Dinner & Diatribes
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Disclaimer : L'œuvre et l'univers de « Harry Potter » sont la propriété exclusive de JKR... ce qui ne nous oblige pas à être d'accord avec elle et ses propos...
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Cet OS a été écrit dans le cadre de l'High Spic du serveur Potterfictions (rejoignez nous !), un défi d'écriture célébrant les song fics !
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Les moodboards tirés au sort qui ont inspirés l'histoire (visibles sur AO3 par exemple):
Moodboard Maison : Serdaigle
Moodboard Couleur : Rose
Moodboard Saison : Hiver
Moodboard Décennie : 1980
Moodboard Core : Classic Old Money Core
La chanson de l'histoire : Hozier - Dinner & Diatribes
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Merci à mes betas Lyashura et Genny237 qui ont subi ce Doloroy (ce Gilores ?) 333
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Cette petite histoire a d'abord été publiée sur AO3 le 28 aout 2024. Malgré le résumé, n'ayez pas peur et venez lire !
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Gilderoy replaça une mèche sur son front et tendit le menton vers la gauche. Il sourit à son reflet, satisfait de son plus beau profil. Ce soir, il était exceptionnel. Comme souvent. Il lissa les pans de sa robe de cérémonie et inspira longuement. L'espace était plein de sa fragrance. Bergamote et poivre de Sichuan. Un mélange piquant et audacieux. Comme lui. Il appliqua un baume au beurre de cacao sur ses lèvres de la pointe de son doigt et son sourire s'agrandit encore. Sa fossette se creusa sur sa joue. La brillance était parfaite. Ni trop audacieuse, comme toutes les pimbêches qui rêvaient d'avoir sa stature, ni trop peu discrète. Ses lèvres étaient trop belles pour ne pas être mises en valeur.
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Il sortit de la salle de bain commune des Serdaigle et laissa la place à ses camarades de chambrée. Aucun n'était invité à la soirée de Slughorn, ils étaient donc moins pressés qu'il ne l'était. Gilderoy avisa le Coucou Tempête mural. Vingt heures douze. Parfait. Il respectait le quart d'heure de politesse et pouvait donc aller chercher sa cavalière.
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Dolores l'attendait au bas des marches de la tour ouest. Elle lui avait fait l'insigne honneur de remonter depuis les cachots pour venir le chercher alors que la soirée avait lieu dans les tréfonds de Poudlard.
Elle ne perdait pas au change. Elle savait, tout comme lui, l'importance que revêtait le fait d'être vus ensemble, en amont de la soirée. Deux beaux partis, quoi qu'en disaient les rageux !
Dolores était, tout de même, une descendante directe des Selwyn ! Gilderoy n'avait jamais cru aux rumeurs qui couraient sur elle. Elle ne pouvait pas être issue d'une famille de Cracmols. Elle était trop puissante pour cela !
Il subissait, lui-même, des bassesses. Il n'était pas exempt de bruits de couloirs scandaleux ! Mais ensemble, ils pouvaient faire taire toutes ces voix aussi jalouses que mesquines, qui attentaient à leur réputation.
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Que Dolores le fréquente était bien la preuve qu'il était digne d'une Sang-Pur telle qu'elle ! Jamais une fille de si bon pedigree ne s'abaisserait à fréquenter un fils de Cracmol.
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Elle n'était, certes, pas la plus jolie de ses -le avec franchise, elle n'avait pas ce que l'on pouvait appeler un physique facile. Tout du moins au premier corps un peu trapu, les épaules tombantes d'un cou quasi inexistant, sa tête était toute ronde, tout comme ses yeux. Pour autant, elle savait s'apprêter. Elle portait de belles boucles et dégageait une aura tout à fait particulière qui imposait le respect.
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Ce soir, sous sa robe de sorcière, elle était vêtue d'une jupe en tulle rose bonbon qui s'arrêtait juste au-dessus des genoux, d'un legging noir, et d'escarpins dorés. Son justaucorps au col arrondi était du même rose et brillait sous les chandelles. Des bracelets dorés cliquetaient à ses poignets et, autour de son cou, plusieurs rangs de perles obsidiennes se perdaient de sa gorge à son nombril.
Elle avait laissé ses boucles cascader sur ses épaules, son front seulement dégagé par un bandeau, toujours rose bonbon, agrémenté d'un noeud fait du même tulle que sa jupe. Elle était splendide, à la pointe de la mode !
