A Forez, petit village situé au bord du lac Léona entre Dras Léona et Belatona, entra Pierrick Balton, en mission sur ordre de Nasuada.

Il avait été choisi pour son apparence, son éloquence et un certain charisme qui lui permettait de capter l'attention générale. Avec sa grande taille et les cicatrices qui ornaient son visage, il attirait les regards.

Il alla s'installer à l'auberge où il prit une belle chambre.

Pour son travail, il commença par se mettre à l'écart après avoir commandé son repas. Son cheval avait déjà attiré l'attention des curieux et son attitude intrigua autour de lui.

Il apprécia ostensiblement le fumet de son gigot de mouton et but lentement la bière qui l'accompagnait.

‒Alors, étranger ! l'interpella un homme vidant sa propre bière. On a fait longue route, on dirait !

‒Bien longue, en effet !

Il prit le temps de porter à sa bouche un morceau de viande et de le mâcher avant de poursuivre.

‒Je parcours les routes depuis des mois. J'étais parti chasser les urgals qui avait massacré ma famille.

Le petit cercle qui commençait à se former autour de lui hocha la tête avec compréhension. Il y en avait peu dans la région mais tout le monde connaissait des histoires horribles.

‒Vous avez réussi à les venger ?

‒Je n'ai pas eu à le faire finalement, dit-il dans un souffle.

Il raconta la poursuite qu'il prétendait avoir mené.

‒Et enfin, j'ai quitté les terres habitées par les hommes. Les grandes montagnes des Béors s'élevaient à ma droite et le désert s'étendait à ma gauche. Et devant moi…

il laissa planer un silence dramatique en faisant mine de s'immerger dans ses souvenirs.

‒Devant moi, s'étendait le camp des urgals. Il était vaste et rempli de tentes mais vide heureusement. Si tous ces monstres avaient été présents, je n'aurais survécu que pour être odieusement torturé. J'ai alors rencontré des nains qui inspectaient le camp. Et ils m'ont annoncé une nouvelle stupéfiante. Ils m'ont dit que les urgals étaient sous les ordres d'un Ombre.

Il fit une nouvelle pause pour laisser le temps à ses auditeurs de bien se rendre compte.

Mais ils ne parurent pas aussi surpris qu'ils devaient l'être.

‒Ce serait pas Du… commença l'un avant que son voisin ne le fasse taire.

‒Il s'appelait Durza, reprit Pierrick. Il avait assemblé une immense armée d'urgals pour attaquer les nains et surtout les Vardens.

Un concert de chuchotement s'éleva alors.

‒C'est Galbatorix lui-même qui avait envoyé Durza. Nains et Vardens ont combattu vaillamment mais les urgals paraissaient innombrables. Alors, arriva…

Il fut interrompit par un cri :

‒Les voici !

L'attention générale se porte sur deux hommes qui venaient d'entrer. Ils portaient des instruments.

‒Racontez-nous l'histoire du dragonnier Eragon, les supplièrent un groupe d'enfants.

Pierrick pesta intérieurement. Il se demanda si ces deux hommes avaient aussi été envoyé par Nasuada. Mais ils semblaient être de véritables troubadours et il n'y en avait aucun parmi les Vardens. Peut-être venaient-ils du Surda ? Ou alors, ils avaient entendu l'histoire du dragonnier tueur d'Ombre de l'un des agents varden et en avaient fait une chanson.

Ses réflexions furent stoppées par la musique qui s'éleva dans un rythme entraînant.

Ohé, écoutez-moi !

Beaux seigneurs et gentes dames et vous damoiseaux, écoutez-moi !

Connaissez-vous l'histoire que je vais vous chanter ?

C'est l'histoire d'un simple garçon au grand destin !

Dans un village près du nord, il découvrit une pierre bleue scintillante,

mais ce n'était pas une pierre, ni même étincelant joyau !

Oh non, c'était bien autre chose !

C'était l'œuf d'un dragon aux écailles lumineuses !

Ils partirent sur les routes pour découvrir le monde !

Il avait nom Eragon !

Mais loin dans le sud, un danger s'éveilla !

Les hommes insouciants ne savaient rien !

Une horde d'urgals se réunit,

prête à déferler sur l'empire,

apportant la mort et l'horreur !

Ils était commandés par un Ombre terrible !

Il se terrait dans les Béors,

mais il y rencontra des alliés,

pour attaquer l'empire !

