Au pied des montagnes des Beors, un campement abandonné était inspecté avec attention.
Jormundur, l'un des plus renommés parmi les officiers rebelles, était occupé à prendre possession des lieux.
Sa troupe évaluait la taille du camp et le nombre d'urgals qui l'avait occupé.
Il semblait que des fuyards avaient eu le temps de récupérer armes et vivres et de se disperser mais il paraissait difficile de les suivre dans la mesure où les urgals eux-même ne semblaient pas savoir où ils se rendaient. Les survivants s'étaient battus entre eux sur le champs de bataille mais également dans leur fuite.
Jormundur et ceux qui savaient écrire prenaient note des signes distinctifs pour identifier les tribus des urgals.
Son lieutenant arracha l'armure d'un urgal pour voir s'il avait des tatouages. Il grimaça à cause de l'odeur de putréfaction tout simplement épouvantable, même au nez d'un homme ayant déjà vu des charniers de près.
– Maudits jumeaux, marmonna-t-il. Quelle idée de nous envoyer ici !
Il y avait également des nains qui s'occupaient de leurs propres affaires. Sans se soucier de l'odeur, ils allaient vers chaque urgal et examinaient leurs cornes avant éventuellement de les scier proprement.
Les cadavres traités étaient entassés dans un coin et laissés à l'appétit des charognards.
Une telle masse de viande attirerait les prédateurs loin des troupeaux des nains et leur fournirait une protection provisoire de crocs et de griffes le temps qu'ils rétablissent leurs défenses et les renforcent.
Jormundur se demandait par où les urgals étaient passés. Il était assez inquiétant de savoir qu'une armée entière avait pu se faufiler jusqu'à leur refuge. La seule certitude était qu'ils n'étaient pas passés par le passage sous la cascade, ni par celui menant vers le Surda.
Naturellement, Jormundur se doutait bien qu'il existait de nombreux tunnels et il comprenait que les nains gardent le secret mais quand uniquement dans la mesure où ça ne mettait pas les Vardens en danger. Mais, les nains s'obstinaient à garder le silence. C'était le secret de leur race et ils n'estimaient pas les humains suffisamment dignes de confiance pour le leur divulguer.
En revanche, ils ne voyaien tpas de problème à l'idée que les humains participent à la traque des derniers urgals ou nettoient les restes.
Il soupira avec lassitude quand il vit un nain accourir depuis le passage de la cascade.
Il ne s'en préoccupa pas. Il avait à faire et les nains préféraient s'occuper de leurs problèmes sans y mêler les humains.
Mais ce fut différent cette fois. Le messager sonna de la trompe pour attirer l'attention de tous.
Les nains accoururent avec diligence et vinrent à sa rencontre.
Les humains se regardèrent avant de se décider à les rejoindre. Ils murmuraient entre eux en spéculant sur l'explication de cette agitation. Les nains leur firent signe de garder le silence et Jormundur se chargea de maintenir ses hommes attentifs.
– Les Vardens, menés papr Ajihad, pour traquer les urgals ont été attaqués sur le retour.
– Comment ? s'écria Jormundur en bondissant. Qu'est-il arrivé ?
Le messager fit une grimace agacée.
– Il serait bon de ne pas m'interrompre pour que je puisse délivrer mon message ! lança-t-il.
Devant son regard, Jormundur retint un juron.
– Soit ! Soit ! Je resterai coi, promit-il en en rasseyant.
Le nain lui lança un regard avant de reprendre.
– Il y a eu un éboulement. Nous avons commencé à déblayer mais pour l'instant seuls les corps de plusieurs vardens et urgals ont été retrouvés. Birdal craint que les urgals n'aient été supérieurs en nombre et qu'ils aient vaincus. Il demande que vous partiez vers l'ouest pour les intercepter s'ils ont pu sortir des tunnels. C'est tout ce qui m'a été transmis. Partez maintenant !
– Comment c'est tout ? s'étonna Jormundur. Qu'en est-il d'Ajihad ? Fait-il partie de ceux qui ont été retrouvés ? Où mènent les tunnels empruntés par les urgals ?
– J'ai dis que c'était tout ce qui m'avait été transmis ? répondit le nain. Partez à leur poursuite maintenant !
– Et pourquoi devons-nous attendre ailleurs ? Les urgals sont partis d'ici pour partir à l'attaque. En toute logique, ils reviendront par le même chemin.
– L'éboulement a pu bloquer certaines voies. Si ordre a été donné d'aller vers l'ouest, c'est que les tunnels menant jusqu'ici sont bloqués ou déjà sécurisés.
