Et nous revoilà à notre rendez-vous annuel~

Normalement, j'aurais préféré me concentrer sur le Sicktember 2023 avant de recommencer, mais le Tumblr nous a récemment annoncé que l'équipe actuelle s'arrêtait cette année (les soumissions sont jusqu'à début octobre). Tout ce qu'on sait, pour le moment, c'est que le Tumblr ne sera pas supprimée, mais nous ignorons encore si quelqu'un va reprendre le flambeau ou non. On croise les doigts !

Si vous me suivez sur les RS, vous n'êtes pas surpris, j'avais annoncé que je m'y retentais, tout en vous donnant la possibilité de me proposer une idée. Bon, finalement, j'ai décidé de continuer sur Zelda (vu que c'est ma mono obsession actuelle) et comme je ne parvenais pas à me décider sur quel couple, je les ai tous mis ensemble, na.

J'ai repris leurs pseudos respectifs de ma fic "Le live va bientôt débuter".

Disclaimer : La légende de Zelda appartient à Nintendo.

Bonne lecture !


1. "Je n'ai pas la gueule de bois, je suis juste malade" (ou inversement)

La soirée avait plutôt bien commencé, dans l'ensemble.

Ils s'étaient retrouvés dans un petit bar qu'ils ne connaissaient pas et avaient eu la bonne surprise d'y découvrir une ambiance chaleureuse grâce à laquelle ils avaient pu se détendre rapidement et éviter ces moments gênants typiques des premiers rendez-vous.

— Tu es déjà venu ici ?

— Non non, je te l'avais dit, c'est la première fois. C'est une amie qui m'en a parlé, elle s'y produit de temps à autre.

— Ah. Musicienne ?

— Oui, et parfois elle donne de la voix. Elle a monté un petit groupe avec deux autres filles, elles s'amusent bien et ont leur petit succès.

— C'est cool. Elle joue de quoi ?

— De la harpe.

Un petit silence gêné prit place alors que tous les deux tentaient de trouver un moyen de relancer la conversation. Heureusement, leur commande arriva à ce moment-là, leur permettant de se plonger dans leurs boissons respectives avant de se râcler mutuellement la gorge puis de croiser le regard de l'autre et de partir en fou rire.

— Je vois que je ne suis pas le seul à me sentir gêné !

— Tu veux rire ? Je suis tellement stressé que je ne suis même pas sûr de pouvoir finir ma bière !

Leurs rires s'élevèrent à nouveau et ils décidèrent de trinquer. À rien de particulier, juste le plaisir de la compagnie de l'autre.

La conversation finit par reprendre, plus naturellement, alors qu'ils racontaient leurs vies tout en restant en surface.

— Et donc, ça fait longtemps que t'es sur l'appli ?

— Euh… T'as déjà eu une vraie réponse ?

— Franchement ? Non, généralement de l'hypocrisie ou un bon contournement de sujet. Comme ça, par exemple.

— Oups, je suis grillé !

Prenant un faux air innocent absolument pas crédible, il tourna la tête et reprit une gorgée de sa bière.

— Et plus sincèrement ?

— Plus sincèrement, y'a pas de bonne réponse. De toute façon, c'est écrit dans nos profils. Je m'y suis inscrit il y a des années, et je l'active et le désactive en fonction de ma vie amoureuse.

— Donc, célibataire ?

— Pas cette fois. Juste moins dans le placard.

La grimace suspicieuse froissa le visage de son interlocuteur mais lui-même n'en prit pas garde.

— C'est littéralement écrit sur mon profil, là aussi. Ou je dois croire que tu étais un peu trop concentré sur autre chose ?

Cette fois, il agita ses sourcils d'un air entendu, alors que son vis-à-vis piquait un léger fard et détournait le regard à son tour. Les photos disponibles avaient troublé plus d'un membre, tout en restant parfaitement dans le cadre de la charte de l'application de rencontre.