Il fit alliance avec les rebelles vardens

pour apporter la ruine et la mort dans l'empire !

Mais c'est alors que le prodige eut lieu !

Le nouveau dragonnier Eragon

apprit cette criminelle alliance

et voulut l'arrêter pour sauver les innocents !

Il chargea les urgals, terrifia les vardens et affronta l'Ombre !

Pierrick se leva d'un bond.

‒Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Plusieurs regards courroucés se tournèrent vers lui.

‒Silence ! On arrive au meilleur moment !

Un homme à coté posa doucement sa main sur son épaule pour l'inciter à se rasseoir.

Médusé, Pierrick se laissa faire.

‒C'est la chronique d'Eragon, le nouveau dragonnier, lui expliqua obligeamment l'homme.

‒Mais, enfin ! C'est insensé !

L'homme hocha la tête avec compréhension.

‒C'est vrai. La venue d'un nouveau dragonnier est incroyable.

Pendant ce temps, les troubadours racontaient comment Eragon avait chassé Ajihad avant de se mesurer à l'Ombre. Il ne put en supporter davantage. Il se dressa de nouveau.

‒C'est complètement faux, s'écria-t-il. Rien ne s'est passé de cette façon. Vous mentez odieusement !

Outré, l'un des troubadours posa son instruments.

‒Quelle monstrueuse accusation !

‒Nous allons de villes en villages depuis des années pour conter des nouvelles. Comment osez-vous douter de notre probité !

Il y eut un murmure d'approbation générale.

‒Nous les connaissons bien ! Ils nous racontent des histoires du monde depuis des années !

‒Mais il s'est passé l'inverse ! Le dragonnier s'est joint aux Vardens pour affronter les urgals.

Les troubadours haussèrent les épaules.

‒Eh bien, vous êtes libres de croire ce que vous voulez ! Mais si vous doutez de nos chansons, ayez au moins la courtoisie de ne pas nous interrompre ! Nous avons découverts ce récit et avons du voyager longuement pour le propager.

‒Mais vous propagez des fausses nouvelles !

‒Celui qui m'a apprit cette nouvelle est digne de foi !

‒Eragon a protégé les Vardens !

‒Et quelle preuve avez-vous ?

Pierrick répondit sans réfléchir.

‒J'étais présent !

Contre toute attente, l'un des troubadours ria.

‒Je comprends, dit-il. Est-ce une tentative pour attirer la sympathie des honnêtes gens et les pousser à vous donner des couronnes.

‒Nous, au moins, divertissons ceux qui nous écoutent. Même ceux qui croient à des fables ont le loisir de rêver, ajouta l'autre.

‒je dis pourtant la vérité, s'exclama Pierrick. L'Ombre Durza a mené une armée d'urgals pour détruire les Vardens. Les urgals ont été tués ou chassés et l'Ombre a été annihilé !

‒Oui, oui, dit l'un des troubadours d'un ton ennuyé. Pouvons-nous terminer notre chanson ou comptez-vous encore nous interrompre ?

Pierrick finit par être dégagé par les villageois excédés. Il fut jeté à la rue et n'osa revenir que tard dans la soirée pour récupérer son cheval.

Il n'entendit pas le reste de la chanson qui se terminait par l'espoir d'un possible ralliement du nouveau dragonnier à Galbatorix.

A Abéron, dans le château royal, Tanya déambulait sans but apparent.

Elle essayait de se souvenir du visage des grands personnages du royaume.

Après un bruit de course incongrue, elle vit surgir Orrin qui se plaça dans un renfoncement du mur.

Peu après, le chambellan arriva de la même direction avec un air préoccupé. Il jeta un coup d'œil rapide dans le couloir, hésita à parler et parti dans une autre direction.

Orrin attendit un moment avant de jeter un coup d'œil.

Il sourit joyeusement en ne voyant plus son poursuivant et prit une expression contrite en reconnaissant Tanya.

‒Voyez ma pauvre situation, toujours poursuivi par mon chambellan sans un moment de répit.

Tanya s'inclina gravement.

‒Si j'en ai l'occasion, je pourrai dire à mon roi que les méchantes rumeurs vous présentant comme une menace sont infondées. De toute évidence, vous ne courrez pas après son trône.

Orrin rit gaiement.

