L'esprit agité par les malédictions qu'elle adressait à l'empire, Nasuada se forçait à gardait une apparence calme.
L'attaque de l'empire au cœur de leur camp n'avait provoqué que peu des morts et s'il y avait des blessés, aucun ne pouvait être guéri. Quand aux dégâts matériels, il étaient gênants sans être lourds de conséquences.
Mais les tensions qui resurgissaient entre les races posaient un autre problème.
L'épée avait été tirée et avait frappé l'allié.
Pour autant qu'elle le sache, tous les hommes morts avaient été tués par un de leurs alliés.
Certains des meurtriers avaient été immédiatement tués à leur tour en représailles. Une partie avait déposé les armes après s'être rendus compte de leur méprise. Il y avait même un nain qui s'était donné la mort pour laver son honneur souillé par ses actions.
Mais, Nasuada soupçonnait que certains des meurtriers avaient préféré se faire discrets.
Elle voulait conduire les armées vers la lutte contre l'empire et souhaitait que la colère des coalisés soient intégralement dirigée contre leur ennemi mais ils étaient peu à vouloir oublier que leurs amis avaient perdu la vie sans être vengés.
Les réclamations étaient nombreuses et les dénonciations immédiates.
Pour l'instant, la seule mesure qu'elle avait pu prendre étaient de ramener chacun avec l'armée de son peuple.
La belle concorde qu'elle avaient espéré semblait révolue.
Ses faucons de la nuit étaient les seuls à accepter de côtoyer quelqu'un d'une autre race.
Nasuada avait chargé Trianna de l'enquête avec deux missions : découvrir comment l'empire avait réussi cette attaque et découvrir qui avait tué.
Les résultats lui arrivaient à chaque heure.
Beaucoup d'urgals avaient été accusés de meurtre mais seule une poignée d'entre eux se trouvaient sur les lieux. Nasuada se demandaient si les accusations étaient dues à la vieille haine ou si un urgal meurtrier avait été suffisamment impressionnant pour donner à croire qu'il y en avait plusieurs. Il y avait également la possibilité que certains règlent des comptes personnels.
En revanche, personne ne savait comment l'empire avait provoqué des explosions.
Une des expériences d'Orrin avait déjà provoqué une explosion étrangement similaires à Abéron mais il ne pouvait s'agir d'un accident. Orrin gardait tout son matériel dans sa tente et même si une partie avait été endommagée, tout était resté loin des chevaux. D'un autre coté, Angela avait utilisé le matériel d'Orrin donc elle avait pu en emporter mais elle était compétente. Nasuada doutait fortement qu'elle puisse faire preuve de négligence au point provoquer un tel chaos.
La seule chose sûre, c'était que des explosions avaient effrayé les chevaux et débuté un incendie près de leur foin.
Des hommes avaient crié que l'empire attaquait et la situation a dégénéré à partir de ce moment.
Nasuada avait elle-même interrogé un de ses vardens qui avait crié à une attaque impériale.
Il avait reconnu les faits et était convaincu qu'il s'agissait bien d'une attaque. Mais il n'était pas sûr de se souvenir s'il avait été le premier à crier. Il affirmait qu'il n'avait rien entendu de tel mais avait réagi à des cris de douleur et la vision d'armes brandies.
En pleine nuit, dans la confusion, ils étaient peu à être capables de comprendre de ce qu'il se passait. Les cris avaient suffit à faire croire que le camp était attaqué.
Et pendant ce temps, la tentative pour délivrer le roi Orrin avait lamentablement échoué.
Nasuada lançait un regard courroucé à Eragon et Arya qui se tenaient devant elle.
‒ J'espérais une autre issue à votre équipée de cette nuit, dit-elle.
‒ Il faut reconnaître que les impériaux se sont révélés malins, répondit Arya. Ils menaient bonne garde autour d'Orrin.
‒ Assez pour vous faire reculer, déclara Nasuada plus sèchement qu'elle ne voulait.
Les yeux d'Arya ne cillèrent pas.
‒ Nous avons vu que le camp était attaqué en même temps, se défendit Eragon. À quoi bon sauver Orrin si les Vardens sont détruits ?
‒ Je ne vous blâme pas, murmura Nasuada de mauvaise humeur.
Leur arrivée avait calmé les ardeurs meurtrières mais Nasuada ne pouvait s'empêcher d'être déçue de leur piètre performance. Infiltrer le camp impérial par les airs avait été un exploit mais il serait certainement impossible de recommencer.
