Cattleyahana : Pour être honnête, j'ai beeeaaauuucoup hésité à écrire "syndrome de Stockholm" noir sur blanc : Puisque je pars du principe que les Psychomages n'existent pas, il fallait absolument que ce soit dit par un Née-Moldu ou un Sang-mélé, et ça ne pouvait pas vraiment venir de Harry...
Ca ne s'applique pas à absolument toutes les relations de Drago à Azkaban, mais concernant Harry et son père, c'est flagrant...
Maintenant, il y en a un sur les deux qui s'en repend...
En passant : Petite déchirure qui se répand à toute vitesse...
Guest : Moh, t'aimes aucun de mes vieux ;n;
Depuis combien de temps n'avait-il pas songé à son père ?
Son père qui lui faisait confiance.
Son père qui avait fait en sorte de maintenir une attitude exemplaire parmi les rangs des Mangemorts, et Drago comprenait désormais pourquoi.
Son père qui attendait de lui qu'il prenne la bonne décision.
Et par tous les Sangs, il n'y avait aucune hésitation à avoir ! Faire libérer son père ?! Lucius Malfoy ne parlerait plus de le déshériter si Drago parvenait à le faire sortir de prison presque cinq ans plus tôt que prévu ! Son père lui sourirait de nouveau, lui caresserait la tête, irait même jusqu'à lui adresser un compliment, peut-être même un remerciement !
Et en échange… En échange, quoi ? En échange, il obtenait un poste réputé, envié, intéressant ?! En échange, il pourrait étudier et mener des recherches dans la plus prestigieuse Académie du vieux continent ? Un lieu où personne ne le connaitrait, où la marque sur son bras passerait inaperçue, où il pourrait refaire sa vie discrètement ?
Drago ferma les yeux, cherchant le piège. Il y avait toujours un piège.
La promesse était trop alléchante pour être honnête.
Drago n'avait pas l'intelligence de son père. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, pourtant : Il avait travaillé dur. Lucius Malfoy survolait toutefois largement son fils, et encore plus largement la masse stupide et mollassonne qui composait la vaste majorité de la population Sorcière.
« Je… marmonna-t-il enfin en ouvrant de nouveau les yeux. Je ne peux pas prendre de décision sans le consulter d'abord. »
Il regarda nerveusement les trois Gryffondor à ses côtés. Granger et Weasley étaient toujours aussi abasourdis. Potter avait fermé les yeux et levé la main, comme s'il demandait une trêve. Quand Drago avait pris la parole, il s'était mordu la lèvre inférieure et son visage s'était baissé d'un coup, comme s'il venait de prendre un coup derrière la nuque.
« Bien sûr, Monsieur Malfoy, reprit Kenaran en sirotant son breuvage. Je n'attends pas de réponse immédiate de votre part. Sachez toutefois que mon carrosse a valeur d'ambassade, et que si vous y posez le pied, vous serez protégé par les lois internationales. Je ne prétends pas que votre liberté sera alors totale et votre vie facile – Je suis un professeur exigeant – mais je peux vous assurer en tout cas que mes méthodes ne comportent ni violence, ni cruauté. Ni menaces de viol. »
La dernière suggestion avait été annoncée avec un temps de retard, et Drago se demanda jusqu'où les investigations du Maléfitinien l'avait emmené.
La mâchoire de Potter se crispa encore davantage, et on entendit les dents grincer.
« Il va sans dire que je… » reprit Kenaran, mais Drago osa l'interrompre :
« Je vous en prie, taisez-vous. »
Kenaran hocha poliment la tête, mais Drago le vit à peine. Toute son attention était dirigée vers Potter. Sa main droite était toujours dressée, mais la gauche s'était mise à masser sa pomme d'Adam. Un geste que Drago n'avait vu qu'une fois, avant que sa magie ne lui échappe, le jour où il avait voulu retourner dans le corridor 3.
Il fallut patienter une longue minute avant que les yeux verts ne s'ouvrent à nouveau, et que Potter parvienne à se renfoncer dans le dossier du canapé en respirant un peu plus fort qu'à son habitude.
Il hocha alors la tête à destination du Professore et commenta d'une voix rauque :
« Bien joué.
