L'emprise du prince

Eddie était assis dans ses appartements, les épaules tendues et les doigts tambourinant nerveusement contre les bras du fauteuil en cuir. Le crépuscule avait enveloppé le palais d'une obscurité veloutée, seulement interrompue par les éclats des bougies et des lampes qui illuminaient la fête en cours.

De sa grande fenêtre, il pouvait entendre les bruits lointains de la célébration : des éclats de rire, des murmures de conversations animées, et le doux tintement des verres entrechoqués. Pourtant, tout cela semblait lointain et insignifiant comparé à l'agitation qui tourmentait son esprit.

Il était soulagé d'avoir quitté la fête.

La tension accumulée tout au long de la soirée lui pesait lourdement, et le sourire qu'il avait dû afficher constamment avait fini par lui donner l'impression de porter un masque de plomb. La fatigue émotionnelle l'avait envahi, rendant chaque échange superficiel, chaque éclat de rire forcé.

Eddie ne supportait plus cette façade, ce rôle qu'il jouait avec tant de perfection depuis des années. Il savait que la plupart des convives étaient déjà ivres, perdus dans leurs propres excès, et que rien d'important ne se produirait plus ce soir. La fête continuerait sans lui, emportée par le flot de l'alcool et des conversations sans fin, tandis que lui se réfugiait dans la solitude de ses appartements.

Mais ce n'était pas seulement le besoin de solitude qui l'avait poussé à s'éclipser.

Une autre pensée l'obsédait, accaparant son esprit au point de rendre tout le reste flou et sans importance : l'image de Buck. Depuis qu'il avait quitté la salle de bal, cette image s'était imposée à lui avec une intensité presque douloureuse. Il revoyait le visage de Buck, son regard, ses sourires à la fois complices et énigmatiques. Chaque détail était gravé dans sa mémoire comme une brûlure.

Eddie avait hâte de le voir arriver.

Il ne savait pas exactement pourquoi cette attente le dévorait ainsi, mais il sentait qu'un moment crucial approchait. Les minutes s'étiraient en longueur, rendant l'attente presque insupportable. Ses doigts continuaient de tambouriner nerveusement contre le cuir, comme pour évacuer l'énergie contenue en lui, mais rien n'y faisait.

La fête, avec ses bruits et ses lumières, paraissait si lointaine maintenant.

C'était comme si deux mondes existaient en parallèle : celui du palais, rempli de frivolités et de rires éphémères, et le sien, centré autour de cette seule pensée, de ce seul visage. Il inspira profondément, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur.

Il était si parfait.

Chaque détail du jeune serviteur semblait gravé dans sa mémoire avec une clarté saisissante. Ses boucles blondes, à peine ébouriffées, qui tombaient avec désinvolture autour de son visage, semblaient captiver chaque rayon de lumière. Eddie se rappelait le sourire franc de Buck, un sourire qui avait illuminé le visage du jeune homme et fait naître en lui un désir brûlant. Ses yeux bleus, si expressifs et hypnotiques, semblaient posséder une profondeur que l'on ne trouve que dans les rêves les plus fous.

Ce qui le perturbait encore plus était la manière dont Buck avait interagi avec Christopher. L'affection simple et sincère qu'il montrait au jeune prince l'avait touché plus qu'il ne voulait l'admettre. Voir Buck se pencher pour offrir des friandises à Christopher avec une telle gentillesse et une douceur presque paternaliste avait résonné au plus profond de ses tripes. C'était cette image, cette connexion inattendue entre le serviteur et le jeune prince, qui avait agité ses sens et éveillé un désir insatiable en lui. L'idée de posséder quelqu'un qui pouvait être si attentionné, si délicat et pourtant si vulnérable, le hantait.

Eddie se leva brusquement, ses pensées tourbillonnant comme une tempête.

Il marchait de long en large dans la pièce, incapable de rester en place. Les détails de l'apparence de Buck, son attitude hésitante mais résolue, l'expression presque timide dans ses yeux, tout cela alimentait son obsession croissante. Chaque fois qu'il fermait les yeux, il voyait le jeune homme, et son désir de le posséder, de jouer avec lui comme avec une poupée fragile, ne faisait que croître. Eddie savait qu'il devait avoir Buck sous son emprise, et l'idée même de cette domination l'enivrait d'excitation et d'anticipation.

Sa chambre était un véritable chef-d'œuvre de luxe et d'opulence, une enclave de confort et de pouvoir où chaque détail semblait avoir été choisi avec soin pour exalter la richesse et le statut du prince. Les murs étaient drapés de tentures pourpres et dorées, les tissus lourds tombant en cascades élégantes et formant des ondulations somptueuses qui captaient la lumière des chandeliers en or massif. Ces derniers diffusaient une lumière chaude et tamisée, projetant des ombres dansantes sur les murs et créant une ambiance à la fois intime et majestueuse.