‒ Si seulement, l'empire n'avait pas attaqué au même moment, maugréa-t-elle.
Le silence qui suivit ses paroles ne fut interrompu que par le bruit de mastication d'Elva derrière Nasuada.
Après la bataille, Nasuada avait voulu garder la petite fille à proximité à la fois pour la protéger et pour être prévenue au plus tôt si la petite voulait partageait l'une des prémonitions qu'elle avait à l'occasion quand le sort d'Eragon lui faisait sentir quelque chose.
Elva leva la tête et croisa le regard de l'elfe et du dragonnier. Elle les fixa un moment avant de reporter son attention sur la cuisse de poulet qu'elle tenait dans sa main. Ses yeux se tournèrent de nouveau vers Eragon et elle ricana.
‒ Ne te gênes pas ! Tu dois bien savoir que je sens le malheur arriver autour de moi !
Eragon tressaillit et se rappela de la promesse qu'il avait faite de lever la malédiction qui avait bouleversé la vie du bébé qu'il avait voulu bénir.
‒ Mais j'ai été très occupée par la douleur d'Ajihad !
L'ancien chef des Vardens choisit ce moment pour gémir.
Maintenu en vie par les soins d'Angela, il était loin d'être remis. Personne ne croyait qu'il pourrait un jour redevenir ne serait-ce qu'un vestige de l'homme qu'il était auparavant. Il n'était plus que douleur à peine atténuée.
Mais Nasuada ne pouvait se résoudre à s'en éloigner.
C'était le devoir né de la piété filiale qui la faisait aller de l'avant jusqu'alors. Mais cette piété était maintenant teinté de haine pour Galbatorix et tout ce qui s'en rapprochait et son cœur se laissait de plus en facilement dominer par la rage.
Elle ne voulait plus justice mais vengeance.
Même si elle savait qu'Elva endurait une bonne part des douleurs qui accablait son père, Nasuada perdait toute la compassion qu'elle avait pu avoir pour l'enfant grandie trop vite. Elle commençait inconsciemment à lui reprocher intérieurement de ne pas soulager plus Ajihad.
Elva en était presque à lui proposer de soulager Ajihad en l'achevant. Mais le sort d'Eragon la forçait à protéger les autres quel que soit le prix qu'elle devait payer. Elle ne pouvait se dérober.
‒ Déplorer notre échec ne servirait à rien, déclara Arya. La rancune a prit place dans le cœur de nombreux hommes contre ceux qui devraient être leurs alliés et amis. Si vous restez ici, ils risquent de se laisser emporter par leurs émotions. Vous devez ranimer la flamme qui les animaient et leur rappeler qui est leur véritable ennemi.
‒ Des discours ? Des mots ? L'ennemi est là ! Pourquoi perdre du temps à parler ? Les nains sont arrivés et Murtagh est reparti vers le tyran. C'est le meilleur moment pour un revanche.
‒ Les hommes sont épuisés après cette nuit, fit remarquer Eragon, et les Surdans refuseront tant que leur roi est prisonnier.
‒ Que m'importe leur réticence ? Orrin m'a laissé le commandement. Son absence n'y change rien ! Au contraire, ils pourraient le délivrer.
‒ Et le retrouver mort exécuté, commenta Elva. Ton armée ira en courant à la mort. Si tu veux mourir, n'entraîne pas tes hommes. Il y a assez de douleur comme ça !
La petite fille ignora avec nonchalance le regard que lui lança Nasuada.
À ce moment, Eragon apprit par Saphira, restée à l'extérieur, que son cousin tenait à le voir sans attendre.
Sentant son trouble, Arya l'interrogea du regard.
‒ Ce n'est rien ! Mon cousin veut me parler, murmura-t-il.
Nasuada inspira profondément et leur refit face.
‒ Soit ! Avant de lancer une nouvelle attaque, nous devons comprendre ce qu'il s'est passé. Quand Trianna aura terminé son enquête, il sera temps que l'empire connaisse notre colère.
« Il s'impatiente et ne veut parler qu'à toi. Vous êtes comme de la même couvée alors tu devrais l'écouter » dit Saphira à Eragon.
‒ Mais Trianna ne connaît pas de magie capable de blesser à si longue distance de celui qui la lance, à moins que des magiciens de la main noire aient réussi à venir jusqu'ici. Les elfes savent-ils quelque chose à ce sujet ? Et les dragonniers ?
Eragon réfléchit à tout ce que lui avait enseigné Oromis.