– Je suis sincèrement heureux que votre victoire contre le Détraqueur ait précédé la mienne, Monsieur Potter. Vous n'avez rien d'un adversaire à mes yeux, et je crains chaque jour que ce puisse être le cas. J'imagine que je pourrais compter sur votre sens de l'honneur pour autoriser Monsieur Malfoy à avoir cette conversation avec son père qu'il demande ?
– Sortez. Retournez à votre carrosse. »
Le Sorcier sourit, se leva, salua poliment les quatre présences silencieuses du canapé, puis quitta finalement les lieux.
Ce fut Weasley qui osa le premier reprendre la parole :
« Donc, euh… C'est réglé tout ça ? Il… Il va aller à Rome finalement ?
– J'imagine », soupira Potter, puis il massa le front en détournant le visage.
« Je n'ai pas dit ça, précisa Drago. Je… voudrais savoir exactement ce que mon père en pense. Peut-être… Peut-être que Kenaran n'a pas tout à fait été honnête, et…
– Vissarion a été parfaitement honnête. Il l'est toujours », trancha Potter. Il se leva et se rendit vers la cuisine, d'où on entendit couler de l'eau.
Granger observa Drago, et celui-ci se défendit aussitôt :
« Et je n'ai pas dit non plus que j'obéirai à mon père quoi qu'il arrive ! Je… Je sais bien que lui rendre une liberté totale serait exagéré, mais…
– Ah ! » Ça pouvait être un bref éclat de rire comme une exclamation moqueuse ou même un cri de souffrance. Quand Potter réapparut dans l'embrasure de la porte, Drago songea qu'il s'était peut-être même s'agit d'un sanglot. Il tenait à la main un verre d'eau qu'il vida d'une traite. « Le père de Drago fait partie des sujets de tension entre nous.
– Pourquoi ? » demanda naïvement Granger. Puis ses yeux s'écarquillèrent d'effroi, et elle tourna de nouveau la tête vers Drago, avec son insupportable regard effrayé et apitoyé : « Non, ne me dites pas que…
– Bien sûr que non ! cracha Drago. Mon père n'est pas un dépravé ! Potter ne se rend simplement pas compte que lui n'a jamais eu les moyens de me mettre à l'abri ! S'il l'avait pu, il l'aurait fait ! »
Potter posa son épaule contre le chambranle de la porte et soupira en regardant ailleurs. Drago le fixa méchamment des yeux pour le défier de le contredire, mais évidemment, le Survivant ne vit rien.
« Est-ce que… » reprit Potter d'une voix lente et mesurée, pesant soigneusement chacun de ses mots. « Est-ce qu'on peut quand-même dire que… Qu'il t'aurait suggéré de… Disons de ne pas te défendre quand certains…
– Inutile de louvoyer ! s'agaça Drago. Il m'a vendu ! Ce que tu refuses de comprendre, c'est qu'il ne l'a pas fait de gaîté de cœur ! Lui aussi a beaucoup perdu dans cette histoire !
– Qu'est-ce qu'il a perdu ? » demanda Granger en grimaçant.
Il aurait été affreusement arrogant de répondre « Moi », et Drago grogna en détournant le regard.
« Vous ne comprenez rien, cracha-t-il enfin après quelques secondes de réflexion. Vous pensez que vous auriez fait mieux que lui, mais ce n'est pas le cas ! Il a pris la décision rationnelle ! C'était manger ou être mangé. J'aurais fait pareil à sa place ! Vous auriez tous fait pareil !
– Tu le penses vraiment ? » Les yeux verts étaient blessés, défaits, éteints.
Non, bien sûr, Celui-qui-a-Vaincu se serait héroïquement sacrifié pour sauver son fils. Il serait mort. Et l'enfant aurait suivi. Ainsi meurent les légendes.
« Quand est-ce que tu veux le voir ? demanda Potter. Le plus tôt possible, j'imagine ? Tu préfères que ce soit seul à seul, ou bien que je sois là ? Sinon, l'un d'eux peut t'accompagner, si tu veux. Ou Johnson. Ou qui tu veux. Johnson vaut mieux, je pense : Il sera plus neutre. Arrête de faire ça avec tes doigts. »
Drago baissa les yeux, et s'aperçut, l'air coupable, qu'il était en train de faire rouler son auriculaire gauche sur son axe. Il lâcha immédiatement prise, commença à nier avoir fait quoi que ce soit, mais se tût finalement.
