Heya, on est le 15 du mois !
J'adore le mois d'octobre et l'automne, pas vous ? L'ambiance qui change peu à peu, l'odeur épicée qui flotte dans l'air... et Halloween !
Je ne fais jamais grand-chose à Halloween par manque de moyens, et pourtant c'est la fête que j'attends avec le plus d'impatience, j'imagine que c'est en partie la raison pour laquelle j'en ai fais l'anniversaire d'Emerald ^^
Je pense que cette année je vais m'essayer à quelques recettes...
Merci à Ancalime-Eldariel et Aurelia-Elia pour le follow, ainsi qu'à Moon2516 pour le follow-fav ! Bienvenue dans la bande !
Grand merci également à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice, tu gères !
Sur ce, je vous souhaite à tous une bonne lecture~!
Emerald inspira un grand coup alors qu'elle se tenait devant l'entrée de sa salle commune. Quand elle se sentit prête, elle prononça le mot de passe et le mur disparut pour la laisser passer. Le vacarme qui lui frappa les oreilles faillit la faire tomber en arrière. Un instant plus tard, une vingtaine de mains l'attrapaient par les épaules et l'entraînaient à l'intérieur de la salle commune, où tous les élèves de Serpentard l'accueillirent avec des cris, des applaudissements et des sifflets enthousiastes.
La demoiselle s'arracha aux étreintes de son mieux, grimaçant à cause de l'hyper-stimulation de son pauvre cerveau alors que tout le monde tentait de lui parler en même temps, lui demandant sans relâche comment elle avait réussi à tromper la protection de Dumbledore sur la Coupe. Finalement, après dix minutes à batailler avec acharnement, elle réussit à passer la porte du dortoir des filles et partit se jeter sur son lit, essayant de se calmer. Elle ferma les rideaux du baldaquin et se roula en boule dans le noir, enfonçant son visage dans ses genoux.
Quand elle fut à nouveau capable de respirer à peu près normalement, elle sortit de sa poche un cube de bois. Toutes les faces étaient parfaitement lisses, sauf une, où une petite surface ovale semblant légèrement bombée s'y trouvait. C'était le cadeau que Harry venait de lui offrir. Comme il le lui avait expliqué, elle passa son doigt sur la surface et le cube s'ouvrit pour révéler un cristal encastré qui se mit à luire et produisit une mélodie douce et calme. Bien qu'elle n'arrive pas à la reconnaître, elle lui semblait familière… et incroyablement apaisante…
"Je sais que c'est dur pour toi en ce moment, alors j'ai pensé que ça pourrait t'aider" avait dit Harry. Il n'avait pas idée d'à quel point il avait raison.
Emerald posa la boîte à côté de son oreiller et s'allongea, fermant les yeux, des visages flous qu'elle avait oubliés jusque-là lui revinrent alors qu'elle sombrait dans le sommeil.
Lorsqu'elle se réveilla le dimanche matin, elle mit un certain temps à se rappeler ce qu'il s'était passé la veille. Et quand la mémoire lui revint, elle perdit l'envie de sortir de son lit. Pendant de longues minutes, elle resta parfaitement immobile, puis décida de faire un effort et quitta le confort et la sensation de sécurité de ses draps. Fort heureusement, toutes les autres dormaient encore, ce qui lui laissait le temps de passer à la salle de bain pour une douche.
Comme toujours, quand elle remonta dans le hall pour rejoindre la Grande Salle, elle ne croisa pas grand monde. Néanmoins, les rares personnes qui étaient présentes la fixaient du regard, la rendant mal à l'aise. Beaucoup d'entre eux semblaient hostiles, également.
Les Gryffondor n'étaient pas là, elle n'avait pas la moindre envie de manger en compagnie des quelques Serpentard présents, alors elle resta immobile, hésitante.
- Bonjour.
La demoiselle se retourna vivement pour voir Lise Mina qui s'était glissée dans son dos.
- Pardon, je t'ai fait peur ? fit la jeune auror avec un sourire d'excuse.
- Non, j'ai juste été surprise… répondit Emerald. Bonjour madame Mina.
- Tu peux juste m'appeler Lise, tu sais.
Emerald haussa légèrement les épaules, avant de se corriger.
- Lise.
- Parfait ! sourit la femme aux cheveux bleus.