Les autres nains avaient déjà ramassés leur équipement et se mirent en route sans attendre que les humains ne se décident.
– Soit ! On y va ! Je veux être avisé au plus tôt de ce qui est arrivé.
Ils étaient peu nombreux et mal équipés pour affronter un ennemi aux effectifs inconnus mais ils avançaient quand même brûlant du désir de se venger. Jormundur doutait cependant qu'ils voulaient tous venger la même chose. Il lui semblait que les nains étaient plus en colère du viol de l'intégrité de leur royaume tandis que les Vardens se vengeaient de l'attaque contre leur chef.
Toute une troupe partit sans savoir vraiment où elle allait et sans avoir de provisions suffisantes pour que leur équipée dure plus d'une journée.
Mais cette troupe était loin des soldats de l'empire qui emmenaient leurs prisonniers.
Des chevaux frais les attendaient à la sortie d'un tunnel.
– Remarquable, comment simplement Tanya. Vous avez fait du beau travail.
– Qu'est-ce que ça veut dire ? Comment saviez-vous que ce tunnel déboucherait là ? rouspétèrent les jumeaux.
Tanya haussa les épaules.
– J'ai fouillé quelques têtes. C'est évident, non ? Plus important, avons-nous assez de chevaux ?
– Nous en avons reçu de Furnost en même temps que le prisonnier.
– Parfait ! Attachez bien les prisonniers et en avant !
Ajihad et Murtagh furent déposés sur la croupe de deux chevaux. Ils avaient été soigneusement ligotés et leurs bottes enlevées.
Ils s'éloignèrent des montagnes.
Pendant la chevauchée, les prisonniers se réveillèrent. Ajihad s'agita le premier.
Tanya ne le replongea pas dans le sommeil mais fit avancer tout le monde au pas pour éviter de les mettre en danger en cas de chute.
– Vous êtes en état d'arrestation pour rébellion, participation à une conjuration, trouble à l'ordre public et menace pour la paix dans l'empire. Laissez-vous faire. Toute tentative d'évasion aurait des conséquences désagréables.
Il vit qu'il était entouré de soldats impériaux. Il écarquilla les yeux en reconnaissant les jumeaux.
Murtagh se redressa brusquement sous le choc. Il perdit l'équilibre et tomba du cheval.
– Ça passera pour cette fois, mais je n'accepterai pas de récidive, prévint Tanya.
Elle lui tournait le dos. Il ne la reconnut pas à cause de ses cheveux auxquels elle avait rendu leur couleur mais il était troublé par sa voix.
– Louise ? demanda-t-il.
Elle se retourna brièvement.
– Plus maintenant !
Elle remarqua qu'Ajihad était devenu blême et se tourna vers les jumeaux.
– J'ai l'intention de les ramener vivants et intacts, dans la mesure du possible. Il serait fâcheux que je me rende compte que vous vous soyez amusé à provoquer des dégâts dans l'esprit d'une précieuse source de renseignements.
Les jumeaux firent une moue dédaigneuse.
– Quels renseignements pourraient-ils fournir ? Nous sommes au cœur de toutes les décisions prises chez les rebelles depuis que Durza nous a envoyés. Même maintenant, il doit rester des espions. Il n'a rien à dire que nous connaissions déjà.
– Je suis sûre que le roi préférera s'en assurer par lui-même. De plus, sa valeur va au-delà de ce qu'il peut savoir. Assez parlés, on accélère la cadence.
Le soir, ils montèrent un bivouac.
Pendant que Tanya recevait un rapport détaillé sur les activités de la troupe entre son départ et leurs retrouvailles et organisait les tours de garde, les jumeaux narguaient les prisonniers.
– Ces enfantillages n'ont que trop duré, intervint Tanya.
Les prisonniers furent déposés au sol et leurs mains déliées. Ils refusèrent la nourriture qui leur fut présentée.
– Je n'hésiterais pas à vous faire manger de force, les menaça Tanya. Si vous refuser de vous nourrir, il faudra employer les grands moyens.
– Qui êtes-vous ? demanda Murtagh en la regardant dans les yeux. Qui êtes-vous vraiment ?
– Pas un mot, le rabroua Ajihad. Si on commence à parler, la limite est franchie.
Murtagh se contenta de regarder Tanya dans les yeux.
– Vous parlerez, affirma-t-elle simplement, mais plus tard. Mangez maintenant !
