Le dragonnier était bien jeune. Il n'avait guère plus de quinze ans. Il était idéaliste, engagé contre l'empire sans que ses raisons ne soient très claires. Très soucieux des siens, il était très préoccupé par l'elfe évadée.

Le dragon était fort et fier. Très attachée à son humain, elle faisait preuve d'une surprenante douceur vis-à-vis de ceux qu'elle semblait considérer comme des poussins à prendre sous son aile, soit Tanya et Murtagh.

Ce dernier était aussi solitaire qu'auparavant, même quand il était en groupe. Il n'avait, de toute évidence, rien révélé de son passé. Il regardait l'elfe avec une certaine méfiance. Sa petite aventure avait laissé quelques traces.

L'elfe, elle, était mystérieuse. Sauvée des geôles de Gil'ead, elle s'était plongée dans un coma artificiel le temps d'obtenir un antidote. Sa position n'était pas très claire. Au yeux d'Eragon, elle était une sorte de princesse en détresse. Il était fasciné par elle.

Le groupe était en route vers le repaire des rebelles.

Tanya se retrouvait au milieu de ce groupe.

Eragon la fit monter à cheval avec lui. Saphira portait l'elfe sur un brancard. Ils partirent tous vers l'est.

À la nuit tombée, ils bivouaquèrent. Saphira partit chasser une proie et Eragon réussit à attraper des lapins. Il cuisinait plutôt bien.

Le ventre plein, il commença un entraînement avec Murtagh.

Après avoir sorti une épée flamboyante, il bloqua le tranchant d'un sort et se tourna vers Tanya.

– Regarde, Louise. L'épée est inoffensive maintenant.

Tanya ouvrit grands les yeux et s'approcha. Elle passa son doigt avec douceur sur le métal.

C'était vraiment incroyable. Elle semblait être à peine sortie de la forge. Elle observa le rubis qui ornait la poignée. Une réserve d'énergie sur une arme au tranchant inaltérable. C'était une arme exceptionnelle.

– C'est une épée qui vient d'un ancien dragonnier, expliqua Eragon. Elle est de la même couleur que son dragon.

– Je n'en ai jamais vu une similaire.

– Elle a été forgée par les elfes.

– Bon, on y va ? s'impatienta Murtagh.

– J'arrive.

Pour se conformer à son rôle, Tanya fit la vaisselle en regrettant qu'Eragon ne connaisse aucun sort pour s'en occuper.

De manière générale, ses connaissance en magie étaient sérieusement limitées et donc son aptitude.

Il connaissait des mots et c'était à peu près tout. Parfois, il révisait son vocabulaire. Il fallait reconnaître qu'il était consciencieux en ce qui concernait l'apprentissage.

En ce qui concernait la prudence élémentaire, en revanche, c'était une autre histoire.

Il lui raconta sa vie sans se faire prier quand elle manifesta sa curiosité.

Évidemment, elle dut aussi répondre à des question. Elle inventa une histoire sans vraiment de difficulté.

Dans sa position, elle avait apprit quelles étaient les principales familles nobles de l'empire.

Parmi celles-ci, la famille Varmont vivait à l'écart et avait plusieurs enfants.

Les chances que les rebelles connaissent cette famille étaient faibles et même dans ce cas, ils ne connaîtraient pas toute la famille.

Eragon ayant peu de connaissance, elle n'eût pas besoin de détailler. Murtagh gardait un mutisme à toute épreuve, lui évitant d'avoir à trop détaillé son mensonge. Il avait d'autres sujets de préoccupation. Il demandait régulièrement s'il y avait possibilité de trouver un autre chemin pour éviter de venir dans la base des rebelles.

Ils se déplacèrent à grande vitesse. Pendant, la journée, ils ne prenaient que le repos nécessaire aux chevaux pour ne pas s'épuiser.

Inquiets pour l'elfe, ils pressèrent encore le mouvement quand une importante troupe de kulls s'aperçut de leur présence et les prit en chasse.

La panique gagna le groupe qui s'engagea dans une fuite en avant.

Le dragonnier espérait atteindre le refuge promis chez les rebelles et Murtagh voulait déguerpir loin d'eux mais ne voulait pas l'abandonner non plus.

Ils s'engagèrent dans un vallée en espérant qu'il y aurait un chemin qui permettrait à Murtagh de partir de son coté.