Satisfait de son effet, il se redressa, arborant cet affreux sourire en coin qui tapait sur les nerfs d'absolument tout le monde.

— Je suis actuellement dans un polycule avec un gars et une fille, mais aucun de nous trois sommes fermés à de nouvelles rencontres. Donc, non seulement ils savent où je suis, pourquoi, et avec qui, mais j'ai quasiment leurs bénédictions.

— C'est… particulier.

— Moins dans le placard, répéta-t-il en haussant les épaules.

Ils se turent l'espace de quelques secondes, pensifs.

— Mais, ça te gène ? Que je ne sois pas, techniquement, célibataire ?

Un peu surpris par la question, l'interpellé sursauta légèrement, avant de triturer la paille de son cocktail, nerveusement.

— Je crois que cette question-là, aussi, est difficile à répondre. Je crois que non ? Tu me plais.

La fin avait été marmonnée alors que son rougissement s'étalait jusqu'au bout de ses oreilles.

— Tu me plais aussi. Sinon, je n'aurais pas accepté le rendez-vous, emo-prince.

Entendre son pseudo sur l'appli le fit grimacer de nouveau, à son amusement.

— Ce n'est pas toi qui l'as choisi, je me trompe ?

— Ma pote musicienne, grommela-t-il. Je ne trouvais pas d'idée alors je l'ai laissé faire. Et j'ai toujours aucune idée de rechange alors je le garde.

— Du coup, je continue de me foutre de toi ou vais-je avoir la permission d'utiliser ton prénom ?

— Pourquoi tu le voudrais ?

Il arborait une expression grincheuse, mais il en fallait plus pour faire reculer son rencard qui se pencha par-dessus la table pour lui souffler quelques mots dans l'oreille avant de se reculer et de l'observer devenir plus rouge que jamais, jurant avec ses cheveux roux.

Tu n'as pas envie de m'entendre le crier ?

Vidant le fond de sa choppe, il attira l'attention du serveur pour passer une nouvelle commande avant de se recentrer sur « emo-prince » qui avait décidé de l'imiter et de finir son cocktail ridicule.

C'était quoi son nom, déjà ? « La cerise enchantée », non ?

— Tu… tu es toujours comme ça ? Ou c'est une tradition de premier rendez-vous ?

— Tout dépend de ce dont tu parles.

— Ton côté… rentre-dedans ?

Accueillant sa nouvelle choppe, il se contenta d'un sourire énigmatique, se tournant légèrement sur le côté afin de croiser les jambes plus confortablement, l'amusement scintillant dans ses yeux bleu bondi.

— Ça te met mal à l'aise ?

— Un peu, oui.

— Tu veux que j'arrête ?

Il allait répondre oui. Puis non. Et, enfin, il se rendait compte qu'il n'en avait pas la moindre idée alors que la sensation fantôme du souffle chaud contre son oreille se rejouait dans son esprit et qu'il s'agita sur sa chaise, tentant de s'asseoir plus confortablement.

— Je prends ce silence pour un « non ». Mais ce ne sera pas toujours le cas.

Il souligna sa dernière phrase d'un clin d'œil appuyé qui ne l'aida pas à se ressaisir.

— Et, eum, et toi ? IamALegend ?

— C'est un pseudo que j'utilise depuis des années. Je l'avais pris lors de mon inscription, la première fois, je n'ai pas vu l'intérêt d'en changer, maintenant. Et, disons que certains ex ne l'ont pas trouvé démérité.

Ayant subitement terriblement chaud, « emo-prince » tira un peu sur le col alors que son esprit semblait avoir deviné le sous-entendu sans trop d'effort.

Il était loin d'être prude et ce n'était pas comme si « IamALegend » se comportait différemment de lors échanges. C'est juste qu'en l'ayant, physiquement, devant soi… Il se félicitait pour avoir changé d'avis lorsque sa photo était apparue dans le carrousel de profils, l'ayant pris pour un de ces minets efféminés ou tout simplement une femme, les deux n'étant pas trop dans ses goûts.