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Gilderoy était un peu jaloux, en fait. La mode masculine était bien plus discrète, et sous sa propre robe haut de gamme, il ne portait qu'un costume croisé à larges épaulettes - gris pour s'accorder au rose de Dolores et au bleu de ses propres yeux -, sur un t-shirt rose poudré.
Il lui présenta son bras qu'elle agrippa. Ses ongles, aussi acérés que des griffes, se plantèrent dans la soie de son costume. Ils s'assurèrent d'être vus par les derniers élèves qui se rendaient à la Grande Salle puis, les épaules redressées et le port de tête haut, se dirigèrent vers la soirée de Noël du Slugclub.
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Honey, this club here is stuck up
Dinner and diatribes.
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Dolores s'accrocha au bras de Gilderoy et força un sourire sur ses lèvres. Ne pas le laisser voir la rage qui l'animait. Il l'avait fait attendre. De longues minutes. Elle aurait dû s'en douter, dès le début. Il n'était qu'une caricature. Elle le savait, pourtant. Mais elle avait besoin de lui. De son charisme. De sa réputation.
Un Sixième année s'intéressait à elle. Elle ! La Cinquième année. Elle, qui devait côtoyer, à chaque vacances, le Cracmol qui lui servait de frère. Il l'avait remarquée. Elle. Ses camarades Serpentard avaient beau lui répéter qu'elle était rusée comme un renard, elle savait, au fond d'elle, qu'elle n'avait rien de remarquable.
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I knew it from the first hookup
The look of mischief in your eyes
Your friends are a fate that befell me
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Gilderoy lui proposa d'avancer et Dolores le suivit, à pas lents, un sourire presque sincère inscrit sur ses lèvres. Elle était fière. Tous les regards se portaient sur eux. Elle n'avait, certes, rien de remarquable habituellement. En dehors de son look. Inégalable !
Chaque jour, il était impossible de la rater dans ses fanfreluches roses. Même engoncée dans son uniforme, elle arrivait à faire ressortir ces touches pétulantes qui lui collaient à la peau. Repérable entre mille.
Et ce soir, outre son style, elle avait aussi un cavalier splendide. Un cavalier au regard espiègle, qui la mettait en valeur et savait jouer de son charme. À ses côtés, elle était convaincue de paraître plus grande. Plus forte. Plus puissante.
Ils étaient parfaits, ensemble. Ils avaient le même objectif. La même envie. Celle, justement, de susciter l'envie. Leur envie à tous.
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Hell is a talking tide
I'd suffer Hell if you'd tell me
What you'd do to me tonight
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Gilderoy pencha la tête et jeta un dernier coup d'oeil vers Dolores. Elle était parfaite. Sublimement apprêtée, suffisamment souriante et ingénue. Il toqua à la porte et attendit. Un môme en robe noire leur ouvrit. Un Poufsouffle, probablement, qui n'avait pas trouvé d'autre moyen d'assister à la soirée que d'en être le portier.
Ils entrèrent et furent presque aveuglés par le débordement de lumières, de guirlandes étincelantes et de paillettes. Tout était… Trop. Comme toujours avec Slughorn. Trop de faste, trop de richesses. Symbole même de la vanité de ce vieil homme avide de célébrité.
Gilderoy et Dolores se sourirent d'un air entendu et avancèrent dans l'espoir d'attirer à eux tous les regards. Toutefois, tout ce qu'ils remarquèrent fut un attroupement au centre de la pièce, qui drainait l'attention de toutes et tous. Le rire tonitruant de Slughorn envahissait l'espace et des exclamations émerveillées s'échappaient ci et là.
Gilderoy arracha son bras de la poigne de Dolores, glissa une main dans son dos, et la poussa en direction de la masse d'élèves. Ils se frayèrent un chemin pour découvrir James Potter, son épouse, et leur bébé qui ne devait pas encore avoir six mois.
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Tell me
Tell me
Tell me, ah
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Les Gryffondors avaient quitté Poudlard deux ans plus tôt. Deux ans qui avaient suffi à faire d'eux de véritables légendes ! Déjà, lors de leur dernière année, leur histoire d'amour avait fait l'objet d'autant de discussions que de fantasmes.
Personne n'avait oublié ce jour où Minerva McGonagall avait surpris Potter dans le dortoir d'Evans. Comment l'oublier alors que, depuis ce jour-là, il était impossible pour les garçons de Gryffondors d'accéder aux chambres des filles ?
La colère noire de leur Directrice de Maison avait été si mémorable qu'elle perdurait encore !