L'heure n'était plus à la rigolade.

Les chevaux commençaient à s'épuiser.

Tanya doutait qu'il y eut une autre issue que celle par laquelle ils venaient. À la rigueur, il pouvait y avoir un chemin en pleine montagne mais les pentes étaient escarpées.

Murtagh posait un regard de plus en plus suspicieux sur Eragon.

Quand il fut évident qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible, sa colère éclata.

Eragon ne put rien répondre. Il n'y avait rien à faire. Il fallait continuer à avancer.

Murtagh dut se résoudre à se rapprocher des rebelles.

Eragon fit naître un brouillard épais pour ralentir leurs poursuivants mais cela ne pouvait gêner leur capacité de traque.

L'affrontement était inévitable.

Arrivés sur un petit lac dans lequel se déversait une cascade, ils furent rattrapés.

Les urgals s'encourageaient avec de féroces cris de guerre. La présence d'un dragon leur donnait encore plus envie de gagner l'honneur de vaincre contre une créature aussi puissante.

Eragon brisa les os des jambes des premiers.

Mais cet acte lui avait coûté beaucoup d'énergie et n'avait arrêté qu'une partie des urgals en enrageant les autres.

Se saisissant d'une pierre, il en frappa la paroi rocheuse en criant en ancien langage.

Tanya regarda de tous cotés. Si les rebelles n'étaient finalement pas là, alors ils devraient compter sur leurs propres moyens.

Les forces des autres étaient insuffisantes. Elle risquait de devoir se dévoiler.

Toute une rangée d'urgals s'avancèrent sur l'autre rive du lac. Ils sortirent leurs arcs et les visèrent posément.

– Seigneur, ne permet pas que nos ennemis nous regardent de haut ! Viens au secours de ceux qui t'implorent avec confiance en ta miséricorde ! Permet nous de triompher de la peur pour ta plus grande gloire !

Elle sentit le regard surpris d'Eragon qui s'apprêtait à décocher une flèche.

Dans un souffle, elle murmura quelques mots en anciens langage.

Dans un grondement, de grosses pierres dévalèrent de la parois d'en face.

L'érosion avait creusé les flancs de la montagne de chaque coté et le niveau de l'eau semblait plus bas qu'il ne l'avait été par le passé. Aussi, la pente que dévalait la roche prenait fin brutalement à une hauteur telle que seules les cornes des urgals dépassaient. En revanche, si un homme avait été placé sur la pente, il aurait pu voir les bustes des kulls comme des taupes sortant du sol, d'affreuses taupes cornues.

Quelques urgals n'eurent pas le temps de se baisser mais la plus grosse partie des pierres finit à l'eau en éclaboussant tout aux alentours.

Au moins, les urgals étaient assez surpris pour différer leur attaque.

Mais Tanya fut déséquilibrée et tomba à l'eau.

Une pluie de flèche s'abattit sur eux.

Tanya tourna la tête pour voir une ouverture béante dans la montagne d'où surgissait une troupe.

– Venez vite !

Un homme l'attrapa et la conduisit à l'intérieur en la portant comme un sac.

En voyant tous le hommes et nains en arme, elle comprit qu'elle avait atteint son objectif.

Un nain rouspétait en accusant un escogriffe chauve d'avoir faillit provoquer la mort du dragon et du dragonnier.

Tanya éternua bruyamment. Rougissante de honte, elle vit tous les regards se tourner vers elle.

– Désolée, s'excusa-t-elle piteusement.

Le nain ôta sa cape et en enveloppa Tanya avant de la frotter vigoureusement avec un tel entrain qu'il lui fit mal.

– Merci, Monsieur.

– C'est rien, fillette, répondit-il en lui tapotant la tête.

Il était à peine plus grand qu'elle. C'était une scène surréaliste.

– Qui est le dragonnier ? demanda sèchement le chauve.

– C'est moi, répondit Eragon en observant ceux qui l'entouraient.

– Si vous voulez entrer chez les Vardens, vous devez vous soumettre à un test de loyauté.

– Quel genre de test ? demanda Eragon tendu.

– Je vais entrer dans l'esprit de tout le monde et vérifier vos souvenirs.

Eragon jeta un coup d'œil vers Murtagh qui se recouvrait avec sa propre cape sous prétexte de se réchauffer.