— Mais, si c'était la question que tu voulais me poser, je m'appelle Link. Pas très original, mais il faut bien avoir un prénom, non ?

— Ralph. Mon prénom.

— Enchanté. Ralph.

Le ton caressant que Link avait adopté ne lui échappa pas et, une nouvelle fois, son sang retourna irriguer son visage.

— Tu sais, je crois que tu t'y prends mal, osa-t-il formuler.

— Oh, vraiment ? Ai-je fait une erreur ? Je suis allé trop loin ? s'inquiéta-t-il, tout masque abandonné.

Prenant son courage à deux mains, Ralph reposa son verre long drink et le poussa un peu sur le côté pour éviter de le renverser.

— Tu n'envoies pas mon sang dans la bonne direction, déclara-t-il enfin. Enfin, si j'ai bien interprété tes signaux.

Déstabilisé par la réponse – Link ne s'attendait pas à ça, craignant clairement avoir trop poussé ses taquineries – il lui fallut quelques instants pour se ressaisir, un sourire joyeux froissant son expression craintive.

— Oh, tu veux jouer à ça ?

Plantant un coude sur la table, il appuya son menton dans la paume de sa main, jouant avec sa choppe de l'autre.

— Sais-tu dans quoi tu t'embarques ?

— Je pense en avoir une petite idée, oui.

Il imita sa posture et leurs visages n'étaient séparés que de quelques ridicules centimètres, leurs souffles caressant la peau de l'autre, alors qu'ils se dévoraient mutuellement du regard.

Lequel des deux fit le premier geste ? Peut-être l'un. Peut-être l'autre. Peut-être les deux. Quelle importance ?

Ils n'avaient pas beaucoup de marge de manœuvres, avec leurs verres respectifs, mais ils s'y accommodèrent, saisissant un col, une poignée de cheveux, le coude de l'autre, une épaule…

Quand ils finirent par se séparer, il n'était pas très utile de jeter un œil autour d'eux pour savoir qu'il valait mieux pour eux de lever le camp. Pas qu'ils se trouvaient dans un bar homophobe, mais simplement qu'il y avait eu là plus qu'un simple baiser. Et ils n'avaient pas été les seuls à s'en être rendu compte, quelques sourires amusés ou des joues rouges parmi leur voisinage proche le confirmant, ajoutés à ceux qui n'osaient plus les regarder.

Finissant leurs verres, ils allèrent les rapporter au bar où Link paya leurs consommations avant d'attraper Ralph par le poignet et les guider vers l'extérieur d'un pas suffisamment marqué pour que les volants de sa jupe ne frappe ses cuisses en rythme.

L'air frais à l'extérieur les frappa, mais pas de manière inconfortable, leur permettant de se rendre compte à quel point ils avaient eu chaud à l'intérieur, mais déjà se retrouvaient-ils pour un nouveau baiser, sans prendre le temps de commenter quoi que ce soit.

Ce fut un, puis deux, trois…

— On devrait aller dans un endroit plus adéquat, non ? Pas que l'exhibitionnisme me dérange en soi, mais il y a plus confortable…

Ils avaient fini par s'appuyer contre un réverbère et les formes du métal froid n'avaient rien d'agréables contre sa colonne vertébrale.

— J'habite pas loin, proposa Ralph.

— Bonne idée, on va peut-être éviter les présentations tout de suite…

La référence à ses deux autres partenaires le surprit alors qu'il écarquillait les yeux en réaction, avant de se reprendre, haussant mentalement des épaules.

Vérité ou mensonge, il décidé de lui faire confiance à ce sujet.

Heureusement, son appartement était vraiment proche – l'une des raisons pour lesquelles Nayru avait choisi ce bar pour jouer, pouvant s'arrêter chez lui au besoin – et ils tâtonnèrent rapidement dans le couloir obscur pour ouvrir la porte et s'y précipiter, soupirant en chœur alors que les chaussures volaient déjà, les vestes jetées au sol, et qu'ils se rapprochaient de nouveau.

