.

"Un jour, mon Prince viendra,

Un jour, on s'aimera,

Dans son château, heureux, s'en allant

Goûter le bonheur qui nous attend !"

.

Je ne rêvais pas. Je ne cauchemardais pas non plus. Je n'étais pas là, mais je n'étais pas morte non plus. C'était un état si étrange. Aussi étrange que de flotter dans l'espace infini, au milieu des étoiles et des galaxies, tout en respirant.

Puis, j'ai senti de la chaleur et mon esprit revint petit à petit, lentement, dans mon corps. En ouvrant doucement les yeux, j'ai plongé dans un bleu translucide que je reconnus de suite.

Mick Davies.

Mon mari se tenait là, au-dessus de moi, avec ses yeux profond et ses cheveux ébène en bataille. En revanche, il portait une tenue bien particulière : une ample chemise blanche, avec un veston azur et une cape rubis.

En essayant de me relever, j'ai compris que j'étais moi-même dans un lit particulier puisque j'ai allongé à l'intérieur d'un cercueil de verre...

Je portais une robe jaune avec le haut aussi bleu que le blason de Mick.

- Mick...

Il m'aida à me lever et à sortir du cercueil de verre pour découvrir une forêt dense qui nous entourait. Mon mari m'expliqua :

- Alisone, Dr Hess nous a jeté un sort. Nous sommes bloqués dans les Contes de Fées...

Une fois debout devant Mick, nous entendîmes au loin une voix puissante hurler, suivit d'épais nuages noirs qui arrivaient vers nous.

- La Reine arrive...

Les ténèbres couraient vers nous, tout comme les hurlements dans le brouillard obscur. J'imaginais clairement que "The Evil Queen" n'était nulle autre que Dr Hess.

Mick glissa sa main dans la mienne et nous nous sommes mis à courir. J'ai dû relever le pan de ma robe pour ne pas que les ronces de la forêt m'agrippent avec maléfice.

La course continua encore et encore, en s'enfonçant encore plus dans les entrailles de la forêt funèbre. Mais le nuage sombre nous rattrapa sans surprise.

Et le sort nous envahit entièrement.

Puis, tout est devenu noir...

.

"Et patati et patata toute la journée, ça n'arrête pas,

Faut faire le feu et la cuisine,

La vaisselle, le ménage,

Le repassage, le lavage,

C'est vraiment de l'esclavage,

Elle doit tout le temps travailler,

Sans jamais jamais s'arrêter !"

.

J'ai mis du temps à ouvrir les yeux. J'avais mal partout et je compris pourquoi en découvrant que j'étais allongé sur un sol en bois, froid et poussiéreux.

Mon esprit encore groggy dû analyser ma nouvelle tenue. Adieu la belle robe bleu et jaune et mes souliers. Non, désormais, je portais une guenille, une robe sale avec des trous recousus vite fait avec un tissu différent, donnant une allure vieille et patchworké à la robe. J'étais pieds nus, mais je me suis levée pour me diriger vers la lourde porte en bois. Il me fallut des forces pour l'ouvrir. Je me suis retrouvée dans un long et imposant couloir au haut plafond et aux chandeliers qui éclairaient l'endroit avec mystère.

- Mick ?

Une fois au bout du corridor, je découvris avec merveille un hall immense et des escaliers épais qui descendais jusqu'à l'entrée du manoir énorme. C'était magnifique et gothique en même temps. L'orage grondait dehors, mais j'ai couru jusqu'au battant aux moulures en bois. Mais, la porte s'ouvrit à la volée, me faisant sursauter par réflexe.

De l'antre noir, apparut une silhouette fine et âgée, aux hauts cheveux grisâtres noués en un chignon, portant une longue robe rouge sang. Son visage sévère et ses yeux de glace me tuèrent du regard, en crachant presque :

- Alisone, pourquoi n'es-tu pas en train de récurer mon manoir ?

Oh...

Dr Hess en Lady Trémaine, la Marâtre de Cendrillon. Ce qui faisait de moi la pauvre esclave de cette affreuse femme...

D'ailleurs, elle se mit à hurler et à lever la main sur moi.

Oh...

J'ai pu esquiver le coup, en essayant de courir loin d'elle, mais la tempête dehors m'empêchait de fuir le château. J'ai donc dirigé mes pieds nus vers les escaliers infinis, malgré les cris incessants de Dr Hess derrière moi.

