop, puis un nouvel hochement de tête et le général reprit son datapad pour une rapide consultation.

-Une réponse parfaite, commandant. On aimerait l'entendre un peu plus souvent dans la bouche de certains jeunes officiers. Après Kamino, je vois que vous avez servi dans de nombreux endroits. New Hostice, Saleucami, Quell, Escander, Felucia, Quell, Maridun, Honoghr, Florum, Alzoc III, Saleucami à nouveau, Felucia encore… De nombreuses batailles, souvent rapprochées et dans des coins opposés de la galaxie. Je doute qu'on trouve beaucoup de profils similaires, même parmi les autres commandants clones encore en service.

Et qui ne le seront plus longtemps, était sous-entendu. CC-5052 hocha la tête.

-C'est vrai, monsieur. C'était la spécialité du 327ème corps.

Et sa fierté. Une fierté que CC-5052 n'avait pas ressenti depuis longtemps à l'égard des différents corps ou bataillons qu'il avait dirigé ou dans lesquels il avait servi. L'armée impériale ne prenait pas une tournure digne d'éloges. Une vraie pitié, quand on se souvenait de ce qu'avait été la Grande Armée de la République.

Bien sûr, l'armée impériale restait supérieure à cette dernière. En tout points. CC-5052 ne l'oubliait pas.

-Qu'est-ce à dire ?

-Le 327ème corps était spécialisé dans la mobilité et la réactivité : mobilisation rapide des effectifs et interventions urgentes sur un territoire encore peu maîtrisé. Il était envoyé pour épauler des corps mal préparés, ayant subis de lourdes pertes ou sur des planètes où les dangers étaient mal connus des services de renseignement. Il est arrivé plus d'une fois que ce corps s'intègre à la mission d'un autre ou ne commence une mission qu'un autre corps finirait.

-Je vois.

Probablement pas. Le général avait peut être monté les échelons de l'armée impériale à une vitesse rapide, mais pendant la Guerre des Clones il servait comme colonel dans la défense planétaire d'une planète reculée de la République. Il avait participé à quelques actions d'éclat quand sa planète avait été menacée par les Séparatistes, mais n'avait atteint un grade conséquent qu'après la fin de la Guerre des Clones.

CC-5052 se renseignait toujours sur les supérieurs sous les ordres desquels il devait servir. Il était rarement impressionné.

-Je connaît plus d'un régiment de stormtrooper qui ne saurait supporter ce régime, poursuivit le général.

CC-5052 également, à son grand désespoir. La formation des recrues était… déplorable, et souvent inexistante, en tout cas en comparaison avec le niveau de base d'un clone nouvellement intégré dans un corps d'armée. Il avait du reprendre les règles des bases du tir avec la quasi totalité des dernières recrues intégrées sous ses ordres. Il était cependant vrai que les armées impériales n'étaient pas obligées d'adopter le même rythme forcené que la Grande Armée de la République. CC-5052 avait du bénéficier d'un total de huit à douze jours de repos pendant les trois ans de guerre. Il ne comptait pas les moments où il avait du attendre de se rétablir d'une blessure pour repartir sur le front. L'Empire n'avait pas d'ennemi, ou du moins, pas d'ennemis capables de lui opposer une longue résistance. Les campagnes ne duraient jamais très longtemps.

-Dites-moi, commandant, à quoi attribuez la réussite du 327ème corps ?

-Monsieur ?

-À quoi attribuez-vous la réussite du 327ème corps ?

Un sifflement dans son crâne, presque assez fort pour lui faire lâcher son casque, mais CC-5052 se targuait d'être un soldat exemplaire et ne tenait pas à donner une preuve du contraire pour la première fois en dix années de service.

-Je ne comprends pas la question, monsieur.

Un nouveau silence, pendant lequel la douleur reflua doucement. CC-5052 relâcha son emprise sur son casque.

-Passons. Vous avez servi, vous disiez, avec la « générale » Secura.

-Oui, monsieur.

-Chaque commandant clone travaillait de manière étroitement associée avec un de ces sois-disant « Jedi ».

-Oui, monsieur. Je regrette de ne pas avoir senti venir leur trahison, monsieur.

-Comme nous tous. Comme nous tous. Comment était-ce de travailler avec elle ?

-C'était mon travail, monsieur. Je l'ai fait du mieux que je pouvais.