– Avant tout, j'aimerais…

– Si vous refusez ce test, vous serez considérés comme complices de l'empire !

– Il y a …

– Fais bien attention à tes paroles, l'interrompit encore le chauve.

Tanya vit que le nain était sur le point de faire taire le chauve pour laisser Eragon finir sa phrase.

Sachant déjà ce qu'il voulait, elle alla vers l'elfe sur son brancard et révéla son visage.

Des exclamations de surprise s'élevèrent de toute part.

– C'est Arya l'ambassadrice des elfes !

Les yeux du chauve se plissèrent.

– Qu'est ce que ça signifie ? Comment vous êtes-vous retrouvés avec elle ? Est-ce de votre faute si elle est dans ce brancard ?

– Allons, ce n'est pas le moment, s'énerva le nain. Si un elfe est figée comme cela, c'est qu'il y a un problème !

– C'est ça ! Elle a été empoisonnée, dit Eragon. Il lui faut un antidote.

Il expliqua ce qui pouvait sauver l'elfe.

– C'est bon ! On va s'en occuper, dit le nain. Qu'est-ce que vous attendez vous deux ? s'énerva-t-il contre deux humains. Conduisez-la au quartier médical ! Et en vitesse !

Le chauve se racla la gorge.

– Arriver avec Dame Arya ne peux être considérée comme preuve que vous êtes ennemis de l'empire. Puisqu'elle ne peux se porter garante pour vous, je vais fouiller vos esprits. Abaissez vos défenses si vous en avez !

Murtagh semblait hostile à cette idée et même Eragon ne manifestait qu'une indécision marquée.

Tanya se tenait sur ses gardes. En toute logique, l'examen ne devrait être que superficiel avec elle à cause de son âge mais puisqu'elle accompagnait le dragonnier, elle était une source de renseignements qui risquait d'être exploitée. Évidemment, elle ne l'accompagnait que depuis peu mais ça, personne ne le savait parmi les rebelles.

– Pouvons-nous d'abord avoir un peu de temps pour mettre des vêtements secs ? demanda-t-elle pour gagner du temps.

Le chauve la toisa mais n'eut pas le temps de répondre.

– La petite a raison, s'exclama le nain. Ils arrivent harassés par leur voyage. Ils viennent de fuir des urgals et ils sont complètement trempés. Au lieu de les accueillir, tu les regardes de haut en voulant fouiller leur esprit. Le moins que nous puissions faire c'est leur permettre d'avoir un peu de repos. Après, ils pourront se présenter sereinement. Je suis très déçu de ton attitude. Je sais qu'Ajihad te fait confiance mais il n'accepterait pas que prenne ton temps pour secourir le dragonnier et que tu l'accueille comme un chien enragé.

– J'assure la sécurité. Sans moi, les Vardens risqueraient d'être infiltrés par des espions de l'empire.

– Oui eh bien ça attendra pour cette fois !

Courroucé, le chauve pointa le nain de son doigt.

– Fais attention à toi ! Je sais que toi et ton peuple ne font pas techniquement partie des Vardens mais n'interfère pas dans nos affaires.

– Comme tu le dis, les knurlan obéissent seulement au roi Hrothgar ! Notre Grimstborith a accordé sa protection aux Vardens et j'accomplirai sa volonté. Donne leur seulement le temps de se mettre plus à l'aise. Ajihad sera en colère si tu mets le dragonnier en colère à cause de ton comportement.

– Soit ! Mais tu en prendras la responsabilité s'il arrive quelque chose.

– Mais oui, mais oui. Allez venez-vous autres ! On va s'occuper de vos chevaux également !

Ils les conduisit dans une pièce creusée dans la roche.

– Avez-vous des vêtements encore secs dans vos affaires ?

Eragon et Murtagh avaient ce qu'il fallait mais Tanya n'avait rien d'autres.

– C'est ennuyeux ! On a pas de robe ici. Vous êtes passés par l'une des entrée du royaume nain, expliqua-t-il. On a quelques affaires mais elles sont adaptés aux nains évidemment.

– Je vous remercie de votre sollicitude.

– Bah, t'inquiète pas fillette. Mon nom est Orik. Je vais bien te dénicher quelque chose.

Elle finit par avoir un pantalon et une veste de nain. Elle s'isola le temps de se sécher et de se changer.