‒ Il est aisé de provoquer une explosion sans même user de magie, révéla Arya. Mais faire en sorte de provoquer une explosion après un temps nécessite un savoir que les humains ne devraient pas avoir ou bien en utilisant la magie mais il faut une grande précision.
‒ Comment cela « un savoir que les humains ne devraient pas avoir » ? Qui nous interdit ce savoir ? Les dieux ?
Arya secoua la tête.
‒ Je ne parle parle pas d'interdiction mais les elfes ont fait de longues recherches pour découvrir cela. Je sais que le roi Orrin explore les mystères du monde mais il n'en est qu'aux balbutiement de ce que nous avons découvert.
‒ Il sera déçu de l'apprendre ou peut-être enthousiaste devant les futures éventuelles recherches qu'il pourrait mener, commenta Nasuada. L'empire aurait-il pu découvrir ces secrets ?
‒ C'est possible mais j'en doute. Nombreuses furent les bibliothèques qui brûlèrent lors des batailles pendant l'avènement de l'empire. Dans leur recherche de la science, ils doivent repartir de zéro. En interrogeant des soldats prisonniers, j'ai pu me rendre compte de l'étendue de leur ignorance.
‒ Et par magie ? continua Nasuada.
‒ La Main noire serait capable de provoquer une explosion ! Mais faire en sorte qu'une explosion survienne un temps après avoir lancé le sort est bien plus difficile. Si un magicien de la Main noire a réussi à s'infiltrer dans le camp, il faudrait qu'il ait une grande puissance et qu'il ait une bonne maîtrise de l'ancien langage.
‒ Peut-être avec un objet, supposa Eragon.
‒ C'est difficile à dire. Je ne vois pas comment les impériaux pourrait faire exploser quelque chose avec un objet. Si on emmagasine de l'énergie dans un objet quelconque, l'énergie finit par se dissiper mais peut provoquer des réactions imprévisibles. Si de l'énergie est stockée ailleurs que dans un diamant, le résultat est instable. Si on stocke l'énergie dans du bois, il finit en général par prendre feu au bout de quelques heures mais parfois il finit juste par se décomposer. Si c'est une pierre, elle peut se casser et les éclats sont éjectés de tous cotés. Mais, les meilleurs magiciens elfes ne sont jamais parvenus à découvrir pourquoi et le délai entre le moment où la magie est stockée et celui où l'objet finit par la laisser s'échapper. Si on met de l'énergie dans deux bâtons de même taille, ils ne prendrons pas feu au même moment. Il est arrivé à plusieurs reprises que des matériaux gavés d'énergie explosent mais cela est arrivé en de très rares occasions et à chaque fois, il s'était passé un court temps entre le stockage de l'énergie et l'explosion mais encore une fois le temps avant l'explosion était différent à chaque fois.
Toute la tirade d'Arya avait été faite en ancien langage provoquant le mécontentement de Nasuada laissée dans l'ignorance de ce qu'elle disait.
‒ Cependant, continua-t-elle, la nuit dernière, les explosions ont eu lieu au même moment avec à peine quelques instants au plus entre chacune. Si les magiciens elfes ont été incapables de découvrir les mystères du stockage d'énergie dans des matériaux autre que des diamants alors comment de simples humains le pourraient ?
‒ Mais en uti… commença Eragon avant qu'Arya ne lui souffle par pensée de n'utiliser que l'ancien langage.
Il jeta un coup d'œil vers Nasuada qui ne semblait pas apprécier d'être tenue à l'écart de leur discussion mais se contenait pour l'instant.
‒ Et donc, s'ils utilisent des diamants ? demanda-t-il en ancien langage.
‒ Alors, l'énergie sera conservée pour un période indéterminée. Pour autant que nous le sachions, l'énergie stockée dans un diamant ne se dissipe pas les trois premiers siècles.
‒ Et après trois siècles ?
‒ L'expérience n'a commencé qu'il y a trois siècles. Pour l'instant, il n'y a aucun signe de variation quel que soit la quantité d'énergie stockée. Mais, il est encore trop tôt pour évaluer ce qu'il arrive après ce temps. Mais de toute façon, même si l'énergie est conservée, elle ne peut provoquer d'explosion par elle-même. Il faut bien quelqu'un pour lancer le sort. En revanche, si un magicien utilise un diamant pour alimenter l'énergie d'une explosion alors celle-ci aura lieu sans délai. Mais, il aurait fallu autant de magiciens de la Main noire qu'il y a eu d'explosions et je ne pense pas que la vigilance des sentinelles aient pu faire défaut à ce point.