CC-5052 vit une lueur de curiosité dans le regard du général. Il sentit sa bouche se dessécher soudain et surprit l'un de ses doigts tambouriner nerveusement à l'intérieur de son casque, comme ça ne lui était pas arrivé depuis avant la bataille de Géonosis. C'était sans doute parce qu'il y avait fort longtemps qu'on ne lui avait pas demandé de parler des Jedi. Les recrues de l'armée impériale étaient toujours avides d'entendre les récits des vétérans, mais maintenant c'étaient les batailles menées par Dark Vader ou l'amiral Tarkin qui les intéressaient, pas celle de la Grande Armée de la République. CC-5052 était impressionné de la vitesse à laquelle certains souvenirs s'effaçaient de la mémoire collective. L'Empire avait récemment fêté sa septième année d'existence, et tout le monde semblait déjà avoir oublié l'existence des Jedi, ou tout au moins ce dont ils étaient réellement capable.

Bien sûr, ces traîtres ne méritaient pas mieux. C'était un jugement objectif, vu leurs crimes. Mais sans trop savoir pourquoi, CC-5052 ressentait un petit pincement au cœur quand il y pensait.

-Je me suis toujours demandé ce que c'était de travailler avec un Jedi, ajouta le général, comme s'il pensait à voix haute. J'ai toujours eu du mal à réconcilier l'image de sages philosophes passant leurs journées en méditation avec celle de guerrier dirigeant des armées.

En un éclair, CC-5052 revit une scène à laquelle il n'avait pas pensé depuis des années, où il était attablé avec Co… CC-2224, CC-3636 et CT-7567, tous un verre à la main dans un très rare moment de pause commune entre deux assauts meurtriers sur des planètes située aux quatre coins de la galaxie, sans aucune certitude de se revoir un jour. Une bonne partie de la soirée, non, l'essentiel, avait été utilisé par les uns et les autres à se plaindre du comportement de casse-cou de leurs généraux respectifs, sans qu'ils puissent déterminer qui était le pire. Ce genre de moment conviviaux entre soldats appartenait résolument au passé.

Une bonne chose, pour l'efficacité militaire. CC-5052 n'en doutait pas une seconde.

-Selon mon expérience, ils étaient plutôt les seconds que les premiers, finit par dire CC-5052 en réalisant que le général attendait toujours une réponse. Monsieur. Je ne sais que vous dire. C'était un travail... physique.

CC-5052 n'avait jamais vu le général s'approcher du front, depuis qu'il était sous ses ordres. Servir un général Jedi signifiait devoir courir pour rester à leur hauteur et anticiper la prochaine absurdité qu'il ou elle allait essayer de mettre en œuvre. D'après les autres soldats clones, la générale Secura était loin d'être la pire.

-J'imagine qu'il était difficile de travailler avec eux, s'ils pontifiaient sur leur Force à longueur de journée. Je n'ai jamais compris ce délire mystique sur lequel ils insistaient tant.

À une occasion, CC-5052 avait vu la générale Secura et le général Vos se disputer sur ce qui comptait comme un « usage futile de la Force », tout en essayant de se voler l'un l'autre le dernier meiloruun à deux secteurs à la ronde.

-Moi non plus, monsieur, répondit-il machinalement.

Le mal de tête revenait, plus fort que jamais. Il devait couver quelque chose, ce qui était assez surprenant. Les clones avaient été conçus pour être résistants, après tout. Un bon soldat ne tombait pas malade quand le combat n'était pas terminé. Et en dix ans de service, CC-5052 n'avait jamais vu la paix qu'on leur avait tant vanté, ni de signe que celle-ci arriverait un jour. Lui en tout cas n'avait jamais cessé de servir, sur tous les fronts.

-Qu'avez-vous ressenti quand vous avez appris que votre générale avait trahi la République ?

CC-5052 cligna des yeux.

-Pardon, monsieur. Vous pouvez répéter la question ?

Le général prit une profonde inspiration et marqua quelque chose sur son datapad.

-Non, c'est moi qui aurait du m'y prendre différemment. Je vous demandais ce que fut votre réaction quand vous avez appris la trahison des Jedi.

CC-5052 était déjà au garde-à-vous, puisque le général ne lui avait pas proposé d'adopter une posture de repos. Il essaya quand même de se mettre encore plus au garde-à-vous. Il devait avoir l'air aussi ridicule que ces recrues essayant d'avoir l'air d'avoir reçu déjà trois ou quatre médailles du courage.

-J'ai fait mon devoir, monsieur. Les Jedi étaient des traîtres à la République. N'importe quel soldat aurait fait de même.