Eragon pouffa en la voyant. Murtagh semblait en colère.

– Il n'est pas question que l'on fouille dans ma tête, annonça-t-il clairement quand ils eurent rejoints les rebelles.

Le chauve fronça les sourcils.

– Si tu ne baisse pas tes défenses, j'entrerai de force. Si tu préfère avoir mal, c'est ton affaire.

Eragon attrapa Murtagh et lui parla à voix basse avant de se tourner de nouveau vers le chauve.

– Testez-moi ! dit-il après s'être concerté avec sa dragonne. Si c'est le prix à payer pour obtenir votre confiance, j'y suis prêt.

Avec un sourire goguenard, le chauve commença.

Les grimaces d'Eragon montraient le manque de délicatesse du magicien rebelle, soit que celui-ci était médiocre, soit qu'il se fichait de l'état de celui qu'il interrogeait.

Tanya était stupéfaite de la façon dont les rebelles accueillaient parmi eux leur potentiel allié et sauveur.

Le chauve eut un air mécontent mais ne s'opposa pas à la venue d'Eragon.

– Alors, tu t'es décidé ?

– Je préférerais me retrouver au milieu des urgals que vous laisser fouiner dans ma tête !

Avec un sourire mauvais, le chauve secoua la tête.

Il ne fit aucun commentaire mais se tourna vers Tanya.

– A toi donc !

– Qu'est-ce que vous allez me faire ? demanda-t-elle feignant la panique.

– Tu vas bien voir !

Saphira grogna.

– C'est vraiment nécessaire ? demanda Eragon. Elle n'est avec nous que depuis peu de temps. Vous l'avez bien vu. Vous pensez quand même pas qu'elle travaille pour Galbatorix à son âge ?

– Même si elle est innocente, elle a pu assister à des réunions ou entendre des bribes de conversation.

Eragon fit une moue dubitative.

– Celui-là refuse déjà ! Si la majorité d'entre vous refuse l'examen, alors j'informerai notre chef. Nous ne serons probablement pas en mesure de vous accueillir.

Eragon pâlit. Il était partagé entre le désir d'un abri, son inquiétude pour Arya et la volonté de préserver l'intimité de son ami et de sa protégée.

– Alors, petite, que décide-tu ? demanda encore le chauve. Laisse-moi voir tes souvenirs ou je vous jette dehors !

Tanya était certaine qu'il n'était pas prêt à prendre la responsabilité d'avoir expulsé le dragonnier.

Mais un enfant était censé être impressionnable et ça la ferait bien voir d'Eragon. Même s'il ne l'avouerait jamais, elle était certaine que céder le soulagerait beaucoup.

– C'est d'accord !

– Attends tu n'es pas obligée Louise...

Elle se tourna vers lui. Il était prêt à la protéger même au risque de se passer de l'abri.

– Je le ferai. Je ne veux pas vous mettre dans l'embarras. Permettez-moi juste un moment pour me préparer.

Elle joignit les mains et commença :

– Seigneur, me voici comme l'agneau innocent entre les griffes du lion, sans défense ni protection ! Accorde un regard à ta servante qui s'abandonne avec confiance et rassure moi dans mon épreuve.

Voyant l'hésitation d'Eragon, le chauve prit les devants.

– Puisqu'elle est d'accord, il n'y a pas à tergiverser davantage !

Aussitôt, il lança son attaque.

Tanya lui présenta les souvenirs qui confirmeraient l'histoire racontée par Eragon et pendant que le chauve les observait sans vergogne, elle lança sa propre attaque.

La faiblesse des magicien n'était pas leur incapacité à se défendre physiquement mais leur arrogance. Ce rebelle croyait la dominer entièrement aussi il ne pensa pas avoir à se méfier.

Pendant qu'il était focalisé, sur les souvenirs sans importances que Tanya lui fournissait en abondance, elle-même entra dans son esprit furtivement. Elle le vit avec son sosie en grande discussion. Elle le vit assister à des conseils avec le haut commandement rebelle. Elle le vit abuser de son pouvoir pour terroriser les plus faibles. Enfin, elle le vit avec son sosie à genou devant Durza. Elle comprit qu'il était sous les ordres de Durza infiltré chez les rebelles. Elle hésita à se faire reconnaître mais s'abstint. Elle l'épuisa sans qu'il comprenne pourquoi.