Un peu perdu par la longue explication d'Arya, Eragon cherchait à comprendre comment l'empire avait procédé.
‒ Je ne peux pas émettre d'hypothèse, dit simplement Arya à Nasuada. Aucun impérial n'a été trouvé donc nous ne pourrons pas leur arracher le secret.
‒ ERAGON ! cria Roran à l'extérieur de la tente.
‒ En ce cas, continua Nasuada. Puisque la garde sera renforcée près d'Orrin, il serait peut-être possible d'entrer dans le camp impérial de l'autre coté pour enlever des soldats et les interroger.
‒ J'en doute ! Les magiciens de la Main noire ne sont sûrement proches de l'entrée du camp. Et nous n'avons aucune idée de l'endroit où ils peuvent se trouver. Nous ne pouvons fouiller partout.
‒ ERAGON ! AS-TU OUBLIÉ TA PROMESSE ?
« Tu ferais mieux de venir »
‒ Qu'attendez-vous pour le faire taire ? commanda Nasuada aux faucons de la nuits.
‒ Attends ! C'est Roran, mon cousin !
Nasuada regarda sèchement le dragonnier.
‒ Et alors ? Nous ne sommes pas dans ton village ici. Ton cousin ne peut pas interrompre un conseil de guerre. Tous ici sont traités de la même façon. Je ne lui ferai pas de traitement de faveur sous prétexte qu'il est de ta famille.
‒ Si je puis me permettre, Dame Nasuada. Je peux répondre à vos questions concernant les recherches elfiques dans la mesure du possible. Il s'agit de secrets qu'étudiaient mon peuple et les dragonniers donc même si Eragon en sait une partie, sa formation est incomplète sur le sujet.
‒ Soit ! Tu peux rejoindre ton cousin ! Fais en sorte qu'il ne donne pas un exemple un comportement aussi déplorable, lança Nasuada contrariée.
Après avoir salué et adressé des remerciements silencieux à Nasuada, Eragon sortit.
Roran, marteau en main, faisait face aux faucons de la nuit.
Saphira se tenait derrière les ailes déployées.
‒ Baissez vos armes ! Je m'en charge !
‒ Nous refusons ! répliqua l'un des nains de la garde. Nous ne pouvons laisser un homme armé et dangereux s'approcher davantage.
‒ Très bien ! Roran peux-tu ranger ton marteau ?
Roran toisa les gardes avant de finalement remettre son marteau à sa ceinture.
Eragon s'éloigna de la tente de Nasuada.
‒ Il est temps que tu tienne ta promesse ! Katrina est prisonnière depuis trop longtemps maintenant !
‒ Écoute ! Tant que le roi Orrin…
‒ Le roi Orrin est plus important que ta famille ?
‒ Non bien sûr ! Mais la situation est assez dangereuse ici entre le roi Orrin prisonnier et les attaques de l'empire ! Si je pars d'ici, les Vardens risquent d'être attaqués immédiatement.
‒ Tu était là et pourtant l'empire a attaqué quand même ! J'en ai assez de tes excuses ! J'ai accepté d'attendre mais c'en est trop ! Katrina est en danger et je ne resterai pas à attendre ton bon plaisir !
‒ J'ai mes responsabilité envers les peuples libres !
Roran tendit un doigt accusateur vers son cousin.
‒ Garrow est mort par ta faute !
Eragon recula d'un pas avec une expression choquée.
‒ Arrête ! Ne dis pas ça !
‒ Tu as attiré l'attention de l'empire en découvrant l'œuf de Saphira et quand tu as découvert sa nature, tu n'en as rien dis.
‒ Je ne savais pas que l'empire allait envoyer envoyer les Ra'zac. Ils ont du savoir que l'œuf était là à cause des marchands à qui je l'ai montré ou bien un espion varden que l'empire a capturé, murmura Eragon.
‒ Eh bien, il est quand même venu ! Même si tu ne savais pas que c'était un œuf de dragon à ce moment, tu l'as su après et tu n'en a rien dis. Et après sa mort, tu es stupidement parti traquer ses meurtriers sans prendre la peine d'offrir un hommage à Garrow. Seul Brom a pensé à m'expliquer ce qu'il se passait. L'empire est revenu par ta faute ! Quimby et les autres sont morts par ta faute ! L'empire devait penser que ta famille avait de l'importance à tex yeux ! Ils se sont trompés, on dirait !