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Malgré leur jeune âge, James Potter et Lily Evans avaient intégré l'Académie des Aurors dès leur sortie de Poudlard, tout comme Black. Pettigrew était entré au Ministère, pistonné par son père. Quant à Lupin, il avait tout bonnement disparu de la circulation.
James et Lily n'avaient pas attendu un an pour se marier. Intrépides, inconscients, ils s'étaient engagés corps et âme dans la guerre contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Ils l'avaient déjà défié à deux reprises et avaient failli trépasser plus souvent encore. Le genre d'histoires que les badauds se racontaient au coin du feu. Qu'ils déformaient et amplifiaient. Le genre d'histoires qui contribuaient à la légende. Leur légende.
Les Potter étaient bien trop vite devenus une cible et s'en moquaient ouvertement. Et, force était de constater qu'ils avaient décidé de se reproduire. En pleine guerre. En dépit du danger. Intrépides et inconscients, donc.
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That's the kind of love
I've been dreaming of
That's the kind of love
I've been dreaming of
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— Ridicule, souffla Dolores en enroulant une de ses mèches de cheveux autour de son index.
Gilderoy s'empara de sa main et la serra légèrement en pinçant les lèvres. Il n'était pas bien sûr de ce qu'elle trouvait ridicule mais approuvait certainement sa désapprobation.
Dolores répondit à la pression de ses doigts et pointa le bar du menton. Ils s'y dirigèrent à pas lents, calculés, coordonnés. Ils n'avaient, ni l'un, ni l'autre, le souhait de satisfaire les Potter en donnant l'impression de les aduler comme tous ces élèves ridicules qui les encerclaient.
— Gilderoy, je me dois d'être honnête. J'hésite à quitter cette soirée.
— Tu penses ?
Il lui lança un regard plein de doutes et elle tenta d'analyser ce qui pouvait se tramer sous ses boucles blondes.
— Tu approuves leur présence ? demanda-t-elle encore, de sa petite voix.
Elle aimait utiliser cette voix. Elle donnait l'illusion de minauder alors que, tout ce qu'elle voulait, c'était mordre. Elle adorait offrir ce semblant de passivité pour déployer l'étendue de sa pugnacité. Son mépris était parfaitement lisible, derrière la flagornerie. Pour qui voulait bien lire entre les lignes. Une tigresse sous un monceau d'innocence.
— Tu ne peux nier qu'ils ont un certain talent, Dolores, avança Gilderoy en lui tendant une coupe d'une boisson étrange, sucrée et pétillante.
— De la poudre aux yeux.
Elle sirota une gorgée, son léger sourire collé aux lèvres.
— Les Potter brillent de coups d'éclat, comme lorsqu'ils étaient encore ici. Mais qu'ont-ils réellement réalisé ? Les as-tu déjà entendus défendre une cause juste, Gilderoy ?
— Ils luttent contre-
— Hum. À part ça, s'agaça Dolores en chassant l'air.
Elle força un sourire plus grand. Plus lumineux. Et baissa le ton de sa voix d'une octave supplémentaire.
— À part ça ? Qu'ont-ils fait ? Il est facile de suivre le mouvement majoritaire pour faire comme tout le monde et plaire au Ministère. Mais les as-tu déjà entendus expliquer ce qu'ils reprochent à… Ce qu'ils lui reprochent ?
Elle posa sa main sur le bras de Gilderoy et l'incita à rejoindre une des tables vides mises à disposition des invités pour dîner. Il la regarda longuement, l'air grave. Plus grave qu'il ne devait l'être en réalité. Mais ils jouaient tous les deux le jeu de la représentation.
Si quiconque les observait, leurs émotions devaient être lisibles sur leurs visages. Joie, tristesse, colère, contrition. Il n'y avait pas besoin de connaître le contenu de leur conversation. Ce qui comptait, c'était que, dès le lendemain, on puisse entendre des « Vous ne savez pas ce qu'il s'est passé hier entre Dolores et Gilderoy ? ».
Les épaules contractées, il dégagea les boucles de son front d'une main assurée et reprit.
— Je ne sais pas, Dolores. Il. Il tue des gens. Ce n'est pas une raison suffisante pour- ?
— Je ne crois pas, Gilderoy.
Elle plaqua son dos au dossier de sa chaise, croisa les jambes et le regarda dans les yeux. Des yeux perdus et interrogateurs. Elle lui adressa un sourire, pencha la tête sur le côté et força un petit rire. Innocent, encore. Autant que possible.
