Un cavalier sortit du camp impérial et prit la direction du camp des coalisés. Il brandissait l'oriflamme déchiré du Surda.

Gilles Pareta, au service du roi depuis dix ans, venait de connaître sa première bataille. La gloire escomptée n'était pas au rendez-vous. Son piteux retour au camp était au moins la preuve qu'il avait survécu.

Se rapprochant du camp devant lequel une palissade avait été hâtivement dressée, il s'écria :

‒ Au nom du roi, ouvrez !

‒ Qui es-tu ? cria quelqu'un de l'autre coté. Si c'est une provocation de l'empire…

‒ Je suis de l'armée surdane. Je suis sous le commandement du comte de Dauth.

‒ Il est blessé. Il ne pourra confirmer ton histoire.

‒ Quelle importance ? Je dois voir le duc Audivès au plus tôt. C'est le roi qui m'envoie ! Il m'a donné un message !

Il entendit une certaine agitation. Plusieurs Surdans craignaient le pire depuis qu'il était certain que le roi Orrin ne faisait pas partie des blessés et n'avait été retrouvé ni agonisant ni mort sur le champs de bataille.

‒ Donc, l'empire laisse des prisonniers envoyer des messages ? interrogea sarcastiquement la même personne.

‒ Laissez-moi aller le duc et il reconnaîtra mon message comme venant du roi !

Après un temps, il fut finalement invité à venir.

La bride de son cheval fut attrapé et il fut conduit à travers le camp. Les quelques soldats de toute race qui l'entouraient lui donnaient l'impression d'être plus un prisonnier qu'un soldat retournant dans son armée.

Après avoir mit pied à terre, il fut prié d'entrer dans une grande tente.

Il se retrouva face à Nasuada et sa garde particulière.

‒ Tu prétends venir de la part d'Orrin, dit-elle. J'ai envoyé chercher un magicien du Du Vrangr Gata qui vérifiera si tu dis vrai.

Sans réprimer le mouvement de dégoût instinctif qu'avait fait naître l'évocation de la magie, il serra plus fortement sa main sur l'oriflamme.

‒ Il n'en est pas question. Que va-t-il me faire ? Et pourquoi suis-je ici ? C'est monseigneur Audivès que j'ai demandé à voir.

‒ C'est moi qui ai le commandement de l'armée ici. En l'absence d'Orrin…

‒ Sa majesté le roi Orrin ne vous a pas laissé la charge de son armée !

‒ Certes, cependant il n'a désigné personne pour assurer le commandement en son absence. Nous ne pouvons prendre le luxe d'attendre que le conseil du Surda prenne une décision. Un magicien confirmera ton identité et ensuite tu me feras le récit de tout ce que tu as vu au camp impérial.

‒ Je refuse ! Si un magicien doit vérifier mon identité, ce sera un du Surda ! Et c'est au duc Audivès que je délivrerai mon message et ferai mon rapport. Il ne fait pas partie des prisonniers. S'il a survécu à la bataille, il est donc ici.

Nasuada lui lança un regard indéchiffrable puis demanda un rapport sur les morts confirmés.

Après avoir consulté un parchemin, elle se tourna vers lui.

‒ Je regrette. Il a été tué. Maintenant, laisse-toi faire ! Si tu veux aider ton roi, tu dois nous faire confiance !

Une jeune femme entra.

‒ Trianna, si tu veux bien !

Le messager saisit l'oriflamme et recula.

‒ Je ne veux pas de vos tours de magiciens.

À un signal de Nasuada, sa garde avança vers Gilles.

Il tenta une fuite qui fut brisée aussitôt. Il en fut réduit à se débattre avec férocité mais sans résultat.

‒ Dame Nasuada, j'ai entendu qu'il…

Le roi Hrothgar se figea sur le seuil de la tente.

‒ Au nom de Guntera, que se passe-t-il ici ? Il me semblait que nous retrouvions l'un des notre et non un ennemi !

‒ C'est précisément ce dont je veux m'assurer, répondit Nasuada. Son esprit doit être examiné.

Ignorant les protestations de Gilles, Hrothgar se caressa la barbe.