- Où est le professeur Maugrey ? demanda la Serpentard en remarquant l'absence du concerné.
- Il dort encore, alors je fais un petit tour.
Faire un tour en laissant seule la personne qu'elle était censée escorter ? Emerald se retint de faire la remarque et se contenta de hocher brièvement la tête.
- Je… vois.
- Comment tu te sens ? fit Lise en perdant son sourire. Tu avais l'air très secouée hier soir.
- Je l'étais… soupira la demoiselle. Mais… Croupton a dit que nous n'avions pas le choix, alors je vais devoir faire avec et m'assurer qu'on survive, Harry et moi.
Le sourire de l'auror revint à la charge.
- C'est l'esprit à avoir. Ne vous laissez pas abattre tous les deux, je suis sûre que vous vous en sortirez très bien.
Un très court silence s'installa avant qu'elle n'ouvre à nouveau la bouche.
- Tu sais, j'étais censée repartir dès demain, vu que ma "mission d'escorte" est terminée. Mais vu les circonstances, le ministère a décidé qu'avoir un agent sur place en permanence serait un plus pour la sécurité. Et ne suis encore qu'une auror en formation, mais je m'y connais un peu en Défense. Les règles du Tournoi disent que les professeurs n'ont pas le droit de vous aider.
- … et vous n'êtes effectivement pas professeur, compléta Emerald.
- Bingo, fit Lise avec un clin d'œil. Bon, je te laisse, je meurs de faim.
Et avec un salut de la main, elle entra dans la Grande Salle pour rejoindre la table des professeurs. Emerald rassembla son courage dans l'idée d'aller se mêler aux élèves, quand une autre voix l'interpella.
- Salut.
Elle se tourna à nouveau pour voir Harry et Hermione. Celle-ci tenait une pile de toasts qu'elle avait enveloppés dans une serviette de table.
- Tu veux aller faire un tour avec nous ? demanda-t-elle.
- J'en serais ravie… soupira la Serpentard avec reconnaissance.
Ils traversèrent rapidement le hall d'entrée et sortirent du château en prenant la direction du lac. Le vaisseau de Durmstrang, amarré à la rive, projetait son ombre noire à la surface de l'eau. C'était une matinée fraîche et ils marchèrent d'un pas vif en mâchonnant leurs toasts, tandis que Harry et Emerald racontaient à Hermione tout ce qui s'était passé la veille, depuis le moment où ils avaient quitté la Grande Salle. À leur grand soulagement, Hermione crut leur histoire sans poser la moindre question.
- Je savais bien que vous n'y étiez pour rien, dit-elle, lorsqu'ils eurent terminé leur récit. Surtout toi Emerald, je sais que tu détestes te faire remarquer. Il fallait voir vos têtes quand Dumbledore a prononcé vos noms ! Mais la question est de savoir qui l'a déposé à votre place. Maugrey a raison, Harry... Je ne crois pas qu'un élève en ait été capable... Aucun d'entre eux n'aurait pu tromper la vigilance de la Coupe de Feu, ni franchir la...
- Est-ce que tu as vu Ron ? l'interrompit soudain Harry.
Hermione hésita, faisant hausser un sourcil à Emerald.
- Heu... oui... il est descendu prendre son petit déjeuner, finit par répondre la brunette.
- Il croit toujours qu'on est coupables ?
- Quoi ?! s'offusqua Emerald.
- Hier soir que je suis monté dans le dortoir, il m'a bien fait comprendre qu'il nous en voulait d'avoir mis nos noms dans la coupe sans lui proposer, à lui aussi, expliqua sombrement le Survivant.
Emerald sentit le rouge lui monter aux joues sous la colère.
- Je croyais que cet imbécile était notre ami ! s'indigna-t-elle.
- Il… Il ne le croit pas vraiment, dit Hermione d'un air gêné.
- Qu'est-ce que ça veut dire, pas vraiment ?
- Enfin, c'est évident, non ? s'exclama Hermione d'un ton désespéré. Il est jaloux !
- Jaloux ? répéta Harry, incrédule. Jaloux de quoi ? Il a envie de se ridiculiser à notre place devant toute l'école ?