Ils avaient tous fait de même, d'ailleurs. CC-5052 n'aurait pu être plus fier de ses compagnons d'arme. Sur Felucia, et sur toutes les planètes où un soldat clone servait auprès d'un Jedi, tous avaient levé leurs armes pour arrêter l'insurrection. Ils servaient loyalement la République. Bien sûr, c'était l'Empire à présent.

-Remarquable, proprement remarquable, approuva le général. Et vous avez rendu un grand service à l'Empire.

CC-5052 salua. À l'époque, il croyait rendre service à la République. Sept ans après, il n'était plus trop sûr de savoir ce qui était arrivé en premier, la révélation de la trahison des Jedi, ou la proclamation de l'Empire. Tant de choses avait changé en l'espace de quelques heures. La générale Secura lui avait dit un jour qu'un grain de sable roulant sur une dune pouvait changer le cours de la galaxie. Il avait cru à une hyperbole typique des Jedi, mais elle avait eu raison.

Comme souvent.

-Je vis pour servir.

-Comme nous tous. Servir l'Empire est le plus noble objectif qui soit. Mais passons. Votre dossier contient autre chose que la liste des nombreuses médailles que vous avez reçu et des champs de bataille auxquels vous avez participé, le saviez-vous ? Dans le premier tiers de la Guerre des Clones, un profil des partenariats entre généraux Jedi et commandants clones a été établi.

-Je l'ignorait, monsieur. Il me semble qu'un tel audit ne m'aurait pas échappé.

-Il ne s'agissait pas d'un audit, mais d'une étude comparée des résultats de vos missions, sur la demande commune d'un groupe de sénateurs et de représentants de l'ordre Jedi. Le but, si j'ai bien compris, était d'éviter certains… abus, mais ce n'est pas ça qui nous intéresse ici. Les résultats de cette étude ont été oubliés pendant des années. La trahison des Jedi et leur juste châtiment rendaient ces documents inutiles, mais les lourdeurs administratives ont leur mérite et l'Empire ne jette rien qui puisse servir un jour. Or, d'après votre profil mis à jour avec l'intégralité de vos missions de l'époque, votre duo avec la « générale » Secura était tout simplement un des plus efficaces de tous ceux recensés.

CC-5052 cligna des yeux.

-Pardonnez-moi, monsieur, mais j'ai du mal à voir où vous voulez en venir.

-Tous les Jedi n'étaient pas doués pour travailler avec des soldats clones, et entre vous et moi, cela peut se comprendre. Cependant, l'inverse est vrai aussi. Certains commandants clones, pour être des soldats efficaces, n'étaient pas doués non plus pour travailler avec des Jedis. Je suppose que vous en avez connu.

-Très peu. L'intégration des clones au cursus de commandement se basait entre autre sur les estimations de nos formateurs concernant notre capacité à travailler au plus près des généraux Jedi. Ils évaluaient non seulement notre capacité à suivre des ordres, mais aussi à réagir à l'inattendu et recherchaient une certaine capacité à l'empathie. Sans être eux-même dotés de la Force, ils ne pouvaient bien sûr parvenir à une totale réussite, mais il n'y a jamais eu d'échec complet.

-Ou peut être que ces commandants manquant des capacités nécessaires à travailler en binôme avec une personne douée de cette sois-disant « Force » sont plus souvent morts au combat dès les premiers jours de leur affectation, ce manque de compatibilité leur coûtant la vie là où d'autres ont survécu et continué à servir avec le même général jusqu'à la fin de la guerre.

-C'est possible. Je n'y ai jamais réfléchit.

-On ne vous a pas crée pour ça, c'est vrai. D'autres cependant l'ont fait pour vous, et apparemment votre compatibilité pour travailler avec des personnes douées de la « Force », si elle existe, n'a pas échappé à des yeux attentifs.

-Pardonnez-moi encore une fois, mais les Jedi sont tous morts, sans compter que c'étaient des traîtres. Je ne vois pas en quoi cette étude est pertinente aujourd'hui.

-Il n'y a pas que les Jedi qui soient doués d'une affinité à la Force. Je crois que vous avez servi un temps sous les ordres du Seigneur Vader ?

-C'est exact.

-Et vous avez du entendre parler des Inquisiteurs.

Il y avait presque une note de pitié dans sa voix, la première que CC-5052 ait jamais entendu, et plus encore adressée à un clone. Son instinct lui criait au danger, mais CC-5052 n'en avait pas besoin pour comprendre que la conversation prenait une pente dangereuse. Cependant, il était bien conscient qu'il ne pouvait rien y faire.