« Je… reprit-il après réflexion. Je vais retourner dans ma cellule. J'ai besoin de réfléchir. »
·
Drago attendit que son petit réveil indique minuit avant de se rendre à la Patinoire sur la pointe des pieds. Sa décision était prise depuis longtemps, mais il ne voulait pas risquer de croiser quelque noctambule, ou de trouver le logement de Potter vide. Il consulta sa clochette d'or avant de frapper à la porte, et fut soulagé de voir Potter lui ouvrir, le visage fatigué et défait, l'habituel jogging de nuit lui descendant sur les hanches.
« Drago, salua-t-il avec un léger sourire.
– Potter. Je… Je venais te prévenir que j'ai pris ma décision.
– Ah.
– Ça me… Ça me semblait la moindre des choses que de te prévenir, après tout ce que tu as fait pour moi.
– Tu sais bien que je ferais n'importe quoi pour toi, et avec plaisir », répondit Potter en haussant les épaules.
Drago détourna le regard, se mordilla les lèvres :
« Je… Je vais accepter la proposition de Kenaran.
– Oui, je m'en doute. » Potter sourit tristement en le fixant.
« C'est… Ça serait stupide de refuser. Illogique. C'est la chose à faire.
– Hm.
– C'est… Ça n'a rien à voir avec toi… »
Il était confus par le fait de voir Potter si passif. Il s'était attendu à ce que le Survivant se batte, argumente… Pas qu'il l'aurait voulu, puisque ça aurait rendu les choses plus difficiles, mais…
« Non, je m'en doute. J'ai su que j'avais perdu dès qu'il a évoqué le sujet de ton père. »
Drago se mordilla les lèvres, gêné. Il était inutile de nier. S'il n'y avait eu que lui, la décision aurait peut-être été plus difficile à prendre.
« Tu ne peux pas comprendre… » marmonna-t-il piteusement en baissant les yeux.
Une main se posa sur sa joue, et il redressa le visage vers Potter. Il sentait de nouveau ses yeux le picoter, et il eut à nouveau honte de cette faiblesse.
« Je peux comprendre, souffla Potter. Juste… Promets-moi que tu le laisseras plus te faire du mal.
– Il ne m'a jamais fait de mal…
– Ouais, admit Potter en ricanant faiblement. J'oublie tout le temps. Ben promets-moi que tu laisseras plus jamais personne te faire de mal, alors ? Je sais, je t'en demande beaucoup, mais crois-moi, t'en es capable.
– Je sais ça, assura Drago en secouant la tête. Il… ça se passera différemment là-bas. S'il ne… S'il est libre de se remarier, d'avoir rapidement un nouvel héritier, il n'y a aucune raison qu'il ait besoin de moi pour quoi que ce soit, et… En fait, moins il me verra, mieux il se portera, je pense. Il fera sa vie de son côté, et moi du mien, et… »
Drago sourit à cette pensée. Oui, Lucius Malfoy trouverait rapidement une nouvelle épouse au Sang-Pur. Quitter l'île du Royaume-Uni était une excellente occasion de renouveler le Sang de la lignée en évitant facilement la consanguinité. Il obtiendrait un enfant sain, vierge de tout péché, et absolument apte à hériter du titre et de la fortune. Drago pourrait se faire oublier au Maléfistinat et laisser la nouvelle famille s'épanouir sans avoir à s'y mêler.
« Si je n'ai pas besoin d'assurer la descendance, je pourrais même assumer mon homosexualité en public, réalisa Drago. Il parait que là-dessus, ils sont plus ouverts que nous dans le sud de l'Europe…
– Plus que nous, je sais pas, gloussa Potter en ôtant sa main. Mais ouais, il va falloir que tu fasses un tour sur la Via San Giovanni, c'est le quartier gay de Rome. C'est très Moldu, ceci dit.
– Ils parquent les gays dans des quartiers dédiés ? s'inquiéta Drago.