- Écoute-moi, reprit Hermione patiemment, c'est toujours à toi qu'on s'intéresse, tu le sais bien. D'accord, ce n'est pas ta faute, ajouta-t-elle précipitamment en voyant Harry ouvrir la bouche d'un air furieux. Je sais que tu n'y es pour rien, mais enfin... Ron doit déjà subir la concurrence de ses frères à la maison et, ici, il reste toujours dans l'ombre parce que c'est toi, son meilleur ami, qui est célèbre et qui attire tous les regards. D'habitude, il le supporte sans rien dire, mais j'imagine que, là, c'était la fois de trop...
- C'est parfait, répliqua Harry d'un ton amer. Vraiment parfait. Tu peux lui dire de ma part que je suis prêt à échanger ma place avec lui quand il voudra. Dis-lui que j'en serais ravi... Il verra si c'est tellement agréable... les gens qui ouvrent des yeux ronds en regardant mon front partout où je vais...
- Je ne lui dirai rien du tout. Tu n'as qu'à le lui dire toi-même, c'est la seule façon de régler la question.
- Je n'ai pas l'intention de lui courir après pour essayer de le faire grandir ! s'exclama Harry d'une voix si forte que plusieurs hiboux perchés dans un arbre proche s'envolèrent dans un mouvement de panique. Peut-être sera-t-il enfin convaincu que ce n'est pas une partie de plaisir le jour où je me serai rompu le cou ou que...
- Ce n'est pas drôle, dit Hermione à voix basse. Pas drôle du tout.
- Ce n'est pas censé être drôle, nos vies sont en danger, répondit froidement la Serpentard.
- Je sais… soupira la brunette.
Elle avait l'air inquiète.
- Harry, j'ai pensé à quelque chose... Tu sais ce qu'on devrait faire ? Dès qu'on sera rentrés au château ?
- Ouais, donner à Ron un bon coup de pied dans le...
- Écrire à Sirius. corrigea la Gryffondor. Tu dois absolument lui dire ce qui est arrivé. Il t'a demandé de le tenir au courant de tout ce qui se passe à Poudlard... Comme s'il s'attendait à quelque chose dans ce genre-là. J'ai apporté un parchemin et une plume...
- Laisse tomber, répondit Harry en jetant un regard autour de lui pour vérifier que personne ne pouvait les entendre — mais le parc était désert. Il est revenu ici parce que ma cicatrice me faisait un peu mal. Si jamais je lui dis que quelqu'un m'a inscrit au Tournoi des Trois Sorciers, il va sans doute se précipiter au château…
- Sirius est ici ? s'étonna Emerald. Il va falloir me dire ce que j'ai manqué, vous deux.
Avec un sourire d'excuse, Harry se mit à lui expliquer les douleurs qu'il avait ressenties au niveau de sa cicatrice pendant l'été et la lettre qu'il avait écrit à son parrain, qui avait eu pour effet de le faire revenir en Écosse.
- Je vois… fit la jeune fille, pensive.
- De toute façon, il l'apprendra forcément, nota la brunette.
- Comment ? demanda le Survivant.
- Harry, ce n'est pas une nouvelle qui va rester secrète, reprit Hermione d'un ton très sérieux. Ce tournoi est un événement attendu et toi, tu es déjà célèbre. Ça m'étonnerait qu'il n'y ait pas un article sur ta participation dans La Gazette du sorcier... On parle déjà de toi dans la moitié des livres consacrés à Tu-Sais-Qui... Et Sirius préférerait l'apprendre par toi, j'en suis sûre.
Emerald fit la grimace avant de pousser un grognement plaintif. Ouais, une couverture médiatique, tout ce qu'elle adorait.
- D'accord, d'accord, je vais lui écrire, dit Harry, en jetant dans le lac son dernier morceau de toast.
Il flotta un instant à la surface puis un grand tentacule émergea et l'emporta au fond de l'eau. Les jeunes remontèrent le parc en direction de la tour de la volière.
- Qu'est-ce que je vais prendre comme hibou ? demanda Harry tandis qu'ils montaient les marches. Il m'a dit de ne plus utiliser Hedwige.
- Demande à Ron si tu peux lui emprunter...
- Je ne demanderai rien du tout à Ron, dit sèchement Harry.
- Hel sera contente d'avoir l'occasion de voler, intervint Emerald pour désamorcer la dispute.