Le sol était couvert de tapis épais, ornés de motifs complexes et de couleurs riches, qui ajoutaient une douceur luxueuse sous ses pieds nus. Au centre de la pièce, trônait un lit à baldaquin somptueux, ses quatre colonnes en bois de chêne finement sculpté s'élevant avec une majesté imposante. Le lit était recouvert de draps en soie d'un bleu profond, agrémentés de coussins en velours pourpres, offrant un contraste envoûtant avec les tissus dorés des tentures. Les draps étaient parfaitement tendus, prêt à accueillir les moments les plus intimes dans une étreinte de luxe et de confort.

À côté du lit se trouvait un coffre en bois précieux, soigneusement sculpté pour s'accorder avec le mobilier de la pièce. Chaque détail du coffre témoignait du goût exquis du prince, des ferrures en bronze poli aux délicates gravures qui ornaient le bois sombre. C'était plus qu'un simple meuble, c'était une extension de son être, un symbole de son besoin inébranlable de contrôle et d'ordre.

Lorsqu'il ouvrit le coffre, un léger grincement se fit entendre, un son qui déclencha en lui une satisfaction sourde. À l'intérieur, chaque accessoire était parfaitement à sa place, ordonné avec une précision presque obsessionnelle. Les cordes, tressées en chanvre doux mais résistante, étaient enroulées en cercles parfaits, sans le moindre pli. Il les touchait parfois du bout des doigts, appréciant la texture brute sous sa peau, anticipant le moment où elles serviraient à immobiliser, à restreindre, à faire céder sous sa volonté. Chaque mètre de corde avait sa raison d'être, chaque nœud était une promesse de domination.

Les chaînes, en acier poli, étaient également soigneusement disposées.

Leur poids, leur froidure métallique, contrastait avec la douceur des cordes. Eddie aimait jouer sur cette dualité, ce mélange de sensations, entre la caresse d'une corde et la morsure froide du métal contre la peau nue. Leur cliquetis lorsqu'il les soulevait était pour lui comme une mélodie familière, un prélude à des plaisirs où il dictait chaque mouvement, chaque soupir. Ces jeux n'étaient pas de simples distractions, mais un rituel où il orchestrait chaque détail avec la minutie d'un maître artisan.

Les fouets, rangés en ligne, attiraient immédiatement l'œil par leur présence menaçante.

Les lanières, en cuir souple et parfaitement entretenu, pendaient avec une lourdeur latente, prête à libérer leur potentiel à tout instant. Eddie les maniait avec une habileté qui frôlait l'art. Il savait exactement comment doser la force de chaque coup pour créer un équilibre parfait entre douleur et plaisir. C'était dans ce contraste, dans cette frontière floue entre la souffrance et la jouissance, qu'il trouvait une forme de pouvoir absolu, un contrôle total sur les sensations de l'autre.

Mais ce n'était pas seulement l'acte en lui-même qui le fascinait, c'était aussi la préparation, l'ordre parfait avant le chaos calculé. Les autres accessoires étaient disposés avec un soin tout aussi méticuleux. Masques, pinces, anneaux…, chaque objet avait sa place assignée dans le coffre, comme les pièces d'un puzzle complexe dont il était le seul à connaître le secret. Rien ne devait être laissé au hasard, car pour Eddie, le contrôle était essentiel. Il devait tout maîtriser, depuis la disposition de chaque instrument jusqu'à la réaction de son partenaire sous son emprise.

Il éprouvait une certaine jouissance à savoir que tout était prêt, que chaque élément attendait sagement d'être utilisé selon ses désirs. Le simple fait de contempler cet ordre parfait, ce calme avant la tempête, renforçait son sentiment de puissance. Et lorsque venait le moment d'agir, il le faisait avec une confiance froide, presque calculatrice, transformant l'intimité en un terrain de jeu où il dictait les règles, où il était le maître absolu.

Pour lui, le plaisir n'était jamais sans douleur, tout comme l'ordre n'était jamais sans contrôle. Chaque jeu, chaque session, était une danse complexe entre ces forces, un ballet où chaque mouvement était soigneusement chorégraphié, où chaque cri était une note dans une symphonie dont il était le seul compositeur.

Eddie, avec ses désirs clairs et ses intentions définies, savait que Buck serait un participant idéal à ses explorations, et il anticipait déjà les moments à venir avec une impatience presque palpable. L'idée que Buck pourrait être un partenaire aussi dévoué et enthousiaste, enflammait son imagination, le convainquant qu'il n'aurait pas besoin de se retirer avant de jouir, sachant que Buck ne pourrait pas le rendre père. Le prince était déterminé à expérimenter tout ce qu'il avait prévu, peut-être même plusieurs fois si Buck se révélait à la hauteur de ses attentes.

