Le ciel était sombre ce jour-là, comme si même la nature pleurait la perte de la mère de Seto et Mokuba. La pluie tombait doucement sur le cimetière, recouvrant les pierres tombales d'un voile humide et glacé. Autour de la tombe fraîchement creusée, une petite foule s'était réunie pour rendre hommage à une femme partie trop tôt.
Seto, âgé de 6 ans à peine, se tenait aux côtés de son père, la main fermement serrée dans la sienne. Ses yeux étaient grands, perdus dans la contemplation du cercueil qui disparaissait sous la terre. À côté d'eux, dans le landau, Mokuba, encore un nouveau-né, dormait paisiblement, inconscient du drame qui venait de frapper leur famille.
La voix du prêtre résonnait doucement, psalmodiant des paroles de réconfort que Seto n'entendait pas vraiment. Son esprit était ailleurs, noyé dans une confusion trop grande pour son jeune âge. Tout ce qu'il savait, c'est que sa mère était partie, qu'elle ne reviendrait plus. Il ne comprenait pas pourquoi ni comment, mais la gravité de la situation était trop évidente pour qu'il l'ignore.
Son père, debout à ses côtés, tentait de se tenir droit, mais le poids de la perte écrasait ses épaules. Ses yeux, autrefois remplis de vie et de tendresse, étaient maintenant ternes, rouges de larmes retenues. Pourtant, malgré sa propre douleur, il tenait bon, conscient qu'il devait être fort pour ses deux fils.
Seto, les yeux fixés sur la tombe, finit par briser le silence. « Papa, est-ce que maman va vraiment rester là-dessous pour toujours ? »
La question poignarda le cœur de son père. Il se baissa à la hauteur de son fils, ses genoux touchant presque le sol mouillé. « Oui, Seto… maman est partie. Elle ne reviendra pas. »
Seto fronça les sourcils, cherchant à comprendre l'incompréhensible. « Pourquoi elle est partie ? Est-ce que c'est parce qu'elle ne nous aimait plus ? »
Les mots de son fils étaient comme des coups de couteau, mais son père garda son calme, bien qu'une larme traîtresse coula sur sa joue. « Non, mon grand. Ta maman vous aimait plus que tout au monde. Elle ne voulait pas partir, mais elle était malade. Parfois, la maladie est plus forte que l'amour, plus forte que nous. Mais elle vous aimait, toi et Mokuba, plus que tu ne pourras jamais l'imaginer. »
Seto baissa la tête, ses petits poings se serrant autour du manteau de son père. « Je ne veux pas qu'elle parte. Je veux qu'elle revienne. »
Son père posa une main sur la joue de Seto, forçant doucement son regard à croiser le sien. « Moi aussi, Seto. Je donnerais tout pour la faire revenir. Mais même si elle n'est plus là physiquement, elle sera toujours avec nous, dans nos cœurs. »
Seto cligna des yeux, essayant de retenir ses larmes. Il regarda Mokuba, endormi, ignorant tout de ce qu'ils traversaient. « Et Mokuba ? Il ne la connaîtra jamais ? »
La voix de Seto était chargée d'une tristesse si pure, si innocente, que son père sentit son cœur se briser un peu plus. Il posa un regard plein d'amour sur son nouveau-né. « Non, il ne la connaîtra pas comme toi tu l'as connue, mais je te promets que nous lui parlerons d'elle, que nous lui raconterons combien elle l'aimait. Mokuba saura qui elle était à travers nous. »
Le prêtre acheva ses prières, et les rares personnes présentes commencèrent à s'éloigner, laissant la famille dans l'intimité de leur deuil. Le père de Seto resta agenouillé, la pluie se mêlant aux larmes qui coulaient désormais librement sur ses joues. Il serra la petite main de Seto dans la sienne et, pour la première fois depuis la mort de sa femme, il trouva les mots qu'il devait dire.
« Seto… Je sais que c'est dur. C'est dur pour toi, c'est dur pour moi, et Mokuba ne pourra jamais comprendre ce qu'il a perdu. Mais je te promets quelque chose, ici, maintenant. Je serai toujours là pour vous. Vous êtes ma raison de vivre. Toi et Mokuba, vous êtes tout ce qui me reste. Je vous protégerai, je vous élèverai, et je vous aimerai de tout mon cœur. Je ne laisserai jamais rien vous arriver, jamais. »
Seto sentit les larmes monter à nouveau. Mais cette fois, il ne les retint pas. Il se jeta dans les bras de son père, s'accrochant à lui de toutes ses forces, cherchant du réconfort là où il pouvait encore en trouver.
« Moi aussi je t'aime, papa. »
Son père serra Seto contre lui, murmurant doucement à son oreille. « Nous serons forts, mon garçon. Pour elle. Nous lui rendrons hommage en vivant, en étant heureux. Je te le promets. »
Ils restèrent là, sous la pluie, Mokuba toujours endormi dans le landau, et Seto blotti contre son père. Ensemble, ils faisaient face à la tragédie qui venait de frapper leur famille, unis dans leur chagrin mais aussi dans leur amour.
Et, malgré la pluie, malgré la douleur, une lueur d'espoir persistait. Celle de l'avenir qu'ils allaient construire, tous les trois, ensemble.