‒Je suis sans cesse sollicité. J'ignore comment mon père faisait pour participer à des parties de chasse alors que je dois feinter mes gens pour avoir un peu de temps à moi. Avec son empire, votre roi ne doit pas avoir une minute à lui.

‒Depuis le temps, il doit s'être habitué. Mais il ne pratique pas la chasse. Il semble qu'il médite longuement.

‒Je vois. Pour ma part, j'aime à mener des expériences. C'est une activité véritablement passionnante. Voulez-vous voir cela ?

Tanya hésita, ne sachant quoi penser de cette idée.

‒De quelle genre d'expérience s'agit-il, votre majesté ?

‒Je cherche à découvrir les secrets de l'univers, dit-il d'un ton exalté.

Intriguée, Tanya le suivit.

Ravi, il la fit entrer dans une grande pièce encombrée de meubles sur lesquels étaient posés des fioles, des pots aux étiquettes indéchiffrables ou des outils divers.

‒Ah, je le craignais bien.

Orrin se précipita vers un four de briques. Il ajouta un peu de charbon dans le feu. Il ouvrit ensuite brièvement le four le temps de verser de l'eau dans un récipient.

‒Je cherche à comprendre comment les plantes poussent-elles, expliqua-t-elle avec entrain. Comme les plantes poussent à partir du printemps et dépérissent à l'approche de l'hiver, je suppose qu'elles ont besoin du soleil. Mais je voudrais savoir si elles ont besoin de la lumière du soleil ou de la chaleur. Alors, pour découvrir cela, j'ai planté une graine dans un pot de terre que je laisse dans ce four à bonne température et j'en ai placé au bord de la fenêtre pour évaluer les différents effets selon qu'une plante soit exposée ou non au soleil.

Comme quoi, même l'existence de la magie n'empêchait pas certains hommes de chercher à repousser les limites de l'ignorance avec des expériences, certes rudimentaires mais révélatrices d'un état d'esprit, n'en déplaise à l'Être X.

‒Et si vous arrivez à faire pousser une plante dans le four, que ferez-vous de cette découverte?

‒Ma foi, rien ! Si on devait utiliser un four pour faire pousser des plantes alors il nous faudrait maintenir le feu en permanence. Je n'ai pas assez de forêts dans mon royaume pour cela.

‒Si je puis me permettre, je pense que vous avez oublié quelque chose.

‒Oh ? Quoi donc ?

‒L'air. La plante au bord de la fenêtre dispose d'air en abondance tandis que l'autre reste toujours dans le même.

Orrin se tourna vers la fenêtre.

‒Je n'y avait pas pensé, avoua-t-il. Mais cela fait bien deux différences entre les plantes. C'est ennuyeux. Il est facile de maîtriser l'exposition à la lumière mais pour l'air c'est une autre histoire.

Il finit par prendre un bocal qui posa renversé sur le pot au bord de la fenêtre.

‒Voilà ! Ainsi l'air ne passera pas mais il y a toujours de la lumière.

À priori, aucune des deux plantes ne pousseraient faute d'oxygène. Mais il pourrait toujours se livrer à d'autres expériences. Avec sa passion, un échec ne ferait que motiver davantage Orrin à découvrir la vérité.

Ravi d'avoir un public, il parla de ses autres expériences et des résultats qu'il avait obtenu mais qu'il ne savait pas comment interpréter.

Il prenait soigneusement des notes.

À son plus grand regret, personne ne partageait sa passion.

Ses courtisans ne faisaient preuve qu'une d'un intérêt poli.

Il questionna Tanya sur sa vie dans l'empire. Il s'intéressait aux mœurs impériales.

Il eut le bon goût de ne pas insister quand elle se montrait évasive.

Elle se demandait si Orrin était motivée par la recherche de connaissance ou s'il aimait juste à explorer l'inconnu. Dans le premier cas, un échange avec l'empire permettrait de renforcer les liens commerciaux qui commençaient à se former.

Un détachement de Vardens rentrait à la capitale après avoir passé quelques jours à s'entraîner sans relâche dans la campagne.

Nasuada avait donné des ordres strictes. À leur entrée dans la ville, les hommes se présentaient bien. S'ils n'étaient pas rasés de près ou même lavés récemment, ils gardaient fière allure malgré leur équipement pour le moins hétéroclite.

Malgré leur fatigue, ils marchaient sans gêne apparente en chantant sur leur future victoire.

Les Vardens devaient inspirer les Surdans.