Ils s'écroulèrent dans le canapé, projetant les coussins n'importe où, trop occupés pour s'en soucier, leurs lèvres soudées à celles de l'autres, les mains rencontrant de moins en moins d'obstacles…


— Oh, regardez qui voilà ! Ce visage me dit quelque chose !

— Serait-ce notre cher héros, rentrant péniblement après une longue nuit occupée à se battre contre le mal ?

— Notre splendide prince sur son cheval blanc ?

Grognon, Link prit appui contre le mur, de son épaule, alors que Lavio et Marine le charriaient tour à tour sur son arrivée pas très matinale. Ce n'était pas comme s'ils n'étaient pas au courant de son rendez-vous la veille et ce n'était pas non plus comme s'il ne les avait pas prévenu qu'il passerait la nuit chez ledit rendez-vous (avec géolocalisation, on n'était jamais trop prudent).

— Non, nous faisons fausse route, belle dame. Je ne vois qu'un poivrot cuvant sa dernière cuite, regretta dramatiquement Lavio.

— Pauvre de nous ! renchérit Marine.

— Le poivrot vous déteste et retourne se coucher, marmonna celui-ci.

Il traça sa route en s'accrochant à tout ce qu'il pouvait : murs, meubles, encadrements de porte…

Son équilibre était mis à mal, à l'évidence, mais ce n'était pas ses deux bières qui devraient autant faire effet !

Mais il était bien trop épuisé pour réfléchir à ce sujet, ce sera pour le Link du réveil !


— Hé, t'es bien rentré ?

Maintenant qu'ils s'étaient vus en face à face (et un peu plus que ça), ils avaient échangé leurs numéros, d'où l'appel de Ralph.

Une quinte de toux et une respiration sifflante encombra la ligne quelques minutes, avant que le tout ne se calme enfin.

— Donne-moi ça, Link, tu es ridicule, entendit-il en fond.

Une autre voix se fit entendre à travers le portable alors que des plaintes provinrent d'un peu plus loin.

— Salut, tu dois être Ralph ? Je suis Lavio, Link nous a prévenu qu'il t'avait parlé de nous, donc je n'ai pas besoin de te dire qui je suis, non ?

La phrase avait été articulée dans un seul souffle, additionnée à la voix inconnue à laquelle il ne s'attendait pas, Ralph ne put marmonner qu'une suite inintelligible de syllabes, ce qui ne parut pas surprendre ou vexer son nouvel interlocuteur, celui-ci reprenant rapidement la parole.

— De ce qu'il nous a raconté, vous avez passé un bon moment ensemble ! Par contre, il n'est pas en état de te répondre, pas en appel en tout cas. Quoi que, vu son état de confusion, il vaudrait mieux qu'on le lui confisque entièrement… Qu'en penses-tu, Belle Marianne ?

Une autre voix en fond lui répondit sans que Ralph ne parvienne à saisir ses propos.

— Link a un souci ?

— Mmh ? Oui, il est malade. On a pensé d'abord que c'était sa consommation d'alcool, mais même ses retours de festival ne sont pas aussi… Tu as déjà vu l'Exorciste ? Bah, il nous fait pratiquement un remake. Sans la scène avec le crucifix, bien sûr.

Un rire explosa quelque part derrière lui, suivi par de bruyants cris, sûrement Link tentant de récupérer sa dignité ruinée.

— Ah ? émit-il faiblement.

— Mais ne t'inquiète pas, il devrait être rapidement sur pieds, c'est un battant ! C'est pour ça qu'on se bat pour qu'il se repose un peu, d'ailleurs. Enfin, bref, merci d'avoir appelé, faut que je retourne calmer le dragon, au plaisir de se rencontrer un jour !

Et avant que Ralph n'ait pu ajouter quoi que ce soit, il raccrocha, l'abandonnant avec une infinité de questions.

— Il veut qu'on se rencontre ? pépia-t-il d'une voix particulièrement aigue.


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