‒ Je vois. C'est faire preuve de prudence, en effet. Mais peut-être serait-il préférable de le faire par un magicien du Surda ?

‒ Allez en chercher un nous ferait perdre du temps ! D'ailleurs, ils ne sont pas aussi habitués à cet exercice que ceux du Du Vrangr Gata.

‒ Il est vrai que le roi Orrin vous a laisser la charge de commander à toutes les armées. Pouvez-vous m'accorder un entretien ?

Les yeux de Nasuada se plissèrent mais elle s'y résolut.

‒ Sortez vous autres et gardez-le sous bonne surveillance !

Une fois, tous les autres humains partis, elle se tourna vers le nain.

‒ Que puis-je pour vous Hrothgar ? Si c'est au sujet des urgals…

‒ Il est vrai que j'eusse apprécié d'être averti. Je suis bien conscient que les urgals sont des créatures qui n'acceptent guère d'attendre et que vous n'aviez pas le temps de consulter vos alliés mais un simple message pour m'aviser de cette alliance eut été bienvenu.

Hrothgar avait gardé le ton calme d'un roi ayant une longue expérience et connaissant la lourdeur de la couronne.

‒ Cependant, si Orik n'était pas venu à notre rencontre à notre arrivée, cette fragile alliance aurait volé en éclat. Les nains ont la mémoire longue et l'attaque de Farten Dur est encore récente.

‒ Ce n'était pas eux ! Durza les contrôlait !

Hrotgar leva la main dans un geste d'apaisement.

‒ J'en suis conscient. Mais, cette considération n'est pas une excuse pour de nombreux nains. Ils sont nombreux à être tout à fait disposés à obtenir leur revanche. Il ne s'agit pas d'une haine multiséculaire entre nos races. Tronjheim a été attaquée. L'accueil des Vardens au sanctuaire des nains a été une décision peu populaire mais acceptée à cause de l'ennemi commun mais la violation de Farten Dur c'est une autre histoire.

‒ Nous avons justement un ennemi commun, toujours le même.

‒ S'allier avec des humains n'est pas la même choses que s'allier avec des urgals. Enfins passons ! Ce Surdan serait bien plus coopératif avec un magicien du Surda ou alors sous la supervision d'un officier de son armée. Le temps est précieux, certes, mais sa résistance nous en fait perdre. Et le roi Orrin n'apprécierait pas que l'on traite ses soldats ainsi.

‒ C'est fort possible mais il a été pris si ce n'est tué par l'ennemi. Dans l'état actuel des choses, nous ne pouvons attendre qu'un régent soit désigné. Nous devons poursuivre l'effort de guerre.

‒ Menez vos hommes à votre guise mais je crains que les hommes ne soient tous d'accord.

‒ Mes hommes me suivront ! Il n'est pas dans l'habitude de l'empire de relâcher des prisonniers. Je veux savoir ce qui se cache derrière cette manœuvre. Si l'empire l'a envoyé ici, ce n'est pas anodin.

Le nain hocha la tête.

‒ Nous pouvons nous attendre à tout de l'empire mais les hommes ne comprendront pas votre prudence. Vous les humains avez tendance à vous agiter au détriment de toute raison quand vos émotions sont trop fortes.

Nasuada eut un sourire.

‒ Tandis que vous gardez la force inébranlable des pierres !

‒ Exactement ! Vous ne comprendrez jamais la beauté de la pierre !

‒ Vous avez probablement raison. J'avais fait appeler Eragon avant d'apprendre qu'un soldat avait été relâché en apparence par l'empire. Sa popularité dans tout le camp devrait faire cesser toute objection.

Après avoir fait revenir sa garde et son prisonnier qui gardait un silence obstiné, Nasuada attendit avec Hrothgar en discutant à voix basse du bilan de la bataille.

Enfin, Eragon arriva accompagné de son cousin.

‒ Nasuada ! Roi Hrothgar !

‒ Eragon ! Merci d'être venu si vite. Les habitants de ton village sont bien installés ?

Roran s'avança.