- Merci Emerald.
Ils montèrent à la volière. Hermione donna à Harry un morceau de parchemin, une plume et une bouteille d'encre puis ils contournèrent les rangées de perchoirs sur lesquels somnolaient chouettes et hiboux, et Harry alla s'asseoir contre un mur pour écrire sa lettre. Pendant ce temps, la Serpentard papouillait sa chouette, profitant de sa présence qui lui semblait plus rassurante que jamais alors qu'elle lui caressait la tête d'un coup d'aile.
- Terminé, signala finalement Harry.
Il se releva et épousseta les brins de paille qui s'étaient accrochés à sa robe de sorcier. Hedwige vola alors vers lui et se posa sur son épaule, une patte tendue.
- Je ne peux pas t'envoyer là-bas, lui dit Harry. Je dois emprunter Hel...
Hedwige lança un hululement sonore et s'envola brusquement. Elle lui tourna ostensiblement le dos pendant tout le temps qu'il mit à attacher sa lettre à la patte de la chouette effraie. Lorsque Hel se fut envolée, Harry tendit la main pour caresser Hedwige mais elle lança de furieux claquements de bec et alla se percher hors d'atteinte, sur un madrier de la charpente.
- D'abord Ron, maintenant toi, dit Harry avec colère. Combien de fois faudra-t-il vous répéter que ce n'est pas ma faute ?
Emerald vint poser une main sur l'épaule du Survivant. Celui-ci se passa une main sur la nuque, poussant un soupir et hocha la tête pour dire que ça allait. La demoiselle reprit donc sa main.
- Aussi crétin qu'il puisse se montrer, Ronald finira bien par réaliser son erreur, tenta-t-elle de le rassurer.
- Ouais…
- Oh ! J'oubliais ! fit soudain Hermione. Je voulais te l'offrir hier, Emerald, mais bon, avec ce qu'il s'est passé…
La brunette fouilla un instant dans sa poche avant d'en sortir un petit pavé emballé dans du papier kraft. La Serpentard remercia son amie et déballa le cadeau pour voir une boîte en bois. Elle commençait à en avoir beaucoup.
Néanmoins elle sentit son coeur rater un battement quand elle l'ouvrit pour voir qu'à l'intérieur il y avait des grands flacons de verre remplis d'une solution transparente aux reflets changeant sans arrêt de couleur, un grand pinceau plat et un livre. Sur la couverture de cuir noir, en lettres d'or, brillait un titre qui disait "manuel d'enchantement des peintures".
Les yeux brillants, Emerald releva la tête vers la brunette, ne pouvant retenir un énorme sourire.
- C'est incroyable ! Merci Hermione !
Le sourire qu'afficha la Gryffondor disait qu'elle était très contente que son cadeau ait plu. Harry souriait également devant la scène, sa colère envers Ron oubliée pour le moment.
Le lundi matin, Emerald ne se faisait aucune illusion : la journée serait difficile. Partout dans les couloirs elle croisait les regards haineux des élèves des trois autres maisons. Les Poufsouffle en voulaient à Harry et elle car ils disaient qu'ils tentaient de voler le peu de gloire que leur maison n'avait jamais eu. La plupart des Gryffondor la regardaient de travers parce qu'elle était une Serpentard.
Le pire était sans doute les Serdaigle qui se montraient odieux avec toutes les autres maisons. Ce qui s'expliquait par le fait qu'ils étaient les seuls de Poudlard à ne pas avoir de champion. Pendant son cours commun de botanique avec eux, elle fut soulagée que le comportement de son binôme habituel n'ait pas changé. Merci Angel.
À chaque escalier, Emerald devait se méfier pour ne pas qu'on la pousse dans son dos, et vérifiait que les angles des couloirs étaient sûrs avant de tourner, sous peine de se prendre un sort ou une boule puante dans la figure. D'une manière surprenante, cependant, les élèves de sa propre maison étaient agréables avec elle, pour une fois.
- J'espère que ce sera toi qui gagnera, lui dit Malefoy après l'avoir rattrapée, alors qu'ils se rendaient en Soins aux Créatures magiques.
- Ouais, on croit en toi ! renchérit un autre élève.
- Vous croyez en la Serpentard, ou en la Sang-de-Bourbe ? demanda calmement Emerald.