Ajihad détourna dédaigneusement les yeux. Hésitant, Murtagh suivit son exemple.
Tanya les toisa et finit par lever les yeux au ciel.
– Soit !
Un peu surpris, Murtagh la regarda.
Elle revint avec une gamelle pleine de ragoût.
– J'ai dis que je vous conduirai intacts jusqu'au roi mais si l'intégrité de votre corps et de votre esprit seront préservés, il n'en sera pas forcément de même pour autre chose. Vous persistez à faire vos fortes têtes ? À votre guise ! Gaderu fru nilau !
Après avoir parlé, elle s'approcha d'Ajihad et tendit sa main vers son visage.
Il voulut détourner le regard mais ne fit pas un geste. Confus d'abord, il commença à paniquer quand Tanya pencha sa tête vers l'arrière avant de lui ouvrir la bouche. Elle versa entre ses dents un cuillerée et referma la mâchoire. Il sentait le goût et la chaleur de la nourriture mais il était incapable de faire quoi que ce soit. Il était comme prisonnier à l'intérieur de son corps.
Indifférente à la panique de son prisonnier, Tanya le fit déglutir et recommença.
– Il y a des filles de mon âge qui jouent à la poupée, commenta-t-elle. Je me demande si elles seraient jalouses de moi.
Honteux et furieux, Ajihad ne put que se laisser faire.
– Donner la béquée au chef des rebelles, est-ce vraiment le comportement d'une fidèle du roi, accusa l'un des jumeaux.
– Je m'occupe de mes prisonniers, répondit-elle sans se retourner.
– Le roi sera…
Il s'interrompit en sentant une attaque mentale qui pulvérisa ses défenses.
« Si mon autorité est affaiblie devant mes hommes, je serai contrainte de la rétablir par une démonstration de force, compris ? Retourne te coucher maintenant »
Il grimaça de douleur et de colère mais tourna les talons. Tanya avait gardé le même visage imperturbable.
Quand elle estima qu'il avait assez mangé, elle se tourna vers Murtagh.
– En souvenir de ce que tu as fait pour moi, malgré ton accueil peu chaleureux, je te laisse une chance de manger normalement.
– Bien, je cède.
– A la bonne heure !
Elle rendit à Ajihad le contrôle de son corps après qu'il ait été ligoté de nouveau. Il lui lança un regard furieux qu'elle accueillit avec indifférence.
Murtagh mangea en silence et se laissa faire quand ses mains furent attachées.
Les deux prisonniers furent ensuite placés dos à dos et attachés ensemble.
– J'ose espérer que je n'aurai pas à recommencer, fit Tanya en observant le regard d'Ajihad.
Elle étendit son esprit et sentit celui de son prisonnier. Malgré ses protections, ce dernier laissait entrevoir toute la colère qui l'habitait.
– Maintenant, restez bien sagement sans bouger !
Elle alla dans la tente qui avait été dressée pour elle.
Bientôt, il ne resta plus qu'un soldat assurant la garde. Le silence s'était abattu sur le campement.
Ajihad tenta de se défaire des liens mais sentit ceux-ci le brûler instantanément jusqu'à ce qu'il relâche la corde.
– Sale vipère, marmonna-t-il.
Il se tut en voyant le garde se rapprocher pour remettre du bois sur le feu et l'observa avec attention.
– Tu as l'air bien jeune, dit-il enfin.
Le soldat tourna un instant la tête vers le prisonnier avant de retourner alimenter le feu.
– Je peux deviner d'où tu viens, continua Ajihad. Tu es jeune. Tu as voulu protéger ton peuple des menaces. Mais tu as du voir des choses. Tu as du voir les populations sous le joug impérial. Toute la population de l'empire est esclave du roi. Sur un simple caprice, il pourrait tout détruire. C'est lui qui a rétablit l'esclavage et massacré les anciens dragonniers. Il a fait naître et grandir l'hostilité entre l'empire, les elfes et les nains.
Il observa le soldat qui restait sans réaction.
– Il est lui-même dragonnier et règne depuis un siècle. Il paraît invincible mais tout passe. Les Vardens ont un dragonnier à leurs côtés. Il a vaincu un Ombre qui était au service du roi et nous avons défait toute une armée d'urgals qu'il a envoyé pour nous détruire. Nous avons maintenant les moyens de vaincre le roi et de mettre un terme à son règne. Si tu nous rejoins, nous pourrons nous battre ensemble pour apporter la liberté à tous les hommes de l'empire. Tu pourrais être le héros qui a empêché l'empire de capturer le chef des Vardens. Ils pourraient être désorientés en me croyant mort et même si l'empire n'attaquera pas encore de sitôt ce serait un rude coup.