Les paisibles Surdans les regardaient passer avec un intérêt relatif.

La troupe bien ordonnée traversa une place animée quand l'un des hommes s'effondra en poussant un cri.

Alerté, son capitaine vint vers lui pour le trouver à terre au milieu d'une mare de sang qui s'étendait.

Il prit le soldat par les épaules et le mit sur le dos. Le coté de son crâne semblait avait été percuté par quelque chose.

Ne sachant pas quoi faire dans ces circonstances, il comprima la plaie pour arrêter le sang et cria à ses hommes d'aller quérir un guérisseurs.

Un de ses hommes déchira sa chemise et la plaça sur la plaie.

Le capitaine remarqua une pierre bien ronde tachée de sang et tourna son attention vers la foule de curieux qui s'accroissait.

Il s'élança soudainement avec trois des ses hommes et alla interpeller un groupe de maçons qui passaient par là.

Les Vardens qui restaient formèrent un cercle autour du blessé, sauf un qui reste en essayant d'empêcher le saignement.

Le capitaine prit d'autorité les affaires des maçons pour les inspecter. En plus de leurs outils, ils apportaient dans une charrette des pierres taillées.

Malgré les protestations virulentes des ouvriers, leurs paniers furent renversés.

Plusieurs Surdans tentèrent de partir mais le capitaine les menaça.

‒Tant qu'on aura pas retrouvé l'assassin, personne ne partira d'ici !

Deux Surdans passèrent outre et tournèrent les talons.

Un Varden dégaina une dague et leur courut après.

Le bruit attira des gardes du prévôt.

‒Qu'est-ce que cela signifie ? Cessez cela immédiatement !

À ce moment, l'un des magiciens du Du Vrangr Gata arriva sur les lieux.

Il s'arrêta net en voyant la place dans une telle confusion.

‒Ah vous voilà vous ! l'interpella le capitaine varden. Occupez-vous de celui-là !

Remarquant enfin l'homme à terre, il se précipita, ignorant la dispute entre Vardens et garde du prévôt.

Un attroupement commença à se former.

‒Il est trop tard, dit le magicien en fermant les yeux du Varden attaqué. Il est mort en un coup.

Sans se préoccuper de ma guarde du prévôt, le capitaine varden alla vers lui.

Il arborait un visage sévère et ses yeux flamboyaient de colère.

‒Il a reçu un coup sur le crane, continua le magicien.

‒Ceci, peut-être ? demanda le capitaine en lui montrant la pierre ronde.

Le magicien la prit et l'approcha de la plaie.

‒C'est bien possible. Mais il a fallut l'envoyer avec une grande force. J'ignore comment elle a été lancée.

‒En voilà assez ! proféra le capitaine de la garde en s'approchant. Retournez dans vos quartiers immédiatement et cessez de vous en prendre aux Surdans !

Le capitaine varden le toisa.

‒Vous n'avez pas autorité sur moi ni sur mes hommes. L'un des nôtres a été assassiné. L'un des chiens puants de Galbatorix est ici. Aidez-moi à le chercher au lieu de nous gêner !

‒Modérez vos propos ! S'il y a eu meurtre, il y aura enquête ! Mais en aucun cas, je n'admets qu'on s'adresse à moi de cette façon.

‒Et alors ? Allez vous plaindre à vos supérieurs ! Vous pourrez leur dire que vous rester à bavasser pendant qu'un assassin s'échappe.

Au même moment, plusieurs Vardens avaient arbitrairement décidé de fouiller les affaires personnelles des passants.

‒Vous m'en rendrez compte ! s'exclama le Surdan rouge de fureur, la main serrée autour de la garde de son épée. Peut-être devrions nous en discuter dans un endroit plus privé ?

‒Nous ferons parler le fer plus tard. J'ai à faire pour venger mon soldat.

Un homme repoussa un Varden pour l'empêcher de fouiller son épouse.

Le début d'altercation attira plus de monde encore.

‒Avec tout ce monde, il a pu s'enfuir, grommela le capitaine varden. Eh vous ! Pouvez-vous repérer les magiciens ?

Le magicien varden écarquilla les yeux.

‒Absolument pas ! Je ne suis qu'un guérisseur !

Le capitaine poussa un juron.

‒Un espion de l'empire a du utiliser la magie pour projeter cette pierre assez fort pour tuer.

Le magicien secoua la tête.