Elle se sentit incroyablement satisfaite lorsque personne ne lui répondit et accéléra le pas pour rejoindre les Gryffondor qui ne se trouvaient plus très loin. Hagrid venait de sortir de sa cabane par la porte de derrière, tenant dans ses bras une pile de boîtes qui oscillaient dangereusement. Chacune d'elles abritait un très grand Scroutt à pétard. Sous le regard horrifié de ses élèves, Hagrid expliqua que les malheureuses créatures ne se dépensaient pas assez et que leur excès d'énergie inemployée les avait conduites à s'entre-tuer. La solution, c'était que chaque élève promène un Scroutt au bout d'une laisse pour lui faire faire un peu d'exercice.
- Emmener promener une de ces choses ? lança Malefoy d'un air dégoûté en regardant une des boîtes. Et où est-ce qu'on est censé attacher la laisse ? Autour du dard, du pétard ou de la ventouse ?
- Au milieu, répondit Hagrid qui fit une démonstration. Heu... vous feriez peut-être bien de mettre vos gants en peau de dragon, c'est plus sûr. Harry, Emerald, venez m'aider à attacher celui-là...
L'intention réelle de Hagrid, c'était de leur parler sans que les autres l'entendent. Il attendit que tous les élèves soient partis promener les Scroutts, puis il se tourna vers eux.
- Alors... Vous allez participer au tournoi, leur dit-il d'un ton très sérieux. Vous êtes deux des champions de l'école.
Sous ses sourcils en broussaille, les petits yeux noirs de Hagrid les regardèrent d'un air anxieux.
- Vous ne savez pas qui a mis vos noms dans la Coupe ? demanda-t-il.
Les deux jeunes eurent du mal à cacher le sentiment de gratitude qu'ils éprouvèrent en entendant les paroles de Hagrid.
- Alors, vous nous croyez quand on dit qu'on ne l'a pas déposé ? fit Harry avec un sourire incrédule.
- Bien sûr que je vous crois, grommela Hagrid. Vous avez dit que ce n'était pas vous, ça me suffit. Et Dumbledore te croit aussi.
Il regarda Harry en ajoutant cette dernière phrase. Intéressant.
- J'aimerais bien savoir qui a fait ça, dit Harry d'un ton amer.
- Ne m'en parlez pas… soupira Emerald. J'irais bien dire deux mots à la personne qui a décidé que je manquais d'attention.
Tous trois contemplèrent la pelouse qui s'étendait devant eux. Les élèves s'y étaient dispersés et paraissaient tous en grande difficulté. Les Scroutts mesuraient à présent près de un mètre de longueur et faisaient preuve d'une force peu commune. Ils n'étaient plus mous, ni incolores. Une carapace grise, aussi épaisse qu'une armure, s'était formée autour de leur corps, mais ils n'avaient toujours pas d'yeux ni de tête apparents. On aurait dit un croisement entre des crabes et des scorpions géants et leur force exceptionnelle les rendait très difficiles à maîtriser.
- Ils ont l'air de bien s'amuser, vous ne trouvez pas ? dit Hagrid d'un ton joyeux.
Il devait parler des Scroutts car ses élèves, eux, ne semblaient pas s'amuser du tout. De temps en temps, avec une détonation inquiétante, l'un des Scroutts à pétard explosait et faisait un bond de plusieurs mètres en avant, traînant à plat ventre au bout de sa laisse l'élève qui essayait vainement de le retenir.
- Ah, là, là, soupira brusquement Hagrid en regardant Harry d'un air inquiet. Champion de l'école... Décidément, il t'en arrive, des choses...
Harry ne répondit rien et Emerald comprenait parfaitement pourquoi. Oui, il lui en arrivait, des choses... Et honnêtement, elle ne comprenait toujours pas ce qu'elle faisait mêlée à tout ça. Son rôle à elle était d'aider Harry et de s'assurer qu'il s'en sortirait quoi qu'il arrive, pas de se retrouver sous les projecteurs avec lui.
Les quelques jours qui suivirent étaient parmi les pires qu'Emerald n'ait jamais passé à Poudlard. Son anonymat était parti en fumée, désormais, toute l'école savait qui elle était, et n'hésitait pas à le lui faire savoir en la pointant du doigt à tout bout de champ. Sans compter que les attaques sur sa personne continuaient, au point que le professeur Rogue avait été convoqué lorsque McGonagall avait surpris l'un de ses élèves de Gryffondor en train de la pousser dans les escaliers.