‒ Nous avons été bien reçus ! Merci Dame Nasuada d'avoir mis à notre disposition des vivres et un abri malgré vos difficultés. Nous comptons bien nous acquitter de notre dette !

‒ J'en suis heureuse ! De nouveaux combattants sont toujours bienvenus ! Je voudrais savoir par quelles épreuves vous êtes passés ! Si seulement, il n'y avait pas tant à faire !

Eragon, qui était resté avec un sourire, s'était aperçu de la présence de Gilles et cachait sa curiosité.

Nasuada remarqua son regard.

‒ Puisque vous avez fini de vous installer, vous devriez prendre du repos. Il est possible que l'empire lance une nouvelle attaque et les hommes doivent être prêts.

Pas dupe, Roran acquiesçât.

‒ Je ne vous dérange plus. J'attendrai à l'extérieur, dit-il à Eragon.

Sans plus se préoccuper du fermier, Nasuada se tourna vers Eragon.

‒ Ce n'est pas pour cela que je t'avais appelé mais j'ai besoin de ton aide. Cet homme est arrivé du camp impérial. Il prétend être un Surdan fait prisonnier mais que les impériaux l'ont laisser venir pour porter un message du roi Orrin. Peux-tu t'assurer qu'il dise la vérité ?

‒ Oui, bien sûr !

Le Surdan tremblait comme une feuille en voyant approcher le dragonnier.

‒ Tu n'as rien à craindre, dit doucement Eragon. Je veux seulement m'assurer que tu as bien dis la vérité.

‒ Je n'ai aucune raison de mentir mais… commença-t-il avant de laisser sa phrase en suspens.

‒ Je vais seulement consulter quelques souvenirs. Je tâcherai de rendre cela le moins douloureux possible. Je t'en donne ma parole de dragonnier !

Gilles respira un grand coup et donna son accord.

Il resta crispé un instant avant qu'Eragon ne hoche la tête.

‒ Il dit vrai. Il a rencontré le roi Orrin et un cheval lui a été laissé.

‒ Je ne vois pas pourquoi j'aurais menti, grommela Gilles.

‒ Un agent de l'empire pourrait très bien faire le même récit pour espionner, donner de mauvais informations et peut-être même assassiner ou saboter.

Un silence s'abattit après ces paroles jusqu'à ce qu'elle reprenne la parole.

‒ Mais puisque tu es bien des nôtres, tu peux nous donner de précieux renseignements. Eragon, je voudrais que tu me dise ce que tu pense de l'idée d'aller sauver le roi Orrin.

‒ Si je sais où il est, je pourrais essayer mais il est certainement gardé et je ne voudrais pas le faire tuer en essayant de le sauver. De plus, avec Murtagh, la tâche ne serait pas aisé.

‒ Il t'a battu de peu à votre affrontement, observa Nasuada. Maintenant que es reposé, les conditions sont différentes.

‒ C'est vrai mais au milieu du camp ennemi, il aura du soutien.

‒ Nous pourrions tenter d'attirer ce dragonnier ailleurs, proposa Hrothgar. Si nous lançons une attaque, l'armée impériale devra bien réagir. De plus, les soldats humains sont encore fatigués de la bataille alors que mes nains sont prêts !

‒ J'envisageais plutôt une attaque nocturne. Un petit groupe pourrait s'infiltrer ! Comment est gardé le roi Orrin ?

Un roi, une reine et un dragonnier se tournèrent vers un simple soldat surdan.

Impressionné malgré lui, Gilles mit quelques secondes à chercher ses mots.

‒ Il y avait deux gardes et quelques serviteurs.

‒ C'est peu, s'étonna Nasuada.

‒ A cause de ses blessures, le roi a des difficultés à se mouvoir. Il ne peut pas s'échapper seul. Et presque tous les Surdans sont gardés à l'écart.

Nasuada fronça les sourcils.

‒ Mais comment avez-vous pu être envoyé ici ? L'empire n'a aucune raison de laisser Orrin envoyer un message.

‒ Je ne sais pas vraiment. Après avoir été reconnu comme venant du Surda, j'ai été avec les autres. Un impérial est venu et, comme j'étais le plus prêt sans blessure grave, m'a ordonné d'aller auprès du roi. Après l'avoir vu, un cheval m'a été amené et je suis venu jusqu'ici.