Un coup timidement frappé à la porte interrompit ses pensées. Il sourit d'impatience, devinant qui se trouvait de l'autre côté.

– Entrez, ordonna-t-il d'une voix ferme.

La porte s'ouvrit doucement, laissant apparaître Buck.

Le jeune homme se tenait devant Eddie avec une certaine appréhension, ses yeux bleus, brillants d'une lueur d'incertitude, mais également d'une détermination timide. Eddie le détailla avec une intensité presque palpable, ses yeux se perdant dans la contemplation de chaque nuance de beauté que Buck dégageait. Le contraste entre l'innocence apparente de Buck et son attitude dominante était électrisant, et l'attirance qu'il ressentait se manifestait par une vague de chaleur qui envahissait chaque fibre de son être.

Buck était un tableau vivant de beauté et de jeunesse.

Ses cheveux blonds, légèrement en bataille, donnaient un air à la fois sauvage et naturel, comme s'ils avaient été effleurés par une brise légère. Ses yeux, d'un bleu profond, captivaient la lumière d'une manière hypnotique, mettant en valeur une vulnérabilité qui contrastait magnifiquement avec l'assurance d'Eddie. Même son uniforme de serveur, bien que simple, épousait parfaitement sa silhouette élancée et musclée, chaque mouvement révélant la fluidité de son corps.

Eddie ressentit une montée d'excitation et de désir face à cette vision, une passion dévorante qui le poussait à vouloir posséder Buck de toutes les manières possibles. Il n'y avait rien de plus parfait à ses yeux que ce jeune homme qui se tenait là, hésitant mais résolu, l'air à la fois fragile et puissant. Chaque instant passé à observer Buck ne faisait qu'intensifier son désir, le rendant presque impatient de transformer cette fascination en quelque chose de plus tangible. La façon dont Buck se tenait, son attitude à la fois timide et fière, enflammait encore plus son imagination, le conduisant à fantasmer sur les possibilités infinies que cette rencontre pouvait offrir. Le désir brûlant de le faire sien, de le contrôler et de le faire s'abandonner à lui, s'intensifiait avec chaque regard, chaque respiration.

– Au moins, tu es à l'heure, lâcha-t-il pour la forme, en allant fermer la porte, le faisant sursauter. Tu sais évidemment pourquoi j'avais besoin de te parler?

– Je… crois…

– Je ne t'entends pas, se moqua-t-il sentant le pouvoir couler à travers lui.

– Je…, Votre Altesse, lança-t-il plus fort en se redressant croisant son regard déterminé. J'ai donné quelques friandises au prince Christopher.

– Alors que je le lui avais formellement interdit, tonna-t-il plus fort.

Buck balbutia, cherchant ses mots, ce qui le rendait encore plus adorable à ses yeux. Eddie allait se faire un plaisir de jouer avec ce jeune agneau bien loin de comprendre dans quel piège il était tombé.

– Je… Je suis désolé, Votre Altesse. Monsieur Christopher m'a demandé si gentiment… Je ne pouvais pas lui refuser, murmura Buck, visiblement mal à l'aise.

Eddie ressentait une frénésie irrésistible à l'idée de s'emparer de Buck sur-le-champ, une pulsion brute et impérieuse qui menaçait de le submerger. Cependant, il trouvait un plaisir pervers dans le jeu de pouvoir qu'il exerçait, chaque instant d'attente et de contrôle amplifiant son désir. La maîtrise qu'il avait sur la situation, la manière dont il pouvait savourer chaque seconde de cette tension, rendait l'attente encore plus exquise et excitante.

– Et que penses-tu mériter comme punition pour avoir permis à mon fils de me désobéir? Le fouet peut-être? continua Eddie, un sourire cruel aux lèvres.

– Si telle est votre décision, je l'accepterai, Votre Altesse, répondit Buck avec courage gardant la tête haute tout en prenant soin de ne pas croiser son regard.

Eddie attrapa son menton entre ses doigts pour le forcer à le regarder dans les yeux. Buck croisa son regard et Eddie se délecta de son air effrayé.

Eddie savourait l'instant, observant chaque nuance dans les yeux de Buck. Ce qu'il y lisait le fascinait, le grisait. Il y avait cette fierté farouche, cette bravoure que Buck tentait de maintenir malgré la situation, mais derrière, juste sous la surface, se cachait une lueur de peur et de vulnérabilité. Eddie pouvait presque sentir le battement rapide de son cœur, la tension qui raidissait son corps. Il percevait aussi l'hésitation du jeune homme, un mélange d'appréhension et de soumission qui attisait son désir de domination.