— Hum. Je ne dis pas que j'approuve ses actes, bien sûr. Mais, peut-être ! Peut-être qu'en faisant un pas de côté et en regardant la scène dans son ensemble, ses actes pourraient être… légitimés ?
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Honey, I laugh when it sinks in
A pillar, I am upright
Scarcely can speak for my thinking
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Gilderoy fronça les sourcils. Il n'avait jamais envisagé les choses sous cet angle. Il lisait les journaux qui prenaient tous le parti du Ministère mais, effectivement, le Ministère ne faisait que s'opposer au Mage Noir sans étayer ni l'origine du conflit, ni ce qui en avait découlé. Il n'en connaissait pas les raisons et il ne pouvait définitivement pas compter sur ses parents pour l'informer.
— Il. Il attaque des familles de Sang-Mêlé, se rappela Gilderoy.
— Non.
Dolores secoua la tête en souriant, comme elle l'aurait fait avec un enfant qui aurait énoncé une énormité. Son air entendu était si arrogant qu'il en rougit dans la seconde. Gilderoy sentit son cœur faire une embardée, tiraillé entre humiliation et componction. Il hésita un quart de seconde à se lever et faire un scandale, mais Dolores avait déjà repris à voix basse.
— Il attaque des personnes qui ont volé leur magie à des Sorciers de souche. Cela n'a rien de gratuit ou de fortuit.
— Vraiment ?
Les yeux de Gilderoy s'agrandirent sous la surprise et ses palpitations ne faiblirent pas une seule seconde.
— Je t'assure ! Je le tiens de mon cousin, Tybalt Selwyn.
Il se pencha en avant, bouche entrouverte, à l'écoute. Dolores lui adressa un nouveau sourire entendu et coinça l'ongle de son index entre ses dents. Elle plissa un oeil, mimant une intense réflexion et se décida.
— Oh, je peux bien te le dire, commença-t-elle en posant finalement la main sur son biceps. Tu sais que je viens d'une famille de Sang-Pur, Gilderoy ?
Il hocha la tête avec convoitise et enlaça leurs doigts. Avide. Assoiffé. À chaque nouveau mot qu'elle prononçait, il la trouvait plus désirable que la minute précédente.
— Nous savons… des choses. Des choses qui ne sont pas dites dans la Presse, lui chuchota-t-elle à l'oreille.
Il ne put réprimer un frisson. Il voulait. Non. Il devait en apprendre davantage. Il laissa son pouce glisser sur la paume de la main de Dolores, source intarissable de savoir et de connaissances.
— Oui ?
Elle recula son visage et chercha à nouveau ses yeux. Son regard pétillait littéralement. Il fixa ses dents qui glissèrent sur sa lèvre inférieure.
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Now that the evening is slowing
Now that the end's in sight
Honey, it's easier knowing what you'd do to me tonight
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Dolores adorait ce qu'elle lisait dans les yeux de Gilderoy. L'envie. Le désir. Elle n'y avait jamais droit au premier regard mais, quand elle arrivait à susciter l'attention, elle savait allumer la flamme.
— Le Lord-.
— Le Lord ? coupa Gilderoy.
— Lord Voldemort. C'est son nom, confia Dolores, son souffle chaud frappant le creux de son pavillon.
Dans son cou, elle perçut la respiration de Gilderoy s'accélérer et sentit que toute son échine était parcourue d'une chair de poule. Son sourire s'agrandit. Elle le tenait, là, au creux de sa main. Elle reprit.
— Le Lord souhaite redonner aux Sorciers leurs lettres de noblesse. Les vrais Sorciers. Comme toi et moi.
Ils sentirent un courant d'électricité statique passer entre eux et sursautèrent sous la surprise. Gilderoy rapprocha rapidement son oreille de la bouche de Dolores pour l'inviter à continuer. Elle se recula sur son siège pour capter son regard à la place et s'assurer, une fois de plus, de son plein et complet intérêt.
— Le Lord n'agit que pour le plus grand bien.
— Dis-m'en plus, Dolores.
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Tell me
Tell me
Tell your man
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Gilderoy était impressionné. Vraiment très impressionné. Au début de cette soirée, il était seulement fier de sortir avec Dolores. Désormais, il y avait ce petit truc en plus. Cette envie nouvelle.
Le prestige l'avait toujours attiré et, en cet instant, la petite Dolores venait de prendre de l'ampleur. Elle était encore plus belle, plus puissante, plus imposante. Elle dégageait une autorité qui suffisait à l'émoustiller.