Depuis lors, la bande à Malefoy s'était donné pour mission de l'escorter dans le château, à son plus grand déplaisir. Le pire était sans doute que le blondinet agissait comme s'ils étaient amis, à toujours essayer de lui faire la conversation.
- Donc j'ai officiellement fait la connaissance du Ministre ! conclut-il son histoire.
- Fascinant, lui répondit-elle sans aucune conviction alors qu'elle essayait de lancer un sortilège d'Attraction.
Son agacement l'ayant quelque peu déconcentrée, et se sentant déjà très fatiguée à cause d'une tentative ratée d'alchimancie la veille, elle eut le malheur d'attirer un encrier avec un peu trop de force et celui-ci frappa le crâne du jeune homme de plein fouet, l'éclaboussant au passage. Emerald resta figée un instant, avant de se pincer l'arête du nez.
- Je suis désolée, s'excusa-t-elle. Récurvite.
Et toute l'encre répandue sur l'élève disparut. Mais le professeur Flitwick avait tout vu et donna à Emerald des devoirs supplémentaires pour l'aider à doser sa puissance.
Les cours de potions, qui regroupaient les Gryffondor et les Serpentard, avaient toujours constitué une horrible corvée mais, ces jours-ci, c'était devenu une véritable épreuve. Être enfermé dans un cachot pendant une heure avec Rogue et les Serpentard — dont chacun tenait à punir Harry d'avoir été désigné comme champion de l'école — représentait un des plus mauvais moments qu'on puisse imaginer. Emerald faisait de son mieux pour tenter de contrôler ses camarades de maison, mais la plupart n'avaient qu'un respect de surface pour elle.
Lorsque Emerald, Hermione et Harry arrivèrent devant la classe de Rogue, après le déjeuner, les autres Serpentard étaient déjà là. Malefoy afficha un sourire narquois envers le Survivant, mais miraculeusement, il tint sa langue. Toujours un peu méfiant, le trio se mit un peu à l'écart pour discuter dans leur coin quand Emerald fit remarquer à Harry que ses lacets étaient défaits.
- Dentesaugmento !
Le sort avait fusé depuis l'arrière du rang des Serpentard pile au moment où Harry s'était baissé, frappant Hermione en plein visage. La brunette se couvrit la bouche en laissant échapper des gémissements terrifiés.
- Hermione !
Avant que qui que ce soit ait le temps de réagir, Ron s'était précipité à son secours.
Il poussa brutalement Emerald hors du passage et écarta la main que la Gryffondor serrait sur sa bouche, révélant un spectacle désolant. Les dents d'Hermione — d'une taille déjà supérieure à la moyenne — grandissaient à une vitesse alarmante. Elle ressemblait de plus en plus à un castor à mesure que ses incisives s'allongeaient vers son menton. Lorsqu'elle prit conscience de ce qui lui arrivait, elle poussa un cri de panique.
- Qu'est-ce que c'est que tout ce bruit ? dit alors une voix doucereuse et menaçante.
Rogue venait d'arriver.
- Quelqu'un a jeté un sort à Hermione, dit Ron. Regardez !
Il força la pauvre fille à montrer ses dents à Rogue — elle faisait de son mieux pour les cacher avec ses mains, mais sans grand succès, car elles atteignaient à présent le col de sa robe. Pansy Parkinson et les autres filles de Serpentard, secouées d'un fou rire silencieux, montraient Hermione du doigt derrière le dos de Rogue.
- Je ne vois pas grande différence, dit Rogue en jetant un regard glacial à Hermione.
Les larmes aux yeux, elle laissa échapper un gémissement puis tourna les talons et courut à toutes jambes dans le couloir, disparaissant au loin. Emerald, qui était tombée à terre quand Ronald l'avait bousculée, se releva d'un bond, le visage écarlate.
D'une façon bienheureuse, mais qui n'avait rien de surprenant, Harry et Ronald s'étaient mis à hurler en même temps qu'elle, insultant Rogue de tous les noms. Une chance que les parois de pierre du couloir répercutent leurs voix dans un vacarme si confus qu'il lui fut impossible de comprendre exactement de quoi ils le traitaient. Il en perçut cependant l'essentiel.