À contrecœur, CC-5052 hocha la tête. Personne n'aimait penser aux Inquisiteurs ou parler d'eux. Jusqu'ici, CC-5052 avait eu la chance de ne jamais avoir à travailler avec eux. De ce qu'il en avait entendu, le Seigneur Vader était préférable. Le temps passé sous ses ordres avait été une… épreuve, mais CC-5052 avait au moins une chose positive à dire sur le Seigneur Vader. Si le taux de mortalité sous ses ordres était obscènement élevé, les clones étaient proportionnellement moins victimes de sa colère que n'importe quel autre type de soldat à son service. CC-2224 était sous les ordres du Seigneur Vader quasiment depuis les premières heures de l'Empire, et le record absolu de longévité auprès du terrifiant deuxième personnage de l'Empire. CC-5052 n'avait jamais eu l'occasion, ni le courage de lui demander son secret, mais il était sûr que personne n'avait autant à dire de positif sur les Inquisiteurs.

-Je connais leur existence, monsieur.

Il pouvait entendre d'ici les dents du général grincer dans sa bouche. Lui non plus n'aimait pas à penser aux Inquisiteurs.

-Diriez-vous que la « générale » Secura et vous formiez une bonne équipe ?, demanda le général en sautant, apparemment du moins, à un sujet totalement différent.

-Je ne saurais trop dire. Je suppose que vos statistiques parlent d'elles-même.

-Mais vous appréciez de travailler avec elle.

-J'étais fier de servir la République avec efficacité. Pour ce que nous en savions, servir auprès des Jedi nous permettait de le faire.

-Comment expliquez-vous alors cette efficacité ?

CC-5052 se figea. Danger ! À nouveau, sa main se crispa sur son casque. Il essaya d'ignorer son mal de tête pour se concentrer sur sa réponse.

-Peut-être a-t-elle su me tromper mieux que d'autres, monsieur, réussit-il à sortir en gardant le contrôle de ses traits. Je croyais qu'elle servait la République.

-Ne voyez pas de reproche dans ma question, soldat. Après tout, les Jedi nous ont tous trompés. Si je vous la pose, c'est que ces informations m'ont été envoyées directement par l'Inquisitorus. Il semblerait que vous ayez été choisi pour une mission particulière durant laquelle vous servirez auprès d'un Inquisiteur.

Le général semblait presque désolé, mais visiblement pas suffisamment pour conserver CC-5052 sous ses ordres. Ce que l'Inquisitorius demandait, il l'obtenait. Et quand ce n'était pas le cas, l'officier qui succédait à celui qui avait opposé ce refus, et qui avait succombé à une fin tragique, le ferait. Il était inutile de protester. D'ailleurs, CC-5052 servait l'Empire.

-Où dois-je me rendre, général ?

-Vos ordres indiquent seulement que vous devez vous rendre au centre de commandement de l'Inquisitorius, sur Nur. L'Inquisiteur qui a réclamé votre présence prendra la suite. Si j'ai un conseil à vous donner, cependant, c'est de bien réfléchir à ce qui faisait l'efficacité du duo que vous formiez avec la traîtresse Jedi que vous serviez. Quoi que vous veuille cet Inquisiteur, ce sera sans doute votre meilleure chance de survie, et d'accomplir la mission.

-La mission est toujours le premier objectif. Ma survie est secondaire. Mais je tiendrais compte du conseil, monsieur.

-Alors bonne chance, soldat. Réunissez-vos affaires, vous partez dans moins d'une heure. Présentez-vous à l'astroport pour trouver le transport sur lequel vous devez prendre place.

CC-5052 salua, sans prendre la peine de noter à voix haute que cela faisait déjà deux fois que le général l'avait appelé « soldat » au lieu de se référer à son véritable grade. Un signe de plus que le temps des commandants clones dans l'armée impériale, et même des clones tout cours, touchait à sa fin. De toute manière, le général s'était déjà désintéressé de leur conversation et était à nouveau penché sur son datapad. Avec un certain soulagement, CC-5052 tourna les talons et se dirigea vers la porte, conscient du filet de sueur qui gouttait de l'arrière de son crâne dans son cou et dans son armure et qui aurait pu trahir…

Il ne savait trop quoi au juste. Inutile de trop y penser.