‒C'est possible mais je ne peux rien faire pour le trouver. Je peux guérir des blessures mineures ou graves. Je peux réparer des os cassés. Je ne peux pas traquer l'ennemi. Je suis un guérisseur.

Au moment où le capitaine allait répondre, le magicien s'effondra à son tour.

‒C'est une embuscade !

Les Vardens levèrent le bras pour porter leurs boucliers devant leur visage.

À une fenêtre, Tanya observait la scène.

‒Joli tir Fulric, apprécia-t-elle.

‒C'est un plaisir de vous servir, ma dame, répondit le soldat à coté d'elle, surtout quand il s'agit de tuer ces rebelles.

Dans sa main, il agitait négligemment, une fronde.

‒Du renfort va arriver pour les rebelles. Il vaut mieux partir dans l'immédiat.

Malgré son désir de frapper encore, son subordonnée protesta pas et la suivit docilement.

Ils sortirent par une porte donnant sur une rue paisible et s'éloignèrent.

Le calme fut rétabli par Jormundur.

Venu en toute hâte après avoir appris qu'un guérisseur avait été sollicité, il était accompagné de Trianna et d'un groupe de Vardens.

S'étant fait expliquer la situation, il laissa à Trianna le soin de chercher le magicien ennemi qui avait lancé les pierres.

Mais, les civils surdans refusaient catégoriquement que leurs esprits fussent sondés.

Le prévôt d'Abéron, lui-aussi arrivé sur les lieux, soutenait leur refus et les encouragea à repartir vaquer à leurs affaires, indifférent à la colère de plusieurs Vardens.

‒Je regrette la violence dont ont fait preuve mes hommes, disait Jormundur, mais nous ne pouvons rester indifférent à la présence d'espions de Galbatorix.

‒Si vous voulez avoir à traiter avec des Surdans, adressez-vous à nous et nous aviserons ! Il n'est pas tolérable que vous portiez atteinte à des Surdans, répliqua le prévôt.

‒Dame Nasuada coopère avec le roi Orrin, rappela Jormundur. Nous sommes en guerre, nous ne pouvons attendre votre accord si notre sécurité est menacée.

‒Sa Majesté, le roi Orrin a accordé des privilèges aux Vardens pour lutter contre l'empire, pas contre notre peuple. Vous menez peut-être la guerre mais nous ne sommes pas vos vassaux.

Le prévôt rassembla sa garde.

‒Si vous prétendez être nos alliés, agissez comme tel !

Sans prendre la peine de saluer, il tourna les talons.

Jormundur fit emporter les corps des deux morts et ils rentrèrent tous.

Informée de l'incident, Nasuada fut furieuse.

Elle était en colère contre l'empire.

Elle était en colère contre le Surda qui prenait son temps pour se préparer à la guerre.

Elle était en colère contre Orrin qui semblait si nonchalant.

Elle était en colère contre les dignitaires surdans, si frileux à l'idée d'agir.

Elle était en colère contre ses propres hommes d'être morts sans pouvoir réagir.

Elle était en colère contre Jormundur dont le zèle pour protéger les Vardens avait effrité les relations déjà tendues que les Vardens avaient avec le Surda.

Elle était en colère contre les elfes qui avaient abandonné la lutte et tardaient à revenir.

Elle était en colère contre les nains qui ne donnaient plus de nouvelles.

Et bien sûr, elle était en colère contre Galbatorix.

Elle fut contrainte de réprimander Jormundur.

En attendant la réaction d'Orrin, elle décida de suivre ses conseils pour se calmer et alla s'entraîner.

Non seulement, l'exercice lui fit du bien mais il améliora le moral général. En voyant leur dirigeante se donner à fond, ils brûlaient d'impatience de se mesurer à l'empire.

Comme prévu, un message d'Orrin arriva pour lui demander une entrevue. Le ton était poli mais terriblement formel.

En se lavant, sa pensée allait à Eragon. Elle espérait qu'il reviendrait bientôt.

Sa venue galvaniserait les Vardens et entraînerait les Surdans dans leur sillage.

En revanche, les effets de son arrivée dans l'empire restaient un mystère.

Les rapports qu'elle avait reçu de ses agents étaient déconcertants.

L'empire n'espérait quand même pas qu'Eragon se joigne à Galbatorix ?

C'était une idée ridicule !

Et pourtant les troubadours chantaient avec la permission de Galbatorix.