- Voyons, dit-il de sa voix la plus veloutée. Cinquante points de moins pour Gryffondor et une retenue pour Potter et Weasley. Et maintenant, rentrez en classe ou je vous donne une semaine entière de retenue.
Emerald fulminait, toujours écarlate. Ses oreilles bourdonnaient, lui faisant tourner la tête tant elle s'étouffait dans son indignation. Elle alla s'asseoir à côté de Harry, ne lâchant pas le professeur du regard, dans lequel elle faisait de son mieux pour transmettre tout son mépris.
- Les antidotes ! dit Rogue en regardant tout le monde de ses yeux noirs et froids, animés d'une lueur inquiétante. Vous devriez tous avoir établi vos recettes, à présent. Je veux que vous les prépariez avec le plus grand soin. Ensuite, nous choisirons quelqu'un pour en essayer une...
Le regard de Rogue se posa sur Harry et ses intentions étaient plus qu'évidentes. C'était lui qui serait empoisonné. Emerald se mit à réfléchir à la façon la plus satisfaisante de se venger sur le Maître des potions. Il lui semblait que le forcer à commettre des actes ridicules devant la Grande Salle toute entière serait à peine suffisant pour compenser le mal qu'il faisait subir à ses élèves…
Mais des coups frappés à la porte interrompirent ses pensées.
C'était un jeune élève de Gryffondor, celui qui aimait prendre des photos si elle se souvenait bien. Il se glissa dans la classe, en adressant un grand sourire à Harry, et s'avança vers le bureau de Rogue.
- Oui ? dit sèchement celui-ci.
- Monsieur, s'il vous plaît, je dois emmener Harry Potter et Emerald Coldstone en haut.
Rogue baissa les yeux vers le jeune garçon dont le sourire disparut aussitôt.
- Ils ont un cours de potions à suivre, répliqua Rogue avec froideur. Il iront là-haut à la fin de la classe.
Le teint du garçon devint rosé vif.
- Monsieur... heu... c'est Mr Verpey qui veut les voir, dit-il, mal à l'aise. Tous les champions doivent y aller, je crois qu'ils veulent prendre des photos…
Emerald retint un grognement exaspéré. Tout mais pas ça…
- Très bien, très bien, dit Rogue d'un ton sec. Potter, Coldstone, laissez vos affaires ici, je veux que vous reveniez tout à l'heure pour tester votre antidote.
- Heu... Monsieur, s'il vous plaît, il faut qu'ils prennent leurs affaires, couina le jeune Gryffondor. Tous les champions...
- Très bien, coupa Rogue. Tous les deux, prenez vos sacs et disparaissez de ma vue !
Harry et Emerald échangèrent un regard, lancèrent leurs sacs sur leur épaules d'un geste presque synchronisé, et sortirent de la classe sans demander leur reste.
- C'est extraordinaire, hein, Harry ? dit le jeune garçon dès que le Survivant eut refermé derrière lui la porte de la classe. C'est vrai, hein ? C'est formidable que tu sois champion !
- Ouais, vraiment formidable, répondit Harry d'un ton las tandis qu'ils montaient les marches en direction du hall d'entrée. C'est quoi, ces photos ?
- C'est pour La Gazette du sorcier, je crois !
- Parfait, dit Harry d'un air maussade. Exactement ce qu'il me fallait. Un peu de publicité supplémentaire...
- Bonne chance ! lança le jeune Gryffondor lorsqu'ils furent arrivés à destination.
Il repartit de son côté, laissant les deux jeunes champions seuls. Emerald inspira un grand coup.
- J'ai envie de faire demi-tour, mais je suis tellement furieuse après Rogue que j'ai peur de lui casser la mâchoire si je le revois avant d'être calmée, déclara-t-elle.
- Sentiment partagé, grommela Harry. Prête ?
- Non. Allons-y.
Le jeune homme posa la main sur la poignée de la porte et ils rassemblèrent leur courage avant d'entrer dans la pièce.
Merci aux mécènes qui me soutiennent : Andromeda, Clixia, Linewhirosa, Mariam Pizette et portgas yuwine !