Une fois dehors, CC-5052 ne remit pas immédiatement son casque. Il avait besoin de sentir un instant l'air glacé sur sa peau pour se remettre de cette éprouvante conversation. La traîtresse… il n'avait pas repensé à elle depuis des années, sauf incidemment. Se voir rappeler son souvenir, en particulier dans le cadre d'un quasi interrogatoire comme celui qu'il venait de subir avait été… douloureux, d'une manière que CC-5052 n'avait pas anticipé, qu'il n'était toujours pas sûr de comprendre. Ce n'était qu'une traîtresse, et avec elle étaient morts les risques pesant sur la République, ou plutôt l'Empire naissant.

CC-5052 remis son casque. Les quelques instants où il s'était exposé au froid glacial de la planète avaient laissé des traces humides et gelées sur ses joues.

Pas des larmes. Les traîtres n'en méritaient pas.

Le général avait raison sur un point en tout cas. Il devrait être mieux préparé à sa rencontre avec l'Inquisiteur qui avait réclamé sa présence. Le sujet reviendrait certainement sur la table, et si les Inquisiteurs étaient comme les Jedi, il serait difficile de cacher à celui-là ce qu'il ressentait. Pas que CC-5052 ait quoi que ce soit à cacher, bien sûr. Il avait juste été pris par surprise, mais la prochaine fois, il serait prêt.

Il devait l'être.

En attendant, il devait se préparer à son prochain départ. Le général lui avait dit de récupérer ses affaires, mais CC-5052 n'avait pas de possessions à proprement parler. Un soldat n'avait besoin que de ses armes et de son armure. Certes, du temps de la Guerre des Clones, il était courant que des soldats accumulent des souvenirs des planètes sur lesquelles ils avaient servi. CC-5052 se rappelait d'un membre du 327ème corps qui trouvait toujours moyen de ramener une cuillère, une baguette ou un autre ustensile de table des planètes où ils s'étaient arrêtés suffisamment longtemps pour atteindre une ville. Qui était-ce déjà ? CT-4747, peut être. Ou un autre. Cela n'avait aucune importance de toute manière. Le 327ème corps n'existait plus. Ce genre de comportement n'était plus toléré. Non pas que lui se soit jamais permis d'accumuler ainsi des souvenirs. Il avait toujours respecté le règlement.

CC-5052 serra le poing tout en repartant vers la cantine. Même s'il n'avait pas d'affaires personnelles à récupérer, il fallait qu'il passe à l'armurerie pour récupérer toutes les armes qui pouvaient être nécessaires à sa future mission, ainsi, surtout qu'un casque à sa taille. Comme aucun paramètre ne lui avait été donné pour celle-ci, il comptait bien être précautionneux et piller l'armurerie. Sans avoir jamais travaillé avec un Inquisiteur, il pouvait déduire de ses maigres connaissances sur le sujet qu'anticiper ses demandes et être préparé à toutes les situations serait crucial pour sa survie. Et CC-5052 comptait bien survivre. Il n'avait pas tenu bon pendant six mois sous les ordres du Seigneur Vader pour succomber sous les ordres d'un Inquisiteur.

La cantine de l'armée était presque vide quand CC-5052 y mit les pieds. Ne restaient que quelques recrues récentes ou des soldats punis occupés à récupérer les assiettes et nettoyer le sol. CC-5052 les ignora et se rendit directement à la cuisine. À l'intérieur, les cuisiniers étaient déjà occupés à préparer la pitance du soir. Une armée demandait des miracles au niveau de l'intendance, en particulier sur un monde aussi froid.

CC-5052 attrapa par le bras le premier cuisinier à passer à sa portée.

-J'ai besoin de nourriture.

Le cuisinier se dégagea et le regarda de haut en bas avec mépris. Son regard passa sur les insignes de son rang comme s'ils n'existaient pas.

-Le règlement est le même pour tout le monde. Les repas sont servis à heure fixe. Arrivez à l'heure, ou attendez le service suivant.

Quelle absurdité. Le fonctionnement de l'armée impériale se basait sur un respect total des règlements, ce qui était une bonne chose. Une armée avait besoin d'ordre et de discipline pour bien fonctionner et devait montrer à la galaxie la beauté et l'importance de l'obéissance afin que les révoltes se tarissent avant même de naître. CC-5052 entendait l'argument, le comprenait et l'approuvait en tout point. Cependant, l'intérêt que certains Moffs et généraux vouaient au règlement confinait à l'obsession. CC-5052 désapprouvait la multiplication de règles visant à faire de l'armée une parfaite machine bien huilée en apparence tout en y créant en fait des dysfonctionnement. Qu'un soldat peu soucieux des horaires soit puni, cela allait de soit. Mais parfois, un soldat était retenu par une tâche importante ou convoqué à une réunion à un moment peu orthodoxe, et un soldat ayant raté un repas faisait un soldat inefficace. C'était tout le problème de l'armée impériale. Elle souhait des soldats aussi efficace que les clones de la Grande Armée de la République, tout en épurant progressivement les même clones de ces rangs. CC-5052 retint un soupir de frustration.