Gilderoy sentit son bas ventre se contracter d'anticipation. Si sa bouche pouvait offrir tant de merveilles, il n'osait imaginer le nombre de promesses qu'elle recelait entre ses lèvres.
Il humecta les siennes et, sans la lâcher du regard, osa poser sa main sur le genou de Dolores. Son index s'aventura sous l'ourlet de sa jupe et elle s'interrompit au beau milieu d'une phrase.
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That's the kind of love
That's the kind of love
That's the kind of love
That's the kind of love
Oh, oh
Let there be hotels complaints and grievances raised
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Le coeur de Dolores rata un battement tandis qu'elle sentait ses joues chauffer. Gilderoy venait de poser sa main sur son genou. La fraîcheur de ses doigts traversait le tissu de son legging. Son sang pulsait sous sa peau et elle ne savait pas comment réagir.
Elle jouait suffisamment de ses charmes pour avoir appris à gérer les garçons et leurs hormones en privé. En public, elle n'en avait pas l'habitude. Au vu de ses origines, elle n'était pas invitée aux Rallyes.
Elle n'avait donc pas de réelle obligation à respecter en la matière. Aucune règle de bienséance ne lui était imposée, si ce n'était celles qu'elle s'était engagée à respecter. Pour elle-même. Pour elle seule. Pour les apparences qu'elle voulait préserver.
Forcément, elle doutait qu'il soit réellement convenable de se laisser toucher ainsi en public. Elle avait un rang à tenir pour conserver l'illusion. Elle ne pouvait se permettre de paraître adepte de telles frivolités aux yeux de ses camarades ou de ses Professeurs.
À regret, elle posa sa main sur celle de Gilderoy et enlaça ses doigts, l'obligeant à lâcher son genou.
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In that kind of love
(That's the kind of love)
(That's the kind of love)
(That's the kind of love)
Oh, oh
Let there be damage ensued and tabloid news
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Gilderoy caressa le poignet de Dolores du bout de son pouce et lui offrit un sourire toutes dents dehors. De ces sourires qui faisaient se pâmer toutes les filles. Dolores n'y échappait pas. Il battit des cils et baissa les paupières. Juste un instant d'hésitation. Une toute petite seconde avant de la fixer droit dans les yeux.
— M'accorderais-tu cette danse ?
De sa main libre, Dolores masqua sa bouche et éclata d'un rire léger, clair, liquide. Une douce musique aux oreilles de Gilderoy. Avec une confiance difficilement égalable, il se redressa et, d'une courbette, lui tendit sa main paume ouverte. Elle y posa la sienne, décroisa élégamment les jambes et le suivit jusqu'à l'espace dédié aux danseurs au fond de la salle. Ils attendirent que la gavotte laisse place à une valse.
— Vous partez déjà, Lily ? Quel dommage ! s'exclama Slughorn, tout à côté.
— Oh, Horace. Il est déjà tard pour Harry, et notre équipe de surveillance ne souhaite pas que nous nous éternisions. Mais soyez assurés que nous sommes ravis d'avoir pu venir avant votre départ en retraite.
— Ce fut un plaisir infini, ma chère. J'espère que vos échanges avec mes petits protégés furent fructueux !
— Nous avons effectivement repéré quelques jeunes très prometteurs, intervint James Potter en enlaçant son épouse. L'Ordre a besoin de nouvelles recrues pour contrebalancer les forces des Mangemorts.
Slughorn se racla la gorge, mal à l'aise sous le regard perçant de l'Auror.
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In that kind of love
(That's the kind of love)
(That's the kind of love)
(That's the kind of love)
That's the kind of love
I've been dreaming of, ah, oh-oh-oh
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Dolores tourna la tête vers Gilderoy.
— Quittons cet endroit.
— Tu es sûre ?
Elle hocha la tête et, sur la pointe des pieds, lui glissa à l'oreille.
— Nous ne sommes pas obligés de rentrer dans nos dortoirs respectifs pour autant.
Elle leva la tête et s'amusa de la lueur qui traversa le regard de Gilderoy. Elle s'empara de sa main et se dirigea vers le Poufsouffle de l'entrée à qui elle réclama, à voix haute et claire, leurs robes. Si Slughorn ne vint pas à leur rencontre, elle fut toutefois satisfaite de voir des têtes se tourner et d'ouïr quelques exclamations.