Enfin, après s'être enlisé dans des souvenirs, il grimaça en se retirant en lui-même.

– Bien… c'est bien, bafouilla-t-il. Vous pouvez venir mais pas lui !

Murtagh le considérait avec un souverain mépris.

– On ne le laissera pas derrière nous, déclara fermement Eragon en se penchant vers Tanya.

– Tu vas bien, Louise ?

– Oui, merci. J'ai juste une petite migraine.

Il lui tendit une gourde.

– Eh bien, restez tous là. Je vais en référer. Le chauve s'éloigna en se frottant la tête.

Orik siffla de surprise.

– Je ne l'avais jamais vu comme ça.

Il finit par rire.

– Quand je raconterai ça aux autres…

Il fit partir les autres soldats.

– Je parlerai de vous à mon roi mais dans l'immédiat, nous ne pouvons vous recevoir comme il se doit. Au moins, on va vous installer confortablement en attendant que vous découvriez l'hospitalité naine. On va vous apporter des couvertures chaudes et de la nourriture.

Il se tourna vers le dragon, hésita et finit par se lancer :

– Le dragon prendra de la viande, je présume ?

Saphira grogna mais il ne cilla pas.

– Elle s'appelle Saphira, dit Eragon. Et oui, de la viande lui conviendra parfaitement.

Orik s'inclina légèrement.

– Pardonnez mon impolitesse !

Saphira leva sa tête au-dessus de lui et le regarda. Il resta impassible.

Elle finit par souffler sur lui.

– Elle dit qu'elle vous aime bien, rapporta Eragon avec le sourire.

– C'est bien la première fois que j'entends dire qu'un nain est appréciée par une dragonne. Laissons tomber le vous ! Je ne suis pas un elfe aux belles manières.

– Oui, ça me ferait plaisir, s'exclama Eragon en lui tendant la main.

– A la bonne heure ! Vous deux également !

Murtagh fit l'effort de le saluer et Tanya s'approcha.

– Tu es réchauffée, petite ?

– Oui, merci.

– Très bien. Garde bien la cape ! Je vais veiller à ce que vous soyez reçu confortablement malgré les circonstances.

Il revint peu après une bonne quantité de couvertures. Des serviteurs apportèrent une soupe chaude pour Tanya et un régime plus simple à base de viande et de champignons pour les deux adolescents. Saphira eut de la viande à profusion.

Avant de partir, il confia à Tanya une sorte de peluche.

Un peu vexée d'abord de l'attention, elle la prit tout de même et s'aperçut qu'elle était chaude.

– Un sortilège la gardera chaude, expliqua Orik, mais la chaleur finira par s'estomper après quelques heures.

– C'est vraiment très gentil. Merci beaucoup !

– C'est le moins que je puisse faire.

Tanya plaça la bouillotte sur son ventre et se sentit mieux.

Eragon semblait brûler de curiosité au sujet de cet objet magique mais il s'abstint de l'examiner.

Il jetait des regards en coin à Murtagh mais ne disait rien. Ce dernier était tendu.

Tanya était tentée de demander à Saphira si elle pouvait réchauffait ses couvertures juste en les plaçant sous son ventre le temps du repas mais préféra s'abstenir de gagner l'image d'une petite fille trop habituée au confort.

– Dis-moi, Louise, qu'est-ce que tu disais tout à l'heure ? demanda au bout d'un moment Eragon.

– Quand cela ? demanda-t-elle innocemment en arrangeant ses couvertures.

– Tu sais quand les urgals ont attaqué et avant que le magicien varden fouille dans ton esprit…

– Ah, fit-elle simplement. Eh bien, je priais parce que nous étions en danger la première fois et pour l'autre c'est que je me méfiais un peu de ce chauve.

– Je n'avais jamais entendu ce genre de prière.

– Je regrette d'avoir du en arriver là, grogna Tanya.

Croyant que Tanya parlait du danger qu'ils avaient couru, Eragon s'excusa mais Tanya lui dit qu'il n'était pas responsable.

– Pour ces prières, c'est juste pour me donner de la force dans les moments difficiles, lâcha-t-elle.

– Je comprends. C'est vrai que ça rassure de prier.

Comme Tanya avait fini de s'installer, il la laissa se reposer.

Eragon se plaça lui-même contre Saphira et s'endormit paisiblement.