Buck n'était pas encore conscient de ce que le prince attendait vraiment de lui, mais Eddie savait déjà comment jouer avec cette innocence. La terreur dans les yeux de Buck, si subtile et pourtant si présente, était une source de plaisir pour lui. Il se délectait de ce pouvoir qu'il avait sur lui, de cette capacité à faire plier quelqu'un d'aussi fier et courageux.

En forçant Buck à soutenir son regard, Eddie cherchait à briser les dernières défenses de son esprit. Il voulait qu'il comprenne, qu'il ressente cette domination insidieuse qui allait bien au-delà des mots ou des menaces. L'air effrayé de Buck était une promesse silencieuse, une ouverture vers un jeu de pouvoir où Eddie savait qu'il finirait par triompher. C'était cette tension entre la bravoure affichée et la peur cachée qui rendait Buck si désirable à ses yeux, une proie parfaite pour ses pulsions de contrôle et de domination.

– Une peau si délicate, souffla-t-il en se penchant sur ses lèvres.

Il sentit le souffle du jeune homme s'accélérer alors que son regard tombait sur ses lèvres et Eddie était satisfait de voir qu'il en avait envie. Puis, il s'écarta soudain de lui éclatant de rire, rendant Buck encore plus confus.

– Ne t'inquiète pas, tu ne seras pas fouetté, du moins pas aujourd'hui, ajouta-t-il en voyant le soulagement sur son visage.

Le jeune homme baissa la tête quand il le relâcha et fit un pas en arrière, prêt à quitter les lieux, plutôt à fuir comme une biche effrayée, mais Eddie le retint d'un geste.

– Qui a dit que tu pouvais partir ?

– J'ai cru que…, commença Buck.

– J'ai dit que tu ne serais pas fouetté, mais tu dois être puni, déclara Eddie, son ton devenant plus sévère.

Buck haleta légèrement avant de baisser les yeux.

– Déshabille-toi, ordonna Eddie.

Buck hésita un moment, retirant lentement sa chemise et attendant les instructions suivantes.

– Je t'ai demandé de te déshabiller… entièrement, tonna Eddie.

– Mais je…, tenta Buck.

– Entièrement, répéta Eddie avec une autorité implacable.

Buck, bien que visiblement déconcerté, obéit.

Il retira le reste de ses vêtements, se retrouvant nu devant le prince. Eddie tourna autour de lui, le détaillant comme un prédateur face à sa proie. Il laissa ses mains parcourir son corps, le palpant, s'attardant sur chaque courbe, chaque muscle. Il donna une claque sur l'une de ses fesses, le faisant sursauter et le rendant furieusement rouge.

– Je ne vais pas te faire de mal, lâcha-t-il en se penchant sur son oreille. On va juste s'amuser un peu. Détends-toi!

– Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous attendez de moi, Votre Altesse, déglutit-il.

Il sourit et mordilla son oreille ce qui le fit haleter.

Il descendit dans son cou passant une de ses mains dans son dos pour le maintenir contre lui alors que l'autre allait s'enrouler autour de son membre déjà gonflé. Buck était très réactif et Eddie sentait qu'il allait vraiment s'amuser avec lui.

– Je penses que tu as très bien compris, s'amusa-t-il. Tu viens t'amuser avec moi Buck?

Buck le regarda dans les yeux cette fois.

Il y avait cette appréhension dans ses jolies prunelles mais pas de peur, plus de l'excitation. Eddie vit ses prunelles se dilater sous l'effet du désir et il glissa sa main dans la sienne.

– Tu veux jouer? insista doucement Eddie.

Buck regarda le lit et se mordit la lèvre avant d'acquiescer timidement le rouge aux joues, faisant monter son désir d'un cran supplémentaire.

– Alors viens, souffla-t-il en l'entrainant avec lui, avant de le faire basculer sur le lit. Et ne bouge plus!

Il alla récupérer les cordes et lui attacha les poignets et les chevilles. Buck respirait fortement l'appréhension de gagnant et Eddie passa sa main sur son ventre pour l'apaiser.

– Je serai doux, promit-il.

Buck se détendit sensiblement et Eddie vint s'allonger à ses côtés, caressant doucement son corps et embrassant son cou, marquant sa peau comme étant sa possession. Buck ferma les yeux lorsque le premier gémissement lui échappa, rougissant furieusement.

– Tu aimes ça, Buck? le titilla-t-il en tordant l'un de ses tétons le faisant japper. Je veux t'entendre le dire.

– J'aime ça…, Votre Altesse, couina-t-il.

– Bien, alors amusons-nous!