-Je pars en mission pour une durée indéterminée. Il me faut un repas à emporter.

-Vous êtes sourd en plus du reste, clone ? Le règlement est le règlement.

CC-5052 aurait pu tempêter et rappeler son rang au cuisiner, mais l'homme avait parfaitement lu le rang sur son armure. Il avait juste décidé de ne rien en faire en reconnaissant la voix d'un clone. CC-5052 restait malgré tout un commandant. S'il le souhaitait, il pouvait tout à fait faire mettre l'homme aux fers pour insubordination. Seulement, cela prendrait du temps qu'il ne pouvait se permettre de perdre, et il était bien conscient que cela ne changerait rien.

Le cuisinier poursuivit son chemin. CC-5052 le laissa faire. Il avait cessé depuis longtemps d'essayer de mener ce combat. Les clones allaient disparaître de l'armée impériale. Il était une relique, bientôt inutilisable. Autant se faire à l'idée.

-Attends un instant, l'arrêta une voix alors qu'il s'apprêtait à faire demi-tour. Je vais te préparer vite fait quelque chose.

Contrairement au précédent, ce cuisinier là portait son casque, mais CC-5052 n'avait pas besoin de regarder dessous pour reconnaître sa propre voix. C'était un clone qui avait parlé. Il ressortit donc de la cuisine et se posta à l'entrée au garde-à-vous pour attendre, sous les regards vaguement condescendants des soldats qui finissaient de nettoyer. Ils avaient tort de se moquer.

Ne jamais montrer de faiblesse. L'une des règles essentielles de l'Empire. CC-5052 l'avait apprise plus vite que ces cadets qui ne monteraient jamais en rang.

La porte de la cuisine se rouvrit pour dévoiler le clone qui lui avait parlé dans son armure d'un blanc immaculé, une boîte à la main.

-Voici assez pour ta mission, quelle qu'elle soit, vod, salua-t-il. Je te souhaite bonne chance. Les verde s'occupent les uns des autres.

Depuis combien de temps CC-5052 n'avait-il pas entendu parler mandalorien, dans la bouche d'un autre clone ou d'un étranger ? Très longtemps. Même avec les vétérans du 327ème corps ou d'autres survivants de la Guerre des Clones, il évitait. On ne savait jamais qui pouvait entendre, et le fait de parler ce langage était mal vu à présent dans l'armée impériale. CC-5052 ne s'attendait pas à ce que ça lui fasse autant de bien, même d'entendre ces seuls deux mots.

Frère. Soldats. C'étaient ça qu'ils étaient. Jadis. Ce temps était révolu à présent, et avec son armure immaculée, CC-5052 était bien incapable de reconnaître le soldat devant lui.

-Je te remercie, fit-il en prenant la boîte tendue par le clone. Ton identifiant ?

-CT-5572.

L'identifiant ne disait rien à CC-5052. Il était même incapable de dire si ce soldat avait servi sous ses ordres dans le passé ou pas. Peut être que son nom lui aurait dit quelque chose, mais ceux-ci n'étaient plus employés depuis la fin de la première année de l'Empire, et il y avait trop de passage pour pouvoir communiquer aisément. CC-5052 partait, mais CT-5572 resterait. Il n'allait pas lui créer des ennuis inutile.

-Merci à toi, CT-5572. Porte-toi bien.

-C'est à toi qu'il faut souhaiter bonne chance, je suppose, où que tu ailles. Il ne reste pas beaucoup de vode ici.

-Il n'en reste pas beaucoup tout court.

-Je suppose que nous ne nous reverrons pas, alors je te souhaite bonne chance dans ta missionn, salua à nouveau le clone. Re'turcye mhi, ner vod. C'est fini pour nous, n'est-ce pas ?

CC-5052 se sentit incapable d'utiliser cette langue qui avait signifié tellement de choses pour lui et ses frères dans le passé, mais il admirait CT-5572 de ne pas avoir totalement renoncé à ce qu'ils étaient. Ce soldat était probablement plus brave que lui. Il salua en retour.

-Non, promit-il tout en ayant conscience du mensonge, parce que c'était la seule chose qu'il pouvait faire. Pas encore.