Il tourna la tête, croyant avoir entendu du bruit mais ce n'était rien.
– Si tu continue à te battre pour l'empire, tu ne feras que participer à des massacres mais si tu nous rejoins tu libéreras ton peuple !
Ses deux mâchoires se refermèrent brusquement.
– Certains voudraient dormir, lança Tanya de sa tente.
Le soldat de garde pouffa. Ajihad lui gémit de douleur à cause de sa langue qu'il avait malencontreusement coupé.
Le lendemain, Tanya fit lever le camp.
– La prochaine fois, je serai moins indulgente avertit-elle après avoir guéri la langue d'Ajihad.
Ils voyagèrent à bonne allure jusqu'à finalement atteindre Furnost.
Quand ils furent en vue de la ville, Tanya fit mettre un sac sur le visage des prisonniers et les fit descendre.
En arrivant aux portes, elle se fit reconnaître et ils entrèrent tous.
Elle eut la surprise d'être accueillie au château par Meroflede Darouglade.
– Dame Darouglade ! saluèrent les jumeaux en s'inclinant mais elle les ignora.
– Vous êtes décidément pleine de surprise, dit-elle à Tanya en ancien langage. Durza a déniché une perle rare, on dirait.
– Je suis navrée pour sa perte, répondit Tanya.
– Durza n'était pas vraiment au service du roi. Nous étions quelques uns à penser qu'il suivait son propre objectif mais pour une raison inconnue il avait la confiance pleine et entière du roi. Vos quartiers ont été préparés, continua-t-elle en langage commun. Nous prenons en charge vos prisonniers dans l'immédiat. Allez prendre du repos !
Pendant que d'autres soldats conduisaient les prisonniers dans des geôles, les soldats de Tanya purent se relâcher après que celle-ci les laissa aller s'installer.
– Avez-vous bien reçu mon rapport ? demanda l'un des jumeaux. Je ne pensais pas que vous viendriez en personne.
– Allons, voyons ! Ce n'est pas un sujet dont nous pouvons discuter librement au risque d'être entendus, répliqua Darouglade. Avez-vous oublié toute prudence pendant votre mission ? Nous nous reverrons.
Ce soir-là, Tanya fut de nouveau conviée à la table du comte.
– Demoiselle mage, la salua-t-il avec plaisir. Figurez-vous que nous étudié votre idée de foire. Nous en avons fait part au roi et il nous a encouragé dans cette voie.
– Quelle bonne nouvelle ! L'histoire de Furnost va prendre un nouveau départ.
Les deux évoquèrent ce projet et les difficultés techniques qu'il engendrait.
Les jumeaux, également présents, semblaient furieux de la bonne place qu'avait Tanya.
Ils parlaient à Darouglade vivement.
Dès le lendemain, Darouglade annonça à Tanya son prochain départ vers Uru'Baen en même temps que les prisonniers. En revanche, sa troupe resta à Furnost et fut intégrée provisoirement à la garnison.
Tanya partit avec Darouglade et une troupe qu'elle ne connaissait pas qui escortait les prisonniers qui étaient transportés les fers aux pieds dans un chariot.
Darouglade lui parlait joyeusement de sujets divers.
Après un long voyage, les remparts de la capitale furent en vue.
Pour Tanya, ce fut un soulagement. Elle espérait pouvoir se poser après des semaines à voyager depuis la Crète jusqu'à Uru'Baen en passant par les Béors. Même chez les rebelles, elle n'avait eu droit qu'à un confort relatif.
Darouglade emmena tout le groupe directement au château.
Les prisonniers quittèrent le chariot et marchèrent avec les encouragements des armes de leurs geôliers.
Enfin, ils débouchèrent dans une grande salle. Un homme avec une couronne et une épée d'une blancheur éclatante les observait arriver.
– Bienvenue Tanya Degurechaff, toi le joyau que m'a préparé Durza. Bienvenue Ajihad fils de Rindrit, toi qui voulais venir en vainqueur et qui arrive en captif ! Et enfin, bienvenue et bon retour à la maison, Murtagh fils de Morzan ! J'attendais ton retour avec impatience, tu peux me croire.
Tanya s'inclina avec profond respect sans prononcer une parole. Ajihad resta debout mais son visage pâlit en entendant Galbatorix mentionner le nom de son père. Murtagh, lui, était livide depuis leur arrivée au palais.