Soudain, elle se mit à jeter un nouveau sort et un nuage sombre apparut derechef. J'ai tenté de le distancer en courant dans les corridors labyrinthiques.

Mais, éventuellement, la brume maléfique me rattrapa.

Puis, tout est devenu noir...

.

"Mon amour je t'ai vu au beau milieu d'un rêve,

Mon amour un aussi doux rêve est un présage joli,

Refusons tous deux que nos lendemain soient mornes et gris,

Nous attendrons l'heure de notre bonheur,

Toi ma destinée, je saurais t'aimer,

J'en ai rêvé."

.

En ouvrant les yeux, j'eus le plaisir de voir mon cher Mick, au-dessus de moi. Il venait de m'embrasser pour me réveiller de mon sort. Il portait une tenue noire et grise avec une cape rouge. Ses cheveux ébène étaient toujours autant en bataille sur son crâne. Il m'aida à me relever et je pus découvrir mes effets à mon tour :

J'avais une magnifique robe rose, au long pan tombant jusqu'à mes souliers argentés, avec les bretelles blanches et pointus tombant sur mes frêles épaules blanches. Nous nous trouvions dans une grande chambre baroque, aux fenêtres en vitraux multicolores et aux bougies aux chandeliers noires. Mick sourit en admettant avec logique :

- "La Belle au Bois Dormant".

Effectivement...

Néanmoins :

- Mick ? Est-ce que tu viens d'arriver dans le Conte ?

- Oui. Pourquoi ?

Je le pris par la main pour courir vers la plus grande des fenêtres. À travers le vitrail, nous avons pu jeter un coup d'œil sur les jardins qui entourait le château. Les jardins n'avaient plus rien de beaux et de verdoyant, non. Désormais, tout était envahi par les ronces, les lianes et les roses aux épines étincelantes. Au loin, dans la nuit sans étoiles, une fumée ardente orangée arrivait vers nous.

- Maléfique... compris-je. En Dragon.

- Dr Hess...

Un rugissement déchira le silence du sort du sommeil. Au-dessus de la forêt de ronces, un Dragon aussi noir que les cheveux de Mick et aux yeux aussi saphir que les siens, apparut devant nous. Sans attendre plus longtemps, le monstre déploya ses longues ailes infernales, et Mick serra sa main dans la mienne et nous courûmes hors de la chambre pour arriver dans le couloir vide et sombre.

Du feu jaillit de la fenêtre aux vitraux et une chaleur insupportable dévora le corridor. Mick bifurqua sur la gauche pour descendre vers les donjons, au frais. Un fracas horrible retentit derrière nous, les murs se brisèrent sous le souffle du monstre et les flammes dévorèrent les pierres sèches.

Le cœur au bord de l'infarctus, nous distançâmes Dr Hess en Maléfique, jusqu'à tomber dans les entrailles du château, éclairées d'une façon angoissante par des bougies aux murs. Ce fut ainsi que nous découvrîmes des centaines et des centaines de vieilles quenouilles, les unes sur les autres, rouillées, détruites, à moitié calcinées.

Une idée improbable traversa mon esprit. J'ai relevé le pan rose de ma robe désormais sale, et j'ai tendu ma main gauche vers un des fuseaux. Sa pointe étincelante m'appelait, tout comme Mick qui hurla :

- ALISONE !

Mon doigt toucha le fuseau de la quenouille.

Puis, tout est devenu noir...

.

"Dans la pluie, dans le vent,

Dans la fièvre et le vacarme,

Se prépare une terrible chevauchée !

Aux frontières du mystère,

Au château de l'impossible,

Vit le Diable dans son horrible tanière."

.

Les gens hurlaient, chantaient, leurs voix emportées par le vent de l'hiver dans la nuit noire. Mes yeux s'ouvrirent sur un haut plafond aux moulures délicates et dorées. Tout comme robe, car je portais désormais une magnifique parure jaune, au pan épais et aux bretelles étincelantes qui tombaient sur mes épaules. Ma longue tresse châtain était nouée dans mon dos à l'aide d'un bandeau doré. Alors que je reprenais mes esprits, un chandelier chantant et une horloge parlante sautèrent à mes pieds :

- Alisone ! Alisone ! Nous devons sauver notre maître !

Mick...

Ce devait forcément être Mick...

J'ai couru jusqu'à la fenêtre la plus proche de moi, une ouverture géante qui donnait vue directement en bas du château, où une foule grouillante hurlait leurs slogans au rythme de la voix de leur Leader, une femme sur un cheval aussi noir que son cœur.