‒ Enfin, c'est insensé ! Galbatorix n'a pas pu laisser faire une telle chose. Ou bien, le roi Orrin était sous le contrôle d'un magicien de la Main noire pour qu'il donne de fausses informations ou demande au Surda de se rendre.

‒ Le roi Orrin sait se protéger, déclara Hrothgar. Il a été entraîné depuis l'enfance.

‒ Est-il possible de prendre le contrôle de l'esprit de quelqu'un ? demanda Nasuada à Eragon ignorant le roi nain.

‒ Dans une certaine limite, oui, reconnut Eragon. Mais un humain sachant se défendre…

‒ S'il a été blessé, ses défenses sont moins fiables !

Eragon ne put rien répondre.

‒ Il faudra que je demande à Arya. Faites-la chercher ?

‒ Bien, Ma Dame, répondit un de ses gardes avant de s'éclipser.

Le silence retomba dans la tente.

‒ Puisque vous reconnaissez que je ne suis pas un espion, dit Gilles, j'ai maintenant un message à transmettre.

‒ Pas maintenant ! Je veux d'abord en savoir plus et connaître ce message !

‒ J'ai un devoir envers mon roi ! Je ne suis pas un Varden, moi ! Je n'ai aucune raison de vous obéir.

En voyant les regards de Hrotgar et d'Eragon, Nasuada grimaça intérieurement.

‒ Tu dispose d'informations qui peuvent être capitales ! Nous essayons de sauver ton roi. Ta mauvaise volonté risque de tout compromettre. Les deux soldats impériaux qui gardaient le roi Orrin disaient-ils quelque chose.

‒ Non, ils se tenaient simplement là.

‒ Et les serviteurs ?

‒ Ils parlaient pour leurs tâches uniquement. Ils apportaient des bandages et disaient que le bain était prêt.

‒ Le bain ?

Gilles hocha simplement la tête.

Sans faire de commentaire, Nasuada reprit.

‒ Et il n'y avait personne d'autre ?

‒ Non ! répondit Gilles avant de froncer soudainement les sourcils.

‒ Vraiment personne ?

‒ Il y avait une enfant. Elle se tenait derrière le roi en silence. Quand je suis arrivé, elle lui parlait à voix basse et s'est écartée.

Nasuada eut une pensée fugitive pour Elva.

‒ Mais elle lui versait du vin donc je n'y faisais pas vraiment attention.

L'un des faucons de la nuit entra dans la tente.

‒ Dame Nasuada !

‒ Qu'y a-t-il ?

Il s'approcha et lui parla à voix basse.

Eragon fit semblant de ne rien entendre.

‒ Le baron de Deldarad est venu te chercher, dit Nasuada avec dépit. Vas-y pour rassurer les tiens mais n'oublie pas que je veux savoir ce qu'il en est de la situation des impériaux.

Gilles s'inclina et sortit rapidement.

Il s'inclina plus profondément devant le baron.

‒ Quelle heureuse surprise ! L'empire n'est pas réputé pour faire grâce à ceux qui l'ont défié. Et tu nous apprends en plus que le roi est bien vivant !

‒ Oui, messire ! Il m'a chargé d'un message pour monseigneur le duc Audivès ! Mais, j'ai appris que…

En le voyant hésiter, le baron prit la parole :

‒ Il a été blessé mais il n'oubliera pas son serment au roi. Mettons-nous en route !

Après le départ de Gilles, le silence retomba dans la tente.

Le roi Hrotgar prit congé pour s'assurer que tout était en ordre. Ses salutations à Saphira qui restait dehors furent très chaleureuses.

‒ Si seulement les elfes étaient là, grogna Nasuada. Avec eux, il serait facile de libérer Orrin pendant que tu maintiendrais Murtagh à l'écart. Pourquoi ton cousin est-il toujours dehors ?

Eragon tourna machinalement la tête vers l'entrée de la tente.

‒ Ah ! Eh bien, j'avais promis de l'aider à libérer Katrina, sa fiancée !