– Non, pas vraiment. C'est plutôt les LGBT qui ont tendance à se regrouper pour se rencontrer plus facilement. Mais il y a ça à Londres, tu sais. Vers Soho. »
Drago fronça les sourcils, comme toujours un peu surpris et effrayé par la façon de faire des Moldus. Il mit du temps à réaliser qu'il avait emmené la conversation vers un sujet frivole qui n'avait rien de franchement adapté au moment, et s'en voulut de nouveau. Évoquer de nouvelles rencontres devant Potter, qui lui avait affirmé l'aimer encore était cruel.
Ce fut pourtant Potter qui reprit la parole :
« Faudra attendre un moment que les dents tombent à nouveau, mais t'auras un succès monstre. Les blonds naturels dans ton genre, ça court pas les rues par là-bas. Et puis tu sais ce qu'on dit sur les Italiens. Ils ont le Sang chaud… »
Drago rit malgré lui. C'était peut-être cruel, mais Potter semblait s'en contenter. Ces discussions bizarres lui manqueraient.
« Est-ce que c'est là-bas que tu t'es mis à fréquenter des hommes, Potter ?
– Oui. Est-ce qu'on va finalement avoir cette conversation sur ton homosexualité que je reporte depuis si longtemps ?
– C'est l'occasion ou jamais. Mais à part cette affirmation, je ne vois pas trop quoi dire.
– Oh, c'est simple : Moi, tu vois, j'ai mis 20 ans avant de comprendre que contrairement à moi, la plupart des gens ne s'extasiaient pas autant sur les corps masculins que féminins. Il y avait des tas de filles que je trouvais absolument ravissantes, et avec lesquelles je voulais donc sortir, vu qu'on m'avait appris que ça fonctionnait comme ça, mais il y avait aussi plein de gars bien fichus qui me faisaient de l'effet. Je connaissais pas spécialement d'homos, et j'ai mis 20 piges à réaliser que je pouvais parfaitement m'imaginer dans une relation avec un gars. Il a fallu qu'un mec me le suggère, en fait. Mais je sais que pour les gens 100% homo, ça se découvre souvent plus jeune.
– Hm… » admit Drago, curieux de voir où Potter voulait en venir. Il s'adossa sans trop y penser contre le mur du petit porche en tunnel qui protégeait le logement du froid de la Patinoire.
« Du coup, je suis curieux : toi, tu as compris ça quand ?
– Et bien je l'ai toujours su. Quand j'étais petit, je trouvais les princes charmants beaucoup plus attirants que les princesses.
– Donc, tu le savais déjà à Poudlard ?
– À Poudlard, j'ai pu largement confirmer la chose.
– On arrive donc à la question qui m'intéresse : est-ce qu'il t'est arrivé de fantasmer sur moi, à l'époque ? » demanda Potter en jouant des sourcils.
Drago éclata de rire à l'idée.
« Non, jamais, affirma-t-il en gloussant toujours
– Merde. Autant la réponse ne me surprend pas, autant sa rapidité me vexe.
– Désolé de te décevoir, Potter : J'ai toujours été attiré par les garçons plus âgés, plus grands, plus musclés… Plus virils.
– Voyez-vous ça… Tu sais qu'on peut être très viril sans être taillé comme une armoire à glace ?
– Hm, fredonna Drago, j'ai découvert ça, oui…
– Ceci dit, je peux comprendre. Pour ma part, je suis pas sectaire. Les grosses bêtes, c'est bien. Les petits minets dans ton genre, c'est pas mal non plus.
– Je n'ai rien d'un petit minet, merci bien.
– Pitié. La seule raison pour laquelle on pourrait te refuser le grade de petit minet, c'est parce que la plupart des petits minets de la planète sont plus virils que toi.
– Je t'emmerde, Potter. »
Oui, parler avec Potter allait lui manquer. Drago en avait oublié toute prudence. Ils discutèrent et plaisantèrent encore longtemps, à voix basse, dissimulés dans le tunnel étroit. Ils n'étaient pas franchement discrets : Ils y pensaient à peine, tout à leur plaisir simple de profiter encore de la présence l'un de l'autre, de le découvrir encore, malgré tout le temps qu'ils avaient passé ensemble. Presque émerveillés de constater qu'il y avait encore des choses qu'ils pouvaient partager…
Encore quelques jours.
Juste quelques jours.