Dr Hess.

Les villageois, fourches, fusils et torches à la main, criaient encore leurs ignominies :

"Dr Hess s'en va nous montrer le chemin,

Dans la pluie, dans le vent,

Au château de l'impossible,

Vit le Diable et sa légende de cent ans !

C'est un monstre aussi haut qu'une montagne,

Sans répit traquons le dans la nuit,

Taïaut, Taïaut, à vos pieux, à vos flèches,

Prions Dieu car le temps presse !

Nous allons assiéger le château du vampire et ramener sa tête !"

Mick...

J'ai relevé le pan de ma belle robe pour courir vers les escaliers de la salle du bal et monter à la tour de la Bête. Plus mes pas grimpaient vers les hauteurs et plus les murs devinrent sombres et tortueux. Jusqu'à arriver dans la salle de la plus haute tour, à la fenêtre grande ouverte et sur une petite table ronde en bois sur laquelle flottait une rose. Une rose étincelante aux pétales tombants, sous une cloche de verre.

Le dernier pétale s'assombrissait, ce qui signifiait que Mick allait mourir, le sort le tuerait.

Non !

J'ai couru jusqu'à la cloche de verre que j'ai délicatement soulevé. Puis, mes doigts tremblants s'approchèrent de la rose magique.

J'entendais encore la foule hurler dehors et les gens venaient de casser la porte d'entrée pour envahir le château.

Enfin, mes doigts effleurèrent la rose magique, puis, tout est devenu noir...

.

"Tu rêvais d'elle,

Tu l'attends depuis toujours,

Si c'est un roman d'amour,

Faut provoquer l'étincelle,

Et les mots crois-moi,

Pour ça, il n'y en a pas,

Décide-toi, embrasse-la..."

.

J'étais mouillé, des montagnes d'eau s'élevaient devant moi, tels des miroirs reflétant mon nouveau personnage. Je voulais me lever, mais impossible.

Non, je ne possédais pas de jambes, mais une belle queue de poisson, de couleur émeraude.

Oh, non...

Mes longs châtains étaient lâches, trempés d'eau de mer et des écailles pourpres cachaient ma poitrine. Oui, me voilà une Sirène. J'étais au fond de l'océan, sur le sable humide, un tourbillon d'eau m'entourait. Loin, au-dessus de ma tête, se trouvait Ursula, avec les traits de Dr Hess, usant du Trident magique pour me garder prisonnière de la tornade marine.

Mick...

J'ai vu un navire échoué se décrocher du sable mouvant, Mick se trouvait dessus. Sous la pluie, en pleine nuit noire, il portait une ample chemise blanche trempée et un pantalon noir. Pieds nus, il se maintenait comme il le pouvait en équilibre sur le pont de bois troué et détruit. Ursula abandonna ma personne pour tourner sa tête vers mon mari.

Oh, non...

- MICK !

Ursula/Hess leva son Trident pour frapper Mick, dont le navire arrivait droit sur elle. J'ignorais si mon chéri allait pouvoir la tuer avant qu'elle ne le fasse.

Oh, non, non...

J'ai jeté des regards autour de moi pour chercher ce que je pourrais faire pour le sauver. Il n'y avait rien à part le fond marin vide.

La seule solution était donc de me réveiller...

OK, Alisone, réveille-toi !

WAKE UP !

WAKE UP !

WAKE UP !

...

.

"Prends-lui la main,

Dans la douceur du lagon,

Décide-toi mon garçon,

Et n'attends pas demain.

Elle ne dit pas un mot,

Et ne dira pas un mot,

Avant d'être embrassée."

.

Puis, je me suis réveillée.

Il était 5h55 et mon chéri se levait pour partir ouvrir le Pub, donc je me suis levée pour sortir Mack. Je n'avais pas spécialement prévu d'écrire ce songe, mais je me souviens très clairement de la scène où je me retrouve portant la guenille de Cendrillon et tombant sur Dr Hess en la Marâtre qui voulait me faire du mal. Donc...

... Voilà.

Pourquoi devrais-je être la seule à souffrir ?

.

Les Contes dans l'ordre d'apparition :

1/ Blanche Neige et les Sept Nains

2/ Cendrillon

3/ La Belle au Bois Dormant

4/ La Belle et la Bête

5/ La Petite Sirène

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15.10.2024

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