– Allons, relève-toi ! Tu m'as bien servie ! Tu m'apporte un beau cadeau ! Que devrais-je en faire ? Je sais déjà tout ce qu'i savoir sur ces minables rebelles !
– Je vous salue, votre majesté. Permettez-moi de vous suggérer de l'utiliser comme trophée. Sa capture pourrait servir à démoraliser les rebelles.
– Nous verrons cela en temps utile. Mettez-le au cachot ! Je me pencherai sur son cas plus tard. Murtagh, mon cher, tu ne me salue pas ?
– Je vous salue, ô roi, dit Murtagh sans conviction.
– Murtagh, je te porte un grand intérêt. Ne l'oublie pas ! Et à toi également, Tanya. Joignez-vous à moi pour le repas ! J'ai lu les rapports mais j'ai hâte de vous entendre raconter votre histoire.
Une table était dressée pour eux. Tanya n'avait jamais vu autant de mets raffinés au même endroit.
Le roi se montra un hôte parfait. Il leur servit du vin, se montra bon public à leur histoire.
Murtagh était d'une pâleur telle qu'il semblait prêt à s'effondrer à tout moment. Tanya, elle-même était mal à l'aise.
– Murtagh, mon garçon, il est temps que tu prenne la suite de ton père. Morzan m'a fidèlement servi. Je voudrais vraiment qu'il en soit de même pour toi. Et toi, Tanya, tu semble quelqu'un d'exceptionnel, à la fois, mage puissante, officier au brillant avenir et aux idées brillantes pour l'empire. Vous pourriez être des atout remarquables pour l'avenir. Murtagh, retourna à ta chambre ! Nous aurons d'abord une petite discussion sur ta petite escapade. Tanya, reste un moment, veux-tu ?
– Comme il vous plaira !
Galbatorix rit bruyamment.
– Comme il me plaira, oui, excellente idée ! J'ai vu tes efforts pour améliorer l'empire ! Je partage ton souhait de le rendre l'empire prospère. Quel dommage que le peuple se méfie de moi ! Ils sont encore à se raconter des histoires de dragonniers et mettent leurs espoirs dans les rebelles ! J'ai été très intéressé par ton idée sur les magiciens. Faire une école pour que ceux qui le peuvent aient la possibilité de faire fructifier leur talent pour les mettre au service de l'empire rejoint un projet auquel je pense depuis longtemps pour les utilisateurs de magie.
Deux serviteurs apportèrent une caisse qu'ils déposèrent avant de partir.
– Mais, il est important de pouvoir travailler sur le long terme, comme tu l'as dis. Regarde-moi, obligé de changer de ministres si souvent et pour quel résultat ? Les flatteurs ne font que chanter mes louanges en proposant de m'ériger des statues, les traditionnels suivent la formation qu'ils en reçu sans en dévier et les réformateurs veulent changer les choses mais ils n'ont aucune vision globale du gouvernement. Ils ne pensent pas aux conséquences de leurs idées pour le reste de l'empire. Un tel voudrait lancer de grands chantiers maritimes mais veut prendre l'argent dans les caisses de l'armée. Tel autre veut faire une démonstration de force face au Surda pour pouvoir l'annexer mais en dégarnissant toutes les garnisons. Tel autre encore propose de faire juger par deux tribunaux différents chaque criminel sans se soucier de l'épuisement que ça causerait aux juges.
Il prit une coupe de vin et la porta à ses lèvres avec un air affligé.
– Mais toi, tu es différente. Tu étudie les différentes options qui se présentent et n'omet rien. Tu envisage toutes les conséquences possibles sur les plans politique, économique et diplomatique. Tu as prouvé ta loyauté en agissant contre les rebelles et en permettant la capture de leur chef alors que mes autres serviteurs voulaient se contenter de sa mort. Oh, vivant il représente une opportunité incroyable ! Veux-tu continuer à me servir ?
– J'en serais honorée, mon roi.
– Tu pourrais aller au sommet et participer à ma grande œuvre. J'ai un projet pour toi, un projet très excitant. Tu es un peu jeune par rapport à ce qui se faisait de mon temps mais quelle importance ?
Il se dirigea vers le coffre et l'ouvrit, laissant voir deux pierre de bonne taille et de forme ovale. Il prit la première qui était d'un rouge vif et la tendit.
– Approche que je vois si celui-ci te convient !
Tanya resta figée de surprise.
– Serait-ce… ?
– Une promesse pour l'avenir. Si toutefois, tu es acceptée.