‒ Tu crois que je ne le sais pas ! Les ra'zac ont torturé Garrow mais c'est comme si c'était moi qui l'avait fait ! Oui, je vous ai mis en danger, Garrow, toi et tout le village !
‒ Si tu en es conscients, qu'attends-tu pour prendre tes responsabilités ? Il est trop tard pour Garrow mais Katrina peut encore être sauvée !
« PAIX VOUS DEUX ! »
La voix de Saphira tonna soudain pour les deux cousins.
« Le seul coupable est le briseur d'œufs et ses auxiliaires ! C'est contre lui que vous devez porter votre colère ! »
Instinctivement, Roran porta ses mains à ses oreilles comme s'il pouvait protéger sa tête contre l'intrusion mentale de la dragonne.
« Eragon ! Je ne peux pas prétendre que je comprends réellement la façon de penser des humains mais il me semble que ceux qui sont de la même couvée s'aident et se protègent ! »
Il sentait le souffle chaud de la dragonne et se détendit.
« Mais, les Vardens ! »
« Peux-tu protéger les Vardens si tu ne peux protéger les tiens ? Je te connais mieux que personne. Malgré tes fautes, tu as du cœur ! Tu ne veux pas que quelqu'un souffre par ta faute ! Ne te sens pas coupable de la mort de ton oncle ! S'il est comme tu me l'as décris, il serait mort volontiers plutôt que de laisser l'empire te faire du mal. Tu as beaucoup pensé à Roran depuis que nous avons quitté ton nid. Tu craignais que l'empire ne se serve de lui pour te faire du mal et t'obliger à nous livrer à lui. De même, le briseur d'œuf peut se servir de Katrina pour atteindre ton cousin et toi par ricochet ! »
« Je vais finir par croire que je devrais écouter cette magicienne de l'empire et aller directement me confronter à lui »
« Nos crocs sont acérés et nos flammes puissantes mais je ne souhaite pas suivre son invitation, au moins tant que tu n'as pas récupéré une griffe digne de ce nom. Mais nous avions déjà deux bonnes raisons de montrer notre puissance à ces répugnantes créatures »
« Deux ? »
« La mort de ton oncle et notre fuite sont deux raisons suffisantes pour les détruire ! »
« Nous n'avons pas fuis ! Nous les avons pourchassés »
« Mais avant cela, nous avons fuis. Enfin, j'ai fuis en t'emportant. Comment oserais-je me présenter devant Glaedr si je lui dis que j'ai eu l'occasion de me venger et que je me suis dérobée encore. En chasse ! Faisons leur rendre gorge ! »
Eragon reporta son attention vers son cousin.
‒ Je te demande pardon ! J'ai négligé ma famille ! Laisse-moi me rattraper !
Roran eut un sourire et le prit dans ses bras.
‒ J'aime mieux ça ! Je me demandais ce que ces elfes t'avais mit dans la tête ! Laisse les Surdans se charger de leur roi !
‒ Laisse-moi seulement prévenir Nasuada !
Roran grimaça.
‒ Bien, mais fais vite !
Arya quitta la tente au moment où Eragon y retournait.
Elle l'interrogea du regard et il dut la prévenir.
Contrairement à ce qu'il pensait, elle ne tenta pas de le dissuader.
‒ Ne laissons pas l'empire avoir un moyen de faire pression sur toi !
En revanche, Nasuada fut moins compréhensive.
Arya lui promit qu'elle pouvait faire en sorte que l'empire ne remarque pas le départ du dragonnier.
Sentant le regard dur d'Elva, Eragon alla la voir également et se mit à sa hauteur.
‒ J'ai besoin de toute mon énergie pour me rendre là-bas mais je te promets que je tenterai de défaire la… le sort que je t'ai lancé, dit-il en ancien langage.
La petite fille hocha la tête en retour.
‒ Fais au moins en sorte que les hommes ne sachent rien, déclara Nasuada. Leur moral en prendrait un coup décisif. Faites semblant de partir vers le sud. Je ferai dire que je vous ai envoyé surveiller les convois qui doivent arriver du Surda et que vous ne reviendrez qu'à la nuit.
‒ Bien et merci Nasuada !
Elle fit un geste de la main.
‒ Je sais ce qu'est c'est que d'avoir peur pour sa famille. Quand vous l'aurez sauvée, n'hésite pas à te faire remarquer. Ta présence si loin à l'intérieur de l'empire pourrait provoquer une petite panique. Maintenant, va !