Devant le regard effaré de Nasuada, il sentit un frémissement glacé.

Du coté de l'armée du Surda, un sentiment mitigé dominait.

Bien sûr, la nouvelle de la survie du roi et de nombre de leurs compagnons d'arme était excellente mais leur statut de prisonnier était problématique.

Au moins, les prisonniers n'avaient pas été maltraités.

Ils avaient tous reçu une ration et étaient sommairement soignés.

Quand au message du roi, il était bref.

Il rassurait sur l'état de santé du roi et demandait à l'armée du Surda de demeurer sur leur garde dans l'immédiat.

En attendant que la situation se clarifie, le duc Audivès devait assumer le commandement.

Trop fatigué pour se déplacer, le duc envoya un écuyer annoncer la nouvelle à Nasuada.

Mais même s'il avait été en excellente forme, il n'avait pas envie d'aller la voir.

Elle avait entraîné son royaume dans une folle entreprise. Certaines rumeurs disaient que les guérisseurs s'occupaient en priorité des Vardens. Les guérisseurs tués au camp pendant la bataille étaient majoritairement des Surdans. Il était normal que seuls les cas les plus graves soient traités par magie mais de nombreux blessés n'avaient reçus que des soins sommaires.

Et le duc n'avait pas apprécié que Nasuada annonce prématurément sa mort.

Il fut surpris de voir Gilles s'incliner après avoir fait son rapport.

‒ Si vous le permettez, mon seigneur, je dois retourner auprès du roi. J'ai promis de revenir au plus vite et j'ai déjà tardé.

‒ Soit ! Pouvons-nous envoyer quelque chose au roi et aux prisonniers ?

‒ Je regrette ! J'ai peur de ne rien pouvoir prendre ! Je ne suis pas certain que les soldats me laisse apporter quoi que ce soit !

‒ En ce cas, je te ferai parvenir une bourse pleine quand tu seras libéré pour le service que tu rends à la couronne.

Après avoir remercier, Gilles s'en alla.

Il garda l'oriflamme du Surda.

Plusieurs Vardens s'opposèrent à son départ mais la présence de soldats surdans les contraints à laisser faire.

C'est le cœur lourd que Gilles revint vers le camp impérial.

Il était déjà assez humiliant d'avoir été fait prisonnier alors y retourner volontairement était dur.

Il n'eut pas à s'expliquer les soldats impériaux le laissèrent passer et le guidèrent.

Il fut seulement fouillé rapidement pour s'assurer qu'il n'avait pas apporté d'arme et le cheval fut repris.

Orrin attendait son retour dans la tente qui lui avait été laissé.

La même petite fille était là, servant le dîner.

‒ Mon roi, je viens rendre compte !

‒ Viens ! Quelles nouvelles as-tu apprise ? Prend place avec moi, je veux tout savoir !

Stupéfait d'être invité à la table du roi, Gilles resta interdit avant de s'approcher.

La petite fille fit une révérence.

‒ Permettez-moi de me retirer ! Il semble que vous allez parler d'affaires d'État. Vous préférez certainement être seuls.

Orrin lui lança un regard stupéfait.

‒ Oui, en effet. Merci, marmonna-t-il.

Gilles raconta ensuite comment il s'était acquitté de sa mission.

Il baissa la voix pour lui rapporter que Nasuada envisageait de lancer une opération pour libérer Orrin.

Il fit part des difficultés qu'il avait eu pour entrer en contact avec le duc Audivès.

Orrin écouta attentivement. Il interrogea sur le bilan de la bataille, le nombre de morts et de blessés.

Après avoir longuement parlé, Gilles dut rejoindre les prisonniers ordinaires.

Plusieurs tentes avaient été dressées pour qu'ils y demeurent.

En discutant avec les autres, il fut rassuré d'apprendre qu'ils étaient toujours traités convenablement. Ils avaient déjà eu leur propre dîné.

Orrin resta pensif à sa table.

Il mâchonnait sans appétit avant de se rendre compte d'une présence devant lui.

Levant les yeux, il reconnut une certaine petite fille.