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Ils longèrent le couloir des cachots quelques minutes en silence. Seul le claquement des talons de Dolores se répercutait désormais dans l'air frais ambiant. Gilderoy resserra sa prise sur sa main et l'invita à s'arrêter à un croisement, vers l'étage supérieur.
— Que. Qu'est-ce que tu voudrais faire ? demanda-t-il d'une voix peu assurée.
Dolores se mordit la lèvre et laissa un léger rire résonner. Juchée une fois de plus sur la pointe des pieds, elle posa les lèvres au coin de la bouche de Gilderoy.
Satisfaite, elle le sentit arrêter de respirer et recula de quelques pas, jusqu'à toucher le mur derrière elle. Elle s'y adossa et lui lança son air ingénu.
Elle adorait offrir ce regard par en dessous aux garçons. La tête légèrement penchée de côté. Un demi-sourire. Une petite rougeur qu'il n'était pas compliqué de provoquer. Il suffisait de retenir un instant sa respiration. Et le garçon qui lui faisait face se pensait irrésistible. Une astuce qui fonctionnait à tous les coups.
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Gilderoy craqua, comme les autres. Il se précipita sur elle et dévora sa bouche. Elle glissa ses doigts dans ses boucles en soupirant, laissa sa langue demander l'accès à plus et céda sans discuter. Quand les mains de Gilderoy commencèrent à se faire plus hardies, elle le repoussa légèrement. Dolores se mordit la lèvre. Elle tenta son air le plus candide.
— Oh. Gilderoy. On ne devrait pas.
— Tu. Tu es sûre ?
— Non, ricana-t-elle. Bien sûr que non. Mais… Je ne peux m'offrir à toi sans promesse.
Elle agrippa un pan de sa veste et tira doucement dessus tout en rapprochant un de ses escarpins dorés des derbies noires de Gilderoy.
— Quel type de promesse ? lui demanda-t-il, sincèrement intrigué.
Elle laissa la pointe de sa chaussure glisser sur la cheville, puis sur le mollet de Gilderoy.
— Le type de promesse qui dirait qu'il n'y a pas que… ça… qui t'intéresse.
Elle fit un geste vague allant de sa poitrine à son bassin avec un sourire en coin. Timide. Peu assuré. Il se pencha dans son cou et fit glisser son nez le long de sa peau.
— Je te jure qu'il n'y a pas que… ça… qui m'intéresse.
Dolores ricana, d'un son léger. Cristallin. De ce rire qui laissait croire qu'elle était amusée.
— Est-ce que tu accepterais… commença-t-elle en redressant la tête vers le plafond, de sorte à dégager son cou.
— Oui ? interrogea-t-il d'une voix rauque.
— Non. C'est idiot. Je ne peux pas te demander ce genre de choses.
Gilderoy posa ses lèvres sur sa jugulaire qui palpitait et s'éloigna à nouveau, suffisamment pour ancrer ses yeux dans ceux de Dolores.
— Demande toujours.
— Est-ce que- ?
Elle s'interrompit, une fois de plus. Se mordit la lèvre, une fois de plus. Resserra sa prise sur les pans de la veste de Gilderoy, une fois de plus. Soupira, une fois de plus. Il haussa les sourcils et lui offrit un sourire engageant.
— Est-ce que tu m'accompagnerais ? À une réunion du Lord ?
Gilderoy entrouvrit les lèvres. Surpris, il la sonda longuement. La respiration de Dolores s'accéléra. Il mettait trop de temps à répondre. Elle allait devoir l'Oublietter. Elle força un sourire plus grand que le précédent juste pour ne pas trahir sa déception. Elle relâcha lentement sa prise sur la veste de Gilderoy et tenta discrètement de récupérer sa baguette, dans son holster de cuisse. Elle commençait lentement à relever un pan de sa jupe quand sa voix grave brisa le silence.
— Ce n'est que ça ?
Il eut un rire amusé et fourra son nez dans la gorge de Dolores.
— Bien sûr que je t'y accompagnerai. Quand tu veux. Vraiment, quand tu veux.
Il posa sa bouche sur sa gorge et commença à en aspirer la peau. Les mains de Dolores se perdirent aussitôt dans ses boucles et une de ses jambes s'enroula autour de la hanche de Gilderoy, rapprochant leurs bassins.
— Viens.
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That's the kind of love
I've been dreaming of
That's the kind of love
I've been dreaming of
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Allez, un p'tit mot ? Ne-serait-ce que pour me remercier de ne pas avoir écrit ce smut ? ^^
